R éussite Photos : Laurent The<strong>et</strong>en/Pixel Image Chez L’Atelier <strong>du</strong> décorateur, le client est roi. On le bichonne, on le respecte <strong>et</strong> on lui sert sur un plateau tout le prestige d’un travail artisanal haut <strong>de</strong> gamme réalisé sur mesure. Pascal Camberoque est aujourd’hui à la tête d’une entreprise <strong>de</strong> 5 personnes dont il exporte les prestations un peu partout dans le mon<strong>de</strong>. L’atelier <strong>du</strong> décorateur Dans l’intimité d’un intérieur Pascal Camberoque nous reçoit au cœur <strong>de</strong> la Provence, dans son magasin aux mille <strong>et</strong> un tissus. Il réceptionne une marchandise, fait le point à l’atelier sur l’avancement d’une comman<strong>de</strong> <strong>et</strong> s’accor<strong>de</strong> une pause cigar<strong>et</strong>te, le temps d’un flash-back introspectif qui le fait remonter à l’époque <strong>de</strong> ses dix-sept ans. Pour se faire <strong>de</strong> l’argent <strong>de</strong> poche, il aidait sa mère, alors confectionneuse en tissus d’ameublement, en installant chez les particuliers les ri<strong>de</strong>aux qu’elle réalisait. C’est c<strong>et</strong>te maman aux doigts <strong>de</strong> fée, Maggy, qui lui a transmis le goût <strong>du</strong> travail parfait <strong>et</strong> le respect <strong>du</strong> client. Pour Pascal, « quand un nouveau client passe le pas <strong>de</strong> la porte, c’est toujours une bénédiction ». Il faut avouer que, dans ce métier, la relation établie avec la clientèle est particulièrement forte. « Ils nous font bien sûr confiance quant à la qualité <strong>de</strong> nos prestations, mais en nous ouvrant les portes <strong>de</strong> leur maison, ils nous confient ce qu’ils ont <strong>de</strong> plus précieux : l’intimité <strong>de</strong> leur chez eux », souligne Pascal Camberoque. Chez L’Atelier <strong>du</strong> décorateur, on ne paye pas les honoraires <strong>de</strong> conseil en décoration. Pascal se déplace gratuitement chez les gens pour les aiguiller dans leurs choix, les amener à définir concrètement leurs inspirations. Et les allers-r<strong>et</strong>ours ne se comptent pas, si on veut que le travail soit bien fait. « Par exemple, pour une pose <strong>de</strong> ri<strong>de</strong>aux, je ferai une visite pour faire un état <strong>de</strong>s lieux <strong>et</strong> les prises <strong>de</strong> mesure, une visite pour la pose <strong>de</strong>s tringles <strong>et</strong> une <strong>de</strong>uxième prise <strong>de</strong> mesures, <strong>et</strong> une visite pour la pose <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux <strong>et</strong> les r<strong>et</strong>ouches éventuelles », nous explique-t-il. L’entreprise est aujourd’hui amenée à travailler pour <strong>de</strong>s clients <strong>de</strong> plus en plus prestigieux, <strong>du</strong> château Mirambeau à <strong>de</strong>s chambres d’hôtes <strong>de</strong> luxe, en passant par l’hôtel Grand Barrail à Saint-Émilion. Pascal est même sollicité par <strong>de</strong>s particuliers fortunés qui lui proposent <strong>de</strong>s chantiers à l’étranger. Il a récemment réalisé toute + Info la décoration d’intérieur d’un pavillon à Moscou <strong>et</strong> a déjà travaillé aux États-Unis, en Suisse, en Angl<strong>et</strong>erre… Mais, L’Atelier <strong>du</strong> décorateur est-il seulement réservé à une clientèle haut <strong>de</strong> gamme ? « Pas <strong>du</strong> tout », explique Pascal. Il plisse <strong>de</strong>s yeux malicieux en évoquant tout <strong>de</strong> même les clients qui viennent le voir pour <strong>de</strong>s « décorations visuellement luxueuses », mais rajoute qu’il travaille également « pour <strong>de</strong> jeunes couples mo<strong>de</strong>stes ». « Parfois, les gens viennent même avec leur tissu. Le bon goût n’est pas l’apanage <strong>de</strong>s gens riches », rajoute-t-il. On ne saura déterminer avec justesse qui, <strong>du</strong> client ou <strong>du</strong> décorateur, est le roi. Peut-être tout simplement les <strong>de</strong>ux. Fleur Cattin-Masson L’ascension <strong>de</strong> Pascal 1980 : Pascal a 17 ans <strong>et</strong> installe <strong>de</strong>s ri<strong>de</strong>aux pour se faire <strong>de</strong> l’argent <strong>de</strong> poche. 1982 : il suit une école d’architecte d’intérieur pour « avoir une vision <strong>du</strong> remo<strong>de</strong>lage <strong>de</strong>s volumes intérieurs », puis enchaîne les apprentissages. 1994 : il reprend le p<strong>et</strong>it commerce <strong>de</strong> couturière d’ameublement <strong>de</strong> sa mère. 1995 : il investit dans un commerce plus grand, embauche <strong>de</strong>ux couturières <strong>et</strong> un tapissier en meuble. Fleur Cattin-Masson/Pixel Image 28 ● Le mon<strong>de</strong> <strong>de</strong>s <strong>artisans</strong> ● mars-avril 2011
Phovoir Pensez formation <strong>et</strong> gestion <strong>de</strong>s compétences Évolution <strong>de</strong>s métiers, pénurie <strong>de</strong> main-d’œuvre qualifiée, départ <strong>de</strong>s papy-boomers, crise… Les entreprises sont aujourd’hui confrontées à <strong>de</strong>s défis importants en matière <strong>de</strong> ressources humaines. Elles doivent former pour préserver <strong>et</strong> développer les compétences <strong>de</strong> leurs collaborateurs. □□□ Dossier réalisé par Sandrine Tournigand