12.07.2015 Views

Télécharger le document - Faculté de médecine - Université Laval

Télécharger le document - Faculté de médecine - Université Laval

Télécharger le document - Faculté de médecine - Université Laval

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

REMERCIEMENTSBien que <strong>le</strong>urs noms ne figurent pas parmi <strong>le</strong>s auteurs, <strong>de</strong> nombreuses personnes ont contribué à larédaction <strong>de</strong> cet ouvrage, rendant ainsi possib<strong>le</strong> la publication <strong>de</strong> ce livre unique en son genre.Ainsi, nous ne pouvons passer sous si<strong>le</strong>nce l’implication capita<strong>le</strong> <strong>de</strong>s Drs Raymond Lambert et YvesTremblay, tous <strong>de</strong>ux à l’origine du forum <strong>de</strong> discussion d’où ce livre a pris naissance. Nous <strong>le</strong>s remercions doncpour l’expérience qu’ils nous ont offerte et pour <strong>le</strong>ur soutien jamais démenti. Ils ont su préparer et diriger <strong>le</strong>forum avec brio et nous assister <strong>de</strong> façon présente et formatrice tout au long du forum et au cours <strong>de</strong>l’écriture <strong>de</strong>s différents chapitres.Nous exprimons éga<strong>le</strong>ment nos remerciements à l'unité <strong>de</strong> néonatalogie du CHUL, plusparticulièrement aux Drs Geneviève Piuze et Bruno Piedboeuf qui ont apporté <strong>le</strong>urs commentaires d'ordreclinique et qui ont su répondre à plusieurs interrogations survenues en cours <strong>de</strong> rédaction.D’autres personnes ont éga<strong>le</strong>ment contribué significativement à ce livre. Citons notamment M. Jean-Pierre Rogel, journaliste scientifique pour Radio-Canada et chroniqueur pour <strong>le</strong> magazine Québec Science. Ce<strong>de</strong>rnier a eu la générosité <strong>de</strong> réviser cet ouvrage afin <strong>de</strong> s’assurer que celui-ci était adéquatement vulgarisé etaccessib<strong>le</strong> au public.Nous tenons éga<strong>le</strong>ment à souligner la contribution financière <strong>de</strong>s Instituts <strong>de</strong> Recherche en Santé duCanada (IRSC) pour la réalisation du projet « Gen<strong>de</strong>r Differences and Premature Infants: A Novel IntegrativeApproach to Evaluate the Impact of the Fetal Sex on Clinical Practice » (subvention No GTA92185) et dans <strong>le</strong>cadre duquel <strong>le</strong>s activités du forum ont été tenues.AVANT-PROPOSLe <strong>document</strong> que vous al<strong>le</strong>z lire traite <strong>de</strong>s conséquences <strong>de</strong> la prématurité et a été créé dans un but<strong>de</strong> partage <strong>de</strong>s connaissances. Étant donné la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong> la problématique abordée, <strong>le</strong> livre s’adresse avanttout à un public avisé, mais il a été écrit en gardant à l’esprit <strong>de</strong> rendre son contenu accessib<strong>le</strong> à toutepersonne intéressée par <strong>le</strong> sujet. Il pourrait aussi servir à alimenter la réf<strong>le</strong>xion <strong>de</strong>s parents qui ont un bébéprématuré ou encore <strong>le</strong>s futurs parents en général.Ce livre tente <strong>de</strong> rendre compte <strong>de</strong> plusieurs facettes <strong>de</strong> la prématurité en évitant <strong>de</strong> mettre l’accentsur <strong>le</strong>s aspects strictement biomédicaux. C’est pourquoi l’ouvrage actuel est <strong>le</strong> fruit d’une collaboration étroiteentre plusieurs disciplines. Tout en partant <strong>de</strong>s connaissances biomédica<strong>le</strong>s, nous avons tenté d’intégrer <strong>le</strong>sconnaissances provenant <strong>de</strong>s domaines <strong>de</strong> la psychologie, <strong>de</strong> l’éthique, <strong>de</strong> l’épidémiologie et du droit.6


L’objectif final est que tous ces champs d’intérêt se rencontrent dans une synthèse qui ultimement,constituera un portrait global qui transcen<strong>de</strong> la simp<strong>le</strong> addition <strong>de</strong> connaissances spécialisées.En résumé, dans l’univers <strong>de</strong> la néonatalogie où la frontière entre l’acharnement thérapeutique etune intervention médica<strong>le</strong> raisonnab<strong>le</strong> est <strong>de</strong>s plus ténues, nous tenterons <strong>de</strong> faire la part <strong>de</strong>s choses en nousappuyant sur <strong>le</strong>s connaissances issues d’un éventail <strong>de</strong> sciences. Il s’agit d’une première version d’un livre quisera maintenu à jour et bonifié au cours <strong>de</strong>s prochaines années. Ce livre est issu du travail d’un forum en lignerassemblant <strong>de</strong>s étudiants <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxième et troisième cyc<strong>le</strong>s et <strong>de</strong>s chercheurs, à l’Université <strong>Laval</strong>, sous ladirection principa<strong>le</strong> <strong>de</strong> Raymond Lambert et <strong>de</strong> Yves Tremblay, chercheurs au Centre <strong>de</strong> recherche du CHUQ,en 2009. Il sera modifié au fil <strong>de</strong> l’acquisition <strong>de</strong> connaissances résultant <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s questions discutéesdans <strong>le</strong> cadre du forum en ligne et <strong>de</strong> la participation d’intervenants provenant <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s disciplines. Parail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>s profits amassés seront versés à Préma-Québec, une association pour <strong>le</strong>s enfants prématurés.7


INTRODUCTIONAu cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières décennies, un nombre grandissant d’enfants nés prématurément ont survécu.Les progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine pédiatrique permettent maintenant <strong>de</strong> compléter, souvent avec succès, lamaturation du corps du nouveau-né à l’extérieur du corps maternel. Alors que plusieurs personnesinterpellées par <strong>le</strong>s évènements survenant en périnatalité par<strong>le</strong>nt <strong>de</strong> mirac<strong>le</strong>, d’autres proclament qu’il s’agitplutôt <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cine trop agressive. Cette dichotomie concernant la perception du même phénomènes’explique en gran<strong>de</strong> partie par <strong>le</strong>s conséquences très variab<strong>le</strong>s qu’engendre la prématurité, et ce, même pour<strong>de</strong>s sta<strong>de</strong>s gestationnels similaires <strong>de</strong> développement fœtal à la naissance.Plusieurs se sont posés la question <strong>de</strong> l’acceptabilité <strong>de</strong> faire survivre <strong>de</strong>s êtres si peu développés, quece soit <strong>de</strong> façon informel<strong>le</strong> entre amis autour d’une tab<strong>le</strong>, ou encore dans <strong>le</strong>s médias par <strong>de</strong>s spécialistes. Laprématurité, <strong>le</strong>s risques associés <strong>de</strong> handicap sévère pour l’enfant et <strong>de</strong> perturbation à jamais <strong>de</strong> la vie <strong>de</strong>sparents sont <strong>de</strong>s sujets qui touchent un grand nombre <strong>de</strong> personnes. Les points <strong>de</strong> vue s’affrontent, mais nes’appuient pas toujours sur une connaissance suffisamment étendue <strong>de</strong>s éléments inhérents à laproblématique.Afin <strong>de</strong> mieux comprendre la réalité comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong> la prématurité, <strong>de</strong>s gens provenant <strong>de</strong> différentesdisciplines 1 ont mis à contribution <strong>le</strong>urs connaissances et ont tenté <strong>de</strong> <strong>le</strong>s intégrer en une synthèse qui rendcompte <strong>de</strong> la comp<strong>le</strong>xité <strong>de</strong> cette délicate question : « Quels sont <strong>le</strong>s paramètres à prendre en considérationdans <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> faire survivre ou non un enfant né à la limite <strong>de</strong> la viabilité ? » De plus, en raison d’indicesscientifiques et médicaux qui pointent vers un pronostic moins bon chez <strong>le</strong>s garçons, « y aurait-il un problèmeéthique à fournir aux parents <strong>de</strong>s informations différentes en fonction du sexe <strong>de</strong> l’enfant » ?Afin <strong>de</strong> mener à bien ce défi d’intégration <strong>de</strong> connaissances provenant <strong>de</strong> divers domaines, <strong>le</strong>sauteurs se sont inspirés d’une métho<strong>de</strong> précé<strong>de</strong>mment utilisée par Lambert & Monnier-Barbarino (2005). Ils’agit d’un forum virtuel où <strong>le</strong>s praticiens <strong>de</strong> diverses disciplines se rencontrent pour donner <strong>le</strong>ur opinion enfonction <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong>s connaissances <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur champ d’expertise. Dans un premier temps, l’intervenantconcerné dépose un <strong>document</strong> qui exprime son avis ne regardant que sa discipline. Ensuite, chaque spécialistes’approprie <strong>le</strong> savoir déposé sur <strong>le</strong> forum pour en arriver à une vision qui franchit <strong>le</strong> cadre strict <strong>de</strong> ses propresconnaissances. Ultimement, <strong>le</strong>s spécialistes en arrivent à une vision plus intégra<strong>le</strong> <strong>de</strong> la problématique.Lors <strong>de</strong> ce forum, <strong>le</strong>s participants ont d’abord commencé par rédiger <strong>de</strong>s synthèses <strong>de</strong>s connaissancesdans <strong>le</strong>ur domaine. Les <strong>document</strong>s ont été ensuite déposés pour discussion. La première synthèse proposéeporte sur l’épidémiologie, qui dresse un portrait <strong>de</strong>s causes <strong>le</strong>s plus courantes d’accouchement prématuréainsi que <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque associés à cel<strong>le</strong>s-ci. Le chapitre biomédical approfondit <strong>le</strong>s mécanismes sousjacentsà la prématurité. Il traite éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s conséquences physiques <strong>de</strong> la prématurité, notamment du1 L’expertise <strong>de</strong> ces participants sera présentée au début <strong>de</strong> chaque chapitre.8


syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire (SDR) qui est fréquemment rencontré chez <strong>le</strong> prématuré et qui mérite uneattention spécia<strong>le</strong>, dans la mesure où <strong>le</strong> sexe joue un rô<strong>le</strong> important sur l’issue du développement duprématuré. Le chapitre traitant <strong>de</strong>s aspects psychologiques se centre sur <strong>le</strong>s impacts du développementpsychosocial du prématuré. L’accent est mis sur la variab<strong>le</strong> du développement cognitif et scolaire <strong>de</strong>sprématurés, du nourrisson à l’âge adulte. Toutefois, il traite éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s aspects émotionnels et <strong>de</strong> la santémenta<strong>le</strong> qui pourraient différer chez <strong>le</strong>s prématurés, par rapport aux enfants nés à terme. Le <strong>document</strong>éthique se penche pour sa part sur <strong>le</strong>s aspects <strong>de</strong> mora<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs concernant <strong>le</strong>s décisions qui sontprises dans un contexte <strong>de</strong> réanimation du prématuré. L’auteure tente éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong> mieux définir la place <strong>de</strong>sparents dans ce diffici<strong>le</strong> processus. En terminant, <strong>le</strong> chapitre portant sur <strong>le</strong> droit dégage un cadre juridique,principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> processus décisionnel d’une réanimation ou non du prématuré. Plus précisément,l’experte en droit abor<strong>de</strong> la notion <strong>de</strong> statut légal du prématuré, <strong>le</strong>s droits et <strong>de</strong>voirs <strong>de</strong>s parents, ainsi queceux <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins.Fina<strong>le</strong>ment, une synthèse est présentée, rendant ainsi mieux compte <strong>de</strong> la réalité comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong> laprématurité, <strong>de</strong>s décisions qu’el<strong>le</strong> engage et <strong>de</strong>s conséquences possib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rnières et qui ne négligeaucun <strong>de</strong>s aspects abordés.9


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE I: PARAMÈTRES ÉPIDÉMIOLOGIQUES ASSOCIÉS À LA PRÉMATURITÉPar :Stéphanie Roberge10


PRÉSENTATION DE L’AUTEUREStéphanie Roberge est étudiante à la Maîtrise en Épidémiologie à l’Université <strong>Laval</strong> sous la direction du DrEmmanuel Bujold et du Dr Yves Lacasse. Son sujet d’étu<strong>de</strong> porte sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> du sexe <strong>de</strong>s fœtus dans la réponseaux traitements chez la femme à risque d’accouchement prématuré. Ses expériences <strong>de</strong> recherche et sonmémoire lui ont permis <strong>de</strong> se spécialiser en méta-analyse. De plus, son Baccalauréat en Anthropologie àl’Université <strong>de</strong> Montréal obtenu en 2007 lui a été uti<strong>le</strong> pour l’intégration <strong>de</strong> connaissances variées quil’ai<strong>de</strong>ront à poursuivre ses recherches au Doctorat en Santé Périnata<strong>le</strong>.REMERCIEMENTS DE LA PART DE L’AUTEUREJ’aimerais remercier <strong>le</strong>s Drs Bujold et Lacasse qui ont accepté <strong>de</strong> me diriger dans mon projet <strong>de</strong> maîtrise. Le DrBujold m’a donné une chance incroyab<strong>le</strong> <strong>de</strong> me familiariser et d’intégrer <strong>le</strong> milieu <strong>de</strong> la recherche en santépérinata<strong>le</strong>, son enthousiasme et ses projets m’ayant donné <strong>le</strong> goût <strong>de</strong> poursuivre dans ce domaine. J’aimeraiséga<strong>le</strong>ment remercier mes collègues <strong>de</strong> travail, <strong>le</strong>s participants et <strong>le</strong>s mentors du forum qui m’ont permisd’apprendre davantage grâce à <strong>de</strong>s échanges enrichissants.11


INTRODUCTIONL’accouchement prématuré est un enjeu majeur <strong>de</strong> la grossesse, car il est associé à une augmentation <strong>de</strong>srisques <strong>de</strong> morbidité et <strong>de</strong> mortalité chez la mère et <strong>le</strong> fœtus (Tab<strong>le</strong>au 1) [1]. L’amélioration <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong>santé et l’augmentation <strong>de</strong>s interventions obstétrica<strong>le</strong>s au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnières années ont influencé <strong>le</strong>nombre <strong>de</strong> bébés nés très prématurément (


principa<strong>le</strong>s peuvent être composées <strong>de</strong> causes sous-jacentes.Dans un domaine aussi comp<strong>le</strong>xe que la prématurité, il est important <strong>de</strong> comprendre que chaquerisque ne peut être mesuré, car l’accouchement prématuré peut résulter d’un très grand nombre <strong>de</strong> causes,dont certaines <strong>de</strong>meureront probab<strong>le</strong>ment inconnues. Les causes principa<strong>le</strong>s connues <strong>de</strong> la prématurité sontl’accouchement prématuré provoqué (pour une raison maternel<strong>le</strong> et/ou fœta<strong>le</strong>, tel<strong>le</strong> la pré-éclampsie), <strong>le</strong>travail préterme (TPT) (avec membranes intactes) et la rupture prématurée préterme <strong>de</strong>s membranes 2 (RPPM)(Figure 1). La rupture prématurée <strong>de</strong>s membranes (RPPM) est à l’origine d’environ un tiers <strong>de</strong>s naissancesprématurées. El<strong>le</strong> est associée à une augmentation significative <strong>de</strong> la morbidité pulmonaire, oculaire,cérébra<strong>le</strong> et motrice liée à la prématurité [7].30%25%45%Accouchement prématuréavec membranes intactesAccouchement provoquédû à <strong>de</strong>s complicationsmaternel<strong>le</strong>s ou fœta<strong>le</strong>sRupture prématuréepréterme <strong>de</strong>s membranesFigure 1. Causes <strong>de</strong> la prématurité [8]L’AGE GESTATIONNELL’âge gestationnel est un <strong>de</strong>s facteurs <strong>le</strong>s plus déterminants pour <strong>le</strong>s chances <strong>de</strong> survie du nouveauné.À partir <strong>de</strong> 22 semaines <strong>de</strong> gestation, il existe une diminution notab<strong>le</strong> du taux <strong>de</strong> mortalité avecl’augmentation <strong>de</strong> l’âge gestationnel à la naissance. Ainsi, plus <strong>le</strong>s bébés naissent prématurément, moins ilsont <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> survivre. Aux États-Unis, <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> survie d’un enfant né entre 32 et 35 semaines <strong>de</strong>grossesse est <strong>de</strong> 98 % comparativement à 90-95 % pour <strong>le</strong>s enfants nés entre 28 et 31 semaines, 87 % pourceux nés à 27 semaines et 80 % pour ceux nés à 26 semaines [9]. La diminution continue <strong>de</strong> manière marquéeà partir <strong>de</strong> ce moment; <strong>le</strong>s enfants nés généra<strong>le</strong>ment autour <strong>de</strong> 22 à 24 semaines <strong>de</strong> grossesse sont alorsconsidérés comme étant à la limite <strong>de</strong> la viabilité. Le taux <strong>de</strong> survie néonata<strong>le</strong> à 23 semaines <strong>de</strong> grossesse varieentre 11 % et 30 %, <strong>de</strong> 26 % à 52 % à 24 semaines et <strong>de</strong> 54 % à 76 % à 25 semaines <strong>de</strong> grossesse [10, 9](Tab<strong>le</strong>au 2).2 La rupture <strong>de</strong> la poche <strong>de</strong>s eaux en <strong>de</strong>hors du travail et <strong>de</strong> manière prématurée (avant 36 semaines <strong>de</strong> grossesse).13


Tab<strong>le</strong>au 2Statistiques <strong>de</strong> survie <strong>de</strong>s enfants selon l’âge gestationnel à la naissanceÂge gestationnel (semaines) Estimation <strong>de</strong> la survie (%)36 et + ≥9932 à 35 9828 à 31 90 à 9527 8726 8025 54 à 7624 26 à 5223 11 à 30Adapté <strong>de</strong> Kelly 2006, The Basics of Prematurity [9]LES DÉSORDRES HYPERTENSIFSUne <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s complications maternel<strong>le</strong>s et fœta<strong>le</strong>s est due à <strong>de</strong>s désordres hypertensifs [2]. Lapré-éclampsie est une complication <strong>de</strong> la grossesse définie par l’association d’une hypertension gestationnel<strong>le</strong><strong>de</strong> novo 3 et <strong>de</strong> protéinurie 4 . Sa préva<strong>le</strong>nce selon <strong>le</strong>s pays varie entre 3 % et 18 % [11]. El<strong>le</strong> est une <strong>de</strong>s causes<strong>le</strong>s plus importantes <strong>de</strong> mortalité périnata<strong>le</strong> dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong>. La pré-éclampsie se caractérise par une mauvaiseimplantation placentaire pouvant mener à un retard <strong>de</strong> croissance intra-utérin, et d’autres complicationscomme l’œdème aigu du poumon, <strong>le</strong> décol<strong>le</strong>ment placentaire, une dysfonction hépatique, <strong>de</strong>s convulsionsmaternel<strong>le</strong>s, voire même la mort [12]. Le seul traitement définitif <strong>de</strong> la pré-éclampsie est l’accouchement.Depuis quelques années, l’utilisation d’une technique d’échographie (<strong>le</strong> Dopp<strong>le</strong>r) permet <strong>de</strong> diagnostiquerprécocement <strong>le</strong>s anomalies du placenta et ainsi prédire <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> pré-éclampsie [13, 14]. Malheureusement,peu d’outils thérapeutiques ou préventifs sont actuel<strong>le</strong>ment disponib<strong>le</strong>s.ÂGE MATERNELAu Canada, l’âge moyen <strong>de</strong>s femmes à l’accouchement est en constante augmentation. L’âgematernel avancé, défini comme un âge supérieur à 35 ans au moment <strong>de</strong> l’accouchement, est associé à uneaugmentation <strong>de</strong> plusieurs complications <strong>de</strong> la grossesse incluant l’accouchement prématuré, <strong>le</strong>s désordreshypertensifs <strong>de</strong> la grossesse, <strong>le</strong> diabète gestationnel et fina<strong>le</strong>ment à une augmentation importante du risqued’aneuploïdie 5 fœta<strong>le</strong>, comme <strong>le</strong> Syndrome <strong>de</strong> Down (trisomie 21) [15, 16, 17] (Tab<strong>le</strong>au 3). Bien que l’âgematernel avancé soit associé à une augmentation <strong>de</strong>s accouchements prématurés, il n’y a pas d’évi<strong>de</strong>nce claireque l’âge maternel est un facteur <strong>de</strong> risque pour la morbidité néonata<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s grands prématurés [18].3 Nouvel<strong>le</strong>, apparaissant durant la grossesse.4 Présence excessive <strong>de</strong> protéines dans l’urine.5 Ne possè<strong>de</strong> pas <strong>le</strong> nombre normal <strong>de</strong> chromosomes.14


Tab<strong>le</strong>au 3Caractéristiques <strong>de</strong>s femmes ayant donné naissance à un seul enfant vivant ou mortnéaux États-Unis et au Canada 1996-2000CaractéristiquesÉtats-UnisCanadamaternel<strong>le</strong>sNombre total <strong>de</strong> 16 568 581 1 257 187naissancesÂge maternel (années) (%) (%)


indiquent que l’obésité réduirait <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> prématurité [31]. D’autres étu<strong>de</strong>s ont même démontré uneaugmentation <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> naissances prématurées. Une revue <strong>de</strong> la littérature <strong>de</strong> 2005 a établi que <strong>le</strong>s mesuresmaternel<strong>le</strong>s anténata<strong>le</strong>s anthropométriques 6 ne sont pas uti<strong>le</strong>s pour prédire <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> prématurité [32].Bref, ce facteur est très controversé et n’est pas nécessairement un bon indicateur <strong>de</strong> naissance prématurée.Une étu<strong>de</strong> récente (juin 2009) n’a d’ail<strong>le</strong>urs trouvé aucune association entre l’IMC maternel<strong>le</strong> ou <strong>le</strong> gain <strong>de</strong>poids et <strong>le</strong>s maladies physiologiques néonata<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s enfants <strong>de</strong> petit poids [33].FÉCONDATION IN VITROLes effets <strong>de</strong> la fécondation in vitro (FIV) sur <strong>le</strong>s grossesses multip<strong>le</strong>s sont connus, mais <strong>le</strong>s effetspotentiels <strong>de</strong> cette métho<strong>de</strong> <strong>de</strong> fécondation sur la sécurité et la santé <strong>de</strong> la grossesse et <strong>de</strong> l’enfant ont ététrès peu étudiés. Il est démontré que la FIV, lorsque plusieurs embryons sont transférés, augmente <strong>le</strong> risque <strong>de</strong>naissance multip<strong>le</strong>, ce qui a <strong>de</strong>s effets connus sur l’augmentation <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> prématurité, <strong>de</strong> petit poids à lanaissance, d’anomalies congénita<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> mortalité périnata<strong>le</strong> et d’autres complications [34].LES ANTÉCÉDENTS DE LA MÈRELes antécé<strong>de</strong>nts <strong>de</strong> la mère font partie <strong>de</strong>s facteurs <strong>de</strong> risque <strong>le</strong>s plus importants dans la reproductionet la probabilité d’accouchement prématuré (Tab<strong>le</strong>au 4). Une femme ayant accouché prématurément lorsd’une grossesse précé<strong>de</strong>nte a un risque d’accouchement prématuré <strong>de</strong> 14-22 % qui passe à 28-42 % après<strong>de</strong>ux accouchements prématurés [35]. De plus, la récurrence <strong>de</strong> la prématurité est aussi reliée à l’âgegestationnel auquel la femme a accouché lors <strong>de</strong> sa grossesse précé<strong>de</strong>nte; une femme ayant déjà accouchéavant 32 semaines sera beaucoup plus à risque d’accoucher à moins <strong>de</strong> 32 semaines lors <strong>de</strong> sa prochainegrossesse qu’une femme ayant accouché entre 32 et 36 semaines [35]Tab<strong>le</strong>au 4Risque d’accouchement prématuré récurrent au cours d’une troisième grossesseHistoire obstétrique Risque <strong>de</strong> prématurité (%)Deux accouchements prématurés42précé<strong>de</strong>ntsLes <strong>de</strong>ux entre 32 et 36 semaines 33Les <strong>de</strong>ux à moins <strong>de</strong> 32 semaines 57Enfant à terme suivant un accouchement 21prématuréAccouchement prématuré suivant un13accouchement prématuréDeux accouchements précé<strong>de</strong>nts à terme 5Source: McManemy, et al, Recurrence risk for preterm <strong>de</strong>livery. Am J Obstet Gynecol 2007;196:576. [35]6 Mesure <strong>de</strong>s proportions du corps humain, comme la grosseur du ventre.16


LE TABAGISMELe tabagisme maternel est associé à une augmentation du risque <strong>de</strong> retard <strong>de</strong> croissance intra-utérin,<strong>de</strong> rupture prématurée préterme <strong>de</strong>s membranes, du syndrome <strong>de</strong> mort subite et <strong>de</strong> prématurité. Letabagisme ne semb<strong>le</strong> pas avoir d’impact sur la morbidité néonata<strong>le</strong>, mais ce phénomène reste à éclaircir [36].Il est intéressant <strong>de</strong> noter que <strong>le</strong> tabagisme semb<strong>le</strong> avoir un effet protecteur dans <strong>le</strong> développement <strong>de</strong>sdésordres hypertensifs <strong>de</strong> la grossesse [37].PARAMÈTRES LIÉS AU FŒTUSLE POIDS À LA NAISSANCEPlus <strong>le</strong> bébé a un petit poids à la naissance, plus <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> mortalité et <strong>de</strong> morbidité est é<strong>le</strong>vé. Lesenfants prématurés peuvent aussi être classifiés par <strong>le</strong>ur poids à la naissance. Ainsi, <strong>le</strong>s enfants <strong>de</strong> moins <strong>de</strong>2500 grammes, <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1500 grammes et <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1000 grammes sont classés comme étant <strong>de</strong>senfants avec un petit poids, un très petit poids et un extrême petit poids, respectivement [2, 9, 38]. Unnouveau-né peut soit avoir un petit poids secondaire à un âge gestationnel faib<strong>le</strong>, secondaire à un retard <strong>de</strong>croissance intra-utérin, ou <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux.Au Canada, entre 1996 et 2000, sur un total <strong>de</strong> 1 252 386 enfants nés vivants, <strong>le</strong> poids moyen à lanaissance était <strong>de</strong> 3421 grammes (± 552 g). Le pourcentage <strong>de</strong> bébés <strong>de</strong> petits poids (


Tab<strong>le</strong>au 5Percenti<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s poids (g) à la naissance par l’âge gestationnel: États-Unis, 1991, Naissancessimp<strong>le</strong>s vivantesÂge gestationnel(semaines)5 e percenti<strong>le</strong> 10 e percenti<strong>le</strong> 50 e percenti<strong>le</strong> 90 e percenti<strong>le</strong>24 435 498 674 97725 480 558 779 113826 529 625 899 136227 591 702 1035 163528 670 798 1196 197729 772 925 1394 236130 910 1085 1637 271031 1088 1278 1918 298632 1294 1495 2203 320033 1513 1725 2458 337034 1735 1950 2667 350235 1950 2159 2831 359636 2156 2354 2974 366837 2357 2541 3117 375538 2543 2714 3263 386739 2685 2852 3400 398040 2761 2929 3495 406041 2777 2948 3527 409442 2764 2935 3522 4098Source: A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r, et al. United States National Reference for Fetal Growth. In Obstet Gynecol1996; 87:163-168.RETARD DE CROISSANCE INTRA-UTÉRIN OU PETIT POUR L’ÂGE GESTATIONNELComme il a été mentionné précé<strong>de</strong>mment, <strong>le</strong>s grands prématurés peuvent éga<strong>le</strong>ment être petitspour <strong>le</strong>ur âge gestationnel (Tab<strong>le</strong>au 6). Ils peuvent avoir <strong>de</strong>s problèmes néonataux qui sont associés à unegrossesse écourtée et/ou à un retard <strong>de</strong> croissance intra-utérin (RCIU). Le RCIU est une anomalie dudéveloppement fœtal qui affecte 3 % à 7 % <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s grossesses, dépendamment <strong>de</strong>s critèresdiagnostiques utilisés. La définition du retard <strong>de</strong> croissance varie selon <strong>le</strong>s auteurs, mais el<strong>le</strong> est généra<strong>le</strong>mentreconnue lorsqu’un enfant a un poids sous <strong>le</strong> 3 e , 5 e ou 10 e percenti<strong>le</strong> pour l’âge gestationnel ou bien lorsque <strong>le</strong>poids est plus que <strong>de</strong>ux fois l’écart-type sous la moyenne <strong>de</strong> l’âge gestationnel. Les problèmes périnatauxassociés à <strong>de</strong>s RICU peuvent inclure plusieurs facteurs (<strong>le</strong> stress périnatal, la détresse fœta<strong>le</strong>, <strong>le</strong> syndromed’aspiration du méconium, l’hypoglycémie ou l’hyperviscosité) [40]. La mortalité périnata<strong>le</strong> est d’ail<strong>le</strong>ursestimée être <strong>de</strong> 5 à 10 fois plus gran<strong>de</strong> pour un fœtus avec un retard <strong>de</strong> croissance que pour un fœtus avec unpoids approprié [41].18


Tab<strong>le</strong>au 6Taux <strong>de</strong> mortalité par l’âge gestationnel et <strong>le</strong> poids à la naissance 1995-1997Âge gestationnel(semaines)22-23 24-25 26-27 28-29 30-31 32-33 TotalTotal 63.7 27.0 12.0 5.0 2.2 1.0Poids à la naissance(grammes)1750–1999 1.8 1.5 1.2 1.41500–1749 4.5 2.7 2.0 1.1 2.21250–1499 3.7 3.4 2.7 2.1 2.0 2.81000–1249 12.8 7.9 5.3 3.5 3.2 4.5 4.5750-999 17.4 14.0 8.5 6.6 5.8 10.2500-749 61.5 31.9 23.7 19.6 23.3 40.0250-499 87.3 70.5 62.7 84.2Adapté <strong>de</strong> : A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r, et al, Pediatrics 2003 [42]LES NAISSANCES MULTIPLESLes grossesses multip<strong>le</strong>s (<strong>de</strong>ux enfants et plus) comptent pour 2 % à 3 % <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s naissances etcontribuent à la morbidité et mortalité périnata<strong>le</strong>s, en plus d’augmenter considérab<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> risque <strong>de</strong>handicap physique et mental. Dix-sept pour cent <strong>de</strong> ces naissances surviennent avant 37 semaines et 23 %avant 32 semaines <strong>de</strong> grossesse. Vingt-quatre pour cent sont <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> petits poids (< 2500 g) et 26 %sont <strong>de</strong>s enfants <strong>de</strong> très petits poids (< 1500 g) [43]. Le mécanisme du travail prématuré lors d’une grossessemultip<strong>le</strong> est probab<strong>le</strong>ment lié en partie à une surdistension utérine (étirement <strong>de</strong> l’utérus) secondaire àl’augmentation plus rapi<strong>de</strong> du volume intra-utérin [44].Depuis que la reproduction assistée est <strong>de</strong>venue une pratique courante en mé<strong>de</strong>cine, la société seretrouve avec une très forte augmentation <strong>de</strong>s grossesses multip<strong>le</strong>s. Il en résulte un plus grand nombre <strong>de</strong>prématurés dans la population [8]. La stimulation ovarienne et <strong>le</strong>s autres formes <strong>de</strong> reproduction assistée, parexemp<strong>le</strong> la fécondation in vitro (FIV), utilisent <strong>de</strong>s médicaments qui stimu<strong>le</strong>nt l’ovulation. Ce phénomèneentraîne donc une augmentation <strong>de</strong> la préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong>s jumeaux et <strong>de</strong>s autres grossesses multip<strong>le</strong>s (trip<strong>le</strong>ts etplus). Au Canada, <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> grossesses gémellaires a augmenté <strong>de</strong> 35 % au cours <strong>de</strong>s 10 <strong>de</strong>rnières années.Cette récente augmentation a un impact significatif sur la santé périnata<strong>le</strong>. Bien que <strong>le</strong>s grossesses multip<strong>le</strong>sreprésentent une naissance sur 34, el<strong>le</strong>s comptent pour un cinquième <strong>de</strong>s naissances prématurées et pour unquart <strong>de</strong>s naissances <strong>de</strong> bébés <strong>de</strong> petits poids [45].Bien que la grossesse multip<strong>le</strong> constitue un facteur <strong>de</strong> risque important <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> prématurité, sonimpact sur la morbidité, indépendamment d’autres cofacteurs potentiel<strong>le</strong>ment associés (chorioamnionite,retard <strong>de</strong> croissance, etc.), n’est pas clair.LE SEXELes nouveau-nés <strong>de</strong> sexe féminin ont généra<strong>le</strong>ment un plus petit poids à la naissance que <strong>le</strong>s garçons.Il est aussi connu que <strong>le</strong>s garçons nés prématurément ont plus <strong>de</strong> chances <strong>de</strong> développer <strong>le</strong> syndrome <strong>de</strong>19


détresse respiratoire que <strong>le</strong>s petites fil<strong>le</strong>s. Cela serait dû aux différences dans <strong>le</strong> développement <strong>de</strong>s poumons[46].L’existence d’une majorité <strong>de</strong> bébés mâ<strong>le</strong>s parmi <strong>le</strong>s enfants prématurés peut mettre en lumièrel’étiologie <strong>de</strong> la prématurité. Par exemp<strong>le</strong>, la Suè<strong>de</strong> a recensé une proportion <strong>de</strong> 55 % à 60 % <strong>de</strong> naissancesmâ<strong>le</strong>s entre 23 et 32 semaines <strong>de</strong> grossesse [47]. Les résultats suggèrent l’existence d’un mécanisme <strong>de</strong> laprématurité qui serait influencé par <strong>le</strong> sexe du fœtus [41]. La plus gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> bébés garçons quinaissent prématurément pourrait donc être une explication au taux <strong>de</strong> mortalité qui peut être jusqu’à 1.53 foisplus é<strong>le</strong>vé chez <strong>le</strong>s nouveau-nés mâ<strong>le</strong>s [48]. Plusieurs mécanismes ont été proposés pour expliquer pourquoi<strong>le</strong>s fœtus mâ<strong>le</strong>s sont plus à risque que <strong>le</strong>s femel<strong>le</strong>s en ce qui concerne la prématurité. On retrouve parmi ceuxci<strong>le</strong> poids généra<strong>le</strong>ment plus grand chez <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s qui augmente la probabilité <strong>de</strong> travail prématuré, une plusgran<strong>de</strong> susceptibilité à certaines complications médica<strong>le</strong>s associées à la prématurité comme l’hypertensiondurant la grossesse ou <strong>le</strong>s infections, ainsi que <strong>de</strong>s processus biochimiques reliés au sexe [49].Les fœtus femel<strong>le</strong>s ont un avantage significatif sur <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 1000 g. Il est démontré quepour un âge gestationnel à la limite <strong>de</strong> la viabilité (dans ce cas-ci 22-24 semaines <strong>de</strong> grossesse), <strong>le</strong>s poumons<strong>de</strong>s fœtus femel<strong>le</strong>s sont beaucoup plus développés que ceux <strong>de</strong>s mâ<strong>le</strong>s [50]. Deux étu<strong>de</strong>s ont éga<strong>le</strong>mentrapporté que <strong>le</strong>s enfants mâ<strong>le</strong>s prématurés auraient plus <strong>de</strong> signes d’inflammation chronique que <strong>le</strong>s bébésfil<strong>le</strong>s prématurées [51, 52].Il n’est pas évi<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> savoir en clinique s’il est approprié <strong>de</strong> faire une distinction entre <strong>le</strong>s fœtusmâ<strong>le</strong>s et femel<strong>le</strong>s pour tenter <strong>de</strong> <strong>le</strong>s sauver. Certaines voies portent à croire que <strong>le</strong>s fœtus femel<strong>le</strong>s auraient<strong>de</strong>s avantages sur <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s dans la gran<strong>de</strong> prématurité quant au développement. Cependant, <strong>le</strong>s données et<strong>le</strong>s recherches ne sont probab<strong>le</strong>ment pas assez avancées et formel<strong>le</strong>s pour avantager un sexe plutôt quel’autre si bien que la plupart <strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s cliniques sur la prématurité ne font aucune distinction pour <strong>le</strong> sexe dufœtus.Bien qu’il ne soit pas considéré comme un facteur <strong>de</strong> risque ou une cause pour la prématurité, <strong>le</strong> sexea <strong>de</strong> fortes chances d’influencer la survenue d’évènements associés à la prématurité. Souvent analysé enépidémiologie comme un facteur confondant ou modifiant, <strong>le</strong> sexe doit être un facteur d’ajustement pour <strong>le</strong>srésultats <strong>de</strong>s différentes issues. Cette distinction permet d’éliminer d’éventuels biais lors <strong>de</strong> l’interprétation<strong>de</strong>s causes d’une maladie. Il <strong>de</strong>vient donc primordial qu’il soit pris en considération. Comme l’état actuel <strong>de</strong>sconnaissances sur l’influence du sexe en prématurité est limité et souvent probabiliste, une meil<strong>le</strong>urecompréhension <strong>de</strong>s effets du sexe permettrait d’adapter <strong>le</strong>s soins périnataux.LES INFECTIONS NÉONAT ALESComme nous <strong>le</strong> mentionnions précé<strong>de</strong>mment, il existe une association importante entre l’infectiondu liqui<strong>de</strong> amniotique et <strong>le</strong>s naissances prématurées. La relation entre <strong>le</strong>s infections, la réponse inflammatoireet <strong>le</strong>s effets néfastes sur <strong>le</strong> développement neuronal <strong>de</strong> l’enfant prématuré fait l’objet <strong>de</strong> multip<strong>le</strong>srecherches. Une revue <strong>de</strong> la littérature a mis en évi<strong>de</strong>nce que <strong>le</strong>s enfants nés prématurément sont à risqued’infections intra-utérines et postnata<strong>le</strong>s. Il a éga<strong>le</strong>ment été démontré récemment qu’il pourrait y avoir un lien20


entre <strong>le</strong>s infections/inflammations associées à une certaine forme d’infection (la sepsie) et <strong>le</strong> développementdu cerveau chez l’enfant prématuré. De plus, <strong>le</strong>s enfants prématurés avec un petit poids à la naissance seraientbeaucoup plus à risque d’avoir <strong>de</strong>s infections néonata<strong>le</strong>s, en association avec une mortalité et une morbiditéplus é<strong>le</strong>vées [53].SIGNES D’ALTÉRATION DU BIEN-ÊTRE FŒTALLes éléments détectab<strong>le</strong>s par <strong>de</strong>s outils <strong>de</strong> dépistage tels certaines pathologies, malformations ouanomalies font partie d’éléments cruciaux pour <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins en ce qui concerne <strong>le</strong> choix <strong>de</strong>prolonger une grossesse qui risque d’être prématurée [54, 55]. Selon la sévérité <strong>de</strong> l’anomalie, l’impact sur <strong>le</strong>nouveau-né peut différer gran<strong>de</strong>ment. Il existe éga<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> détresse fœta<strong>le</strong> d’origine hypoxique 7 .Ces signes <strong>de</strong> détresse doivent souvent mener à une décision très rapi<strong>de</strong> sur <strong>le</strong> choix <strong>de</strong> l’accouchementprécipité et peuvent être <strong>de</strong>s déterminants importants sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’enfant. En effet, plusieurs bébés sontaccouchés prématurément afin d’éviter une mort fœta<strong>le</strong>. Par la suite, à la naissance, <strong>le</strong> bien-être fœtal seradéterminé par l’état <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s chances <strong>de</strong> survie associées. Fina<strong>le</strong>ment, d’autres facteurs entrent en jeucomme la disponibilité <strong>de</strong> soins intensifs néonataux et <strong>le</strong>s traitements reçus pendant la grossesse.FACTEURS SOCIAUXL’association entre <strong>le</strong>s désavantages sociaux et <strong>le</strong>s naissances prématurées est une découverteimportante. Outre la consommation <strong>de</strong> tabac durant la grossesse qui est une <strong>de</strong>s composantes importantes,plusieurs facteurs sociaux peuvent expliquer <strong>le</strong>s associations avec certains paramètres <strong>de</strong> la prématuritéassociés à la mère ou l’enfant. Les inégalités socia<strong>le</strong>s sont fortement démontrées à travers divers élémentscomme <strong>le</strong> niveau d’éducation, un faib<strong>le</strong> revenu familial, <strong>le</strong> fait <strong>de</strong> ne pas vivre avec un partenaire. Lesdifférences racia<strong>le</strong>s sont aussi un élément majeur <strong>de</strong> plusieurs analyses à travers la littérature. Il est reconnuque certaines différences racia<strong>le</strong>s sont aussi influencées par divers éléments comme <strong>le</strong> poids maternel, <strong>le</strong>scoutumes, <strong>le</strong>s comportements, l’accès aux services, la distribution <strong>de</strong> l’âge, l’exposition au racisme et à ladiscrimination; ceux-ci étant souvent associés à la « race » ou à « l’ethnicité » [56].TRAITEMENTS MÉDICAMENTEUXUne <strong>de</strong>s approches médica<strong>le</strong>s <strong>le</strong>s plus connues est sans doute l’utilisation <strong>de</strong> corticostéroï<strong>de</strong>s. Il estdémontré, <strong>de</strong>puis <strong>le</strong>s années 1970 par Liggins et Howie que l’administration <strong>de</strong> corticostéroï<strong>de</strong>s durant lagrossesse chez <strong>le</strong>s femmes à risque d’accouchement prématuré réduit l’inci<strong>de</strong>nce du syndrome <strong>de</strong> détresserespiratoire et la mortalité <strong>de</strong>s enfants [57]. L’efficacité <strong>de</strong>s glucocorticoï<strong>de</strong>s anténataux a ensuite été7 Quantité insuffisante d’oxygène dans <strong>le</strong> sang.21


confirmée par plusieurs autres essais contrô<strong>le</strong>s randomisés 8 . Une méta-analyse 9 <strong>de</strong> Cochrane a démontré qu’ily a une réduction significative <strong>de</strong> mort néonata<strong>le</strong> et fœta<strong>le</strong> avant 32, 34 et 36 semaines <strong>de</strong> grossesse après untraitement aux corticostéroï<strong>de</strong>s [58]. Il y aurait aussi une réduction du risque d’hémorragie cérébra<strong>le</strong>,d’entérocolite nécrosante (une maladie <strong>de</strong> l’intestin), d’infection et d’admission à une unité néonata<strong>le</strong>.Toutefois, <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong>s corticostéroï<strong>de</strong>s seraient significativement réduits si l’enfant ne naît pas durant <strong>le</strong>s 24à 48 heures qui suivent <strong>le</strong> premier traitement.Les traitements utilisés pour prévenir l’accouchement prématuré sont <strong>le</strong>s tocolytiques, <strong>le</strong>straitements aux antibiotiques, <strong>le</strong> cerclage cervical et <strong>le</strong> dépistage/traitement <strong>de</strong>s vaginites bactériennes [2].DISCUSSIONLa prématurité est comp<strong>le</strong>xe et est influencée par plusieurs paramètres qui se combinent etinteragissent. Que ce soit à l’ai<strong>de</strong> d’étu<strong>de</strong>s randomisées, <strong>de</strong> méta-analyses ou <strong>de</strong> concepts comme <strong>le</strong> dépistageou la surveillance, l’épidémiologie permet d’analyser et <strong>de</strong> comprendre <strong>le</strong>s données sous un ang<strong>le</strong> distinctif. Lesexe a toujours été considéré en épidémiologie comme un facteur ayant <strong>de</strong> l’influence. Dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>l’extrême prématurité, <strong>le</strong> sexe <strong>de</strong>vrait être traité en pratique comme un facteur à part entière qui peutinfluencer la survenue d’évènements après un accouchement prématuré. Le genre peut être un sujet délicat,car d’un point <strong>de</strong> vue anthropologique, il fait souvent l’objet d’un traitement différentiel. C’est pourquoi,lorsqu’il s’agit d’ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins pour une décision sur <strong>le</strong> sort d’un enfant prématuré, d’autresdisciplines doivent être considérées en plus <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, comme par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s sciences biomédica<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>droit et l’éthique.Comme nous l’avons constaté, beaucoup <strong>de</strong> facteurs peuvent constituer <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> la prématuritéet plusieurs éléments peuvent influencer la santé du nouveau-né. D’un point <strong>de</strong> vue épidémiologique, ils nesont pas encore tous découverts et <strong>le</strong>s données existantes sont souvent probabilistes. Cette mise en gar<strong>de</strong>nous amène à la question : « Doit-on fournir aux parents <strong>de</strong>s informations médica<strong>le</strong>s différentes selon <strong>le</strong> sexe? » Comme on l’a vu, <strong>le</strong>s différences sexuel<strong>le</strong>s sont bien présentes et ont <strong>de</strong>s effets sur la santé <strong>de</strong>s enfants nésprématurément. Il serait donc dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant <strong>de</strong> divulguer l’information complète auxparents.8 Essai contrô<strong>le</strong> randomisé : étu<strong>de</strong> évaluant <strong>le</strong>s effets d’une intervention par la comparaison d’un groupe <strong>de</strong>traitement à un groupe contrô<strong>le</strong> constitué <strong>de</strong> manière aléatoire.9 Combinaison statistique <strong>de</strong> plusieurs étu<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong> même sujet afin <strong>de</strong> voir l’évi<strong>de</strong>nce médica<strong>le</strong>.22


CONCLUSIONPlusieurs facteurs <strong>de</strong> risques sont associés à la gran<strong>de</strong> prématurité dont quelques-uns sont éga<strong>le</strong>mentassociés à la morbidité néonata<strong>le</strong> <strong>de</strong> façon indépendante. Parmi ceux-ci, notons <strong>le</strong>s infections, <strong>le</strong>s retards <strong>de</strong>croissances intra-utérins, <strong>le</strong>s petits poids à la naissance et l’utilisation <strong>de</strong>s corticostéroï<strong>de</strong>s. D’autres facteurscomme la détresse fœta<strong>le</strong> peuvent éga<strong>le</strong>ment être déterminants pour la survie du bébé. Celui qui nousintéresse ici, <strong>le</strong> sexe du bébé né prématurément, n’est pas considéré du point <strong>de</strong> vue <strong>de</strong> l’épidémiologiecomme une cause. Il n’en reste pas moins qu’il semb<strong>le</strong> être associé à la mort périnata<strong>le</strong> et au syndrome <strong>de</strong>détresse respiratoire. La recherche <strong>de</strong>vrait être plus approfondie afin <strong>de</strong> faciliter la surveillance et <strong>le</strong> dépistagepérinatal adéquat. De plus, une meil<strong>le</strong>ure compréhension <strong>de</strong> l’influence du sexe pourrait influencer la pratiquemédica<strong>le</strong> en permettant d’adapter <strong>le</strong>s traitements en fonction <strong>de</strong> celui-ci.23


Références1. Reed DM, Stan<strong>le</strong>y FJ: The Epi<strong>de</strong>miology of Prematurity. Baltimore-Munich: NICHD/NIH, 1977. (SchazenbergU, ed.)2. McGuire W, Fowlie P: ABC of preterm birth. Mal<strong>de</strong>n, Massachusetts: BMJ Publishing Group Limited, 2005.(Ltd BP, ed.)3. WHO LC-i-PD: Neonatal and perinatal mortality : country, regional and global estimates., vol 1.Infantmortality - trends. 2.Fetal mortality - trends. 3.Data col<strong>le</strong>ction - methods. : World Health Organization, 2006.4. WHO: WHO Mortality database. In: Organization WH, ed. Geneva, 2003.5. ONU UN: Demographic yearbook 2000. New York: United Nations, 2002.6. Eberhardt M, al. e: Urban and rural health chartbook. Health, United States, 2000. In: Health, ed. Hyattsvil<strong>le</strong>:Disease Control and Prevention National Center for Health Statistics, 2001.7. Pristauz G, Ba<strong>de</strong>r AA, Schwantzer G, Kutschera J, Lang U: Assessment of risk factors for survival of neonatesborn after second-trimester PPROM. Early Hum Dev 2008.8. Gol<strong>de</strong>nberg RL, Culhane JF, Iams JD, Romero R: Epi<strong>de</strong>miology and causes of preterm birth. Lancet 2008;371(9606): 75-84.9. Kelly MM, RN, MSN, CRNP: The Basics of Prematurity. J Pediatr Health Care 2006 20: 238-244.10. MacDonald H: Perinatal care at the threshold of viability. Pediatrics 2002; 110(5): 1024-7.11. Geographic variation in the inci<strong>de</strong>nce of hypertension in pregnancy. World Health OrganizationInternational Collaborative Study of Hypertensive Disor<strong>de</strong>rs of Pregnancy. Am J Obstet Gynecol 1988; 158(1):80-3.12. Khong T, De Wolf F, Robertson W, al. e: Ina<strong>de</strong>quate maternal vascular response to placentation inpregnancies complicated by pre-eclampsia and by small-for-gestational age infants. Br J Obstet Gynaecol1986; 93: 1049-59.13. He<strong>le</strong>wa ME, Burrows RF, Smith J, Williams K, Brain P, Rabkin SW: Report of the Canadian HypertensionSociety Consensus Conference: 1. Definitions, evaluation and classification of hypertensive disor<strong>de</strong>rs inpregnancy. CMAJ 1997; 157(6): 715-25.14. Steel S, Pearce J, Chamberlain G: Dopp<strong>le</strong>r ultrasound of the uteroplacental circulationas a screening test for severe pre-eclampsia with intra-uterine growth retardation. Eur J Obstet GynecolReprod Biol 1988; 28: 279-87.15. Prysak M, Lorenz RP, Kisly A: Pregnancy outcome in nulliparous women 35 years and ol<strong>de</strong>r. Obstet Gynecol1995; 85(1): 65-70.24


16. Ananth CV, Joseph KS, Oye<strong>le</strong>se Y, Demissie K, Vintzi<strong>le</strong>os AM: Trends in preterm birth and perinatalmortality among sing<strong>le</strong>tons: United States, 1989 through 2000. Obstet Gynecol 2005; 105(5 Pt 1): 1084-91.17. Astolfi P, Zonta LA: Delayed maternity and risk at <strong>de</strong>livery. Paediatr Perinat Epi<strong>de</strong>miol 2002; 16(1): 67-72.18. Delpisheh A, Brabin L, Attia E, Brabin BJ: Pregnancy late in life: a hospital-based study of birth outcomes. JWomens Health (Larchmt) 2008; 17(6): 965-70.19. Gol<strong>de</strong>nberg RL, Hauth JC, Andrews WW: Intrauterine infection and preterm <strong>de</strong>livery. N Engl J Med 2000;342(20): 1500-7.20. Fung G, Baw<strong>de</strong>n K, Chow P, Yu V: Chorioamnionitis and outcome in extremely preterm infants. Ann AcadMed Singapore 2003; 32(3): 305-10.21. Gomez R, Romero R, Ghezzi F, Yoon BH, Mazor M, Berry SM: The fetal inflammatory response syndrome.Am J Obstet Gynecol 1998; 179(1): 194-202.22. Novy MJ, McGregor JA, Iams JD: New perspectives on the prevention of extreme prematurity. Clin ObstetGynecol 1995; 38(4): 790-808.23. Romero R, Avila C, Brekus CA, Morotti R: The ro<strong>le</strong> of systemic and intrauterine infection in pretermparturition. Ann N Y Acad Sci 1991; 622: 355-75.24. Romero R, Espinoza J, Chaiworapongsa T, Kalache K: Infection and prematurity and the ro<strong>le</strong> of preventivestrategies. Semin Neonatol 2002; 7(4): 259-74.25. DiGiulio DB, Romero R, Amogan HP, et al.: Microbial preva<strong>le</strong>nce, diversity and abundance in amniotic fluidduring preterm labor: a mo<strong>le</strong>cular and culture-based investigation. PLoS ONE 2008; 3(8): e3056.26. Miral<strong>le</strong>s R, Hodge R, McParland PC, et al.: Relationship between antenatal inflammation and antenatalinfection i<strong>de</strong>ntified by <strong>de</strong>tection of microbial genes by polymerase chain reaction. Pediatr Res 2005; 57(4):570-7.27. Oyarzun E, Yamamoto M, Kato S, Gomez R, Lizama L, Moenne A: Specific <strong>de</strong>tection of 16 micro-organismsin amniotic fluid by polymerase chain reaction and its correlation with preterm <strong>de</strong>livery occurrence. Am JObstet Gynecol 1998; 179(5): 1115-9.28. Berger A, Witt A, Hai<strong>de</strong>n N, Kretzer V, Heinze G, Kohlhauser C: Microbial invasion of the amniotic cavity atbirth is associated with adverse short-term outcome of preterm infants. J Perinat Med 2003; 31(2): 115-21.29. Wu YW: Systematic review of chorioamnionitis and cerebral palsy. Ment Retard Dev Disabil Res Rev 2002;8(1): 25-9.30. Wu YW, Colford JM, Jr.: Chorioamnionitis as a risk factor for cerebral palsy: A meta-analysis. JAMA 2000;284(11): 1417-24.31. Hend<strong>le</strong>r I, Gol<strong>de</strong>nberg RL, Mercer BM, et al.: The Preterm Prediction Study: association between maternalbody mass in<strong>de</strong>x and spontaneous and indicated preterm birth. Am J Obstet Gynecol 2005; 192(3): 882-6.25


32. Honest H, Bachmann LM, Ngai C, Gupta JK, K<strong>le</strong>ijnen J, Khan KS: The accuracy of maternal anthropometrymeasurements as predictor for spontaneous preterm birth--a systematic review. Eur J Obstet Gynecol ReprodBiol 2005; 119(1): 11-20.33. Bruno CJ, Locke R, Mack<strong>le</strong>y A, Paul DA: The association between maternal body mass in<strong>de</strong>x and severity ofneonatal illness in very low birth weight infants. J Matern Fetal Neonatal Med 2009: 1-5.34. Kalra SK, Molinaro TA: The association of in vitro fertilization and perinatal morbidity. Semin Reprod Med2008; 26(5): 423-35.35. McManemy J, Cooke E, Amon E, Leet T: Recurrence risk for preterm <strong>de</strong>livery. Am J Obstet Gynecol 2007;196(6): 576 e1-6; discussion 576 e6-7.36. Shea AK, Steiner M: Cigarette smoking during pregnancy. Nicotine Tob Res 2008; 10(2): 267-78.37. Hammoud AO, Bujold E, Sorokin Y, Schild C, Krapp M, Baumann P: Smoking in pregnancy revisited: findingsfrom a large population-based study. Am J Obstet Gynecol 2005; 192(6): 1856-62; discussion 1862-3.38. Mandy GT, Weisman LE, Kim MS: Inci<strong>de</strong>nce and mortality of the premature infant. UpToDate, 2008.39. Ananth CV, Liu S, Joseph KS, Kramer MS: A comparison of foetal and infant mortality in the United Statesand Canada. Int J Epi<strong>de</strong>miol 2008.40. Draper ES, Manktelow B, Field DJ, James D: Prediction of survival for preterm births by weight andgestational age: retrospective population based study. BMJ 1999; 319(7217): 1093-7.41. Reece EA, Hobbins JC, Jr. NFG: Handbook of Clinical Obstetrics: The Fetus & Mother, Second Edition ed:Blackwell Publishing, 2007. (Company JBL, ed.42. A<strong>le</strong>xan<strong>de</strong>r GR, Kogan M, Ba<strong>de</strong>r D, Carlo W, Al<strong>le</strong>n M, Mor J: US birth weight/gestational age-specificneonatal mortality: 1995-1997 rates for whites, hispanics, and blacks. Pediatrics 2003; 111(1): e61-6.43. ACOG Practice Bul<strong>le</strong>tin #56: Multip<strong>le</strong> gestation: complicated twin, trip<strong>le</strong>t, and high-or<strong>de</strong>r multifetalpregnancy. Obstet Gynecol 2004; 104(4): 869-83.44. Robinson JN, Norwitz ER: Risk factor for preterm labor and <strong>de</strong>livery. UpToDate, 2008.45. Low Birth Weight & Preterm Multip<strong>le</strong> Births: A Canadian Profi<strong>le</strong>. Best Start: Ontario’s Maternal, Newbornand Early Child Development Resource Centre in partnership with Multip<strong>le</strong> Births Canada., 2005.46. F<strong>le</strong>isher B, al. e: Lung profi<strong>le</strong>: sex differences in normal pregnancy. Obstet Gynecol 1985; 66: 327–330.47. Norman J, Greer I: Preterm Labour Managing Risk in Clinical Practice, First Publish ed. Cambridge:Cambridge University Press, 2005.48. Zeitlin J, Saurel-Cubizol<strong>le</strong>s MJ, De Mouzon J, et al.: Fetal sex and preterm birth: are ma<strong>le</strong>s at greater risk?Hum Reprod 2002; 17(10): 2762-8.26


49. Amon E, Sibai BM, An<strong>de</strong>rson GD, Mabie WC: Obstetric variab<strong>le</strong>s predicting survival of the immaturenewborn (<strong>le</strong>ss than or equal to 1000 gm): a five-year experience at a sing<strong>le</strong> perinatal center. Am J ObstetGynecol 1987; 156(6): 1380-9.50. Ghidini A, Salafia CM: Gen<strong>de</strong>r differences of placental dysfunction in severe prematurity. BJOG 2005;112(2): 140-4.51. Gol<strong>de</strong>nberg RL, Andrews WW, Faye-Petersen OM, Goepfert AR, Cliver SP, Hauth JC: The Alabama PretermBirth Study: intrauterine infection and placental histologic findings in preterm births of ma<strong>le</strong>s and fema<strong>le</strong>s <strong>le</strong>ssthan 32 weeks. Am J Obstet Gynecol 2006; 195(6): 1533-7.52. Adams-Chapman I, Stoll B: Neonatal infection and long-term neuro<strong>de</strong>velopmental outcome in the preterminfant. Curr Opin Infect Dis. 2006 19(3): 290-7.53. Dehan M, Gold F, Grassin M, et al.: Di<strong>le</strong>mmes éthiques <strong>de</strong> la pério<strong>de</strong> périnata<strong>le</strong> : recommandations pour<strong>le</strong>s décisions <strong>de</strong> fin <strong>de</strong> vie. Arch Pédiatr 2001 8 407-19.54. Larroque B, Breart G, Kaminski M, et al.: Survival of very preterm infants: Epipage, a population basedcohort study. Arch Dis Child Fetal Neonatal 2004; 89: F139-F144.55. Lum<strong>le</strong>y J: Defining the prob<strong>le</strong>m: the epi<strong>de</strong>miology of preterm birth. BJOG 2003; 110 Suppl 20: 3-7.56. Liggins GC, Howie RN: A control<strong>le</strong>d trial of antepartum glucocorticoid treatment for prevention of therespiratory distress syndrome in premature infants. Pediatrics 1972; 50(4): 515-25.57. Roberts D, Dalziel S: Antenatal corticosteroids for acce<strong>le</strong>rating fetal lung maturation for women at risk ofpreterm birth. Cochrane Database Syst Rev 2006; CD004454(Issue 3).27


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE II: ANALYSE BIOMÉDICALE ET FONDAMENTALE DE L’IMPACT DE LAPRÉMATURITÉ ET DU SEXE DE L’ENFANT À NAÎTREPar :Eric Boucher, Dre Eva Bresson, Geneviève Cormier, Mélissa Côté,Marie-Christine Gérard Hudon, Julie Plante, Dr Tommy Seaborn,Marc Simard**Les auteurs ont contribué éga<strong>le</strong>ment à la rédaction du <strong>document</strong> unidisciplinaire; adaptation et vulgarisationdu chapitre par Marc Simard28


PRÉSENTATION DES AUTEURSEric BoucherEric Boucher est présentement étudiant au Doctorat en Physiologie-Endocrinologie à l’Université <strong>Laval</strong>. Il aobtenu en 2002 un Baccalauréat en Biochimie à l’Université <strong>Laval</strong>, suivi en 2005 d’une Maîtrise en BiologieCellulaire et Moléculaire. Son travail <strong>de</strong> maîtrise, effectué sous la supervision <strong>de</strong> la Dre Lucie Germain duLaboratoire d’Organogénèse Expérimenta<strong>le</strong> (LOEX), portait sur <strong>le</strong> génie tissulaire <strong>de</strong> la peau et sur l’isolation<strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s souches adultes <strong>de</strong> l’épi<strong>de</strong>rme. Depuis juin 2005, il travail<strong>le</strong> à l’obtention <strong>de</strong> son doctorat sous ladirection du Dr Yves Tremblay et la co-direction du Dr Pierre Provost et se consacre à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>sandrogènes et <strong>de</strong>s glucocorticoï<strong>de</strong>s sur <strong>le</strong> développement pulmonaire fœtal et néonatal. Ses intérêts <strong>de</strong>recherche se centrent autour <strong>de</strong> la biologie pulmonaire et développementa<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l’endocrinologie, avec uneattention particulière aux différences sexuel<strong>le</strong>s.Eva BressonEva Bresson est titulaire d’une Maîtrise en Pharmacie <strong>de</strong> l’Académie <strong>de</strong> Mé<strong>de</strong>cine <strong>de</strong> Varsovie, en Pologne,ainsi que d’une Maîtrise et d’un Doctorat en Biologie Moléculaire <strong>de</strong> l’Université <strong>Laval</strong>. Dre Bresson a ensuitemené <strong>de</strong>ux stages post-doctoraux au Centre <strong>de</strong> Recherche du Centre Hospitalier <strong>de</strong> l'Université <strong>Laval</strong>(CRCHUL). Un premier dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Michel Fortier, en endocrinologie, sur différents troub<strong>le</strong>s <strong>de</strong>reproduction chez la femme, et un <strong>de</strong>uxième dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Yves Tremblay, en physiologie, surl’influence <strong>de</strong>s androgènes sur l’expression génique pulmonaire fœta<strong>le</strong>. Dre Bresson est actuel<strong>le</strong>mentprofessionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> recherche au CRCHUL.Geneviève CormierMme Cormier a fait un premier Baccalauréat en Sciences (Majeure en Biologie). Pendant ses étu<strong>de</strong>s, el<strong>le</strong> serend vite compte qu’el<strong>le</strong> a un intérêt particulier pour <strong>le</strong> travail en laboratoire. El<strong>le</strong> poursuit donc ses étu<strong>de</strong>savec un second Baccalauréat en Sciences <strong>de</strong> Laboratoire Médical. Toujours à la recherche <strong>de</strong> nouveaux défis,el<strong>le</strong> fait présentement sa Maîtrise en Physiologie-Endocrinologie à l’Université <strong>Laval</strong> à Québec au sein <strong>de</strong>l’équipe du Dr Yves Tremblay (co-direction : Dr Pierre Provost).Mélissa CôtéEn 2003, Mélissa Côté a entrepris ses étu<strong>de</strong>s universitaires dans <strong>le</strong> programme <strong>de</strong> Microbiologie <strong>de</strong> l’Université<strong>Laval</strong>. À l’été 2005, el<strong>le</strong> découvrit <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la recherche en débutant par un stage <strong>de</strong> formation dans <strong>le</strong>29


laboratoire du Dr Yves Tremblay. El<strong>le</strong> poursuivit son stage tout au long <strong>de</strong> l’année scolaire 2005-2006 pourensuite entreprendre sa maîtrise au sein <strong>de</strong> ce laboratoire (co-direction : Dr Pierre Provost). Aujourd’hui, el<strong>le</strong>entame un Doctorat en Neurobiologie à l’Université <strong>Laval</strong>.Marie-Christine Gérard HudonL’histoire <strong>de</strong> Marie-Christine Gérard Hudon dans <strong>le</strong> mon<strong>de</strong> <strong>de</strong> la science a débuté à l’automne 2005 par unBaccalauréat en Biologie Médica<strong>le</strong> à l’Université du Québec à Trois-Rivières. Son cheminement s’est ensuitepoursuivi par un stage <strong>de</strong> formation dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Yves Tremblay, qui travail<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> syndrome <strong>de</strong>détresse respiratoire chez <strong>le</strong>s nouveau-nés prématurés. À l’automne 2008, el<strong>le</strong> s’est inscrite à la Maîtrise enPhysiologie-Endocrinologie à l’Université <strong>Laval</strong> afin <strong>de</strong> poursuivre dans ce même laboratoire (co-direction : DrPierre Provost). Ce forum et ce projet <strong>de</strong> livre en ligne faisaient partie d’un cours optionnel à compléter aucourant <strong>de</strong> sa maîtrise.Julie PlanteSuite à un Baccalauréat en Biologie à l’Université <strong>Laval</strong>, Mme Julie Plante a récemment complété une Maîtriseen Physiologie-Endocrinologie dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Yves Tremblay. Ses travaux ont porté principa<strong>le</strong>mentsur la caractérisation, au niveau du poumon fœtal murin, <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> la 17-hydroxystéroï<strong>de</strong>déshydrogénase <strong>de</strong> type 2, une enzyme impliquée dans l’inactivation <strong>de</strong>s androgènes. Mme Plante travail<strong>le</strong>actuel<strong>le</strong>ment en tant que professionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> recherche à l’Hôtel-Dieu <strong>de</strong> Québec.Tommy SeabornTitulaire d’un Baccalauréat en Biologie et d’un Certificat en Génie Génétique, Tommy Seaborn a effectué uneMaîtrise et un Doctorat en Biologie Cellulaire et Moléculaire dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Bruno Piedboeuf sur <strong>le</strong>sréponses cellulaire et transcriptionnel<strong>le</strong> du poumon fœtal à l’occlusion trachéa<strong>le</strong>. Son premier post-doctorat,dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Yves Tremblay à l’Université <strong>Laval</strong>, porta sur <strong>le</strong> rô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s androgènes dans lamaturation pulmonaire. Son second post-doctorat, dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Hubert Vaudry à l’Université <strong>de</strong>Rouen, porta sur l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la neurodifférentiation <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s PC12.Marc SimardMarc Simard a complété, à l’Université <strong>Laval</strong>, un Baccalauréat en Biologie, une Maîtrise en Physiologie-Endocrinologie portant sur la régulation hormona<strong>le</strong> placentaire, ainsi qu’un Microprogramme <strong>de</strong> 2 e cyc<strong>le</strong> enRecherche sur <strong>le</strong>s Maladies Inflammatoires <strong>de</strong>s Voies Respiratoires et du Poumon. Il poursuit (et achève) unDoctorat en Physiologie-Endocrinologie sous la direction du Dr Yves Tremblay (co-direction : Dr Pierre30


Provost). Ses recherches portent sur l’expression <strong>de</strong> gènes impliqués dans la régulation et <strong>le</strong> métabolisme <strong>de</strong>shormones stéroïdiennes au niveau du poumon fœtal, en relation avec la maturation pulmonaire. C’est avec unintérêt marqué pour <strong>le</strong> phénomène <strong>de</strong> la prématurité qu’il entend poursuivre ses recherches en biologie <strong>de</strong> lareproduction et du développement.REMERCIEMENTS DE LA PART DES AUTEURSNous tenons à souligner l'implication du Dr Yves Tremblay. Non seu<strong>le</strong>ment il a su diriger <strong>le</strong> forum entant que tel, mais il supervise éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s recherches <strong>de</strong> la majorité d'entre nous. Il a éga<strong>le</strong>ment suivi <strong>de</strong>près la rédaction <strong>de</strong> cette section. Nous <strong>le</strong> remercions donc pour ses judicieux conseils et son soutien, tantdans nos recherches que dans la rédaction <strong>de</strong> ce chapitre <strong>de</strong> livre. Marc Simard tient à remercier spécia<strong>le</strong>ment<strong>le</strong>s Drs Lambert et Tremblay pour l'opportunité <strong>de</strong> participer à l'édition <strong>de</strong> ce livre. Une partie <strong>de</strong>s travauxprésentés dans ce chapitre ont été financés par <strong>le</strong>s Instituts <strong>de</strong> Recherche en Santé du Canada (IRSC) à YT.31


Introductionlusieurs paramètres peuvent influencer la prise <strong>de</strong> décision <strong>de</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins au moment <strong>de</strong>Pressusciter ou non un nourrisson né à la limite <strong>de</strong> la viabilité, mais peu relèvent directement <strong>de</strong> larecherche fondamenta<strong>le</strong>. Cel<strong>le</strong>-ci peut soit expliquer <strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments <strong>de</strong>s réalités cliniques pouvantinfluencer la survie ou la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’enfant prématuré, soit fournir <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> départ pour larecherche clinique. Dans ce chapitre nous tenterons <strong>de</strong> répondre à la question suivante: « Quel<strong>le</strong>sconnaissances biomédica<strong>le</strong>s sont <strong>le</strong>s plus pertinentes afin d’établir <strong>de</strong> nouveaux paramètres cliniques pouvantêtre utilisés par <strong>le</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins quand il s’agit <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ressusciter ou non un nourrisson né à lalimite <strong>de</strong> la viabilité et quels sont <strong>le</strong>s fon<strong>de</strong>ments moléculaires, cellulaires et endocriniens 10 <strong>de</strong>s critèrescliniques connus ? »Une première partie introduira <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la prématurité sur la physiologie du nouveau-né; el<strong>le</strong> serasuivie d’un court résumé décrivant <strong>le</strong> développement du système pulmonaire et <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la prématuritésur ce <strong>de</strong>rnier. Ensuite, divers éléments biomédicaux pertinents seront résumés, tels <strong>le</strong>s différences entre <strong>le</strong>ssexes concernant la maturation pulmonaire, <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong>s hormones androgènes 11 sur <strong>le</strong> poumon et <strong>le</strong>smarqueurs biologiques du développement et <strong>de</strong> la maturation pulmonaires. Nous abor<strong>de</strong>rons éga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>sfon<strong>de</strong>ments biomédicaux <strong>de</strong> certains traitements cliniques mis en œuvre pour contrer <strong>le</strong> syndrome <strong>de</strong>détresse respiratoire chez <strong>le</strong>s nouveau-nés prématurés.LA PRÉMATURITÉSelon l’American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics et <strong>le</strong> Canadian Perinatal Surveillance System, la prématuritéest définie comme une naissance survenant avant la 37 e semaine <strong>de</strong> la grossesse [1, 2]. On peut classer <strong>le</strong>senfants prématurés en trois gran<strong>de</strong>s classes : <strong>le</strong>s prématurés nés avant la 37 e semaine <strong>de</strong> grossesse, <strong>le</strong>s grandsprématurés nés avant la 32 e semaine <strong>de</strong> grossesse et fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s très grands prématurés nés avant la 28 esemaine <strong>de</strong> grossesse. La prématurité est à la hausse au Canada et dans la plupart <strong>de</strong>s pays industrialisés. Eneffet, entre 1981 et 1994 <strong>le</strong> pourcentage d'enfants prématurés a augmenté <strong>de</strong> 9 % au pays, passant <strong>de</strong> 6,3 % à6,8 % <strong>de</strong> toutes <strong>le</strong>s naissances [3]. Au Québec, on estime que 7,5 % <strong>de</strong>s naissances vivantes surviennentprématurément [4]. Plusieurs facteurs expliquent ce risque accru <strong>de</strong> donner naissance prématurément :notons <strong>le</strong>s complications maternel<strong>le</strong>s et fœta<strong>le</strong>s, un historique d’accouchement prématuré, un faib<strong>le</strong> statut10 Endocrine : relatif à la substance sécrétée par une cellu<strong>le</strong> ou une glan<strong>de</strong>, qui est déversée dans <strong>le</strong> sang sansl'intermédiaire d'un canal excréteur.11 Hormones stéroï<strong>de</strong>s, notamment impliquées dans la stimulation et <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong>s caractères sexuels mâ<strong>le</strong>s.32


économique, l’utilisation <strong>de</strong> drogues, ainsi qu’une grossesse multip<strong>le</strong> (voir Chapitre I). Par ail<strong>le</strong>urs, l’infectionutérine et/ou l’inflammation sont souvent associées aux naissances prématurées [5].L’IMMATURITÉ DES SYSTÈMES LORS D’UNENAISSANCE PRÉMATURÉELa prématurité entraîne diverses conséquences médica<strong>le</strong>s sur <strong>le</strong> nouveau-né, la plus gran<strong>de</strong>complication étant associée à l’immaturité d’organes tels la peau, <strong>le</strong>s yeux, <strong>le</strong> cœur, <strong>le</strong> système digestif, <strong>le</strong>cerveau et <strong>le</strong> poumon. Fait important, l’analyse <strong>de</strong>s complications liées à l’immaturité <strong>de</strong> ces systèmes peutmener à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> critères permettant l’évaluation globa<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l’enfant. Lesprincipaux effets <strong>de</strong> la prématurité sur ces systèmes sont résumés ci-<strong>de</strong>ssous, une emphase étant mise sur <strong>le</strong>poumon, puisque son immaturité est une cause majeure <strong>de</strong> morbidité et <strong>de</strong> mortalité et que sa maturationprésente une différence sexuel<strong>le</strong>.LA PEAUConstituant une barrière protectrice, la peau lorsqu’el<strong>le</strong> n’est pas mature peut être une cause <strong>de</strong>mortalité à la naissance. Or, cel<strong>le</strong>-ci n’est pas p<strong>le</strong>inement fonctionnel<strong>le</strong> avant la 34 e semaine <strong>de</strong> grossesse. Lesenfants nés prématurément sont plus sujets aux infections et à la déshydratation et peuvent donc souffrir d’undéséquilibre en é<strong>le</strong>ctrolytes et d’une thermorégulation déficiente. Il existe minima<strong>le</strong>ment trois composantesessentiel<strong>le</strong>s à l’établissement <strong>de</strong> l’imperméabilité <strong>de</strong> la peau : 1) la formation <strong>de</strong> l’enveloppe cornée (partiesuperficiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’épi<strong>de</strong>rme), 2) l’extrusion <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong>s jouant notamment un rô<strong>le</strong> structural dans la fonction <strong>de</strong>barrière hydrique <strong>de</strong> la peau, ainsi que 3) la mise en place <strong>de</strong>s jonctions intercellulaires mettant encommunication <strong>le</strong> contenu <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s voisines. Diverses protéines sont impliquées dans ces processus <strong>de</strong>maturation [6-8]. Fait à noter, <strong>de</strong>s délais dans la formation et la maturation <strong>de</strong> la barrière cutanée ont étéobservés chez <strong>le</strong>s individus <strong>de</strong> sexe masculin comparativement à ceux <strong>de</strong> sexe féminin. Han<strong>le</strong>y et al. suggèrentque cette différence sexuel<strong>le</strong> est sous l’influence <strong>de</strong>s androgènes [9].LES YEUXLa rétinopathie <strong>de</strong> la prématurité est une <strong>de</strong>s causes majeures <strong>de</strong> non-voyance chez <strong>le</strong>s nouveau-nés.Cette maladie est causée par un défaut <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s vaisseaux sanguins (vascularisation) <strong>de</strong> la rétinepouvant mener à une perte complète <strong>de</strong> la vue. Une concentration anorma<strong>le</strong> en oxygène, perturbantl’expression <strong>de</strong> certains facteurs impliqués dans la vascularisation, est à l’origine <strong>de</strong> cette maladie qui secaractérise par une prolifération anorma<strong>le</strong> <strong>de</strong>s tissus fibro-vasculaires aux limites <strong>de</strong> la rétine vascularisée etnon vascularisée. Il est suggéré que cette vascularisation anorma<strong>le</strong> <strong>de</strong> la rétine soit principa<strong>le</strong>ment menée parla synthèse loca<strong>le</strong> d’une protéine appelée facteur <strong>de</strong> croissance vasculaire endothélial A (VEGF-A).LE SYSTÈME CARDIOVASCULAIRE33


Le canal artériel crée une jonction entre l’aorte et l’artère pulmonaire chez <strong>le</strong> fœtus. Il est essentiel aubien-être fœtal permettant à 90 % du sang circulant dans <strong>le</strong> ventricu<strong>le</strong> droit <strong>de</strong> dévier la haute résistance du litvasculaire pulmonaire. Ainsi, peu <strong>de</strong> sang circu<strong>le</strong> dans <strong>le</strong>s poumons du fœtus. La persistance du canal artérie<strong>le</strong>st la pathologie cardiovasculaire la plus fréquente chez <strong>le</strong>s enfants prématurés. L’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> cette anomalieest plus fréquente à <strong>de</strong>s âges gestationnels inférieurs, affectant plus <strong>de</strong> 60 % <strong>de</strong>s enfants nés avant la 28 esemaine [10]. Chez l’enfant né à terme, la fermeture commence quelques heures après la naissance et secomplète après 72 heures. Par contre, el<strong>le</strong> se fait plus <strong>le</strong>ntement chez <strong>le</strong>s prématurés. Il est reconnu que <strong>le</strong>sprostaglandines, qui sont <strong>de</strong>s agents <strong>de</strong> signalisation cellulaire, jouent un rô<strong>le</strong> essentiel dans <strong>le</strong> maintien <strong>de</strong> cecanal durant la vie fœta<strong>le</strong> [10]. Lorsque <strong>le</strong> fœtus se rapproche du terme, l’augmentation <strong>de</strong> la tension enoxygène et la diminution <strong>de</strong> la sensibilité du canal à la prostaglandine PGE2 facilitent la fermeture du canalartériel. Par conséquent, <strong>le</strong> recours à <strong>de</strong>s agents limitant la production <strong>de</strong> PGE2 (<strong>le</strong>s inhibiteurs <strong>de</strong>scyclooxygénases, p. ex. l’indométacine) chez <strong>le</strong>s prématurés est une alternative thérapeutique potentiel<strong>le</strong>.L’INTESTINL’entérocolite nécrosante (NEC) se caractérise par l’apparition <strong>de</strong> lésions nécrosantes (perte <strong>de</strong> tissu<strong>de</strong> la muqueuse) susceptib<strong>le</strong>s d’évoluer vers une perforation <strong>de</strong> l’intestin; c’est l’une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s causes <strong>de</strong>morbidité 12 et <strong>de</strong> mortalité chez <strong>le</strong>s prématurés. El<strong>le</strong> affecte environ 5 % <strong>de</strong>s enfants nés à moins <strong>de</strong> 36semaines <strong>de</strong> grossesse et peut occasionner jusqu’à 50 % <strong>de</strong> mortalité. À maturité, <strong>le</strong> tractus gastro-intestinaljoue un rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> défense contre <strong>le</strong>s invasions bactériennes. Par contre, chez <strong>le</strong>s prématurés, l’épithélium 13intestinal (la première couche interne <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> l’intestin) ne peut remplir son rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> barrière physique.En effet, plusieurs fonctions épithélia<strong>le</strong>s sont alors incomplètes ou tota<strong>le</strong>ment absentes chez <strong>le</strong> prématuré. Unmucus, dont la composition et la production vont évoluer pendant la maturation <strong>de</strong> l’intestin, est produit par<strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s et son rô<strong>le</strong> est <strong>de</strong> prévenir l’invasion bactérienne. Un déficit en mucus favorise donc <strong>le</strong>développement d’une NEC. De plus, une augmentation <strong>de</strong> la perméabilité <strong>de</strong> l’épithélium intestinal associée àl’immaturité peut faciliter la propagation <strong>de</strong> l’infection. La sécrétion <strong>de</strong> certaines molécu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> communicationintercellulaire (<strong>de</strong>s cytokines) peut aussi varier selon <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maturation <strong>de</strong> l’épithélium. Par exemp<strong>le</strong>,l’inter<strong>le</strong>ukine 8, plus fortement sécrétée par <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s immatures que matures, favorise lacasca<strong>de</strong> inflammatoire d’une infection <strong>de</strong> type NEC. Chez <strong>le</strong>s prématurés, <strong>le</strong> pH <strong>de</strong> l’estomac est initia<strong>le</strong>menttrès é<strong>le</strong>vé et diminue (<strong>de</strong>vient donc plus aci<strong>de</strong>) avec la maturation. Or, l’acidité gastrique est une défense12 Nombre absolu ou relatif <strong>de</strong> mala<strong>de</strong>s dans un groupe donné et pendant un temps déterminé.13 Tissu non vascularisé constitué d'une ou plusieurs couches <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s collées <strong>le</strong>s unes aux autres, sansespaces ni liqui<strong>de</strong> interstitiels, qui recouvre et protège la surface externe du corps ainsi que ses cavitésnaturel<strong>le</strong>s, ou qui forme la partie sécrétoire <strong>de</strong>s glan<strong>de</strong>s.34


efficace contre <strong>le</strong>s infections. De plus, <strong>le</strong> mouvement péristaltique 14 <strong>de</strong> l’intestin, qui peut diminuer <strong>le</strong>s risquesd’invasion bactérienne, ne débute approximativement qu’à la 34 e semaine <strong>de</strong> la grossesse [11].LE CERVEAULe <strong>de</strong>venir neurologique <strong>de</strong> l’enfant est d’une très gran<strong>de</strong> importance en clinique. Lors <strong>de</strong> naissancesprématurées, il est possib<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s enfants soient atteints d’une hémorragie cérébra<strong>le</strong> (intraventriculaire).L’hydrocéphalie, c’est-à-dire une accumulation <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> dans certaines cavités du cerveau, en est lacomplication la plus sérieuse. Le risque d’hydrocéphalie est lié à l’importance <strong>de</strong> l’hémorragie et semb<strong>le</strong> causépar la présence <strong>de</strong> caillots sanguins dans <strong>le</strong>s canaux <strong>de</strong> réabsorption entraînant <strong>le</strong> blocage <strong>de</strong> la circulation etl’hémorragie. Une hydrocéphalie permanente résulte <strong>de</strong> la migration et <strong>de</strong> la déposition <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>sfibroblastiques et <strong>de</strong> collagène (protéine fibreuse ayant norma<strong>le</strong>ment un rô<strong>le</strong> structural) dans ces canaux. Lorsd’une naissance prématurée, la diminution <strong>de</strong> l’apport sanguin au cerveau (l'ischémie cérébra<strong>le</strong>) ainsi que la<strong>de</strong>struction <strong>de</strong> la substance blanche 15 (la <strong>le</strong>ucomalacie périventriculaire) sont d’importantes complicationspotentiel<strong>le</strong>s pouvant mener à <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s neurologiques.LE POUMONL’organogenèse pulmonaire est un long processus. Chez l’humain, il débute environ 4 semaines aprèsla conception et se poursuit jusqu’à l’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans. Ce processus a été subdivisé en cinq sta<strong>de</strong>s :embryonnaire, pseudoglandulaire, canaliculaire, sacculaire et alvéolaire (voir Figure 1). La phase canaliculaire,<strong>de</strong> la 16 e à la 25 e semaine <strong>de</strong> grossesse, est caractérisée par l’apparition <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s pulmonairesspécialisées : <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> types I et II [12]. Les pneumocytes <strong>de</strong> type II synthétisent <strong>le</strong> surfactant, unmélange comp<strong>le</strong>xe <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> protéines spécifiques qui a pour fonction d’assurer <strong>le</strong> bon fonctionnementdu poumon en diminuant la tension <strong>de</strong> surface alvéolaire, permettant ainsi une respiration norma<strong>le</strong> tout enpréservant l’intégrité fonctionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong>s alvéo<strong>le</strong>s.14 Péristaltisme : ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s contractions musculaires permettant la progression du contenu d’un organecreux à l’intérieur <strong>de</strong> cet organe.15 Partie qui « transporte » <strong>le</strong>s informations nerveuses à travers <strong>le</strong> cerveau par opposition à la matière grise quiel<strong>le</strong> « traite » l’information.35


Figure 1. Histologie du poumon <strong>de</strong> souris en développement, du sta<strong>de</strong> pseudoglandulaire au sta<strong>de</strong> alvéolaire.ECB : épithélium <strong>de</strong>s conduits bronchiques, ECR : épithélium <strong>de</strong>s conduits respiratoires, SA : sac alvéolaire, VR :voie respiratoire, VS : vaisseau sanguin, E : jour embryonnaire, PND : jour post-natal. Terme chez la souris : jour19-20. Terme chez l’humain : semaine 40. Figure réalisée par Eric Boucher et adaptée par Julie Plante.FACTEURS RÉGULANT LE DÉVELOPPEMENT PULMONAIREDiverses molécu<strong>le</strong>s sont impliquées dans <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> la morphogenèse pulmonaire en interagissanttout au long <strong>de</strong>s voies respiratoires, <strong>de</strong> la trachée vers <strong>le</strong>s alvéo<strong>le</strong>s (l’axe proximo-distal). El<strong>le</strong>s vont influencerloca<strong>le</strong>ment l’expression <strong>de</strong> certains gènes et agir directement sur la formation <strong>de</strong>s conduits respiratoires et<strong>de</strong>s vaisseaux sanguins, sur l’asymétrie droite-gauche <strong>de</strong>s lobes pulmonaires, et sur la réponse au stressmécanique [13, 14]. Certains facteurs produits, tant par <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la surface interne du poumon(l’épithélium pulmonaire) que par <strong>le</strong> mésenchyme 16 pulmonaire, influencent la différenciation 17 etl’organisation, entre autres, <strong>de</strong> l’épithélium. La formation adéquate du poumon dépend aussi d’interactionsentre <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> celui-ci et <strong>le</strong>ur matrice extracellulaire 18 [15, 16]. Le remo<strong>de</strong>lage du poumon est sous <strong>le</strong>16 Tissu conjonctif dérivé du méso<strong>de</strong>rme dont sont issus tous <strong>le</strong>s tissus conjonctifs différenciés, <strong>le</strong>s vaisseauxsanguins et lymphatiques.17 Apparition et développement progressif <strong>de</strong> propriétés ou <strong>de</strong> caractères distinctifs dans <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s quiétaient jusqu'alors équiva<strong>le</strong>ntes ou qui, du moins, <strong>le</strong> paraissaient; processus aboutissant à la formation <strong>de</strong>cellu<strong>le</strong>s spécialisées.18 Matrice extracellulaire et membrane basa<strong>le</strong>: membrane séparant <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s du milieuconjonctif ambiant. El<strong>le</strong> est composée <strong>de</strong> diverses structures (notamment d'un réseau très serré <strong>de</strong> finesfibril<strong>le</strong>s réticulaires) et peut être plus ou moins épaisse selon <strong>le</strong> type d'épithélium. La membrane basa<strong>le</strong> est unematrice extracellulaire spécialisée située entre l’épithélium et <strong>le</strong> mésenchyme.36


contrô<strong>le</strong> d’enzymes <strong>de</strong> la matrice (<strong>le</strong>s métalloprotéinases; MMPs) et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs inhibiteurs spécifiques, <strong>le</strong>sinhibiteurs tissulaires <strong>de</strong>s métalloprotéinases (TIMPs). De nombreux travaux confirment l’implication <strong>de</strong> cesmolécu<strong>le</strong>s dans la morphogenèse et <strong>le</strong> développement du poumon du rat [17-19], du lapin [18, 20], <strong>de</strong> lasouris [17, 20, 21] et <strong>de</strong> l’humain [22]. Une modification du système MMPs/TIMPs peut donc mener à unemorphologie pulmonaire anorma<strong>le</strong> ou pathologique [23]. Ces différents facteurs, <strong>de</strong> par <strong>le</strong>urs implicationsdans <strong>le</strong> développement pulmonaire, pourraient éventuel<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s cib<strong>le</strong>s thérapeutiques.ADAPTATION À LA VIE AÉRIENNE ET PERTURBATIONSLe plus grand changement auquel <strong>le</strong> fœtus sera confronté lors <strong>de</strong> la naissance est <strong>le</strong> passage d’unenvironnement aqueux (utérus) à un environnement gazeux (l’extérieur du corps <strong>de</strong> la mère); ceci requiertune adaptation morphologique importante du poumon. C’est en fin <strong>de</strong> grossesse que <strong>le</strong>s mécanismes <strong>de</strong>maturation pulmonaire, par exemp<strong>le</strong> la réabsorption du liqui<strong>de</strong> intrapulmonaire et la production dusurfactant, préparent <strong>le</strong> fœtus à sa première respiration et aux échanges gazeux. Parmi <strong>le</strong>s affectionsrespiratoires du nouveau-né, on note 1) <strong>le</strong> syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire (SDR), 2) la détresse respiratoiretransitoire (défaut dans la réabsorption <strong>de</strong>s flui<strong>de</strong>s pulmonaires), 3) <strong>le</strong> syndrome d’aspiration du méconium et4) l’infection d’origine materno-fœta<strong>le</strong>. Les <strong>de</strong>ux premières affections seront brièvement présentées.●La détresse respiratoire du nouveau-né ou maladie <strong>de</strong>s membranes hyalinesL’une <strong>de</strong>s complications <strong>le</strong>s plus courantes associées à la prématurité est <strong>le</strong> syndrome <strong>de</strong> détresserespiratoire du nouveau-né (SDR) ou maladie <strong>de</strong>s membranes hyalines. En effet, cette pathologie compte pour75 % <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> mort précoce et <strong>de</strong>s maladies pulmonaires chroniques chez <strong>le</strong>s enfants nés prématurément[13]. L’immaturité pulmonaire est caractérisée par une déficience dans la synthèse et la production dusurfactant. Ce déficit peut entraîner un affaissement <strong>de</strong>s alvéo<strong>le</strong>s, qui se disten<strong>de</strong>nt moins bien, et parconséquent une réduction <strong>de</strong> la capacité pulmonaire. Les enfants <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> souffrir <strong>de</strong> déficiencepulmonaire naissent entre la 24 e et la 28 e semaine <strong>de</strong> grossesse et possè<strong>de</strong>nt un poids extrêmement faib<strong>le</strong> à lanaissance (c.-à-d. ≤ 1000 g) [24]. Il est à noter que plus un enfant naît précocement, plus la sévérité et lamorbidité du SDR sont é<strong>le</strong>vées. En effet, l’occurrence du SDR, sous toutes ses formes, <strong>de</strong> la plus légère à la plussévère, est <strong>de</strong> 80 % pour <strong>le</strong>s enfants nés à 28 semaines <strong>de</strong> grossesse et moins, 65 % pour <strong>le</strong>s enfants nés entre29 et 30 semaines et 25 % pour ceux nés entre 31 et 34 semaines [25].Plusieurs facteurs influencent l’inci<strong>de</strong>nce du SDR. On peut mentionner la prématurité, <strong>le</strong> sexemasculin, <strong>le</strong> diabète maternel, l’ethnicité blanche versus noire, l’asphyxie périnata<strong>le</strong> ainsi que <strong>le</strong>s grossessesmultip<strong>le</strong>s [26, 27]. Aussi, plusieurs facteurs génétiques jouent un rô<strong>le</strong> dans la détermination <strong>de</strong> la susceptibilitéau SDR [28]. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s différences racia<strong>le</strong>s relatives à cette susceptibilité s’expliquent par la distributionallélique (relative aux diverses formes possib<strong>le</strong>s d'un gène) <strong>de</strong>s gènes SP-A et SP-B [29, 30]. Une analyse <strong>de</strong>sallè<strong>le</strong>s du gène SP-A dans une population a démontré que certaines augmentent, tandis que d’autres réduisentla susceptibilité au SDR. Par contre, seuls <strong>le</strong>s enfants nés avant la 32 e semaine <strong>de</strong> la grossesse sont affectés par37


cette variation allélique. D’autres étu<strong>de</strong>s ont démontré que chez l’humain, l’absence du gène SP-B mène à unpatron <strong>de</strong> synthèse <strong>de</strong>s protéines alvéolaires qui est mortel [31].Il est bien établi chez plusieurs espèces que la maturation du poumon, mesurée par la synthèse et lasécrétion du surfactant, est retardée chez <strong>le</strong>s fœtus masculins comparativement aux fœtus féminins [32]. Chez<strong>le</strong>s bébés prématurés, un déficit en surfactant contribue considérab<strong>le</strong>ment au développement du SDR et <strong>de</strong> labronchodysplasie pulmonaire, cette <strong>de</strong>rnière étant caractérisée par un développement anormal <strong>de</strong> lastructure pulmonaire. Ainsi, <strong>le</strong>s garçons prématurés sont davantage à risque <strong>de</strong> développer un SDR et d’enmourir [33]. Plusieurs étu<strong>de</strong>s suggèrent que la présence <strong>de</strong>s hormones mâ<strong>le</strong>s (androgènes) chez <strong>le</strong>s fœtusgarçons serait à la base <strong>de</strong> cette différence sexuel<strong>le</strong>. On sait maintenant que <strong>le</strong>s hormones sexuel<strong>le</strong>s exercentun contrô<strong>le</strong> sur <strong>le</strong> développement pulmonaire pendant <strong>le</strong>s pério<strong>de</strong>s fœta<strong>le</strong> et néonata<strong>le</strong>. Une section portantsur <strong>le</strong>s androgènes et <strong>le</strong> SDR sera présentée plus loin dans ce chapitre.●La détresse respiratoire transitoire et la réabsorption épithélia<strong>le</strong> du liqui<strong>de</strong> pulmonaireDans l’utérus, l’approvisionnement du fœtus en oxygène se fait par l’intermédiaire du placenta. Eneffet, durant <strong>le</strong> développement fœtal, <strong>le</strong>s poumons <strong>de</strong>s mammifères sont <strong>de</strong>s organes sécrétoires quieffectuent <strong>de</strong>s mouvements semblab<strong>le</strong>s aux mouvements respiratoires, sans effectuer d’échange gazeux [34].Plusieurs étu<strong>de</strong>s ont démontré que très tôt en grossesse (6 semaines), l’épithélium broncho-pulmonaireproduit un liqui<strong>de</strong> entraînant une expansion du poumon [34]. Un volume adéquat <strong>de</strong> ce liqui<strong>de</strong> est primordialpour la croissance et <strong>le</strong> développement normal <strong>de</strong> l’organe [35-37]. Par contre, dans un environnement aérien,<strong>le</strong>s alvéo<strong>le</strong>s doivent rester ouvertes et être dépourvues <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> afin que <strong>le</strong>s échanges gazeux s’effectuent <strong>de</strong>façon optima<strong>le</strong>. À la naissance, la réabsorption du liqui<strong>de</strong> pulmonaire est donc crucia<strong>le</strong> pour la survie <strong>de</strong>l’individu. Pour ce faire, une modification <strong>de</strong>s forces osmotiques intrapulmonaires doit être mise en place.L’épithélium pulmonaire distal qui sécrétait <strong>de</strong>s ions chlorure se transforme en un épithélium d’absorption <strong>de</strong>sions sodium. En effet, la réabsorption du liqui<strong>de</strong> pulmonaire fœtal se fait principa<strong>le</strong>ment par l’intermédiaire<strong>de</strong>s canaux protéiques ENaC (canaux sodiques épithéliaux) [38]. Selon <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s réalisées jusqu’à présent, <strong>le</strong>spneumocytes <strong>de</strong> type II seraient impliqués dans l’homéostasie du liqui<strong>de</strong> pulmonaire en régulant activement <strong>le</strong>transport du sodium. Le transport ionique s’effectuerait principa<strong>le</strong>ment par ces cellu<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong>type I fournissant plutôt une route pour l’absorption <strong>de</strong> l’eau. Cependant, <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> type Iconstituent environ 95 % <strong>de</strong> la surface d’échange pulmonaire chez l’humain et une étu<strong>de</strong> récente [39] suggèreque ces cellu<strong>le</strong>s contribueraient aussi au transport actif du sodium [40-42].38


DIFFÉRENCE SEXUELLE ET ANDROGÈNES DANS LEDÉVELOPPEMENT PULMONAIRELes premières données présentant une plus gran<strong>de</strong> inci<strong>de</strong>nce du syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire(SDR) chez <strong>le</strong>s nouveau-nés garçons par rapport aux fil<strong>le</strong>s ont été publiées il y a plus <strong>de</strong> trente ans [25, 43, 44].Malgré <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s thérapies <strong>de</strong> surfactants aient notab<strong>le</strong>ment réduit la mortalité associée au SDR, et ce,chez <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux sexes, <strong>le</strong>s garçons présentent toujours une plus gran<strong>de</strong> morbidité que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s [25, 45, 46]. Lestravaux <strong>de</strong> Torday et Nielsen ont associé ce délai dans la maturation pulmonaire chez <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s à la présenced’androgènes dans <strong>le</strong> poumon fœtal. Ces chercheurs ont démontré, à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong> différents modè<strong>le</strong>sexpérimentaux (humain et animaux) d’exposition à <strong>de</strong>s androgènes ou à un anti-androgène, que la présenced’androgènes retar<strong>de</strong> la production du surfactant pulmonaire [47-49].Un métabolisme <strong>de</strong>s hormones stéroïdiennes, dont font partie <strong>le</strong>s androgènes, a été démontré dansplusieurs tissus qui ne sont pas classiquement associés à cette régulation hormona<strong>le</strong>. Des précurseursstéroïdiens présents en circulation peuvent servir <strong>de</strong> substrats pour produire <strong>de</strong>s hormones actives dans cestissus. En particulier, l’expression et l’activité <strong>de</strong> plusieurs enzymes stéroïdogéniques ont été caractériséesdans <strong>le</strong> poumon fœtal, ce qui pourrait modu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s effets androgéniques mentionnés. Une meil<strong>le</strong>ureconnaissance <strong>de</strong> ces mécanismes pourrait donc conduire à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s cib<strong>le</strong>s thérapeutiques.Synthèse et inactivation <strong>de</strong>s androgènesLa testostérone et la 5α-dihydrotestostérone (DHT) sont <strong>le</strong>s hormones stéroïdiennes ayant la plusgran<strong>de</strong> activité androgénique. Plusieurs enzymes sont impliquées dans <strong>le</strong>s réactions biochimiques menant à lasynthèse ou à l’inactivation <strong>de</strong> ces hormones [50-54] [55] [56-60]. Il est important <strong>de</strong> mentionner quecertaines <strong>de</strong> ces enzymes sont présentes dans <strong>le</strong> poumon fœtal. Notre laboratoire a montré que <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>type alvéolaire A549 produisent <strong>de</strong>s androgènes [61] et que <strong>le</strong>s fibroblastes pulmonaires peuvent <strong>le</strong>s inactiver[62]. Par la suite, nous avons mené une étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> gènes du métabolisme <strong>de</strong>s androgènes dans<strong>le</strong> poumon fœtal chez la souris pendant la montée du surfactant [63]. Nos résultats suggèrent que <strong>le</strong>sandrogènes pourraient être impliqués durant cette pério<strong>de</strong> dans <strong>le</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> certaines cellu<strong>le</strong>s pulmonaires,et ce, chez <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux sexes. De plus, une augmentation <strong>de</strong> l’expression d’une enzyme ayant <strong>le</strong> potentield’inactiver la DHT a été observée en fin <strong>de</strong> gestation chez la souris [64], supportant donc l’idée que ladiminution <strong>de</strong>s androgènes favorise <strong>le</strong> développement pulmonaire.EFFETS DES ANDROGÈNES SUR LE DÉVELOPPEMENT ET LA MATURATION PULMONAIRESLes travaux <strong>de</strong> plusieurs équipes ont mis en évi<strong>de</strong>nce l’implication <strong>de</strong>s androgènes dans <strong>le</strong> délai <strong>de</strong>maturation pulmonaire observé chez <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s [65, 66] [67] [68]. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> rapport entre <strong>de</strong>ux types <strong>de</strong>lipi<strong>de</strong>s présents dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique diffère entre mâ<strong>le</strong>s et femel<strong>le</strong>s et est modulé par l’administration<strong>de</strong> DHT chez <strong>le</strong> lapin [49]. La variation du ratio <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux lipi<strong>de</strong>s est un indicateur <strong>de</strong> la maturité pulmonaire.39


Chez <strong>le</strong> rat, la DHT réduit, dans <strong>de</strong>s explants 19 <strong>de</strong> poumons femel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> certains lipi<strong>de</strong>s à celuiobservé dans ceux <strong>de</strong> mâ<strong>le</strong>s en fin <strong>de</strong> gestation [69]. De plus, l’addition <strong>de</strong> DHT au milieu <strong>de</strong> culture d’explants<strong>de</strong> poumon fœtal humain retar<strong>de</strong> l’augmentation <strong>de</strong> la synthèse d’un lipi<strong>de</strong> entrant dans la composition dusurfactant [47]. Les poids pulmonaires humi<strong>de</strong> et sec, <strong>de</strong> même que <strong>le</strong>s concentrations en ADN et en protéinessont augmentés par un traitement <strong>de</strong> DHT chez <strong>le</strong> rat, montrant que <strong>le</strong>s androgènes stimu<strong>le</strong>nt la proliférationcellulaire et la croissance pulmonaire [70]. Il a aussi été démontré que <strong>le</strong>s androgènes augmentent l’activitéd’un canal protéique qui participe à la régulation du flui<strong>de</strong> intrapulmonaire, alors que <strong>le</strong>s estrogènes ladiminuent [71]. Cette régulation pourrait aussi être impliquée dans <strong>le</strong> délai <strong>de</strong> maturation pulmonaire observéchez <strong>le</strong> mâ<strong>le</strong> [72, 73].Il a été établi que <strong>le</strong>s effets androgéniques menant au retard <strong>de</strong> maturation pulmonaire chez <strong>le</strong> mâ<strong>le</strong>sont médiés par <strong>le</strong>s récepteurs 20 <strong>de</strong>s androgènes [47, 74]. Un modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> souris présentant un récepteur auxandrogènes non fonctionnel a d’ail<strong>le</strong>urs été utilisé pour démontrer que l’effet <strong>de</strong>s androgènes sur lamaturation pulmonaire dépend <strong>de</strong> la présence d’un récepteur fonctionnel [74]. L’expression du récepteur aété localisée dans <strong>le</strong> poumon fœtal humain principa<strong>le</strong>ment au niveau <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s [75]. Il estimportant <strong>de</strong> souligner que <strong>le</strong>s gènes dont l’expression est régulée directement ou indirectement suite àl’activation du récepteur <strong>de</strong>s androgènes peuvent être impliqués dans <strong>le</strong>s mécanismes menant au délai dans laproduction du surfactant chez <strong>le</strong> mâ<strong>le</strong>. Malheureusement, seu<strong>le</strong>ment quelques cib<strong>le</strong>s directes <strong>de</strong>s androgènesont été caractérisées au niveau <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs expressions génique et protéique dans <strong>le</strong> poumon en développement.Par exemp<strong>le</strong>, l’administration anténata<strong>le</strong> <strong>de</strong> DHT réduit <strong>le</strong>s niveaux du récepteur <strong>de</strong>s glucocorticoï<strong>de</strong>s [71], cequi est intéressant considérant l’effet bénéfique <strong>de</strong>s hormones glucocorticoï<strong>de</strong>s sur la maturation pulmonaire(cet aspect sera détaillé plus loin). L’exposition chronique à la DHT chez <strong>de</strong>s souris gestantes mène à unediminution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> protéines du surfactant dans <strong>le</strong>s poumons fœtaux mâ<strong>le</strong>s et femel<strong>le</strong>s [76]. D’unautre côté, certains effets non génomiques (réactions cellulaires rapi<strong>de</strong>s n’ayant pas d’effet sur l’expressiond’un gène) potentiels <strong>de</strong>s androgènes qui pourraient faire partie <strong>de</strong>s mécanismes menant au délai <strong>de</strong>maturation n’ont pas été étudiés dans <strong>le</strong> poumon en développement [77].LES GÈNES EXPRIMÉS AVEC UNE DIFFÉRENCE SEXUELLENous avons i<strong>de</strong>ntifié, dans <strong>le</strong> poumon fœtal <strong>de</strong> souris, <strong>de</strong>s différences sexuel<strong>le</strong>s dans l’expressiongénique durant une fenêtre gestationnel<strong>le</strong> concomitante à la montée <strong>de</strong> production du surfactant [78]. Parmices gènes, plusieurs sont impliqués dans <strong>le</strong> métabolisme hormonal, la mort cellulaire, la signalisation cellulaire,19 Fragment d'organisme (organe, fragment d'organe ou fragment tissulaire) excisé et éventuel<strong>le</strong>ment mis enculture in vitro.20 Structure moléculaire <strong>de</strong> nature protéique, située sur la membrane cellulaire ou dans <strong>le</strong> cytoplasme, capab<strong>le</strong><strong>de</strong> reconnaître et <strong>de</strong> lier un type particulier <strong>de</strong> molécu<strong>le</strong> (protéines, stéroï<strong>de</strong>s, etc.).40


la régulation <strong>de</strong> l’expression génique et <strong>le</strong> métabolisme <strong>de</strong>s lipi<strong>de</strong>s. Alors que plusieurs gènes sont modulés parune activation transcriptionnel<strong>le</strong> 21 dépendante du récepteur <strong>de</strong>s androgènes, <strong>le</strong> délai dans la production dusurfactant entre <strong>le</strong>s sexes résulte du fait que <strong>le</strong> développement pulmonaire ne se fait pas à la même vitessechez <strong>le</strong> mâ<strong>le</strong> que chez la femel<strong>le</strong>; phénomènes que nous avons caractérisés chez la souris, par <strong>de</strong>s travaux surl’expression génique globa<strong>le</strong> pulmonaire (Bresson, Seaborn, et al. 2009, manuscrit en préparation). Plusieursvoies <strong>de</strong> signalisation 22 régissant la prolifération cellulaire, donc la croissance, sont actives plus longtemps chez<strong>le</strong> garçon. Ce prolongement <strong>de</strong> la croissance est attribué à l’exposition aux hormones mâ<strong>le</strong>s pendant <strong>le</strong>développement fœtal. Parmi <strong>le</strong>s gènes codant pour <strong>le</strong>s protéines impliquées dans la synthèse et la régulationdu surfactant, on note une augmentation d’expression en présence d’un anti-androgène. De plus, <strong>de</strong>s gènescodant pour <strong>le</strong>s enzymes responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong> certains lipi<strong>de</strong>s sont plus fortement exprimés chez lafemel<strong>le</strong>. Généra<strong>le</strong>ment, en fin <strong>de</strong> gestation chez la souris, il y a une plus gran<strong>de</strong> activité transcriptionnel<strong>le</strong> chez<strong>le</strong> mâ<strong>le</strong>. On y voit se côtoyer <strong>de</strong>ux tendances : une première freinant la maturation, ce qui permet la poursuite<strong>de</strong> la croissance, et une secon<strong>de</strong> amorçant la maturation, ce qui mène à la production du surfactant. Le faitque la femel<strong>le</strong> soit plus si<strong>le</strong>ncieuse au niveau transcriptionnel suggère que son pic d’activité ait eu lieu plus tôt,donc qu’el<strong>le</strong> soit déjà plus avancée dans sa maturation pulmonaire par rapport au mâ<strong>le</strong>.ANDROGÈNES ET DÉVELOPPEMENT PULMONAIRE - ÉLÉMENTS DE DISCUSSIONUne avancée significative dans l’évolution <strong>de</strong>s idées émergeant <strong>de</strong> ces étu<strong>de</strong>s concerne ladémonstration que la synthèse et l’inactivation <strong>de</strong>s androgènes peuvent se produire loca<strong>le</strong>ment, dans <strong>le</strong>poumon en développement. Cela signifie que <strong>le</strong> poumon fœtal n’est pas exclusivement et passivement soumisaux hormones circulantes. L’expression et l’activité <strong>de</strong> certaines enzymes dans <strong>le</strong> poumon fœtal <strong>de</strong>s <strong>de</strong>uxsexes suggèrent que <strong>le</strong>s androgènes produits loca<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> poumon en développement pourraientinfluencer la physiologie pulmonaire en plus <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs effets néfastes, quoique transitoires, spécifiques à laproduction <strong>de</strong> surfactant observée chez <strong>le</strong>s mâ<strong>le</strong>s. Par ail<strong>le</strong>urs, la différenciation gonadique, qui survient plustôt en gestation que la maturation pulmonaire, résulte en la masculinisation du fœtus mâ<strong>le</strong> et en la sécrétion,par <strong>le</strong>s testicu<strong>le</strong>s, <strong>de</strong> testostérone en circulation fœta<strong>le</strong>. Cette exposition précoce du poumon mâ<strong>le</strong> auxandrogènes circulants, non produits loca<strong>le</strong>ment par <strong>le</strong> poumon, serait impliquée dans <strong>le</strong> délai <strong>de</strong> maturationobservé plus tard dans <strong>le</strong> développement; on tire cette interprétation <strong>de</strong> la comparaison <strong>de</strong>s poumons mâ<strong>le</strong>savec <strong>de</strong>s poumons femel<strong>le</strong>s, ces <strong>de</strong>rniers n’étant pas exposés à ce processus d’androgénisation. Il estéga<strong>le</strong>ment possib<strong>le</strong> que la différence sexuel<strong>le</strong> observée dans la maturation pulmonaire résulte indirectementd’interactions entre la voie <strong>de</strong> signalisation du récepteur aux androgènes et d’autres voies ou métabolismes.En d’autres termes, <strong>le</strong> tab<strong>le</strong>au général qu’on peut brosser à la suite <strong>de</strong> cette revue <strong>de</strong> la littérature indique que<strong>le</strong>s chercheurs se trouvent <strong>de</strong>vant <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s inconnues; il faudra bien <strong>le</strong>s explorer afin <strong>de</strong> mieux comprendre21 Régulation transcriptionnel<strong>le</strong> : régulation <strong>de</strong> l’expression d’un gène.22 Ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s interactions moléculaires dans une cellu<strong>le</strong> menant à une réponse cellulaire ou à l’expressiond’un gène.41


<strong>le</strong>s mécanismes subtils <strong>de</strong> la maturation pulmonaire et <strong>de</strong>s différences attribuées au sexe, et afin <strong>de</strong>développer <strong>de</strong> nouveaux outils thérapeutiques pour, entre autres, la prévention et <strong>le</strong> traitement du SDR.LES MARQUEURS DE MATURATION PULMONAIRECertains tests peuvent être utilisés afin <strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> préparation du fœtus à sa vieextra-utérine, d’obtenir un diagnostic <strong>de</strong> son <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maturité et <strong>de</strong> prédire s’il est prêt à naître viab<strong>le</strong> et ensanté. Dans cette section, nous présentons brièvement <strong>le</strong>s techniques couramment utilisées et décrivons unesérie <strong>de</strong> marqueurs biologiques potentiels pouvant préciser <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> maturité pulmonaire, ou encore menerà <strong>de</strong>s pistes d’interventions thérapeutiques.TECHNIQUES UTILISÉES EN CLINIQUELe compte <strong>de</strong>s corps lamellaires 23Certains facteurs produits et sécrétés par <strong>le</strong> poumon se retrouvent dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique parl’intermédiaire du liqui<strong>de</strong> intrapulmonaire. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s corps lamellaires produits et sécrétés par <strong>le</strong>spneumocytes <strong>de</strong> type II peuvent être comptés dans un échantillon <strong>de</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique pour estimer <strong>le</strong>niveau <strong>de</strong> maturation du poumon [79-81].Ratio lécithine/sphingomyéline (L/S)La lécithine et la sphingomyéline sont <strong>de</strong>s phospholipi<strong>de</strong>s (une classe <strong>de</strong> lipi<strong>de</strong>s) composant <strong>le</strong>surfactant et qui se retrouvent en partie dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique. Les concentrations et <strong>le</strong>s quantitésrelatives <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux lipi<strong>de</strong>s sont reliées au sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> maturation pulmonaire. La mesure du rapport L/S dans <strong>le</strong>liqui<strong>de</strong> amniotique est <strong>le</strong> test <strong>de</strong> référence afin d’évaluer la maturation <strong>de</strong>s poumons fœtaux 24 . Un rapport L/S> 2 indique qu’un SDR est peu probab<strong>le</strong> [82-84]. Il est à noter que la lécithine augmente avec la maturationalors que la sphingomyéline <strong>de</strong>meure stab<strong>le</strong> [85]. Une alternative à cette procédure se trouve dans la mesure23 Les corps lamellaires sont <strong>de</strong>s organel<strong>le</strong>s sécrétoires se retrouvant dans <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> type II etcontenant <strong>le</strong> surfactant pulmonaire.24 L’évaluation du ratio L/S peut se faire par chromatographie sur couche mince, ou encore par spectroscopieinfrarouge.42


du rapport entre <strong>le</strong> surfactant et l’albumine amniotique 25 ; cependant, <strong>le</strong>s résultats obtenus peuvent êtrebiaisés par la présence <strong>de</strong> matières retrouvées naturel<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique [79, 86-88].PhosphatidylglycérolLe phosphatidylglycérol apparaît dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> amniotique vers la 35 e semaine <strong>de</strong> grossesse et sonniveau augmente vers <strong>le</strong>s semaines 37 à 40. Il peut être uti<strong>le</strong> comme marqueur <strong>de</strong> maturation par sa simp<strong>le</strong>présence ou absence [89].MARQUEURS BIOLOGIQUES POTENTIELS DE L’ÉTAT DE MATURATION PULMONAIRE FŒTALEProtéines du surfactant pulmonaireLa quantité <strong>de</strong>s protéines du surfactant peut servir <strong>de</strong> marqueur <strong>de</strong> la maturation pulmonaire. Lesprotéines qui composent <strong>le</strong> surfactant pulmonaire peuvent se classer en <strong>de</strong>ux groupes : 1) <strong>le</strong>s protéineshydrophi<strong>le</strong>s SP-A et SP-D et 2) <strong>le</strong>s protéines hydrophobes SP-B et SP-C [90]. SP-A est la protéine majeure dusurfactant, el<strong>le</strong> représente environ 5 à 6 % <strong>de</strong>s protéines tota<strong>le</strong>s, tandis que SP-D en représente seu<strong>le</strong>ment 0,5%. La présence <strong>de</strong> SP-A est nécessaire à la formation <strong>de</strong>s tubu<strong>le</strong>s <strong>de</strong> myéline qui sont considérés comme <strong>de</strong>sstructures intermédiaires dans la formation du film superficiel. Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> ce film est <strong>de</strong> maintenir l’intégritéalvéolaire. Des étu<strong>de</strong>s in vitro ont suggéré que SP-A joue un rô<strong>le</strong> important dans la régulation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong>lipi<strong>de</strong>s du surfactant en inhibant <strong>le</strong>ur sécrétion par <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> type II et en augmentant <strong>le</strong>urréabsorption. Les protéines SP-A augmentent donc <strong>le</strong> recyclage et l’éta<strong>le</strong>ment du surfactant, mais el<strong>le</strong>s ne sontpas essentiel<strong>le</strong>s à la respiration norma<strong>le</strong> [91]. Le rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> SP-B et SP-C est crucial dans la formation et lastabilisation du film que forme <strong>le</strong> surfactant pulmonaire. Chez l’humain, SP-B est nécessaire à la survie [92]. I<strong>le</strong>st à noter que sans SP-B, la protéine SP-C n’est pas exprimée adéquatement [93]. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>de</strong>s fonctionsdans <strong>le</strong> système immunitaire ont été attribuées à SP-D.Gènes spécifiques aux cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>sLa mise en évi<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> la maturation <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s pulmonaires peut s’effectuer enutilisant comme paramètre l’expression <strong>de</strong> gènes qui y sont spécifiquement reliés. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>Clara, qui sont <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s sécrétoires ayant pour fonction principa<strong>le</strong> la protection <strong>de</strong> l’épithélium, vontproduire certaines protéines, dont CCSP (Clara cells secretory protein), selon un profil d’expression géniquespécifiquement en lien avec la maturation [94].25 La dépolarisation par fluorescence, implémentée sur <strong>le</strong> polarimètre par fluorescence TDx, sert à cettemesure.43


Signaux <strong>de</strong> communication entre <strong>le</strong> mésenchyme et l’épithéliumDurant la maturation pulmonaire, certaines cellu<strong>le</strong>s formant <strong>le</strong> mésenchyme, <strong>le</strong>s fibroblastesinterstitiels, évoluent vers <strong>de</strong>ux voies principa<strong>le</strong>s <strong>de</strong> spécialisation: lipofibroblastique ou myofibroblastique 26 .L’équilibre entre <strong>le</strong>s sous-populations fibroblastiques est important dans la communication entre <strong>le</strong>mésenchyme et l’épithélium, cette communication étant un déterminant crucial <strong>de</strong> la maturation pulmonaire.L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s interactions cellulaires associées à cette maturation pourrait conduire à l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong>marqueurs <strong>de</strong> maturité. Par exemp<strong>le</strong>, la sécrétion par <strong>le</strong>s fibroblastes d’une protéine appelée neuréguline-1βaugmente pendant la pério<strong>de</strong> <strong>de</strong> maturation et stimu<strong>le</strong> l’activité <strong>de</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> type II, qui sontimpliqués dans la production du surfactant [95]. Mentionnons aussi l’α-actine, une protéine du musc<strong>le</strong> lisse (α-SMA) dont l’expression est régulée par <strong>de</strong>s interactions mésenchyme-épithélium. La protéine α-SMA est unmarqueur <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s du musc<strong>le</strong> lisse et <strong>de</strong>s myofibroblastes et el<strong>le</strong> permet <strong>de</strong> suivre <strong>le</strong>ur distribution dans <strong>le</strong>tissu [96-98]. El<strong>le</strong> est éga<strong>le</strong>ment en association avec <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> ramification et <strong>de</strong> formation <strong>de</strong>s alvéo<strong>le</strong>set el<strong>le</strong> est nécessaire à l’évolution structura<strong>le</strong> du poumon.Éléments <strong>de</strong> la matrice extracellulaireCertaines protéines sont impliquées dans <strong>le</strong>s interactions entre <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s et la matriceextracellulaire (membrane séparant <strong>le</strong>s cellu<strong>le</strong>s épithélia<strong>le</strong>s du milieu conjonctif ambiant) et jouent un rô<strong>le</strong> clédans la modulation <strong>de</strong> la morphogenèse <strong>de</strong>s embranchements et dans l’évolution fonctionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> certainescellu<strong>le</strong>s [99, 100]. Par exemp<strong>le</strong>, la fibronectine et un récepteur spécifique <strong>de</strong> la laminine, l’intégrine βimpliqués dans <strong>le</strong> remo<strong>de</strong>lage <strong>de</strong> structures spécifiques du poumon. Or, l’expression <strong>de</strong> ces protéines diminuependant <strong>le</strong> développement [16].On a vu qu’une modification du système <strong>de</strong>s métalloprotéinases <strong>de</strong> la matrice extracellulaire (MMPs)et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs inhibiteurs spécifiques, <strong>le</strong>s inhibiteurs tissulaires <strong>de</strong>s métalloprotéinases (TIMPs), peut conduire àune morphologie pulmonaire anorma<strong>le</strong> ou pathologique [23]. Ajoutons que <strong>le</strong>s poumons <strong>de</strong>s patients atteintsd’hernie diaphragmatique congénita<strong>le</strong> 27 présentent une morphologie anorma<strong>le</strong> à la naissance et présentent<strong>de</strong>s différences dans la distribution <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong>s MMPs et TIMPs par rapport aux poumons normaux26 Fibroblaste : cellu<strong>le</strong> fixe du tissu conjonctif, fusiforme ou étoilée, responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s fibrescollagènes, <strong>de</strong> la réticuline ou <strong>de</strong> l’élastase et responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> l'élaboration <strong>de</strong> la plupart <strong>de</strong>s composants <strong>de</strong> lamatrice extracellulaire. Les fibroblastes peuvent se différencier en myofibroblastes (métabolisme associé auxmusc<strong>le</strong>s) ou en lipofibroblastes (métabolisme associé aux tissus adipeux).27 Absence <strong>de</strong> fermeture du canal p<strong>le</strong>uropéritonéal (canal transitoire reliant l’abdomen et <strong>le</strong> thorax) causantune pression différente entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux compartiments. Les organes <strong>de</strong> l'abdomen se déplacent alors dans <strong>le</strong>thorax entraînant un développement insuffisant <strong>de</strong>s poumons.44


[101]. De la même façon, un débalancement MMPs/TIMPs a été observé dans <strong>le</strong> liqui<strong>de</strong> trachéal d’enfantsatteints <strong>de</strong> SDR [102] ou ayant <strong>de</strong>s maladies pulmonaires diverses [103].Les cliniciens pourraient tirer profit <strong>de</strong> ces connaissances dans l’élaboration <strong>de</strong> tests cliniques afind’i<strong>de</strong>ntifier <strong>le</strong>s enfants <strong>le</strong>s plus susceptib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> développer <strong>de</strong>s problèmes respiratoires graves ou nécessitant<strong>de</strong>s traitements plus agressifs. En effet, l’augmentation <strong>de</strong>s niveaux <strong>de</strong> MMPs ou la diminution <strong>de</strong> certainesTIMPs ont été proposées comme paramètres <strong>de</strong> prédiction <strong>de</strong> maladies pulmonaires chroniques [102, 104-107].Mesure du niveau d’hormones circulantesLes stimuli pour l’initiation <strong>de</strong> la maturation pulmonaire sont en majorité localisés dans <strong>le</strong> poumon luimême.Néanmoins, une augmentation du niveau <strong>de</strong> certaines hormones circulantes est responsab<strong>le</strong> <strong>de</strong> lamaturation tardive [108]. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s hormones glucocorticoï<strong>de</strong>s et certaines hormones thyroïdiennescomme la prolactine [109] sont impliquées dans la synthèse du surfactant et <strong>le</strong> développement morphologiquedu poumon.Exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> gènes d’intérêt dans <strong>le</strong> contexte du développement pulmonaireUne étu<strong>de</strong> réalisée au sein <strong>de</strong> notre laboratoire [64] démontre que l’augmentation <strong>de</strong> l’expression dugène m3α-HSD constitue un bon marqueur <strong>de</strong> la maturation pulmonaire norma<strong>le</strong> chez la souris. La protéinem3α-HSD a la capacité d’inactiver <strong>le</strong>s androgènes. Or, au jour 17,5 <strong>de</strong> gestation chez la souris, momentcorrespondant à l’apparition du surfactant, une augmentation marquée <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> ce gène a lieu et sepoursuit jusqu’au jour 18,5 (parturition : jour 19-20; voir Figure 1).Le gène MIA1 est exprimé spécifiquement dans <strong>le</strong> poumon en développement. Chez la souris,l’expression <strong>de</strong> ce gène s’arrête après <strong>le</strong> jour 16,5 <strong>de</strong> la gestation. Si cette expression persiste, <strong>le</strong>s nouveau-nésmeurent <strong>de</strong> troub<strong>le</strong>s respiratoires. Comme il a été démontré expérimenta<strong>le</strong>ment que la protéine MIA1provoque une réduction significative <strong>de</strong> certains marqueurs <strong>de</strong> développement pulmonaire tard en gestation,il a été proposé qu’une inhibition <strong>de</strong> l’expression <strong>de</strong> ce gène en fin <strong>de</strong> gestation serait nécessaire à lamaturation du système <strong>de</strong> surfactant [110].La Golgi α1,2-mannosidase IB est une protéine essentiel<strong>le</strong> à la viabilité <strong>de</strong>s nouveau-nés : <strong>le</strong>ssouriceaux qui en sont déficients arrivent à terme, ont une apparence norma<strong>le</strong>, mais présentent rapi<strong>de</strong>ment<strong>de</strong>s signes <strong>de</strong> détresse respiratoire et meurent quelques heures plus tard d’une hémorragie pulmonaire [111].La protéine Cited2 agit pendant <strong>le</strong> sta<strong>de</strong> <strong>de</strong> développement pulmonaire qui est caractérisé par uneaugmentation <strong>de</strong> la formation <strong>de</strong>s sacs alvéolaires et par la spécialisation <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s zones respiratoires.Or, aux jours 17,5 et 18,5 <strong>de</strong> la gestation chez la souris, <strong>le</strong>s poumons déficients en Cited2 ont une zonerespiratoire réduite [112].45


FONDEMENTS BIOMÉDICAUX DES THÉRAPIESUTILISÉES POUR LA PRÉVNETIION ET LETRAITEMENT DU SYNDROME DE DÉTRESSERESPIRATOIRE (SDR)Il existe aujourd’hui quelques thérapies qui améliorent gran<strong>de</strong>ment <strong>le</strong> pronostic respiratoire chez <strong>le</strong>snouveau-nés prématurés : la corticothérapie anténata<strong>le</strong>, l’administration <strong>de</strong> surfactant après la naissance et laventilation assistée sont <strong>le</strong>s plus courantes. L’occlusion trachéa<strong>le</strong> (insertion d’un ballonnet dans la trachée)n’est pas utilisée couramment en clinique, même s’il s’agit d’une technique applicab<strong>le</strong> à certains casparticuliers. Les aboutissements positifs <strong>de</strong> ces traitements sont la diminution <strong>de</strong> l’inci<strong>de</strong>nce du SDR, <strong>de</strong> lamortalité et <strong>de</strong> la morbidité chez <strong>le</strong>s prématurés.LA CORTICOTHÉRAPIE ANTÉNATALELes hormones glucocorticoï<strong>de</strong>s produites naturel<strong>le</strong>ment par l’organisme jouent un rô<strong>le</strong> primordialdans la régulation du développement pulmonaire. En fin <strong>de</strong> grossesse, la production du cortisol fœtal, unglucocorticoï<strong>de</strong> actif, augmente parallè<strong>le</strong>ment à une plus forte expression <strong>de</strong>s récepteurs aux glucocorticoï<strong>de</strong>s.Il s’agit d’un message vers <strong>le</strong> poumon qui a pour conséquence la stimulation <strong>de</strong> la maturation pulmonaire.Plusieurs changements sont sous l’effet <strong>de</strong>s glucocorticoï<strong>de</strong>s : la différenciation <strong>de</strong>s cellu<strong>le</strong>smésenchymateuses, l’augmentation du nombre d’alvéo<strong>le</strong>s, l’amélioration <strong>de</strong>s fonctions respiratoires,l’élimination du liqui<strong>de</strong> intrapulmonaire à la naissance et l’induction <strong>de</strong> la synthèse <strong>de</strong>s composants dusurfactant par <strong>le</strong>s pneumocytes <strong>de</strong> type II en sont quelques exemp<strong>le</strong>s [113].L’administration <strong>de</strong> glucocorticoï<strong>de</strong>s (corticothérapie) est utilisée chez <strong>le</strong>s femmes enceintesprésentant <strong>de</strong>s risques d’accouchement prématuré et son efficacité a été démontrée dès <strong>le</strong>s années 1970[114]. Les glucocorticoï<strong>de</strong>s synthétiques sont dérivés <strong>de</strong> la structure moléculaire du cortisol. Ces <strong>de</strong>rniers ontune durée d’action plus longue, une affinité supérieure pour <strong>le</strong> récepteur, une activité anti-inflammatoire plusimportante et <strong>de</strong>s propriétés minéralocorticoï<strong>de</strong>s 28 réduites ou nul<strong>le</strong>s comparativement aux glucocorticoï<strong>de</strong>snaturels. La bêtaméthasone et la <strong>de</strong>xaméthasone sont <strong>de</strong>s exemp<strong>le</strong>s <strong>de</strong> glucocorticoï<strong>de</strong>s synthétiques utilisésen corticothérapie anténata<strong>le</strong> [115]. La bêtaméthasone est priorisée, car <strong>le</strong>s risques <strong>de</strong> problèmesneurologiques sont moins é<strong>le</strong>vés [116]. Bien que l’efficacité <strong>de</strong>s traitements anténataux aux glucocorticoï<strong>de</strong>sen ce qui concerne l’amélioration du pronostic <strong>de</strong>s grands prématurés soit reconnue, plusieurs questions<strong>de</strong>meurent sans réponse. Par exemp<strong>le</strong>, l’utilisation <strong>de</strong> doses multip<strong>le</strong>s est encore controversée [115, 116] et <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur moment pour son administration est éga<strong>le</strong>ment une source <strong>de</strong> débats [117]. Notons que certains28 Classe d’hormones stéroï<strong>de</strong>s agissant sur <strong>le</strong>s échanges d’eau et d’ions dans l’organisme.46


fœtus ne répon<strong>de</strong>nt pas à la thérapie anténata<strong>le</strong> actuel<strong>le</strong> [118]. De plus, ces traitements peuvent induire <strong>de</strong>schangements au niveau <strong>de</strong> la morphologie pulmonaire (nombre réduit d’alvéo<strong>le</strong>s, alvéo<strong>le</strong>s plus gran<strong>de</strong>s),pouvant résulter en maladies pulmonaires subséquentes [119, 120].L’ADMINISTRATION POSTNATALE DE SURFACTANT 29Il est reconnu que <strong>le</strong>s prématurés ont une déficience en surfactant. On traite ce déficit parl’administration <strong>de</strong> surfactants synthétiques ou naturels. Il s’agit, avec <strong>le</strong>s glucocorticoï<strong>de</strong>s anténataux, d’untraitement couramment prodigué. L’administration du surfactant permet <strong>de</strong> réduire la pression nécessaire àl’ouverture <strong>de</strong>s voies respiratoires, d’augmenter <strong>le</strong> volume pulmonaire et <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong> collapsuspulmonaire 30 [121], en plus <strong>de</strong> stimu<strong>le</strong>r la production endogène <strong>de</strong> surfactant. La principa<strong>le</strong> différence entre<strong>le</strong>s surfactants naturels et synthétiques est la composition <strong>de</strong> la fraction protéique <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>rniers. Ceuxd’origine naturel<strong>le</strong> sont <strong>de</strong>s dérivés bovins ou porcins. Ils contiennent <strong>le</strong>s protéines hydrophobes du surfactantet <strong>le</strong>s lipi<strong>de</strong>s qui engendrent la distribution du film superficiel dans <strong>le</strong>s alvéo<strong>le</strong>s [122]. Les surfactantssynthétiques sont principa<strong>le</strong>ment composés du phospholipi<strong>de</strong> dipalmitoylphosphatidylcholine. Les <strong>de</strong>ux types<strong>de</strong> surfactant sont efficaces dans la prévention et <strong>le</strong> traitement du SDR. Par contre, il semb<strong>le</strong> que <strong>le</strong>ssurfactants naturels aient une action plus rapi<strong>de</strong> et qu’ils diminuent <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> pneumothorax et <strong>de</strong> mortalité[123] tout en réduisant la durée nécessaire <strong>de</strong> ventilation assistée comparativement aux traitementssynthétiques [116]. Malgré l’efficacité <strong>de</strong>s surfactants naturels, ces <strong>de</strong>rniers peuvent causer <strong>de</strong>s réactionsimmunologiques dues à la présence <strong>de</strong> protéines étrangères dans l’organisme. Le moment <strong>de</strong> l’administrationest aussi un facteur clé. Par exemp<strong>le</strong>, un traitement précoce réduirait l’inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong> pneumothorax, <strong>de</strong>maladies pulmonaires chroniques et d’emphysème [124].LA VENTILATION ASSISTÉELe support respiratoire par <strong>le</strong> biais <strong>de</strong> divers protoco<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ventilation mécanique est une pratiquerépandue dans <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> l’insuffisance respiratoire chez l’enfant prématuré. Toutefois, cetteintervention peut mener à une inflammation chronique, qui peut engendrer <strong>de</strong>s changements physiologiqueset morphologiques néfastes à la santé pulmonaire ultérieure <strong>de</strong> l’enfant. En effet, une concentration tropé<strong>le</strong>vée en oxygène et un support mécanique trop agressif lors <strong>de</strong> la réanimation sont associés à la rétinopathie<strong>de</strong> la prématurité et à un taux accru <strong>de</strong> bronchodysplasie pulmonaire [125, 126]. Des traitements émergentsont pour but <strong>de</strong> minimiser <strong>le</strong> stress oxydatif (causé par l’oxygène) que subissent <strong>le</strong>s prématurés. En effet,l’administration <strong>de</strong> substances antioxydantes, comme la vitamine A [127] et l’enzyme superoxi<strong>de</strong> dismutase[128], permet la réduction <strong>de</strong> radicaux libres qui sont une source <strong>de</strong> stress oxydatif.29 Dans <strong>le</strong>s minutes/heures suivant la naissance.30 Le collapsus pulmonaire est un affaissement du parenchyme pulmonaire, ce <strong>de</strong>rnier étant l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>stissus fonctionnels, <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s spécifiquement actives d’un organe, par opposition au tissu <strong>de</strong> soutien ouvasculaire.47


L’OCCLUSION TRACHÉALECette technique chirurgica<strong>le</strong> est principa<strong>le</strong>ment utilisée avec <strong>de</strong>s modè<strong>le</strong>s animaux pour étudierl’impact <strong>de</strong> la mécanotransduction (casca<strong>de</strong>s comp<strong>le</strong>xes d’évènements biochimiques conduisant à <strong>de</strong>schangements fonctionnels dans la cellu<strong>le</strong>, déc<strong>le</strong>nchées par <strong>de</strong>s stimuli mécaniques) sur <strong>le</strong> développementpulmonaire. Chez l’humain, el<strong>le</strong> peut être réalisée entre 26 et 28 semaines <strong>de</strong> grossesse. Cette interventionconsiste en l’introduction endoscopique d’un ballonnet à l’intérieur <strong>de</strong> la trachée. En clinique, son utilisationsemb<strong>le</strong> restreinte, par exemp<strong>le</strong>, aux fœtus porteurs d’une hernie <strong>de</strong> coupo<strong>le</strong> diaphragmatique isolée ayant unmauvais pronostic [129]. Le mo<strong>de</strong> d’action <strong>de</strong> l’occlusion trachéa<strong>le</strong> est la séquestration du liqui<strong>de</strong>intrapulmonaire qui entraîne une augmentation <strong>de</strong> la distension du poumon, ce qui active une réponse <strong>de</strong>mécanotransduction résultant en une induction <strong>de</strong> la croissance et <strong>de</strong> la maturation [130-132]. Des étu<strong>de</strong>sréalisées chez <strong>le</strong> rat ont démontré qu’une occlusion trachéa<strong>le</strong> anténata<strong>le</strong> a un effet bénéfique sur <strong>le</strong>développement pulmonaire [133]. Il a éga<strong>le</strong>ment été démontré que l’expression <strong>de</strong> gènes régulant laproduction <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> croissance était altérée dans <strong>le</strong>s poumons occlus comparativement aux poumonsnormaux ou à ceux ayant une hernie <strong>de</strong> coupo<strong>le</strong> diaphragmatique.CONCLUSIONLa recherche fondamenta<strong>le</strong> n’intervient pas directement dans <strong>le</strong> processus décisionnel <strong>de</strong>s donneurs<strong>de</strong> soins lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> ressusciter ou non un nourrisson né à la limite <strong>de</strong> la viabilité. Par contre, enapprofondissant nos connaissances <strong>de</strong>s évènements moléculaires, cellulaires et endocriniens régissant <strong>le</strong>développement pulmonaire normal et <strong>le</strong>s pathologies associées à la gran<strong>de</strong> prématurité, la recherchefondamenta<strong>le</strong> permet l’élaboration <strong>de</strong> nouvel<strong>le</strong>s pistes d’interventions et l’i<strong>de</strong>ntification <strong>de</strong> nouveauxparamètres cliniques pouvant être utilisés par <strong>le</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins. De plus, la recherche fondamenta<strong>le</strong>contribue à l’optimisation <strong>de</strong>s approches actuel<strong>le</strong>s. Par exemp<strong>le</strong>, une analyse pointue <strong>de</strong>s protoco<strong>le</strong>sd’administration <strong>de</strong> glucocorticoï<strong>de</strong>s (doses, répétitions, synchronisme, voies d’administration) estenvisageab<strong>le</strong> afin <strong>de</strong> maximiser <strong>le</strong>s effets bénéfiques et <strong>de</strong> réduire <strong>le</strong>s conséquences négatives <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong>traitement, surtout en ce qui concerne <strong>le</strong> bien-être <strong>de</strong> l’enfant. Les protoco<strong>le</strong>s d’administration <strong>de</strong> surfactantsexogènes pourraient aussi être optimisés et/ou combinés à <strong>de</strong>s cocktails <strong>de</strong> maturation (par exemp<strong>le</strong>,composés <strong>de</strong> facteurs <strong>de</strong> croissance). Un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> marqueurs <strong>de</strong> maturation pourrait être mesuré, parexemp<strong>le</strong> dans un extrait <strong>de</strong> cellu<strong>le</strong>s fœta<strong>le</strong>s pré<strong>le</strong>vées à partir du liqui<strong>de</strong> amniotique et/ou du sang maternel,dans <strong>le</strong> but <strong>de</strong> fournir une image plus complète et plus informative <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l’enfant qui va naîtreprématurément. Ces informations pourraient servir à la détermination d’une intervention médica<strong>le</strong>personnalisée, selon la condition <strong>de</strong> l’enfant. Bien évi<strong>de</strong>mment, <strong>le</strong> but visé est <strong>de</strong> maximiser <strong>le</strong> bien-être du48


ébé. Ces résultats <strong>de</strong> la recherche biomédica<strong>le</strong> <strong>de</strong>vront être intégrés à la pratique clinique selon <strong>le</strong> principed’une pratique médica<strong>le</strong> fondée sur <strong>de</strong>s données probantes.RÉFÉRENCES1. Eng<strong>le</strong>, W.A., Age terminology during the perinatal period. Pediatrics, 2004. 114(5): p. 1362-4.2. Les indicateurs <strong>de</strong> la santé périnata<strong>le</strong> au Canada : Manuel <strong>de</strong> référencePublished by authority of the Minister of Health, 2000.3. Joseph, K.S., et al., Determinants of preterm birth rates in Canada from 1981 through 1983 and from 1992through 1994. N Engl J Med, 1998. 339(20): p. 1434-9.4. Ministère <strong>de</strong> la Santé et <strong>de</strong>s Services Sociaux du Québec, 2002.5. Moss, T.J., Respiratory consequences of preterm birth. Clin Exp Pharmacol Physiol, 2006. 33(3): p. 280-4.6. Jaubert, J., J. Cheng, and J.A. Segre, Ectopic expression of kruppel like factor 4 (Klf4) acce<strong>le</strong>rates formation ofthe epi<strong>de</strong>rmal permeability barrier. Development, 2003. 130(12): p. 2767-77.7. Furuse, M., et al., Claudin-based tight junctions are crucial for the mammalian epi<strong>de</strong>rmal barrier: a <strong>le</strong>ssonfrom claudin-1-<strong>de</strong>ficient mice. J Cell Biol, 2002. 156(6): p. 1099-111.8. Turksen, K. and T.C. Troy, Permeability barrier dysfunction in transgenic mice overexpressing claudin 6.Development, 2002. 129(7): p. 1775-84.9. Han<strong>le</strong>y, J.M., J.L. Pierce, and W.F. Gayton, Positive attitu<strong>de</strong>s towards suntanning and reported ten<strong>de</strong>ncy toengage in lifesty<strong>le</strong> behaviors that increase risk of skin cancer. Psychol Rep, 1996. 79(2): p. 417-8.10. Van Overmeire, B. and S. Chemtob, The pharmacologic closure of the patent ductus arteriosus. Semin FetalNeonatal Med, 2005. 10(2): p. 177-84.11. Hunter, C.J., et al., Un<strong>de</strong>rstanding the susceptibility of the premature infant to necrotizing enterocolitis(NEC). Pediatr Res, 2008. 63(2): p. 117-23.12. McMurtry, I.F., Introduction: pre- and postnatal lung <strong>de</strong>velopment, maturation, and plasticity. Am J PhysiolLung Cell Mol Physiol, 2002. 282(3): p. L341-4.13. Copland, I. and M. Post, Lung <strong>de</strong>velopment and fetal lung growth. Paediatr Respir Rev, 2004. 5 Suppl A: p.S259-64.14. Costa, R.H., V.V. Kalinichenko, and L. Lim, Transcription factors in mouse lung <strong>de</strong>velopment and function.Am J Physiol Lung Cell Mol Physiol, 2001. 280(5): p. L823-38.15. Warburton, D., et al., The mo<strong>le</strong>cular basis of lung morphogenesis. Mech Dev, 2000. 92(1): p. 55-81.49


16. Derin, B.G., et al., Immunohistochemical localization of extracellular matrix proteins in <strong>de</strong>veloping lungtissues. Saudi Med J, 2007. 28(3): p. 334-8.17. Reponen, P., et al., Mo<strong>le</strong>cular cloning of murine 72-kDa type IV collagenase and its expression duringmouse <strong>de</strong>velopment. J Biol Chem, 1992. 267(11): p. 7856-62.18. Fukuda, Y., et al., Matrix metalloproteinases and tissue inhibitor of metalloproteinase-2 in fetal rabbit lung.Am J Physiol Lung Cell Mol Physiol, 2000. 279(3): p. L555-61.19. Rolland, G., et al., Expression and characterization of type IV collagenases in rat lung cells during<strong>de</strong>velopment. Exp Cell Res, 1995. 218(1): p. 346-50.20. Mil<strong>le</strong>r, T.L., et al., Expression of matrix metalloproteinases 2, 7 and 9, and their tissue inhibitors 1 and 2, in<strong>de</strong>veloping rabbit tracheae. Biol Neonate, 2006. 89(4): p. 236-43.21. Gill, S.E., et al., A null mutation for tissue inhibitor of metalloproteinases-3 (Timp-3) impairs murinebronchio<strong>le</strong> branching morphogenesis. Dev Biol, 2003. 261(2): p. 313-23.22. Masumoto, K., et al., Expression of matrix metalloproteinases and tissue inhibitors of metalloproteinasesduring normal human pulmonary <strong>de</strong>velopment. Histopathology, 2005. 47(4): p. 410-9.23. O'Connor, C.M. and M.X. FitzGerald, Matrix metalloproteases and lung disease. Thorax, 1994. 49(6): p. 602-9.24. Stevenson, D.K., et al., Very low birth weight outcomes of the National Institute of Child Health and HumanDevelopment Neonatal Research Network, January 1993 through December 1994. Am J Obstet Gynecol, 1998.179(6 Pt 1): p. 1632-9.25. Farrell, P.M. and M.E. Avery, Hyaline membrane disease. Am Rev Respir Dis, 1975. 111(5): p. 657-88.26. Dani, C., et al., Risk factors for the <strong>de</strong>velopment of respiratory distress syndrome and transient tachypnoeain newborn infants. Italian Group of Neonatal Pneumology. Eur Respir J, 1999. 14(1): p. 155-9.27. Rodriguez, R.J., Management of respiratory distress syndrome: an update. Respir Care, 2003. 48(3): p. 279-86; discussion 286-7.28. Lankenau, H.M., A genetic and statistical study of the respiratory distress syndrome. Eur J Pediatr, 1976.123(3): p. 167-77.29. Floros, J., et al., Dinuc<strong>le</strong>oti<strong>de</strong> repeats in the human surfactant protein-B gene and respiratory-distresssyndrome. Biochem J, 1995. 305 ( Pt 2): p. 583-90.30. Kala, P., et al., Association of pulmonary surfactant protein A (SP-A) gene and respiratory distresssyndrome: interaction with SP-B. Pediatr Res, 1998. 43(2): p. 169-77.31. Hamvas, A., et al., Surfactant protein B <strong>de</strong>ficiency: antenatal diagnosis and prospective treatment withsurfactant replacement. J Pediatr, 1994. 125(3): p. 356-61.50


32. F<strong>le</strong>isher, B., et al., Lung profi<strong>le</strong>: sex differences in normal pregnancy. Obstet Gynecol, 1985. 66(3): p. 327-30.33. Perelman, R.H., et al., Fetal lung <strong>de</strong>velopment in ma<strong>le</strong> and fema<strong>le</strong> nonhuman primates. Pediatr Res, 1986.20(10): p. 987-91.34. Bland, R.D. and D.W. Nielson, Developmental changes in lung epithelial ion transport and liquid movement.Annu Rev Physiol, 1992. 54: p. 373-94.35. Khan, P.A., M. Cloutier, and B. Piedboeuf, Tracheal occlusion: a review of obstructing fetal lungs to makethem grow and mature. Am J Med Genet C Semin Med Genet, 2007. 145C(2): p. 125-38.36. Alcorn, D., et al., Morphological effects of chronic tracheal ligation and drainage in the fetal lamb lung. JAnat, 1977. 123(Pt 3): p. 649-60.37. Moessinger, A.C., et al., Ro<strong>le</strong> of lung fluid volume in growth and maturation of the fetal sheep lung. J ClinInvest, 1990. 86(4): p. 1270-7.38. O'Brodovich, H.M., Immature epithelial Na+ channel expression is one of the pathogenetic mechanisms<strong>le</strong>ading to human neonatal respiratory distress syndrome. Proc Assoc Am Physicians, 1996. 108(5): p. 345-55.39. Johnson, M.D., et al., Alveolar epithelial type I cells contain transport proteins and transport sodium,supporting an active ro<strong>le</strong> for type I cells in regulation of lung liquid homeostasis. Proc Natl Acad Sci U S A,2002. 99(4): p. 1966-71.40. Farman, N., et al., Noncoordinated expression of alpha-, beta-, and gamma-subunit mRNAs of epithelialNa+ channel along rat respiratory tract. Am J Physiol, 1997. 272(1 Pt 1): p. C131-41.41. Yue, G., et al., Increased expression and activity of sodium channels in alveolar type II cells of hyperoxicrats. Proc Natl Acad Sci U S A, 1995. 92(18): p. 8418-22.42. Talbot, C.L., et al., Quantitation and localization of ENaC subunit expression in fetal, newborn, and adultmouse lung. Am J Respir Cell Mol Biol, 1999. 20(3): p. 398-406.43. Papageorgiou, A.N., et al., Inci<strong>de</strong>nce of respiratory distress syndrome following antenatal betamethasone:ro<strong>le</strong> of sex, type of <strong>de</strong>livery, and prolonged rupture of membranes. Pediatrics, 1981. 67(5): p. 614-7.44. Perelman, R.H., et al., Discordance between ma<strong>le</strong> and fema<strong>le</strong> <strong>de</strong>aths due to the respiratory distresssyndrome. Pediatrics, 1986. 78(2): p. 238-44.45. Martin, J.A., et al., Births: final data for 2004. Natl Vital Stat Rep, 2006. 55(1): p. 1-101.46. Shanklin, D.R., The sex of premature infants with hyaline membrane disease. South Med J, 1963. 56: p.1018-22.47. Torday, J.S., Androgens <strong>de</strong>lay human fetal lung maturation in vitro. Endocrinology, 1990. 126(6): p. 3240-4.48. Rodriguez, A., R.M. Viscardi, and J.S. Torday, Fetal androgen exposure inhibits fetal rat lung fibroblast lipiduptake and re<strong>le</strong>ase. Exp Lung Res, 2001. 27(1): p. 13-24.51


49. Nielsen, H.C., H.M. Zinman, and J.S. Torday, Dihydrotestosterone inhibits fetal rabbit pulmonary surfactantproduction. J Clin Invest, 1982. 69(3): p. 611-6.50. Labrie, F., et al., Intracrinology: ro<strong>le</strong> of the family of 17 beta-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenases in humanphysiology and disease. J Mol Endocrinol, 2000. 25(1): p. 1-16.51. Lukacik, P., K.L. Kavanagh, and U. Oppermann, Structure and function of human 17beta-hydroxysteroid<strong>de</strong>hydrogenases. Mol Cell Endocrinol, 2006. 248(1-2): p. 61-71.52. Wu, X., et al., SDR-type human hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenases involved in steroid hormone activation.Mol Cell Endocrinol, 2007. 265-266: p. 71-6.53. Mindnich, R., G. Mol<strong>le</strong>r, and J. Adamski, The ro<strong>le</strong> of 17 beta-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenases. Mol CellEndocrinol, 2004. 218(1-2): p. 7-20.54. Peltoketo, H., et al., 17beta-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenase (HSD)/17-ketosteroid reductase (KSR) family;nomenclature and main characteristics of the 17HSD/KSR enzymes. J Mol Endocrinol, 1999. 23(1): p. 1-11.55. Russell, D.W. and J.D. Wilson, Steroid 5 alpha-reductase: two genes/two enzymes. Annu Rev Biochem,1994. 63: p. 25-61.56. Payne, A.H. and D.B. Ha<strong>le</strong>s, Overview of steroidogenic enzymes in the pathway from cho<strong>le</strong>sterol to activesteroid hormones. Endocr Rev, 2004. 25(6): p. 947-70.57. Simard, J., et al., Mo<strong>le</strong>cular biology of the 3beta-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenase/<strong>de</strong>lta5-<strong>de</strong>lta4 isomerasegene family. Endocr Rev, 2005. 26(4): p. 525-82.58. Penning, T.M., et al., Structure-function of human 3 alpha-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenases: genes andproteins. Mol Cell Endocrinol, 2004. 215(1-2): p. 63-72.59. Penning, T.M., et al., I<strong>de</strong>ntification of the mo<strong>le</strong>cular switch that regulates access of 5alpha-DHT to theandrogen receptor. Mol Cell Endocrinol, 2007. 265-266: p. 77-82.60. Bel<strong>le</strong>mare, V., F. Labrie, and V. Luu-The, Isolation and characterization of a cDNA encoding mouse 3alphahydroxysteroid<strong>de</strong>hydrogenase: an androgen-inactivating enzyme se<strong>le</strong>ctively expressed in fema<strong>le</strong> tissues. JSteroid Biochem Mol Biol, 2006. 98(1): p. 18-24.61. Provost, P.R., et al., Androgen formation and metabolism in the pulmonary epithelial cell line A549:expression of 17beta-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenase type 5 and 3alpha-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenase type 3.Endocrinology, 2000. 141(8): p. 2786-94.62. Provost, P.R., et al., Androgen inactivation in human lung fibroblasts: variations in <strong>le</strong>vels of 17 betahydroxysteroid<strong>de</strong>hydrogenase type 2 and 5 alpha-reductase activity compatib<strong>le</strong> with androgen inactivation. JClin Endocrinol Metab, 2002. 87(8): p. 3883-92.63. Provost, P.R., M. Simard, and Y. Tremblay, A link between lung androgen metabolism and the emergenceof mature epithelial type II cells. Am J Respir Crit Care Med, 2004. 170(3): p. 296-305.52


64. Provost, P.R. and Y. Tremblay, Mouse 3alpha-hydroxysteroid <strong>de</strong>hydrogenase mRNA: a marker of lungmaturity. J Steroid Biochem Mol Biol, 2007. 103(1): p. 61-4.65. Floros, J., H.C. Nielsen, and J.S. Torday, Dihydrotestosterone blocks fetal lung fibroblast-pneumonocytefactor at a pretranslational <strong>le</strong>vel. J Biol Chem, 1987. 262(28): p. 13592-8.66. Torday, J.S., Dihydrotestosterone inhibits fibroblast-pneumonocyte factor-mediated synthesis of saturatedphosphatidylcholine by fetal rat lung cells. Biochim Biophys Acta, 1985. 835(1): p. 23-8.67. K<strong>le</strong>in, J.M. and H.C. Nielsen, Androgen regulation of epi<strong>de</strong>rmal growth factor receptor binding activityduring fetal rabbit lung <strong>de</strong>velopment. J Clin Invest, 1993. 91(2): p. 425-31.68. Pereira, S., et al., Transforming growth factor beta 1 binding and receptor kinetics in fetal mouse lungfibroblasts. Proc Soc Exp Biol Med, 1998. 218(1): p. 51-61.69. McMillan, E.M., G.M. King, and I.Y. Adamson, Sex hormones influence growth and surfactant production infetal lung explants. Exp Lung Res, 1989. 15(2): p. 167-79.70. Nielsen, H.C., et al., Coordination of growth and differentiation in the fetal lung. Exp Cell Res, 1990. 188(1):p. 89-96.71. Sweezey, N.B., F. Ghibu, and S. Gagnon, Sex hormones regulate CFTR in <strong>de</strong>veloping fetal rat lung epithelialcells. Am J Physiol, 1997. 272(5 Pt 1): p. L844-51.72. O'Brodovich, H., et al., Amilori<strong>de</strong>-insensitive Na+ and fluid absorption in the mammalian distal lung. Am JPhysiol Lung Cell Mol Physiol, 2008. 294(3): p. L401-8.73. Wilson, S.M., R.E. Olver, and D.V. Walters, Developmental regulation of lumenal lung fluid and e<strong>le</strong>ctrolytetransport. Respir Physiol Neurobiol, 2007. 159(3): p. 247-55.74. Nielsen, H.C., Androgen receptors influence the production of pulmonary surfactant in the testicularfeminization mouse fetus. J Clin Invest, 1985. 76(1): p. 177-81.75. Kimura, Y., et al., Expression of androgen receptor and 5alpha-reductase types 1 and 2 in early gestationfetal lung: a possib<strong>le</strong> correlation with branching morphogenesis. Clin Sci (Lond), 2003. 105(6): p. 709-13.76. Dammann, C.E., et al., Androgen regulation of signaling pathways in late fetal mouse lung <strong>de</strong>velopment.Endocrinology, 2000. 141(8): p. 2923-9.77. Boonyaratanakornkit, V. and D.P. Edwards, Receptor mechanisms mediating non-genomic actions of sexsteroids. Semin Reprod Med, 2007. 25(3): p. 139-53.78. Simard, M., P.R. Provost, and Y. Tremblay, Sexually dimorphic gene expression that overlaps maturation oftype II pneumonocytes in fetal mouse lungs. Reprod Biol Endocrinol, 2006. 4: p. 25.79. Karcher, R., et al., Gestational age-specific predicted risk of neonatal respiratory distress syndrome usinglamellar body count and surfactant-to-albumin ratio in amniotic fluid. Am J Obstet Gynecol, 2005. 193(5): p.1680-4.53


80. Bahasadri, S. and N. Changizi, Association between lamellar body count and respiratory distress inneonates. Saudi Med J, 2005. 26(9): p. 1414-6.81. Hunter, L.A., D.S. McKenna, and M.A. Baptista, Comparison of lamellar body counts using light microscopywith standard coulter counter techniques to assess fetal lung maturity. Gynecol Obstet Invest, 2006. 61(1): p.29-33.82. Bazowska, G., A. Jendryczko, and J. Dudkiewicz, Evaluation of amniotic fluid elastolytic activity: can it be amethod of fetal lung maturity assessment? A comparison with Gluck's L/S test. Acta Genet Med Gemellol(Roma), 1994. 43(3-4): p. 185-92.83. Gluck, L., et al., The biochemical <strong>de</strong>velopment of surface activity in mammalian lung. I. The surface-activephospholipids; the separation and distribution of surface-active <strong>le</strong>cithin in the lung of the <strong>de</strong>veloping rabbitfetus. Pediatr Res, 1967. 1(4): p. 237-46.84. Gluck, L., M. Sribney, and M.V. Kulovich, The biochemical <strong>de</strong>velopment of surface activity in mammalianlung. II. The biosynthesis of phospholipids in the lung of the <strong>de</strong>veloping rabbit fetus and newborn. Pediatr Res,1967. 1(4): p. 247-65.85. Liu, K.Z., T.C. Dembinski, and H.H. Mantsch, Prediction of RDS from amniotic fluid analysis: a comparison ofthe prognostic value of TLC and infra-red spectroscopy. Prenat Diagn, 1998. 18(12): p. 1267-75.86. Hagen, E., J.C. Link, and F. Arias, A comparison of the accuracy of the TDx-FLM assay, <strong>le</strong>cithinsphingomyelinratio, and phosphatidylglycerol in the prediction of neonatal respiratory distress syndrome.Obstet Gynecol, 1993. 82(6): p. 1004-8.87. Herbert, W.N., J.F. Chapman, and M.M. Schnoor, Ro<strong>le</strong> of the TDx FLM assay in fetal lung maturity. Am JObstet Gynecol, 1993. 168(3 Pt 1): p. 808-12.88. Haymond, S., et al., A direct comparison between lamellar body counts and fluorescent polarizationmethods for predicting respiratory distress syndrome. Am J Clin Pathol, 2006. 126(6): p. 894-9.89. Gomella, T.e.a., Neonatalogy. 5th ed. 2003, New York: McGraw-Hill Medical publishers. 710.90. Parmigiani, S., E. Solari, and G. Bevilacqua, Current concepts on the pulmonary surfactant in infants. JMatern Fetal Neonatal Med, 2005. 18(6): p. 369-80.91. Korfhagen, T.R., et al., Altered surfactant function and structure in SP-A gene targeted mice. Proc Natl AcadSci U S A, 1996. 93(18): p. 9594-9.92. K<strong>le</strong>in, J.M., et al., Transient surfactant protein B <strong>de</strong>ficiency in a term infant with severe respiratory failure. JPediatr, 1998. 132(2): p. 244-8.93. Mazela, J., et al., Evolution of pulmonary surfactants for the treatment of neonatal respiratory distresssyndrome and paediatric lung diseases. Acta Paediatr, 2006. 95(9): p. 1036-48.94. Zemke, A.C., et al., Mo<strong>le</strong>cular Staging of Epithlieial Maturation Using Secretory Cell-Specific Genes asMarkers. Am J Respir Cell Mol Biol, 2008.54


95. Dammann, C.E., H.C. Nielsen, and K.L. Carraway, 3rd, Ro<strong>le</strong> of neuregulin-1 beta in the <strong>de</strong>veloping lung. AmJ Respir Crit Care Med, 2003. 167(12): p. 1711-6.96. Leslie, K.O., et al., Alpha smooth musc<strong>le</strong> actin expression in <strong>de</strong>veloping and adult human lung.Differentiation, 1990. 44(2): p. 143-9.97. Mitchell, J.J., et al., Smooth musc<strong>le</strong> cell markers in <strong>de</strong>veloping rat lung. Am J Respir Cell Mol Biol, 1990.3(6): p. 515-23.98. Leslie, K.O., J. Mitchell, and R. Low, Lung myofibroblasts. Cell Motil Cytoske<strong>le</strong>ton, 1992. 22(2): p. 92-8.99. Coraux, C., et al., Distribution of integrins during human fetal lung <strong>de</strong>velopment. J Histochem Cytochem,1998. 46(7): p. 803-10.100. Coraux, C., et al., Distribution of laminin 5, integrin receptors, and branching morphogenesis duringhuman fetal lung <strong>de</strong>velopment. Dev Dyn, 2002. 225(2): p. 176-85.101. Masumoto, K., et al., The distribution of matrix metalloproteinases and tissue inhibitors ofmetalloproteinases in the lungs of congenital diaphragmatic hernia patients and age-matched controls.Histopathology, 2006. 48(5): p. 588-95.102. Ce<strong>de</strong>rqvist, K., et al., Matrix metalloproteinases-2, -8, and -9 and TIMP-2 in tracheal aspirates frompreterm infants with respiratory distress. Pediatrics, 2001. 108(3): p. 686-92.103. Wink<strong>le</strong>r, M.K., et al., Implications for matrix metalloproteinases as modulators of pediatric lung disease.Am J Physiol Lung Cell Mol Physiol, 2003. 284(4): p. L557-65.104. Cur<strong>le</strong>y, A.E., et al., Chorioamnionitis and increased neonatal lung lavage fluid matrix metalloproteinase-9<strong>le</strong>vels: implications for antenatal origins of chronic lung disease. Am J Obstet Gynecol, 2003. 188(4): p. 871-5.105. Schock, B.C., et al., Oxidative stress and increased type-IV collagenase <strong>le</strong>vels in bronchoalveolar lavagefluid from newborn babies. Pediatr Res, 2001. 50(1): p. 29-33.106. Tambunting, F., et al., Increased lung matrix metalloproteinase-9 <strong>le</strong>vels in extremely premature baboonswith bronchopulmonary dysplasia. Pediatr Pulmonol, 2005. 39(1): p. 5-14.107. Sweet, D.G. and H.L. Halliday, Mo<strong>de</strong>ling and remo<strong>de</strong>ling of the lung in neonatal chronic lung disease:implications for therapy. Treat Respir Med, 2005. 4(5): p. 347-59.108. Gross, I. and C.M. Wilson, Fetal rat lung maturation: initiation and modulation. J Appl Physiol, 1983. 55(6):p. 1725-32.109. Gluckman, P.D., et al., Prolactin in umbilical cord blood and the respiratory distress syndrome. J Pediatr,1978. 93(6): p. 1011-4.110. Lin, S., et al., Misexpression of MIA disrupts lung morphogenesis and causes neonatal <strong>de</strong>ath. Dev Biol,2008. 316(2): p. 441-55.55


111. Tremblay, L.O., et al., Respiratory distress and neonatal <strong>le</strong>thality in mice lacking Golgi alpha1,2-mannosidase IB involved in N-glycan maturation. J Biol Chem, 2007. 282(4): p. 2558-66.112. Xu, B., et al., Cited2 is required for fetal lung maturation. Dev Biol, 2008. 317(1): p. 95-105.113. Saizou, C., et al., [Antenatal corticosteroids: benefits and risks]. J Gynecol Obstet Biol Reprod (Paris),2005. 34(1 Suppl): p. S111-7.114. Liggins, G.C. and R.N. Howie, A control<strong>le</strong>d trial of antepartum glucocorticoid treatment for prevention ofthe respiratory distress syndrome in premature infants. Pediatrics, 1972. 50(4): p. 515-25.115. Fayon, M. and P. Jouvencel, La corticothérapie dans la vie du nouveau-né prématuré. Revue françaised'al<strong>le</strong>rgologie et d'immunologie, 2005. 45: p. 515-520.116. Sweet, D., et al., European consensus gui<strong>de</strong>lines on the management of neonatal respiratory distresssyndrome. J Perinat Med, 2007. 35(3): p. 175-86.117. Wapner, R., Antenatal corticosteroids: we continue to <strong>le</strong>arn. Am J Obstet Gynecol, 2004. 190(4): p. 875.118. Jobe, A.H. and M. Ikegami, Lung <strong>de</strong>velopment and function in preterm infants in the surfactant treatmentera. Annu Rev Physiol, 2000. 62: p. 825-46.119. Va<strong>le</strong>ncia, A.M., et al., Early postnatal <strong>de</strong>xamethasone influences matrix metalloproteinase-2 and -9, andtheir tissue inhibitors in the <strong>de</strong>veloping rat lung. Pediatr Pulmonol, 2003. 35(6): p. 456-62.120. Sweet, D.G., et al., Maternal betamethasone and chorioamnionitis induce different collagenases duringlung maturation in fetal sheep. Neonatology, 2008. 94(2): p. 79-86.121. Sinha, S., F. Moya, and S.M. Donn, Surfactant for respiratory distress syndrome: are there importantclinical differences among preparations? Curr Opin Pediatr, 2007. 19(2): p. 150-4.122. Ghodrat, M., Lung surfactants. Am J Health Syst Pharm, 2006. 63(16): p. 1504-21.123. Suresh, G.K. and R.F. Soll, Overview of surfactant replacement trials. J Perinatol, 2005. 25 Suppl 2: p. S40-4.124. Soll, R.F. and C.J. Mor<strong>le</strong>y, Prophylactic versus se<strong>le</strong>ctive use of surfactant in preventing morbidity andmortality in preterm infants. Cochrane Database Syst Rev, 2001(2): p. CD000510.125. Askie, L.M., et al., Oxygen-saturation targets and outcomes in extremely preterm infants. N Engl J Med,2003. 349(10): p. 959-67.126. Saugstad, O.D., Oxygen for newborns: how much is too much? J Perinatol, 2005. 25 Suppl 2: p. S45-9;discussion S50.127. Darlow, B.A. and P.J. Graham, Vitamin A supp<strong>le</strong>mentation for preventing morbidity and mortality in verylow birthweight infants. Cochrane Database Syst Rev, 2002(4): p. CD000501.56


128. Van Marter, L.J., Strategies for preventing bronchopulmonary dysplasia. Curr Opin Pediatr, 2005. 17(2): p.174-80.129. Benachi, A. and R. Ruano, Le poumon anténatal: <strong>de</strong> l'imagerie à l'interventionnel. Revue françaised'al<strong>le</strong>rgologie et d'immunologie clinique, 2007. 47: p. 435-437.130. Seaborn, T., et al., I<strong>de</strong>ntification of cellular processes that are rapidly modulated in response to trachealocclusion within mice lungs. Pediatr Res, 2008. 63(2): p. 124-30.131. Seaborn, T., et al., Short-term response to tracheal occlusion during perinatal lung <strong>de</strong>velopment in mice.Exp Lung Res, 2007. 33(8-9): p. 441-57.132. Maltais, F., et al., In vivo tracheal occlusion in fetal mice induces rapid lung <strong>de</strong>velopment withoutaffecting surfactant protein C expression. Am J Physiol Lung Cell Mol Physiol, 2003. 284(4): p. L622-32.133. Kitano, Y., et al., Tracheal occlusion in the fetal rat: a new experimental mo<strong>de</strong>l for the study ofacce<strong>le</strong>rated lung growth. J Pediatr Surg, 1998. 33(12): p. 1741-4.57


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE III: ANALYSE DE L’INFLUENCE DE LA PRÉMATURITÉ SUR LES PARAMÈTRESSOCIAUX ET PSYCHOLOGIQUES DE L’ENFANT ET DE SES PARENTSPar :Anne-Marie Gagné, Ph.D58


PRÉSENTATION DE L'AUTEUREAnne-Marie Gagné a obtenu son Baccalauréat en Psychologie en 2003 à l'Université <strong>Laval</strong>. Toujours à la mêmeuniversité, el<strong>le</strong> a obtenu une Maîtrise et un Doctorat en Mé<strong>de</strong>cine Expérimenta<strong>le</strong> sous la supervision du DrMarc Hébert. El<strong>le</strong> entame présentement un post-doctorat en Psychiatrie Génétique au Centre <strong>de</strong> RechercheRobert-Giffard <strong>de</strong> Québec dans <strong>le</strong> laboratoire du Dr Michel Mazia<strong>de</strong>. El<strong>le</strong> a éga<strong>le</strong>ment participé à un forumsimilaire dont <strong>le</strong> thème était cette fois la régulation du transfert multip<strong>le</strong> d'embryons en fécondation in vitro.REMERCIEMENTS DE LA PART DE L'AUTEUREJ'aimerais remercier la Dre Gina Muck<strong>le</strong> pour ses précieux avis et commentaires qui furent <strong>de</strong> précieux atoutspour la rédaction <strong>de</strong> ce chapitre. El<strong>le</strong> a su gui<strong>de</strong>r ma réf<strong>le</strong>xion, mais aussi enrichir cel<strong>le</strong>-ci grâce à sa gran<strong>de</strong>connaissance <strong>de</strong> la psychologie infanti<strong>le</strong>. Je voudrais aussi présenter mes sincères remerciements aux DrsRaymond Lambert et Yves Tremblay pour m'avoir donné l'opportunité d'éditer un livre. Ce fut une expériencetrès enrichissante <strong>de</strong> laquel<strong>le</strong> j'ai beaucoup retiré.59


INTRODUCTIONAlors que <strong>le</strong>s médias nous présentent en général <strong>le</strong>s conséquences physiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> prématurité,nous avons trop souvent tendance à oublier que ces naissances comportent aussi un lot <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>spotentiel<strong>le</strong>s plus « discrètes ». Le présent chapitre s’attar<strong>de</strong>ra aux conséquences cognitives,comportementa<strong>le</strong>s, psychopathologiques et émotionnel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> ces naissances hâtives tant pour <strong>le</strong>senfants que pour <strong>le</strong>urs parents, ces <strong>de</strong>rniers étant soumis à un évènement majeur susceptib<strong>le</strong> <strong>de</strong> générer unstress énorme. Il est à noter que nous mettrons l’accent sur la gran<strong>de</strong> prématurité, c’est-à-dire sur <strong>de</strong>snaissances survenant après 32 semaines et moins <strong>de</strong> grossesse.CONSÉQUENCES CHEZ L’ENFANTLES SÉQUELLES COGNITIVES ENGENDRÉES PAR LA PRÉMATURITÉLa sphère cognitive se réfère aux processus mentaux <strong>de</strong> l’individu. On peut dire qu’il s’agit <strong>de</strong>sprocessus qui relèvent <strong>de</strong> la pensée. Ainsi, l’apprentissage, <strong>le</strong> raisonnement, la mémoire, la perception et <strong>le</strong>langage sont <strong>de</strong>s composantes du développement cognitif <strong>de</strong> l’individu. Comme la majorité <strong>de</strong>s autresdimensions psychologiques, <strong>le</strong>s séquel<strong>le</strong>s cognitives s’observent au cours du développement, lorsque la survie<strong>de</strong> l’enfant n’est plus compromise par la prématurité.Âge préscolaire :Les instruments <strong>le</strong>s plus souvent utilisés pour <strong>document</strong>er <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> la prématurité avantl’âge <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux ans mesurent <strong>le</strong> développement moteur et mental, un concept global qui comprend, comme <strong>le</strong>développement cognitif, <strong>le</strong> langage précoce, la mémoire, ainsi que <strong>le</strong>s aptitu<strong>de</strong>s sensoriel<strong>le</strong>s et perceptuel<strong>le</strong>s.Quant au développement moteur, il fait référence à la façon dont l’enfant interagit physiquement avec <strong>le</strong>mon<strong>de</strong> qui l’entoure, comme en témoignent <strong>le</strong> contrô<strong>le</strong> <strong>de</strong> son corps, la coordination et la <strong>de</strong>xtérité. Dès l’âge<strong>de</strong> 2 ans, on observe chez 23 % <strong>de</strong>s prématurés <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 28 semaines un retard <strong>de</strong> développement menta<strong>le</strong>t chez 26 % <strong>de</strong> ceux-ci un retard du développement moteur, et ce, malgré une échographie crânienne nedémontrant aucune anomalie [1].Une vaste étu<strong>de</strong> effectuée en Ang<strong>le</strong>terre nommée EPICure confirme ces observations <strong>de</strong> retard <strong>de</strong>développement. En effet, à 30 mois, 19 % <strong>de</strong> ces enfants nés à moins <strong>de</strong> 25 semaines <strong>de</strong> grossesse60


présentaient un retard sévère <strong>de</strong> développement et 11 % un retard modéré. Cette même étu<strong>de</strong> a éga<strong>le</strong>mentnoté que près du quart <strong>de</strong>s enfants suivis présentaient un retard au plan <strong>de</strong> la communication [2]; <strong>le</strong>s garçonssemblaient davantage touchés que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.D’autres étu<strong>de</strong>s ont <strong>document</strong>é <strong>le</strong> quotient intel<strong>le</strong>ctuel (Q.I.) à 5 ans <strong>de</strong>s enfants nés avant 33semaines <strong>de</strong> gestation en utilisant <strong>le</strong> test standardisé WIPPSI, <strong>le</strong>quel permet <strong>de</strong> situer la performance <strong>de</strong>l’enfant selon un groupe <strong>de</strong> référence constitué d’enfants du même âge et issu <strong>de</strong> la population généra<strong>le</strong>(http://eeip.free.fr/sub_wppsi.html). On a ainsi remarqué que <strong>le</strong> Q.I. moyen <strong>de</strong>s enfants prématurés étaitsignificativement inférieur à celui attendu selon <strong>le</strong>s normes. De plus, la proportion d’enfants atteints d’unedéficience intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> sévère était <strong>de</strong> 13,5 % alors qu’el<strong>le</strong> grimpait à 25 % pour la déficience intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>légère. À titre comparatif, <strong>le</strong>s préva<strong>le</strong>nces observées chez <strong>le</strong>s enfants non prématurés <strong>de</strong> cet échantillon sontrespectivement <strong>de</strong> 2,8 % et <strong>de</strong> 13,9 % [3] pour <strong>le</strong>s déficits sévères et légers. Toutefois, lorsque ces donnéessont analysées en terme <strong>de</strong> genre, on se rend compte que <strong>le</strong>s garçons prématurés sont plus affectés que <strong>le</strong>urshomologues féminins.Âge scolaire :L’entrée à l’éco<strong>le</strong> est souvent un moment déterminant dans la découverte d’éventuels retards <strong>de</strong>développement, car placer un enfant dans un groupe où on évalue <strong>le</strong>s compétences en permanence rend eneffet <strong>le</strong>s différences plus évi<strong>de</strong>ntes, et ce, même pour <strong>de</strong>s non-experts. L’entrée à l’éco<strong>le</strong> correspond donc àune pério<strong>de</strong> propice pour l’évaluation <strong>de</strong>s habi<strong>le</strong>tés cognitives.Sur une base plus scientifique, <strong>le</strong>s résultats obtenus par <strong>le</strong> groupe EPICure à l’ai<strong>de</strong> d’une batterieconstituée <strong>de</strong> plusieurs tests administrés lors du suivi à 6 ans révè<strong>le</strong>nt que 41 % <strong>de</strong>s grands prématurésmanifestaient un déficit cognitif sévère lorsque comparés à <strong>le</strong>urs compagnons <strong>de</strong> classe. Toutefois, ce chiffrediminuait à 21 % lorsqu’on comparait ces enfants aux moyennes norma<strong>le</strong>ment rencontrées chez <strong>de</strong>s enfants<strong>de</strong> même âge. Il est donc possib<strong>le</strong> que <strong>le</strong> groupe <strong>de</strong>s « non-prématurés » ait performé au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> lamoyenne, accentuant ainsi l’écart.Une fois encore, la préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> ces déficits était plus é<strong>le</strong>vée chez <strong>le</strong>s garçons [4]. Par contre, ilimporte <strong>de</strong> souligner que même au sein <strong>de</strong> la population norma<strong>le</strong>, davantage <strong>de</strong> garçons que <strong>de</strong> fil<strong>le</strong>smanifestent <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage à l’éco<strong>le</strong>. À titre d’exemp<strong>le</strong>, une étu<strong>de</strong> menée par <strong>le</strong> ConseilSupérieur <strong>de</strong> l’Éducation Québécois a démontré qu’il y avait <strong>de</strong>ux fois plus <strong>de</strong> garçons que <strong>de</strong> fil<strong>le</strong>s atteints <strong>de</strong>troub<strong>le</strong>s d’apprentissage ou <strong>de</strong> troub<strong>le</strong>s d’adaptation scolaire [5].Une autre recherche <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> envergure, cette fois menée en Australie sur <strong>de</strong>s enfants nés avant 28semaines <strong>de</strong> grossesse nous donne un son <strong>de</strong> cloche légèrement différent. En effet, bien que ces enfants <strong>de</strong> 8ans présentaient un Q.I inférieur à celui d’un groupe d’enfants nés à terme, <strong>le</strong> score moyen se situait dans <strong>le</strong>slimites considérées norma<strong>le</strong>s [6]. Autrement dit, ce score, bien qu’inférieur au plan statistique, n’est passignificatif d’un point <strong>de</strong> vue clinique. Le score moyen, bien qu’inférieur statistiquement, ne serait donc pas <strong>de</strong>nature à expliquer <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage majeures à l’éco<strong>le</strong> ou à la maison. Mais malgré ce Q.Ithéoriquement non problématique, ces enfants réclamaient presque <strong>de</strong>ux fois plus souvent une assistance61


scolaire professionnel<strong>le</strong> et ils ont été près <strong>de</strong> trois fois plus nombreux à doub<strong>le</strong>r une année scolaire. Celaatteste qu’en dépit d’un Q.I dans <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la norma<strong>le</strong>, <strong>de</strong>s différences d’apprentissage spécifique (<strong>le</strong>cture,écriture, mathématiques, etc.) semb<strong>le</strong>nt exister.On pourrait être porté à croire que la gravité <strong>de</strong>s conséquences cognitives <strong>de</strong> la prématurité puisse enpartie dépendre du pays où <strong>le</strong>s cohortes sont évaluées puisque <strong>le</strong>s services offerts par <strong>le</strong>s systèmes <strong>de</strong> santé etd’éducation (p. ex. programmes <strong>de</strong> soutien à l’éveil intel<strong>le</strong>ctuel, professionnels à l’éco<strong>le</strong> pour compenser <strong>le</strong>sdifficultés scolaires <strong>de</strong> l’enfant, etc.) sont très variab<strong>le</strong>s d’un pays à l’autre. Toutefois, une vaste étu<strong>de</strong> quirassemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s enfants du Canada, <strong>de</strong> la Hollan<strong>de</strong>, <strong>de</strong>s États-Unis et <strong>de</strong> Bavière semb<strong>le</strong> démontrer que même si<strong>le</strong> type <strong>de</strong> difficulté observé chez ces enfants diffère selon <strong>le</strong> pays, <strong>de</strong>s difficultés scolaires majeures sontprésentes chez <strong>le</strong>s enfants prématurés quel que soit <strong>le</strong>ur pays d’origine, et ce, dans <strong>de</strong>s proportions à peu <strong>de</strong>chose près similaires [7].Bien qu’il soit diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> différencier à la naissance <strong>le</strong>s enfants prématurés qui manifesteront <strong>de</strong>sdifficultés à l'âge scolaire <strong>de</strong> ceux qui n'en auront pas, certains facteurs semb<strong>le</strong>nt accentuer <strong>le</strong> risque <strong>de</strong>séquel<strong>le</strong>s. Parmi ceux-ci on retrouve : une nutrition par voie intraveineuse durant plus <strong>de</strong> 6 semaines, <strong>le</strong>recours à un support respiratoire durant plus <strong>de</strong> 14 jours, une augmentation <strong>de</strong> la circonférence <strong>de</strong> la têteanorma<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>nte, <strong>de</strong>s convulsions, <strong>de</strong>s hémorragies péri et intraventriculaire (zones du cerveau) et uneperforation <strong>de</strong> l’intestin [8]. Éga<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong> fait d’être un garçon doub<strong>le</strong> <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> présenter un déficitintel<strong>le</strong>ctuel majeur lorsque l’évaluation est faite à l’âge <strong>de</strong> 8 ans.Une vaste méta-analyse (répertoriant <strong>de</strong>s artic<strong>le</strong>s publiés entre 1980 et 2001) sur l’impactbehavioral et cognitif a éga<strong>le</strong>ment révélé que <strong>le</strong>s scores moyens aux différents tests cognitifs chez <strong>le</strong>senfants d’âge scolaire seraient directement proportionnels à l’âge gestationnel et a u poids à lanaissance, et ce, autant chez <strong>le</strong>s enfants prématurés que chez <strong>le</strong>s enfants nés à terme [9]. Un poids plusé<strong>le</strong>vé ainsi qu’une naissance plus tardive auraient donc un impact positif sur <strong>le</strong>s performancesintel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s.Enfin, certains facteurs environnementaux semb<strong>le</strong>nt jouer un rô<strong>le</strong> protecteur, c'est-à-dire qu’ilspeuvent atténuer <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> la prématurité. L’enfant prématuré issu d’une famil<strong>le</strong> dont <strong>le</strong>niveau d’éducation <strong>de</strong>s parents et <strong>le</strong> revenu familial sont supérieurs aurait un meil<strong>le</strong>u r développementintel<strong>le</strong>ctuel à l’âge scolaire [10].L’ado<strong>le</strong>scent et <strong>le</strong> jeune adulte :L’ado<strong>le</strong>scence constitue une pério<strong>de</strong> d’intérêt dans la problématique <strong>de</strong> la prématurité, car il s’agitd’une phase <strong>de</strong> développement intensive à plusieurs niveaux. Concernant <strong>le</strong>s paramètres mentaux et <strong>de</strong>développement chez l’ado<strong>le</strong>scent, ils seront analysés à partir <strong>de</strong> l’entrée à l’éco<strong>le</strong> secondaire jusqu’au terme<strong>de</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> ce niveau. Ensuite, l’individu sera considéré comme étant un jeune adulte.En ce qui concerne la performance scolaire en soi, une étu<strong>de</strong> finlandaise a démontré que <strong>le</strong>s enfantsprématurés, qu’ils soient nés avant 32 ou avant 29 semaines <strong>de</strong> grossesses réussissaient aussi bien dans62


l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s matières académiques que <strong>le</strong>urs compagnons <strong>de</strong> classe [11]. Ces données sont doncencourageantes.Aux Pays-Bas, une vaste étu<strong>de</strong> a éga<strong>le</strong>ment démontré qu’à l’âge <strong>de</strong> 19 ans, 4,3 % <strong>de</strong>s enfants nésavant 32 semaines <strong>de</strong> gestation présentaient une déficience intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> modérée alors qu’une déficiencelégère s’observait chez 14,3 % <strong>de</strong>s jeunes [12]. Ces taux <strong>de</strong> déficience intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> doivent être comparés à cequi est observé chez <strong>le</strong>s enfants <strong>de</strong> mêmes milieux nés à terme, mais l’étu<strong>de</strong> n’a pas eu recourt à un tel groupe<strong>de</strong> comparaison. Fait intéressant, il semb<strong>le</strong>rait qu’un <strong>de</strong>s meil<strong>le</strong>urs prédicteurs du Q.I <strong>de</strong> jeunes adultes nésavant 32 semaines serait <strong>le</strong> niveau d’éducation <strong>de</strong>s parents [13].L’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> Gross et al. (2001) a aussi démontré que <strong>le</strong>s complications médica<strong>le</strong>s n’auraient que peud’impact sur la performance scolaire, lorsqu’évaluée à l’âge <strong>de</strong> 10 ans. Le niveau d’éducation parenta<strong>le</strong>, maisaussi <strong>le</strong> fait d’être é<strong>le</strong>vé par ses <strong>de</strong>ux parents et une stabilité familia<strong>le</strong> seraient <strong>de</strong>s facteurs qui atténuent <strong>le</strong>sconséquences négatives <strong>de</strong> la prématurité sur la performance scolaire [14].Une autre étu<strong>de</strong> suggère que malgré <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong> Q.I <strong>de</strong> jeunes adultes nés prématurément se situedans <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la normalité, certaines fonctions exécutives, c’est-à-dire <strong>de</strong>s processus cognitifs <strong>de</strong> hautniveau permettant un comportement f<strong>le</strong>xib<strong>le</strong> et adapté au contexte, seraient affectées [15]. Cela serait <strong>le</strong> cas<strong>de</strong> l’inhibition, c’est-à-dire la capacité à supprimer <strong>de</strong>s réponses automatique 31 et <strong>de</strong> la f<strong>le</strong>xibilité menta<strong>le</strong>, quicorrespond à la capacité <strong>de</strong> changer <strong>de</strong> stratégie selon <strong>le</strong> contexte. Un déficit <strong>de</strong>s fonctions exécutives pourraittrès bien être à l’origine <strong>de</strong>s difficultés d’apprentissage observées à l’éco<strong>le</strong>.LES SÉQUELLES COMPORTEMENTALES ET AFFECTIVES ENGENDRÉES PAR LA PRÉMATURITÉÂge préscolaire :Plusieurs étu<strong>de</strong>s démontrent que <strong>le</strong>s enfants prématurés présentent, en bas âge, <strong>de</strong>s difficultés àsocialiser avec <strong>le</strong>s autres [16, 17]. Dès l’âge <strong>de</strong> trois ans, 15 % <strong>de</strong>s enfants nés à 32 semaines ou moins <strong>de</strong>gestation manifesteraient <strong>de</strong>s difficultés comportementa<strong>le</strong>s [18]. Cette même étu<strong>de</strong> révélait que ces enfantsprésentaient davantage <strong>de</strong> problèmes émotionnels que <strong>le</strong>s individus nés à terme. Lorsque comparés à <strong>de</strong>senfants nés à terme et d’âge équiva<strong>le</strong>nt, <strong>le</strong>s enfants <strong>de</strong> 5 ans nés à moins <strong>de</strong> 32 semaines manifestentsignificativement plus <strong>de</strong> problèmes <strong>de</strong> retrait social (tendance à s’iso<strong>le</strong>r), d’attention, <strong>de</strong> comportementagressif et délinquant et <strong>de</strong> complaintes relatives à <strong>de</strong>s maux physiques [19].Âge scolaire :Des difficultés d’ordre comportemental et émotionnel qui passaient inaperçues jusqu’alors<strong>de</strong>viennent plus évi<strong>de</strong>ntes à l’éco<strong>le</strong>. En effet, on estime qu’environ 20 % <strong>de</strong>s enfants prématurés parvenus à31 Pour un exemp<strong>le</strong>: http://psychoweb.dnsalias.org/in<strong>de</strong>x.php/post/Experience-test-<strong>de</strong>-stroop63


l’âge <strong>de</strong> 6 ans présenteraient au moins un désordre psychiatrique; <strong>le</strong> troub<strong>le</strong> déficitaire <strong>de</strong>l’attention/hyperactivité (TDA/H) étant <strong>de</strong> loin <strong>le</strong> plus fréquent [20]. De plus, lorsqu’évalués par <strong>le</strong>ursprofesseurs, <strong>le</strong>s enfants prématurés auraient plus <strong>de</strong> difficultés à s’adapter au mon<strong>de</strong> scolaire. L’évaluation <strong>de</strong>l’enseignant met en lumière que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s manifesteraient principa<strong>le</strong>ment <strong>de</strong>s comportements d’iso<strong>le</strong>ment etd’inattention en classe, alors que <strong>le</strong>s difficultés typiques <strong>de</strong>s garçons se situent surtout aux plans <strong>de</strong>l’inattention, <strong>de</strong>s comportements agressifs envers <strong>le</strong>s pairs, <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> socialisation variés et <strong>de</strong>scomplaintes <strong>de</strong> maux physiques [21]. Ces résultats sont corroborés par ceux <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> EPICure. En effet, <strong>le</strong>staux <strong>de</strong> difficultés comportementa<strong>le</strong>s chez <strong>le</strong>s enfants nés avant 25 semaines <strong>de</strong> grossesse sont <strong>de</strong> 30,6 % pourl’hyperactivité (vs 8,8 % chez <strong>le</strong>s enfants nés à terme), 12,5 % pour <strong>le</strong>s problèmes <strong>de</strong> conduite (vs 5,4 %), 33,3% pour <strong>le</strong>s déficits d’attention (vs 6,8 %), 25,4 % pour <strong>de</strong>s problèmes d’interaction avec <strong>le</strong>s amis (vs 5,4 %).Enfin, 13,5 % <strong>de</strong>s enfants manifestent <strong>de</strong>s troub<strong>le</strong>s émotionnels (vs 4,1 %) [22]. Cette recherche, en plus <strong>de</strong>révé<strong>le</strong>r <strong>de</strong>s taux <strong>de</strong> problèmes comportementaux et émotionnels <strong>de</strong> 3 à 6 fois supérieurs selon <strong>le</strong> troub<strong>le</strong>, metéga<strong>le</strong>ment en lumière <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s garçons sont plus touchés par l’hyperactivité, <strong>le</strong> déficit d’attention et <strong>le</strong>sproblèmes d’interaction socia<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.Fina<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s enfants prématurés semb<strong>le</strong>nt être davantage l’objet <strong>de</strong> victimisation <strong>de</strong> la part <strong>de</strong><strong>le</strong>urs pairs lorsque comparés aux enfants nés à terme : ils seraient en fait plus susceptib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> vivre à l’éco<strong>le</strong><strong>de</strong>s expériences désagréab<strong>le</strong>s tel<strong>le</strong>s que la vio<strong>le</strong>nce physique ou verba<strong>le</strong>, <strong>le</strong> rejet et <strong>de</strong>s vols [23]. Ces auteursquébécois soulignent par ail<strong>le</strong>urs que ces comportements <strong>de</strong> victimisation sont vécus même en l’absence <strong>de</strong>tout handicap apparent.L’ado<strong>le</strong>scent et <strong>le</strong> jeune adulte :Parvenus à l’ado<strong>le</strong>scence, <strong>de</strong>s problèmes variés semb<strong>le</strong>nt persister. Bien qu’il s’agisse <strong>de</strong> différencessouvent subti<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents et <strong>le</strong>s jeunes adultes nés prématurément continuent <strong>de</strong> se distinguer <strong>de</strong>sindividus nés à terme au plan comportemental et émotionnel.Une étu<strong>de</strong> canadienne a permis <strong>de</strong> mettre en lumière que <strong>le</strong>s ado<strong>le</strong>scents nés avant 29 semainesavaient moins confiance en <strong>le</strong>urs compétences, et ce, tant au plan athlétique, romantique, scolaire queprofessionnel que <strong>le</strong>s jeunes nés à terme. La préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> difficultés comportementa<strong>le</strong>s rapportées par <strong>le</strong>sparents est éga<strong>le</strong>ment supérieure dans <strong>le</strong> groupe prématuré que dans <strong>le</strong> groupe à terme. L’évaluationparenta<strong>le</strong> révè<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment que <strong>le</strong>s garçons seraient davantage touchés que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s [24]. Les parents ainsique <strong>le</strong>s professeurs d’enfants nés avant 25 semaines rapportent éga<strong>le</strong>ment que ces <strong>de</strong>rniers auraientdavantage <strong>de</strong> comportements d’internalisation (p. ex. dépression, anxiété, complaintes concernant <strong>de</strong>s mauxphysiques et retrait social) que <strong>le</strong>s enfants non prématurés [25]. Par ail<strong>le</strong>urs, une étu<strong>de</strong> réalisée auprèsd’adultes norvégiens nés avant 33 semaines révè<strong>le</strong> que même en l’absence <strong>de</strong> problèmes médicaux, ceux-ciatteindraient <strong>de</strong>s niveaux d’éducation et <strong>de</strong> revenus moins é<strong>le</strong>vés que <strong>le</strong>s non prématurés, et auraientdavantage recours aux services <strong>de</strong> l’ai<strong>de</strong> socia<strong>le</strong>. De plus, un âge gestationnel moindre serait associé àdavantage <strong>de</strong> dysfonctions socia<strong>le</strong>s [26].Une étu<strong>de</strong> américaine présente quant à el<strong>le</strong> <strong>de</strong>s résultats qui vont légèrement à l’encontre <strong>de</strong> latendance observée jusqu’à maintenant par rapport aux effets négatifs liés à la prématurité. En effet, il a été64


observé que <strong>le</strong>s adultes masculins <strong>de</strong> 20 ans, nés en moyenne à 29,7 semaines et d’un poids moyen <strong>de</strong> 1180grammes, présentaient <strong>de</strong>s taux moindres <strong>de</strong> comportements délinquants et <strong>de</strong> consommation excessived’alcool par rapport à <strong>le</strong>urs pairs nés à terme [27]. Ces données corroborent ceux d’une autre étu<strong>de</strong>démontrant que moins d’ado<strong>le</strong>scents nés prématurément s’engagent dans <strong>de</strong>s activités criminel<strong>le</strong>s (p. ex. vol,vandalisme) et adoptent moins <strong>de</strong> mauvaises habitu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> vie tel<strong>le</strong>s que la consommation d’alcool et <strong>de</strong> tabac[28].Il s’agit <strong>de</strong> résultats très intéressants puisque cela suggère que la prématurité peut avoir certainseffets positifs. Il n’est donc pas surprenant que plusieurs chercheurs se soient penchés sur <strong>le</strong> pourquoi <strong>de</strong> cetimpact bénéfique. Certains estiment que ces différences sont liées à une surveillance parenta<strong>le</strong> accrue plutôtqu’à la prématurité [29]. Par contre, d’autres postu<strong>le</strong>nt au contraire qu’il pourrait s’agir d’un facteur <strong>de</strong>résilience, c’est-à-dire une aptitu<strong>de</strong> à vaincre l’adversité constituant un facteur <strong>de</strong> protection, qui seraitspécifique aux enfants prématurés et à <strong>le</strong>urs parents [30], ce qui est en soi encourageant.CONSÉQUENCES CHEZ LES PARENTSPour la majorité <strong>de</strong>s parents, la venue au mon<strong>de</strong> d’un enfant prématuré constitue un choc qui danscertains cas, s’apparente à un traumatisme tel<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> vécu parental est diffici<strong>le</strong>. Ce qui <strong>de</strong>vait s’avérer unheureux évènement parfois longtemps attendu se transforme en une lutte entre la vie et la mort d’un êtredéjà cher. Les conséquences liées à la prématurité chez <strong>le</strong>s parents <strong>de</strong>meurent donc essentiel<strong>le</strong>mentpsychologiques, que ce soit pour la mère ou pour <strong>le</strong> père.D’après l’étu<strong>de</strong> EPIPAGE, l’équiva<strong>le</strong>nt Français du groupe EPICure, <strong>de</strong>ux mois après la sortie <strong>de</strong>l’hôpital, une gran<strong>de</strong> proportion <strong>de</strong> mères rapportent qu’il s’agit <strong>de</strong> la plus gran<strong>de</strong> épreuve <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie,certaines allant même jusqu’à dire qu’el<strong>le</strong>s ne veu<strong>le</strong>nt plus avoir d’enfant, <strong>de</strong> peur que <strong>le</strong> cauchemar sereproduise [31]. Ces mêmes femmes ont été revues en entrevue un an après la sortie <strong>de</strong> l’hôpital et uneanalyse approfondie du contenu verbal n’a pas révélé d’amélioration dans la détresse psychologique [32].Effectivement, 80 % <strong>de</strong> ces mères rapportaient <strong>de</strong>s sentiments dépressifs, souvent associés à un retrait social,<strong>le</strong> 2/3 <strong>de</strong>s participantes présentaient <strong>de</strong> l’épuisement et la moitié <strong>de</strong>s sentiments <strong>de</strong> culpabilité. Chez 70 %d’entre el<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s sentiments d’anxiété é<strong>le</strong>vée étaient présents et principa<strong>le</strong>ment reliés à la présence <strong>de</strong>retards <strong>de</strong> développement ou à <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> santé chez <strong>le</strong>ur enfant.Alors que la préva<strong>le</strong>nce <strong>de</strong> la dépression post-partum est estimée à environ 15 % dans la populationgénéra<strong>le</strong> [33], c’est environ <strong>le</strong> quart <strong>de</strong>s mères ayant un enfant prématuré (


S’il s’agit en plus d'un enfant prématuré à santé très précaire (assistance respiratoire prolongée,dysplasie bronchopulmonaire, très faib<strong>le</strong> poids), <strong>le</strong> stress vécu par <strong>le</strong> parent <strong>de</strong>meure significativementsupérieur à celui <strong>de</strong>s parents d’un enfant né à terme et ce même 3 années après la sortie <strong>de</strong> l’hôpital [36]. Uneautre étu<strong>de</strong> a démontré que la totalité <strong>de</strong>s mères d’enfants prématurés dont l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong>meure précaireà 6 mois d’âge corrigé présente au moins un symptôme <strong>de</strong> stress post-traumatique [37]. Par exemp<strong>le</strong>, el<strong>le</strong>savaient une tendance à revivre intérieurement <strong>le</strong>s évènements bou<strong>le</strong>versants, à être constamment sur <strong>le</strong> quivive,à éviter toute situation qui pourrait rappe<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s évènements traumatiques, etc. Malheureusement, cetteanxiété et ce stress durant la première année semb<strong>le</strong>nt être reliés avec <strong>de</strong> futurs problèmes <strong>de</strong>comportements chez l’enfant [38, 39].La prématurité a aussi certains effets sur <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> parental. En effet, <strong>le</strong>s mères d’enfants prématurésrapportent avoir une moins bonne entente avec <strong>le</strong>ur conjoint [40]. Garel et al., (2004) relatent que la moitié<strong>de</strong>s mères se plaignent <strong>de</strong> problèmes conjugaux et qu’el<strong>le</strong>s se sentent délaissées par <strong>le</strong>ur conjoint [31].Paradoxa<strong>le</strong>ment, une autre étu<strong>de</strong> suggère que la naissance d’un enfant prématuré constitue un évènementsusceptib<strong>le</strong> <strong>de</strong> rapprocher <strong>le</strong>s partenaires [41]. Les conséquences <strong>de</strong> la prématurité sur <strong>le</strong> coup<strong>le</strong> <strong>de</strong>meurentdonc mitigées et peuvent éventuel<strong>le</strong>ment dépendre <strong>de</strong>s caractéristiques intrinsèques du coup<strong>le</strong>.CONCLUSIONDe manière généra<strong>le</strong>, on constate que la probabilité <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>s chez l’enfant augmente avec lasévérité <strong>de</strong> la prématurité. Le fait d’être un garçon et <strong>de</strong> présenter plusieurs complications médica<strong>le</strong>s tôt aprèsla naissance semb<strong>le</strong> éga<strong>le</strong>ment augmenter <strong>le</strong> risque <strong>de</strong> difficultés au plan cognitif, comportemental etémotionnel. Par contre, en gardant un point <strong>de</strong> vue évolutif et selon la littérature disponib<strong>le</strong>, on peut sepermettre <strong>de</strong> croire que ces séquel<strong>le</strong>s s’estompent avec <strong>le</strong> temps pour <strong>de</strong>venir moins flagrantes une fois l’âgeadulte atteint, ce qui ultimement, est <strong>de</strong> bon augure.Malgré qu’el<strong>le</strong>s puissent être plus diffici<strong>le</strong>s à évaluer à long terme et être influencées par <strong>le</strong> vécupersonnel du prématuré, <strong>le</strong>s conséquences comportementa<strong>le</strong>s et émotionnel<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la prématurité semb<strong>le</strong>ntaussi être beaucoup moins importantes à l’ado<strong>le</strong>scence et à l’âge adulte, présentant même certains pointspositifs tels que la réduction <strong>de</strong> comportements à risque [28]. De plus, contrairement au domaine cognitif, <strong>le</strong>sgarçons, bien que touchés sur <strong>de</strong>s sphères légèrement différentes, ne semb<strong>le</strong>nt pas significativement plusatteints que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.Comme on peut s’y attendre, <strong>le</strong>s conséquences psychologiques observées chez <strong>le</strong>s parents sontimportantes, particulièrement chez <strong>le</strong>s mères, <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s ont par ail<strong>le</strong>urs été davantage étudiées que <strong>le</strong>s pères.Toutefois, il importe <strong>de</strong> ne pas oublier que la mort d’un enfant prématuré engendre <strong>de</strong>s conséquencespsychologiques graves. Le décès <strong>de</strong> l’enfant entraînera <strong>de</strong>s conséquences psychologiques peut-être plussérieuses que cel<strong>le</strong>s engendrées par <strong>le</strong> stress néo et postnatal vécu par <strong>le</strong>s parents d’enfants prématurés quiont survécu.66


LIMITATIONSUne <strong>de</strong>s gran<strong>de</strong>s limites <strong>de</strong> cette revue <strong>de</strong> la littérature concerne <strong>le</strong>s caractéristiques <strong>de</strong>s groupesd’enfants dans <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s <strong>de</strong> suivis. En effet, <strong>le</strong>s étu<strong>de</strong>s qui impliquent une évaluation en milieu scolaire sontlimitées aux enfants qui n’ont pas <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong> physique ou intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong> grave, ceux pour qui c'est <strong>le</strong> cas nefréquentant habituel<strong>le</strong>ment pas l’éco<strong>le</strong> en classe régulière. On peut donc supposer que <strong>le</strong>s statistiques, tel<strong>le</strong>sque <strong>le</strong>s taux et <strong>le</strong>s pourcentages présentés, sous-évaluent l’impact <strong>de</strong> la prématurité sur <strong>le</strong> fonctionnementcognitif, comportemental et émotionnel et que cette tendance pourrait s’accentuer au fur et à mesure que <strong>le</strong>prématuré avance dans son cursus scolaire. Allant dans <strong>le</strong> même sens, il a aussi été démontré que <strong>le</strong>sperformances intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s enfants participants aux évaluations <strong>de</strong> suivi étaient en général meil<strong>le</strong>uresque cel<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s enfants abandonnant l’étu<strong>de</strong> en cours <strong>de</strong> route [42]. Ceci signifie qu’indépendamment du statut<strong>de</strong> scolarité, <strong>le</strong>s enfants qui participent à ces évaluations sont susceptib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> biaiser <strong>le</strong>s statistiques par <strong>le</strong>urscompétences supérieures.67


RÉFÉRENCES1. O'Shea TM, Kuban KC, Allred EN, et al.: Neonatal cranial ultrasound <strong>le</strong>sions and <strong>de</strong>velopmental <strong>de</strong>lays at 2years of age among extremely low gestational age children. Pediatrics 2008; 122(3): e662-9.2. Wood NS, Marlow N, Costeloe K, Gibson AT, Wilkinson AR: Neurologic and <strong>de</strong>velopmental disability afterextremely preterm birth. EPICure Study Group. N Engl J Med 2000; 343(6): 378-84.3. Burguet A, Monnet E, Roth P, et al.: [Neuro<strong>de</strong>velopmental outcome of premature infants born at <strong>le</strong>ss than33 weeks of gestational age and not cerebral palsy at the age of 5 years]. Arch Pediatr 2000; 7(4): 357-68.4. Marlow N, Wolke D, Bracewell MA, Samara M: Neurologic and <strong>de</strong>velopmental disability at six years of ageafter extremely preterm birth. N Engl J Med 2005; 352(1): 9-19.5. Québec csdléd: Pour une meil<strong>le</strong>ure réussite scolaire <strong>de</strong>s garçons et <strong>de</strong>s fil<strong>le</strong>s. Avis au ministre <strong>de</strong> l'éducation.québec, 1999.6. An<strong>de</strong>rson P, Doy<strong>le</strong> LW: Neurobehavioral outcomes of school-age children born extremely low birth weightor very preterm in the 1990s. Jama 2003; 289(24): 3264-72.7. Saigal S, <strong>de</strong>n Ou<strong>de</strong>n L, Wolke D, et al.: School-age outcomes in children who were extremely low birthweight from four international population-based cohorts. Pediatrics 2003; 112(4): 943-50.8. Neubauer AP, Voss W, Kattner E: Outcome of extremely low birth weight survivors at school age: theinfluence of perinatal parameters on neuro<strong>de</strong>velopment. Eur J Pediatr 2008; 167(1): 87-95.9. Bhutta AT, C<strong>le</strong>ves MA, Casey PH, Cradock MM, Anand KJ: Cognitive and behavioral outcomes of school-agedchildren who were born preterm: a meta-analysis. Jama 2002; 288(6): 728-37.10. Sizun J, Le Pomme<strong>le</strong>t C, Lemoine ML, et al.: [Neuro-intel<strong>le</strong>ctual prognosis at school age for 62 children bornwith a gestational age of un<strong>de</strong>r 32 weeks]. Arch Pediatr 1998; 5(2): 139-44.11. Saavalainen P, Luoma L, Bow<strong>le</strong>r D, et al.: Spatial span in very prematurely born ado<strong>le</strong>scents. DevNeuropsychol 2007; 32(3): 769-85.12. Hil<strong>le</strong> ET, Weisglas-Kuperus N, van Goudoever JB, et al.: Functional outcomes and participation in youngadulthood for very preterm and very low birth weight infants: the Dutch Project on Preterm and Small forGestational Age Infants at 19 years of age. Pediatrics 2007; 120(3): e587-95.13. Weisglas-Kuperus N, Hil<strong>le</strong> ET, Duivenvoor<strong>de</strong>n HJ, et al.: Intelligence of very preterm or very low birthweightinfants in young adulthood. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2009; 94(3): F196-200.14. Gross SJ, Mettelman BB, Dye TD, Slag<strong>le</strong> TA: Impact of family structure and stability on aca<strong>de</strong>mic outcome inpreterm children at 10 years of age. J Pediatr 2001; 138(2): 169-75.15. Nosarti C, Giouroukou E, Micali N, Rifkin L, Morris RG, Murray RM: Impaired executive functioning in youngadults born very preterm. J Int Neuropsychol Soc 2007; 13(4): 571-81.68


16. Chien LY, Chou YH, Ko YL, Lee CF: Health-related quality of life among 3--4-year-old children born with verylow birthweight. J Adv Nurs 2006; 56(1): 9-16.17. Fekkes M, Theunissen NC, Brugman E, et al.: Development and psychometric evaluation of the TAPQOL: ahealth-related quality of life instrument for 1-5-year-old children. Qual Life Res 2000; 9(8): 961-72.18. Delobel-Ayoub M, Kaminski M, Marret S, et al.: Behavioral outcome at 3 years of age in very preterminfants: the EPIPAGE study. Pediatrics 2006; 117(6): 1996-2005.19. Reijneveld SA, <strong>de</strong> K<strong>le</strong>ine MJ, van Baar AL, et al.: Behavioural and emotional prob<strong>le</strong>ms in very preterm andvery low birthweight infants at age 5 years. Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2006; 91(6): F423-8.20. Whitaker AH, Van Rossem R, Feldman JF, et al.: Psychiatric outcomes in low-birth-weight children at age 6years: relation to neonatal cranial ultrasound abnormalities. Arch Gen Psychiatry 1997; 54(9): 847-56.21. Sykes DH, Hoy EA, Bill JM, McClure BG, Halliday HL, Reid MM: Behavioural adjustment in school of very lowbirthweight children. J Child Psychol Psychiatry 1997; 38(3): 315-25.22. Samara M, Marlow N, Wolke D: Pervasive behavior prob<strong>le</strong>ms at 6 years of age in a total-population samp<strong>le</strong>of children born at


31. Garel M, Bahuaud M, Blon<strong>de</strong>l B: [Consequences for the family of a very preterm birth two months afterdischarge. Results of the EPIPAGE qualitative study.]. Arch Pediatr 2004; 11(11): 1299-307.32. Garel M, Dar<strong>de</strong>nnes M, Blon<strong>de</strong>l B: Mothers' psychological distress 1 year after very preterm childbirth.Results of the EPIPAGE qualitative study. Child Care Health Dev 2007; 33(2): 137-43.33. Pope S, watts J, Evans SF, McDonald SJ, Hen<strong>de</strong>rson J: Postnatal <strong>de</strong>pression: a systematic review ofpublished scientific literature to 1999: Canberra: Commonwealth of Australia National Health and MedicalResearch Concil, 2000.34. Hagan R, Evans SF, Pope S: Preventing postnatal <strong>de</strong>pression in mothers of very preterm infants: arandomised control<strong>le</strong>d trial. Bjog 2004; 111(7): 641-7.35. Carter JD, Mul<strong>de</strong>r RT, Bartram AF, Darlow BA: Infants in a neonatal intensive care unit: parental response.Arch Dis Child Fetal Neonatal Ed 2005; 90(2): F109-13.36. Singer LT, Salvator A, Guo S, Collin M, Lilien L, Ba<strong>le</strong>y J: Maternal psychological distress and parenting stressafter the birth of a very low-birth-weight infant. Jama 1999; 281(9): 799-805.37. Holditch-Davis D, Bart<strong>le</strong>tt TR, Blickman AL, Mi<strong>le</strong>s MS: Posttraumatic stress symptoms in mothers ofpremature infants. J Obstet Gynecol Neonatal Nurs 2003; 32(2): 161-71.38. Saylor CF, Boyce GC, Price C: Early predictors of school-age behavior prob<strong>le</strong>ms and social skills in childrenwith intraventricular hemorrhage (IVH) and/or extremely low birthweight (ELBW). Child Psychiatry Hum Dev2003; 33(3): 175-92.39. Assel MA, Landry SH, Swank PR, Steelman L, Mil<strong>le</strong>r-Loncar C, Smith KE: How do mothers' childrearinghistories, stress and parenting affect children's behavioural outcomes? Child Care Health Dev 2002; 28(5): 359-68.40. Singer LT, Fulton S, Kirchner HL, et al.: Parenting very low birth weight children at school age: maternalstress and coping. J Pediatr 2007; 151(5): 463-9.41. Saigal S, Burrows E, Stoskopf BL, Rosenbaum PL, Streiner D: Impact of extreme prematurity on families ofado<strong>le</strong>scent children. J Pediatr 2000; 137(5): 701-6.42. Wolke D, Sohne B, Ohrt B, Riegel K: Follow-up of preterm children: important to <strong>document</strong> dropouts.Lancet 1995; 345(8947): 447.70


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE IV: ASPECTS ÉTHIQUES DE LA PRISE DE DÉCISION CONCERNANT LES BÉBÉSNÉS AU SEUILDE LA VIABILITÉPar :Mireil<strong>le</strong> Carpentier71


PRÉSENTATION DE L'AUTEUREMireil<strong>le</strong> Carpentier a obtenu un Baccalauréat en Biologie à l’Université du Québec à Rimouski et y estprésentement étudiante à la Maîtrise en Éthique. El<strong>le</strong> travail<strong>le</strong> aussi, <strong>de</strong> façon occasionnel<strong>le</strong>, au département<strong>de</strong>s sciences infirmières <strong>de</strong> l’UQAR à titre d’auxiliaire d’enseignement et <strong>de</strong> recherche.72


INTRODUCTIONAu cours <strong>de</strong>s 30 <strong>de</strong>rnières années, <strong>le</strong>s progrès scientifiques et technologiques ont été considérab<strong>le</strong>s dans<strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> la néonatalogie et la recherche y est toujours très active. Le contexte très particulier dudébut et parfois <strong>de</strong> la fin <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s grands prématurés impose la réf<strong>le</strong>xion quant aux décisions à prendre« sur <strong>le</strong> terrain » ainsi qu’aux orientations futures <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine néonata<strong>le</strong>. Ce <strong>de</strong>rnier point ne sera pasabordé dans ce <strong>document</strong> qui se concentre plutôt sur <strong>le</strong>s enjeux <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision. Lorsque survient unenaissance prématurée dans laquel<strong>le</strong> <strong>le</strong> bébé présente un âge gestationnel et/ou un poids à la naissance quilaissent beaucoup d’incertitu<strong>de</strong>s quant au pronostic, <strong>de</strong>s décisions diffici<strong>le</strong>s doivent être prises. Dans ce<strong>document</strong>, quelques éléments contextuels seront d’abord présentés, puis il sera question <strong>de</strong> principeséthiques pouvant intervenir dans <strong>le</strong>s processus décisionnels. Des lignes directrices concernant la réanimationnéonata<strong>le</strong> et <strong>de</strong>s informations concernant la place <strong>de</strong>s parents dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> décision seront ensuiteprésentées. Deux questions éthiques principa<strong>le</strong>s seront traitées en regard <strong>de</strong> la réanimation <strong>de</strong>s nouveau-nésvenant au mon<strong>de</strong> à la limite <strong>de</strong> la viabilité : 1) Qui doit prendre <strong>le</strong>s décisions ? 2) Sur la base <strong>de</strong> quels critères<strong>le</strong>s décisions doivent-el<strong>le</strong>s être prises ? Le but n’est pas ici <strong>de</strong> répondre <strong>de</strong> manière définitive à ces questionsou <strong>de</strong> décréter ce qui est mora<strong>le</strong>ment acceptab<strong>le</strong> <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r, mais plutôt <strong>de</strong> présenter <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong>problématisation et d’évaluation susceptib<strong>le</strong>s d’alimenter la réf<strong>le</strong>xion sur l’agir juste ou légitime dans ce type<strong>de</strong> situation.QUELQUES ÉLÉMENTS CONTEXTUELSPROLONGEMENT DE LA VIE ET SOUFFRANCE DES NOUVEAU-NÉSLa technologie et <strong>le</strong>s connaissances scientifiques ont permis <strong>de</strong> faire en sorte que <strong>de</strong>s bébés néslongtemps avant terme peuvent maintenant survivre, et même vivre sans aucune séquel<strong>le</strong> liée à <strong>le</strong>urprématurité. Ce n’est toutefois pas <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s bébés puisque certains meurent et que d’autresprésenteront <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s parfois graves et parfois plus légères. Le phénomène suivant est aussi observé :certaines données indiquent que <strong>le</strong>s bébés qui vont mourir mettent considérab<strong>le</strong>ment plus <strong>de</strong> temps à <strong>le</strong> faireen raison <strong>de</strong> l’amélioration <strong>de</strong>s moyens techniques disponib<strong>le</strong>s. La médiane du jour du décès <strong>de</strong>s enfants dits «<strong>de</strong> très petit poids à la naissance » (TPPN) était approximativement <strong>de</strong> 2-3 jours au cours <strong>de</strong>s années 1978-1996 et, durant la moitié <strong>de</strong> la <strong>de</strong>rnière décennie, cette va<strong>le</strong>ur a augmenté <strong>de</strong> façon significative.Présentement, plus <strong>de</strong> la moitié <strong>de</strong>s TPPN non survivants ont pris plus <strong>de</strong> 10 jours pour mourir [1].Un autre artic<strong>le</strong> récent mentionne que la majorité <strong>de</strong>s mortalités chez <strong>le</strong>s enfants admis aux unitésnéonata<strong>le</strong>s <strong>de</strong> soins intensifs (NNSI) surviennent au cours <strong>de</strong> la première journée <strong>de</strong> vie. La médiane <strong>de</strong> ladurée <strong>de</strong> séjour <strong>de</strong>s nouveau-nés qui y meurent est <strong>de</strong> 3 jours [2]. Ces données semb<strong>le</strong>nt contradictoires et i<strong>le</strong>st possib<strong>le</strong> que la durée <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s enfants « non survivants » varie selon <strong>le</strong> centre <strong>de</strong> soins (universitaire ou73


non) et selon <strong>le</strong>s décisions prises quant aux traitements à administrer. Une revue <strong>de</strong> littérature concernant cetaspect important du <strong>de</strong>venir <strong>de</strong>s enfants prématurés <strong>de</strong>vrait être réalisée avant <strong>de</strong> discuter plus longuement<strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong>s enfants « non survivants » et <strong>de</strong> voir comment ces conditions ont évolué au fil dutemps.Bien que ce ne soit pas <strong>le</strong> problème principal, il semb<strong>le</strong> qu’il y ait un problème éthique inhérent aufait que <strong>le</strong>s traitements <strong>de</strong> réanimation néonata<strong>le</strong> et <strong>de</strong> maintien en vie prolongent la souffrance <strong>de</strong> nouveaunésqui ne survivront pas, et parfois pendant <strong>de</strong>s pério<strong>de</strong>s <strong>de</strong> temps prolongées. Les chiffres suivantspermettent <strong>de</strong> faire un certain portrait <strong>de</strong> la situation. Dans une étu<strong>de</strong> réalisée en Al<strong>le</strong>magne qui concernait <strong>le</strong>décès <strong>de</strong> grands prématurés [3], <strong>le</strong>s auteurs ont observé que tous <strong>le</strong>s enfants non transférés à l’unité <strong>de</strong> soinsintensifs néonata<strong>le</strong> sont décédés au cours <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur première journée <strong>de</strong> vie. Quarante pour cent <strong>de</strong>s enfantstransférés aux soins intensifs sont décédés au cours <strong>de</strong> la première semaine <strong>de</strong> soins tandis que 29 % sontdécédés après plus d’un mois aux soins intensifs. Bien que <strong>le</strong>s équipes soignantes fassent <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur mieux pourminimiser <strong>le</strong>s impacts <strong>de</strong>s traitements sur <strong>le</strong> bien-être <strong>de</strong>s bébés, il reste que certains traitements peuventêtre considérés par certains comme étant invasifs et agressifs (respirateur, opérations chirurgica<strong>le</strong>s,alimentation parentéra<strong>le</strong>, etc.).LA RÉANIMATION D’ATTENTECe concept a été développé au cours <strong>de</strong>s 20 <strong>de</strong>rnières années. Il signifie que l’équipe médica<strong>le</strong>procè<strong>de</strong> à la réanimation du nouveau-né, quitte à autoriser <strong>le</strong> retrait <strong>de</strong>s soins actifs en fonction <strong>de</strong> l’évolutionclinique et <strong>de</strong>s données <strong>de</strong> la surveillance cérébra<strong>le</strong>, après un entretien avec la famil<strong>le</strong>. La norme se présented’abord comme un impératif <strong>de</strong> réanimation initia<strong>le</strong>. Même lorsqu’il y a d’emblée inquiétu<strong>de</strong> diagnostique etpronostique, <strong>le</strong> principe est <strong>de</strong> ne jamais prendre dans l’immédiat <strong>de</strong>s décisions irréversib<strong>le</strong>s (d’abstention oud’arrêt <strong>de</strong> traitement). La consigne est d’essayer <strong>de</strong> sortir <strong>de</strong>s contraintes <strong>de</strong> l’urgence en tentantsystématiquement <strong>de</strong> mettre en route une respiration artificiel<strong>le</strong>, <strong>de</strong> manière à pouvoir réaliser <strong>de</strong>s examenscomplémentaires, suivre l’évolution et réduire (au moins un peu) l’incertitu<strong>de</strong> avant <strong>de</strong> déterminer s’il faut ounon poursuivre la réanimation. La « réanimation d’attente » est aussi à comprendre comme une réanimationtemporaire, jusqu’à une prise <strong>de</strong> décision ultérieure [4]. Il semb<strong>le</strong> qu’un pronostic individuel soit toujours trèsdiffici<strong>le</strong> à établir et que cela constitue l’une <strong>de</strong>s principa<strong>le</strong>s difficultés liées à la prise <strong>de</strong> décision. Des étu<strong>de</strong>smontrent une erreur <strong>de</strong> classement <strong>de</strong> l’ordre <strong>de</strong> 40 % (Srinivasan (2006), cité par Rozé [5]). Des étu<strong>de</strong>s ontaussi montré <strong>le</strong> caractère faib<strong>le</strong>ment discriminant <strong>de</strong> l’âge gestationnel. Les auteurs concluent en disant que<strong>le</strong>s décisions <strong>de</strong> prise en charge ou <strong>de</strong> retrait <strong>de</strong> soins ne pourront être prises qu’après avoir transmis uneinformation complète et honnête auprès <strong>de</strong>s parents. Éga<strong>le</strong>ment, cette information doit être très humb<strong>le</strong> enraison <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> qui l’accompagne <strong>de</strong> façon inévitab<strong>le</strong>. Si on veut être critique envers la pratique <strong>de</strong> laréanimation d’attente, on peut se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si el<strong>le</strong> permet vraiment <strong>de</strong> prendre ensuite une décision pluséclairée…LA HIÉRARCHISATION DE S RISQUES74


Lors <strong>de</strong> la réanimation <strong>de</strong> grands prématurés, <strong>de</strong>ux risques existent et <strong>le</strong>s avis diffèrent quant à savoir<strong>le</strong>quel est <strong>le</strong> plus « terrib<strong>le</strong> ». Le premier consiste à arrêter à tort, c’est-à-dire arrêter la réanimation d’unenfant qui aurait en fait survécu sans atteinte neuromotrice importante si on l’avait poursuivie. Le secondrisque consiste à poursuivre à tort la réanimation d’un enfant qui fina<strong>le</strong>ment survivra, mais dans <strong>de</strong>sconditions qui seront considérées comme morbi<strong>de</strong>s. Tous <strong>le</strong>s membres <strong>de</strong>s équipes <strong>de</strong> réanimation néonata<strong>le</strong>redoutent fortement ces <strong>de</strong>ux risques et doivent prendre <strong>de</strong>s décisions délicates à chaque nouveau cas qu’ilsdoivent traiter. À première vue, Anne Pail<strong>le</strong>t (2007) avait l’impression que personne n’adoptait <strong>de</strong> principestab<strong>le</strong> <strong>de</strong> hiérarchisation, mais, en prolongeant l’observation, el<strong>le</strong> a pu dégager trois grands types <strong>de</strong>hiérarchisation <strong>de</strong>s risques qui sont ici présentés [4]. Il est important <strong>de</strong> noter que ces distinctions ont étéfaites dans <strong>le</strong> cadre d’une analyse sociologique basée sur l’observation et la discussion avec <strong>le</strong>s différentsintervenants d’une unité <strong>de</strong> réanimation néonata<strong>le</strong>. Ces résultats apparaissent diffici<strong>le</strong>ment généralisab<strong>le</strong>s,mais ils n’en sont pas moins intéressants et possib<strong>le</strong>ment fidè<strong>le</strong>s à la réalité.1) Avant tout, éviter d’arrêter à tort <strong>le</strong>s soins : cette approche considère que <strong>le</strong> risque dont il fautchercher à se prémunir en priorité est d’arrêter à tort <strong>de</strong> donner <strong>le</strong>s soins. Ici, la réanimationd’attente n’est pas remise en question. Cette approche a été observée chez <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins possédantbeaucoup d’expérience, âgés dans la soixantaine et occupant <strong>de</strong>s postes <strong>de</strong> « direction » dansl’équipe médica<strong>le</strong>.2) Éviter <strong>de</strong> poursuivre à tort <strong>le</strong>s soins : cette approche n’est pas l’inverse <strong>de</strong> la première; la différencese situe dans une hiérarchisation <strong>de</strong>s risques marquée par une plus gran<strong>de</strong> tension. Le risque d’arrêt àtort est certes fortement redouté, mais la préoccupation dominante est d’éviter <strong>de</strong> poursuivre <strong>le</strong>ssoins sans bénéfice. Tout en défendant <strong>le</strong> bien-fondé du principe <strong>de</strong> la réanimation d’attente, <strong>le</strong>smé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong> ce groupe remettent parfois en question la durée <strong>de</strong> cette procédure. Cette approche aété observée chez <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins possédant moins d’expérience, plus jeunes (<strong>le</strong> début <strong>de</strong> laquarantaine) et possédant <strong>de</strong>s postes moins é<strong>le</strong>vés dans l’échel<strong>le</strong> hiérarchique.3) Avant tout, éviter la casse : cette approche est à l’inverse <strong>de</strong> la première et est manifestée par <strong>de</strong>sinfirmières. Pour reprendre <strong>le</strong>s propos <strong>de</strong> l’une d’el<strong>le</strong>s : « Mieux vaux que ça casse (que l’enfant nesurvive pas) plutôt que « la casse » (plutôt qu’on poursuive une réanimation qui aboutira à la survieavec un handicap sévère). » La réanimation initia<strong>le</strong> systématique est parfois mise en cause et <strong>le</strong>désaccord se manifeste particulièrement lorsqu’un nouveau-né admis dans <strong>le</strong> service est très mal enpoint. L’auteure <strong>de</strong> cette étu<strong>de</strong> a observé <strong>de</strong>s moues, <strong>de</strong>s airs entendus, <strong>de</strong>s haussements <strong>de</strong> sourcilsou <strong>de</strong>s soupirs faits dans <strong>le</strong> dos <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins.La troisième approche apparaît particulièrement uti<strong>le</strong> à une réf<strong>le</strong>xion éthique pour <strong>de</strong>ux raisons principa<strong>le</strong>s.Premièrement, <strong>le</strong>s infirmières sont <strong>le</strong>s personnes qui passent <strong>le</strong> plus <strong>de</strong> temps auprès <strong>de</strong>s jeunes patients et <strong>de</strong><strong>le</strong>urs parents; el<strong>le</strong>s sont à même d’observer <strong>le</strong>s réactions <strong>de</strong>s parents et <strong>de</strong> compatir à la souffrance qu’ilséprouvent. Deuxièmement, comme el<strong>le</strong>s n’ont pas <strong>de</strong> pouvoir décisionnel quant à la réanimation et à l’arrêtou la poursuite <strong>de</strong>s traitements, el<strong>le</strong>s ont un certain recul et ressentent moins <strong>de</strong> pression lorsque vient <strong>le</strong>temps <strong>de</strong> s’exprimer sur ce qui <strong>de</strong>vrait être fait.75


L’ÊTRE HUMAIN ET LA SÉLECTION NATURELLELe désir <strong>de</strong> sauver, <strong>de</strong> faire vivre, parfois à tout prix, peut dénoter une négation <strong>de</strong> la mort au senslarge. Comme si on voulait oublier que la mort est indissociab<strong>le</strong> <strong>de</strong> la vie et qu’el<strong>le</strong> comman<strong>de</strong> à l’être humain<strong>de</strong> reconnaître son impuissance. Les progrès <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine et <strong>de</strong>s techniques associées ont augmenté <strong>le</strong>pouvoir <strong>de</strong> l’homme sur son propre organisme et il est maintenant beaucoup moins vulnérab<strong>le</strong> à la maladie.Ce bénéfice immense pour l’humanité a permis <strong>de</strong> recu<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la mort en prolongeant la vie; maistoute vie doit-el<strong>le</strong> être prolongée, et au nom <strong>de</strong> quoi ?Peut-être faut-il gar<strong>de</strong>r à l’esprit que l’être humain est un animal comme <strong>le</strong>s autres et qu’il est soumisaux lois <strong>de</strong> la sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>. Cette sé<strong>le</strong>ction est bénéfique sur <strong>le</strong> plan évolutif puisqu’el<strong>le</strong> permet aux êtres<strong>le</strong>s mieux adaptés <strong>de</strong> survivre et d’éliminer <strong>le</strong>s moins bien adaptés. La sé<strong>le</strong>ction semb<strong>le</strong> se faire pour unegran<strong>de</strong> part in utero. La question se pose : En « sauvant » <strong>de</strong>s grands prématurés, interfère-t-on avec lasé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong> ? S’il y a interférence, est-el<strong>le</strong> toujours dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant ?L’affirmation que l’être humain est « un animal comme <strong>le</strong>s autres », qui est avancée notamment parcertains auteurs qui questionnent <strong>le</strong>s efforts héroïques <strong>de</strong> la néonatalogie, mérite d’être explicitée : même sil’être humain est pensant, doté <strong>de</strong> conscience réfléchie et capab<strong>le</strong> <strong>de</strong> se projeter dans <strong>le</strong> temps, il restesemblab<strong>le</strong> à l’animal sur <strong>le</strong> plan biologique. Il est donc soumis aux lois <strong>de</strong> la nature. L’être humain aheureusement repoussé, grâce aux avancées techno-médica<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s limites <strong>de</strong> la maladie et <strong>de</strong> la mort, maisel<strong>le</strong>s continuent <strong>de</strong> <strong>le</strong> défier. Par exemp<strong>le</strong>, bon nombre d’avortements spontanés surviennent au cours dupremier trimestre <strong>de</strong> la grossesse, mais, en contrepartie, on observe peu <strong>de</strong> mortalité à la naissance chez <strong>le</strong>snouveau-nés à terme. On peut extrapo<strong>le</strong>r en disant que l’avortement spontané est un mécanisme <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ctionnaturel<strong>le</strong> visant à favoriser la survie <strong>de</strong>s mieux adaptés. On pourrait aussi penser qu’une partie <strong>de</strong>savortements spontanés se produisant plus tard au cours <strong>de</strong> la grossesse pourraient faire partie du mêmeprocessus. Certaines <strong>de</strong>s naissances très prématurées étant dues à un problème assez important chez <strong>le</strong>fœtus, on peut y voir un phénomène <strong>de</strong> sé<strong>le</strong>ction naturel<strong>le</strong>. Par contre, il faut être très pru<strong>de</strong>nt avec ce genred’interprétation évolutionniste, car <strong>le</strong> spectre <strong>de</strong> l’eugénisme (discours visant l’amélioration <strong>de</strong> la compositiongénétique <strong>de</strong> l’espèce humaine ou <strong>de</strong> certaines populations humaines selon <strong>de</strong>s critères qualitatifs subjectifs)n’est jamais bien loin.Ce débat est certes peu uti<strong>le</strong> lorsqu’il faut prendre la décision <strong>de</strong> réanimer ou non un nouveau-né à lalimite <strong>de</strong> la viabilité; il s’inscrit dans <strong>le</strong> cadre d’une réf<strong>le</strong>xion globa<strong>le</strong> sur <strong>le</strong>s enjeux éthiques <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> etextrême prématurité dans un contexte <strong>de</strong> performance médico-technique : <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins tentent-ils parfois <strong>de</strong>« sauver » <strong>de</strong>s fœtus, ou <strong>de</strong>s bébés puisqu’ils agissent après la naissance, alors que ces <strong>de</strong>rniers ne sont pasréel<strong>le</strong>ment viab<strong>le</strong>s ? Les interventions médica<strong>le</strong>s relèveraient alors <strong>de</strong> l’acharnement thérapeutique.76


L’ACHARNEMENT THÉRAPEUTIQUEEn éthique, l’acharnement thérapeutique consiste à donner un soin ou un traitement en sachant quecelui-ci n’ai<strong>de</strong>ra pas la personne à guérir. L’acte thérapeutique n’est contesté que si <strong>le</strong>s traitements se révè<strong>le</strong>ntinuti<strong>le</strong>s, douloureux et inefficaces. La plupart du temps, <strong>le</strong>s mala<strong>de</strong>s qui ont tiré bénéfice d’une thérapeutiquemême énergique ne se plaignent pas d’être encore en vie. C’est plutôt l’entourage familial ou parfois soignantqui, <strong>de</strong>vant non pas un échec, mais ce qui <strong>le</strong>ur paraît être une insuffisance <strong>de</strong> résultats, considère que l’ons’est acharné [6]. L’acharnement thérapeutique est un enjeu important <strong>de</strong> la problématique étudiée, mais ilsemb<strong>le</strong> plutôt diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> <strong>le</strong> situer. Le problème est que si <strong>le</strong>s interventions portent fruit et que l’effet estpositif, il n’y a pas d’acharnement thérapeutique. Mais si <strong>le</strong>s interventions ne font que prolonger <strong>le</strong>ssouffrances d’un nouveau-né, on peut invoquer l’acharnement thérapeutique. Le constat est donc fait aposteriori et s’avère peu uti<strong>le</strong> pour <strong>le</strong> processus décisionnel, sinon comme mise en gar<strong>de</strong> <strong>de</strong> portée généra<strong>le</strong>.Dans une situation où un bébé réanimé à la naissance décè<strong>de</strong> après quelques jours, on pourrait affirmer qu’il ya eu acharnement thérapeutique et que même la réanimation initia<strong>le</strong> en faisait partie. Étant donnél’incertitu<strong>de</strong> impossib<strong>le</strong> à éliminer au sta<strong>de</strong> actuel <strong>de</strong>s connaissances quant au pronostic individuel <strong>de</strong>s enfantsextrêmement prématurés, <strong>le</strong> risque d’acharnement thérapeutique est toujours présent.LORSQUE L’ARRÊT DES TRAITEMENTS NE SIGNIFIE PAS L’ARRÊT DE LA VIEAu Québec, la pratique <strong>de</strong> l’euthanasie active chez <strong>le</strong>s nouveau-nés pour qui l’arrêt <strong>de</strong> traitement aété décidé, ne semb<strong>le</strong> pas faire partie <strong>de</strong> la pratique courante. C’est du moins ce qui transparaît du casrécemment médiatisé d’un bébé montréalais qui a continué <strong>de</strong> respirer, <strong>de</strong> façon autonome, lorsque <strong>le</strong>respirateur a été retiré. Certains mé<strong>de</strong>cins, appuyés par <strong>le</strong> comité d’éthique <strong>de</strong> l’hôpital, ont décidé <strong>de</strong>maintenir l’alimentation artificiel<strong>le</strong> du nourrisson, se refusant à <strong>le</strong> faire mourir par privation alimentaire.L’enfant a donc survécu et vit maintenant avec <strong>de</strong> lour<strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s dont une paralysie cérébra<strong>le</strong> sévère etune impossibilité permanente à être nourri autrement que par gavage. Il semb<strong>le</strong> qu’une tel<strong>le</strong> situation auraitpu diffici<strong>le</strong>ment survenir en France où l’euthanasie, même si el<strong>le</strong> n’est pas toujours ainsi nommée, fait partie<strong>de</strong> la pratique comme en témoigne Anne Pail<strong>le</strong>t : « Lorsqu’un arrêt <strong>de</strong> traitement a été décidé, celui qui doitl’effectuer ne se contente pas d’éteindre <strong>le</strong>s appareils <strong>de</strong> ventilation. Arrêter une ventilation implique souventl’injection préalab<strong>le</strong> d’un produit provoquant l’arrêt <strong>de</strong> l’activité cardiaque [4] (p. 37)… » El<strong>le</strong> cite aussi unauteur français, reconnu dans <strong>le</strong> champ <strong>de</strong> la néonatalogie, qui expose <strong>le</strong> raisonnement suivant : « En casd’arrêt thérapeutique, il n’est pas tolérab<strong>le</strong> que cet arrêt soit suivi d’une agonie, prolongée et douloureusepour l’enfant, insupportab<strong>le</strong> pour la famil<strong>le</strong>… et pour <strong>le</strong> personnel soignant. Nous nous opposons en celafortement à certaines recommandations d’équipes anglaises ou américaines qui se contentent d’arrêter uncertain nombre <strong>de</strong> traitements, jusque et y compris l’alimentation et la perfusion <strong>de</strong>s enfants. En pratique, ceciimplique que, lorsque la mort est acceptée comme un ultime recours, il faut recourir à <strong>de</strong>s drogues sédativespuissantes (Dehan (1989), cité par Pail<strong>le</strong>t [4] p. 67). » Cet extrait date un peu et il est probab<strong>le</strong> que <strong>le</strong>s77


pratiques aient évolué <strong>de</strong>puis ce temps. Mais comme en témoigne <strong>le</strong> cas présenté en début <strong>de</strong> paragraphe, ilsemb<strong>le</strong> que l’arrêt <strong>de</strong>s traitements constitue parfois la seu<strong>le</strong> action entreprise lorsqu’on déci<strong>de</strong> que <strong>le</strong> mieuxpour l’enfant est <strong>de</strong> ne pas vivre plus longtemps [7]. Si une tel<strong>le</strong> décision a été prise, c’est que <strong>de</strong>s indicesportent à croire que même si l’enfant survit, <strong>le</strong>s dommages cérébraux seront très importants. Évi<strong>de</strong>mment, il ya toujours un risque <strong>de</strong> se tromper, mais il semb<strong>le</strong> qu’à ce sta<strong>de</strong> il importe <strong>de</strong> faire preuve <strong>de</strong> courage et d’êtrefidè<strong>le</strong> aux décisions prises.LES PRINCIPES ÉTHIQUESLes principes <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> l’autonomie <strong>de</strong> la personne, <strong>de</strong> bienfaisance, d’équité et du respect <strong>de</strong> lavie humaine peuvent être considérés comme universels dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong>s soins <strong>de</strong> santé. Ils peuvent aussiêtre considérés comme consensuels auprès <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> la santé ainsi que perçus comme <strong>de</strong>s <strong>de</strong>voirsprima facie. Cela signifie que <strong>le</strong>s exigences qu’ils génèrent ne correspon<strong>de</strong>nt pas à <strong>de</strong>s obligations mora<strong>le</strong>sabsolues que tout professionnel a <strong>le</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> respecter. Un travail d’analyse et <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion reste à faire. Si <strong>le</strong>sprincipes entrent en conflit dans une situation clinique particulière, c’est l’examen minutieux du contexte quidéterminera <strong>le</strong>quel ou <strong>le</strong>squels <strong>de</strong>s principes auront priorité [8].BIENFAISANCELa bienfaisance engage <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin à agir en vue d’une balance supérieure <strong>de</strong>s bénéfices cliniques sur<strong>le</strong>s torts pour chaque patient. Le jugement clinique fondé sur la bienfaisance (beneficience-based clinicaljudgement) doit prendre appui sur <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures évi<strong>de</strong>nces (best availab<strong>le</strong> evi<strong>de</strong>nce). Les principes <strong>de</strong>bienfaisance (favoriser <strong>le</strong>s bénéfices) et <strong>de</strong> non-malfaisance (minimiser <strong>le</strong>s torts) sont souvent évoqués maiscertains auteurs préfèrent utiliser seu<strong>le</strong>ment <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> bienfaisance. C’est <strong>le</strong> cas <strong>de</strong> Saint-Arnaud [8] quiest d’avis qu’il est préférab<strong>le</strong> <strong>de</strong> réunir ensemb<strong>le</strong> <strong>le</strong>s principes <strong>de</strong> bienfaisance et <strong>de</strong> non-malfaisance sousl’égi<strong>de</strong> du principe <strong>de</strong> bienfaisance, considérant que tous <strong>le</strong>s types d’intervention comportent <strong>de</strong>s torts, neserait-ce que minimaux. De façon généra<strong>le</strong>, lorsqu’une évaluation <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> santé indique qu’un traitementou un soin n’est pas requis, il n’y a pas d’obligation mora<strong>le</strong> à offrir ce traitement. De plus, lorsque <strong>le</strong>straitements eux-mêmes entraînent plus <strong>de</strong> torts que <strong>de</strong> bénéfices, il est temps <strong>de</strong> <strong>le</strong>s interrompre [8] (p. 253).Le principe <strong>de</strong> bienfaisance s’applique différemment en contexte <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> ou d’extrême prématurité parcomparaison à d’autres situations d’urgence. En effet, <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> décision ne vise pas à choisir lameil<strong>le</strong>ure option <strong>de</strong> traitement, mais plutôt à déci<strong>de</strong>r si l’enfant sera soigné ou non [9]. Cette situation cliniqueparticulière constitue un contexte <strong>de</strong> décision diffici<strong>le</strong>.RESPECT DE L’AUTONOMIE INDIVIDUELLEL’autonomie peut être définie comme la capacité d’une personne <strong>de</strong> se gouverner el<strong>le</strong>-même etd’exercer sa liberté sans contrainte <strong>de</strong> la part d’une autre personne ou sans limitation psychologique ou78


physique. Il s’agit <strong>de</strong> l’élément fondamental du droit à l’autodétermination [10]. Le respect <strong>de</strong> l’autonomieindividuel<strong>le</strong> s’est implanté dans <strong>le</strong> milieu <strong>de</strong> la santé, comme en témoigne l’obligation dans laquel<strong>le</strong> setrouvent <strong>le</strong>s professionnels <strong>de</strong> la santé <strong>de</strong> <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r <strong>le</strong> consentement du mala<strong>de</strong> avant <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à uneintervention chirurgica<strong>le</strong> ou à un examen à risque [11].La société ou <strong>le</strong> contexte dans <strong>le</strong>squels évolue une personne peut l’ai<strong>de</strong>r ou lui nuire dans la voie <strong>de</strong>l’autodétermination. L’enfant prématuré né à la limite <strong>de</strong> la viabilité, en tant que personne mineure, n’est pasautonome; <strong>de</strong> plus, il se trouve dans une situation additionnel<strong>le</strong> <strong>de</strong> vulnérabilité par son état physique. Une ouplusieurs personnes <strong>de</strong>vront prendre <strong>de</strong>s décisions déterminantes quant à son avenir et ces décisions <strong>de</strong>vrontêtre prises en considérant <strong>de</strong> façon prioritaire <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt global <strong>de</strong> l’enfant. Afin <strong>de</strong> préserver unecertaine autonomie du nouveau-né sur <strong>le</strong> plan symbolique, une place importante <strong>de</strong>vrait être accordée auxparents dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> décision, puisqu’ils sont <strong>le</strong>s personnes <strong>le</strong>s plus immédiatement dévouées à sonbien-être, à la réalisation <strong>de</strong> son projet <strong>de</strong> vie.Sur <strong>le</strong> plan juridique, <strong>le</strong>s parents sont titulaires <strong>de</strong> l’autorité parenta<strong>le</strong>, ce qui <strong>le</strong>ur confère <strong>le</strong> droit et <strong>le</strong><strong>de</strong>voir <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong>s décisions qu’ils considèrent appropriées pour <strong>le</strong> bien-être futur <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur nouveau-né. Lerespect <strong>de</strong> l’autonomie du patient ne signifie pas que <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin n’a pas <strong>le</strong> droit et la responsabilité <strong>de</strong>s’opposer aux souhaits <strong>de</strong>s parents s’il <strong>le</strong>s considère déraisonnab<strong>le</strong>s. Dans une étu<strong>de</strong> réalisée en 2005 [12], <strong>le</strong>smé<strong>de</strong>cins interrogés ont mentionné qu’ils n’accompliraient pas un traitement qu’ils jugent contre-indiqué,même si <strong>le</strong> parent en faisait la <strong>de</strong>man<strong>de</strong>. Habituel<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins impliquent davantage <strong>le</strong>s parents dans<strong>le</strong>s situations où il y a un haut niveau d’incertitu<strong>de</strong>. Cela est compatib<strong>le</strong> avec <strong>le</strong>s lignes directrices émises parl’Académie Américaine <strong>de</strong> Pédiatrie (American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics) qui stipu<strong>le</strong>nt que lorsqu’il y a unpronostic incertain, selon <strong>le</strong>quel la survie est incertaine, <strong>le</strong> taux <strong>de</strong> morbidité relativement é<strong>le</strong>vé et <strong>le</strong> far<strong>de</strong>auanticipé pour l’enfant éga<strong>le</strong>ment é<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong>s désirs parentaux quand aux soins à apporter doivent être supportés[13].INTÉRÊT SUPÉRIEUR DE L’ENFANTAgir dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant est un concept issu <strong>de</strong> la bioéthique qui peut ai<strong>de</strong>r àcomprendre <strong>le</strong>s dimensions mora<strong>le</strong>s et éthiques liées aux efforts <strong>de</strong> réanimation et aux soins intensifs fournisaux bébés nés à la limite <strong>de</strong> la viabilité. Ce concept permet <strong>de</strong> mettre l’accent sur <strong>le</strong>s points qui pourraient «intéresser » <strong>le</strong>s enfants, tels que <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> souffrance et <strong>de</strong> dou<strong>le</strong>ur impliqué par <strong>le</strong>s soins requis, laprobabilité <strong>de</strong> survivre sans incapacité majeure et la disponibilité du support à long terme dans l’éventualitéoù une incapacité majeure serait présente [14]. Le principe <strong>de</strong> l’intérêt supérieur <strong>de</strong> l’enfant implique quel’histoire clinique et <strong>le</strong> dossier médical <strong>de</strong> l’enfant doivent être <strong>le</strong> déterminant premier <strong>de</strong>s actions; cetteposition privilégie la prééminence <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> bienfaisance et <strong>de</strong> non-malfaisance [15].La volonté d’agir dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant n’est toutefois pas faci<strong>le</strong> à traduire en termes <strong>de</strong>critères <strong>de</strong> décision quant aux soins à offrir ou à ne pas offrir, comme l’exprime Chiswick : « Le meil<strong>le</strong>ur intérêt<strong>de</strong> l’enfant repose inévitab<strong>le</strong>ment sur la perception <strong>de</strong>s autres, que ce soit <strong>le</strong>s parents ou <strong>le</strong> personnel médical.Le résultat probab<strong>le</strong> est un facteur majeur qui influence cette perception, ce qui constitue un problèmemajeur. Malgré que <strong>de</strong>s données sur <strong>le</strong>s taux <strong>de</strong> survie moyens et sur <strong>le</strong>s risques d’incapacités chez <strong>le</strong>s79


survivants soient disponib<strong>le</strong>s, <strong>de</strong>s marqueurs fiab<strong>le</strong>s <strong>de</strong>s impacts <strong>de</strong> la prématurité pour un individu enparticulier ne sont pas disponib<strong>le</strong>s au moment où <strong>le</strong>s décisions doivent être prises, c’est-à-dire au moment <strong>de</strong>la naissance ou un peu avant (traduction libre, [14] p. 9). » Cela soulève la question du consentement libre etéclairé.LE CONSENTEMENT LIBRE ET ÉCLAIRÉSelon <strong>le</strong> principe d’autonomie, <strong>le</strong> consentement est dit éclairé quand la personne qui prend ladécision, pour el<strong>le</strong>-même ou en tant que représentante, a reçu et compris <strong>le</strong>s éléments d’informationnécessaires à sa décision. El<strong>le</strong> <strong>de</strong>vra être renseignée adéquatement sur la nature et la qualité <strong>de</strong>s actesenvisagés, <strong>le</strong>s complications éventuel<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s risques prévisib<strong>le</strong>s et fréquents, la probabilité <strong>de</strong> succès et <strong>le</strong>soptions ou <strong>le</strong>s effets possib<strong>le</strong>s, ainsi que sur <strong>le</strong>s conséquences <strong>de</strong> l’absence <strong>de</strong> traitement. Le consentementsera considéré comme libre s’il est obtenu sans subterfuge, sans abus <strong>de</strong> confiance ou <strong>de</strong> vio<strong>le</strong>nce, sanschantage ou autres contraintes [10]. L’idéal du consentement éclairé peut être diffici<strong>le</strong> à atteindre étant donné<strong>le</strong>s incertitu<strong>de</strong>s inhérentes au pronostic en néonatalogie; <strong>le</strong>s parties en présence, et au premier chef <strong>le</strong>sparents, cherchent à prendre la meil<strong>le</strong>ure décision dans <strong>le</strong>s circonstances, au mieux <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs connaissances.RESPECT DE LA VIE HUMAINE OU PROTECTION DE LA VIE BIOLOGIQUESelon Vil<strong>le</strong>neuve (2001) [10], la protection <strong>de</strong> la vie biologique <strong>de</strong> l’être humain constitue une va<strong>le</strong>urtrès importante sur <strong>le</strong> plan éthique sans toutefois primer dans tous <strong>le</strong>s cas. Les progrès scientifiques ettechniques permettent <strong>de</strong> prolonger la vie, mais parfois à un prix très é<strong>le</strong>vé, tant pour la personne el<strong>le</strong>-mêmeque pour ses proches, <strong>le</strong>s soignants et la société. La qualité <strong>de</strong> vie peut alors s’avérer un repère uti<strong>le</strong> aujugement moral, qui permet <strong>de</strong> pondérer <strong>le</strong> <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> protection <strong>de</strong> la vie biologique. Bref, la volonté <strong>de</strong>préserver la vie à tout prix peut se réaliser au détriment d’une qualité <strong>de</strong> vie satisfaisante.LA QUALITÉ DE VIELa qualité <strong>de</strong> vie, améliorée par <strong>le</strong> progrès scientifique et technique, est <strong>de</strong>venue une va<strong>le</strong>uressentiel<strong>le</strong> <strong>de</strong> notre époque. L’évaluation <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie d’une personne suppose une approche globa<strong>le</strong><strong>de</strong> la situation. On se <strong>de</strong>man<strong>de</strong> donc si <strong>le</strong> far<strong>de</strong>au et <strong>le</strong>s risques du traitement proposé sont moindres que <strong>le</strong>sbienfaits escomptés. Le concept <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vie est subjectif et relié au sens que chacun donne à la vie, à lasouffrance, à la mort. Ainsi, une infirmière qui souhaite évaluer la qualité <strong>de</strong> vie d’un patient <strong>de</strong>vra tenircompte <strong>de</strong> l’opinion <strong>de</strong> la personne ou <strong>de</strong> son répondant, si la première se trouve dans l’impossibilité <strong>de</strong> <strong>le</strong>faire. Plusieurs auteurs distinguent <strong>de</strong>ux critères <strong>de</strong> base pour déterminer si la personne jouit d’une qualité <strong>de</strong>vie minima<strong>le</strong> : la conscience <strong>de</strong> soi (être conscient <strong>de</strong> sa propre réalité et <strong>de</strong> son rapport à l’environnement) etla capacité d’interaction avec autrui (présence d’une vie relationnel<strong>le</strong> ou socia<strong>le</strong>). Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux repères,<strong>le</strong>s auteurs s’enten<strong>de</strong>nt sur <strong>le</strong> caractère largement subjectif <strong>de</strong>s composantes et du niveau <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong> vienécessaire pour accé<strong>de</strong>r au bien-être. Cette définition varie entre <strong>le</strong>s individus selon <strong>le</strong>ur histoire <strong>de</strong> vie, <strong>le</strong>ursva<strong>le</strong>urs et <strong>le</strong>ur situation actuel<strong>le</strong>.80


JUSTICE, JUSTESSE ET ÉQUITÉ DANS LA PRESTATION DE S SERVICESDans <strong>le</strong> système <strong>de</strong> santé québécois, l’égalité <strong>de</strong>s citoyens se manifeste principa<strong>le</strong>ment dans <strong>le</strong>principe <strong>de</strong> l’universalité <strong>de</strong>s soins et services <strong>de</strong> santé. Le principe <strong>de</strong> justice et d’équité dans la prestation <strong>de</strong>sservices est durement mis à l’épreuve aujourd’hui, alors que <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> la rareté <strong>de</strong>s ressourcescommencent à se faire sentir [16].On peut être amené à penser que la justice et l’équité sont <strong>de</strong>s idéaux auxquels il faut tendre, maisqu’il est diffici<strong>le</strong> d’atteindre dans <strong>le</strong>s conditions actuel<strong>le</strong>s. Premièrement, <strong>le</strong>s êtres humains ne sont pas égaux,en particulier face à la maladie. Ils ne sont pas égaux non plus en ce qui concerne <strong>le</strong>s traitements offertscomme <strong>le</strong> montre l’exemp<strong>le</strong> suivant. Les bébés nés dans <strong>de</strong>s centres d’excel<strong>le</strong>nce ont en effet <strong>de</strong> meil<strong>le</strong>ureschances <strong>de</strong> survie. Les auteurs ont comparé <strong>le</strong>urs données avec d’autres étu<strong>de</strong>s et ont observé qu’il y a <strong>de</strong>sdifférences dans <strong>le</strong>s conséquences négatives chez <strong>le</strong>s bébés <strong>le</strong>s plus immatures. L’amp<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> cette différenceest considérab<strong>le</strong> puisque naître dans un « centre d’excel<strong>le</strong>nce » équivaut pour un bébé <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 25semaines, à être né une semaine plus tard dans un centre « ordinaire » [17]. Deuxièmement, pour qu’il y aitéquité, il faudrait que <strong>le</strong>s torts et <strong>le</strong>s bénéfices soient répartis éga<strong>le</strong>ment. Cela est évi<strong>de</strong>mment impossib<strong>le</strong>dans <strong>le</strong> contexte <strong>de</strong>s enfants prématurés qui auront à vivre avec <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s. Si <strong>de</strong>s services étaientdisponib<strong>le</strong>s pour ai<strong>de</strong>r <strong>le</strong>s famil<strong>le</strong>s qui vivent avec un enfant « handicapé », <strong>le</strong>s principes <strong>de</strong> justice et d’équitéseraient plus respectés. Ce n’est toutefois pas <strong>le</strong> cas actuel<strong>le</strong>ment au Québec.On ne peut par<strong>le</strong>r <strong>de</strong> justice sans abor<strong>de</strong>r aussi <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> justesse. Dans plusieurs décisions, lava<strong>le</strong>ur <strong>de</strong> la décision est en rapport avec la satisfaction d’impératifs tels que la justesse, l’équité et la justice. Lajustesse s’applique à ce qui convient pour une situation particulière, il s’agit du « juste » dans un certaincontexte et relatif à la réalité [18]. L’impératif <strong>de</strong> justesse met l’accent sur <strong>le</strong> contexte unique à prendre encompte pour chacune <strong>de</strong>s décisions. Il s’agit en d’autres termes <strong>de</strong> prendre une décision pertinente parrapport aux données scientifiques, mais aussi par rapport à la situation précise rencontrée. Cela inclut <strong>de</strong>sparamètres médicaux et <strong>de</strong>s éléments d’ordre social, culturel, religieux ou autre [18].LA COMPÉTENCELa compétence apparaît comme un préalab<strong>le</strong> au respect <strong>de</strong>s principes éthiques, et el<strong>le</strong> estdirectement impliquée dans l’application <strong>de</strong>s principes <strong>de</strong> bienfaisance et <strong>de</strong> non-malfaisance. La compétencesuppose une mise à jour <strong>de</strong>s connaissances, une pratique qui tient compte <strong>de</strong>s résultats probants, <strong>de</strong>l’expérience et du jugement clinique. Toute pratique est à la fois science et art. Ces <strong>de</strong>ux composantes réuniessont <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures garanties d’une pratique quotidienne éthique [8].PRINCIPE DE PRÉCAUTIO NLe principe <strong>de</strong> précaution est un principe d’action qui autorise <strong>le</strong>s pouvoirs publics à prendre <strong>le</strong>smesures nécessaires pour faire face à <strong>de</strong>s risques éventuels, même si on ne dispose pas <strong>de</strong>s connaissancesscientifiques nécessaires pour établir l’existence <strong>de</strong> ces risques [19] (p. 1728). L’objet du principe <strong>de</strong>précaution est d’ai<strong>de</strong>r à prendre <strong>de</strong>s décisions dans un contexte d’incertitu<strong>de</strong>. Il a pour postulat que l’absence81


<strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> scientifique sur <strong>le</strong>s risques <strong>de</strong> dommages graves et/ou irréversib<strong>le</strong>s ne doit pas être vue commeune raison suffisante pour retar<strong>de</strong>r l’adoption <strong>de</strong> mesures visant à prévenir la dégradation <strong>de</strong>l’environnement. Ce principe prend en considération qu’il ne suffit plus <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong>s risquesconnus dont la survenue peut faire l’objet d’un calcul <strong>de</strong> probabilité.Les avancées rapi<strong>de</strong>s <strong>de</strong> la science et <strong>de</strong> la technologie et <strong>le</strong>s risques qu’el<strong>le</strong>s représentent appel<strong>le</strong>ntune sécurité renforcée qui oblige à prendre en compte <strong>de</strong>s risques incertains, c’est-à-dire <strong>de</strong>s risquessimp<strong>le</strong>ment soupçonnés comme <strong>de</strong>s risques résiduels ou reportés [20].Dans <strong>le</strong> contexte <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> ou l’extrême prématurité ou plutôt dans <strong>le</strong> contexte où il y a naissanced’un enfant en état <strong>de</strong> mort apparente et qu’une réanimation doit être entreprise pour qu’il ait une chance <strong>de</strong>vivre, <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> précaution est applicab<strong>le</strong>. Il peut l’être en raison <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> du pronostic qui esttoujours présente puisque certaines anomalies sont indétectab<strong>le</strong>s avant plusieurs semaines. Dans uneperspective globa<strong>le</strong> <strong>de</strong> la réanimation <strong>de</strong>s nouveau-nés prématurés, <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> précaution pourrait doncêtre invoqué pour favoriser un arrêt <strong>de</strong> traitement afin <strong>de</strong> limiter <strong>le</strong> risque que l’enfant vive avec <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>simportantes. Évi<strong>de</strong>mment, en agissant <strong>de</strong> la sorte, on élimine aussi la possibilité que l’enfant survive sansséquel<strong>le</strong>. Donc cette approche selon laquel<strong>le</strong> il est plus important d’éviter <strong>de</strong> traiter à tort que d’éviterd’arrêter un traitement à tort est possib<strong>le</strong>ment préférab<strong>le</strong> si on pense à l’intérêt global <strong>de</strong>s enfants quinaissent en état <strong>de</strong> mort apparente. El<strong>le</strong> permet en effet d’éviter <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s souffrances vécues par <strong>le</strong>sfamil<strong>le</strong>s et <strong>le</strong>s enfants qui auront à vivre avec <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s hautement débilitantes. El<strong>le</strong> l’est, du moins, enfonction <strong>de</strong> l’état actuel <strong>de</strong>s connaissances scientifiques qui ne permettent pas <strong>de</strong> faire un pronostic fiab<strong>le</strong> <strong>de</strong>façon précoce. Cette incertitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>vrait inciter <strong>le</strong> corps médical à agir avec pru<strong>de</strong>nce et à faire en sorte quemoins d’enfants lour<strong>de</strong>ment hypothéqués « sortent » <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> soins néonataux, même si à cela doitnécessairement correspondre une augmentation <strong>de</strong> la mortalité <strong>de</strong> ces nouveau-nés.LIGNES DIRECTRICES CONCERNANT LARÉANIMATIONL’Académie Américaine <strong>de</strong> Pédiatrie (American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics), par l’intermédiaire du Comitésur <strong>le</strong> Fœtus et <strong>le</strong> Nouveau-né (Committee on Fœtus and Newborn) a émis <strong>de</strong>s lignes directrices concernant laprise <strong>de</strong> décisions liée à la non-initiation ou l’arrêt <strong>de</strong>s soins intensifs pour <strong>le</strong>s nouveau-nés à haut risque <strong>de</strong>mortalité ou <strong>de</strong> morbidité grave [13]. De façon généra<strong>le</strong>, ils énoncent que <strong>le</strong> traitement <strong>de</strong> ces enfants doitcorrespondre à ce qui est perçu comme étant dans <strong>le</strong>ur meil<strong>le</strong>ur intérêt et mentionnent que <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>sprofessionnels <strong>de</strong> la santé sont souvent confrontés à <strong>de</strong>s décisions diffici<strong>le</strong>s concernant <strong>le</strong> traitement à donnerou non, en partie parce que <strong>le</strong>s effets <strong>de</strong> ces décisions sur l’avenir <strong>de</strong>s enfants ne sont pas toujours prévisib<strong>le</strong>s.Ils décrivent <strong>de</strong> la façon suivante ce qu’ils nomment <strong>le</strong> di<strong>le</strong>mme <strong>de</strong> traitement (treatment di<strong>le</strong>mma) : <strong>le</strong>traitement intensif <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s nouveau-nés très mala<strong>de</strong>s peut résulter en la mort différée, accompagnée d’uninconfort significatif pour l’enfant ou dans la survie avec <strong>de</strong>s incapacités inacceptab<strong>le</strong>s en termes <strong>de</strong> qualité <strong>de</strong>82


vie. D’un autre côté, une abstention <strong>de</strong> traitement augmente la mortalité ainsi que la morbidité car certainspourront survivre, mais manifester <strong>de</strong>s déficiences neuro-développementa<strong>le</strong>s importantes. Les <strong>de</strong>uxapproches risquent <strong>de</strong> résulter en <strong>de</strong>s évènements non prédictib<strong>le</strong>s et non désirés (traduction libre, [13]). Lecomité fait <strong>le</strong>s recommandations suivantes concernant la prise <strong>de</strong> décisions <strong>de</strong> non-initiation et d’arrêt <strong>de</strong>traitements pour <strong>le</strong>s nouveaux-nés à haut risque [13] :1) Les décisions doivent être prises conjointement par l’équipe médica<strong>le</strong> et <strong>le</strong>s parents. Cette approchenécessite une communication ouverte et honnête. Une évaluation continue <strong>de</strong> la condition et dupronostic <strong>de</strong> l’enfant est essentiel<strong>le</strong> et <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin doit transmettre cette information avec exactitu<strong>de</strong>et ouvertement aux parents.2) Les parents doivent être <strong>de</strong>s participants actifs dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décisions.3) Des soins <strong>de</strong> base visant <strong>le</strong> confort doivent être offerts à tous <strong>le</strong>s enfants, incluant ceux pour qui <strong>le</strong>ssoins intensifs ne sont pas fournis.4) La décision d’initier ou <strong>de</strong> continuer <strong>le</strong>s soins intensifs doit être basée uniquement sur l’avis quel’enfant va bénéficier <strong>de</strong>s traitements reçus. Il est inapproprié que ces traitements soient maintenuslorsque la condition <strong>de</strong> l’enfant est incompatib<strong>le</strong> avec la vie ou lorsque <strong>le</strong>s traitements sont jugésnuisib<strong>le</strong>s, inuti<strong>le</strong>s ou futi<strong>le</strong>s.Ces recommandations apportent <strong>de</strong>s précisions aux lignes directrices concernant l’arrêt <strong>de</strong> traitement, émisesdans un <strong>document</strong> publié en 2006 [21], qui peuvent être résumées ainsi:1) Lorsque la durée <strong>de</strong> la gestation (p. ex. moins <strong>de</strong> 23 semaines), <strong>le</strong> poids à la naissance (p. ex. moins <strong>de</strong>400 g) ou <strong>de</strong>s anomalies congénita<strong>le</strong>s (p. ex. anencéphalie, trisomie 13) sont associés avec une mortprécoce presque certaine, et lorsqu’une morbidité inacceptab<strong>le</strong> est probab<strong>le</strong> chez <strong>le</strong>s rares survivants,une réanimation n’est pas indiquée.2) Dans <strong>de</strong>s conditions associées avec un haut taux <strong>de</strong> survie sans déficience ou avec <strong>de</strong>s déficiencesacceptab<strong>le</strong>s, la réanimation est presque toujours indiquée. Cela inclut généra<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s enfants d’âgegestationnel <strong>de</strong> 25 semaines ou plus (à moins qu’il y ait <strong>de</strong>s évi<strong>de</strong>nces comme quoi la santé du fœtusest compromise, tel<strong>le</strong>s que : infections intra-utérines, hypoxie-ischémie et malformationscongénita<strong>le</strong>s).3) Dans <strong>de</strong>s conditions associées avec un pronostic incertain dans <strong>le</strong>quel la survie est incertaine et <strong>le</strong>taux <strong>de</strong> morbidité relativement é<strong>le</strong>vé et <strong>le</strong> far<strong>de</strong>au anticipé pour l’enfant est é<strong>le</strong>vé, <strong>le</strong>s désirsparentaux concernant l’initiation <strong>de</strong> la réanimation doivent être supportés.4)83


LA PLACE DES PARENTSPlusieurs groupes (International Liaison Committee on Ressuscitation (ILCOR), British Association ofPerinatal Medicine (BAPM), American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics (AAP)) ont mis l’emphase sur l’importance <strong>de</strong>l’implication parenta<strong>le</strong> dans la prise <strong>de</strong> décisions éthiques diffici<strong>le</strong>s, particulièrement lorsqu’il y a une faib<strong>le</strong>probabilité <strong>de</strong> survie et <strong>de</strong>s taux é<strong>le</strong>vés <strong>de</strong> risque <strong>de</strong> morbidité, comme c’est <strong>le</strong> cas chez <strong>le</strong>s bébés âgés entre23 et 24 semaines et 6 jours [22]. À partir <strong>de</strong> 25 semaines, <strong>le</strong> pronostic concernant la survie et la morbidité estmeil<strong>le</strong>ur et une décision « clinique » semb<strong>le</strong> plus appropriée qu’avant l’âge gestationnel <strong>de</strong> 25 semaines. Lacommunication a éga<strong>le</strong>ment été i<strong>de</strong>ntifiée comme <strong>le</strong> plus important facteur aussi bien par <strong>le</strong>s donneurs <strong>de</strong>soins que par <strong>le</strong>s parents. Idéa<strong>le</strong>ment, <strong>le</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins périnataux <strong>de</strong>vraient avoir <strong>de</strong>s habi<strong>le</strong>tés d’écouteet <strong>de</strong> transmission <strong>de</strong> l’information. Le processus doit être transparent, honnête et ouvert [23]. D’un point <strong>de</strong>vue scientifique, il a été rapporté que <strong>le</strong>s données présentées aux parents pour <strong>le</strong>s ai<strong>de</strong>r à prendre unedécision éclairée au sujet <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur enfant extrêmement prématuré surestiment souvent <strong>le</strong>s risques <strong>de</strong> mortalitéet <strong>de</strong> morbidité à long terme, augmentant la probabilité que <strong>le</strong>s parents souhaitent arrêter <strong>le</strong>s efforts <strong>de</strong>réanimation (Blanco et al., cité par Byrne [22]).L’obligation mora<strong>le</strong> et léga<strong>le</strong> <strong>de</strong> fournir une information appropriée, notamment en considération <strong>de</strong>son caractère indispensab<strong>le</strong> pour permettre un consentement éclairé, constitue un droit fondamental dupatient, indépendamment <strong>de</strong> tout usage qu’il en fait. Une différence importante, en matière d’information encontexte périnatal en regard <strong>de</strong>s autres situations <strong>de</strong> soins, rési<strong>de</strong> dans <strong>le</strong> fait que l’interlocuteur <strong>de</strong>s soignantsn’est pas directement la personne soignée. Cet interlocuteur possè<strong>de</strong> aussi la particularité d’être un coup<strong>le</strong>(dans la plupart <strong>de</strong>s cas) et il se peut qu’il y ait désaccord entre <strong>le</strong>s conjoints. L’information est faite <strong>de</strong> savoirs,certes, mais el<strong>le</strong> est intégrée à un ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong> croyances, <strong>de</strong> perceptions et d’affects chez <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>sfemmes qui la reçoivent, mais aussi chez <strong>le</strong>s soignants. El<strong>le</strong> est aussi <strong>le</strong> ref<strong>le</strong>t <strong>de</strong>s opinions individuel<strong>le</strong>s avec<strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s il faut compter. Informer n’est donc pas se limiter à délivrer une connaissance qui viendrait occuperun terrain vierge [14]. Le mé<strong>de</strong>cin qui fournit l’information au patient doit donc être conscient que chaquepersonne a un bagage moral et émotionnel différent et que cela influencera sa perception <strong>de</strong> l’informationreçue. Il <strong>de</strong>vra s’assurer que <strong>le</strong>s parents comprennent bien l’information transmise et être disponib<strong>le</strong> pourrépondre à <strong>le</strong>urs questions.Dehan et al. (2001) exposent bien la place qui doit être accordée aux parents dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong>prise <strong>de</strong> décision, mais aussi la responsabilité dont ne peuvent pas se décharger <strong>le</strong>s professionnels <strong>de</strong> la santé :« La pratique nous a amenés à considérer qu’on ne peut pas laisser <strong>le</strong>s parents déci<strong>de</strong>r seuls <strong>de</strong> la vie ou <strong>de</strong> lamort <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur bébé, même si on pense <strong>le</strong>s avoir bien éclairés. À l’opposé, on ne peut pas non plus accepter que<strong>le</strong>s décisions médica<strong>le</strong>s soient prises sans l’accord ou l’acceptation <strong>de</strong>s parents. Il existe une voie médiane,consistant à travail<strong>le</strong>r la relation mé<strong>de</strong>cin-parents <strong>de</strong> tel<strong>le</strong> façon que chacun, à la place qui est la sienne, joueson rô<strong>le</strong> par rapport à l’enfant [15] (p. 414). » L’autonomie du patient, assurée dans <strong>le</strong> cas qui nous occupe par<strong>le</strong> respect <strong>de</strong> l’autorité parenta<strong>le</strong>, ne signifie donc pas que <strong>le</strong>s parents doivent déci<strong>de</strong>r seuls, sur la base <strong>de</strong>statistiques présentées par <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin, <strong>de</strong> l’avenir <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur enfant. Cela signifie plutôt que <strong>le</strong> parent a <strong>le</strong> <strong>de</strong>voir<strong>de</strong> protéger son enfant en s’assurant que <strong>le</strong>s meil<strong>le</strong>ures décisions possib<strong>le</strong>s soient prises afin <strong>de</strong> protéger sonintégrité, même si cela ne peut se réaliser que dans l’arrêt <strong>de</strong> traitement et donc dans la mort du nouveau-né.84


Dans une étu<strong>de</strong> qualitative réalisée auprès <strong>de</strong> parents d’enfants nés à la limite <strong>de</strong> la viabilité ainsi qued’infirmières et <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins travaillant en néonatalogie, Kavanaugh et al. (2005) ont constaté que la majorité<strong>de</strong>s parents, mais pas tous, souhaitaient être impliqués dans la prise <strong>de</strong> décisions [12]. Le niveau d’implicationsouhaité par <strong>le</strong>s parents peut donc différer et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins doivent être en mesure <strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong>spréférences <strong>de</strong>s parents et <strong>de</strong> s’adapter à ces différents cas <strong>de</strong> figure. La majorité <strong>de</strong>s parents qui souhaitaientêtre impliqués dans la prise <strong>de</strong> décision souhaitaient aussi obtenir une recommandation <strong>de</strong> la part dumé<strong>de</strong>cin. Un tel constat est similaire au modè<strong>le</strong> <strong>de</strong> la décision partagée (shared <strong>de</strong>cision making) dont <strong>le</strong>sprincipa<strong>le</strong>s caractéristiques sont : 1) <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>le</strong>s patients sont impliqués, 2) <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux parties partagentl’information et 3) <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux parties prennent <strong>de</strong>s dispositions pour construire un consensus quant autraitement privilégié. Tout au long du parcours, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin fait part <strong>de</strong> ses recommandations <strong>de</strong> traitement aupatient. Les auteurs soutiennent que l’utilisation d’un tel modè<strong>le</strong> peut être uti<strong>le</strong> avec plusieurs parents aucours du processus <strong>de</strong> décision pour <strong>le</strong>s enfants nés <strong>de</strong> façon extrêmement prématurés.DOIT-ON PROTÉGER LES PARENTS ?Dans <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> réanimation néonata<strong>le</strong> en France, il semb<strong>le</strong>, à la <strong>le</strong>cture du livre d’Anne Pail<strong>le</strong>t(2007) [4] que <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>le</strong>s plus âgés défen<strong>de</strong>nt généra<strong>le</strong>ment la mise à distance <strong>de</strong>s parents alors que <strong>le</strong>sinternes et <strong>le</strong>s infirmières semb<strong>le</strong>nt soucieux <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur faire une place plus large. Deux arguments principauxsont emmenés par <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins seniors pour gar<strong>de</strong>r à distance <strong>le</strong>s parents : la notion <strong>de</strong> protectionpsychologique <strong>de</strong>s parents et la définition <strong>de</strong> la compétence décisionnel<strong>le</strong> comme étant nécessairement unecompétence médica<strong>le</strong>. Des mé<strong>de</strong>cins pensent protéger <strong>le</strong>s parents en ne <strong>le</strong>ur disant pas que <strong>le</strong>s traitements <strong>de</strong><strong>le</strong>ur nouveau-né ont été arrêtés mais simp<strong>le</strong>ment qu’il est mort. Ils soutiennent que savoir ce qui s’est passéou avoir participé à la décision ne ferait que <strong>le</strong>s culpabiliser pour <strong>le</strong> reste <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur vie [4] (pp. 88-89). Une tel<strong>le</strong>attitu<strong>de</strong> <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins est probab<strong>le</strong>ment beaucoup plus rare en Amérique du Nord mais il existe peut-êtrequelques cas. Étant donné que <strong>le</strong>s parents sont <strong>le</strong>s personnes touchées en premier par ce qui arrive à <strong>le</strong>urenfant, peut-être <strong>de</strong>vraient-ils prendre part à toutes <strong>le</strong>s décisions et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins <strong>de</strong>vraient-ils se faire un<strong>de</strong>voir <strong>de</strong> ne <strong>le</strong>ur cacher aucune information pertinente. L’attitu<strong>de</strong> paternaliste qui cherche à protéger <strong>le</strong>sparents et à réserver <strong>le</strong>s décisions au mé<strong>de</strong>cin pourrait même avoir un effet contraire en faisant sentir auxparents qu’ils ont été manipulés ou qu’ils n’ont pu assumer <strong>le</strong>ur rô<strong>le</strong> <strong>de</strong> protecteur, <strong>le</strong>ur p<strong>le</strong>ine responsabilitémora<strong>le</strong> envers <strong>le</strong>ur enfant.PARTICULARITÉS DE LA COMMUNICATION EN CONTEXTE DE GRANDE PRÉMATURITÉIl peut être faci<strong>le</strong> <strong>de</strong> revendiquer ici que <strong>le</strong>s parents détiennent <strong>le</strong> p<strong>le</strong>in pouvoir décisionnel. Toutefois,dans la réalité, <strong>le</strong>s émotions sont vives et <strong>le</strong> parent peut se sentir dépassé. Le moins que l’on puisse dire c’estque dans <strong>le</strong> cas d’une naissance extrêmement ou très prématurée, <strong>le</strong>s parents sont assurément sous <strong>le</strong> choc etne sont pas à <strong>le</strong>ur meil<strong>le</strong>ur pour analyser une situation et pour prendre <strong>de</strong>s décisions. Certains diront que cetétat d’esprit <strong>le</strong>s rend inaptes à déci<strong>de</strong>r, mais peut-être est-ce impru<strong>de</strong>nt <strong>de</strong> <strong>le</strong>s dépossé<strong>de</strong>r ainsi <strong>de</strong> <strong>le</strong>urresponsabilité. Il importe plutôt <strong>de</strong> remédier à ce problème en recherchant un équilibre entre <strong>le</strong>s besoins, <strong>le</strong>sdroits et <strong>le</strong>s responsabilités <strong>de</strong> chaque partie. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin pourrait conseil<strong>le</strong>r aux parents <strong>de</strong> sefaire accompagner par une personne ressource pour la gestion <strong>de</strong> l’information et la communication avec85


l’équipe soignante. Dans ces moments <strong>de</strong> gran<strong>de</strong>s émotions, <strong>le</strong>s parents ont besoin d’être guidés, compris etaccompagnés et investir dans un tel accompagnement pourrait être bénéfique pour <strong>le</strong> parent, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin etsans doute, pour <strong>le</strong> jeune patient. Étant donné <strong>le</strong> caractère très urgent <strong>de</strong> la décision <strong>de</strong> réanimation d’unnouveau-né, une mesure d’accompagnement n’est d’aucune ai<strong>de</strong> lorsque <strong>le</strong> bébé est né à la limite <strong>de</strong> laviabilité. Toutefois, cela pourrait ai<strong>de</strong>r à résoudre d’autres di<strong>le</strong>mmes éthiques qui pourront survenir plus tard.Afin que <strong>le</strong>s parents puissent prendre <strong>de</strong>s décisions éclairées, il serait souhaitab<strong>le</strong> qu’ils soientinformés <strong>de</strong>s risques <strong>de</strong> prématurité et <strong>de</strong>s conséquences qui peuvent s’en suivre. Cela pourrait se faire aucours du suivi <strong>de</strong> la grossesse, <strong>de</strong> la même façon qu’on informe <strong>le</strong>s parents <strong>de</strong> la possibilité <strong>de</strong> faire <strong>le</strong>dépistage <strong>de</strong> la trisomie 21 et <strong>de</strong>s options qui peuvent en décou<strong>le</strong>r. Un coup<strong>le</strong> qui a réfléchi à la situation etqui s’est <strong>document</strong>é pourrait déci<strong>de</strong>r d’une non intervention en cas <strong>de</strong> naissance prématurée où l’enfant naîten état <strong>de</strong> mort apparente. Il pourrait aussi <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r à ce que <strong>de</strong>s traitements soient entrepris et cettedécision serait alors vraiment éclairée. Comme dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s interventions réalisées chez <strong>de</strong>s enfants ou <strong>de</strong>sadultes, <strong>le</strong> principe d’autonomie est primordial chez <strong>le</strong>s nouveau-nés et, conséquemment, <strong>le</strong>s parents doiventprendre plus <strong>de</strong> place dans <strong>le</strong> processus <strong>de</strong> décision.CONCLUSIONLe but <strong>de</strong> ce texte n’était pas <strong>de</strong> prendre une position définitive sur ce qui est bien ou ce qu’il estéthiquement correct <strong>de</strong> faire quant aux décisions <strong>de</strong> traitements <strong>de</strong>s bébés nés à la limite <strong>de</strong> la viabilité. Celadit, force est d’admettre qu’il est très diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> rester neutre lorsqu’on réfléchit à <strong>de</strong>s enjeux éthiques <strong>de</strong>cette amp<strong>le</strong>ur, qui touchent par surcroît <strong>le</strong>s personnes peut-être <strong>le</strong>s plus vulnérab<strong>le</strong>s parmi nous, <strong>le</strong>s grandsprématurés. La neutralité ou l’objectivité en éthique n’est pas possib<strong>le</strong> et n’est pas non plus souhaitab<strong>le</strong> danstous <strong>le</strong>s aspects <strong>de</strong> ce type <strong>de</strong> réf<strong>le</strong>xion. Une certaine objectivité est à propos lorsqu’il est temps <strong>de</strong> répertorier<strong>le</strong>s éléments scientifiques et <strong>de</strong> faire une revue <strong>de</strong>s pratiques, <strong>de</strong>s raisons et va<strong>le</strong>urs qui motivent cespratiques. Cependant, lorsque vient <strong>le</strong> temps <strong>de</strong> hiérarchiser <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs ou <strong>de</strong>s risques comme dans <strong>le</strong>paragraphe ainsi intitulé, l’objectivité scientifique s’avère peu uti<strong>le</strong>. Sans cé<strong>de</strong>r sur l’importance <strong>de</strong> la rigueuret <strong>de</strong> la cohérence argumentative, il faut plutôt regar<strong>de</strong>r la situation avec une sensibilité et une humanité quisont propres à chaque personne. Il faut s’imprégner d’une problématique et savoir ce que viventconcrètement <strong>le</strong>s personnes impliquées. Des difficultés tel<strong>le</strong>s que l’incertitu<strong>de</strong> initia<strong>le</strong> du pronostic et <strong>le</strong>caractère quelquefois tardif <strong>de</strong> la révélation <strong>de</strong> complications tel<strong>le</strong>s que <strong>le</strong>s anomalies cérébra<strong>le</strong>s <strong>de</strong> lasubstance blanche apparaissent insurmontab<strong>le</strong>s au sta<strong>de</strong> actuel <strong>de</strong>s connaissances. Les équipes peuvent aussiêtre parfois confrontées à une situation où l’enfant a acquis une autonomie respiratoire et est apparemmenten bonne santé, mais présente un pronostic neurologique sévèrement compromis. Ces exemp<strong>le</strong>s visent àdémontrer qu’il est impossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> « ne jamais faire d’erreurs » lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision et que <strong>de</strong>s enfantslour<strong>de</strong>ment handicapés continueront <strong>de</strong> « sortir » <strong>de</strong>s unités <strong>de</strong> soins néonataux. Toutefois, en préconisantune approche pru<strong>de</strong>nte qui n’a pas pour assise la réanimation <strong>de</strong> tous <strong>le</strong>s nouveau-nés en état <strong>de</strong> mort86


apparente et qui vise la plus faib<strong>le</strong> morbidité possib<strong>le</strong>, même si cela implique que la mortalité soit plus é<strong>le</strong>vée,il est possib<strong>le</strong> d’améliorer <strong>le</strong>s résultats <strong>de</strong> la pratique et <strong>de</strong> limiter la souffrance <strong>de</strong>s famil<strong>le</strong>s impliquées.87


ANNEXE 1Définitions <strong>de</strong> concepts clés en éthique, inspirés <strong>de</strong> Saint-Arnaud (2008), sans toutefois adopter son approche<strong>de</strong> l’éthique par principes.Théorie éthique : <strong>le</strong>s théories éthiques ou philosophies mora<strong>le</strong>s sont essentiel<strong>le</strong>s pour explorer la significationet <strong>le</strong> fon<strong>de</strong>ment rationnel <strong>de</strong>s principes qui servent <strong>de</strong> repères à la réf<strong>le</strong>xion et favorisent la résolution <strong>de</strong>sconflits, <strong>de</strong>s problèmes et <strong>de</strong>s di<strong>le</strong>mmes éthiques.Principes éthiques : ce sont <strong>de</strong>s repères conçus pour répondre aux enjeux éthiques contemporains en éthique<strong>de</strong> la santé. Ils sont issus du sens commun, <strong>de</strong> l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> situations concrètes problématiques et <strong>de</strong> l’apport<strong>de</strong>s théories éthiques. Le respect <strong>de</strong> l’autonomie et son application dans la règ<strong>le</strong> du consentement libre etéclairé en sont <strong>de</strong>s exemp<strong>le</strong>s.Enjeu éthique : objet d’étu<strong>de</strong>, <strong>de</strong> recherche, <strong>de</strong> débats qui émane d’une situation, d’une pratique et qui pose<strong>le</strong> problème <strong>de</strong> l’orientation <strong>de</strong> l’action en termes <strong>de</strong> va<strong>le</strong>urs.Problème éthique : situation qui exige l’examen <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs en cause dans une situation en vue d’unedécision. Dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> la santé, <strong>le</strong> problème d’éthique a trait au sens <strong>de</strong> l’intervention. Il peut seprésenter comme un conflit entre <strong>de</strong>s va<strong>le</strong>urs personnel<strong>le</strong>s, professionnel<strong>le</strong>s ou institutionnel<strong>le</strong>s.Di<strong>le</strong>mme éthique : type <strong>de</strong> problème dans <strong>le</strong>quel se présentent une ou plusieurs options d’interventionéthiquement acceptab<strong>le</strong>s, mais exclusives l’une <strong>de</strong> l’autre. Un choix doit être fait, mais <strong>le</strong>s arguments éthiquesà l’appui <strong>de</strong> chacune <strong>de</strong>s options sont perçus comme étant d’égal poids et ne permettent pas, à première vue,d’accor<strong>de</strong>r préséance à une option d’intervention plus qu’à une autre.88


RÉFÉRENCES1. Buchh, B., Graham, N., Harris, B., Sims, S., Corpuz, M., Lantos, J., et al. (2007). Neonatology has alwaysbeen a bargain - even when we weren't very good at it! Acta Paediatrica, 96(5), 659-663.2. Landmann, E., Misselwitz, B., Steiss, J. O., & Gortner, L. (2008). Mortality and morbidity of neonates bornat


17. Chervenak, F. A., McCullough, L. B., & Levene, M. I. (2007). An ethically justified, clinically comprehensiveapproach to peri-viability: Gynaecological, obstetric, perinatal and neonatal dimensions. Journal of Obstetrics& Gynaecology, 27(1), 3-7.18. Azria, E., Bétrémieux, P., Caeymaex, L., Debillon, T., Fournié, A., Huil<strong>le</strong>ry, M.-L., et al. (2008). L'informationdans <strong>le</strong> contexte du soin périnatal : aspects éthiques. Gynecologie Obstetrique & Fertilite, 36(4), 476-483.19. Canto-Sperber, M., (2001). Dictionnaire d'éthique et <strong>de</strong> philosophie mora<strong>le</strong>, Presses universitaires <strong>de</strong>France, Paris, 1728 p.20. Comtois, S. (2006). L’émergence du principe <strong>de</strong> précaution en droit administratif canadien, barreau duQuébec, la revue, tome 66, p. 401-414.21. American Heart Association, & American Aca<strong>de</strong>my of Pediatrics. (2006). 2005 American Heart Association(AHA) Gui<strong>de</strong>lines for Cardiopulmonary Resuscitation (CPR) and Emergency Cardiovascular Care (ECC) ofPediatric and Neonatal Patients: Neonatal Resuscitation Gui<strong>de</strong>lines. Pediatrics, 117(5), 1029-1038.22. Byrne, S., Szyld, E., & Kattwinkel, J. (2008). The ethics of <strong>de</strong>livery-room resuscitation. Seminars In Fetal &Neonatal Medicine, 13(6), 440-447.23. Kent, A. L., Casey, A., & Kei, L. (2007). Collaborative <strong>de</strong>cision-making for extreme premature <strong>de</strong>livery.Journal of Paediatrics & Child Health, 43 (6), 489-491.90


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE V : LES GRANDS PRÉMATURÉS : LÉGALEMENT VIVANTS ?Par :Pierre-Luc Simard91


REMERCIEMENTS DE LA PART DE L'AUTEURJe tiens tout d'abord à présenter mes plus sincères remerciements à Me Michel T. Giroux pour son assistanceet ses conseils éclairés, fruit <strong>de</strong> ses années d'expérience à titre d'avocat et <strong>de</strong> philosophe, qui ont été <strong>de</strong>s plusprécieux pour la rédaction et l'amélioration du présent texte. Je profite <strong>de</strong> la même occasion pourremerciement, Mme Catherine Avignon, étudiant en droit (régime Coop) à l'Université <strong>de</strong> Sherbrooke pour sonai<strong>de</strong> lors pour la version anglophone <strong>de</strong> cette partie. Je tiens aussi à remercier Mme Anne-Marie Gagné,responsab<strong>le</strong> et coordonnatrice du présent projet pour son soutien et son implication qui ont rendu tout celapossib<strong>le</strong>.PRÉSENTATION DE L'AUTEUREOriginaire <strong>de</strong> la région du Saguenay-Lac-Saint-Jean, Pierre-Luc poursuit actuel<strong>le</strong>ment ses étu<strong>de</strong>s en droit à lafaculté <strong>de</strong> droit <strong>de</strong> l'Université <strong>de</strong> Sherbrooke. Il possè<strong>de</strong> <strong>de</strong> soli<strong>de</strong>s bases dans <strong>le</strong> domaine scientifiqueacquises lors <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s collégia<strong>le</strong>s (sciences <strong>de</strong> la nature) et universitaires (certificat en physique-Sherbrooke 2012).Aimant autant <strong>le</strong>s relations interpersonnel<strong>le</strong>s que la rigueur scientifique, il a longtemps cherché à concilier ses<strong>de</strong>ux intérêts. Ses recherches l'ont mené vers <strong>le</strong> droit, plus précisément vers programme <strong>de</strong> Droit et sciences<strong>de</strong> la vie. Ce programme, exclusif à l'Université <strong>de</strong> Sherbrooke, vise la formation <strong>de</strong> "juristes-scientifiques" parl'étu<strong>de</strong> simultanée du droit (baccalauréat) et <strong>de</strong> la biologie (maîtrise type cours) . Cette formation particulièreprépare une relève <strong>de</strong> juristes prêts pour la réalité <strong>de</strong> <strong>de</strong>main, soit un mon<strong>de</strong> dans <strong>le</strong>quel <strong>le</strong>s avancées <strong>de</strong> lascience se font <strong>de</strong> plus en plus présentes dans la vie <strong>de</strong>s tous <strong>le</strong>s jours. Ces avancées représentent biensouvent <strong>de</strong>s révolutions technologiques auxquel<strong>le</strong>s <strong>le</strong> droit (dans sa forme actuel<strong>le</strong> du moins) n’a pasnécessairement <strong>de</strong> réponse. Ainsi, dans <strong>le</strong> cadre d’une société <strong>de</strong> droit tel<strong>le</strong> que la nôtre, <strong>le</strong> droit <strong>de</strong>vras’adapter à ces nouvel<strong>le</strong>s réalités. Les OGM, bien que d’actualité et très médiatisés, ne sont pas <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>spréoccupations «jurico-scientifiques» qui bou<strong>le</strong>versent notre société. En effet, au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s questions <strong>de</strong>propriété intel<strong>le</strong>ctuel<strong>le</strong>, <strong>de</strong> risques environnementaux et <strong>de</strong> manipulations génétiques, se trouve une vastezone grise où droit et science se rencontrent et même parfois s’affrontent, faute <strong>de</strong> consensus. Le statutjuridique <strong>de</strong>s très grands prématurés se trouve justement dans ce «no man’s land» où, <strong>de</strong> part et d’autre, seterrent dans <strong>le</strong>ur retranchement respectif <strong>le</strong> droit et la science.Au travers <strong>de</strong> ses étu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong> ses emplois, Pierre-Luc s’implique dans sa communauté étudiante enparticipant à sa manière à l'amélioration <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci. En hiver 2012, il a agi à titre <strong>de</strong> bénévo<strong>le</strong> à la Clé <strong>de</strong>sDroits (service <strong>de</strong> soutien juridique offert gratuitement à la population) et il siège actuel<strong>le</strong>ment sur <strong>le</strong> conseild'administration <strong>de</strong> la CoopUdS à titre d'administrateur et <strong>de</strong> secrétaire (C.E.). De plus, il met ses92


connaissances et ses habi<strong>le</strong>tés scientifiques à la disposition <strong>de</strong>s élèves du secondaire et du collégial en offrantun service d'ai<strong>de</strong> aux <strong>de</strong>voirs en science, plus précisément en mathématique, physique et chimie.Énergique et fonceur, il n’hésite pas à prendre part (parfois simultanément) à toute sorte <strong>de</strong> projets, car pourlui chaque nouvel<strong>le</strong> expérience est synonyme d’apprentissage et représente une cor<strong>de</strong> <strong>de</strong> plus à son arc. Sonaspiration est <strong>de</strong> toujours se dépasser !En vous souhaitant bonne <strong>le</strong>cture93


INTRODUCTIONÀ mesure que <strong>le</strong>s progrès <strong>de</strong> la science avancent, l’espérance <strong>de</strong> vie augmente. Cecis’explique par <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>s multip<strong>le</strong>s percées technologiques dans une multitu<strong>de</strong> <strong>de</strong> domainesoffrent <strong>de</strong>s conditions <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> plus en plus favorab<strong>le</strong>s au développement et au maintien <strong>de</strong> la viehumaine. Parmi toutes ces avancées, cel<strong>le</strong>s du domaine médical sont très certainement cel<strong>le</strong>s qui ont<strong>le</strong> plus contribué à cette augmentation <strong>de</strong> la longévité. En effet, l’espérance <strong>de</strong> vie moyenne, auCanada, est passée <strong>de</strong> 60 ans en 1920 à 79,5 ans en 2002 1 (tout sexe confondu). Cette hausse est«[l]’accroissement continu <strong>de</strong> l’espérance <strong>de</strong> vie au cours <strong>de</strong>s <strong>de</strong>rnierssièc<strong>le</strong>s a été attribué à l’amélioration <strong>de</strong> la nutrition et <strong>de</strong> l’hygiène, àl’accès à <strong>de</strong> l’eau potab<strong>le</strong>, au contrô<strong>le</strong> efficace <strong>de</strong>s naissances et àl’immunisation, ainsi qu’à d’autres interventions médica<strong>le</strong>s 2 .»À l’autre extrémité <strong>de</strong> la situation, un phénomène relativement nouveau fait en sorte que lavie <strong>de</strong> l’être humain débute <strong>de</strong> plus en plus tôt. En effet, alors que la durée norma<strong>le</strong> d’une grossessehumaine est d’environ 37 semaines, il arrive que l’accouchement survienne bien avant, ainsi <strong>le</strong>qualificatif <strong>de</strong> «prématuré» est attribué au nouveau-né. Ce genre d’événement, que l’on pouvaitautrefois considérer comme <strong>de</strong>s fausses couches «sont <strong>de</strong>venues [<strong>de</strong>s] naissances d’enfantsextrêmement prématurés…» 3 grâce aux progrès médicaux, notamment en néonatalogie. On constated’ail<strong>le</strong>urs une augmentation du nombre <strong>de</strong> naissances prématurées. Par exemp<strong>le</strong>, pour 2000-2002,environ 73 500 naissances prématurées (< 37 semaines) ont été répertoriées, alors que pour 2005-2007, ce nombre est passé à environ 83 250, soit une augmentation d’environ 15 % sur 5 ans 4 .Parmi ceux-ci, certains sont qualifiés «très grands prématurés», car nés entre la 22 e et 25 esemaine <strong>de</strong> gestation 5 , et sont ceux dont <strong>le</strong>s chances <strong>de</strong> survie sont <strong>le</strong>s plus incertaines, bien qu’el<strong>le</strong>saient augmenté durant la <strong>de</strong>rnière décennie 6 . Ce faib<strong>le</strong> taux <strong>de</strong> survie positionne <strong>le</strong>s parents etspécialistes <strong>de</strong> la santé dans une position <strong>de</strong>s plus floue. En effet, la prise <strong>de</strong> décision concernant <strong>le</strong>type <strong>de</strong> soin à fournir au nourrisson dans un tel contexte soulève <strong>de</strong>s questions éthiques et juridiquesface à la possibilité <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>s graves et permanentes et du faib<strong>le</strong> taux <strong>de</strong> survie <strong>de</strong>s très grandsprématurés. Nous verrons qu’une collaboration très étroite entre <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins est alorsrequise afin <strong>de</strong> prendre la décision la plus éclairée possib<strong>le</strong> concernant <strong>le</strong>s gestes à poser (ou pas),car94


«[l]a naissance imminente d’un très grand prématuré suscite <strong>de</strong> ladétresse et <strong>de</strong> l’incertitu<strong>de</strong> au sein <strong>de</strong> la famil<strong>le</strong> et chez <strong>le</strong>s professionnels<strong>de</strong> la santé. Les parents doivent faire <strong>de</strong>s choix diffici<strong>le</strong>s sur laréanimation et <strong>le</strong>s soins <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur nourrisson.» 7La décision prise concernant <strong>le</strong>s soins à prodiguer (ou pas) au prématuré doit prendre enconsidération l’enjeu médical inhérent aux prématurés, soit <strong>le</strong> fait que «[l]es enfants prématurés sontà risque é<strong>le</strong>vé <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>s médica<strong>le</strong>s 8 et d’anomalies du développement 9 ».Le présent texte traitera alors <strong>de</strong>s trois points <strong>de</strong> vue juridiques possib<strong>le</strong>s <strong>de</strong>vant une tel<strong>le</strong>situation ; 1) <strong>le</strong> prématuré et son droit à l’intégrité <strong>de</strong> sa personne 10 (auquel cas il faut définir <strong>le</strong> statutjuridique <strong>de</strong> l’enfant prématuré afin <strong>de</strong> s’assurer qu’il dispose d’un tel droit), 2) <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>urpouvoir <strong>de</strong> consentement en ce qui concerne <strong>le</strong>s soins apportés à un mineur <strong>de</strong> moins <strong>de</strong> 14 ans 11 ,et fina<strong>le</strong>ment 3) <strong>le</strong>s mé<strong>de</strong>cins et <strong>le</strong>urs <strong>de</strong>voirs et obligations découlant <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur profession.PARTIE I — LE STATUT JURIDIQUE DE L’ENFANT NÉ TRÈS PRÉMATURÉ1.1 La personnalité juridiqueL’importance <strong>de</strong> la personnalité juridique est tel<strong>le</strong>, que <strong>le</strong> législateur (c’est-à-dire l’autorité quia <strong>le</strong> pouvoir d’adopter <strong>de</strong>s lois, soit l’Assemblée nationa<strong>le</strong> au Québec) la consacre à l’artic<strong>le</strong> premierdu Co<strong>de</strong> civil du Québec (C.c.Q.) en stipulant que «[t]out être humain possè<strong>de</strong> la personnalitéjuridique; il a la p<strong>le</strong>ine jouissance <strong>de</strong>s droits civils. 12 » Par contre, il n’existe aucune définition précise<strong>de</strong>s termes «être humain» et <strong>de</strong> «personne», ni dans <strong>le</strong> C.c.Q., ni dans <strong>le</strong>s autres lois provincia<strong>le</strong>squébécoises. C’est donc par déduction, suite à l’analyse <strong>de</strong> l’économie généra<strong>le</strong> <strong>de</strong>s dispositions duC.c.Q. 13 , qu’il sera possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> déterminer <strong>de</strong>s critères permettant <strong>de</strong> trancher la question. En effet,on retrouve <strong>de</strong>s indices dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong> la succession 14 et dans celui du droit <strong>de</strong>s obligations 15qui nous indiquent que la vie semb<strong>le</strong> être <strong>le</strong> critère déterminant. Après analyse <strong>de</strong> ces indices, onpeut conclure que la personnalité juridique «commence et disparaît avec la vie» 16 , donc la naissanceet la mort sont <strong>de</strong>s moments clés marquant respectivement <strong>le</strong> début et la fin <strong>de</strong> la personnalitéjuridique, et par conséquent <strong>de</strong>s droits civils qui lui sont reliés, « tel <strong>le</strong> droit à la vie, à l’inviolabilité età l’intégrité <strong>de</strong> sa personne» 17 , qui sont sans doute <strong>le</strong>s plus importants.À ce sta<strong>de</strong>-ci, il est bon <strong>de</strong> préciser que <strong>le</strong> fœtus ne possè<strong>de</strong> pas la personnalité juridique.En effet, la Cour suprême du Canada (C.S.C.) (la plus haute instance judiciaire du pays) a statué,95


dans l’affaire Tremblay c. Daig<strong>le</strong> 18 , que <strong>le</strong> fœtus n’était pas une entité distincte <strong>de</strong> la mère et que parconséquent ne possédait pas la personnalité juridique, se retrouvant ainsi sans droit ni protectionparticulière. Par conséquent, la naissance, soit la séparation physique <strong>de</strong> l’enfant et <strong>de</strong> la mère,semb<strong>le</strong> constituer <strong>le</strong> premier critère pour la détermination du statut juridique <strong>de</strong> «personne». Alorsque ce critère a été déduit <strong>de</strong> la jurispru<strong>de</strong>nce civi<strong>le</strong> , <strong>le</strong> Co<strong>de</strong> criminel (C.cr.) quant à lui estbeaucoup plus explicite et moins réticent sur la définition d’«être humain» ;«Un enfant <strong>de</strong>vient un être humain au sens <strong>de</strong> la présente loi lorsqu’il est complètementsorti, vivant, du sein <strong>de</strong> sa mère :a) qu’il ait respiré ou non;b) qu’il ait ou non une circulation indépendante;c) que <strong>le</strong> cordon ombilical soit coupé ou non.» 19On remarque que <strong>le</strong> C.cr. utilise <strong>le</strong> terme «être humain» et non «personne». Cette différence<strong>de</strong> terminologie est sans inci<strong>de</strong>nce <strong>de</strong>puis que la C.S.C. s’est penchée sur la question 20 et qu’el<strong>le</strong> astatué «qu’il n’y avait pas à distinguer entre <strong>le</strong>s <strong>de</strong>ux termes, <strong>le</strong> mot «personne» étant synonyme <strong>de</strong>l’expression «être humain». Il est donc aujourd’hui permis d’affirmer que «personne» et «êtrehumain» sont, en droit canadien, <strong>de</strong>s mots interchangeab<strong>le</strong>s.» 21Par contre, la simp<strong>le</strong> naissance (séparation physique <strong>de</strong> la mère) ne suffit par à l’octroi <strong>de</strong> lapersonnalité juridique. Effectivement,«[l]es tribunaux fixent <strong>le</strong> début <strong>de</strong> l'existence à la naissance <strong>de</strong> l'enfant, dansla mesure où l'enfant naît vivant et viab<strong>le</strong>. Cette doub<strong>le</strong> condition décou<strong>le</strong>d'une interprétation <strong>de</strong> l'artic<strong>le</strong> 608 C.c.B.-C., repris par l'artic<strong>le</strong> 617 C.c.Q.portant sur <strong>le</strong>s qualités requises pour succé<strong>de</strong>r. La condition <strong>de</strong> naissancevivante et viab<strong>le</strong> est reprise en matière <strong>de</strong> donation par contrat <strong>de</strong> mariage(art. 1840 C.c.Q.) et d'assurances (art. 2447 C.c.Q.).» [Nos soulignements] 2296


Ainsi <strong>de</strong>ux nouvel<strong>le</strong>s conditions s’ajoutent à la naissance; l’enfant doit être vivant et viab<strong>le</strong>. Lapremière condition peut être vue comme une continuité du processus d’indépendance <strong>de</strong> la mère. Eneffet,«[l]a condition <strong>de</strong> naissance vivante sera considérée parfaite si l'êtrehumain a respiré complètement, s'il a la capacité d'avoir une vie autonome<strong>de</strong> cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> sa mère, ce qui n'exclut pas qu'il puisse requérir <strong>de</strong>s soinsmédicaux.» 23Le fait qu’il meurt peu <strong>de</strong> temps suivant la naissance importe peu, l’essentiel est que pour uninstant, aussi court fût-il, l’enfant ait vécu par lui-même pour se voir attribué la personnalité juridique 24 ,à condition bien sûr que sa viabilité n’est pas été contestée avec succès.En ce qui concerne <strong>le</strong> second critère accessoire à la naissance, la viabilité«[…] fait appel à son potentiel <strong>de</strong> survivre. Ce potentiel se déterminepar expertise médica<strong>le</strong>. La viabilité est toutefois présumée lorsqu'il naît vivant. Ilappartient alors à la personne qui conteste la viabilité <strong>de</strong> faire lapreuve <strong>de</strong> la non-viabilité 25 » 26 .La preuve <strong>de</strong> la non-viabilité peut se faire <strong>de</strong> tous moyens, quoique l’expertise médica<strong>le</strong> resteun incontournab<strong>le</strong> dans ce genre <strong>de</strong> situation 32 . Reste à qualifier cette expertise, car avec <strong>le</strong>développement <strong>de</strong> la technologie médica<strong>le</strong>, il est maintenant possib<strong>le</strong> <strong>de</strong> prendre en main <strong>de</strong>sprématurés présentant <strong>de</strong>s problèmes <strong>de</strong> maturité <strong>de</strong> plus en plus importants 27 .32 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd, Cowansvil<strong>le</strong>, ÉditionYvon Blais, 2008, p.19.97


La viabilité est conditionnel<strong>le</strong> à <strong>de</strong>ux critères : 1) une maturité adéquate, qui réfère au niveau <strong>de</strong>développement que doit avoir atteint <strong>le</strong> fœtus pour survivre, et 2) une bonne conformation, quis’établie par une constitution complète <strong>de</strong> l’enfant, i.e. que tous <strong>le</strong>s organes vitaux sont présents et enétat <strong>de</strong> fonctionner 28 . D’un point <strong>de</strong> vue clinique, la viabilité d’un organisme se détermine par sacapacité <strong>de</strong> vivre par lui-même ex utero et <strong>de</strong> se développer, voir se reproduire. Le critère reproductifest surtout utilisé dans <strong>le</strong> domaine <strong>de</strong>s organismes génétiquement modifiés, donc ne trouve pasnécessairement application dans la situation qui nous concerne. La survie d’un organisme dépend dubon fonctionnement <strong>de</strong> ses fonctions vita<strong>le</strong>s soient, <strong>le</strong> cœur, l’activité cérébra<strong>le</strong> et la respiration.Il y a ainsi une présomption en faveur <strong>de</strong> la reconnaissance <strong>de</strong> la personnalité juridique auxprématurés et par conséquent <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur statut <strong>de</strong> «personne» et <strong>de</strong> <strong>le</strong>urs droits civils.1.2 Viabilité et droit aux soinsLa prestation <strong>de</strong> soins <strong>de</strong> nature médica<strong>le</strong> est intimement liée à la condition d’«être humain».En effet, <strong>le</strong> droit à la vie 29 implique que toute personne est en droit <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s soins afin <strong>de</strong>maintenir au mieux son état <strong>de</strong> santé. Pour maintenir cet état, <strong>le</strong>s soins d’ordre médicaux sontessentiels, or pour que ceux-ci puissent être prodigués, il faut respecter <strong>le</strong> droit à l’intégrité etl’inviolabilité <strong>de</strong> la personne 30 et par conséquent obtenir <strong>le</strong> consentement <strong>de</strong> la personne ou <strong>de</strong> sonreprésentant 31 , <strong>le</strong> cas échéant.Mais avant, encore faut-il être éligib<strong>le</strong> à recevoir ses soins. En effet la Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong>santé et services sociaux 32 , qui met en place un «[...] régime <strong>de</strong> services <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> servicessociaux institué par la présente loi a pour but <strong>le</strong> maintien et l'amélioration <strong>de</strong> la capacitéphysique[…]» 33 , énumère <strong>de</strong>s droits qui sont octroyés, d’après son économie, exclusivement à <strong>de</strong>s«personnes». En effet, selon ses dispositions traitant du droit <strong>de</strong>s usagers, «[t]oute personne a <strong>le</strong>droit d'être informée <strong>de</strong> l'existence <strong>de</strong>s services et <strong>de</strong>s ressources disponib<strong>le</strong>s dans son milieu enmatière <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong> services sociaux ainsi que <strong>de</strong>s modalités d'accès à ces services et à cesressources.» 34 ; «[t]oute personne a <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> recevoir <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>de</strong>s servicessociaux adéquats sur <strong>le</strong>s plans à la fois scientifique, humain et social, avec continuité et <strong>de</strong> façonpersonnalisée et sécuritaire.» 35 ; «[t]oute personne a <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> choisir <strong>le</strong> professionnel oul'établissement duquel el<strong>le</strong> désire recevoir <strong>de</strong>s services <strong>de</strong> santé ou <strong>de</strong>s services sociaux.» 36 [Nossoulignements]98


On remarque ainsi l’importance <strong>de</strong> l’attribution <strong>de</strong> la personnalité juridique et tout <strong>le</strong> débatqu’el<strong>le</strong> suscite lorsqu’il s’agit <strong>de</strong> déterminer si la présomption <strong>de</strong> viabilité <strong>de</strong>s très grands prématurésa été repoussée ou pas. En effet, si la présomption est <strong>le</strong>vée, <strong>le</strong> prématuré serait-il en droit <strong>de</strong>recevoir ou d’exiger <strong>de</strong>s soins ? Deux hypothèses alors se présentent. Soit <strong>le</strong> prématuré satisfait auxexigences <strong>de</strong> la personnalité juridique, voyant ainsi son droit à la vie protégé par la Loi 37 et ainsiaugmenter considérab<strong>le</strong>ment ses chances <strong>de</strong> survie, soit il ne passe pas <strong>le</strong> test, et la possibilité d’unrefus <strong>de</strong> soin équivaudra alors à une condamnation à mort. Seu<strong>le</strong>ment cette prise <strong>de</strong> consciencenous permet d’apprécier l’importance <strong>de</strong> la qualification <strong>de</strong> la viabilité <strong>de</strong>s très grands prématurés, ils’agit pour eux littéra<strong>le</strong>ment d’une question <strong>de</strong> vie ou <strong>de</strong> mort. Devant la difficulté que représentel’application <strong>de</strong> ce critère dans <strong>le</strong> cas <strong>de</strong>s très grands prématurés, «[l]e <strong>de</strong>rnier mot sur la viabilité <strong>de</strong>l’enfant revient donc à la profession médica<strong>le</strong>, et par voie <strong>de</strong> conséquence, au pouvoir souverain dujuge, lorsqu’il doit se prononcer sur une expertise en la matière.» 38Certains auteurs se questionnent sur <strong>le</strong> bien-fondé même <strong>de</strong> ce critère, car « […] <strong>le</strong> respectque l’on doit à tout être humain vivant plai<strong>de</strong> en faveur d’une reconnaissance <strong>de</strong> la personnalitéjuridique <strong>de</strong> l’enfant non viab<strong>le</strong> avant sa mort, aussi temporaire ou conditionnel<strong>le</strong> qu’el<strong>le</strong> puisseêtre.» 39 Afin <strong>de</strong> comp<strong>le</strong>xifier un peu plus <strong>le</strong> tout, la Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et services sociaux 40stipu<strong>le</strong> que «[l]e droit aux services <strong>de</strong> santé et aux services sociaux et <strong>le</strong> droit <strong>de</strong> choisir <strong>le</strong>professionnel et l'établissement prévus aux artic<strong>le</strong>s 5 et 6, s'exercent en tenant compte […] <strong>de</strong>sressources humaines, matériel<strong>le</strong>s et financières dont il dispose.» 41 Ainsi, la détermination <strong>de</strong> laviabilité d’un prématuré peut être influencée par <strong>de</strong>s critères matériels. Cette considération n’est paslimitée au réseau <strong>de</strong> la santé, mais doit aussi être expliquée aux parents et prise en considérationpar ceux-ci lors <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur décision concernant <strong>le</strong> consentement aux soins pour <strong>le</strong>ur enfant prématuré.Autant pour <strong>le</strong> réseau <strong>de</strong> la santé que pour <strong>le</strong>s parents, la prise en charge d’un prématuré a <strong>de</strong>sconséquences pécuniaires et matériel<strong>le</strong>s importantes non négligeab<strong>le</strong>s qui doivent impérativementmis dans la balance lors <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décisions concernant l’avenir du prématuré.PARTIE II- PARENTS: DROITS ET DEVOIRSLes parents ont un rô<strong>le</strong> essentiel dans tout ce processus. En effet, en tant que détenteur <strong>de</strong>l’autorité parenta<strong>le</strong>, c’est eux qui ont <strong>le</strong> pouvoir <strong>de</strong> prise <strong>de</strong> décision en ce qui concerne <strong>le</strong>99


consentement aux soins du prématuré. En effet, l’inviolabilité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong> droit à sonintégrité 42 ne peuvent être outrepassés sans <strong>le</strong> consentement libre et éclairé.«Le consentement exprimé doit être libre <strong>de</strong> toute contrainte. Il doit aussi êtreéclairé, c’est-à-dire que la personne, avant <strong>de</strong> s’engager, doit avoirl’information nécessaire pour prendre une décision en toute connaissance <strong>de</strong>cause[…] Lapersonne doit pouvoir faire un véritab<strong>le</strong> choix d’accepter ou <strong>de</strong>refuser <strong>le</strong>s interventions proposées.» 43Il est important <strong>de</strong> tenir compte du fait que l’équipe soignante puisse induire aisément unecertaine «pression» <strong>de</strong> par <strong>le</strong>ur position <strong>de</strong> professionnels <strong>de</strong> la santé 44 :«Pour être vali<strong>de</strong>, « <strong>le</strong> consentement doit être libre ». Se situant à l'intérieur <strong>de</strong> la relationmé<strong>de</strong>cin-patient, on comprend qu'il soit soumis aux différents facteurs qui influencentcette relation. Or n'existe-t-il pas « un climat <strong>de</strong> contrainte inhérent à » cel<strong>le</strong>-ci? Ainsi, unpaternalisme médical exagéré, l'interprétation du « meil<strong>le</strong>ur intérêt », l'agressivitéthérapeutique du mé<strong>de</strong>cin peuvent présenter une certaine forme <strong>de</strong> « coercition subti<strong>le</strong> »susceptib<strong>le</strong> d'exercer une influence sur <strong>le</strong> consentement. Le patient peut éga<strong>le</strong>ment êtresoumis aux pressions venant <strong>de</strong> ses proches, <strong>de</strong>s intervenants <strong>de</strong> la santé, qui peuventaltérer <strong>le</strong> caractère libre <strong>de</strong> la décision. D'autant plus qu'il semb<strong>le</strong> souvent diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong>distinguer la coercition ou la manipulation <strong>de</strong> la simp<strong>le</strong> persuasion, du conseil ou <strong>de</strong>l'influence.[…]Les limites <strong>de</strong> tous ordres ne peuvent être éliminées tota<strong>le</strong>ment, et ren<strong>de</strong>nt <strong>le</strong>consentement fragi<strong>le</strong>, mais <strong>le</strong> fait d'en être conscient constitue sans aucun doute uneétape essentiel<strong>le</strong> à l'obtention d'un consentement <strong>le</strong> plus libre possib<strong>le</strong>.» 45Dans <strong>le</strong> cas qui nous intéresse, <strong>le</strong> consentement ou <strong>le</strong> refus aux soins peut être donnépar <strong>le</strong>s parents ou tuteurs étant donné <strong>le</strong> bas âge <strong>de</strong> l’enfant 46 , à condition que seul l’intérêt <strong>de</strong>se <strong>de</strong>rnier ait guidé la décision 47 et que <strong>le</strong>s risques entrepris soient opportuns et proportionnelsaux bienfaits espérés 48 . Il est important ici <strong>de</strong> préciser que ce mécanisme s’applique aux soinsrequis par l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> l’enfant, autrement il faudrait s’en remettre à d’autres dispositionsqui ne seront pas développées ici.100


Ce <strong>de</strong>voir <strong>de</strong> respect <strong>de</strong> l’intérêt <strong>de</strong> l’enfant peut entrer en conflit avec <strong>le</strong> fait que <strong>le</strong>ssoins prodigués doivent être fait en fonction <strong>le</strong>s ressources disponib<strong>le</strong>s. En effet, léga<strong>le</strong>ment <strong>le</strong>s<strong>de</strong>ux positions se défen<strong>de</strong>nt, car chacune tire sa force <strong>de</strong> la Loi. Ce serait alors au juge <strong>de</strong>trancher en fonction <strong>de</strong>s faits au cas par cas. Mais d’un côté éthique, peut-on vraiment accepter<strong>le</strong> fait limiter <strong>le</strong>s soins sur une base purement matériel. Ne <strong>de</strong>vrait-on pas protéger et entretenirla vie en faisant fi <strong>de</strong> toute considération pécuniaire ou matériel<strong>le</strong> ?PARTIE III- MÉDECIN: DEVOIRS ET OBLIGATIONSCorollaire au principe d’inviolabilité <strong>de</strong> la personne 49 , <strong>le</strong> <strong>de</strong>voir d’information qu’a <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cinen vue d’obtenir <strong>le</strong> consentement aux soins est primordial au respect <strong>de</strong>s droits civils que confère lapersonnalité juridique. De plus, la réalisation satisfaisante <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>voir est une condition sine qua nonà la validité du consentement ou du refus donné par la personne pouvant donné <strong>le</strong> consentement auxsoins. Ce <strong>de</strong>voir comporte <strong>de</strong>ux vo<strong>le</strong>ts, tout d’abord«[l]e mé<strong>de</strong>cin doit, sauf urgence, avant d'entreprendre un examen, uneinvestigation, un traitement ou une recherche, obtenir du patient ou <strong>de</strong> sonreprésentant légal, un consentement libre et éclairé.» 50et ensuite«[il] doit s'assurer que <strong>le</strong> patient ou son représentant légal a reçu <strong>le</strong>s explicationspertinentes à <strong>le</strong>ur compréhension <strong>de</strong> la nature, du but et <strong>de</strong>s conséquences possib<strong>le</strong>s<strong>de</strong> l'examen, <strong>de</strong> l'investigation, du traitement ou <strong>de</strong> la recherche qu'il s'apprête àeffectuer. Il doit faciliter la prise <strong>de</strong> décision du patient et la respecter.» 51Le l’obligation d’obtention du consentement aux soins a comme base législative l’inviolabilité<strong>de</strong> la personne, droit qui est consacré et reconnu par <strong>le</strong> Co<strong>de</strong> civil du Québec :«Toute personne est inviolab<strong>le</strong> et a droit à son intégrité. Sauf dans <strong>le</strong>s casprévus par la loi, nul ne peut lui porter atteinte sans son consentement101


libre et éclairé 52 ;Nul ne peut être soumis sans son consentement à <strong>de</strong>s soins, quel<strong>le</strong> qu'ensoit la nature, qu'il s'agisse d'examens, <strong>de</strong> prélèvements, <strong>de</strong> traitementsou <strong>de</strong> toute autre intervention. 53 »Ce droit trouve même écho dans la Charte québécoise. 54Il est important <strong>de</strong> mentionner que l’état d’urgence permet <strong>de</strong> passer outre l’obtention duconsentement, et ce seu<strong>le</strong>ment dans <strong>de</strong>s cas où la vie et/ou l’intégrité <strong>de</strong> la personne est menacé 55 .L’obtention d’un consentement vali<strong>de</strong> engage alors <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin, car il est alors tenu <strong>de</strong> laprestation <strong>de</strong>s soins «consciencieux, attentifs, et conformes aux données <strong>de</strong> la science» 56 envers <strong>le</strong>prématuré. L’intensité du lien qui <strong>le</strong> lie alors à son patient est un lien <strong>de</strong> moyen. En effet,«[l]e mé<strong>de</strong>cin, comme tout professionnel, est tenu en principe à l'endroit dupatient à une obligation <strong>de</strong> moyens. En d'autres termes, il doit, dans <strong>le</strong>diagnostic et <strong>le</strong> traitement, se comporter comme un mé<strong>de</strong>cinraisonnab<strong>le</strong>ment pru<strong>de</strong>nt et diligent placé dans <strong>le</strong>s mêmes circonstances. Ilne s'engage pas à guérir, à rétablir la santé du patient, ou même à <strong>le</strong>soulager <strong>de</strong> ses maux, mais seu<strong>le</strong>ment à prendre <strong>le</strong>s moyens raisonnab<strong>le</strong>spour y parvenir.» 57Il se peut que <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin se bute à un refus <strong>de</strong> la part <strong>de</strong>s personnes pouvant consentir.Dans ce cas, s’il juge <strong>le</strong> refus injustifié, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin peut se tourner vers <strong>le</strong>s tribunaux quitrancheront la question 58 .102


CONCLUSIONLes prématurés, plus particulièrement <strong>le</strong>s très grands prématurés, sont au cœur <strong>de</strong> ceque l’on pourrait qualifier d’un flou juridique où plusieurs considérations sont à prendre encompte et parfois se confrontent. En effet, <strong>le</strong> juridique et <strong>le</strong> scientifique sont souvent <strong>de</strong>uxréalités bien distinctes qui doivent malgré tout ultimement s’accor<strong>de</strong>r. Ces <strong>de</strong>ux aspects d’unemême question évoluent constamment, et parfois <strong>de</strong> manière divergente. C’est en effet <strong>le</strong> cas ici,où nous retrouvons un discours juridique, imposant <strong>de</strong>s conditions léga<strong>le</strong>s pour l’obtention et laprotection <strong>de</strong> droits, confrontant un discours médical, dont <strong>le</strong>s connaissances et <strong>le</strong>s technologiesne cessent <strong>de</strong> s’améliorer à un rythme tel que <strong>le</strong> droit semb<strong>le</strong> même accusé un certain retardd’adaptation.Nous retiendrons que juridiquement, pour être reconnu aux yeux <strong>de</strong> la Loi à titre d’êtrehumain, l’enfant doit satisfaire trois critères ; 1) la séparation physique <strong>de</strong> sa mère, soit lanaissance, 2) il doit être vivant, aussi éphémère que soit sa vie et 3) il doit être viab<strong>le</strong>. C’estd’ail<strong>le</strong>urs autour <strong>de</strong> ce <strong>de</strong>rnier que tourne toute la polémique <strong>de</strong> la question <strong>de</strong>s très grandsprématurés. En effet, <strong>le</strong>s avancées <strong>de</strong> la science permettent <strong>de</strong>s mirac<strong>le</strong>s <strong>de</strong> plus en plusimpressionnants en palliant a <strong>de</strong>s <strong>de</strong>grés d’immaturité <strong>de</strong> plus en plus importants, ce qui remeten question l’évaluation juridique <strong>de</strong> la viabilité jusque dans sa pertinence même 59 . Le tout prisdans un contexte où <strong>le</strong>s ressources, tant au niveau du réseau <strong>de</strong> la santé qu’au niveau <strong>de</strong>sparents, sont limitées et parfois insuffisantes comparées à ce que la prise en charge d’un trèsgrand prématuré requiert.C’est sur ce fond <strong>de</strong> toi<strong>le</strong> abstrait que <strong>le</strong>s parents ou tuteurs doivent prendre unedécision libre et éclairée afin <strong>de</strong> consentir ou pas aux soins qui sont à <strong>le</strong>ur disposition.Corollairement, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin doit informer ces <strong>de</strong>rniers <strong>le</strong> mieux possib<strong>le</strong> et <strong>de</strong>vra prendre <strong>le</strong>smesures pour s’assurer que <strong>le</strong>ur décision soit respectée au mieux, à moins que l’intérêt <strong>de</strong>l’enfant ail<strong>le</strong> à l’encontre <strong>de</strong> cel<strong>le</strong>-ci, auquel cas un tribunal tranchera 60 .Dans <strong>le</strong> droit actuel, <strong>le</strong> fœtus canadien n’a pas <strong>le</strong> statut <strong>de</strong> personne, et n’est donc pasprotégé. Le débat, bien que <strong>le</strong> plus haut tribunal du pays se soit déjà positionné sur la question,entourant <strong>le</strong>s droits du fœtus reste d’actualité et revient parfois dans <strong>le</strong>s discussions <strong>de</strong>slégislatures fédéra<strong>le</strong>s et provincia<strong>le</strong>s.En arrière-plan <strong>de</strong> la difficulté <strong>de</strong> l’établissement <strong>de</strong> la viabilité du prématuré, se cacheen fait une difficulté d’évaluation. En effet, un prématuré présente <strong>de</strong>s caractéristiques qui lui103


sont uniques selon son âge et sa constitution. Ainsi, <strong>le</strong>s spécialistes <strong>de</strong> la santé peuventdiffici<strong>le</strong>ment prévoir avec précision <strong>le</strong>s complications auxquel<strong>le</strong>s ils auront à faire face et cecijette un voi<strong>le</strong> opaque sur <strong>le</strong> <strong>de</strong>venir <strong>de</strong> l’enfant que l’on tente <strong>de</strong> sauver. Considérant cetteincertitu<strong>de</strong>, il est justifié <strong>de</strong> se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r si <strong>le</strong>s efforts investis dans sa survie sont réel<strong>le</strong>mentdans son intérêt à long terme.RÉFÉRENCES1 Statistique Canada, CANSIM, tab<strong>le</strong>au 102-0512, produit n°84-537-XIE au catalogue,adresse URL : http://www.statcan.gc.ca/tab<strong>le</strong>s-tab<strong>le</strong>aux/sum-som/l02/cst01/health26-fra.htm2 Statistique Canada, Espérance <strong>de</strong> vie, consulté en ligne à l’adresse URLhttp://www.statcan.gc.ca/pub/82-229-x/2009001/<strong>de</strong>mo/lif-fra.htm.3 Michel T. GIROUX, «L’autonomie <strong>de</strong> la femme enceinte et la protection <strong>de</strong> l’enfant ànaître : une perspective éthique», dans Autonomie et protection, Service <strong>de</strong> la formationcontinue du Barreau du Québec, 2007, (La Référence), EYB2007DEV1267.4 Statistique Canada. Tab<strong>le</strong>au 102-4303 - Indicateurs reliés à la naissance (faib<strong>le</strong> poidset poids é<strong>le</strong>vé à la naissance, petit et gros pour l'âge gestationnel, naissances prématurées),selon <strong>le</strong> sexe, moyenne <strong>de</strong> trois ans, Canada, provinces, territoires, régions sociosanitaires etgroupes <strong>de</strong> régions homologues, occasionnel (nombre sauf indication contraire), CANSIM(base <strong>de</strong> données), adresse URL http://www5.statcan.gc.ca/cansim/pickchoisir?lang=fra&p2=33&id=10243035 Société canadienne <strong>de</strong> pédiatrie, Les conseils et la prise en charge en prévision d’unetrès gran<strong>de</strong> prématurité, adresse URL : http://www.cps.ca/fr/<strong>document</strong>s/position/la-priseen-charge-en-prevision-tres-gran<strong>de</strong>-prematurite104


6 Saigal S, Doy<strong>le</strong> LW. An overview of mortality and sequelae of preterm birth frominfancy to adulthood. Lancet 2008;371(9608):261-9. ; Guillén Ù, DeMauro S, Ma L et coll.Survival rates in extremely low birthweight infants <strong>de</strong>pend on the <strong>de</strong>nominator: Avoidingpotential for bias by specifying <strong>de</strong>nominators. Am J Obstet Gynecol 2011; 205(4):329.e1-7.7 Société canadienne <strong>de</strong> pédiatrie, Les conseils et la prise en charge en prévision d’unetrès gran<strong>de</strong> prématurité, adresse URL : http://www.cps.ca/fr/<strong>document</strong>s/position/la-priseen-charge-en-prevision-tres-gran<strong>de</strong>-prematurite8 Anomalies du système respiratoire, cardiaque, neurosensoriel, hématologique,endocrinien et d’alimentation, nutrition et croissance.9 Thuy Mai Kuu, Problématiques médica<strong>le</strong>s et neurodéveloppementa<strong>le</strong>s du grandprématuré, CHU Ste-Justine, adresse URL : http://www.chu-saintejustine.org/<strong>document</strong>s/Pro/Suivi%20du%20premature.pdf10 Art. 10 al.1 C.c.Q.11 Art. 114 al.1 C.c.Q.12 Art. 1 C.c.Q.13 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.11.14 Art. 6127 C.c.Q.15 Art. 1840 et 2447 C.c.Q.16 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.11.17 Art. 3 C.c.Q.105


18 Tremblay c. Daig<strong>le</strong>, [1989] 2 R.C.S. 539.19 Art. 223 (1) C.cr.20 R. c. Sulivan, [1991] 1 R.C.S. 489.21 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.12.22 Richard jr., LA CHARITE, «L’existence <strong>de</strong> la personne physique», dans Personne, famil<strong>le</strong>et successions, Col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> droit 2011-2012, Éco<strong>le</strong> du Barreau du Québec, vol. 3, 2012, (LaRéférence), EYB2012CDD104.23 Richard jr., LA CHARITE, «L’existence <strong>de</strong> la personne physique», dans Personne, famil<strong>le</strong>et successions, Col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> droit 2011-2012, Éco<strong>le</strong> du Barreau du Québec, vol. 3, 2012, (LaRéférence), EYB2012CDD104.24 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.19.25 Allard c. Monette, (1928) 66 C.S. 291.26 Richard jr., LA CHARITE, «L’existence <strong>de</strong> la personne physique», dans Personne, famil<strong>le</strong>et successions, Col<strong>le</strong>ction <strong>de</strong> droit 2011-2012, Éco<strong>le</strong> du Barreau du Québec, vol. 3, 2012, (LaRéférence), EYB2012CDD104.27 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.19.28 Robert. P. Kouri et Suzanne Philips-Nootens, L’intégrité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong>consentement aux soins, 2 e éd. Cowansvil<strong>le</strong>, Éditions Yvon Blais, 2005, par. 98.29 Art. 3 C.c.Q.106


30 Art. 10 C.c.Q.31 Art. 11 C.c.Q. ; Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 9.32 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2.33 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 1.34 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 4.35 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 5.36 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 6.37 Art. 3 C.c.Q. et Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2.38 Robert P. KOURI et Suzanne PHILIPS-NOOTENS, L’intégrité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong>consentement aux soins,2 e éd., Cowansvil<strong>le</strong>, Éditions Yvons Blais, 2005, par. 98.39 Robert P. KOURI et Suzanne PHILIPS-NOOTENS, L’intégrité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong>consentement aux soins,2 e éd., Cowansvil<strong>le</strong>, Éditions Yvons Blais, 2005, par. 100.40 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2.41 Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art. 13.42 Art. 10 C.c.Q.43 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition Yvon Blais, 2008, p.117.44 Michel T. Giroux et al. , L’extrême prématurité ; Les enjeux parentaux, éthiques etlégaux, Sainte-Foy, Presses <strong>de</strong> l’Université du Québec, 2005, p.40.107


45 Robert P.KOURI, Suzanne PHILIPS-NOOTENS et Pauline LESAGE-JARJOURA, Élément <strong>de</strong>responsabilité médica<strong>le</strong>-Le droit dans <strong>le</strong> quotidien <strong>de</strong> la mé<strong>de</strong>cine, 3 e éd. ,2007, (LaRéférence), EYB2007RCM10, par. 207 tel que cité dans Michel T. Giroux et al. , L’extrêmeprématurité ; Les enjeux parentaux, éthiques et légaux, Sainte-Foy, Presses <strong>de</strong> l’Universitédu Québec, 2005, p.40.46 Art. 14 al. 1 C.c.Q.47 Art. 12 al.1 C.c.Q.48 Art. 12 al.2 C.c.Q.49 Édith DELEURY et Dominique GOUBAU, Le droit <strong>de</strong>s personnes physiques, 4 e éd,Cowansvil<strong>le</strong>, Édition YvonBlais, 2008, p.117. ;Jean-Louis Baudouin et Patrice Deslauriers, La responsabilité civi<strong>le</strong>, vol.II «Laresponsabilité professionnel<strong>le</strong>», 7 eéd., 2007, (La Référence), EYB2007RES5, n° 2-47. ;Loi sur <strong>le</strong>s services <strong>de</strong> santé et <strong>le</strong>s services sociaux, L.R.Q. c. S-4.2, art.8. ;Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, R.R.Q. 1981, c.M-9, r.17, art. 28-29.50 Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, R.R.Q. 1981, c.M-9, r.17, art. 28.51 Co<strong>de</strong> <strong>de</strong> déontologie <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins, R.R.Q. 1981, c.M-9, r.17, art. 29.52 Art. 10 C.c.Q.53 Art. 11 al.1 C.c.Q.108


54 Charte <strong>de</strong>s droits et libertés <strong>de</strong> la personne, L.R.Q., c. C-12art. 1.55 Art. 13 C.c.Q.56 X. c. Mel<strong>le</strong>n,[1957] B.R. 389, 419.57 Jean-Louis Baudouin et Patrice Deslauriers, La responsabilité civi<strong>le</strong>, vol.II «Laresponsabilité professionnel<strong>le</strong>», 7 e éd., 2007, (La Référence), EYB2007RES5, n° 2-31.58 Art. 16 al.1 C.c.Q.59 Robert P. KOURI et Suzanne PHILIPS-NOOTENS, L’intégrité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong>consentement aux soins,2 e éd., Cowansvil<strong>le</strong>, Éditions Yvons Blais, 2005, par. 100.60 Art. 16 al.1 C.c.Q.109


L’influence <strong>de</strong> la prématurité et du sexe <strong>de</strong> l’enfant sur sesperspectives <strong>de</strong> santéCHAPITRE VI: ANALYSE TRANSDISCIPLINAIREPar :Eric Boucher, Geneviève Cormier, Marie-Christine Gérard Hudon,Stéphanie Roberge**Les auteurs ont contribué éga<strong>le</strong>ment à la rédaction <strong>de</strong> ce chapitre110


INTRODUCTION 33Un accouchement prématuré peut parfois dégénérer en une situation très angoissante pour <strong>le</strong>s parentsconcernés. Dans un moment aussi pénib<strong>le</strong>, plusieurs questions peuvent venir <strong>le</strong>s hanter : Est-ce quenotre bébé survivra ? Aurons-nous à prendre la décision <strong>de</strong> <strong>le</strong> réanimer ? Notre enfant vivra-t-il avec <strong>de</strong>sséquel<strong>le</strong>s ? À quel moment <strong>de</strong>vrait-on cesser ou refuser <strong>le</strong>s traitements, décision pouvant mener à sa mort ?Les parents peuvent éga<strong>le</strong>ment se <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r s’ils ont la même perception <strong>de</strong>s choses entre eux et s’il estpossib<strong>le</strong> <strong>de</strong> prendre une décision éclairée dans l’émotion du moment. La responsabilité <strong>de</strong> l’équipe médica<strong>le</strong> 34est d’informer <strong>le</strong>s parents, <strong>le</strong> plus adéquatement possib<strong>le</strong>, <strong>de</strong> toutes éventualités au sujet <strong>de</strong> la survie et <strong>de</strong>l’avenir <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur enfant afin qu’ils trouvent <strong>le</strong>ur voie dans cette situation. L’information est d’autant plusdélicate à transmettre qu’el<strong>le</strong> varie en fonction du sexe du bébé né à la limite <strong>de</strong> la viabilité.La réf<strong>le</strong>xion sur la gran<strong>de</strong> prématurité présentée ici s’est principa<strong>le</strong>ment penchée sur <strong>de</strong>ux questions :Quels paramètres <strong>de</strong>vraient être utilisés par <strong>le</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins quand il s’agit <strong>de</strong> déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> ressusciter ounon un nourrisson né à la limite <strong>de</strong> la viabilité ? Y aurait-il <strong>de</strong>s problèmes éthiques à déci<strong>de</strong>r <strong>de</strong> fournir auxparents <strong>de</strong>s informations médica<strong>le</strong>s différentes selon <strong>le</strong> sexe <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur bébé, puisque <strong>le</strong> pronostic semb<strong>le</strong> varieravec celui-ci ? Il est plutôt diffici<strong>le</strong> <strong>de</strong> répondre à ces <strong>de</strong>ux questions à l’ai<strong>de</strong> <strong>de</strong>s connaissances d’une seu<strong>le</strong>discipline. Une approche transdisciplinaire 35 assemblant <strong>le</strong>s connaissances élaborées dans <strong>le</strong>s chapitresprécé<strong>de</strong>nts s’avère donc pertinente afin <strong>de</strong> répondre <strong>le</strong> plus adéquatement possib<strong>le</strong> à ces questions.L’INFORMATION TRANSMISE AUX PARENTSTel que mentionné précé<strong>de</strong>mment, la responsabilité <strong>de</strong> bien informer <strong>le</strong>s parents échoit à l’équipemédica<strong>le</strong> [1]. Dans <strong>le</strong>s premiers moments suivant la naissance <strong>de</strong> l’enfant prématuré, l’information sur son état<strong>de</strong> santé est souvent très limitée ou encore non disponib<strong>le</strong>. L’équipe médica<strong>le</strong> doit souvent se rabattre sur <strong>de</strong>s33 Les limites <strong>de</strong> cet avis : <strong>le</strong>s questions reliées à l’impact du genre <strong>de</strong> l’enfant (c.-à-d. : conséquences etattentes socia<strong>le</strong>s reliées au sexe) sur <strong>le</strong>s traitements qu’il reçoit n’ont pas été abordées. Par exemp<strong>le</strong>, nouspourrions nous <strong>de</strong>man<strong>de</strong>r: Outre <strong>le</strong>s différences physiologiques, <strong>le</strong>s perceptions et <strong>le</strong>s attentes reliées au sexeont-el<strong>le</strong>s un impact sur la durée et/ou la nature <strong>de</strong>s soins reçus par un grand prématuré né à la limite <strong>de</strong> laviabilité ? Il est éga<strong>le</strong>ment important <strong>de</strong> souligner que cette réf<strong>le</strong>xion n’a pas tenu compte <strong>de</strong>s conséquencessocio-économiques réel<strong>le</strong>s et potentiel<strong>le</strong>s suite à ces décisions. Notons par exemp<strong>le</strong> <strong>le</strong>s coûts associés auxtraitements médicaux et à la perte <strong>de</strong> productivité qui peuvent être très é<strong>le</strong>vés. De plus, <strong>le</strong> rô<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s obligationset <strong>le</strong> <strong>de</strong>gré d’implication <strong>de</strong>s autres professionnels œuvrant en néonatalogie (travail<strong>le</strong>urs sociaux,psychologues, etc.) n’ont pas été explorés et <strong>de</strong>vraient être inclus dans une prochaine réf<strong>le</strong>xion.34 L’équipe médica<strong>le</strong> peut être composée <strong>de</strong> mé<strong>de</strong>cins spécialisés, d’infirmières, <strong>de</strong> psychologues et <strong>de</strong>travail<strong>le</strong>urs sociaux.35 Une stratégie novatrice impliquant la collaboration entre différentes disciplines scientifiques permettant unregroupement du savoir et un meil<strong>le</strong>ur approfondissement <strong>de</strong> la réf<strong>le</strong>xion.111


critères <strong>de</strong> nature clinique et épidémiologique pour formu<strong>le</strong>r ses recommandations aux parents. Ces critèrespeuvent reposer sur l’état <strong>de</strong> santé <strong>de</strong> la mère, qui inclut un âge avancé, <strong>de</strong>s désordres hypertensifs ou <strong>de</strong>santécé<strong>de</strong>nts d’accouchement prématuré [2, 3]. De plus, <strong>de</strong>s critères comme l’âge gestationnel, <strong>le</strong> poids et <strong>le</strong>sexe du fœtus sont éga<strong>le</strong>ment pris en compte par l’équipe médica<strong>le</strong> dans l’élaboration <strong>de</strong> sesrecommandations [4, 5] (voir Chapitre I). Les traitements donnés à la femme à risque d’accoucherprématurément ainsi que ceux reçus par l’enfant après la naissance peuvent éga<strong>le</strong>ment influencer la décision<strong>de</strong> réanimer ou non cet enfant né à la limite <strong>de</strong> la viabilité [2]. En plus <strong>de</strong> ces paramètres, <strong>le</strong>s parents et <strong>le</strong>smé<strong>de</strong>cins auront à tenir compte <strong>de</strong> l’accessibilité aux soins <strong>de</strong> néonatalogie et du <strong>de</strong>gré d’expérience <strong>de</strong>l’équipe médica<strong>le</strong>. En effet, il est plus faci<strong>le</strong> d’avoir accès à <strong>de</strong>s soins spécialisés dans <strong>le</strong>s grands centresurbains, comparativement aux régions éloignées, et cela peut avoir <strong>de</strong>s conséquences importantes sur l’avenir<strong>de</strong> l’enfant.LES SÉQUELLES DE LA PRÉMATURITÉLa réanimation d’un bébé très prématuré peut mener à <strong>de</strong>s conséquences tragiques sur sa santé enaugmentant, par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s risques <strong>de</strong> syndrome <strong>de</strong> détresse respiratoire (SDR) et d’hémorragieintraventriculaire. Les conséquences à long terme qui affectent l’enfant peuvent inclure la dyspraxie 36 et <strong>de</strong>sproblèmes respiratoires chroniques [6]. De plus, on observe particulièrement chez <strong>le</strong>s grands prématurésdavantage <strong>de</strong> retard mental, <strong>de</strong> retard <strong>de</strong> développement, <strong>de</strong> retard dans l’acquisition <strong>de</strong>s compétences <strong>de</strong>communication et plus <strong>de</strong> déficit d’attention et <strong>de</strong> manque <strong>de</strong> confiance en soi (voir Chapitre III). Il estimportant <strong>de</strong> rappe<strong>le</strong>r que comparativement aux fil<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s garçons nés prématurément sont plus à risque <strong>de</strong>développer la majorité <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s mentionnées plus haut et ce, à un âge gestationnel similaire (voir autreschapitres).PRISE DE DÉCISION : CONSENTEMENT LIBRE ET ÉCLAIRÉDans un contexte <strong>de</strong> gran<strong>de</strong> prématurité, il peut être très diffici<strong>le</strong> pour <strong>le</strong>s parents <strong>de</strong> prendre unedécision libre et éclairée, puisqu’ils sont à la fois juges et parties prenantes <strong>de</strong> la situation (voir Artic<strong>le</strong> 10 duCo<strong>de</strong> civil du Québec). Peu importe la décision qu’ils prendront, cette <strong>de</strong>rnière aura un impact sur <strong>le</strong>ur proprevie et sur cel<strong>le</strong> <strong>de</strong> l’enfant, ce qui peut mener à <strong>de</strong> l’anxiété, un risque <strong>de</strong> dépression et d’épuisement oud’autres effets négatifs sur <strong>le</strong> coup<strong>le</strong>. Les parents sont aux yeux <strong>de</strong> la loi <strong>le</strong>s seuls responsab<strong>le</strong>s <strong>de</strong> la décisionconcernant la réanimation, <strong>le</strong>s traitements et, dans <strong>le</strong> cas où ce choix ultime se pose, la <strong>de</strong>man<strong>de</strong> d’arrêt <strong>de</strong>straitements pour l’enfant prématuré. Leurs décisions doivent toujours être prises dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong>l’enfant. L’équipe médica<strong>le</strong> doit se limiter à son <strong>de</strong>voir moral et légal 37 d’informer <strong>le</strong>s parents sur l’état <strong>de</strong>santé <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur enfant, sur <strong>le</strong>s conséquences que cet état peut avoir sur <strong>le</strong> développement éventuel <strong>de</strong> ce36 Désordre moteur pouvant avoir comme origine la paralysie cérébra<strong>le</strong>.37 Cette obligation n’est d’ordre légal que si l’enfant est né vivant et viab<strong>le</strong>. Ces conditions et <strong>le</strong>ursconséquences sont décrites plus en profon<strong>de</strong>ur dans <strong>le</strong> Chapitre V.112


<strong>de</strong>rnier et sur toutes <strong>le</strong>s avenues possib<strong>le</strong>s <strong>de</strong> traitements, incluant <strong>le</strong>s soins palliatifs. Dans certainessituations, l’équipe médica<strong>le</strong> peut proposer <strong>de</strong> procé<strong>de</strong>r à une réanimation d’attente 38 , comme par exemp<strong>le</strong>dans <strong>le</strong>s cas où l’information disponib<strong>le</strong> comporte <strong>de</strong>s éléments contradictoires ou lorsqu’il y a indécision <strong>de</strong> lapart d’un ou <strong>de</strong>s parents. Cela permet à la fois <strong>de</strong> compléter <strong>le</strong> bilan <strong>de</strong> l’état <strong>de</strong> santé du bébé et d’offrir auxparents la possibilité <strong>de</strong> prendre <strong>le</strong>urs décisions en absence <strong>de</strong> la pression qu’exerce la situation d’urgencequ’est la réanimation primaire 39 . La réanimation d’attente peut être vue comme une réanimation temporairepermettant <strong>de</strong> reporter la prise <strong>de</strong> décision à un moment ultérieur. El<strong>le</strong> peut donc faciliter l’obtention d’unconsentement libre et éclairé. Si <strong>le</strong> clinicien considère que la décision parenta<strong>le</strong> n’a pas comme objectif <strong>le</strong>meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant, et dans ce cas seu<strong>le</strong>ment, il peut faire appel à un tribunal qui prendra position etrendra un jugement final.LES LIMITES DU PRONOSTICCertaines difficultés peuvent survenir lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision <strong>de</strong> la réanimation d’enfants trèsprématurés. Dans l’état actuel <strong>de</strong>s connaissances, la plupart <strong>de</strong>s paramètres épidémiologiques ne peuventprédire avec certitu<strong>de</strong>, sur <strong>le</strong> plan individuel, la présence ou la sévérité <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s avec <strong>le</strong>squel<strong>le</strong>s l’enfant<strong>de</strong>vra composer. Il n’existe présentement aucun critère permettant <strong>de</strong> prédire la gravité du SDR avant lanaissance ou au moment <strong>de</strong>s premières procédures <strong>de</strong> réanimation, mais certains facteurs <strong>de</strong> risques sontreconnus. Par exemp<strong>le</strong>, <strong>le</strong>s garçons nés prématurément ont un moins bon pronostic que <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s, par contre,cela ne signifie pas que l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s garçons aura un mauvais pronostic. De plus, l’efficacité d’un traitementou la gravité <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s liées à son usage ne peut être, sur <strong>le</strong> plan individuel, prédit avec certitu<strong>de</strong>. Ainsi,pour un certain nombre d’enfants, quel que soit <strong>le</strong> sexe, la corticothérapie anténata<strong>le</strong> s’avère inefficace [7] oucrée <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s neurologiques <strong>de</strong> plus ou moins gran<strong>de</strong> importance. Heureusement, <strong>de</strong>s recherches sont encours afin d’i<strong>de</strong>ntifier <strong>de</strong> nouveaux paramètres et outils pronostiques (voir Chapitre II). Ceux-ci permettraient<strong>de</strong> déterminer <strong>le</strong> niveau <strong>de</strong> préparation <strong>de</strong> l’enfant à la vie extra-utérine et d’obtenir un pronostic plus précispour ce <strong>de</strong>rnier. Cela permettrait éga<strong>le</strong>ment d’envisager une intervention personnalisée selon la condition <strong>de</strong>l’enfant, donc <strong>de</strong> minimiser <strong>le</strong>s conséquences néfastes <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> prématurité.LES PRINCIPES GUIDANT LA PRISE DE DÉCISIONLa responsabilité <strong>de</strong>s donneurs <strong>de</strong> soins ne se limite pas à traiter <strong>le</strong>urs jeunes patients et à informer etconseil<strong>le</strong>r <strong>le</strong>s parents sur la meil<strong>le</strong>ure démarche à entreprendre. Il n’est pas seu<strong>le</strong>ment question <strong>de</strong> sauverl’enfant, mais <strong>de</strong> prendre tous <strong>le</strong>s moyens nécessaires pour qu’il ait <strong>le</strong> moins <strong>de</strong> séquel<strong>le</strong>s possib<strong>le</strong>s et une38 Une réanimation d’attente est effectuée dans l’attente d’une décision médica<strong>le</strong> ou parenta<strong>le</strong>. Cetteréanimation n’implique pas nécessairement tous <strong>le</strong>s traitements nécessaires à la survie à long terme <strong>de</strong>l’enfant et n’empêche en rien l’arrêt <strong>de</strong> ceux-ci (i.e. : arrêt <strong>de</strong> l’assistance respiratoire).39 Première réanimation effectuée dès la naissance, nécessaire dans la majorité <strong>de</strong>s cas <strong>de</strong> prématuritéextrême.113


qualité <strong>de</strong> vie acceptab<strong>le</strong>. Ainsi, en ce qui concerne <strong>le</strong>s grands prématurés nés aux limites <strong>de</strong> la viabilité,l’équipe médica<strong>le</strong> fait principa<strong>le</strong>ment face à <strong>de</strong>ux objectifs : la protection <strong>de</strong> la vie et la maximisation <strong>de</strong> laqualité <strong>de</strong> vie. L’équipe médica<strong>le</strong> a pour responsabilité <strong>de</strong> marier ces <strong>de</strong>ux principes dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong>l’enfant. Afin que <strong>le</strong>s décisions soient réel<strong>le</strong>ment prises dans l’intérêt <strong>de</strong> l’enfant, il faut éviter <strong>de</strong> baser cel<strong>le</strong>scisur l’état émotif <strong>de</strong>s parents, et ce, même si l’équipe médica<strong>le</strong> doit s’en préoccuper. Lors <strong>de</strong> larecommandation faite aux parents au sujet <strong>de</strong> la poursuite <strong>de</strong>s traitements ou <strong>le</strong>ur arrêt, <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin se basesur <strong>de</strong>s principes éthiques afin d’analyser <strong>de</strong> manière rationnel<strong>le</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s facteurs pouvant entrer dans<strong>le</strong> processus décisionnel. Certains grands principes éthiques sur <strong>le</strong>squels on s’appuie dans ce domaine peuventse résumer ainsi : <strong>le</strong> respect <strong>de</strong> la vie humaine, <strong>le</strong> respect <strong>de</strong> l’autonomie <strong>de</strong> la personne, <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> labienfaisance et <strong>de</strong> la non-malfaisance, et <strong>le</strong> principe d’équité. Au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s grands principes que <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cindoit toujours considérer, il a été suggéré dans ce contexte particulier que soit mis en application un autreprincipe : <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> précaution 40 . Sachant que plusieurs <strong>de</strong>s traitements que reçoivent <strong>le</strong>s grandsprématurés comportent <strong>de</strong>s risques pour la qualité <strong>de</strong> vie <strong>de</strong> l’enfant, <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> précaution pourrait êtreappliqué lors <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong> décision quant au sort <strong>de</strong>s bébés nés à la limite <strong>de</strong> la viabilité. Ce principe peut êtreinvoqué lors <strong>de</strong> la recommandation médica<strong>le</strong> et dans <strong>le</strong> fon<strong>de</strong>ment <strong>de</strong> la décision parenta<strong>le</strong> liée à un arrêt <strong>de</strong>traitement, puisqu’il vise à limiter <strong>le</strong> risque que l’enfant vive avec <strong>de</strong>s séquel<strong>le</strong>s importantes (voir Chapitre IV).L’application du principe <strong>de</strong> précaution doit reposer sur <strong>de</strong>s données scientifiques soli<strong>de</strong>s. Étant donnél’absence <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> scientifique au sujet d’un risque <strong>de</strong> préjudice grave ou irréversib<strong>le</strong> lorsqu’il s’agit d’ungrand prématuré en particulier, <strong>le</strong> principe <strong>de</strong> précaution doit être appliqué avec nuance. Il doit tenir compte<strong>de</strong>s données épidémiologiques, du pronostic prévisib<strong>le</strong> et <strong>de</strong> l’analyse <strong>de</strong> l’ensemb<strong>le</strong> <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> laviabilité et <strong>de</strong> la qualité <strong>de</strong> vie. La non-action a pour résultat la mort <strong>de</strong> facto <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> majorité <strong>de</strong>s grandsprématurés [8]. Dans tous <strong>le</strong>s cas, la décision prise <strong>de</strong>vra être dans <strong>le</strong> meil<strong>le</strong>ur intérêt <strong>de</strong> l’enfant.L’INFLUENCE DU SEXE SUR LA SANTÉ DE L’ENFANTLes données scientifiques au sujet <strong>de</strong> la gran<strong>de</strong> prématurité démontrent que certaines conséquencespeuvent être différentes selon <strong>le</strong> sexe du fœtus, ces <strong>de</strong>rnières pouvant parfois être moins graves chez <strong>le</strong>s fil<strong>le</strong>s.Comme la société contemporaine travail<strong>le</strong> à l’amélioration <strong>de</strong> l’égalité entre <strong>le</strong>s hommes et <strong>le</strong>s femmes àplusieurs niveaux, il pourrait être délicat <strong>de</strong> faire une distinction sexuel<strong>le</strong> concernant <strong>le</strong> pronostic <strong>de</strong>sprématurés. Cependant, dans ce contexte d’extrême prématurité, fournir aux parents <strong>de</strong>s informationsmédica<strong>le</strong>s différentes selon <strong>le</strong> sexe <strong>de</strong> <strong>le</strong>ur bébé s’avère non seu<strong>le</strong>ment adéquat, mais constitue la seu<strong>le</strong>avenue éthiquement et juridiquement acceptab<strong>le</strong>. En effet, fournir <strong>de</strong>s informations incomplètes ou omettre<strong>de</strong> fournir certaines informations va à l’encontre <strong>de</strong> la définition du consentement libre et éclairé et estcontraire au cadre déontologique <strong>de</strong>s mé<strong>de</strong>cins. Toutefois, une décision uniquement basée sur <strong>le</strong> sexe serait40 Le principe <strong>de</strong> précaution stipu<strong>le</strong> qu’en absence <strong>de</strong> certitu<strong>de</strong> scientifique absolue, l’existence d’un risque <strong>de</strong>préjudice grave ou irréversib<strong>le</strong> doit mener à la non-action. Il ne suffit plus <strong>de</strong> tenter <strong>de</strong> prévenir <strong>le</strong>s risquesconnus dont la survenance peut faire l’objet d’un calcul <strong>de</strong> probabilité.114


inappropriée, car ce n’est qu’un <strong>de</strong>s facteurs déterminant <strong>le</strong> pronostic <strong>de</strong> l’enfant. En conclusion, il seraitpréférab<strong>le</strong> <strong>de</strong> ne pas percevoir un discernement sexuel comme une discrimination négative, mais plutôtcomme la possibilité d’offrir un traitement plus adapté à chaque patient.CONCLUSIONCette réf<strong>le</strong>xion transdisciplinaire permet <strong>de</strong> conclure que <strong>le</strong> mé<strong>de</strong>cin doit utiliser <strong>le</strong>s connaissancesprovenant <strong>de</strong> diverses disciplines pour informer adéquatement <strong>le</strong>s parents sur l’état actuel <strong>de</strong> l’enfant né à lalimite <strong>de</strong> la viabilité. L’information doit être transmise aux parents en termes compréhensib<strong>le</strong>s afin que <strong>le</strong>urdécision soit prise <strong>de</strong> façon libre et éclairée. Après tout, ce sont <strong>le</strong>s parents qui ont la responsabilité et <strong>le</strong>pouvoir légal <strong>de</strong> la décision fina<strong>le</strong>. Ce <strong>de</strong>rnier point soulève, pour <strong>le</strong> personnel soignant, un défi <strong>de</strong>communication, ainsi qu’un défi d’écoute <strong>de</strong>s inquiétu<strong>de</strong>s et <strong>de</strong>s interrogations <strong>de</strong>s parents. Par ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>squestions reliées à la gran<strong>de</strong> prématurité qui ont été sou<strong>le</strong>vées au cours <strong>de</strong> cet avis <strong>de</strong>meurent comp<strong>le</strong>xes etnécessitent encore réf<strong>le</strong>xion.115


RÉFÉRENCESOuvrages générauxVersion é<strong>le</strong>ctronique <strong>de</strong> ce livre : http://www.fmed.ulaval.ca/prema/Forum transdisciplinaire (05-06-2008 au 01-06-2009)http://www.cours.fmed.ulaval.ca/e/eth65453/menu-accueil/accueil/Participants : E. Boucher, E. Bresson, M. Carpentier, G. Cormier, M. Côté, R. , A-M. Gagné, M-C.Gérard Hudon, J. Plante, S. Roberge, T. Seaborn, M. SimardMentors : R.D. Lambert, Y. TremblayAvis unidisciplinaireshttp://www.cours.fmed.ulaval.ca/e/eth65453/etat-<strong>de</strong>s-connaissances/Document synthèse en épidémiologie, S. Roberge, 26-03-2009, Aspects épidémiologiques <strong>de</strong> la prise <strong>de</strong>décision concernant <strong>le</strong>s bébés nés au seuil <strong>de</strong> la viabilité.Document synthèse en sciences fondamenta<strong>le</strong>s, E. Boucher, E. Bresson, G. Cormier, M. Côté, M-C. GérardHudon, J. Plante, T. Seaborn, M. Simard, 18-11-2008, Les aspects biomédicaux <strong>de</strong> l’influence du sexe <strong>de</strong>l’enfant qui naît prématurément sur ses perspectives <strong>de</strong> santé.Document synthèse en psychologie et santé <strong>de</strong>s populations, A-M. Gagné, 18-11-2008, L’influence <strong>de</strong> laprématurité sur <strong>le</strong>s paramètres sociaux et psychologiques <strong>de</strong> l'enfant et <strong>de</strong> ses parents.Document synthèse en éthique, M. Carpentier, 26-11-2008, L’influence du sexe <strong>de</strong> l’enfant qui naîtprématurément sur ses perspectives <strong>de</strong> santé: quelques considérations éthiques.Document synthèse en droit, P-L Simard, 01-01-2013, Les grands prématurés : léga<strong>le</strong>ment vivant ?Document synthèse en droit, Caroline Chaupra<strong>de</strong>, 15-04-2009, L’influence du sexe <strong>de</strong> l’enfant qui naîtprématurément sur ses perspectives <strong>de</strong> santé. Certains aspects juridiques.Autres références1. Kouri RP, Philips-Nootens S: L'intégrité <strong>de</strong> la personne et <strong>le</strong> consentement aux soins. In: Blais ÉY, ed., 2e é<strong>de</strong>d. Cowansvil<strong>le</strong> (Québec), 2005; 738 p.2. McGuire W, Fowlie P: ABC of preterm birth. Mal<strong>de</strong>n, Massachusetts: BMJ Publishing Group Limited, 2005.(Ltd BP, ed.116


3. McManemy J, Cooke E, Amon E, Leet T: Recurrence risk for preterm <strong>de</strong>livery. Am J Obstet Gynecol 2007;196(6): 576 e1-6; discussion 576 e6-7.4. Kelly MM, RN, MSN, CRNP: The Basics of Prematurity. J Pediatr Health Care 2006 20: 238-244.5. Draper ES, Manktelow B, Field DJ, James D: Prediction of survival for preterm births by weight andgestational age: retrospective population based study. BMJ 1999; 319(7217): 1093-7.6. Norman J, Greer I: Preterm Labour Managing Risk in Clinical Practice, First Publish ed. Cambridge:Cambridge University Press, 2005.7. Jobe AH, Ikegami M: Lung <strong>de</strong>velopment and function in preterm infants in the surfactant treatment era.Annu Rev Physiol 2000; 62: 825-46.8. Cadre d’application <strong>de</strong> la précaution dans un processus décisionnel scientifique en gestion du risque.Ottawa: Gouvernement du Canada, 2003.117

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!