Page 10 <strong>Revue</strong> d’utilisation <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>infections</strong> <strong>de</strong>s voies respiratoires
1. INTRODUCTION Cette étu<strong>de</strong> est née <strong>de</strong> la volonté commune du Collège <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins du Québec (CMQ) et du Conseil du médicament (CdM) <strong>de</strong> documenter l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> en pédiatrie au Québec. Une proportion importante <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> prescrits aux enfants a pour but <strong>de</strong> traiter une infection <strong>de</strong>s voies respiratoires (IVR) et, à cause <strong>de</strong> la nature aiguë <strong>de</strong>s symptômes associés à ces <strong>infections</strong>, la majorité <strong>de</strong>s enfants sont vus <strong>dans</strong> un contexte <strong>de</strong> consultation sans ren<strong>de</strong>z-vous. Le CdM s’est donc joint au CMQ, qui a procédé à une collecte <strong>de</strong> données <strong>dans</strong> <strong>les</strong> centres hospitaliers (CH), <strong>les</strong> centres locaux <strong>de</strong> services communautaires (CLSC) et <strong>les</strong> cliniques qui offraient <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> consultation sans ren<strong>de</strong>z-vous. L’utilisation <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> est largement répandue en pédiatrie <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong>s <strong>infections</strong> <strong>de</strong>s voies respiratoires supérieures, bien que la majorité <strong>de</strong> ces <strong>infections</strong> soient d’origine virale et souvent bénigne. Plusieurs auteurs font état d’une utilisation souvent inappropriée <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong> ces <strong>infections</strong> (Bauchner et al., 1999; Trap et al., 2002; Wang et al., 1999; Dosh et al., 2000) et mentionnent que plusieurs antibiothérapies pourraient être évitées sans causer <strong>de</strong> tort aux enfants. Une étu<strong>de</strong> américaine rapporte que 75 % <strong>de</strong>s prescriptions d’<strong>antibiotiques</strong> données aux enfants vus en consultation externe concernaient <strong>les</strong> cinq <strong>infections</strong> suivantes : l’otite moyenne, la sinusite, la bronchite, la pharyngite et <strong>les</strong> <strong>infections</strong> <strong>de</strong>s voies respiratoires supérieures non spécifiques (Khaled et al., 2003). Au Canada, <strong>les</strong> <strong>antibiotiques</strong> représentaient 43 % <strong>de</strong> toutes <strong>les</strong> prescriptions faites en pédiatrie <strong>de</strong> 1999 à 2000 et il a été estimé que 76 % <strong>de</strong>s enfants qui avaient eu une consultation médicale avaient reçu une prescription d’<strong>antibiotiques</strong> (Khaled et al., 2003). Une autre étu<strong>de</strong> canadienne menée en 1995 établissait que 74 % <strong>de</strong>s enfants d’âge préscolaire qui avaient consulté pour une IVR avaient reçu une prescription d’<strong>antibiotiques</strong> (Wang et al., 1999). Le taux <strong>de</strong> prescription <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> serait plus élevé chez <strong>les</strong> enfants en bas âge, soit chez ceux qui sont âgés <strong>de</strong> un à six ans, c’est pourquoi <strong>les</strong> jeunes enfants âgés <strong>de</strong> trois mois à six ans ont été ciblés pour cette étu<strong>de</strong> (Wang et al., 1999). L’émergence <strong>de</strong> souches bactériennes qui ont développé <strong>de</strong>s résistances aux <strong>antibiotiques</strong> est une préoccupation mondiale (Dowell et al., 1998). La fréquence élevée <strong>de</strong>s ordonnances d’<strong>antibiotiques</strong> serait un <strong>de</strong>s éléments contribuant au développement <strong>de</strong> la résistance <strong>de</strong>s bactéries à ces molécu<strong>les</strong> (Austin et al., 1999). Les <strong>antibiotiques</strong> sont aussi parfois responsab<strong>les</strong> d’effets secondaires indésirab<strong>les</strong>, tels <strong>de</strong>s nausées, <strong>de</strong>s vomissements, <strong>de</strong>s diarrhées et <strong>de</strong>s rashs. Des étu<strong>de</strong>s américaines ont rapporté que la réduction <strong>de</strong>s symptômes apportée par <strong>les</strong> <strong>antibiotiques</strong> <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong> la rhinosinusite non compliquée était trop faible pour justifier leur utilisation précoce (Arroll et al., 2006). Plusieurs étu<strong>de</strong>s, tant au Canada (Wang et al., 1999; Khaled et al., 2003; Arnold et al., 1999) que <strong>dans</strong> le reste du mon<strong>de</strong> (McCaig et al., 2002; Nash et al., 2002), ont mis en évi<strong>de</strong>nce une gran<strong>de</strong> variabilité entre <strong>les</strong> pratiques <strong>de</strong> différents milieux et <strong>dans</strong> l’application <strong>de</strong>s lignes directrices (Trinh et al., 2000). Au Québec, très peu d’étu<strong>de</strong>s ont examiné l’usage <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong>s IVR en pédiatrie. Cette étu<strong>de</strong> a pour principal objectif d’apprécier l’usage <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> <strong>dans</strong> le traitement <strong>de</strong>s IVR courantes en pédiatrie au regard <strong>de</strong> sept critères d’usage optimal élaborés à partir <strong>de</strong>s lignes directrices reconnues (Conseil du médicament, 2005). <strong>Revue</strong> <strong>de</strong> l’utilisation <strong>de</strong>s <strong>antibiotiques</strong> Page 11 <strong>dans</strong> <strong>les</strong> <strong>infections</strong> <strong>de</strong>s voies respiratoires en pédiatrie