IL’HISTOIRE D’UN AVENIRL’avenir <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong>, qui donne son nom et son mandat à notre Comité<strong>conseil</strong>,est une préoccupation qui compte, à sa façon, près d’un siècle. Dès 1929,la Ville de Montréal se propose – vainement – comme hôte des Jeux d’hiver de1932 ; elle sollicitera ensuite sans succès les Jeux d’été de 1944, puis ceux de 1956.Au lendemaindes Jeux,la dette<strong>olympique</strong> et leparachèvementdesinstallationsont déroutépour longtempsle débat et lesdécisions <strong>sur</strong>la vocation<strong>du</strong> <strong>Parc</strong>Peu après la première tentative infructueuse, lesautorités municipales prévoient faire construire,<strong>sur</strong> le site actuel <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong>, un centresportif qui regrouperait un stade, un gymnase etun amphithéâtre à multiples vocations sportives.Ce n’est que bien plus tard, mais dans la fidélitéà ces premiers projets, qu’apparaîtront <strong>sur</strong> lesite l’Aréna Maurice-Richard (1959) et le CentrePierre-Charbonneau (1960). La vocation sportivedes lieux fera rêver d’un stade de baseball apteà accueillir une équipe professionnelle, commeen témoigne la presse des années 1960. Dans lafoulée, l’une des plus importantes justificationspour la candidature aux Jeux d’été de 1976 serade faire <strong>du</strong> projet <strong>olympique</strong> un levier pourrevitaliser l’Est de Montréal.L’ampleur et la complexité des installationstiennent certainement aux exigences <strong>du</strong> Comitéinternational <strong>olympique</strong> (CIO) qui impose desbassins aquatiques, un vélodrome, et <strong>sur</strong>tout unstade multidisciplinaire non couvert pour respecterle caractère « naturel » des Jeux. Mais ellestiennent aussi aux prévisions de la Ville quant àl’avenir <strong>du</strong> site. Le maire Jean Drapeau affirmeque les installations devront être utilisables àlongueur d’année, pour des événements sportifs,culturels et commerciaux, comme les foires etsalons qui pourront se tenir tant au Stade qu’auVélodrome. Le choix d’une toiture mobile pourle Stade devient ainsi incontournable.L’avenir semble d’emblée entièrement et harmonieusementtracé, mais les travaux de constructionle feront rapidement dérailler. Le chantierconnaît des grèves et retards majeurs, la tenuemême des Jeux paraît menacée et le gouvernement<strong>du</strong> Québec, en 1975, se substitue d’autoritéà la Ville de Montréal en s’adjugeant la propriétédes lieux et en créant une Régie des installations<strong>olympique</strong>s (RIO) qui prendra en charge l’édificationdes bâtiments à temps pour les Jeux ainsi queleur parachèvement au lendemain des Jeux.Les Olympiades de 1976, bien que couronnées desuccès <strong>sur</strong> le plan sportif, se déroulent dans unStade inachevé, le mât de la future Tour est tronqué,et la dette s’annonce faramineuse au regarddes prévisions d’investissement dont le maires’était porté garant en 1970. Jusqu’à aujourd’hui,le gâchis financier et les échecs successifs des tentativesde coiffer le Stade de sa Toiture auront eupour effet de détourner constamment la conversationet la décision <strong>sur</strong> l’avenir des installations<strong>olympique</strong>s et <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> qui les loge. Ils éroderontpetit à petit la mémoire heureuse des Jeux euxmêmespour y substituer une complainte persistanteà l’égard des installations, traitées commeun legs empoisonné plutôt qu’un patrimoinemajeur. L’architecte Roger Taillibert devint lebouc émissaire que les pouvoirs publics laissèrentblâmer sans gêne. Son œuvre magistrale fut bienpeu défen<strong>du</strong>e, même par les milieux de cultureet de patrimoine, indifférents ou effarés par ladimension <strong>du</strong> problème.À force inégale devant ce lourd bruit de fond,les études <strong>sur</strong> l’avenir <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong> vontpourtant se succéder et aller dans une directionconstante, celle de donner au site une vocationsportive qui, bien que non exclusive, définisseclairement l’identité <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong>. Ainsi,dès 1977, le gouvernement <strong>du</strong> Québec crée unComité consultatif chargé d’étudier l’avenir desinstallations <strong>olympique</strong>s, que préside monsieurJean-Claude Marsan, alors directeur de l’Écoled’architecture de l’Université de Montréal.Outre étudier la vocation générale <strong>du</strong> site et lesutilisations possibles pour les équipements, lecomité doit s’intéresser au parachèvement desinstallations, question qui divisera ses membres
au moment de remettre leur rapport <strong>final</strong>. Ens’appuyant <strong>sur</strong> les réflexions et prévisions de laVille de Montréal, le comité propose toutefois àl’unanimité de faire des lieux un parc « des sportset des loisirs ayant pour fonction de valoriseret de concrétiser l’activité sportive par la participationet la compétition ». Le comité tient à ceque cette vocation sportive soit aussi sociale,les citoyens ayant ensemble assumé la facturedes installations et des Jeux.Quant aux autres vocations <strong>du</strong> <strong>Parc</strong>, elles doiventêtre complémentaires. Le comité y va ici d’uneabondance de propositions : entre autres l’intégrationdes services et équipements sportifs decertaines universités montréalaises ainsi quecelle des services et équipements sportifs desorganismes liés au sport amateur et reconnuspar le Haut-commissariat à la jeunesse, auxloisirs et aux sports ; une programmation desactivités incluant celles <strong>du</strong> <strong>Parc</strong> Maisonneuve etdes installations municipales que sont le CentrePierre-Charbonneau et l’Aréna Maurice-Richard ;la réponse aux besoins en sports et loisirs deshabitants des quartiers limitrophes. Dès cemoment, il est également question d’élargir lemandat de la RIO en lui confiant l’expérimentation,le développement, la gestion et la réalisationd’activités de sports et loisirs, ce qui va de laprogrammation des espaces jusqu’à l’aménagementd’un musée de l’activité physique et desloisirs. Le <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong> deviendrait ainsi unevéritable cité <strong>du</strong> sport et <strong>du</strong> loisir, siège social<strong>du</strong> sport amateur et d’élite au Québec.Le rapport Marsan avait beau avoir été inspiréet soutenu par des réseaux actifs et compétents,comme le Conseil québécois de la jeunesse, desloisirs et des sports et l’Institut <strong>du</strong> sport <strong>du</strong> Québec,il avait beau affirmer pour les installationsun rôle économique et social crucial pour le développement<strong>du</strong> quartier et de l’Est de Montréal,il connut peu de suites. Il fut en quelque sorteenseveli par sa propre indécision <strong>sur</strong> la manièrela plus appropriée de parachever le Stade, puispar les études techniques qui se succéderont <strong>sur</strong>le même sujet, et <strong>sur</strong>tout par la spectaculaireCommission d’enquête <strong>sur</strong> le coût des Jeux dela XXI e Olympiade, présidée par le juge AlbertMalouf et créée elle aussi en 1977.Le rapport de la Commission Malouf, publié en1980, ne se contente pas de mettre au jour lescauses de la hausse effarante des coûts et lesmécanismes de ce qu’on appellerait aujourd’huila « collusion-corruption »; il fait précéder sesconstatations d’un diagnostic qui collera longtemps,et de façon très négative, à la perceptiondes installations. Indifférent à leur qualité architecturaleet à leur potentiel de développement,il fustige « l’irresponsabilité administrative dela Ville et <strong>du</strong> COJO dans le choix d’un conceptinédit et dans le choix d’un architecte étranger ».Il qualifie les installations de « superflues, inutilementluxueuses et exceptionnelles ». Le Vélodromeest à ses yeux une « œuvre extravagante,sans aucune me<strong>sur</strong>e avec les exigences <strong>olympique</strong>set les besoins de la ville après les Jeux ».Quant aux éléments d’aménagement physique <strong>du</strong>Les études <strong>sur</strong>l’avenir <strong>du</strong><strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong>n’ont cessé dese succéderdepuis 1977 etelles vont dansune directionconstante89© <strong>Parc</strong> <strong>olympique</strong>