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Face-au-FN

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INTRODUCTION<br />

des oppositions multiples. Le Front de g<strong>au</strong>che mélenchoniste critique<br />

de plus en plus les reculs du gouvernement, les écologistes h<strong>au</strong>ssent le<br />

ton, estimant que leurs attentes sont déçues, la droite s’oppose et se fait<br />

pousser à la f<strong>au</strong>te par des mouvements qui se développent en dehors d’elle<br />

et le <strong>FN</strong> progresse dans les esprits… Bref, la victoire a un goût amer. Et<br />

les « affaires » qui voient les politiques défiler à la barre s’accumulent sur<br />

les bure<strong>au</strong>x des juges : Tapie, Karachi, Bettencourt, Cahuzac, Guéant,<br />

Kucheida, Dalongeville (Hénin-Be<strong>au</strong>mont)… Assez pour donner à la<br />

période un parfum de « tous pourris » et à certaines expressions des relents<br />

de droitisation, parfois extrême. Quand, un peu plus tard, une rixe entre<br />

skinheads et « antifas » entraine la mort du jeune Clément Méric dans une<br />

rue de Paris, on s’interroge : hasard, ou pas vraiment ? Les crânes rasés<br />

embrigadés dans les groupuscules nationalistes violents se sentiraientils<br />

trop confiants, sûrs d’eux ? Après la droite décomplexée, l’ultra droite<br />

débridée ? Enfin, quel rapport faire entre tous ces événements, qui donnent<br />

l’impression d’aller très / trop vite vers des temps m<strong>au</strong>vais ?…<br />

Un pouvoir sous h<strong>au</strong>te pression<br />

Le sarkozysme a laissé des traces à bien des titres. Un style qui a déplu.<br />

La présidentielle s’est jouée sur des bases f<strong>au</strong>ssées et le premier tour a été<br />

marqué par le résultat historique de Marine Le Pen : le <strong>FN</strong> n’avait jamais<br />

rassemblé <strong>au</strong>tant d’électeurs en France, passé de 4,8 millions (le 21 avril<br />

2002) à 6,4 millions dix ans plus tard. Avec deux députés, le <strong>FN</strong> se présente<br />

désormais comme la victime du scrutin et sur l’air de « l’UMPS » dispute à<br />

Jean-François Copé le leadership dans l’opposition.<br />

Dans les sondages, comme dans les rues, l’opinion se retourne contre son<br />

nouve<strong>au</strong> président fraichement élu ; passé sous la barre des 30 %, François<br />

Hollande devient le président le moins soutenu de la V e République,<br />

pendant que Marine Le Pen remonte dans toutes les enquêtes.<br />

Pour remplir ses engagements, à déf<strong>au</strong>t de réforme majeure, le<br />

gouvernement a ouvert le droit <strong>au</strong> « mariage pour tous », qui a engrangé<br />

de nombreux soutiens, mais ouvert les boulevards à ceux qui veulent<br />

creuser un fossé dans le pays. Les manifestations sont devenues un théâtre<br />

qui a vu plusieurs groupes envahir la scène : derrière Frigide Barjot, des<br />

catholiques traditionnalistes, réactionnaires divers, homophobes violents<br />

et groupuscules nationalistes ultras se sont unis contre la « g<strong>au</strong>che de<br />

déclin » et ont profité de ce moment de visibilité pour peser sur l’UMP et le<br />

<strong>FN</strong>, qui espéraient tous deux récupérer ce mécontentement dans les urnes.<br />

La droite la plus réactionnaire a joué à « Mai 68 ». Et Marine Le Pen n’a<br />

pas eu besoin de descendre dans les rues pour se frotter les mains.<br />

Succès du <strong>FN</strong> en cours ou prévu...<br />

Depuis qu’elle a pris les rênes du parti familial en janvier 2011, les électeurs<br />

se font encore plus nombreux. Au point de donner l’impression que le <strong>FN</strong><br />

est à même de devenir l’arbitre des prochains scrutins, voire de prendre un<br />

jour le pouvoir dans des villes, voire des régions. La présidentielle de 2017<br />

est même en point de mire, pour certains analystes : Le Pen, la challenger !<br />

L’année 2014 pourrait être celle de la confirmation de ce statut, tant <strong>au</strong>x<br />

municipales qu’<strong>au</strong>x européennes, qui marqueront le trentième anniversaire<br />

du premier succès national pour le vote <strong>FN</strong> (en 1984, avec 10,95 %).<br />

Une droite divisée, une g<strong>au</strong>che en déconfiture… Certains m<strong>au</strong>vais <strong>au</strong>gures<br />

prédisent plusieurs villes passant <strong>au</strong> <strong>FN</strong> en mars et une liste Le Pen en tête<br />

du scrutin de mai. Dans les deux cas, la direction frontiste ne cache pas ses<br />

ambitions : pour les municipales, elle cible les 6 000 communes où Marine<br />

Le Pen était arrivée en tête <strong>au</strong> soir du premier tour de la présidentielle.<br />

Au second tour des législatives de 2012, le <strong>FN</strong> avait <strong>au</strong>ssi franchi la barre<br />

des 40 % dans 77 communes de plus de 4 000 habitants. Il n’y a donc pas<br />

que Hénin-Be<strong>au</strong>mont qui risque de basculer. Une liste établie par quelques<br />

connaisseurs de la carte électorale circule dans les rédactions.<br />

Une urgence qui se rapproche<br />

Contrairement à l’horizon, l’urgence se rapproche, <strong>au</strong> fil du temps. Et avec<br />

le Front national, on a be<strong>au</strong> le penser depuis trente ans, ça ne s’éloigne pas.<br />

Au contraire. Il est chaque jour plus urgent de comprendre, pour pouvoir<br />

envisager d’agir, pour sortir de la nasse et de la sensation d’impuissance<br />

dans laquelle le pays semble s’enferrer.<br />

Individuellement et collectivement, on se sent pris dans une course<br />

absurde contre le temps, dans laquelle le lepénisme gagne des points<br />

chaque jour : c’est l’impression qui ressort à la fois dans les médias, chez<br />

le boulanger, dans le métro ou le train, dans les cortèges de manifestants<br />

contre le mariage pour tous, et parfois même quand on parle avec d’anciens<br />

électeurs de g<strong>au</strong>che… Chaque recul de ce qui fait société semble constituer<br />

une nouvelle avancée des idées que porte le <strong>FN</strong> depuis plus de quarante<br />

ans sur la place publique.<br />

À chaque fois, on se retrouve plus démuni qu’avant, plus profondément<br />

engagé dans la « crise » multiforme et encore plus incapable de voir ce qui<br />

pourrait s’opposer à ce qui était encore impensable il y a quelques années :<br />

le <strong>FN</strong> <strong>au</strong> pouvoir, avec Marine Le Pen. Voilà l’état des lieux, brossé à<br />

grands traits, sur ce front-là. Voilà l’urgence et l’argument qui guideront<br />

les lignes qui suivent.<br />

Un livre pour comprendre, agir et proposer<br />

Cet ouvrage est « engagé » puisqu’il porte une démarche et la revendique ;<br />

son objet principal et son titre ne laissent <strong>au</strong>cun doute, il s’agit bel et<br />

bien de faire « face <strong>au</strong> <strong>FN</strong> ». Il s’adresse à un large pan de la population :<br />

citoyen-nes engagé-es, élu-es ou militant-es, écologistes, démocrates,<br />

convaincu-es qu’il f<strong>au</strong>t inventer de nouvelles réponses face <strong>au</strong>x crises et<br />

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