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La scène suisse dans tous ses éclats - Mouvement

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des dernières décennies, l'ancienne « bourgeoisie éclairée » (leBildungsbürgertum allemand), autrefois cliente principale des théâtresmunicipaux, est en voie d'extinction, tandis que la part de la populationissue de l'immigration augmente au contraire régulièrement. Pour lepublic jeune toutefois, le théâtre n'est qu'un prestataire culturel parmitant d'autres. Cette évolution, nombre de théâtres municipaux n'en ontlongtemps pas tenu compte. S'ajoute à cela le fait que, en temps deComment attirerde nouveaux publics ?Pour qui joue-t-on ?budgets serrés, les subsides publics sont eux aussi partiellement remisen cause, de sorte que, <strong>dans</strong> certaines villes, on parle non seulement dela diminution des subventions, mais encore de la fermeture des théâtres.Se pose donc la question du public, liée à celle du rôle de cesinstitutions à la longue tradition et aux grands mérites culturels, hiercomme aujourd'hui, mais si chères et gourmandes en personnel.Comment attirer de nouveaux publics ? Pour qui joue-t-on ? Quelle estla mission de ces institutions <strong>dans</strong> notre société ? Doivent-elles avanttout répondre aux besoins de la politique éducative ? N'ont-elles devaleur et une chance de survie qu'à condition de faire la preuve de leurpertinence sociale ? Quels risques artistiques pourraient-elles, oudevraient-elles prendre ? Il va de soi qu'un théâtre <strong>dans</strong> une petite villeà l'offre culturelle limitée répondra à ces défis par d'autres stratégies queles grandes maisons de Zurich ou Bâle. Alors que les uns misent toutsur leur troupe pour gagner de haute lutte le cœur du public local, lesautres cherchent à exploiter l'atout du théâtre municipal pour en faireun temple de l'art ou un lieu de débat, tandis que les troisièmes sebornent à consolider les acquis, jusqu'à perdre toute identité.Une scène indépendante vivanteCes dernières années, la scène indépendante semble avoir mis à profit lasituation générale, <strong>dans</strong> la mesure où l'« approvisionnement de base »est précisément garanti par les théâtres municipaux, et où, en retour,elle peut offrir – à un public plus restreint et aux intérêts plus ciblés –des propositions sortant de l'ordinaire. Comme les structuresd'encouragement <strong>suisse</strong>s, grâce à un bon réseau d'instances publiqueset privées, permettent à la scène indépendante aussi de travaillersérieusement, celle-ci fait preuve d'une inventivité qu'on ne lui avaitplus vue depuis longtemps. Elle est soutenue en cela par une nouvellegénération de programmateurs, qui ont repris la direction denombreu<strong>ses</strong> maisons de production et cherchent à offrir auxcompagnies indépendantes, disposant elles-mêmes de bonnesconnexions nationales et internationales, des conditions localesattrayantes, afin qu'elles puissent montrer leurs productions <strong>dans</strong>des villes et des contextes divers.Le bref parcours qui suit présente quelques-uns des protagonistes duthéâtre performatif indépendant et, au travers de leurs travaux récents,leur appréhension de la réalité contemporaine.En janvier 2012, Klara, l'une des plus anciennes compagniesindépendantes de Suisse, montrait sa nouvelle création à la KaserneBasel, espace culturel alternatif fondé – comme de nombreux autres enSuisse – <strong>dans</strong> les années 1980 et installé <strong>dans</strong> un centre d'équitationmilitaire désaffecté. Il y a vingt ans, à Bâle, des diplômés de la ScuolaTeatro Dimitri suscitaient l'attention avec leur premier travail, unmélodrame alpestre qui donna son nom au groupe, avant de devenirune valeur sûre de la scène au cours des années suivantes. A l'époque,Klara a développé, comme aucun autre groupe en Suisse, la notion de« théâtre postdramatique », forgée par le théoricien allemand Hans-Thies Lehmann à la fin des années 1990. En dehors du collectif, lemetteur en scène Christoph Frick travaille également, depuis une dizained'années, auprès de théâtres municipaux en Suisse et en Allemagne,mais n'a jamais abandonné le champ expérimental que représente Klara.Ses deux derniers projets ont été coproduits avec pvc, le collectif de<strong>dans</strong>e du Théâtre de Fribourg-en-Brisgau, dont Frick est l'un desmetteurs en scène attitrés. <strong>La</strong> toute dernière création, Letzte Welten(Derniers mondes) est fondamentalement interdisciplinaire : <strong>dans</strong>eurs,acteurs et musiciens investissent le plateau sur un scénario d'apocalypse,créant un tableau sombre et halluciné de la crise actuelle qui, <strong>dans</strong> sonintensité physique et <strong>ses</strong> multiples enchevêtrements, menace enpermanence de basculer vers l'absurde.C'est à côté de la Kaserne Basel que le Junges Theater Basel a pris <strong>ses</strong>quartiers : depuis des années, il pratique avec succès un théâtre pouret par des jeunes. Le metteur en scène Sebastian Nübling y a débutésa carrière et y retourne régulièrement, bien que lui aussi travaille depuislongtemps auprès de grands théâtres municipaux en Suisse et enAllemagne. En collaboration avec le chorégraphe belge Yves Thuwis,il vient de mettre en scène Sand (Sable), une coproduction duSchauspielhaus Zürich, du Junges Theater Basel et de la Kaserne Basel.Ce sont rien moins que 40 tonnes de sable qui jouent le rôle principalde ce spectacle, <strong>dans</strong> lequel des acteurs professionnels, de jeunesamateurs et les musiciens du groupe bâlois James Legeres luttentscène <strong>suisse</strong> / 16

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