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Face-au-FN

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Le changement d’image opéré par Marine Le Pen, qui évite<br />

soigneusement les dérapages de son père, a rendu possible une<br />

banalisation de son parti. L’urgence est donc <strong>au</strong> renouvellement<br />

de la stratégie de communication face <strong>au</strong> <strong>FN</strong>. Avec des actions<br />

plus inventives et décalées, les militants écologistes d’Hénin-<br />

Be<strong>au</strong>mont apportent une partie de la réponse.<br />

Il s’agit enfin de traiter les c<strong>au</strong>ses du vote <strong>FN</strong> plutôt que ses<br />

effets. C’était l’ambition première de la Mission République :<br />

« Le combat est à mener sur les valeurs et sur les réponses<br />

concrètes à apporter », lit-on dans l’appel. La lutte contre la<br />

peur du déclassement social et le sentiment de relégation<br />

spatiale est d’<strong>au</strong>tant plus efficace si elle est accompagnée d’un<br />

réengagement des pouvoirs publics sur ces territoires.<br />

Enfin, le classement du bassin minier <strong>au</strong> patrimoine mondial<br />

de l’UNESCO pourrait avoir des effets concrets sur le discours<br />

du Front national. La reconnaissance de l’identité du territoire<br />

renforce l’estime de soi des habitants et combat la désespérance<br />

qui fait le nid du <strong>FN</strong>. Les habitants relèvent progressivement<br />

la tête.<br />

Conférence permanente du bassin minier et bassin minier<br />

UNESCO sont deux <strong>au</strong>tres initiatives de Jean-François<br />

Caron qui portent des fruits et ont mobilisé un grand nombre<br />

de citoyens et d’acteurs du territoire. C’est <strong>au</strong>ssi le cas de<br />

l’opération de développement Euralens, qui accompagne<br />

la mutation du territoire engendrée par l’arrivée du Louvre<br />

à Lens. Ces succès de développement d’initiatives locales,<br />

porteuses d’espoir, contrastent avec la difficulté qu’a eue la<br />

Mission République à mobiliser sur l’enjeu seul de la lutte<br />

contre l’extrême droite. La leçon pourra être méditée pour<br />

d’<strong>au</strong>tres lieux et d’<strong>au</strong>tres situations comparables.<br />

Bruxelles :<br />

un petit livre vert contre l’extrême droite<br />

Suite <strong>au</strong>x succès des partis d’extrême droite <strong>au</strong> cours des<br />

années 1990 (« nonante », disent les Belges), le parti Ecolo<br />

a décidé de publier un petit livre reprenant une liste de<br />

contre-argumentaires pour aider les militants à convaincre<br />

des électeurs potentiels. Mais assez vite, les écologistes de<br />

Bruxelles et de Wallonie ont dû se rendre à l’évidence : la<br />

conviction et l’explication ne suffisent pas toujours pour faire<br />

pencher la balance. Comment défaire un argument qui touche<br />

les gens profondément, en leur expliquant longuement qu’ils<br />

se trompent et que les choses sont plus « complexes » ? La<br />

formation sur le terrain, la capacité à entrer en empathie avec<br />

les interlocuteurs, voire à pousser la logique populiste jusqu’à<br />

l’absurde peuvent parfois se révéler plus efficaces. Une logique<br />

plus « socratique » appliquée en politique serait à méditer.<br />

Le Front national en Wallonie (devenu Démocratie nationale) 1<br />

et le Vlaams Belang (VB, ex Vlaams Blok) en Flandre se<br />

partagent le territoire belge, avec des dynamiques très<br />

différentes : très forte en Flandre, très faible en Wallonie.<br />

Jusqu’<strong>au</strong>x dernières élections communales (2012), ces<br />

deux partis se présentaient tous les deux dans la région de<br />

Bruxelles-Capitale, qui forme la troisième entité fédérale du<br />

pays. Tandis que la Flandre (nord du pays) connaît un très<br />

fort vote sécessionniste et nationaliste (qui a entrainé de<br />

nombreuses crises politiques ces dernières années), l’ex <strong>FN</strong><br />

Belge n’a pas réussi à s’implanter dans le sud du pays et<br />

l’extrême droite a quasiment disparu des écrans en Wallonie<br />

sans qu’il soit mis en place d’action particulière. C’est dans<br />

la région de Bruxelles-Capitale que la lutte contre l’extrême<br />

droite a davantage mobilisé, notamment <strong>au</strong> milieu des années<br />

1990, en réaction à la forte progression des représentants des<br />

deux partis en lice.<br />

Les élections communales de 1994 ont été un énorme succès<br />

pour le Vlaams Blok (VB) et le Front national (<strong>FN</strong>) dans<br />

la région de Bruxelles-Capitale. Ce raz de marée a eu un<br />

écho d’<strong>au</strong>tant plus retentissant que son ampleur n’était pas<br />

annoncée. Le <strong>FN</strong> était présent dans 17 des 19 communes de<br />

Bruxelles-Capitale et a obtenu 46 élus dans 15 communes.<br />

Le VB était présent dans 11 communes, avec 4 élus, dans<br />

4 communes. Dans le détail, l’extrême droite (<strong>FN</strong> et VB réunis)<br />

recueille entre 1 % des suffrages à Saint-Josse et 21,8 % à<br />

Molenbeek-Saint-Jean, avec une moyenne de 11 % sur les<br />

19 communes, un score encore jamais atteint à l’époque.<br />

Genèse d’un livre vert<br />

Ces scores élevés pour une capitale cosmopolite comme<br />

Bruxelles font l’effet d’une douche froide chez les militants<br />

du parti Ecolo. C’est le cas à Uccle, commune résidentielle<br />

bourgeoise du sud de Bruxelles, qui a vu pour la première fois<br />

entrer deux conseillers commun<strong>au</strong>x du Front national.<br />

Chantal de Laveleye est alors l’une des trois conseillers<br />

commun<strong>au</strong>x d’Ecolo que compte la commune. Sur le site de la<br />

fondation Etopia 2 , elle témoigne : « Passé le choc unanimement<br />

ressenti par tous les élus des partis démocratiques, nous avons<br />

1. Depuis mars 2012,<br />

le Front national est<br />

devenu « Démocratie<br />

nationale » suite à la<br />

décision de la cour<br />

d’appel de Liège, qui<br />

a reconnu la propriété<br />

de la marque<br />

Front national <strong>au</strong><br />

<strong>FN</strong> français. Cela<br />

n’a pas empêché des<br />

candidats se revendiquant<br />

du Front<br />

national de se présenter<br />

<strong>au</strong>x communales<br />

d’octobre 2012<br />

sous l’étiquette « <strong>FN</strong><br />

Belge », « LEPEN »<br />

ou « <strong>FN</strong>W ».<br />

2. Centre d’animation<br />

et de recherche<br />

en écologie politique.<br />

Article du 25 février<br />

2011 sur<br />

www.etopia.be .<br />

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