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Revue Communale de Bertrix n° 98

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Il est bien probable que le second <strong>Bertrix</strong>, le <strong>Bertrix</strong> germaniquetrouve son origine dans l’installation <strong>de</strong>s Lètes dans une portion dudomaine <strong>de</strong> Berticus. Ces Francs vivront cependant sans aucunesujétion envers les propriétaires fonciers qui n’auront nulle autoritésur eux. Le chef franc s’appelait Bertho, ses domaines furent lesBertriciae.Le texte <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> Saint-Hubert semble désigner plutôt la partiegermanique <strong>de</strong>s <strong>Bertrix</strong> et le nom <strong>de</strong> la localité actuelle aura prévaluégalement par Saint-Hubert dont il formait le lot principal.Dès 380, les guerriers barbares sont admis en grand nombre parmiles troupes impériales, ils peuvent accé<strong>de</strong>r aux gra<strong>de</strong>s. Nous trouvonsmême quelque dix ans plus tard, comme ministre principal <strong>de</strong>Valentinien, le Franc Argobast qui usera <strong>de</strong> sa situation pour remplird’hommes <strong>de</strong> sa race tous les offices civils et militaires.L’assimilation <strong>de</strong>s Francs colons ou guerriers sera telle et si profondleur attachement à leur nouvelle patrie que lorsque se produira lagran<strong>de</strong> invasion <strong>de</strong>s Huns, ils seront tous là, à Châlons, aux côtésdu romain Aetus et <strong>de</strong> toutes les peupla<strong>de</strong>s germaines <strong>de</strong> la Gaule,dans la lutte et la victoire pour une liberté qui ne sera plus unefaveur, une munificence d’étrangers mais un dû, une récompenseméritée.Pendant les siècles qui suivirent immédiatement la conquête <strong>de</strong>l’Ar<strong>de</strong>nne, il est à supposer que la petite cité <strong>de</strong> Berticus vécut uneère <strong>de</strong> paix et <strong>de</strong> prospérité. Le domaine se peupla davantage ets’agrandit par la mise en culture <strong>de</strong> nouveaux terrains boisés.L’élevage du bétail, <strong>de</strong>s porcs, <strong>de</strong>s abeilles poussa à l’extension ducommerce avec les domaines voisins. Un grand chemin fut créé,probablement dès le 1er siècle. Son tracé subsiste encore partiellement,il reliait Glaumont à Orgeo qui n’étaient que <strong>de</strong>ux étapes <strong>de</strong>cette longue voie. C’est ce chemin qui amena sans doute lesBarbares lors <strong>de</strong>s invasions. Combien <strong>de</strong> fois le domaine fut-ildétruit et relevé ? Nul ne peut le dire, mais il est probable qu’il survécutà tous les désastres. Dépeuplé par la fuite <strong>de</strong>s habitants, restauréaprès la torna<strong>de</strong> par les propriétaires ou leurs <strong>de</strong>scendants, ledomaine dut faire appel à la main-d’œuvre <strong>de</strong>s prisonniers <strong>de</strong> guerre.Isolés, séparés à jamais <strong>de</strong> leur famille, ces <strong>de</strong>rniers s’assimilèrentrapi<strong>de</strong>ment.Ainsi pourrait-on se figurer la naissance <strong>de</strong> ce Bertry et admettre lapersistance <strong>de</strong> cette appellation.Après l’éclatante victoire <strong>de</strong> Constance Chlore en 286, un contingentimportant <strong>de</strong> Germains est transporté en Trévirie. Ceshommes, quoique prisonniers, jouissent d’une certaine liberté.L’Empire duquel ils relèvent au titre <strong>de</strong> Lètes ou serfs militaires, leurassigne <strong>de</strong>s territoires pris en partie dans les domaines gallosromains,à la condition <strong>de</strong> les mettre en valeur et <strong>de</strong> les défendreeux-mêmes par les armes. Ces soldats laboureurs, issus le plussouvent <strong>de</strong> la même tribu, forment une milice territoriale qui a mission<strong>de</strong> surveiller les points vulnérables. (Les fortins <strong>de</strong> Lesehan et<strong>de</strong> Renauhan, près <strong>de</strong> la Girgaine, ne seraient-ils pas confiés à leurvigilance ?). Elle est commandée par un <strong>de</strong>s leurs, mais dépendd’un préfet dit Préfet <strong>de</strong>s Lètes. La « Noticia dignitatum » ouAnnuaire romain <strong>de</strong> l’an 400 (environ) cite le Préfet <strong>de</strong>s Lètesd’Epoïssum (Carignan).Mais où donc se trouvaient les terres <strong>de</strong> Bertho ?Comme les anciens chemins et les rivières formaient bien souventlimites, nous les placerions au nord-ouest <strong>de</strong> la voie Ochamps-Cugnon. Elles englobaient donc le Batchai, et Haloup jusqu’à l’oasise la Girgaine, sans dépasser les Alleines, ni débor<strong>de</strong>r au nord lalimite <strong>de</strong>s diocèses, passant aux Fèches.Bertho est incontestablement un nom germain, la présence franqueest certaine en ces lieux, beaucoup <strong>de</strong> toponymes l’attestent. Dansl’étu<strong>de</strong> sur cette voie O-C.., M. Marchot décelait le long du parcours« <strong>de</strong>s vestiges indéniables <strong>de</strong> culture intensive franque ». Il sembleque ce territoire jouit longtemps d’un statut spécial, l’affranchissement<strong>de</strong> toute autorité étrangère. Le terme Haloup touchantl’Aumônerie, maison <strong>de</strong>s Templiers, exonérée <strong>de</strong> la dîme, renforcecette idée. Les Lètes, venus <strong>de</strong> Carignan, auraient été installés dansles terres touchant cette voie qui aurait servi <strong>de</strong> liaison directe etfacile avec la Préfecture dont ils dépendaient…A moins que tout cela ne soit dû à l’occupation postérieure <strong>de</strong>sFrancs ?Yves GOURDINNoss Vî BertryBibliographie• Terres franches – <strong>Bertrix</strong> – Louis HECTOR – Edition du Sorbier – Arlon – 1965• Chartes <strong>de</strong> l’Abbaye <strong>de</strong> Saint-Hubert en Ar<strong>de</strong>nne – Bruxelles – 1903• Les Communes luxembourgeoises – Emile TANDEL• La toponymie française – A. DAUZAT – Editions Payot – Paris – 1946• Les noms <strong>de</strong> personnes en France – P. LEBEL – Presses Universitaires – 1946• Une terre neutre en Ar<strong>de</strong>nne au XVIIIème siècle, <strong>Bertrix</strong> – L. Le FEBVE <strong>de</strong> VIVY – in « Annuaire<strong>de</strong> l’Académie royale d’Archéologie <strong>de</strong> Belgique – 1929• Dictionnaire éthymologique du nom <strong>de</strong>s communes <strong>de</strong> Belgique <strong>de</strong> A. CARNOY – EditionsUniversitas – 1939• Les noms <strong>de</strong> lieux – A. DAUZAT – Delagrave – Paris – 1947• Ar<strong>de</strong>nne et Famenne – 1965 – N° 3• Chez les Maccas – Wavre – La Libre Belgique – 5 octobre 1964• Les Gallos-romains – Emile THEVENOT – PUF – 1948• A.I.A.L – Paul MARCHOT – 1923 et 1924• L’Ar<strong>de</strong>nne belgo-romaine – DEMARTEAU• Essai d’explication historique <strong>de</strong>s noms <strong>de</strong> lieux composés avec « Han » - A. PIERRETJanvier - Février 2009 • n° <strong>98</strong> — page n° 27

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