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Le rock progressif anglais

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II – La forme<br />

Derrière le recours à des timbres originaux et de plus en plus variés, la diversification des<br />

formes constitue sans doute l’aspect le plus typique du <strong>rock</strong> <strong>progressif</strong>. Bien que l’on associe<br />

souvent le genre à des œuvres longues organisées en plusieurs mouvements, à l’image de certaines<br />

pièces classiques, il n’existe pas de forme progressive unique. En effet, si, avec les musiciens de<br />

<strong>rock</strong> <strong>progressif</strong>, l’alternance entre les couplets et le refrain devient plus marginale, cela ne les<br />

empêche pas d’y avoir recours régulièrement, surtout au début de leur carrière.<br />

1 ) La forme chanson<br />

Car contrairement aux idées reçues, la forme chanson, caractérisée notamment par sa<br />

brièveté, représente quantitativement une partie non négligeable du répertoire du <strong>rock</strong><br />

<strong>progressif</strong>. <strong>Le</strong>s ballades acoustiques de Greg Lake comme Lucky Man (sur Emerson, Lake &<br />

Palmer), From the Beginning (Trilogy) ou Still... You Turn Me On (Brain Salad Surgery) – qui sont<br />

toutes régies par les lois de la variété : alternance couplets-refrain, mélodies accrocheuses, textes<br />

superficiels, tempi lents et instrumentations légères – contribuent même largement au succès<br />

commercial de son groupe ; ce qui peut d’ailleurs paraître paradoxal étant donné qu'il est plutôt<br />

réputé pour ses approches avant-gardistes.<br />

Comme pour ELP, les premiers disques de Yes et surtout de Genesis – encore très marqués<br />

par les influences pop de leur producteur Jonathan King, grand amateur... des Bee Gees –<br />

comprennent des titres formellement simple. Et même les plus grands albums de la période<br />

progressive du groupe, comme Selling England by the Pound, contiennent des titres au format court<br />

et renouent quelque peu, la maturité en plus, avec la veine pop des premiers albums. En effet, le<br />

titre More Fool Me, composé par Mike Rutherford et Phil Collins, peut se décrire comme une<br />

gentille chanson d’amour. De même, I Know What I Like, l’un des premiers tubes de Genesis, est<br />

composé sur la base d’un riff de Steve Hackett que le groupe trouva longtemps qu’il sonnait trop<br />

Beatles. Cette tendance à composer des chansons relativement simples constitue d’ailleurs la<br />

principale différence du groupe par rapport à ses contemporains dits <strong>progressif</strong>s plus chaotiques ou<br />

expérimentaux comme King Crimson.<br />

Signalons que cet attrait pour la forme chanson, qui s’explique logiquement par l’influence<br />

de la musique populaire, explique en partie pourquoi, au milieu des années 1970, quelques-uns des<br />

principaux groupes de <strong>rock</strong> <strong>progressif</strong> – peut-être lassés par les violentes critiques émises à<br />

l’encontre de la plupart de leurs œuvres structurellement complexes – reviennent à des formats plus<br />

élémentaires et se détachent petit à petit du courant auquel ils étaient jusque-là attachés.

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