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mémoire de M2

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1 Corps valués algébriquement closDéfinition 1.4 :Soient v 1 et v 2 <strong>de</strong>ux valuations sur un même corps K, on dit que v 1 ⩽ v 2 si et seulement si O v2 ⊆O v1 . C’est un pré-ordre. On dira que <strong>de</strong>ux valuations sont équivalentes si elles sont équivalentespour la relation associée à ce pré-ordre, i.e. O v1 = O v2 .Remarque 1.5 :Soient v 1 et v 2 <strong>de</strong>ux valuations sur un même corps K, v 1 est équivalente à v 2 si et seulement si ilexiste σ ∶ Γ v1 → Γ v2 , isomorphisme <strong>de</strong> groupes ordonnés, tel que v 2 = σ ○ v 1 .Il suit <strong>de</strong> cette remarque qu’on ne considérera désormais les valuations qu’à équivalence près.La théorie <strong>de</strong>s corps valués n’est donc pas tant la théorie <strong>de</strong>s valuations que la théorie <strong>de</strong>sanneaux <strong>de</strong> valuation.Pour faire <strong>de</strong> la théorie <strong>de</strong>s modèles, il faut introduire le langage qu’on utilisera. Il y en a uncertain nombre qui sont classiquement utilisés dans la littérature. Celui qui sera le plus utiliséici est le suivant :Définition 1.6 (L div ) :Le langage L div est {+, −, ×, 0, 1, div} où +, − et × sont <strong>de</strong>s fonctions binaires, 0 et 1 sont <strong>de</strong>sconstantes et div est une relation binaire. Dans un corps valué (K, v), on interprète +, −, ×, 0 et 1par la structure d’anneau <strong>de</strong> K et x div y par v(x) ⩽ v(y).La théorie <strong>de</strong>s corps valués est alors donnée par les axiomes suivants :(i) « K est un corps » ;(ii) 1 div 1 ∧ 1 div 0 ;(iii) ∀x∀y 1 div x ∧ 1 div y ⇒ 1 div x + y ∧ 1 div xy ;(iv) ∀x∀y xy = 1 ⇒ (1 div x ∨ 1 div y) ;(v) ∀x∀y∀z xy = 1 ⇒ (x div z ⇐⇒ 1 div yz).On aurait pu tout simplement prendre le langage <strong>de</strong>s anneaux {+, −, ×, 0, 1} et ajouter unprédicat pour l’anneau <strong>de</strong> valuation, mais alors, à moins <strong>de</strong> rajouter l’inverse, les théories quel’on considère plus loin per<strong>de</strong>nt l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs.Remarque 1.7 :Une sous-L div -structure est un anneau dont le corps <strong>de</strong>s fractions (qui est aussi une sous-structure)est un corps valué muni <strong>de</strong> la restriction <strong>de</strong> la valuation.Il y a un autre langage classique, qui est peut être plus proche <strong>de</strong> l’intuition que l’on a <strong>de</strong> cequ’est un corps valué, mais qui a le défaut d’être multi-sorté.Définition 1.8 :Le langage tri-sorté <strong>de</strong>s corps valué est constitué <strong>de</strong> trois sortes K, Γ ∞ et k et <strong>de</strong>s symboles suivants :– {+, −, ×, 0, 1} sur K et k ;– {+, −, 0, ⩽, ∞} sur Γ ∞ ;– v ∶ K → Γ ∞ ;– res ∶ K → k.5


1 Corps valués algébriquement closquand on voudra étudier la théorie <strong>de</strong> Q p car tout modèle <strong>de</strong> cette théorie se plonge donc dans uncorps valué algébriquement clos, théorie que l’on connaît mieux.Rappelons ensuite le théorème <strong>de</strong>s restes chinois qui sera utilisée dans la preuve du théorèmed’approximation (1.19).Théorème 1.18 (Théorème <strong>de</strong>s restes chinois) :Soient A un anneau, (A i ) i=1...n <strong>de</strong>s idéaux tels que A i + A j = A pour tout i ≠ j, alors laflèche canonique A → ∏ i A/A i est surjective.On prouve maintenant une version très faible du théorème d’approximation, mais qui suffiraà notre démonstration. On peut en trouver <strong>de</strong>s versions plus fortes dans [EP05] ou [Rib99].Théorème 1.19 (Théorème d’approximation) :Soient (v i ) i=1...n <strong>de</strong>s valuations incomparables d’un corps K et M i l’idéal maximal <strong>de</strong> O il’anneau <strong>de</strong> valuation associé à la valuation v i , alors pour tout (a i ) ∈ ∏ i O i , il existe a ∈⋂ i O i tel que pour tout i, a − a i ∈ M i .Commençons par démontrer un lemme technique.Lemme 1.20 :En reprenant les notation précé<strong>de</strong>ntes, soit A = ⋂ i O i et p i = A∩M i . Alors pour tout i, O i = A pi(i.e. le localisé <strong>de</strong> A en p i ).Proof . Comme A ⊆ O i et que A/p i ⊆ O i /M i = O ⋆ i , il s’en suit que A p i⊆ O i . Soit maintenanta ∈ O i (on peut supposer a non nul sinon c’est fini). Soit p un nombre premier supérieur à lacaractéristique <strong>de</strong> tous les k j = O j /M j et tel que le résidu <strong>de</strong> a dans k j (quand il existe) n’estpas une racine p-ième <strong>de</strong> l’unité. On pose b = ∑ p−1k=0 ak , et on va montrer que b −1 ∈ A/p i etab −1 ∈ A.Soit j tel que a ∈ O j et soit a j son résidu dans k j . Si a j = 1 le résidu <strong>de</strong> b, noté bj , est égalà p qui est non nul. Sinon bj = (1 − a p j )(1 − a j) −1 ≠ 0. Dans les <strong>de</strong>ux cas v j (b) = 0 etdonc b −1 ∈ O ⋆ j = O j /M j et bien sûr ab −1 ∈ O j . Comme a ∈ O i , on a, en particulier, queb −1 /∈ M i ⊇ p i .Si a /∈ O j , alors v j (a) < 0 et donc a −1 ∈ M j . Si on pose c = ∑ p−1k=0 a−k , on a alors a p−1 b = c ∈O j et <strong>de</strong> plus, par les même considérations que précé<strong>de</strong>mment, c est inversible dans O j . Ona donc b −1 = a −(p−1) c −1 et ab −1 = a −(p−2) c −1 ils sont bien tous les <strong>de</strong>ux dans O j .On a donc bien montré que ab −1 et b −1 sont dans ⋂ j O j et que b −1 ∉ p i . Il s’en suit immédiatementque a = ab −1 /b −1 ∈ A pi .∎Proof (Théorème (1.19)).En reprenant les notations du lemme, si p i ⊆ p j , comme A pi = O i , on aurait alors O j ⊆ O i ,ce qui est impossible car les valuations sont incomparables.Montrons <strong>de</strong> plus que les p j sont maximaux. En fait on va montrer que tout idéal propre A<strong>de</strong> A est inclus dans un p i . Cela suffira car si on a un idéal propre <strong>de</strong> A tel que p i ⊆ A alorsil existe j tel que p i ⊆ A ⊆ p j . Comme les p j sont incomparables, on doit alors avoir i = j etp i = A.Par l’absur<strong>de</strong>, soit donc A qui n’est inclus dans aucun p i , on a alors pour tout i un a i ∈ A/p i .De plus, comme p i /⊆ p j pour i ≠ j, soit b ij ∈ p i /p j . On pose alors c j = ∏ i≠j b ij qui est donc un9


1 Corps valués algébriquement closélément <strong>de</strong> p i pour tout i ≠ j. De plus comme p j est premier, c j /∈ p j . Les a j c j sont donc <strong>de</strong>séléments <strong>de</strong> A qui sont dans tous les p i pour i ≠ j et mais pas dans p j . Et si on pose d = ∑ j a j c jon obtient alors un élément <strong>de</strong> A qui n’est dans aucun <strong>de</strong>s p i . Comme p i = A ∩ M i ils ne sontdans aucun <strong>de</strong>s M i . Comme les O i sont <strong>de</strong>s anneaux locaux, d −1 ∈ O i pour tout i et doncd −1 ∈ A ce qui implique que A contient un élément inversible et donc A = A.Comme les p i sont maximaux et distincts, le théorème <strong>de</strong>s restes chinois (1.18) implique quela flèche canonique A → ∏ i A/p i est surjective. De plus, le morphisme canonique A → A pi →A pi /p i A pi qui a a ∈ A associe a/1 + p i A pi est une surjection. En effet, soit a/b ∈ A pi , i.e.b ∈ A/p i . Comme p i est maximal, l’idéal engendré par p i et b est A. Il existe donc c ∈ A telque a − cb ∈ p i et donc a/b − c = (a − cb)/b ∈ p i A pi et donc a/b + p i A pi est l’image <strong>de</strong> c ∈ A.De plus cette surjection passe au quotient et on a donc une surjection A/p i → A pi /p i A pi .Mais ces <strong>de</strong>ux anneaux sont <strong>de</strong>s corps et le morphisme est donc injectif, i.e. A/p i ≅ A pi /p i A pi .Comme par le lemme (1.20) on a A pi = O i et que son idéal maximal est p i A pi = M i , on aune flèche A → ∏ i O i /M i qui est surjective et il suffit <strong>de</strong> prendre pour a l’antécé<strong>de</strong>nt <strong>de</strong>(a i + M i ) i=1...n . ∎Lemme 1.21 :Soit (K, v) ⩽(L, w) une extension algébrique <strong>de</strong> corps, alors :(i) Γ L ⊆ div(Γ K ) ;(ii) k K ⩽ k L est une extension algébrique.Proof .(i) Soit w(x) ∈ Γ L , comme K ⩽ L est algébrique, il existe P ∈ K[X] tel que P(x) = ∑ i a i x i =0. Mais alors, comme w(P(x)) = ∞ il existe i et j distincts tels que w(a i x i ) = w(a j x j )et donc (j − i)w(x) = v(a i ) − v(a j ) ∈ Γ K .(ii) Soient res(x) ∈ k L et P ∈ K[X] tel que P(x) = ∑ i a i x i = 0. Soit a i0 <strong>de</strong> valuationminimale parmi les a i , on a alors Q(x) = ∑ i a i a −1i 0x i ∈ O v [x] qui annule x. Comme lecoefficient i 0 <strong>de</strong> Q est 1, celui <strong>de</strong> res Q aussi, i.e. res(Q) est un polynôme non nul, etres(Q)(res(x)) = res(Q(x)) = 0.∎Corollaire 1.22 :Soit (K, v) ⩽(L, w) une extension algébrique <strong>de</strong> corps valués. Si v est triviale alors w est trivialeaussi.Proof . Comme div({0}) = {0}, c’est une conséquence immédiate du lemme qui précè<strong>de</strong>.Lemme 1.23 :Soit O un anneau <strong>de</strong> valuation, alors O est intégralement clos (dans son corps <strong>de</strong> fractions K).Proof . Soient P ∈ O[X] unitaire et x ∈ K tel que P(x) = 0. Notons P = ∑ n i=0 a ix i et supposonsque v(x) < 0. Alors pour tout i < n, on a v(a i x i ) = v(a i )+i⋅v(x) ⩾ iv(x) > n⋅v(x) = v(a n x n )et donc v(P(a)) = n ⋅ v(x) ≠ ∞ = v(0), ce qui est absur<strong>de</strong>, donc x ∈ O.∎Lemme 1.24 :Soit (K, v) un corps valué algébriquement clos, on a alors :∎10


1 Corps valués algébriquement clos(i) Γ K est divisible ;(ii) k K est algébriquement clos.Proof .(i) Soient v(x) ∈ Γ K et n ∈ N. Comme K est algébriquement clos, il existe y ∈ K tel quey n = x. On a alors nv(y) = v(x).(ii) Soit P ∈ k K [X] unitaire il existe alors Q ∈ O v [X] unitaire tel que res(Q) = P. Comme Kest algébriquement clos il existe x ∈ K tel que Q(x) = 0. Comme O v est intégralementclos par le lemme (1.23), on a x ∈ O v et P(res(x)) = res(Q(x)) = 0.∎Lemme 1.25 :Soit (K, v) ⩽(L, w) une extension normale <strong>de</strong> corps valués. Alors w ○ σ est une valuation sur Lpour tout σ ∈ Aut(L/K) et ⋂ σ∈Aut(L/K) O w○σ est la clôture intégrale <strong>de</strong> O v dans L.Proof . Le fait que w ○ σ soit une valuation suit <strong>de</strong> vérifications évi<strong>de</strong>ntes. De plus, commeO w○σ est intégralement clos dans L (voir lemme (1.23)), la clôture intégrale <strong>de</strong> O v est inclusedans ⋂ σ∈Aut(L/K) O w○σ . Réciproquement, soit x ∈ ⋂ σ∈Aut(L/K) O w○σ . Comme l’extension estnormale, P(X) = ∏ σ∈Aut(L/K) (X − σ(x)) ∈ K[X] et comme O w○σ = σ −1 (O w ), pour toutσ ∈ Aut(L/K), w(σ(x)) ⩽ 0 et donc P ∈ O w [X]. Mais, comme O w ∩K = O v , on a P ∈ O v [X]et ce polynôme est unitaire et annule x.∎Lemme 1.26 :Soit (K, v) un corps valué, K ⩽ L une extension algébrique <strong>de</strong> corps et O 1 ⊆ O 2 <strong>de</strong>ux anneaux <strong>de</strong>valuation <strong>de</strong> L au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> O v , alors O 1 = O 2 .Proof . Montrons tout d’abord que M 2 ⊆ O 1 , où M 2 est l’idéal maximal <strong>de</strong> O 2 . Soit x ∈ M 2 ,comme O 1 est un anneau <strong>de</strong> valuation, on a x ∈ O 1 ou x −1 ∈ O 1 . Si x −1 ∈ O 1 ⊆ O 2 alors xest inversible dans O 2 ce qui est absur<strong>de</strong>. De plus comme M 2 est un idéal <strong>de</strong> O 2 ⊇ O 1 c’estaussi un idéal <strong>de</strong> O 1 . On a alors Ô1 = O 1 /M 2 ⊆ O 2 /M 2 = k 2 .Comme O 1 et O 2 sont <strong>de</strong>s anneaux <strong>de</strong> valuation au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> O K , on a en particulier queM K ⊆ M 2 ∩ O et donc que k K = O K /M K ⊆ Ô1. D’après le lemme (1.21), k K ⩽ k 2 est uneextension algébrique, et comme on a k K ⊆ Ô1 ⊆ k 2 , il s’en suit que pour tout x ∈ Ô1, k K [x]est une k-algèbre <strong>de</strong> dimension finie, intègre, donc un corps. Comme tout élément <strong>de</strong> Ô1est inversible, c’est donc un corps. Mais Ô1 est un anneau <strong>de</strong> valuation <strong>de</strong> k 2 . En effet, soit̂x ∈ k 2 , où x ∈ O 2 ⊆ K 2 . Si x ∈ O 1 alors ̂x ∈ Ô1 et si x −1 ∈ O 1 alors (̂x) −1 = ̂x −1 ∈ Ô1. On adonc Ô1 = Frac(Ô1) = k 2 . Il s’en suit immédiatement que O 1 = O 2 .∎Lemme 1.27 :Soient v et (v i ) i=1...n <strong>de</strong>s valuations non triviales <strong>de</strong> K telles que ⋂ i O vi ⊆ O v , alors il existe unindice i 0 tel que O v et O vi0 sont comparables.Proof . Quitte à retirer les j tels que O vi ⊆ O vj pour un certain i ≠ j, on peut supposerqu’aucune <strong>de</strong>s valuations v i ne sont comparables. Supposons alors que v n’est comparableà aucune <strong>de</strong>s valuations v i , alors par le théorème (1.19), il existe x ∈ ⋂ i O vi ∩ O v tel quev(x − 1) > 0 et v i (x) > 0 pour tour i. Mais alors comme v(x) > 0 implique v(x − 1) = 0, on11


1 Corps valués algébriquement closa donc v(x) = 0. De même on trouve y ∈ K tel que v(y) > 0 et v i (y) = 0 pour tout i. Maisalors v(x/y) = −v(y) < 0 et v i (x/y) = v i (x) > 0 pour tout i, ce qui contredit le fait que⋂ i O vi ⊆ O v .∎Théorème 1.28 (Théorème <strong>de</strong> conjugaison) :Soit (K, v) un corps valué et (K, v) ⩽(L, w) une extension normale <strong>de</strong> corps valué, alors toutevaluation w ′ sur L qui étend v est <strong>de</strong> la forme (à équivalence près) w ○ σ pour σ ∈ Aut(L/K).Proof . Le cas où v est triviale est traitée dans le corollaire (1.22), on peut donc supposer qu’ellene l’est pas.Comme w ′ étend v, O w ′ ∩K = O v . De plus, d’après le lemme (1.23), O w ′ est intégralementclos dans L et d’après le lemme (1.25), ⋂ σ∈Aut(K/K) O w○σ est la clôture intégrale <strong>de</strong> O v dansL, on a donc ⋂ σ∈Aut(L/K) O w○σ ⊆ O w ′. Mais alors d’après le lemme (1.27), comme Aut(L/K)est fini, il existe σ ∈ Aut(L/K) tel que O w ′ et O w○σ sont comparables et donc, par le lemme(1.26), w ′ et w ○ σ sont équivalentes. ∎Le résultat que l’on utilisera vraiment est une extension <strong>de</strong> ce théorème à toute la clôturealgébrique.Corollaire 1.29 :Soient (K, v) un corps valué, K 1 et K 2 <strong>de</strong>ux clôtures algébriques <strong>de</strong> K. Soient v 1 et v 2 <strong>de</strong>s valuationssur K 1 et K 2 respectivement qui éten<strong>de</strong>nt v. Alors il existe σ ∈ Iso K (K 1 , K 2 ) tel que v 1 = v 2 ○ σ (àéquivalence près).Proof . Soit X ∶= {(L 1 , σ) ∶ K ⩽ L 1 ⩽ K 1 , σ ∈ End K (L 1 , K 2 ) et v 1 L1 = v 2 ○ σ}. Cet ensembleordonné par l’inclusion est inductif et donc par le lemme <strong>de</strong> Zorn, il existe (L 1 , σ) ∈ X maximal.Montrons que L 1 = K 1 . On aura alors K ⩽ σ(K 1 ) ⩽ K 2 et σ(K 1 ) algébriquement clos d’oùσ(K 1 ) = K 2 et on aura terminé.Supposons donc, par l’absur<strong>de</strong>, qu’on ait a ∈ K 1 /L 1 . Soit L1 ′ la clôture normale <strong>de</strong> L 1[a].Comme K 1 est la clôture algébrique <strong>de</strong> L 1 , par unicité <strong>de</strong> la clôture algébrique (au <strong>de</strong>ssusd’un isomorphisme), on peut étendre σ en σ ′ ∈ Iso K (K 1 , K 2 ). Le corps L1 ′ est muni <strong>de</strong> <strong>de</strong>uxvaluations qui sont les restrictions <strong>de</strong> v 1 et v 2 ○ σ ′ , et ces <strong>de</strong>ux valuations coïnci<strong>de</strong>nt surL 1 . Par le théorème (1.28), il existe τ ∈ Aut(L1 ′ /L 1) tel que v 1 L ′1= v 2 ○ σ ′ ○ τ. Mais alors(L1 ′ , σ′ ○ τ) ∈ X, ce qui contredit le fait que (L 1 , σ) soit maximal. ∎1.3 Élimination <strong>de</strong>s quantificateurs dans ACVFLa preuve <strong>de</strong> l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs pour les corps valués est adaptée <strong>de</strong> celle <strong>de</strong>[Cha08] en utilisant un autre critère, plus élémentaire.Lemme 1.30 (Critère d’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs) :Une théorie T dans un langage L admet l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs si et seulement si pourtous modèles M et N <strong>de</strong> T qui contiennent une L-structure commune A, toute formule ϕ sansquantificateurs <strong>de</strong> L A et m ∈ M tel que M ⊧ ϕ[ m], il existe n ∈ N tel que N ⊧ ϕ[ n].12


1 Corps valués algébriquement closOn veut maintenant utiliser le critère précé<strong>de</strong>nt, mais il est plus simple <strong>de</strong> d’abord supposerque A est un modèle, puis en déduire le cas où A n’est qu’une structure en utilisant lethéorème <strong>de</strong> conjugaison.Lemme 1.31 :Soient (K, v) et (L, w) <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> ACVF tels que (K, v) est une sous-structure <strong>de</strong> (L, w) etϕ une formule sans quantificateurs <strong>de</strong> L A , on a L ⊧ ∃xϕ[x] si et seulement si K ⊧ ∃xϕ[x]Proof . D’après la remarque (1.7), K est un sous-corps <strong>de</strong> L muni <strong>de</strong> la restriction <strong>de</strong> la valuation.Soit alors m ∈ L tel que L ⊧ ϕ[m, a]. On veut montrer qu’il existe m ′ ∈ K tel que K ⊧ϕ[m ′ , a]. Si m = 0 alors il est déjà dans K et c’est évi<strong>de</strong>nt. On peut donc supposer m inversibleet comme toute formule sur m est équivalente à une formule sur m −1 (il suffit <strong>de</strong> remplacerx par 1/x dans les polynômes qui apparaissent et multiplier par la bonne puissance <strong>de</strong> x pourque cela gar<strong>de</strong> un sens), on peut supposer que w(m) ⩾ 0. De même, si m est algébrique surK, qui est algébriquement clos, on a m ∈ L et c’est fini. On peut donc aussi supposer que mest transcendant sur K.Il y a donc trois cas qui correspon<strong>de</strong>nt aux différentes formes d’extension transcendante.Extension purement ramifiée : Supposons qu’il existe b ∈ K tel que w(m−b) /∈ Γ K . Quitteà considérer ϕ[x + b, a], on peut considérer que w(m) /∈ Γ K . On peut alors supposer(comme toujours) que ϕ est une conjonction d’atomes et <strong>de</strong> négation d’atomes, i.e. <strong>de</strong>la forme suivante :n⋀i=1¬P i (x) = 0 ∧ n′⋀j=1R j [x] div R ′ j [x] ∧n′′⋀j=n ′ +1¬R j [x] div R ′ j [x]Notons R j = λ 1 ∏ k (x − a j,k ) n j,ket <strong>de</strong> même pour Rj ′ . Quitte à agrandir a, on peutsupposer que toutes les racines sont <strong>de</strong>dans. Soit alors (G, D) la coupure <strong>de</strong> w(m)dans v( a), i.e. G = {x ∈ a ∶ w(x) < w(m)} et D = {x ∈ a ∶ w(m) < w(x)}. On a alorsw(R j (m)) = w(λ) +∑a j,k ∈Get donc R j (m) div Rj ′ (m) si et seulement si :n j,k w(a j,k ) +w( λ jλj′ )+ ∑ n j,k w(a j,k )− ∑ n j,k ′ w(a′ j,k )+( ∑a j,k ∈Ga j,k ′ ∈Ga j,k ∈D∑a j,k ∈Dn j,k −n j,k w(m)∑a ′ j,k ∈D n ′ j,k)w(m) ⩽ 0,c’est-à-dire n j w(m) ⩽ b j avec n j ∈ Z et b j ∈ Γ K . Comme L est algébriquement clos,Γ K est divisible (voir lemme (1.24)) et comme w(m) /∈ Γ K , R j (m) div Rj ′ (m) est doncéquivalent à w(m) < bj ′ ou w(m) > b′ j avec b′ j ∈ Γ K. Quitte à supposer que les bj ′ sontdans v( a), les conditions sur la valuation <strong>de</strong> m (même les négations) sont donc touteséquivalentes à la réalisation <strong>de</strong> la coupure <strong>de</strong> w(m) sur v( a). Mais comme Γ K ⊧ DLOdont tous les modèles sont ω-saturés, il existe m ′ ∈ K qui réalise cette coupure. Deplus pour tout u ∈ K tel que w(u) > w(m ′ ), w(m ′ + u) = w(m ′ ) réalise aussi cettecoupure et il y a donc une infinité <strong>de</strong> valeurs possibles pour m ′ . Il suffit d’en prendreune qui n’annule aucun <strong>de</strong>s P i et on a alors K ⊧ ϕ[m ′ , a].13


1 Corps valués algébriquement closExtension purement inertielle : Supposons qu’il existe b et c ∈ K tel que res((m − b)/c) /∈k K . Quitte à considérer ϕ[cx + b, a], on peut considérer que res(m) /∈ k K .Si on a b ∈ K tel que v(b) = w(m), on a alors w(m−b) ⩾ w(m) ⩾ 0. Mais si w(m−b) >0 on a alors res(m − b) = 0 et donc res(m) = res(b) ∈ k K ce qui est absur<strong>de</strong>. Doncw(m − b) = 0. Soit alors (G, E, D) la coupure <strong>de</strong> w(m) dans v( a), où E = {x ∈ a ∶w(x) = w(m)}. On a alors :w(R j (m 1 )) = w(λ j ) +∑a j,k ∈Gn j,k w(a j,k ) +∑a j,k ∈Dn j,k w 1 (m 1 ).Comme k K est algébriquement clos pas le lemme (1.24), il est infini et il y a donc uneinfinité <strong>de</strong> m ′ ∈ K tels que w(m ′ ) = 0 et res(m ′ ) ≠ res(b) pour tout b ∈ a. On enchoisit un qui n’annule aucun <strong>de</strong>s P i . On peut alors vérifier que pour tout b ∈ a on aw(m − b) = w(m ′ − b). En effet, si b ∈ D, w(m ′ − b) = w(m ′ ) = 0 = w(m − b), sib ∈ G, w(m ′ − b) = w(b) = w(m − b) et si w(b) = 0, w(m ′ − b) ⩾ 0 mais commeres(m ′ ) ≠ res(b), w(m ′ − b) ⩽ 0 et donc w(m ′ − b) = 0 = w(m − b). Il s’en suit doncque K ⊧ ϕ[m ′ , a].Extension immédiate : Il reste le cas où, pour tout b ∈ K, w(m − b) ∈ Γ K et pour tous b, c ∈K, res((m − b)/c) ∈ k K . L’ensemble X = {w(m − b) ∶ b ∈ K} n’a alors pas <strong>de</strong> maximum.En effet soit b, c ∈ K tel que w(m − b) = w(c). On a alors w((m − b)/c) = 0 et il existedonc u ∈ K tel que res(u) = res((m − b)/c). On a donc w((m − b)/c − u) > 0 et doncw(m−(b+uc)) > w(c) = w(m−b). On peut donc trouver m ′ ∈ K tel que w(m ′ −m) >w(m−b) pour tout b ∈ a. On a alors w(m ′ −b) = w(m ′ −m 1 +m 1 −b) = w(m−b) etdonc pour tout polynôme P ∈ K[X] à racines dans a, w(P(m)) = w(P(m ′ )). De pluscomme X n’a pas <strong>de</strong> maximum, il y a une infinité <strong>de</strong> m ′ qui conviennent. On peut doncen prendre un qui n’annule aucun <strong>de</strong>s P i . On a alors K ⊧ ϕ[m ′ , a].∎Remarque 1.32 :(i) La modèle complétu<strong>de</strong> nous permet <strong>de</strong> comprendre la clôture algébrique dans ACVF. En effet,soit (K, v) ⊧ ACVF et A ⊆ K. Comme L div contient le langage <strong>de</strong>s anneaux, il est évi<strong>de</strong>ntque acl(A) contient K ′ = Frac(< A >) alg , i.e. la clôture algébrique du corps <strong>de</strong>s fractions <strong>de</strong>l’anneau engendré par A (que l’on notera dorénavant A alg même si A n’est qu’un ensemblequelconque <strong>de</strong> paramètres). De plus, il est évi<strong>de</strong>nt que K ′ est un corps valué algébriquementclos et donc K ′ ≼ K, ce qui implique que acl(A) ⊆ K ′ = A alg et donc acl(A) = A alg .(ii) En revanche, dcl n’est pas la clôture rationnelle comme c’est le cas dans les corps algébriquementclos. C’est en fait l’hensélianisé. En reprenant les notations précé<strong>de</strong>ntes, commeL div contient le langage <strong>de</strong>s anneaux, Frac(< A >) ⊆ dcl(A) on peut donc supposer queA = Frac(< A >) et donc que A est un corps. On choisit alors A h un Hensélianisé <strong>de</strong> A.Comme K est algébriquement clos (et donc Hensélien) il s’en suit que A h s’injecte dans K.Quitte à l’i<strong>de</strong>ntifier à son image, on peut donc considérer que c’est un sous-corps <strong>de</strong> K. Soitalors σ un automorphisme <strong>de</strong> K (en tant que corps valué) qui fixe A. Il s’en suit que si on notei ∶ A → A h et j ∶ A h → K les injections induites par l’inclusion, on a σ ○ i = σ A = j ○ i etdonc par la propriéte universelle <strong>de</strong> l’Hensélianisé, σ A h = j i.e. A h est fixé point par point14


1 Corps valués algébriquement clospar σ. Il s’en suit donc que A h ⊆ dcl(A). Toujours comme L div contient le langage <strong>de</strong>s anneaux,dcl(A) doit contenir K ′ = A hins , la clôture inséparable <strong>de</strong> A h . Montrons alors quedcl(A) = K ′ .Soit x ∉ /K ′ . Comme x est séparable au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K ′ , il existe un automorphisme σ <strong>de</strong> K quifixe K ′ mais pas x. Mais comme K ′ est Hensélien par le corollaire (1.12), v est v ○ σ qui sont<strong>de</strong>ux valuations <strong>de</strong> K qui coïci<strong>de</strong>nt sur K ′ sont équivalentes, i.e.σ(O K ) = O K et donc σ estun automorphisme <strong>de</strong> K en temps que corps valué. On a donc x ∉ dcl(A).Théorème 1.33 :La théorie ACVF admet l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs dans le langage L div .Proof . Soient (K 1 , v 1 ) et (K 2 , v 2 ) <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> ACVF et (K, v) un sous-corps valué commun(qui est bien une sous-L div -structure <strong>de</strong> chacun <strong>de</strong>s modèles par la remarque (1.7)).Soient (K1 ′ , v′ 1 ) et (K′ 2 , v′ 2 ) les clôtures algébriques <strong>de</strong> K dans K 1 et K 2 respectivement, munis<strong>de</strong>s restrictions <strong>de</strong>s valuations. Par le corollaire (1.29), il existe σ ∈ Iso K (K1 ′ , K′ 2) qui soitun isomorphisme <strong>de</strong> corps valué. Il induit un plongement <strong>de</strong> K1 ′ dans K 2 et on peut doncremplacer K par K1 ′ , i.e. considérer que K est algébriquement clos.Soient alors ϕ[x] ∈ L div sans quantificateurs à paramètres dans K et m 1 ∈ K 1 tel que K 1 ⊧ϕ[m 1 ]. D’après le lemme (1.30), il suffit <strong>de</strong> vérifier qu’il existe m 2 ∈ K 2 tel que K 2 ⊧ ϕ[m 2 ].Si K est <strong>de</strong> valuation non triviale, c’est un modèle <strong>de</strong> ACVF et donc par le lemme (1.31), K 1 ⊧∃xϕ[x] implique K ⊧ ∃xϕ[x], qui implique K 2 ⊧ ∃x ϕ[x].Reste le cas où K est trivialement valué. La preuve du lemme (1.31) marche encore et permet <strong>de</strong>trouver un m ∈ K tel que K ⊧ ϕ[m] et donc, comme ϕ est sans quantificateurs, K 2 ⊧ ϕ[m],sauf dans le cas <strong>de</strong> l’extension totalement ramifiée, car on a alors {0} ⊭ DLO. Mais dans cecas-là, la coupure <strong>de</strong> m 1 sur K se résume à savoir si v(m 1 ) > 0 ou pas. Il suffit alors <strong>de</strong> choisirm 2 ∈ K 2 qui n’annule aucun <strong>de</strong>s P i et tel que v(m 2 ) > 0 si et seulement si v(m 1 ) > 0. Onaura alors bien K 2 ⊧ ϕ[m 2 ].∎Une première remarque que l’on peut faire est que l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs dans lelangage tri-sorté se déduit assez facilement du résultat que l’on donne ici et permet <strong>de</strong> démontrerque Γ est un pur groupe abélien totalement ordonné, divisible et sans torsion et quek est un pur corps algébriquement clos.Comme souvent, il n’est pas difficile <strong>de</strong> déduire les complétions d’une théorie, une fois quel’on sait qu’elle admet l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs.Corollaire 1.34 (Complétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> ACVF) :Les complétions <strong>de</strong> ACVF sont données par la caractéristique du corps et celle du corps résiduel(appelée caractéristique résiduelle). Les cas possibles sont (0, 0), (0, p) et (p, p) où p est un nombrepremier. On note ACVF (n,m) ces différentes complétions.Proof . Le fait qu’un corps est <strong>de</strong> caractéristique p ≠ 0 s’exprime au premier ordre dans L div par∑ p i=11 = 0. De même, le fait qu’il soit <strong>de</strong> caractéristique résiduelle p s’exprime par v(p) > 0i.e. ¬(∑ p i=11 div 1). Les complétions <strong>de</strong> ACVF fixent donc bien ces <strong>de</strong>ux caractéristiques.D’autre part, comme on a un morphisme d’anneau qui va <strong>de</strong> O l’anneau <strong>de</strong> valuation (quiest <strong>de</strong> même caractéristique que le corps valué) vers k, le corps résiduel, il s’en suit que la15


1 Corps valués algébriquement closcaractéristique résiduelle divise la caractéristique et les cas possibles sont donc bien (0, 0),(0, p) et (p, p).Si un corps valué K est <strong>de</strong> caractéristique (0, 0), alors Z ⊆ K. Comme pour tout n ∈ Z /{0},v(n) = v(∑ n i=1 1) ⩾ v(1) = 0 mais qu’on ne peut pas avoir v(n) > 0, on a v(n) = 0 et doncZ muni <strong>de</strong> la valuation triviale est une sous-structure <strong>de</strong> tous les corps valués <strong>de</strong> caractéristique(0, 0), par élimination <strong>de</strong>s quantificateurs, cela suffit pour montrer que ACVF (0,0) estcomplète.Si un corps K est <strong>de</strong> caractéristique (0, p), alors Z ⊆ K, mais maintenant, pour tout n ∈ Z /{0}on a v(n) > 0 ⇐⇒ res(n) = 0 ⇐⇒ p∣n. D’où Z muni <strong>de</strong> la valuation p-adique (voirdéfinition (2.6)) est une sous-structure commune à tous les modèles <strong>de</strong> ACVF (0,p) . Enfin, si Kest <strong>de</strong> caractéristique (p, p), alors Z /p Z muni <strong>de</strong> la valuation triviale est une sous-structure<strong>de</strong> K.∎Une autre conséquence <strong>de</strong> ce résultat d’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs est un résultat <strong>de</strong>Holly (voir la proposition (1.36)), qui donne une <strong>de</strong>scription canonique <strong>de</strong>s ensembles définissables<strong>de</strong> ACVF. Cette <strong>de</strong>scription utilise <strong>de</strong>s sous-ensembles d’un corps valués qui sontparticulièrement importants : les boules. Si (K, v) est un corps valué, pour tout γ ∈ Γ K eta ∈ K, on note B ⩾γ (a) ∶= {x ∈ K ∶ v(x − a) ⩾ γ}, la boule fermée <strong>de</strong> centre a et <strong>de</strong> rayon γet B >γ (a) ∶= {x ∈ K ∶ v(x − a) > γ}, la boule ouverte <strong>de</strong> centre a et <strong>de</strong> rayon γ. Une boule<strong>de</strong> K est alors n’importe quel ensemble définissable qui soit d’une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux formes. Il fautcependant faire attention au fait que si K ⩽ L, l’empreinte d’une boule <strong>de</strong> L dans K n’est pasforcément une boule.Définition 1.35 (Fromage suisse) :Soit (K, v) un corps valué. Un fromage suisse <strong>de</strong> K est un ensemble <strong>de</strong> la forme b/(⋃ n i=1 b i) où bet les b i sont <strong>de</strong>s boules. On dira que <strong>de</strong>ux fromages suisses sont trivialement emboîtés si la bouleextérieure <strong>de</strong> l’un est un trou <strong>de</strong> l’autre.Proposition 1.36 ([Hol95, Théorème 3.26]) :Soit (K, v) ⊧ ACVF, tout sous-ensemble définissable <strong>de</strong> K s’écrit <strong>de</strong> manière unique comme uneunion finie <strong>de</strong> fromages suisses non trivialement emboîtés.Enfin, maintenant que l’on sait que ACVF admet l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs, l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong>sformules faite dans la preuve <strong>de</strong> (1.31) permet <strong>de</strong> décrire le cardinal <strong>de</strong>s ensemble définissables.Proposition 1.37 :Soit (K, v) ⊧ ACVF, alors tout ensemble définissable dans K est soit fini soit du cardinal <strong>de</strong> K.Proof . Montrons tout d’abord qu’il suffit <strong>de</strong> considérer les ensembles à une variable. SoientX ⊆ K n définissable et π i la projection sur la i-ième composante. Si tous les π i (X) sont finis,alors X est inclus dans un produit fini d’ensemble finis et est donc fini. Par contre, si l’un <strong>de</strong>sπ i (X) est infini, il suffit <strong>de</strong> montrer que ce π i (X) est <strong>de</strong> même cardinal que K car c’est alorsaussi le cas <strong>de</strong> X qui se surjecte sur cet ensemble.Soit alors X ⊆ K définissable par une formule ϕ. Par élimination <strong>de</strong>s quantificateurs, on peutsupposer que c’est une disjonction <strong>de</strong> conjonctions d’atomes et <strong>de</strong> négations d’atomes. Il suffitalors <strong>de</strong> le montrer pour les conjonctions. En effet si elles définissent toutes un ensemblefini alors X aussi et si l’une d’entre elles définit un ensemble infini, il serait alors du même16


1 Corps valués algébriquement closcardinal que K et donc X aussi car il le contient. On peut donc supposer que X est défini parune conjonction. Si un atome <strong>de</strong> la forme P(x) = 0 apparaît alors X est fini. On peut doncsupposer que X est défini par une formule <strong>de</strong> la forme :n⋀i=1¬P i (x) = 0 ∧ n′⋀j=1R j [x] div R ′ j [x] ∧n′′⋀j=n ′ +1¬R j [x] div R ′ j [x].De plus, on peut écrire tous les polynômes qui apparaissent sous forme scindée et supposerque les racines sont dans l’ensemble fini A <strong>de</strong>s paramètres qui définissent X. Si X est vi<strong>de</strong>alors c’est fini, sinon soit m ∈ X. L’ensemble {v(m − a) ∶ a ∈ A} est fini et soit γ qui lemajore. Montrons que la boule B >γ (m) ⊆ X. Tous les points <strong>de</strong> cette boule sont distincts <strong>de</strong>sracines <strong>de</strong>s P i car par définition <strong>de</strong> γ, v(m − a) ⩽ γ. De plus, soit m ′ ∈ B >γ (m), pour touta ∈ A, v(m ′ − a) = v(m ′ − m + m − a) = v(m − a) car v(m ′ − m) > γ ⩾ v(m − a). Pourtout polynôme Q qui apparaît dans la formule, on a donc v(Q(m ′ )) = v(λ ∏ i (m ′ − a i )) =v(λ) + ∑ i v(m ′ − a i ) = v(λ) + ∑ i v(m − a i ) = v(Q(m)) et il s’en suit que m ′ vérifie aussi laformule.Il suffit donc <strong>de</strong> montrer que toute les boules ouvertes <strong>de</strong> rayon fini sont <strong>de</strong> même cardinalque K, et comme elles sont toutes <strong>de</strong> la forme a + xM où v(x) est le rayon <strong>de</strong> la boule, il suffit<strong>de</strong> montrer que M a le même cardinal que K. Mais comme on a un morphisme <strong>de</strong> groupev ∶ K ∗ → Γ dont le noyau est R/M et que la valuation est non triviale, M contient au moinsun translaté du noyau et comme K = M ∪ (R/M) ∪ M −1 , il s’en suit que M est <strong>de</strong> mêmecardinal que K.∎1.4 Élimination <strong>de</strong>s imaginaires dans un cadre abstraitUne fois la question <strong>de</strong> l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs traitée, l’autre question qui se posecomme préliminaire à l’étu<strong>de</strong> <strong>de</strong> toute théorie est celle <strong>de</strong> l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires. Eneffet, l’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs permet une <strong>de</strong>scription extrêmement simple <strong>de</strong> tousles ensembles définissables, mais il reste le problème <strong>de</strong>s quotients définissables. A priori,ils ne sont pas représentées comme <strong>de</strong> « vrais » points <strong>de</strong>s structures mais n’existent qu’entant qu’ensembles <strong>de</strong> classes d’équivalence, ce qui les rend compliqués à traiter. Le but <strong>de</strong>l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires est justement d’en faire <strong>de</strong> vrais points.Dans les définitions qui suivent, on distinguera, comme dans [Hod93], <strong>de</strong>s notions uniformeset non-uniformes d’élimination <strong>de</strong>s imaginaires. On ne définira cependant pas la notiond’élimination semi-uniforme qu’il introduit car, par compacité, elle est équivalente à l’éliminationnon-uniforme. Dans tout ce qui suit, L sera un langage.Définition 1.38 (Co<strong>de</strong> et co<strong>de</strong> uniforme) :Soient M une L-structure et X un ensemble M-définissable. On dit que a ∈ M est un co<strong>de</strong> pour Xvia ϕ[ x, y] une L-formule, si X = ϕ[M, a] et que a ′ ≠ a implique ϕ[M, a] ≠ ϕ[M, a ′ ].Si X = θ[M, b], on dit que X est codé uniformément via ϕ[ x, y] si pour tout b ′ ∈ A (bien sorté),il existe un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> θ[M, b ′ ] via ϕ[ x, y].Dans la définition <strong>de</strong> co<strong>de</strong>, on autorise la variable y à représenter un 0-uplet, dans le cas oùX est ∅-définissable.17


1 Corps valués algébriquement closIl est évi<strong>de</strong>nt que la notion <strong>de</strong> codage uniforme sera beaucoup plus pratique que sa versionnon-uniforme, mais dans le cas où la théorie admet suffisamment <strong>de</strong> constantes, ces <strong>de</strong>uxnotions coïnci<strong>de</strong>nt.Lemme 1.39 :Soit M une L-structure telle que dcl(∅) contient au moins <strong>de</strong>ux éléments <strong>de</strong> la même sorte etun élément <strong>de</strong> chaque sorte. Soit θ[ x, y] une L-formule telle que pour tout m ∈ M (bien sorté),θ[M, m] ait un co<strong>de</strong>, alors ce codage peut être choisi uniformément.Proof . Pour tout m ∈ M, on a ϕ m[ x, z] et a m qui est un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> θ[M, m] via ϕ m[ x, z].L’ensemble <strong>de</strong> formules {∀ a (∀ a ′ a ≠ a ′ ⇒ ¬(∀ x ϕ[ x, a] ⇐⇒ ϕ[ x, a ′ ])) ⇒ ¬(∀ x ϕ[ x, a] ⇐⇒θ[ x, m]) ∶ ϕ[ x, z] ∈ L} n’est donc pas satisfaisable et, par compacité, il n’est donc pas finimentsatisfaisable. Il existe donc <strong>de</strong>s formules (ϕ i [ x, z i ]) i=1...n telles que pour tout m, ilexiste a et i tel que a est un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> θ[M, m] via ϕ i [ x, z i ]. De plus, on peut supposer queles z i sont sortés <strong>de</strong> la même manière, quitte à rajouter <strong>de</strong>s variables <strong>de</strong> la bonne sorte etspécifier qu’elles doivent être égales à une constante dans ϕ i . On peut donc remplacer les z ipar un unique uplet <strong>de</strong> variables z.Quitte à remplacer les ϕ par ϕ[ x, z] ∧ (⋀ j


1 Corps valués algébriquement closD’autre part soit N une extension assez saturée et homogène <strong>de</strong> M et supposons que toutautomorphisme <strong>de</strong> N fixe a si et seulement si il fixe X. Tout d’abord, comme X est Aut(N / a)-invariant et que N est assez saturé et homogène, il existe une formule ϕ[ x, y] telle queϕ[ x, a] définit X. Posons p = tp( a), l’ensemble <strong>de</strong> formules p[ y]∪{∀ x ϕ[ x, y] ⇐⇒ ϕ[ x, a], y ≠a} n’est alors pas satisfaisable. En effet s’il l’était, il le serait dans N et il existerait donc σ unautomorphisme <strong>de</strong> N qui fixe X mais pas a ce qui contredit notre hypothèse. Il existe doncψ[ y] ∈ tp( a) telle que N ⊧ ∀ y(ψ[ y] ∧ ∀ x ϕ[ x, y] ⇐⇒ ϕ[ x, a]) ⇒ y = a. Il s’en suit doncque X est codé par a via ϕ[ x, y] ∧ ψ[ y].∎Définition 1.42 (Élimination <strong>de</strong>s imaginaires) :Une théorie T élimine (faiblement) les imaginaires si tout ensemble définissable d’un modèle <strong>de</strong> Tadmet un co<strong>de</strong> (faible). L’élimination (faible) est dite uniforme si tout ensemble définissable est codé(faiblement) uniformément.Une conséquence immédiate du lemme (1.39) est que si une théorie admet suffisamment <strong>de</strong>constantes, alors elle a l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires si et seulement si elle a l’éliminationuniforme <strong>de</strong>s imaginaires.La présentation qu’on a choisi <strong>de</strong> prendre ici passe par la notion <strong>de</strong> co<strong>de</strong> mais, comme je l’aifait remarquer précé<strong>de</strong>mment, l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires est essentiellement, et historiquement,liée à la question <strong>de</strong> représenter les classes d’équivalence définissables (qui sont enquelque sorte <strong>de</strong>s points « imaginaires ») par <strong>de</strong> « vrais » points du modèle.Lemme 1.43 :Soit T une L-théorie, elle élimine uniformément les imaginaires si et seulement si pour toute L-formule qui définit une relation d’équivalence E dans T, il existe une L-formule qui défini unefonction f dans T telle que T ⊢ E[ x, y] ⇐⇒ f( x) = f( y).Proof . Supposons que T élimine uniformément les imaginaires et soit M ⊧ T et E une relationd’équivalence définissable. Comme les classes d’équivalence <strong>de</strong> E sont toutes définies par <strong>de</strong>sformules <strong>de</strong> la forme E[ x, a], où a ∈ M, par élimination uniforme <strong>de</strong>s imaginaires, il existeune L-formule ϕ[ x, y] telle que E[M, a] est codée via ϕ. La formule ∀ x ϕ[ x, y] ⇐⇒ E[ x, z]définit donc une fonction qui vérifie bien les propriétés voulues.Réciproquement, soit ϕ[ x, y] une L-formule, on définit E[ y, y ′ ] ∶= ∀ x ϕ[ x, y] ⇐⇒ ϕ[ x, y ′ ]qui est bien une relation d’équivalence. Par hypothèse, il existe une fonction définissable f Etelle que E[ y, y, ] ⇐⇒ f E ( y) = f E ( y ′ ). Il est alors facile <strong>de</strong> voir que f E ( a) co<strong>de</strong> uniformémentϕ[M, a] via θ[ x, z] ∶= ∃ y ϕ[ x, y] ∧ f E ( y) = z).∎La notion d’imaginaire a été introduite par S. Shelah (voir [She78, Definition 6.2, p. 129]) àtravers la construction suivante, dont l’utilité en théorie <strong>de</strong>s modèle n’est plus à démontrer.Définition 1.44 (T eq et M eq ) :Soit T une L-théorie, on lui associe un langage L eq qui contient, pour toute relation E[ x, y] ∅-définissable (où x et y ont la même longueur) telle que T ⇒ « E est une relation d’équivalence »,une sorte S E et un symbole <strong>de</strong> fonction f E ∶ S = → S E . Ce langage contient L sur la sorte S = (si L estdéjà un langage multi-sorté, la sorte S = est en fait une union <strong>de</strong> sortes...). On définit alors la théorieT eq qui contient T ramenée à la sorte S = et les formules ∀ x∀ y f E ( x) = f E ( y) ⇐⇒ E[ x, y].19


1 Corps valués algébriquement closÀ tout modèle M <strong>de</strong> T on associe M eq ⊧ T eq en interprétant S E par l’ensemble <strong>de</strong>s classes d’équivalence<strong>de</strong> E et f E par la surjection canonique.La structure M eq est alors, en quelque sorte la structure <strong>de</strong> M et <strong>de</strong> tous ses imaginaires.Remarque 1.45 (Quelques propriétés <strong>de</strong> M eq ) :(i) Soit ϕ[x 1 , . . . , x n ] ∈ L eq , il existe alors ψ[y 1 , . . . y n ] ∈ L tel queoù S Ei est la sorte <strong>de</strong> x i .T eq ⊢ ϕ[f E1 (y i ), . . . , f En (y n )] ⇐⇒ ψ[y 1 , . . . , y n ](ii) Si M ⊧ T eq et N ⊆ M alors N ⊧ T eq si et seulement si S = (N) ⊧ T.(iii) Si N ≼ M alors N eq ≼ M eq .(iv) Si T est modèle-complète alors T eq l’est aussi. Néanmoins, en règle générale, si T élimine lesquantificateurs, ce n’est pas forcément le cas <strong>de</strong> T eq .(v) T eq élimine uniformément les imaginaires.Lemme 1.46 :Soient M une L-structure, X un ensemble définissable et a ∈ M. Alors, X est codé par a si etseulement si dcl eq ( a) = dcl eq (⟨X⟩), où ⟨X⟩ est un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> X dans M eq et X est faiblement codépar a si et seulement si ⟨X⟩ ∈ dcl eq ( a) et a ∈ acl eq (⟨X⟩).Proof . Quitte à agrandir M, on peut le supposer assez saturé et homogène. Si X est codé para, un automorphisme <strong>de</strong> M eq fixe X et donc ⟨X⟩ si et seulement si il fixe a et on a donc bienque a ∈ dcl eq (⟨X⟩) et ⟨X⟩ ∈ dcl eq (a). La réciproque est évi<strong>de</strong>nte.Si X est faiblement codé par a via ϕ[ x, y], tout automorphisme qui fixe ⟨X⟩ et donc X nepeut envoyer a que sur l’un <strong>de</strong>s a ′ en nombre fini tel que ϕ[x, a ′ ] définit aussi X et donca ∈ acl eq (⟨X⟩). Comme X est définissable sur a on a aussi bien sûr ⟨X⟩ ∈ dcl eq ( a). Réciproquement,si ⟨X⟩ ∈ dcl eq ( a), il existe ϕ[x, a] qui définit X. Si l’on note p = tp( a) et n lataille <strong>de</strong> son orbite au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ⟨X⟩, par une compacité à peine plus compliquée que dans laproposition (1.41), il existe ψ ∈ p tel que si on a n éléments distincts <strong>de</strong> M qui vérifient ψ etqui définissent X via ϕ[ x, y] alors l’un d’entre eux est a. Il est alors facile <strong>de</strong> voir que X estcodé faiblement pas a via ϕ[ x, y] ∧ ψ[ y].∎Enfin, montrons que ce qui fait la différence entre les co<strong>de</strong>s et les co<strong>de</strong>s faibles, c’est simplementla capacité <strong>de</strong> co<strong>de</strong>r les ensembles finis.Lemme 1.47 :Soit M une L-structure qui admet <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s pour les ensembles finis. Un ensemble définissable aalors un co<strong>de</strong> si et seulement si il a un co<strong>de</strong> faible.Proof . Tout d’abord, il est évi<strong>de</strong>nt qu’un co<strong>de</strong> est aussi un co<strong>de</strong> faible. Réciproquement, soit El’ensemble fini <strong>de</strong>s conjugués <strong>de</strong> a au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ⟨X⟩ (un co<strong>de</strong> dans M eq ) et σ ∈ Aut(M eq /⟨X⟩).Comme σ fixe ⟨X⟩, on a σ(X) = X, i.e. ϕ[M, σ( a)] = X. Il s’en suit donc que pour tout a ′ ∈ E,ϕ[x, a ′ ] défini X. Tout automorphisme qui fixe X envoie un conjugué <strong>de</strong> a au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ⟨X⟩sur un conjugué <strong>de</strong> a au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ⟨X⟩ et donc fixe E. Réciproquement, tout automorphisme20


1 Corps valués algébriquement closqui fixe globalement E fixe X comme on vient <strong>de</strong> le démontrer. Tout co<strong>de</strong> <strong>de</strong> E est donc unco<strong>de</strong> <strong>de</strong> X.∎Exemple 1.48 :(i) La théorie <strong>de</strong>s corps algébriquement clos élimine uniformément les imaginaires. C’est l’exemplequi a motivé la définition <strong>de</strong> cette notion dans [Poi83]. La théorie <strong>de</strong>s corps réels clos élimineaussi uniformément les imaginaires.(ii) Th(Q,


1 Corps valués algébriquement closVérifions alors que ⟨g⟩ co<strong>de</strong> aussi f. Supposons que ⟨g⟩ co<strong>de</strong> g via χ[x 1 , t, s]. Quitte à remplacerχ[x 1 , t, s] par « χ[x 1 , t, s] définit une fonction totale » ∧χ[x 1 , t, s], on peut supposerque pour tout m χ[x 1 , t, m] est soit vi<strong>de</strong>, soit définit une fonction totale. La formuleψ[ x, y, ⟨g⟩] = ∃ t θ[x2 , . . . , x n , y, t] ∧ χ[x1 , t, ⟨g⟩] définit alors f. En effet, si ( x, y) ∈ f, cetteformule est vérifiée pour t = ⟨fx1 ⟩. Réciproquement, si ( x, y) vérifie cette formule, comme gest une fonction, on a alors forcément t = ⟨fx1 ⟩ et donc (x 2 . . . x n y) ∈ f x1 , i.e. ( x, y) ∈ f. Enfin,si m ≠ ⟨g⟩, soit χ[x, y, m] définit l’ensemble vi<strong>de</strong> et donc ψ aussi, soit elle définit une fonctiong m, mais il existe alors c 1 ∈ M tel que g m(c 1 ) ≠ g(c 1 ) = ⟨f c1 ⟩. Il y a alors <strong>de</strong>ux cas possibles.Soit il existe (c 2 . . . c n , d) ∉ f c1 , i.e. ( c, d) ∉ f, tel que M ⊧ θ[c 2 , . . . , c n , d, g m (c 1 )].On a alors M ⊧ ψ[c, d, m] mais (c, d) ∉ f. Soit il existe (c2 . . . c n ) tel qu’il n’existe pas <strong>de</strong> dtel que M ⊧ θ[c 2 , . . . , c n , d, g m (c 1 )], mais alors ψ[ c, M, m] est l’ensemble vi<strong>de</strong>. Comme fest totale, ψ[ x, y, m] ne peut pas définir f. On a donc que f est codé par ⟨g⟩ via ψ[ x, y, z]. ∎Prouvons maintenant un théorème <strong>de</strong> [HM08] qui permet <strong>de</strong> déduire l’élimination <strong>de</strong>s imaginairesdans une théorie en utilisant une autre théorie qui les élimine. C’est le théorèmequi sera utilisé pour montrer l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires dans la théorie <strong>de</strong> Q p en utilisantles corps valués algébriquement clos. On a cependant besoin pour la preuve <strong>de</strong> la notion <strong>de</strong>germe que l’on commence donc par définir.Définition 1.50 (Germe) :Soient M une L-structure, f une fonction M-définissable définie par ϕ[ x, y, m], où m ∈ M et p ∈S(M) un type tel que f soit définie sur p. On note ∂ p f la classe d’équivalence <strong>de</strong> f pour la relationd’équivalence E(m, m ′ ) ∶= (∀ y, ϕ[ x, y, m] = ϕ[ x, y, m ′ ] ∈ p), i.e. l’ensemble <strong>de</strong>s fonctions quicoïnci<strong>de</strong>nt avec f sur une réalisation <strong>de</strong> p dans une extension élémentaire <strong>de</strong> M.Si le type p est définissable, cette relation d’équivalence est définissable et si, <strong>de</strong> plus, Th(M) élimineles imaginaires, ∂ p f est un point.Dans tous les cas, si on a A ⊆ M tel que p est Aut(M /A)-invariant, on peut parler <strong>de</strong> l’action <strong>de</strong>Aut(M /A) sur ∂ p f (même si ce n’est pas un point), en posant σ(∂ p f) = ∂ p σ(f).La preuve nécessite aussi un lemme combinatoire sur les groupes d’automorphismes d’unmodèle assez saturé et homogène qui découle du lemme <strong>de</strong> Neumann.Lemme 1.51 (Lemme <strong>de</strong> Neumann) :Soient G un groupe et (g i H i ) i=1...n <strong>de</strong>s translatés <strong>de</strong> sous-groupes <strong>de</strong> G tels que :G =alors l’un <strong>de</strong>s H i au moins est d’indice fini.⋃ g i H i ,i=1...nCe lemme est énoncé et prouvé dans [Neu54, Lemma 4.1, p. 239].Corollaire 1.52 :Soient M un modèle assez universel et homogène et (e i ) i∈N une famille <strong>de</strong> points telle que toutautomorphisme <strong>de</strong> M fixe tous les e i sauf un nombre fini. Il y a alors au plus un nombre fini <strong>de</strong> e iqui ont une orbite infinie sous l’action <strong>de</strong>s automorphismes <strong>de</strong> M.Proof . Supposons par l’absur<strong>de</strong> qu’il y ait une infinité <strong>de</strong> e i qui ont une orbite infinie et montronsqu’il existe alors un automorphisme qui ne fixe aucun <strong>de</strong> ces e i . Quitte à en oublier,22


1 Corps valués algébriquement closon peut supposer qu’ils ont tous une orbite infinie. Montrons tout d’abord que pour tout ensemblefini <strong>de</strong> e i il existe <strong>de</strong>s automorphismes qui n’en fixent aucun. Soient donc e i1 , . . . e inet supposons que tout automorphisme <strong>de</strong> M en fixe au moins un. Si on note H j le stabilisateur<strong>de</strong> e j dans G, on a alors G = ⋃ j H j , mais comme tous ces sous-groupes sont d’indiceinfini (leur indice est égal au cardinal <strong>de</strong> l’orbite du e i correspondant), on a une contradictionpar le lemme <strong>de</strong> Neumann (voir (1.51)).Notons alors p i = tp(e i /e j


1 Corps valués algébriquement closProof . Commençons par remarquer une conséquence immédiate <strong>de</strong> la condition (iii).Lemme 1.54 :Les ensembles finis sont codés dans M ⊧ T.Proof . Soit E ⊆ M n un ensemble fini. Comme E est définissable (avec l’égalité et sans quantificateurs)sur M, il l’est aussi dans ̃M. Soit e un co<strong>de</strong> dans ̃M, on a alors que e ∈ dcl ̃L(M)et soit e ′ ∈ M donné par (iii). Soit alors σ ∈ Aut L (M), c’est alors aussi une ̃L-applicationélémentaire qui peut donc s’étendre en ̃σ ∈ Aut ̃L(̃M). On a alors que σ fixe E si et seulementsi ̃σ fixe E (car E ⊆ M) si et seulement si ̃σ fixe e, si et seulement si ̃σ fixe e ′ (par définition car̃σ laisse M globalement invariant), si et seulement si σ fixe e ′ (car e ′ ∈ M).✠Revenons maintenant à la preuve <strong>de</strong> l’élimination <strong>de</strong>s imaginaires. Par le lemme (1.49) il suffit<strong>de</strong> montrer que le graphe d’une fonction L M -définissable f ∶ dom(M) → M n est codé. Par leslemmes (1.47) et (1.54), il suffit <strong>de</strong> montrer qu’il est faiblement codé. On pose A ′ = acl L (⟨f⟩)et A = A ′ ∩ M où ⟨f⟩ est pris dans M eq . Il suffit alors <strong>de</strong> montrer que f est A-définissable, parle lemme (1.46).Lemme 1.55 :Il existe une relation R[x, y] ̃L M -définissable telle que, pour tout c ∈ dom(M), R(c) = { d ∈ ̃M ∶̃M ⊧ R[c, d]} est fini et f(c) ∈ R(c).Avant <strong>de</strong> démontrer ce lemme, remarquons que, comme R est définie sans quantificateurs,pour tout c, d ∈ M, M ⊧ R[c, d] si et seulement si ̃M ⊧ R[c, d]. En particulier pour toutc ∈ dom(M), { d ∈ M ∶ M ⊧ R[c, d]} est aussi fini.Proof . Soit M ′ ≼ M (petit) tel que f soit M ′ -définissable et soit ϕ[x, y] une L M ′-formule quila définit, alors pour tout c, par (i), f(c) ∈ dcl L (M ′ c) ∩ M ⊆ acl ̃L(M ′ c). Considérons alorsl’ensemble <strong>de</strong> formules suivant :Σ[x, y] = {ϕ[x, y]} ∪ {¬ψ[x, y] ∈ ̃L M ′ ∶ ̃M ⊧ ∀x∃ ⩽n y ψ[x, y] pour un n ∈ N}.Il est évi<strong>de</strong>nt que cet ensemble <strong>de</strong> formules n’est pas satisfaisable dans M car pour toute formuleψ[x, y] ∈ ̃L M ′ (sans quantificateurs donc) et c, d ∈ Mod, M ⊧ ψ[c, d] si et seulement sĩM ⊧ ψ[c, d]. Par compacité, il existe donc (ψi ) i=1...N ∈ ̃L M ′ telles que M ⊧ ∀x y ϕ[x, y] ⇒⋁ i ψ i [x, y] et que, par définition, il existe n tel ̃M ⊧ ∀x∃ ⩽n y ⋁ i ψ i [x, y].✠Lemme 1.56 :Soient c ∈ dom(M) et p = tp L (c/A). Il existe alors une fonction g A-définissable telle que f et gcoïnci<strong>de</strong>nt sur toute réalisation <strong>de</strong> p et {x ∶ f(x) = g(x)} est A-définissable.Proof . Soit ̃p le type Aut ̃L(̃M/A)-invariant qui étend p donné par (v). Pour tout R commeau lemme (1.55), on a alors ∃ =n y R[x, y] ∈ ̃p pour un certain n. Ainsi, le cardinal <strong>de</strong> R(x)est constant sur l’ensemble <strong>de</strong>s réalisations <strong>de</strong> ̃p. On choisit alors un R comme au lemme(1.55) tel que le cardinal <strong>de</strong> R(x) sur une réalisation <strong>de</strong> ̃p soit minimal (parmi tous les R quivérifient le lemme (1.55)) et on note r ∶ x ↦ ⟨R(x)⟩ (une telle fonction existe car ̃T admetl’élimination uniforme <strong>de</strong>s imaginaires). Soit alors σ ∈ Aut L eq(M eq /A ′ ), σ M est alors aussiune ̃L-application élémentaire qui peut donc s’étendre à σ ∈ Aut ̃L(̃M/A) qui fixe globalementM. Comme σ fixe A ′ , il fixe f et donc σ le fixe aussi. De plus, pour tout x ∈ ̃M, σ(R)(x)24


1 Corps valués algébriquement closest fini (<strong>de</strong> même cardinal que R(x)) et donc σ(R) vérifie aussi la conclusion du lemme (1.55).Il est alors facile <strong>de</strong> voir que la relation R ∧ σ(R) vérifie aussi la conclusion <strong>de</strong> ce lemme etdonc, comme R a été choisi <strong>de</strong> cardinal minimal sur les réalisations <strong>de</strong> ̃p, pour tout x ⊧ ̃p, ona R(x) = R(x) ∩ σ(R)(x) et donc R(x) = σ(R)(x) car ils ont le même cardinal. Comme il estévi<strong>de</strong>nt que σ(r)(x) co<strong>de</strong> σ(R)(x), il s’en suit que σ(∂̃p r) = ∂̃p σ(r) = ∂̃p r.Considérons alors les e i ∈ dcl ̃L(M) comme dans le (∗) et pour tout i, le ei ′ ∈ M donnépar le (iii). On a montré que toute extension (au sens décrit ci-<strong>de</strong>ssus) σ à ̃M d’un σ ∈Aut L eq(M eq /A ′ ) fixe ∂̃p r ; σ doit donc fixer tout les e i sauf un nombre fini, par définition<strong>de</strong>s e i et donc tous les ei ′ sauf un nombre fini, par définition <strong>de</strong>s e′ i. Par le corollaire (1.52)(appliqué dans le modèle M eq A), tous les e ′ ′ isauf un nombre fini ont une orbite finie, i.e. ilexiste I 0 fini tel que i ∉ I 0 implique ei ′ ∈ acl L(A ′ ) = A ′ , <strong>de</strong> plus comme ei ′ ∈ M, on a alorsei ′ ∈ A = A′ ∩ M.Pour tout x ∈ dcl ̃L(M), l’action <strong>de</strong> Aut L (M) sur x est bien définie car toute extension <strong>de</strong> σ ∈Aut L (M) à ̃M donnera la même image à x. Posons alors A ∗ = {x ∈ dcl ̃L(M) ∶ x est fixé par Aut L (M /A)}.Pour i ∉ I 0 , comme ei ′ ∈ A, on a (par définition <strong>de</strong> e′ i ), e i ∈ A ∗ . Tout automorphisme <strong>de</strong>Aut ̃L(̃M/A ∗ ) fixe donc tous les e i qui ne sont pas dans I 0 , i.e. tous sauf un nombre fini. Ils’en suit donc que ∂̃p r est fixé par Aut ̃L(̃M/A ∗ ). Par l’hypothèse (∗∗), il existe s ̃L acl ̃L(A ∗ )-définissable qui a le même germe que r au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ̃p.Comme r(c) est un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> R(c), il existe ϕ[ y, z] ∈ ̃L telle que pour tout c ∈ ̃M R(c) =ϕ[̃M, r(c)]. Soit alors la relation S définie par ϕ[ y, s(x)] ∈ ̃L acl(A ⋆ ). Quitte à remplacer S parl’union <strong>de</strong> ses conjugués au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A ∗ , on peut supposer que S est A ∗ définissable et quepour tout t ⊧ ̃p∣M, S(t) est fini et contient R(t). Comme tout isomorphisme <strong>de</strong> Aut L (M /A)fixe A ∗ et donc S, il s’en suit que S ∩ M est Aut L (M /A)-invariant. Il suffit donc <strong>de</strong> montrerque c’est un ensemble définissable (dans M) pour savoir qu’il est A-définissable. Mais commeS est A ⋆ -définissable, il existe ψ[x, y, a] ∈ ̃L, où a ∈ A ⋆ , qui définit S. De plus, comme a ∈A ⋆ ⊆ dcl ̃L(M), il existe θ[ z, t] ∈ ̃L et m ∈ M tels que θ[̃M, m] = { a}. La formule ∃ z θ[ z, m]∧ψ[x, y, z] définit donc S et est équivalente à une formule sans quantificateurs χ[x, y, t]. Cetteformule définit donc, dans M, l’ensemble S ∩ M que l’on peut donc supposer A-définissable.Soit alors c ⊧ ̃p∣B∪p (qui existe par hypothèse) où B ⊆ M est tel B contienne A et r soit définisur B. On a alors R(c) ⊆ S(c) et donc f(c) ∈ S(c) ∩ M. Il s’en suit que f(c) ∈ acl L (Ac) =dcl L (Ac) par (ii). Il existe donc g L A -définissable telle que g(c) = f(c). On pose alors E ={x ∈ M ∶ f(x) = g(x)}. C’est un ensemble unaire qui est A ′ -définissable. Par (iv), il a un co<strong>de</strong>e ∈ M, mais alors e ∈ dcl L (A ′ ) = A ′ et donc e ∈ A = A ′ ∩M, i.e. E est A-définissable. Commec ∈ E et c ⊧ p, on a bien E ∈ p et donc ∂ p f = ∂ p g.✠Revenons donc à la preuve <strong>de</strong> la proposition et montrons que f est A-définissable. CommeM est saturé, tout p ∈ S 1 (A) tel que son unique variable est dans les sortes dominantes,est <strong>de</strong> la forme tp L (c/A) pour c ∈ dom(M). Par le lemme (1.56), si g p est la fonction A-définissable telle que ∂ p f = ∂ p g P et l’ensemble {x ∶ f(x) = g P (x)} est A-définissable, ona S 1 (A) = ⋃ p∈S1 (A)[f(x) = g p (x)] (où [ϕ] est l’ouvert engendré par ϕ). Par compacité, ilexiste donc (D i ∶ 1 ⩽ i ⩽ n) <strong>de</strong>s ensembles A-définissables et (g i ∶ 1 ⩽ i ⩽ n) <strong>de</strong>s fonctionsA-définissables telles que f coïnci<strong>de</strong> avec g i sur D i et les D i recouvrent M. Il s’en suit bienque f est A-définissable.∎25


1 Corps valués algébriquement clos1.5 Sortes géométriquesDans [HHM06], il est démontré que la théorie ACVF (m,n) élimine (uniformément) les imaginairessi l’on rajoute certaines sortes <strong>de</strong> réseaux. Le but <strong>de</strong> cette section est <strong>de</strong> rappeler ladéfinition <strong>de</strong> ces sortes et le langage dans lequel on à la fois élimination <strong>de</strong>s imaginaires et<strong>de</strong>s quantificateurs.Définition 1.57 (Réseaux) :Soit (K, v) un corps valué. On note S n (K) l’ensemble <strong>de</strong>s sous-O K -modules <strong>de</strong> K n libres <strong>de</strong> rangn. Un élément <strong>de</strong> S(K) = ⋃ n⩾1 S n (K) est appelé un réseau <strong>de</strong> K.Un réseau <strong>de</strong> K a donc une base e 1 . . . e n dans K. Deux bases engendrent le même réseaus’il existe une matrice dans GL n (O K ) qui conjugue ces <strong>de</strong>ux bases. On a donc S n (K) ≃GL n (K)/ GL n (O K ). Il s’en suit donc que pour tout n, S n est bien une sorte <strong>de</strong> K eq . De plusl’ensemble S 1 n’est rien d’autre que l’ensemble <strong>de</strong>s boules fermées centrées en 0 <strong>de</strong> rayon finiappartenant à K. On a donc S 1 (K) ≃ Γ K . D’ailleurs, la surjection canonique K ⋆ → S 1 (K) ≃GL 1 (K)/ GL 1 (O K ) = K ⋆ / O ⋆ K = Γ K est v.On peut aussi remarquer que la sorte S contient <strong>de</strong>s co<strong>de</strong>s non seulement pour les réseauxmais aussi pour tous les translatés <strong>de</strong> réseaux :Lemme 1.58 :Soient (K, v) un corps valué, s ∈ S n (K) et a ∈ K. Le sous-O K -module <strong>de</strong> K n+1 engendré par(a + s) × {1} est un réseau et il co<strong>de</strong> a + s.Proof . Soit (e 1 , . . . , e n ) une base <strong>de</strong> s. On pose e 0 = 0, la famille <strong>de</strong>s (a + e i , 1) est alors unebase du sous-O K -module <strong>de</strong> K n+1 engendré par (a + s) × {1}, que l’on notera h(a + s). Supposonsque l’on ait ∑ i λ i (a + e i , 1) = 0, où λ i ∈ O K . On a alors (∑ i λ i a + ∑ i⩾1 λ i e i , ∑ i λ i ) =(0, 0). Il s’en suit donc que ∑ i λ i = 0 et donc ∑ i⩾1 λ i e i = 0. Or c’est une famille libre doncpour tout i ⩾ 1, λ i = 0 et donc, λ 0 = 0. Pour ce qui est du fait que ce soit une famille génératrice,tout élément <strong>de</strong> h(a+s) est <strong>de</strong> la forme x = ∑ i λ i (a+x i , 1), où x i ∈ s. En particulier, x i =∑ j⩾1 µ i j e j. On a donc x = ∑ i λ i (a+e 0 , 1)+∑ i,j λ i µ j (e j , 0). Or (e j , 0) = (a+e j , 1)−(a+e 0 , 1)et donc x est bien combinaison linéaire <strong>de</strong>s (a + e i , 1).Le module h(a+s) est donc bien un réseau. De plus, h(a+s)∩K n ×{1} = (a+s)×{1}. En effet,si x ∈ h(a+s)∩K n ×{1}, il existe λ i ∈ O K , x i ∈ s et y ∈ K n tels que ∑ i λ i (a+x i , 1) = (y, 1) = x.Il s’en suit que ∑ i λ i = 1 et donc y = ∑ i λ i a + ∑ i λ i x i = a + ∑ i λ i x 1 ∈ a + s. L’inclusionréciproque est évi<strong>de</strong>nte. Il s’en suit donc que h est une fonction ∅-définissable qui injecteles translatés d’éléments <strong>de</strong> S n dans S n+1 , i.e. a + s est codé par h(a + s) via la fonction quidéfinit h.∎On en déduit immédiatement que l’ensemble <strong>de</strong>s boules fermées dont le rayon est dans Γ Ks’injecte dans S 2 (K)∪K. En effet l’ensemble <strong>de</strong>s boules fermées <strong>de</strong> rayon infini est exactementK. Pour ce qui est <strong>de</strong>s boules fermées <strong>de</strong> rayon fini, ce sont <strong>de</strong>s translatés <strong>de</strong> boules centréesen 0, i.e. d’éléments <strong>de</strong> S 1 , par le lemme précé<strong>de</strong>nt, ils s’injectent bien dans S 2 .Définition 1.59 (Torseurs) :Soit (K, v) un corps valué. On pose T n (K) = ⊔ s∈Sn(K) s/(M s). Un élément <strong>de</strong> T (K) = ⋃ n⩾1 T n (K)est appelé un torseur <strong>de</strong> K.26


1 Corps valués algébriquement closIl est clair que T vit aussi dans K eq vu que ses points sont <strong>de</strong>s classes <strong>de</strong> congruences d’unréseau s (qui est bien un ensemble définissable) par M s qui est bien un sous-groupe définissable.De plus, comme k K = O K / M K et que O K est évi<strong>de</strong>mment un réseau <strong>de</strong> rang 1, il s’en suitque k K ⊆ T 1 (K). L’application res est aussi définissable car c’est celle qui à a ∈ O K associe saclasse dans O K / M K .Pour pouvoir définir le langage dans lequel on a à la fois élimination <strong>de</strong>s imaginaires et élimination<strong>de</strong>s quantificateurs pour ACVF m,n , il faut introduire une <strong>de</strong>rnière notion, celle <strong>de</strong>base générique. Il faut cependant commencer par montrer le lemme suivant :Lemme 1.60 :Soient (K, v) un corps valué algébriquement clos, A ⊆ K et a un élément générique <strong>de</strong> k K au-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> A (au sens <strong>de</strong> la stabilité). Tous les b ∈ O K tels que res(b) = a ont alors le même type.Proof . Quitte à agrandir K, on peut le supposer assez saturé. Soient b et c tels que res(b) =a = res(c), i.e. en se rappelant que a est un translaté <strong>de</strong> M K , b et c sont dans a. S’ils n’ontpas le même type sur A, il existe un ensemble A-définissable X ⊆ O K tel que b ∈ X et c ∉ X.Mais alors pour tout a ′ générique dans k K au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A (on peut en construire une infinitéen prenant un élément générique au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> ceux que l’on a déjà construits), il existe b ′ etc ′ dans a ′ tels que b ′ ∈ X et c ′ ∉ X. Mais cela contredit le fait que X est A-définissable. Eneffet, on aurait alors, par la proposition (1.36), X = ⋃ n i=1 (t i/(⋃ m ij=1 tj i ), où les t i et t j isont <strong>de</strong>stranslatés <strong>de</strong> sous-O-modules <strong>de</strong> O, i.e. <strong>de</strong>s idéaux. Si t i est un translaté d’un idéal strict <strong>de</strong>O, il est contenu dans un translaté <strong>de</strong> M et ne peut donc contenir qu’un seul <strong>de</strong>s b ′ . On doitdonc avoir i = 1 et t 1 = O. Mais pour la même raison on ne peut alors pas éviter tous les c ′sans avoir t j 1= O et donc X = ∅, ce qui est absur<strong>de</strong>.∎Définition 1.61 (Base générique) :Soient K un corps valué algébriquement clos, A ⊆ K eq et s ∈ S n (A). Si l’on note res(s) = s/Ms,res(s) n est définissablement isomorphe à k n2 . Comme k est un pur corps algébriquement clos, cetensemble est <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré 1 et a donc un type générique q res(s) n, qui est l’unique type <strong>de</strong> rang maximal<strong>de</strong> l’ensemble. Soit alors q s tel que pour tout ( a 1 . . . a n ), on a ( a 1 . . . a n ) ⊧ q s si et seulement si(res( a 1 ) . . . res( a n )) ⊧ q res(s) n, où res( a i ) = a i + Ms.Soit B ⊆ A, une base générique <strong>de</strong> s au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B est une réalisation <strong>de</strong> q s ∣B.Cette définition a un sens car res( a i ) est générique au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A a 1 . . . a i−1 pour touti et donc, par le lemme (1.60), tous les choix possibles <strong>de</strong> a i ont le même type au-<strong>de</strong>ssus<strong>de</strong> ces paramètres. De plus, comme q res(s) n est A-définissable (tous les types sont définissablesdans une théorie stable), q s l’est aussi ; en effet ϕ[ x 1 , . . . x n ] ∈ q s si et seulement si(∀ x 1 . . . x n ⋀ i y i = res( x i ) ⇒ ϕ[x 1 , . . . x n ]) ∈ q res(s) n (il n’est d’ailleurs pas très compliqué<strong>de</strong> voir que ce type est définissable uniformément en s). Si l’on a plusieurs réseaux s 1 , . . . s n ,on définit le type q s1 ,...,s ncomme le type <strong>de</strong>s bases <strong>de</strong> s i génériques au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>s paramètreset <strong>de</strong>s bases déjà choisies pour les (s j ) j


1 Corps valués algébriquement closun symbole <strong>de</strong> fonction τ n ∶ T n → S n et un symbole <strong>de</strong> fonction ν n ∶ K n × S n → T n . Enfinpour toute formule atomique ϕ[ x 1 , . . . , x n , y], où x i est un n 2 i-uplet <strong>de</strong> variables <strong>de</strong> corps, on aun symbole ϕ ⋆ [z 1 , . . . , z n , y], où les z i sont <strong>de</strong>s variables dans S ni .Soit (K, v) un corps valué, on en fait une L G div -structure KG en interprétant K par le corps,pour tout n ⩾ 1 S n par S n (K) et T n par T n (K). On pose :– ∈ n (a, s) si et seulement si a ∈ s ;– τ n (t) = s si et seulement si t ∈ res(s) ;– ν n (a, s) = a + M s si a ∈ s sinon ν n (a, s) = M n ;– ϕ ⋆ (s 1 , . . . , s n , a) si et seulement si, dans K alg , ϕ[x 1 , . . . , x n , a] ∈ q s1 ,...,s n.Il se pose alors la question <strong>de</strong> savoir si on a bien défini une extension définissable <strong>de</strong> L eqdiv .Pour ce qui est <strong>de</strong>s symboles ∈ n , τ n et ν n , même si ce ne sont pas directement <strong>de</strong>s symboles<strong>de</strong> L eq , il n’est pas dur <strong>de</strong> voir qu’ils sont définissables (dans la théorie <strong>de</strong>s corps valués). Pourdivce qui est <strong>de</strong>s ϕ ⋆ , le problème est un peu plus compliqué. Comme q s est un type définissable(uniformément en s), il s’en suit que dans ACVF eq , les ϕ ⋆ sont bien définissables. On notedonc ACVF G m,n la théorie <strong>de</strong>s corps valués algébriquement clos <strong>de</strong> caractéristique (m, n),dans le langage L G (qui est bien une théorie complète). On a donc pour toute formule sansdivquantificateurs ϕ[ x 1 , . . . , x n , y] une formule θ telle que ACVF G ⊢ ϕ ⋆ [z 1 , . . . , z n , y] ⇐⇒θ[z 1 , . . . , z n , y]. La formule θ[f( x)], où f est la surjection canonique <strong>de</strong> K n vers les autressortes, est alors une formule à variables dans le corps qui est donc équivalente, par élimination<strong>de</strong>s quantificateurs dans ACVF, à une formule ψ[ x] sans quantificateurs. On a alors ACVF eq ⊢∀ x 1 x 2 , f( x 1 ) = f( x 2 ) ⇒ ψ[ x 1 ] ⇐⇒ ψ[ x 2 ] et doncACVF G ⊢ ϕ ⋆ [ z] ⇐⇒ (∀ x f( x) = z ⇒ ψ[ x]) ⇐⇒ (∃ x f( x) = z ∧ ψ[ x]). (1.1)On peut alors montrer que si (K, v) ⩽(L, w) est une extension <strong>de</strong> corps valués alors K G ⊆ L G .En effet, si s ∈ S n (K) alors O L s ∈ S n (L) et O L s ∩ K n = s. On peut donc injecter S(K)dans S(L) en respectant les ∈ n . Il s’en suit facilement qu’on peut aussi injecter T (K) dansT (L) en respectant les τ n et les ν n . Reste alors le problème <strong>de</strong> savoir si les ϕ ⋆ sont respectés.Cependant, comme K alg ≼ L alg (en munissant L alg d’une valuation qui étend w et K alg <strong>de</strong>la restriction <strong>de</strong> cette valuation), on a (K alg ) eq ≼(L alg ) eq et comme L G est une extension définissabledans les corps valués algébriquement clos (K alg ) G ≼(L alg ) G . Comme pardivdéfinitionϕ ⋆ [K G ] = ϕ ⋆ [(K alg ) G ] ∩ K G , on a ϕ ⋆ [L G ] ∩ K G = (ϕ ⋆ [(L alg ) G ] ∩ L G ) ∩ K G = ϕ ⋆ [(L alg ) G ] ∩(K alg ) G ) ∩ K G = ϕ ⋆ [(K alg ) G ] ∩ K G = ϕ ⋆ [K G ].Il s’en suit que les ϕ ⋆ sont en fait définissables par les même formules qu’en (1.1). En effet,soit (K, v) un corps valué quelconque, on a alors, par définition K G ⊧ ϕ ⋆ [ z] si et seulementsi (K alg ) G ⊧ ϕ ⋆ [ z] et donc (K alg ) G ⊧ ∀ x f( x) = z ⇒ ψ[ x]. Comme ψ est sans quantificateurs,on a donc K G ⊧ ∀ x f( x) = z ⇒ ψ[ x]. Mais comme (K alg ) G ⊧ ACVF G , et que K G ⊆ (K alg ) G ,on a aussi K G ⊧ ∀ x 1 x 2 , f( x 1 ) = f( x 2 ) ⇒ ψ[ x 1 ] ⇐⇒ ψ[ x 2 ] et donc K G ⊧ (∀ x f( x) =z ⇒ ψ[ x]) ⇐⇒ (∃ x f( x) = z ∧ ψ[ x]). Comme cette <strong>de</strong>rnière formule est existentielle, siK G ⊧ ∃ x f( x) = z ∧ ψ[ x], on a aussi (K alg ) G ⊧ ∃ x f( x) = z ∧ ψ[ x], d’où (K alg ) G ⊧ ϕ ⋆ [ z] etdonc K G ⊧ ϕ ⋆ [ z]. On a donc bien démontré que tout corps valué vérifie en fait la formule(1.1) et donc qu’on a bien défini une extension définissables du langage dans tout corps valué.28


1 Corps valués algébriquement closPour finir, énonçons le théorème qui a motivé toutes ces définitions.Théorème 1.63 :Pour tout (m, n), la théorie ACVF G m,n élimine les quantificateurs et les imaginaires.Ce sont les principaux résultats <strong>de</strong> [HHM06]. L’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs est prouvéeau théorème 3.1.2 et celle <strong>de</strong>s imaginaires au théorème 3.4.10.29


Chapitre 2Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie2.1 Corps p-adiquement closCette section est particulièrement définitionnelle. On y introduit toutes les notions nécessairespour étudier les corps p-adiquement clos.Définition 2.1 (Groupes Archimédien) :Soit Γ un groupe abélien totalement ordonné, on dit que Γ est Archimédien si pour tout a et b ∈ Γtels que a > 0 il existe n ∈ Z tel que na ⩾ b.Remarque 2.2 :Un théorème classique que l’on peut trouver dans [Rib64, Proposition 1, p.9] dit que les groupesArchimédien sont exactement les sous-groupes <strong>de</strong> (R, +) à isomorphisme près.Définition 2.3 (Norme) :Soient (K, v) un corps valué dont le groupe <strong>de</strong> valeur est inclus dans (R, +) et V un K-espace vectoriel.Une norme (ultramétrique) sur V est une application ν ∶ V → R ∪∞ qui vérifie les propriétéssuivantes :(i) Pour tout x ∈ V, ν(x) = ∞ ⇐⇒ x = 0.(ii) Pour tous x ∈ V et λ ∈ K, ν(λx) = v(λ) + ν(x).(iii) Pour tous x, y ∈ V, ν(x + y) ⩾ min(ν(x), ν(y)).Avec les conventions habituelles que pour tout γ ∈ Γ, γ < ∞ et γ + ∞ = ∞ + γ = ∞.Deux normes sur V, ν 1 et ν 2 , sont dites équivalentes si il existe α et β ∈ R tel que pour tout x ∈ V,ν 1 (x) + α ⩾ ν 2 (x) ⩾ ν 1 (x) + β.Il est évi<strong>de</strong>nt qu’une valuation sur un corps L <strong>de</strong> K qui étend v est une norme sur L en tantque K-espace vectoriel.Lemme 2.4 :Soient (K, v) un corps valué et K ⩽ L un extension finie. Deux valuations w 1 et w 2 sur L quiéten<strong>de</strong>nt v sont équivalentes en temps que normes si et seulement si elles sont égales.30


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProof . Si w 1 et w 2 sont équivalentes en tant que normes alors il existe α et β dans R tels quepour tout x ∈ L, w 1 (x) + α ⩽ w 2 (x) ⩽ w 1 (x) + β. En appliquant cette inégalité à x n on aalors pour tout n, nw 1 (x) + α ⩽ nw 2 (x) ⩽ nw 1 (x) + β et donc w 1 (x) + α/n ⩽ w 2 (x) ⩽w 1 (x) + β/n. Il s’en suit donc que pour tout x, w 1 (x) = w 2 (x).La réciproque est évi<strong>de</strong>nte.∎Définition 2.5 :Soient (K, v) un corps valué <strong>de</strong> groupe <strong>de</strong> valeur Archimédien et (V, ν) un K-espace vectorielnormé. Une suite (a n ) n∈N d’éléments <strong>de</strong> V est dite convergente s’il existe a ∈ V tel que pourtout A ∈ Γ, il existe N ∈ N tel que pour tout n supérieur à N, on ait ν(a n − a) ⩾ A. Elle estdite <strong>de</strong> Cauchy si pour tout A ∈ Γ, il existe N ∈ N tel que pour tout n et m supérieurs à N, on aitν(a n − a m ) ⩾ A.Enfin, on dit que V est complet si toute suite <strong>de</strong> Cauchy converge.L’existence d’un complété (qui est aussi un corps) pour tout corps valué est un résultat classique.On peut trouver dans [Lan02, Proposition XII.2.1]. De plus, il est facile <strong>de</strong> voir que lecomplété d’un corps valué à le même groupe <strong>de</strong> valeur et le même corps résiduel.Définition 2.6 (Valuation p-adique) :On peut munir Q <strong>de</strong> la valuation suivante : tout rationnel s’écrit d’une façon unique sous la formep n a/b où a, b et n ∈ Z et a et b ne sont pas divisibles par p. On pose alors v p (p n a/b) = n. Ondéfinit le corps Q p comme le complété <strong>de</strong> Q pour cette valuation.Lemme 2.7 :Soient (K, v) un corps valué complet et V un K-espace vectoriel normé, alors toutes les normes surV sont équivalentes et V est complet pour toutes ces normes.Proof . Voir [Lan02, Proposition XII.2.2]Corollaire 2.8 :Soient (K, v) un corps complet et K ⩽ L une extension finie, alors L ne peut être munie que d’uneseule valuation (et pas seulement à équivalence près) qui étend v et, muni <strong>de</strong> cette valuation, c’estun corps complet.Proof . L est alors un K-espace vectoriel <strong>de</strong> dimension finie, toutes les valuations sur L quiéten<strong>de</strong>nt v sont donc équivalentes en tant que normes par le lemme (2.7) et par le lemme(2.4), elles sont donc égales. De plus le lemme (2.7) précise aussi que L est alors complet pourn’importe quelle norme et donc a fortiori son unique valuation.∎Corollaire 2.9 :Soit (K, v) un corps valué complet alors il est Hensélien.Proof . D’après le corollaire (2.8), toute extension finie <strong>de</strong> K ne peut être munie que d’une seulevaluation qui étend v. Par la proposition (1.11), on a alors bien que K est hensélien. ∎Définition 2.10 :Soit (K, v) un corps valué. On dit qu’il est à valuation discrète si v(K) a un plus petit élémentstrictement positif. Une uniformisante d’un tel corps est π tel que v(π) est le plus petit élémentstrictement positif.∎31


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieRemarque 2.11 :Il est facile <strong>de</strong> voir que le groupe <strong>de</strong> valeur d’un corps valué <strong>de</strong> valuation discrète et Archimédienneest monogène.Lemme 2.12 :Soit (K, v) un corps valué <strong>de</strong> valuation discrète, d’uniformisante π et dont le corps résiduel est finialors toute boule <strong>de</strong> rayon γ est recouverte par un nombre fini <strong>de</strong> boules <strong>de</strong> rayon γ + v(π).Proof . Soit b une boule <strong>de</strong> centre a et <strong>de</strong> rayon γ. Supposons que le corps résiduel soit <strong>de</strong>cardinal q et qu’il existe q + 1 boules disjointes <strong>de</strong> rayon γ + v(π) incluses dans b. Soientalors x 0 , . . . , x q <strong>de</strong>s points dans chacune <strong>de</strong> ces q + 1 boules. On a alors pour tous i ≠ j,v(x i − x j ) ⩽ γ, sinon ils seraient dans la même boule <strong>de</strong> rayon γ + v(π). Mais d’un autre côtéon a v(x i − x j ) = v(x i − a − (x j − a)) ⩾ γ car x i et x j sont tous les <strong>de</strong>ux dans b. On a doncpour tous i ≠ j, v(x i − x j ) = γ. Posons x i = (x i − a)y où v(y) = −γ. On a alors v(x i ) = 0 etpour tous i ≠ j, res(x i − x j ) ≠ 0, i.e. res(x i ) ≠ res(x j ). On a donc q + 1 éléments <strong>de</strong> résidusdistincts, ce qui est absur<strong>de</strong>. Il ne peut donc exister au plus que q boules disjointes <strong>de</strong> rayonγ + v(π) incluses dans b. Comme <strong>de</strong>ux boules <strong>de</strong> même rayon sont soit égales soit disjointes,on a bien le résultat recherché.∎Lemme 2.13 :Soient (K, v) un corps valué complet à valuation discrète, R un ensemble <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> k =O /M et π i une suite d’éléments <strong>de</strong> K tels que v(π i ) = v(π) i où π est une uniformisante <strong>de</strong> K.Alors tout élément x ∈ K se développe <strong>de</strong> façon unique comme une série convergente ∑ ∞ i=N r iπ i oùN ∈ Z et pour tout i, r i ∈ R.Proof . Voir [Lan02, p. 488].Remarque 2.14 :On peut alors remarquer que tout élément <strong>de</strong> Q p s’écrit <strong>de</strong> façon unique comme une série convergente∑ i⩾N a i p i où a i ∈ ⟦0 . . . p − 1⟧. Il s’en suit aussi immédiatement que tout élément <strong>de</strong> Z ps’écrit <strong>de</strong> façon unique comme une série convergente ∑ i⩾0 a i p i et est donc limite d’éléments <strong>de</strong> Z,i.e. Z est <strong>de</strong>nse dans Z p .Définition 2.15 :On définit L Qp = L div ∪{P n ∶ n ∈ N ⋆ }. La théorie pCF <strong>de</strong>s corps p-adiquement clos dans lelangage L Qp est donnée par les axiomes suivants :(i) K est un corps valué Hensélien.(ii) P n définit l’ensembles <strong>de</strong>s puissances n-ièmes.(iii) Le groupe <strong>de</strong> valuation est un Z-groupe dont le plus petit élément strictement positif estv(p).(iv) Le corps résiduel est F p .Remarque 2.16 :Il n’est pas totalement évi<strong>de</strong>nt que cette théorie soit axiomatisable, montrons donc que toutes cespropriétés peuvent être traduites au premier ordre dans L Qp .∎32


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie(i) Le seul problème est d’exprimer qu’il est Hensélien, mais il suffit d’énoncer que le corps vérifiele lemme <strong>de</strong> Hensel : pour tout a 1 . . . a n et a, si 1 div a i , 1 div a, ¬(∑ i a i a i div 1) et∑ i a i ia i−1 div 1, alors il existe b tel que 1 div b, ∑ i a i b i = 0 et ¬(a − b div 1).(ii) ∀x(P n x ⇐⇒ ∃y x = y n ).(iii) Les axiomes précé<strong>de</strong>nts impliquent que le groupe <strong>de</strong> valuation est un groupe abélien totalementordonné. Il reste cependant à dire qu’il a un plus petit élément strictement positif (quiest v(p)) : ¬(p div 1) et pour tout x, x div p implique x div 1 ; et que pour tout n ∈ N ⋆ ,[Γ ∶ nΓ] = n : pour tout x, il existe y tel que ⋁ i=0...n−1 x div p i y k ∧ p i y k div x.(iv) On a déjà dit dans les axiomes que v(p) > 0 et donc res(p) = 0. Il s’en suit que la caractéristiquerésiduelle est forcément p et donc il suffit <strong>de</strong> dire que le corps résiduel à au plus péléments : ∀x 0 . . . x p ⋁ i≠j ¬(x 1 − x j div 1).Proposition 2.17 :Le corps Q p est un modèle <strong>de</strong> pCF. De plus cette théorie admet l’élimination <strong>de</strong>s quantificateursdans L Qp et est complète. On a donc Th(Q p ) = pCF.Proof . La seule chose à vérifier pour montrer que Q p ⊧ pCF est que Q p est Hensélien maisc’est une conséquence immédiate du corollaire (2.9). L’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs a étémontrée par Macintyre dans [Mac76], on en trouve aussi une preuve dans [Cha08, Théorème5.1 p. 50]. La complétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> la théorie suit immédiatement du fait que tous les modèlescontiennent Q muni <strong>de</strong> la valuation p-adique.∎Comme pour ACVF, on peut démontrer un résultat d’élimination <strong>de</strong>s quantificateurs dansune extension du langage tri-sorté qui permet <strong>de</strong> montrer que Γ stablement plongé au sensque tout ensemble définissable <strong>de</strong> Γ, l’est avec seulement <strong>de</strong>s paramètres <strong>de</strong> Γ.On définit aussi le langage L G Qen rajoutant les prédicats P n au langage L G et en les interprétantstoujours par l’ensemble <strong>de</strong>s puissances n-ièmes. La théorie pCF G est alors la théorie <strong>de</strong>p divTh(Q G p). C’est l’extension définissables <strong>de</strong> pCF eq donnée par les considérations qui suiventla définition (1.62). Il suit aussi <strong>de</strong> ces considérations que la restriction à L G <strong>de</strong> tout modèlediv<strong>de</strong> pCF G se plonge dans un modèle <strong>de</strong> ACVF G 0,p .Lemme 2.18 :Soient K ⊧ pCF, x ∈ K et k ∈ N ⋆ alors x ∈ (K ⋆ ) k si et seulement si(K ⋆ ) k ∩ B ⩾(1+v(x)+2v(k)) (x) ≠ ∅.Proof . Soient y ∈ (K ⋆ ) k ∩B ⩾(1+v(x)+2v(k)) (x) et P(X) = X k −x/y. On a v(P(1)) = v(1−y/x) =v(x − y) − v(x) ⩾ 1 + 2v(k) et v(P ′ (1)) = v(k). On a donc bien v(P(1)) > 2v(P ′ (1)) et doncpar le lemme <strong>de</strong> Hensel-Rychlik (voir (1.11.iv)) il existe b ∈ O tel que P(b) = 0, i.e. b k = y/x.Comme y ∈ (K ⋆ ) k , il s’en suit directement que x aussi. La réciproque est évi<strong>de</strong>nte. ∎Une conséquence immédiate <strong>de</strong> ceci est que (K ⋆ ) k est ouvert et fermé. Cela a <strong>de</strong>s conséquencessur le cardinal <strong>de</strong>s ensembles définissables dans pCF. La preuve est similaire à cellepour ACVF dans la proposition (1.37).33


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProposition 2.19 :Soit (K, v) ⊧ pCF, alors tout sous-ensemble définissable <strong>de</strong> K est soit fini soit du cardinal <strong>de</strong> K.Proof . Soit X un ensemble définissable, par élimination <strong>de</strong>s quantificateurs et par le mêmeargument que dans la preuve <strong>de</strong> la proposition (1.37), on peut supposer que la formule quel’on considère est en une seule variable et que c’est une conjonction d’atomes et <strong>de</strong> négationsd’atomes. Elle est donc <strong>de</strong> la forme ϕ[x] ∧ ⋀ i P ki (R i (x)) ∧ ⋀ j ¬P kj (R j (x)), où ϕ ∈ L div et lesR k sont <strong>de</strong>s polynômes à coefficients dans K. Le cas où X est vi<strong>de</strong> étant très peu intéressant,on peut supposer qu’on a un m ∈ X.Comme ϕ est sans quantificateurs, on a ϕ[K] = ϕ[K alg ] ∩ K. Or, on a montré dans la preuve<strong>de</strong> la proposition (1.37) que si m ∈ ϕ[K alg ] alors cet ensemble contient une boule ouvertecentrée en m. Quitte à augmenter son rayon, comme Γ Kalg = div(Γ K ), on peut supposer qu’ilest dans Γ K . On a donc m + y M alg ⊆ ϕ[K alg ] où y ∈ K et donc, comme tous ces ensemblesKsont définis sans quantificateurs, m + yM K ⊆ ϕ[K]. Il s’en suit que ϕ[K] est ouvert.Montrons à présent que les P k définissent <strong>de</strong>s ensembles ouverts-fermés. Soit x ∈ K tel queK ⊧ P k (x) alors tout la boule ouverte B >v(x)+2v(k) (x) est aussi dans P k (K). En effet, soity ∈ B >v(x)+2v(k) (x) alors v(y) = v(y − x + x) = v(x) car v(y − x) > v(x) + 2v(k) ⩾ v(x) etx ∈ (K ⋆ ) k ∩ B ⩾(1+v(y)+2v(k)) (y), d’où, par le lemme (2.18), y ∈ P k (K). Réciproquement, six ∉ P k (K) alors si on avait P k (K) ∩ B ⩾(1+v(x)+2v(k)) (x) ≠ ∅, on aurait x ∈ P K (K) ce qui estabsur<strong>de</strong>, donc B ⩾(1+v(x)+2v(k)) (x) ⊆ ¬P k (K).Comme les polynômes définissent <strong>de</strong>s fonctions continues, R −1i(P k i) et R −1j(¬P kj ) sont ouvertset donc X est une intersection finie d’ouverts. C’est donc lui même un ouvert qui contientun sous-ensemble <strong>de</strong> la forme m + yM K . Par les même considérations que dans la preuve <strong>de</strong>la proposition (1.37), on montre que M K à le même cardinal que K. C’est donc aussi le cas <strong>de</strong>X. ∎Lemme 2.20 :Soient K ⊧ pCF, x ∈ K tel que v(x) = 0 et k ∈ N ⋆ , il existe alors n ∈ N ⋆ avec n < p 1+2v(k) tel quex/n ∈ (K ⋆ ) k et v(n) = 0.Proof . Cet énoncé peut s’exprimer au premier ordre par∀x v(x) = 0 ⇒⋁ ∃y x = ny k .0


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProof . Soit x ∈ K, comme Γ K est un Z-groupe <strong>de</strong> plus petit élément strictement positif v(p),il existe n ∈ ⟦0 . . . k − 1⟧ et y ∈ K tel que v(x) = kv(y) + nv(p). D’après le lemme (2.20), ilexiste m ∈ ⟦1 . . . p 1+2v(k) ⟧ tel que v(m) = 0 et que est une puissance k-ième. Il s’enxy k p n msuit donc que x est dans la même classe d’équivalence que mp n modulo (K ⋆ ) k . Il existe doncbien un système <strong>de</strong> représentants dans Q et il est fini vu les bornes imposées à n et m. ∎Corollaire 2.22 :Soit (K, v) ⊧ pCF et A ⊆ K un sous-corps valué. Pour que A soit un modéle <strong>de</strong> pCF, il faut et ilsuffit que A soit Hensélien et A ⊧ ∀x P n x ⇒ ∃y x = y n .Proof . D’après la remarque (2.16), A vérifie bien tous les axiomes <strong>de</strong> pCF sauf la définition <strong>de</strong>P n et celui qui dit que pour tout n, [Γ A ∶ nΓ A ] = n. Comme par hypothèse A ⊧ ∀x P n x ⇒∃y x = y n , il suffit <strong>de</strong> montrer la réciproque. Soit donc x ∈ A tel que A ⊧ ∃y x = y n . Mais ona alors aussi K ⊧ ∃y x = y n , i.e. K ⊧ P n x et donc A ⊧ P x .De plus, soient x ∈ A et n ∈ N ∗ . Comme Γ K est un Z-groupe, il existe k ∈ ⟦0 . . . n − 1⟧ ety ∈ K tels que v(x) = nv(y) + kv(p). Par le lemme (2.20), il existe m ∈ Z tel que v(m) = 0 etxp −k y −n m −1 ∈ P n et donc xp −k m −1 ∈ P n . Comme la définition <strong>de</strong> P n est aussi vérifiée dansA, il existe y ∈ A tel que xp −k m −1 = y n et donc que v(x) ∈ kv(p) + nΓ A . ∎Pour finir prouvons un lemme technique sur Q p qui sera utile pour déterminer la clôturedéfinissables dans pCF.Lemme 2.23 :On a ⋂ k⩾1 (Q p ) k = {1}.Proof . Soit x ∈ ⋂ k⩾1 (Q p ) k , quitte à le remplacer par x −1 , on peut supposer que x ∈ Z pet on a alors x ∈ ⋂ k⩾1 (Z p ) k . Pour tout k il existe donc y tel que y pk−1 = x, mais y peuts’écrire comme ∑ i y i p i , où a i ∈ ⟦0 . . . p − 1⟧ et donc en posant y ′ = ∑ k−1i=0 a ip i ∈ Z et y ′′ =∑ i⩾k a i p i−k , on a y = y ′ + p k y ′′ . D’après le petit théorème <strong>de</strong> Fermat, on a y ′pk−1 ≡ 1mod p k et donc, en appliquant un binôme <strong>de</strong> Newton, il existe z ∈ Z p tel que y pk−1 = 1 +p k z. Il s’en suit donc que pour tout k ∈ N, il existe z tel que x = 1 + p k z. Par unicité dudéveloppement en série p-adique <strong>de</strong> x, on a donc x = 1.∎2.2 Clôture algébrique et définissable dans pCFCette section se propose <strong>de</strong> démontrer quelles sont les clôtures algébriques et définissablesdans pCF, comme on l’a fait à la remarque (1.32) pour ACVF.Proposition 2.24 :Soient (K, v) ⊧ pCF et A ⊆ K, on a alors A alg ∩ K ⊧ pCF.Proof . D’après le corollaire (2.22), il suffit <strong>de</strong> montrer que K ′ = A alg ∩ K est Hensélien etK ′ ⊧ ∀x P n x ⇒ ∃y x = y n . Soient alors P ∈ O K ′[X] et a tel que res(P(a)) = 0 et res(P ′ (a)) ≠0. Ces même conditions sont vérifiées dans K qui est hensélien, il existe donc b ∈ O K telque P(b) = 0 et res(b) = res(a). Mais ce b est alors algébrique sur K ′ qui est relativementalgébriquement clos dans K, donc b ∈ K ′ . Le corps K ′ est donc bien Hensélien.35


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieDe plus la définition <strong>de</strong>s P n est préservée, en effet si on a K ′ ⊧ P n (x), c’est aussi vrai dans Kcar K ′ est muni <strong>de</strong> la structure induite et donc il existe y ∈ K tel que y n = x, mais ce y estalgébrique sur K ′ et donc appartient à K ′ .∎Corollaire 2.25 :Soient (K, v) ⊧ pCF et A ⊆ K, on a alors acl(A) = A alg ∩ K.Proof . On a montré dans la proposition (2.24) que A alg ∩K est une sous-structure <strong>de</strong> K qui estun modèle <strong>de</strong> pCF. Comme pCF est modèle complète, A alg ∩K est sous-structure élémentairequi contient A et donc acl(A). Mais comme L Qp contient le langage <strong>de</strong>s anneaux, on a aussiA alg ∩ K ⊆ acl(A). Ils sont donc égaux.Lemme 2.26 :Soit T une théorie modèle complète, telle que pour tout modèle M et tout A ⊆ M, acl(A) ⊧ T,alors T a un modèle premier et minimal au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> tout ensemble <strong>de</strong> paramètres, qui est justementacl(A).Proof . Montrons tout d’abord que acl(A) ne dépend pas <strong>de</strong> M. Soient donc M 1 et M 2 <strong>de</strong>uxmodèles <strong>de</strong> D el (A), le diagramme élémentaire <strong>de</strong> A. Par la propriété du plongement commun,ils se plongent tous <strong>de</strong>ux élémentairement dans un modèle M ⊧ D el (A). Mais alorsacl M1 (A) = acl M (A) = acl <strong>M2</strong> (A). De plus tout modèle <strong>de</strong> D el (A) contient acl(A) qui parmodèle complétu<strong>de</strong> est une sous-structure élémentaire. Enfin, si on a A ⊆ M ≼ acl(A) oùM ⊧ D el (A), alors acl(A) ⊆ M et donc ils sont égaux.∎Corollaire 2.27 :Soit A ⊆ K ⊧ pCF alors A alg ∩ K est un modèle premier et minimal au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Proof . C’est une conséquence immédiate du lemme (2.26), du corollaire (2.25) et <strong>de</strong> la proposition(2.24).∎Proposition 2.28 :Soit A ⊆ K ⊧ pCF alors K ′ = A alg ∩ K est rigi<strong>de</strong> au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Proof . Soit σ ∈ Aut(K ′ /A) et soit B la sous-structure fixée par σ. Montrons alors que B ⊧ pCF.D’après le corollaire (2.22), il suffit <strong>de</strong> montrer que B est hensélien et que B ⊧ ∀x P n (x) ⇒∃y x = y n . Tout d’abord, comme K ′ est hensélien, il contient C h = Frac(< A >) h et commeC = Frac(< A >) ⊆ dcl(A), il est fixé par σ. On a donc le diagramme commutatif suivant :C h i 1 i 4 C C h σ σ(C h ) K ′i 3i 2où les injections vérifient toutes i(x) = x. Par la propriété universelle <strong>de</strong> l’Hensélianisé (voir(1.13)) on a i 3 ○ σ = i 4 et donc pour tout x ∈ C h , σ(x) = x, i.e. C h ⩽ B. Mais cette extension estalgébrique donc par le corollaire (1.12), B est Hensélien.∎36


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieSoit maintenant x tel que B ⊧ P n (x). Si x = 0 alors c’est évi<strong>de</strong>nt, sinon il a donc une racine n-ième dans K, notée y. Soit k ∈ N ⋆ , par le corollaire (2.21), il existe q ∈ Q ⋆ tel que qy ∈ (K ⋆ ) k .Mais on a alors σ(qy)/qy = qσ(y)/qy = σ(y)/y ∈ (K ⋆ ) k . De plus σ(y)/y est une racinen-ième <strong>de</strong> a/a = 1. Il s’en suit que σ(y)/y ∈ dcl(∅) ⊆ Q p . Par le lemme (2.23), on a alorsσ(y)/y = 1 et donc y ∈ B, i.e. B ⊧ ∃y x = y n .∎Corollaire 2.29 :Soit A ⊆ K ⊧ pCF alors dcl(A) = acl(A) = A alg ∩ K.Proof . Quitte à en prendre une extension élémentaire, on peut supposer que K est assez saturéet homogène. Il suffit alors <strong>de</strong> montrer que tout σ ∈ Aut(K/A) fixe A alg ∩ K. Mais comme σfixe A alors σ fixe (globalement) acl(A) = A alg ∩ K. Mais on a montré dans la proposition(2.28) que A alg ∩ K est rigi<strong>de</strong> au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A, il est donc fixé point par point. ∎On peut alors en déduire, comme le fait van <strong>de</strong>n Dries dans [Dri84] que pCF admet <strong>de</strong>s fonctions<strong>de</strong> Skolem définissables. Pour cela on fait appel au critère suivant.Lemme 2.30 (Critère pour les fonctions <strong>de</strong> Skolem) :Soit T une théorie qui élimine les quantificateurs, alors T admet <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> Skolem définissablessi et seulement si tout A ⊧ T ∀ se plonge dans un modèle A ⊧ T qui est algébrique et rigi<strong>de</strong>au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Proof . Voir [Dri84, Théorème 2.1]Corollaire 2.31 :La théorie pCF admet <strong>de</strong>s fonctions <strong>de</strong> Skolem définissables.Proof . Soient (K, v) ⊧ pCF et A ⊆ K. D’après la proposition (2.24), A alg ∩ K est un modèle <strong>de</strong>pCF, algébrique au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A. Mais par la proposition (2.28), il est rigi<strong>de</strong> au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.On peut donc conclure par le lemme (2.30).∎Remarque 2.32 :Ces résultats seront utilisés dans la <strong>de</strong>rnière section, mais il faut faire attention qu’on sera alorsdans une extension définissable d’une partie <strong>de</strong> L eq . Les résultats qu’on a démontré restent vraisdans ce langage, à condition <strong>de</strong> considérer <strong>de</strong>s ensembles <strong>de</strong> paramètres et <strong>de</strong>s variables du corpsseulement.∎2.3 Types dans pCFLa section qui suit est une reprise <strong>de</strong>s résultats <strong>de</strong> la section 4 <strong>de</strong> [HM08], dans le cas particulier<strong>de</strong> la théorie pCF. Dans ce qui suit, on notera B l’ensemble <strong>de</strong>s boules. En particulier, si Kest un corps valué et A ⊆ K, on note B(A) l’ensemble <strong>de</strong>s boules A-définissables. Si b ∈ B(A),on notera x ∈ b pour ϕ[x], où ϕ est une L A -formule qui définit b. De plus, si M eq ⊧ pCF eq ,on notera K(M) la sorte du corps.37


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieDéfinition 2.33 (Généricité) :Soient (K, v) un corps valué, A ⊆ K, (b i ) i∈I une famille <strong>de</strong> boules A-définissables et P = ⋂ i b i .On dit que x ∈ K est générique dans P au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A si x ∈ P et x n’appartient à aucune sous-boulestricte A-définissable <strong>de</strong> P.On note α P ∣A le A-type partiel suivant :α P = {x ∈ b i ∶ i ∈ I} ∪ {¬x ∈ b ∶ b ∈ B(A) et b ⊊ P}.Comme on l’a déjà fait remarquer précé<strong>de</strong>mment, la notion <strong>de</strong> boule se comporte mal visà vis <strong>de</strong>s extensions <strong>de</strong> corps. Il faut donc faire attention qu’un point générique dans uneintersection <strong>de</strong> boules dans un corps ne le sera pas forcément dans une extension. Mais pourles corps p-adiquement clos, cela cas ne peut pas se produire :Lemme 2.34 :Soient (K, v) ⊧ PCF, (K, v) ⩽(L, w) une extension <strong>de</strong> corps valués, γ ∈ Γ L et a ∈ K. Si B ⩾γ (a)∩Ket B >γ (a) ∩ K sont définissables sur K, alors leurs traces sur K sont <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> K.Proof . Considérons d’abord b = B ⩾γ (a). Comme b est définissable sur K, son rayon (qui estla valuation maximal <strong>de</strong> la différence <strong>de</strong> <strong>de</strong>ux points dans b) est aussi définissable sur K, ils’en suit qu’il est dans Γ alg = div Γ K . Il existe donc n ∈ N tel que nγ ∈ Γ K . Comme K estKun corps p-adiquement clos, Γ K est un Z −groupe et donc il existe k ∈ ⟦0 . . . n − 1⟧ tel quenγ+k ∈ nΓ K , i.e. γ+ k n ∈ Γ K. En d’autres termes, il existe δ ∈ Γ K tel que δ−v(p)γ ⩽ δ et b∩Mest donc la boule <strong>de</strong> centre <strong>de</strong> a est <strong>de</strong> rayon δ dans M.De plus B >γ (a) ∩ M = B ⩾γ+v(p) (a) ∩ M qui est bien une boule <strong>de</strong> M par ce qu’on vient <strong>de</strong>démontrer.∎Il s’en suit donc que si (K, v) ⊧ pCF et (K, v) ⩽(L, w) est une extension <strong>de</strong> corps valués (onconsidérera les <strong>de</strong>ux corps munis <strong>de</strong> leur L div -structure, car cela ne change rien aux boulesdéfinissables), P est une intersection <strong>de</strong> boules <strong>de</strong> K et A ⊆ K, alors si x est un point générique<strong>de</strong> P au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A (dans K) si et seulement s’il l’est aussi dans L. En effet, si x est génériquedans L, comme toutes les boules <strong>de</strong> K sont aussi <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> L, x est générique dans K. Réciproquement,soit b une boule <strong>de</strong> L, A-définissable alors, comme on l’a démontré au lemme(2.34), b ∩ K est une boule <strong>de</strong> K. Soit σ ∈ Aut(K/A), on peut (quitte à supposer L assez homogène)l’étendre en σ ∈ Aut(L/A) qui fixe globalement K. Comme b est A-définissable dans L,il est fixé par σ et donc σ fixe b ∩ K qui est donc bien A-définissable. Comme cette <strong>de</strong>rnièreboule contient x, elle ne peut être strictement incluse dans P et donc b non plus.Remarque 2.35 :De même, si une boule b <strong>de</strong> K est A-définissable où dcl(A) ∩ B ⊆ A, alors ⟨b⟩ ∈ A et comme b(L)est codé par le même point, b est aussi A-définissable dans L.On dira que P est une intersection stricte si ce n’est pas lui même une boule (qui serait alorsimmédiatement A-définissable) et que P est non vi<strong>de</strong>.D’après [HHM06, lemme 2.3.3], le type générique sur une boule ou une intersection stricte<strong>de</strong> boules est complet dans le cas où l’ensemble <strong>de</strong> paramètres est algébriquement clos. Deplus tous les types d’éléments du corps sont d’une <strong>de</strong> ces <strong>de</strong>ux formes. Dans le cas <strong>de</strong> pCF, lasituation est un peu plus compliquée.38


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieLemme 2.36 :Soient M ⊧ pCF eq , A ⊆ M tel que acl eq (A) ∩ B ⊆ dcl eq (A) et x ∈ K(M) alors x est génériquedans une intersection stricte <strong>de</strong> boules A-définissables au-<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Proof . Soit P = ⋂{b ∈ B(A) ∶ x ∈ b}, il est alors évi<strong>de</strong>nt que x est générique dans P au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A. Supposons alors que l’intersection ne soit pas stricte, P est donc une boule A-définissable. Soit γ son rayon, d’après le lemme (2.12), la boule <strong>de</strong> centre x et <strong>de</strong> rayon γ + 1est algébrique sur A. Elle est donc dans acl eq (A) ∩ B ⊆ dcl eq (A) et est donc définissable surA. De plus elle contient x et est strictement contenue dans P, ce qui est absur<strong>de</strong>. ∎Définition 2.37 (f ⋆ p) :Soient M une L-structure, A ⊆ M, p un type sur A et f = (f i ∶ i ∈ I) une famille <strong>de</strong> fonctions A-définissables telle que pour tout i f i est défini sur les réalisations <strong>de</strong> p. Soit ϕ i [ x, y, a i ] qui définitf i , on peut alors considérer le typef ⋆ p = {ψ[ y i1 , . . . , y in , a ′ ] ∶ ∀ y i1 . . . y inn⋀ ϕ ij [ x, y ij , a ij ] ∧ ψ[ y i1 . . . y in , a ′ ] ∈ p}.j=1Définition 2.38 (Relative complétu<strong>de</strong>) :Soient M une L-structure, A ⊆ M et (f i ) i∈I une famille <strong>de</strong> fonctions A-définissables. Un A-typepartiel p est complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A relativement aux f i si la fonction q ↦ f ⋆ q est injective <strong>de</strong>{q ∈ S(A) ∶ p ⊆ q} dans S(A).En particulier, pour vérifier qu’un type est complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A relativement à f, il suffit<strong>de</strong> <strong>de</strong> vérifier que, dans un modèle assez saturé, pour tous c et c ′ qui réalisent ce type, sif(c) ≡ A f(c ′ ) alors c ≡ A c ′ .Lemme 2.39 :Soient M une L-structure, A ⊆ M et (f i ) i∈I une famille <strong>de</strong> fonctions A-définissables. Un A-typepartiel p[ x] est complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A relativement aux f i si et seulement si pour toute L A -formule ϕ[ x], il existe une L A -formule θ[ y] telle que p[ x] ⇒ (ϕ[ x] ⇐⇒ θ[f( x)]), où f( x)représente le uplet <strong>de</strong>s f i ( x).Proof . Supposons, tout d’abord, que p est complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A relativement à f. L’ensemble<strong>de</strong> formules p[ x] ∪ p[ x ′ ] ∪ {θ[f( x)] ⇐⇒ θ[f( x ′ ) ∶ θ ∈ L A ]} ∪ {¬(ϕ[ x] ⇐⇒ ϕ[ x ′ ])} n’estpas satisfaisable (dans un extension N assez saturée <strong>de</strong> M) sinon on aurait f( x) ≡ A f( x ′ )mais pas x ≡ A x ′ , ce qui contredit notre hypothèse. Il existe donc (θ i ) i=1...n <strong>de</strong>s A-formulestelles que pour tout x et x ′ réalisations <strong>de</strong> p, on ait :⋀(θ i [f( x)] ⇐⇒ θ i [f( x ′ )]) ⇒ (ϕ[ x] ⇐⇒ ϕ[ x ′ ]).iPour tout σ ∶ ⟦1 . . . n⟧ → {0, 1}, on pose θ σ [ y] = ⋀ σ(i)=1 θ i [ y]∧⋀ σ(i)=0 ¬θ i [ y] et on définitX = {σ ∶ ∃ c ∈ N c ⊧ p et N ⊧ ϕ[ c] ∧ θ σ [f( c)]} et θ[ y] = ⋁ σ∈X θ σ [ y]. Soit alors c ⊧ pdans N , si N ⊧ ϕ[ c] alors, comme N ⊧ θ σ [f( c)] pour σ tel que σ(i) = 1 si et seulementsi N ⊧ θ i [f( c)], on a bien σ ∈ X et N ⊧ θ[f( c)]. Réciproquement, si N ⊧ θ[f( c)], il existeσ ∈ X tel que N ⊧ θ σ [f( c)], et donc il existe c ′ ⊧ p tel que N ⊧ θ σ [f( c ′ )] ∧ ϕ[ c ′ ]. On a39


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriealors, pour tout i, θ i [f( c)] ⇐⇒ θ i [f( c ′ )] et donc, comme N ⊧ ϕ[ c ′ ], on a aussi N ⊧ ϕ[ c].Comme N est assez saturé, on a exactement montré que p[ x] ⇒ (ϕ[ x] ⇐⇒ θ[f( x)]).Réciproquement, soient c et c ′ <strong>de</strong>ux réalisations <strong>de</strong> p dans N telles que f( c) ≡ A f( c ′ ) etϕ[ x] ∈ L A . Soit alors θ[ y] la formule qui existe par hypothèse. On a alors N ⊧ ϕ[ c] ⇐⇒θ[f( c)] ⇐⇒ θ[f( c ′ )] ⇐⇒ ϕ[ c ′ ] car f( c) et f( c ′ ) ont le même type. Il s’en suit donc quec ≡ A c ′ .∎On a montré dans le corollaire (2.21) que pour tout corps p-adiquement clos K, le groupeK ⋆ /(K ⋆ ) n est fini et a un système <strong>de</strong> représentants dans Q. Soit alors (q n i) un tel système <strong>de</strong>représentants. La surjection canonique K ⋆ → K ⋆ /(K ⋆ ) n est alors définissable par la formuler n [x, y] = ⋁ i y = q n i ∧ P n((q n i )−1 x). On peut d’ailleurs remarquer que le lemme (2.18)implique que pour tout n, 1 + p 1+2v(n) O ⊆ ker(r n ). Il s’en suit donc que si v(x − y) + 1 +2v(n) ⩽ v(x − z) alors r n (y − x) = r n (y − z), en effet y−zy−x = 1 + z−xy−xet v(x − z) − v(x − y) ⩾1 + 2v(n) et donc y−zy−x ∈ ker r n.Pour x et y ∈ Γ, on notera aussi dans la suite x ≪ y si pour tout n ∈ N, x + n ⩽ y. Commeon vient <strong>de</strong> le remarquer, on a alors que v(x − y) ≪ v(x − z) implique que pour tout n,r n (y − x) = r n (y − z). De plus soit b une boule, si x ∉ b, alors pour tout y ∈ b, v(x − y) estconstant (c’est une conséquence immédiate du caractère ultramétrique), la notation v(x−b) adonc un sens. De même, si v(x−b) ≪ ρ(b) (où ρ(b) est le rayon <strong>de</strong> la boule) alors on vient <strong>de</strong>montrer que la notation r n (x−b) à un sens. Cela dit, il suffit d’avoir v(x−b)+1+2v(n) ⩽ ρ(b),comme on l’a montré un peu plus haut. Enfin dans ce qui suit, on notera r(x−b) pour le uplet<strong>de</strong>s r n (x − b), sous réserve qu’il soit bien défini.Rappelons enfin que si M ⊧ pCF eq , v est ∅-définissable (c’est même un symbole <strong>de</strong> L eq ). Eneffet, le groupe <strong>de</strong> valeur n’est autre que K ⋆ /(O / M) qui est bien un quotient définissable, etv est la projection canonique.Lemme 2.40 :Soient M ⊧ pCF eq , A ⊆ K(M), P = ⋂ i∈I b i une intersection stricte <strong>de</strong> boules A-définissables eta ∈ P(A), alors le type (α P ∣A)[x] est complet relativement à v(x − a) et aux r n (x − a).Proof . Soit L = K alg muni d’une valuation qui étend v (et qu’on notera aussi v). Dans un premiertemps nous allons montrer que l’on peut étendre les r n à L ⋆ . Soit H = (K ⋆ ) n ∩ (1 +p 1+2v(n) O L ) un sous-groupe <strong>de</strong> L ⋆ . Si ab ∈ H ∩ K ⋆ avec a ∈ (K ⋆ ) n et b ∈ (1 + p 1+2v(n) O L ),on a alors b ∈ K ⋆ , or b = 1 + p 1+2v(n) c où v(c) ⩽ 0. Mais on a alors c ∈ K et donc b ∈(1+p 1+2v(n) O K ) ⊆ (K ⋆ ) n . Il s’en suit que ab ∈ (K ⋆ ) n . On a donc montré que H∩K ⋆ = (K ⋆ ) net donc K ⋆ /P n s’i<strong>de</strong>ntifie avec un sous groupe <strong>de</strong> L ⋆ /H, et la projection sur ce quotient étendr n . De plus on a étendu r n <strong>de</strong> façon à ce qu’il soit toujours vrai que si v(x − y) ≪ v(x − z)alors r n (x − z) = r n (y − z).Soient maintenant c et c ′ ∈ K génériques dans P au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A tels que v(c−a) ≡ A v(c ′ −a)et pour tout n, r n (c − a) ≡ A r n (c ′ − a), i.e. il existe σ ∈ Aut(M/A) tel que v(c − a) =σ(v(c ′ − a)) = v(σ(c ′ ) − a) (quitte à supposer M assez homogène) et r n (c − a) = r n (c ′ − a)(car les images <strong>de</strong>s r n sont dans dcl(∅)). Comme σ(c ′ ) ≡ A c ′ , il suffit <strong>de</strong> démontrer queσ(c ′ ) ≡ A c. On peut donc supposer v(c − a) = v(c ′ − a).Considérons maintenant d ∈ A alg . Si d ∉ P, soit i tel que d ∉ b i . Pour tout m ∈ N, il existe j ∈ Itel que ρ(b j ) ⩾ ρ(b i )+m sinon X = {ρ(b j ) ∶ j ∈ I} aurait un minimum, (parmi ρ(b i ), ρ(b i )+40


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie1, . . . , ρ(b i ) + m) or comme les boules <strong>de</strong> même rayon sont soit égales soit disjointes et queP ≠ ∅, l’ensemble <strong>de</strong>s b j aurait un minimum pour l’inclusion ce qui contredirait le fait que Psoit une intersection stricte. Comme d ∉ b i , on a v(d − a) < ρ(b i ) et donc, comme a, c ∈ b j ,v(c − a) ⩾ ρ(b j ) ⩾ ρ(b i ) + m > v(d − a) + m. On a donc montré que v(d − a) ≪ v(c − a).Le même résultat tient pour c ′ et donc v(c − d) = v(d − a) = v(c ′ − d) et pour tout n,r n (c − d) = r n (d − a) = r n (c ′ − d).Supposons maintenant que d ∈ P, comme v(a − d) ∈ Γ alg = div(Γ A ), il existe m ∈ N telAque mv(a − d) = γ ∈ Γ A . Pour tout l ∈ N, la boule B ⩾γ/m−l (a) est une boule A-définissableincluse dans P (par le même raisonnement que précé<strong>de</strong>mment mais en utilisant maintenantque d ∈ P) et donc c ne peut y appartenir, i.e. v(c − a) < γ/m − l = v(d − a) − l et doncv(c − a) ≪ v(d − a). Par le même raisonnement, v(c ′ − a) ≪ v(d − a) et donc v(c − d) =v(c−a) = v(c ′ −a) = v(c ′ −d) et pour tout n, r n (c−d) = r n (c−a) = r n (c ′ −a) = r n (c−a).Comme tout polynôme à coefficients dans A est scindé sur A alg , et que v et les r n sont <strong>de</strong>smorphismes pour la multiplication, on a démontré que pour tout Q ∈ A[X], v(Q(c)) =v(Q(c ′ )) et pour tout n, r n (Q(c)) = r n (Q(c ′ )) i.e. P n (Q(c)) ⇐⇒ P n (Q(c ′ )). Or commeA ⊆ K(M) et que toute L eqQ-formule à paramètres et variables dans le corps est équivalentepà une L Qp -formule (c’est un propriété <strong>de</strong> T eq pour toute théorie T), le type <strong>de</strong> c sur A estentièrement déterminé par son type dans la L Qp -structure. Comme il y a élimination <strong>de</strong>squantificateurs et qu’on vient <strong>de</strong> démontrer que c et c ′ réalisent les même atomes, on a bienc ≡ A c ′ .∎Proposition 2.41 :Soient M ⊧ pCF eq , A ⊆ M, (b i ) i∈I une famille <strong>de</strong> boules A-définissables d’intersection stricteP et x une variable <strong>de</strong> corps, alors pour toute L eqQ-formule à paramètres dans A, ϕ[x], on a soitpeqα P ⇒ ϕ ou α P ⇒ ¬ϕ, ou il existe une L -formule θ(y, z) et e ⊆ QpA e′ ⊆ P dans B(A), tels quex ∈ P ∧ x ∉ e ′ ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x − e), r(x − e)]) et que tous les r n (x − e) qui apparaissentdans θ soient bien définis en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> e ′ .Proof . Quitte à supposer M assez saturé, on peut supposer que P(a) ≠ ∅. Soit alors a ∈P(A). D’après les lemmes (2.40) appliqué à K(M) (ce qui est possible car on a bien A ⊆M = dcl(K(M))) et (2.39), il existe une L eqQ-formule θ[y, z] à paramètres dans M telle quepα P ∣M[x] ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x − a), r(x − a)]).Montrons maintenant que θ peut être choisie A-définissable. Soient N une extension élémentaire<strong>de</strong> M assez saturée et homogène et σ(θ) un conjugué <strong>de</strong> θ au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A (dansM, i.e. σ ∈ Aut(M /A)). Alors, pour tout x ∈ N tel que x ⊧ α P ∣M, on a alors v(x − a) ≪v(a − σ(a)) car pour tout m ∈ N, B v(a−σ(a))−m (a) est une sous-boule M-définissable <strong>de</strong> P.On a donc v(x − a) = v(x − σ(a)) et pour tout n, r n (x − a) = r n (x − σ(a)). Il s’en suit doncque θ[v(x − a), r(x − a)] ⇐⇒ ϕ[x] ⇐⇒ σ(ϕ[x]) ⇐⇒ σ(θ)[v(x − σ(a)), r(x − σ(a))]car ϕ est A-définissable, mais la <strong>de</strong>rnière formule est équivalente à σ(θ[v(x − a), r(x − a)])par les égalités qu’on vient <strong>de</strong> montrer.est le système <strong>de</strong> repré-De plus supposons que seuls r 1 , . . . r N apparaissent dans θ. Si q n isentants rationnelles <strong>de</strong> K ⋆ /(K ⋆ ) n utilisés pour définir r n , pour tout J = (q i j i) i=1...N , si onnote θ J [y] = ∀z 1 . . . z N , ⋀ i z i = q i j i∧ θ[y, z]. On a σ(θ J ) = (σ(θ)) J car les q i j isont ∅-41


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriedéfinissables, et donc θ J vérifie la même propriété que θ à savoir que pour tout conjuguéσ(θ J ) au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A (dans M), α P ∣M[x] ⇒ (θ J [v(x − a)] ⇐⇒ σ(θ J )[v(x − a)]). Commeθ[x, y] = ⋁ J (θ J [x]∧⋀ y i = q i j i), il suffit <strong>de</strong> montrer que tous les theta J sont A-définissables(ou du moins qu’on peut les remplacer par une formule à paramètres dans A).Considérons l’ensemble <strong>de</strong> formules suivant :Σ[x, x ′ ] = (α P ∣M)[x] ∪ {θ J [x], ¬θ J [x ′ ]} ∪ {ψ[x, a] ⇐⇒ ψ[x ′ a] ∶ ψ ∈ L eqQ p, a ∈ A}.Supposons qu’il soit satisfait par c et c ′ . Ils ont alors le même type au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A et donc ilexiste un automorphisme σ ∈ Aut(M /A) tel que σ(c ′ ) = c. Mais comme c ⊧ α P ∣M, et queM ⊧ θ J [c], on a aussi M ⊧ σ(θ J )[x], mais donc aussi M ⊧ θ J [σ −1 (x)], i.e. M ⊧ θ j [c ′ ]ce qui est absur<strong>de</strong>. Cet ensemble ne peut donc pas être satisfaisable et il existe (ψ i ) i=1...m<strong>de</strong>s L eqQ-formules à paramètres dans A, telles que α P ∣M[x] ⇒p(⋀ i ψ i [x] ⇐⇒ ψ i [x ′ ]) ⇒(θ J [x] ⇐⇒ θ J [x ′ ]). Pour tout τ ∈ 2 m , soit ψ τ = ⋀ τ(i)=1 ψ i ∧ ⋀ τ(i)=0 ¬ψ i . Notons E = {τ ∈2 m ∶ ∃x ∈ N, x ⊧ α P ∣M, N ⊧ θ J [x] et N ⊧ ψ τ [x]} et ψ E = ⋁ τ∈E ψ τ . Il est alors facile <strong>de</strong> voirque α P ∣M[x] ⇒ (θ J [x] ⇐⇒ ψ E ) et cette <strong>de</strong>rnière formule est bien à paramètres dans A.On peut donc supposer que les θ J , et donc aussi θ, sont à paramètres dans A.Par compacité, il suffit d’être dans un nombre fini <strong>de</strong> b i et d’éviter un nombre fini <strong>de</strong> sousboules<strong>de</strong> P dans M pour avoir ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x − a), r(x − a)]. Mais ces sous-boulessont toutes incluse dans la plus petite boule qui les contient toutes (et a). On a donc I 0 ⊆ Ifini et une boule b <strong>de</strong> M tels que b ⊆ P, a ∈ b et ⋀ i∈I0 x ∈ b i ∧ x ∉ b ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒θ[v(x−a), r(x−a)]). Soit b ′ la boule autour <strong>de</strong> b <strong>de</strong> rayon ρ(b)−m tel que m ∈ N est suffisantpour qu’en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> b ′ , r n (x − b) soit bien défini pour tous les r n qui apparaissent dans θ(en reprenant les notation <strong>de</strong> ci- <strong>de</strong>ssus, il suffit <strong>de</strong> prendre m = max(1+2v(n) ∶ 1 ⩽ n ⩽ N)).On a alors⋀ x ∈ b i ∧ x ∉ b ′ ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x − b), r(x − b)]). (2.1)i∈I 0Il suffit alors <strong>de</strong> montrer qu’on peut choisir b et b ′ A-définissables. Si α P ∣A ⇒ ϕ ou α P ∣A ⇒¬ϕ alors c’est fini. On peut donc supposer qu’on a a 1 et a 2 ∈ M qui réalisent α P ∣A telsque M ⊧ ϕ[a 1 ] et M ⊧ ¬ϕ[a 2 ]. Soient alors e = B ⩾v(a1 −a 2 )(a 1 ) et e ′ la boule autour<strong>de</strong> e <strong>de</strong> rayon ρ(e) − m, alors aucune paire (b, b ′ ) qui satisfait (2.1) ne peut vérifier que b ′et e ′ sont disjoints. En effet, si c’était le cas, comme b est disjoint <strong>de</strong> e ′ , on aurait ρ(e ′ ) =v(a 1 − a 2 ) − m > v(a 1 − b) et donc v(a 1 − b) = v(a 2 − b) et pour tout n tel que r n apparaîtdans θ, r n (a 1 − b) = r n (a 2 − b). De plus, comme a 1 , a 2 ∉ b ′ , on a ϕ[a 1 ] ⇐⇒ θ[v(a 1 −b), r(a 1 −n)] ⇐⇒ θ[v(a 2 −b), r(a 2 −n)] ⇐⇒ ϕ[a 2 ] ce qui est absur<strong>de</strong>. Quitte à agrandirb pour que son rayon soit supérieur à v(a 1 − a 2 ) ∈ Γ M , on peut supposer que ρ(b ′ ) ⩾ ρ(e ′ ),on a donc forcément e ′ ⊆ b ′ . Comme tous les conjugués <strong>de</strong> (b, b ′ ) au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A vérifient(2.1), un conjugué <strong>de</strong> b ′ au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A ne pas être disjoints <strong>de</strong> e ′ et donc <strong>de</strong> b ′ . Cela impliqueaussi, quitte a appliquer un automorphisme, que <strong>de</strong>ux conjugués <strong>de</strong> b ne peuvent pas êtredisjoints.Soit ψ[x, d] une LeqQ p-formule qui défini b ′ . Soit p = tp( d/Aρ(b ′ )). Si l’ensemble <strong>de</strong> formulesp[y] ∪ {¬(∀x ψ[x, d] ⇐⇒ ψ[x, y])}42


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieétait satisfaisable, on aurait σ ∈ Aut(M/Aρ(b ′ )) tel que ψ[x, d] et ψ[x, σ( d)] ne définissentpas le même ensemble, i.e. b ′ ≠ σ(b ′ ). D’après ce qu’on vient <strong>de</strong> démontrer, on a soit b ′ ⊆σ(b ′ ), soit σ(b ′ ) ⊆ b ′ . Mais comme σ fixe ρ(b ′ ), on a ρ(σ(b ′ )) = σ(ρ(b ′ )) = ρ(b ′ ) etdonc b ′ = σ(b ′ ), ce qui est absur<strong>de</strong>. Il s’en suit donc qu’il existe (χ[ y, z]) une L eqQ p-formule àparamètres dans A, telle que M ⊧ ∀ d ′ χ[ d ′ , ρ(b ′ )] ⇒ (∀xψ[x, d] ⇐⇒ ψ[x, d ′ ]) et on peutsupposer que χ[y, z] implique que ψ[x, y] est une boule <strong>de</strong> rayon z (car c’est exprimable parune formule qui est dans le type <strong>de</strong> d). De plus, si on note q = tp( d/A) et δ[x1 , x 2 , y 1 , y 2 ] =ψ[x 1 , y 1 ] ∧ ¬ψ[x 2 , y 1 ] ∧ ¬ψ[x 1 , y 2 ] ∧ ψ[x 2 , y 2 ], l’ensemble <strong>de</strong> formulesq[ d1 ] ∪ q[ d2 ] ∪ δ[x 1 , x 2 , d1 , d2 ]n’est pas satisfaisable. En effet, il y aurait alors <strong>de</strong>ux conjugués <strong>de</strong> b au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A qui ne sontpas inclus l’un dans l’autre, i.e. sont disjoints, ce qui contredit ce que l’on a vu précé<strong>de</strong>mment.Il s’en suit donc qu’il existe χ 1 et χ 2 <strong>de</strong>ux formules <strong>de</strong> q telles que M ⊧ ∀ d1 d2 χ 1 [ d1 ] ∧χ 2 [ d2 ] ⇒ (∀x 1 x 2 ¬δ[x 1 , x 2 , d1 , d2 ]). Posons alors ζ[x, z] = ∃ d ′ χ[ d ′ , z] ∧ χ 1 [ d ′ ] ∧ χ 2 [ d ′ ] ∧ψ[x, d ′ ] qui est à paramètres dans A. Cette formule permet alors <strong>de</strong> définir une fonction fA-définissable qui a un rayon γ associe une boule <strong>de</strong> rayon γ telle que f(ρ(b ′ )) = b ′ . De plusles images par f forment une chaîne. En effet, si l’on a γ 1 et γ 2 tels que f(γ 1 ) et f(γ 2 ) ne sontpas inclus l’un dans l’autre, i.e. sont disjoints, alors il existe x 1 , x 2 , d1 et d2 dans M tels queM ⊧ δ[x 1 , x 2 , d1 , d2 ] ∧ χ 1 [ d1 ] ∧ χ 2 [ d2 ], ce qui est absur<strong>de</strong>.On note alors f ′ la fonction qui à γ associe la boule <strong>de</strong> rayon m <strong>de</strong> moins autour <strong>de</strong> f(γ).L’ensemble G <strong>de</strong>s γ ∈ Γ M tels que (f(γ), f ′ (γ)) vérifie (2.1) est donc A-définissable et nonvi<strong>de</strong> car il contient ρ(b ′ ) (en effet comme (b, b ′ ) vérifie (2.1) et que f ′ (ρ(b ′ )) contient b ′ quicontient b, (b ′ , f ′ (ρ(b ′ ))) vérifie aussi (2.1)).Si cet ensemble est majoré il admet un maximum. En effet, le groupe <strong>de</strong> valeur <strong>de</strong> Q p est Z oùcette propriété est vérifiée et elle s’exprime au premier ordre. Soit donc γ 0 un majorant <strong>de</strong> G,il est donc A-définissable et (f(γ 0 ), f ′ (γ 0 )) est une paire <strong>de</strong> boules A-définissables vérifiant(2.1). Si f(γ 0 ) ⊆ P alors ce sont les boules recherchées, sinon f ′ (γ 0 ) et P sont disjoints et donccomme a 1 et a 2 sont dans P, v(a 1 − f(γ 0 )) ≪ v(a 1 − a 2 ). Il s’en suit alors que ϕ[a 1 ] ⇐⇒θ[v(a 1 − f(γ 0 )), r(a 1 − f(γ 0 ))] ⇐⇒ θ[v(a 2 − f(γ 0 )), r(a 2 − f(γ 0 ))] ⇐⇒ ϕ[a 2 ] ce quiest absur<strong>de</strong>.S’il n’est pas majoré, considérons l’ensemble X = ⋂ γ∈G f(γ) qui est A-définissable et ne peutcontenir au plus qu’un point. De plus, comme la propriété que les intersections <strong>de</strong> chaînesdéfinissables <strong>de</strong> boules sont non vi<strong>de</strong>s est vraie dans Q p et s’exprime au premier ordre, ils’en suit que X est non vi<strong>de</strong> et est donc réduit à un point a, qui est donc nécessairementA-définissable. Soient alors x ∈ P distinct <strong>de</strong> a et γ ∈ G tel que γ − m > v(x − a), on aalors ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x − f(γ)), r(x − f(γ))] mais comme a ∈ f(γ), on a bien ϕ[x] ⇐⇒θ[v(x − a), r(x − a)]. On peut alors choisir pour e et e ′ la boule <strong>de</strong> rayon ∞ autour <strong>de</strong> a. ∎Corollaire 2.42 :Avec les même notations que dans le lemme précé<strong>de</strong>nt, s’il existe b ∈ B(A) tel que b ⊆ P alors α Pest complet relativement à v(x − b) et aux r n (x − b). Si, par contre, il n’existe pas <strong>de</strong> tel b alorsα P est complet.Proof . Supposons qu’il existe b ∈ B(A) tel que b ⊆ P. Soit ϕ[x] une L A -formule, si α P [x] ⇒ϕ[x], on a α P [x] ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒ v(x) = v(x)) et si α P [x] ⇒ ¬ϕ[x], on a α P [x] ⇒43


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie(ϕ[x] ⇐⇒ ¬v(x) = v(x)). Dans les autres cas, d’après la proposition (2.41), il existe uneformule θ et e ⊆ e ′ ⊆ P dans B(A) tels que x ∈ P∧x ∉ e ′ ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒ θ[v(x−e), r(x−e)]).Soit c la plus petite boule qui contient b et e, elle est bien A-définissable et donc toute réalisationx <strong>de</strong> α P est à l’extérieure <strong>de</strong> cette boule (et même loin <strong>de</strong> cette boule). Il s’en suit doncque v(x − b) = v(x − c) = v(x − e) et <strong>de</strong> même pour r. On a donc α P [x] ⇒ (ϕ[x] ⇐⇒θ[v(x − b), r(x − b)]). Il suit alors du lemme (2.39), que α P est complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A relativementà v et r.Par contre, si un tel b n’existe pas, si on n’a pas α P ⇒ ϕ où α P ⇒ ¬ϕ alors on <strong>de</strong>vrait avoirun e ∈ B(A) qui sont inclus dans P, par la proposition (2.41), ce qui est absur<strong>de</strong>. ∎Corollaire 2.43 :Soient M eq ⊧ pCF eq , A ⊆ M eq tel que acl eq (A) ∩ B ⊆ dcl eq (A) et B = B(A) alors pour toutc ∈ K(M), tp(c/B) ⇒ tp(c/A).Proof . Soient c et c ′ qui ont le même type au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B et montrons qu’ils ont aussi le mêmetype au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A. Tout d’abord, d’après le lemme (2.36), comme A est algébriquementclos, c est générique dans une intersection stricte P <strong>de</strong> boules A-définissables. Comme α p ⊆tp(c/B), c ′ est aussi générique sur P. D’après le corollaire (2.42), si P ne contient pas <strong>de</strong> boule<strong>de</strong> B alors α P est complet et comme c et c ′ en sont <strong>de</strong>ux réalisations, on a bien c ≡ A c ′ . Parcontre s’il existe une boule b ∈ B incluse dans P, toujours par ce corollaire, il suffit <strong>de</strong> vérifierque v(c − b), r(c − b) a le même type au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A que v(c ′ − b), r(c ′ − b).Tout d’abord comme les valeurs <strong>de</strong>s différents r i sont dans Q ⊆ dcl(∅) et que c ≡ B c ′ et doncen particulier que c − b ≡ Q c ′ − b, r(c − b) et r(c ′ − b) ont bien le même type (ils sont enfait égaux). De plus comme Γ est plongé stablement et que tous ses points sont codés par uneboule, le type <strong>de</strong> v(c − b) sur B implique celui sur Γ(A) et donc sur A. On a donc bien quev(c − b) ≡ A v(c ′ − b).∎La proposition qui suit est une forme <strong>de</strong> réciproque à la proposition (2.41). On y avait démontréque pour rendre complet un α P , il faut spécifier le type <strong>de</strong> (v(x − a), r(x − a)) pourun certain a. La proposition qui suit montre que réciproquement, quelque soit le type qu’onchoisisse pour (v(x − a), r(x − a)), s’il est raisonnable alors il sera consistant avec α P .Définition 2.44 (P Γ ) :Si P = ⋂ b∈B b est une intersection <strong>de</strong> boules, on notera P Γ = {γ ∈ Γ ∶ ∀b ∈ B, γ ⩾ ρ(b)}. Onnotera aussi P Γ l’ensemble <strong>de</strong> formules qui définit ce type partiel.On peut d’ailleurs remarquer que dans ACVF, P Γ est un type total.Proposition 2.45 :Soient M ⊧ pCF eq , A ⊆ M, P = ⋂ b∈B b intersection stricte <strong>de</strong> boules A-définissables et q[y, z] letype d’un certain (v(c), r(c)) au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A tel que q[y, z] implique P Γ [y] et y < γ pour toutγ ∈ P γ (A). Alors (α P ∣M)[x] ∪ ⋃ a∈P(M) q[v(x − a), r(x − a)] est consistant.Proof . On peut supposer M assez saturé pour que P(M) soit non vi<strong>de</strong>. Soit alors a ∈ P(M).Montrons que q[y, z] ∪ {y < γ ∶ γ ∈ P Γ (M)} est consistant. En effet, s’il ne l’était pas,par compacité, il existerait γ ∈ P Γ (M) et ψ ∈ q une L A -formule tels que ψ[y, z] ⇒ y ⩾ γ.Comme z n’apparaît pas à droite <strong>de</strong> l’implication, quitte à remplacer ψ pas ∃ zψ[y, z], on peut44


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriesupposer que sa seule variable est y. Comme ψ[M] a un minorant, elle admet une borneinférieure γ ′ (cette propriété est vraie dans Z et s’exprime au premier ordre). Comme ψ[M]a un minorant dans P Γ , γ ′ est dans P Γ (A) et on a q[y] ⇒ y ⩾ γ ′ , ce qui est absur<strong>de</strong>.Soit alors (γ, s) ⊧ q[y, z] ∪ {y < γ ∶ γ ∈ P Γ (M)} (dans une extension élémentaire <strong>de</strong> M).Par hypothèse, la formule ∃x, v(x) = y ∧ r(x) = z est dans q (à vrai dire comme r est unuplet infini, tout bout fini <strong>de</strong> cette formule est dans q). Par compacité, existe donc c tel que(v(c), r(c)) ⊧ q[y, z] ∪ {y < γ ∶ γ ∈ P Γ (M)}. On pose alors d = a + c. Tout d’abord, commev(d − a) = v(c) ∈ P Γ , et que a ∈ P, il s’en suit immédiatement que d ∈ P. De plus si détait dans une boule b M-définissable incluse dans P, quitte à la remplacer par la plus petiteboule qui contient a et b, on pourrait supposer que b contient a. Mais alors ρ(b) ∈ P Γ (M) etv(c) = v(d−a) ⩾ ρ(b), ce qui contredit la définition <strong>de</strong> c. On a donc bien d ⊧ α P ∣M. De plus,soit a ′ ∈ P(M), comme d est générique dans P au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> M, on a v(d − a) ≪ v(a − a ′ ).Il s’en suit donc qu’on a v(d − a ′ ) = v(d − a) = v(c) et r(d − a ′ ) = r(d − a) = r(c) et, commec ⊧ q[v(c), r(c)], on a bien (v(d − a ′ ), r(d − a ′ )) ⊧ q.∎Pour finir montrons l’existence d’extensions invariantes dans pCF. Avant <strong>de</strong> commencer rappelonscependant que dans un Z-groupe, il existe <strong>de</strong>s extension invariantes. Toute type p surun ensemble <strong>de</strong> paramètres A est déterminé par l’ensemble <strong>de</strong>s n k ∈ ⟦0 . . . k − 1⟧ tels quex − n k est un multiple <strong>de</strong> k et par la coupure réalisée par x dans A. Comme les n k sont définissablessur le vi<strong>de</strong>, une extension <strong>de</strong> p est juste une extension <strong>de</strong> la coupure, et elle peutêtre choisie <strong>de</strong> façon à être A-invariante (par exemple en mettant à gauche tout les nouveauxpoints qui réalisent la coupure sur A).Proposition 2.46 :Soient M eq ⊧ pCF eq , A ⊆ M eq tel que acl eq (A) ∩ B ⊆ dcl eq (A) et c ∈ K(M), p = tp(c/A) aalors une extension Aut(M eq /A)-invariante.Proof . D’après le lemme (2.36), c est générique sur une intersection stricte P <strong>de</strong> boules A-définissables. Supposons qu’il existe une boule a A-définissable incluse dans P, on note alorsq = tp(v(c−a), r(c −a)/A). D’après la proposition (2.41), on a alors α P ∣A∪q[v(x−a), r(x−a)] ⇒ p[x]. On pose alors s i = r i (x − a) ∈ Q et soit q ′ une extension Aut(Γ(M)/Γ(A))-invariante <strong>de</strong> tp(v(c − a)/Γ(A)). Comme Γ est stablement plongé, q ′ est un type completsur M eq et il est bien Aut(M eq /A)-invariant. De même le type t[y, z] = q ′ [y] ∪ {z = s i }est un type complet sur M eq qui est Aut(M eq /A)-invariant (il est consistant car commeprécé<strong>de</strong>mment toute sous formule finie <strong>de</strong> ∃x v(x) = y ∧ v(x) = y est dans q dont q ′ estune extension). Par la proposition (2.45), p ⋆ = α P ∣M eq ∪ ⋃ m∈P(M eq ) t[v(x − m), r(x − m)]est consistant. Il est évi<strong>de</strong>nt qu’il est complet par le corollaire (2.42) et qu’il étend p. De plus,α P ∣M eq est clairement Aut(M eq /A)-invariant et si σ ∈ Aut(M eq /A) et m ∈ P(M eq ) alorsσ(m) ∈ P(M eq ) et σ(t[v(x − m), r(x − m)]) = t[v(x − σ(m)), r(x − σ(m))] est aussi inclusdans p ⋆ , d’où p ⋆ est Aut(M eq /A)-invariant.∎Remarque 2.47 :Comme pour les résultats <strong>de</strong> la section précé<strong>de</strong>nte, les résultats <strong>de</strong> cette section ne seront pas utilisésexactement dans le cadre où on les a démontrés. Mais ici, on s’est déjà placé dans un modèle <strong>de</strong>pCF eq . Le passage à une extension définissable ne changeant rien aux types, on pourra les appliquersans soucis.45


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie2.4 Extensions algébriques <strong>de</strong>s corps p-adiquement closOn va commencer dans cette partie par étudier les extensions finies <strong>de</strong> Q p , pour étendreensuite cette étu<strong>de</strong> aux corps p-adiquement clos. La partie algébrique <strong>de</strong> ce qui suit est inspiré<strong>de</strong> [Lan94, ch. II], [Lan02, ch. XII], [Nar74, ch. V §2] et [Ser68, ch. III §6].Définition 2.48 (indice <strong>de</strong> ramification et d’inertie) :Soit (L, w) ⩾(K, v) une extension finie <strong>de</strong> corps valué. On note e(w∣v) = [Γ w ∶ Γ v ] (ou plus simplemente(L∣K) si les valuations sont évi<strong>de</strong>ntes) le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> ramification et f(w∣v) = [k w ∣k v ] l’indiced’inertie.Lemme 2.49 :Soit (L, w) ⩾(K, v) une extension finie, on a alors e(w∣v)f(w∣v) ⩽ [L ∶ K] (en particulier e(w∣v)et f(w∣v) sont finis).Proof . Soient w(x 1 ), . . . , w(x r ) <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> classes distinctes <strong>de</strong> Γ L /Γ K (où x i ∈ L ⋆ ) ety 1 , . . . , y s une famille k K -libre <strong>de</strong> k L . Montrons alors que la famille (x i y j ) i,j est libre sur K.Considérons donc a i,j ∈ K tels que ∑ i,j a i,j x i y j = 0. Quitte à retirer <strong>de</strong>s termes, on peutsupposer que pour tout i il existe j tel que a i,j est non nul. Fixons alors un i et soit j i tel quev(a i,ji ) est minimal. ∑ j a i,j /a i,ji y j est alors une combinaison <strong>de</strong>s y j à coefficients dans Odont un <strong>de</strong>s coefficients est <strong>de</strong> valuation nulle. Son résidu est une combinaison <strong>de</strong>s y j dontun <strong>de</strong>s coefficients est non nul, elle ne peut donc pas être nulle et donc v(∑ j a i,j /a i,ji y j ) =0, i.e. v(∑ j a i,j y j ) = v(a i,ji ), il s’en suit que ∞ = v(∑ i,j a i,j x i y j ) = ∑ i v(a i,ji )v(x i ). Ilexiste donc i 1 et i 2 tel que v(a i1 ,j i1)v(x i1 ) = v(a i2 ,j i2)v(x i2 ). Mais alors v(x i1 ) − v(x i2 ) =v(a i2 ,j i2/a i1 ,j i1) ∈ Γ K ce qui est absur<strong>de</strong>. Comme cette famille est libre, on doit donc avoirrs ⩽ [L ∶ K].Supposons maintenant que e(w∣v) sont infini, on particulier on peut trouver une famillex 1 , . . . , x r telle que précé<strong>de</strong>mment avec r > [L ∶ K]. Mais on a alors [L ∶ K] < r ⩽ [L ∶ K],ce qui est absur<strong>de</strong>. Donc e(w∣v) est fini, et <strong>de</strong> même f(w∣v) est fini. On peut alors prendrer = e(w∣v) et s = f(w∣v) pour obtenir le résultat voulu.∎Proposition 2.50 :Soient (K, v) un corps valué complet <strong>de</strong> valuation discrète et (L, w) une extension finie, alors[L∣K] = e(w∣v)f(w∣v). De plus L est aussi à valuation discrète. Si l’extension k L ⩾ k K est séparable,il existe a ∈ L tels que L = K[a, Π] (où Π est une uniformisante <strong>de</strong> L et le polynôme minimalannulateur <strong>de</strong> a est dans O[X]) et O L = O K [a, Π], K[a] ⩾ K est purement inertielle, res(K[a]) =k L , K[Π] ⩾ K est purement ramifiée et v(K[Π]) = Γ L (en fait K[a, Π] ⩾ K[a] est aussi purementramifiée).Proof . On notera dans cette preuve e pour e(w∣v) et <strong>de</strong> même pour f. Tout d’abord par lecorollaire (2.8) L est un corps valué complet. De plus soit π une uniformisante <strong>de</strong> v, commeΓ L /Γ K est fini, entre 0 et π il y a au plus un nombre fini <strong>de</strong> points et donc Γ L a un plus petitélément, i.e. L est à valuation discrète. Soit alors Π une uniformisante <strong>de</strong> L. Comme [Γ L ∶Γ K ] = e, on a ew(Π) ∈ Γ. De plus, par la remarque (2.11), Γ L est monogène, il existe donc ntel que v(π) = nw(Π). Si on prend ce n minimal, on a alors n ⩽ e, et (iw(Π)) i=0...n−1 sontdans <strong>de</strong>s classes différentes modulo Γ K (car leurs différences sont plus petites que π). De plus,46


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriesoit γ ∈ Γ L , il existe m tel que γ = mw(Π) = (qn + r)w(Π) = qv(π) + rw(Π) où 0 ⩽ r < n etdonc e = [Γ L ∶ Γ K ] = n, i.e. ew(Π) = v(π).Soit <strong>de</strong> plus (a i ) i=0...f−1 une base <strong>de</strong> k L ⩾ k K . Si R est un système <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> k Kalors {∑ f−1i=0 r ia i ∶ r i ∈ R} est un système <strong>de</strong> représentants <strong>de</strong> k L . Comme la famille <strong>de</strong>s(Π i π j ) i=0...e−1,j∈Z vérifie que w(Π i π j ) = i + ejw(Π), par le lemme (2.13), tout x ∈ L s’écrit∞∑j=Ne−1∑i=0f−1( ∑l=0r i,j,l a l ) Π i π j =e−1 f−1∑ ∑i=0 l=0⎛∞∑ r i,j,l π j⎞ ⎝ ⎠ a lΠ ior ∑ ∞ j=N r i,j,lπ j ∈ K et donc la famille à ef éléments (a l Π i ) est une famille génératrice <strong>de</strong> Lau <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K et donc [L ∶ K] ⩽ ef. Le lemme (2.49) permet alors <strong>de</strong> conclure qu’on a bien[L ∶ K] = ef.Supposons maintenant que k L ⩾ k K est séparable. Soit alors α un élément primitif <strong>de</strong> cetteextension et P ∈ k K [X] son polynôme minimal (que l’on choisit unitaire) qui est séparable.Soit Q ∈ O K [X] unitaire tel que res(Q) = P, comme K est complet et donc Hensélien (voir(2.9)), il existe a ∈ O L tel que Q(a) = 0 et res(a) = α. On peut alors prendre a i = a i dansla preuve précé<strong>de</strong>nte et on a alors bien L = K[a, Π]. De plus, on a x ∈ O L si et seulement siN ⩾ 0 mais alors ∑ ∞ j=N r i,j,lπ j ∈ O K et on a donc bien O L = O K [a, b].Enfin, comme w(Π) > 0, on a res(Π) = 0 et donc res(K[Π]) = res(K) = k K et donc l’extensionest purement ramifiée. De plus [K[a] ∶ K] ⩽ <strong>de</strong>g(Q) = <strong>de</strong>g(P) = [k L ∶ k K ] ⩽ [K[a] ∶ K] car(res(a) i ) i=0...f−1 est une famille génératrice <strong>de</strong> k L au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> k K . Il s’en suit que [K[a] ∶K] = [k L ∶ k K ] et comme res(K[a]) = k L c’est bien une extension purement inertielle. Pourfinir, on peut remarquer que [K[a, Π] ∶ K[a]] = e = [Γ L ∶ Γ K ] et comme v(K[a]) = Γ K carl’extension est purement inertielle, on a bien que K[a, Π] ⩾ K[a] est purement inertielle. ∎Remarque 2.51 :On remarque que dans la preuve précé<strong>de</strong>nte on a démontré que si (K, v) est un corps valué complet<strong>de</strong> valuation discrète, (L, w) une extension finie, Π une uniformisante <strong>de</strong> L et a tel que res(a)soit primitif <strong>de</strong> k L au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> k K , alors la famille (a i Π j ) pour 0 ⩽ i < f(w∣v) et 0 ⩽ j


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieet on muni L <strong>de</strong> la restriction <strong>de</strong> la valuation <strong>de</strong> K alg . Comme P(res(a)) = res(Q(a)) = 0, ona k L ⊇ k (ou du moins k s’injecte dans k L au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> k K ), <strong>de</strong> plus k L est engendré par lesres(a i ) i=1...[L∶K] au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> k K et donc [L ∶ K] ⩽ <strong>de</strong>g(Q) = <strong>de</strong>g(P) = [k ∶ k K ] ⩽ [k L ∶ k K ] ⩽[L ∶ K], i.e. L ⩾ K est purement ramifié et k L ≅ kK k K . On a donc montré l’existence.Montrons maintenant l’unicité. Soit L ′ ⩾ K une extension purement ramifiée telle que k L ′ ≅ kK k.Comme L ′ est Hensélien (c’est une extension finie d’un corps Hensélien), il existe a ′ ∈ L ′ telque Q(a ′ ) = 0. On a alors K[a ′ ] ≅ K K[a] (et ils sont isomorphe en temps que corps valuéspar unicité <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> la valuation au <strong>de</strong>ssus d’un corps Hensélien). Mais par les mêmeconsidérations que précé<strong>de</strong>mment, le corps résiduel <strong>de</strong> K[a ′ ] est k L ′ et comme L ′ ⩾ K estpurement ramifiée, il s’en suit que L ′ = K[a ′ ].Supposons maintenant que k ⩾ k K soit normale. Le polynôme P est donc scindé dans k L et parle lemme d’Hensel appliqué à chaque racine, Q est scindé sur L. Comme Q ⩾ K est engendrépar une <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong> Q, c’est le corps <strong>de</strong> décomposition <strong>de</strong> Q et il est donc normal et unique.∎Corollaire 2.53 :Soit (K, v) un corps hensélien <strong>de</strong> corps résiduel fini, alors K n’a qu’une extension purement inertielle<strong>de</strong> <strong>de</strong>gré donné.Proof . Comme un corps fini est parfait, n’a qu’une seule extension finie <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré donné et quecette extension est le corps <strong>de</strong> décomposition d’un polynôme <strong>de</strong> la forme X q −X, i.e. est doncnormale, le lemme (2.52) implique le résultat voulu.∎Définition 2.54 (Polynôme d’Eisenstein) :Soient (K, v) un corps valué à valuation discrète d’uniformisante π, P ∈ O[X] unitiare et (a i )tels que P = ∑ n i=0 a iX i , on dit que P est un polynôme d’Eisenstein si v(a n ) = 0, pour tout i ≠ na i ∈ M et v(a 0 ) = v(π).Lemme 2.55 :Tout polynôme d’Eisenstein est irréductible.Proof . Soit P un polynôme d’Eisenstein, supposons que P = QR où Q et R ∈ K[X]. Soient(q i ) (respectivement (r j )) les coefficients <strong>de</strong> Q (respectivement R) et q i0 (respectivement R j0 )le premier coefficient dont la valuation est minimale. On a alors (q i0 r j0 ) −1 P = q −1i 0Qr −1j 0Ret le polynôme à droite <strong>de</strong> l’égalité est dans O[X]. Le coefficient dominant <strong>de</strong> ce polynome(q i0 r j0 ) −1 est dans O et donc v((q i0 r j0 ) −1 ) ⩾ 0, i.e. v(q i0 )+v(r i0 ) ⩽ 0. Mais si on considèrele i 0 +j 0 -ième coefficient <strong>de</strong> P, on a v(∑ i+j=i0 +j 0q i r j ) ⩾ 0. Si i < i 0 alors v(q i r j ) < v(q i0 r j0 )et <strong>de</strong> même si j < j 0 et donc v(q i0 r j0 ) = v(∑ i+j=i0 +j 0q i r j ) ⩾ 0. On a donc montré quev(q i0 ) = −v(r i0 ) et donc q i0 R ∈ O[X]. Comme P = q −1i 0Qq i0 R, on peut supposer que Q et Rsont dans O[X].Mais comme res(P) = cX n pour un certain c ∈ k ⋆ , res(Q) et res(R) qui le divisent sont aussi<strong>de</strong> cette forme et donc res(q 0 ) = res(Q)(0) = 0 et <strong>de</strong> même res(r 0 ) = 0, il s’en suit donc quele coefficient constant <strong>de</strong> P qui est q 0 r 0 a une valuation d’au moins 2v(π) ce qui est absur<strong>de</strong>.∎48


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieLemme 2.56 :Soient (K, v) un corps complet <strong>de</strong> valuation discrète. Les extensions purement ramifiées <strong>de</strong> K sontexactement les corps <strong>de</strong> rutpures <strong>de</strong> polynomes d’Eisenstein.Proof . Soit (K, v) ⩽(L, w) une extension purement ramifiée. Comme dans la preuve <strong>de</strong> laproposition (2.50), on montre que L est à valuation discrète et que si Π est une uniformisante<strong>de</strong> L et π une uniformisante <strong>de</strong> K et que [L ∶ K] = e alors ew(Π) = v(π) et L = K[Π]. Soit alorsP ∈ K[X] le polynôme minimal unitaire <strong>de</strong> Π. Montrons qu’il est d’Eisenstein. Tout d’abord,remarquons que si σ ∈ Aut(K alg /K), σ(Π) engendre une extension isomorphe à L et donc parunicité <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> v (car K est hensélien), l’anneau <strong>de</strong> valuation <strong>de</strong> K[σ(Π)] muni d’uneextension w ′ <strong>de</strong> w à K alg est σ(O L ) et son idéal maximal est σ(Π O L ) = σ(Π)σ(O L ). Il s’ensuit donc que σ(Π) est une uniformisante <strong>de</strong> K[σ(Π)] muni <strong>de</strong> w ′ et donc que ew ′ (σ(Π)) =v(π) = ew(Π). Comme un groupe abélien totalement ordonné est sans torsion, on doit avoirw ′ (σ(Π)) = w(Π).Comme tous les coefficients <strong>de</strong> P peuvent s’exprimer comme <strong>de</strong>s polynômes symétriques<strong>de</strong>s racines dont les seuls coefficients sont <strong>de</strong>s 1, il s’en suit tous les coefficients <strong>de</strong> P sauf lecoefficient dominant sont dans M L or M L ∩K = M K et donc tous les coefficients <strong>de</strong> P sauf lecoefficient dominant, sont dans M K . De plus a 0 est le produit <strong>de</strong>s e conjugués <strong>de</strong> Π et doncv(a 0 ) = ew(Π) = v(π). On a donc bien montré que P est un polynôme d’Eisenstein.Supposons maintenant que L soit engendré au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K par une racine b d’un polynômed’Eisenstein P <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré n. Comme les polynômes d’Eisenstein sont irréductibles (voir lemme(2.55)), [L ∶ K] = n. De plus par le même argument que précé<strong>de</strong>mment, les conjugués <strong>de</strong> bont la même valuation et si a 0 est le coefficient constant <strong>de</strong> P, alors nw(b) = v(a 0 ) = v(π)et donc [Γ L ∶ Γ K ] ⩾ n or c’est aussi au plus n et donc l’extension est purement ramifiée. ∎Lemme 2.57 (Lemme <strong>de</strong> Krasner) :Soient (K, v) un corps complet et a et b ∈ K alg (muni d’une valuation w qui étend v) tel que asoit séparable au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K[b]. Supposons que pour tout a ′ conjugué <strong>de</strong> a au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K, on aitw(b − a) > w(a ′ − a), alors K[a] ⊆ K[b].Proof . Soit L une extension normale <strong>de</strong> K contenant a et b. Si a ∉ K[b], il a un conjugué au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K[b] et donc comme l’extension est normale il existe σ ∈ Aut(L/K[b]) qui ne fixepas a. Par unicité <strong>de</strong> l’extension <strong>de</strong> la valuation, on a v(σ(a) − b) = v(σ(a − b)) = v(a − b)et donc v(b − a) > v(σ(a) − a) = v(σ(a) − b + b − a) ⩾ v(b − a), ce qui est absur<strong>de</strong>. On adonc a ∈ K[b].∎Soit (K, v) un corps valué, on munit K[X] <strong>de</strong> la norme ∣ ∑ a i X i ∣ = max i (v(a i )).Corollaire 2.58 :Soient (K, v) un corps complet et P ∈ K[X] un polynôme unitaire irréductible et séparable. SiG ∈ K[X] est un polynôme unitaire <strong>de</strong> même <strong>de</strong>gré tel que ∣P − Q∣ est assez grand, alors G est aussiirréductible et pour toute racine α <strong>de</strong> P (dans une clôture algébrique fixée <strong>de</strong> K) il existe une racineβ <strong>de</strong> Q tel que K[α] = K[β].Proof . Montrons tout d’abord que pour tout M ≠ ∞ il existe N ≠ ∞ tel que si ∣P − Q∣ > Nalors pour toute racine α <strong>de</strong> P il existe une racine β <strong>de</strong> Q telle que v(α − β) > M. Soient β i49


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieles racines <strong>de</strong> Q, supposons que pour tout i, v(α − β i ) ⩽ M. On a alors v(P(α) − Q(α)) =v(Q(α)) = v(∏ i α − β i ) ⩽ nM où n est le <strong>de</strong>gré <strong>de</strong> P. Mais on a aussi, si on note a j les coefficients<strong>de</strong> P et b j ceux <strong>de</strong> Q, v(P(α)−Q(α)) = v(∑ j (a j −b j )α j ) ⩾ min j (v(a j −b j )jv(α)) ⩾∣P − Q∣ + min j (jv(α)). On a donc ∣P − Q∣ ⩽ nM − min j (jv(α)) ce qui est absur<strong>de</strong> si on poseN = nM − min j (jv(α)).Notons alors α i les racines <strong>de</strong> P et posons M = max i≠j (v(α i −α j )) qui est bien différent <strong>de</strong> ∞car P est séparable. Soit alors N tel que dans le paragraphe précé<strong>de</strong>nt, si ∣Q−P∣ > N, pour touti, il existe β ji tel que v(α i − β ji ) > M ⩾ v(α i − α k ) pour tout k ≠ i. Par le lemme <strong>de</strong> Krasner(2.57), on a alors K[α i ] ⊆ K[β ji ], mais comme [K[β ji ] ∶ K] ⩽ <strong>de</strong>g(Q) = n = [K[α i ] ∶ K], on aK[α i ] = K[β ji ] et donc Q est le polynôme minimal annulateur <strong>de</strong> β ji , i.e. il est irréductible.∎Lemme 2.59 :Soit (K, v) un corps complet <strong>de</strong> valuation discrète et <strong>de</strong> corps résiduel fini, alors O est compact.Proof . Soient π une uniformisante <strong>de</strong> K et (a n ) n∈N une suite d’éléments <strong>de</strong> O = B ⩾0 (0), ilsuffit <strong>de</strong> montrer qu’on peut en extraire une suite convergente. On construit b i par récurrence<strong>de</strong> telle façon que la boule B ⩾iv(π) (b i ) contienne une infinité d’éléments <strong>de</strong> la suite(a n ) et que ces boules forment une suite décroissante. On peut poser b 0 = a 0 . Supposonsque b i soit construit, par le lemme (2.12), la boule B ⩾iv(π) (b i ) est recouverte par une unionfinie <strong>de</strong>s boules <strong>de</strong> rayon i + 1. Comme B ⩾iv(π) (b i ) contient une infinité d’éléments <strong>de</strong> (a n )c’est aussi le cas d’un <strong>de</strong> ces sous-boules. On pose b i+1 le premier élément <strong>de</strong> la suite aprèsb i à être dans cette sous-boule.Cette suite vérifie que pour tout N, si i et j sont supérieurs à N alors b i et b j sont tous les<strong>de</strong>ux dans la boule B ⩾Nv(π) (b N ) et donc v(b i − b j ) ⩽ N. C’est donc une suite <strong>de</strong> Cauchy carle groupe <strong>de</strong> valeurs <strong>de</strong> K est Archimédien. Comme le corps est complet, elle converge. ∎Lemme 2.60 :Soit (K, v) un corps complet <strong>de</strong> valuation discrète et <strong>de</strong> corps résiduel fini, alors K a un nombre finid’extension purement ramifiées d’un <strong>de</strong>gré donné.Proof . Soit E d l’ensemble <strong>de</strong>s polynômes d’Eisenstein <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d, par définition <strong>de</strong>s polynômesd’Eisenstein, on a E d = O ⋆ ×M d−1 ×(M/M 2 ). Comme la valuation est discrète toutesles boules sont ouvertes et fermées et donc tous les ensembles qui apparaissent dans ce produitsont fermés, inclus dans O, or par le lemme (2.59) O est compact, donc ils le sont tous. Ils’en suit que E d est compact pour la topologie produit. Soit L ⩾ K une extension purement ramifiée<strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d, on pose U L = {P ∈ E ∶ L est un corps <strong>de</strong> rupture pour P}. D’après le lemme(2.56), et comme les polynômes d’Eisenstein sont irréductibles, les U L recouvrent E d . Maispar le corollaire (2.58) ces ensembles sont ouverts pour la topologie produit. Comme E d estcompact, il est recouvert par un nombre fini <strong>de</strong> U L , i.e. il existe n extensions L 1 , . . . L n tellesque tout polynôme d’Eisenstein sur K <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d admet l’un <strong>de</strong>s L i comme corps <strong>de</strong> rupture.Quitte à agrandir un peu n on peut supposer que tous les conjugués (qui sont en nombrefinis) <strong>de</strong>s L i au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K sont parmi les L i . Soit alors L ⩾ K une extension purement ramifiée<strong>de</strong> <strong>de</strong>gré d, par le lemme (2.56), c’est le corps <strong>de</strong> rupture d’un polynôme d’Eisensteinqui admet donc un <strong>de</strong>s L i comme corps <strong>de</strong> rupture. Il s’en suit que L est conjugué à ce L i au<strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K et donc est lui même l’un <strong>de</strong>s L i .∎50


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProposition 2.61 :Soit (K, v) un corps complet <strong>de</strong> corps résiduel fini et à valuation discrète, alors K a un nombre finid’extensions <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré donné.Proof . Comme on l’a montré dans la proposition (2.50), toute extension finie <strong>de</strong> K est la composéed’une extension purement inertielle et d’une extension purement ramifiée. Soit alorsn ∈ N ⋆ . Il existe un nombre fini <strong>de</strong> façon d’écrire n sous la forme ef avec e et f ∈ N ⋆ . D’aprèsle corollaire (2.53), il existe une unique extension purement inertielle <strong>de</strong> K <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré f. Cetteextension finie est aussi complète par le corollaire (2.8) et, comme le groupe <strong>de</strong> valeur nechange pas, évi<strong>de</strong>mment aussi à valuation discrète. Par le lemme (2.60), ce corps a donc unnombre fini d’extensions purement ramifiées <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré e.∎Proposition 2.62 :Soit (Q p , v p ) ⩽(K, v) une extension finie, il existe alors α ∈ Q alg tel que K = Q p [α], que O K =Z p [α] et que le polynôme minimal annulateur <strong>de</strong> α au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Q p soit dans Q.Proof . Soient a et Π tels que K = Q p [a, Π], O K = Z p [a, Π], Q p ⩽ Q p [a] est purement inertielle,le polynôme minimal <strong>de</strong> a est dans Z p [X] et Q p ⩽ Q p [Π] est purement ramifiée (cettedécomposition est donnée à la proposition (2.50)). Comme Q est <strong>de</strong>nse dans Q p est que Zest <strong>de</strong>nse dans Z p , quitte à remplacer a et Π par <strong>de</strong>s racines <strong>de</strong> polynômes assez proches <strong>de</strong>leurs polynômes minimaux, on peut supposer que le polynôme minimal <strong>de</strong> Π est dans Q[X]et que celui <strong>de</strong> a est dans Z[X]. Il est alors facile <strong>de</strong> vérifier que Π est alors toujours uneuniformisante.Posons alors α = a + Π. On sait alors qu’il existe un polynôme P dans Q[X] <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré n quiannule α. Soit Q le polynôme minimal <strong>de</strong> a, d’après la formule <strong>de</strong> Taylor, Q(α) = Q(a) +ΠQ ′ Q(a) + ∑ (i) (a)iΠ i = Q(a) + ΠQ ′ (a) + Π 2 b où b ∈ Oi! K . Comme res(a) engendrek K au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> F p , que [k K ∶ F p ] = <strong>de</strong>g(Q) = <strong>de</strong>g(res(Q)) et que res(Q)(res(a)) =res(Q(a)) = 0, il s’en suit que Q est res(Q) est irréductible et donc, comme F p est parfait,que res(Q ′ (a)) ≠ 0, i.e. v(Q ′ (a)) = 0. Il s’en suit donc que v(Q(α)) = v(Π), i.e. Q(α)est une uniformisante. Comme res(α) = res(a) est un élément primitif <strong>de</strong> k K ⩽ F p , d’aprèsla remarque (2.51), la famille α i Q(α) j , et donc la famille (α i ), génère K au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Q p etO K au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Z p . Le polynôme P est donc bein irréductible et est donc bien le polynômeminimal annulateur <strong>de</strong> α.∎Théorème 2.63 :Soit (K, v) ⊧ pCF, alors K a un nombre fini d’extensions d’un <strong>de</strong>gré donné et elles sont toutesengendrées par un élément algébrique sur Q qui engendre aussi l’anneau <strong>de</strong> valuation et dontle polynôme minimal annulateur au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K est dans Q.Proof . On a montré aux propositions (2.61) et (2.62) que ces propriétés sont vraies pour Q p , ilsuffit donc <strong>de</strong> montrer qu’elles sont exprimables au premier ordre. Fixons alors un <strong>de</strong>gré n etP 1 , . . . P k <strong>de</strong>s polynômes <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré n à coefficients dans Q tels que leurs corps <strong>de</strong> rupture sontles extensions <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré n <strong>de</strong> Q p et qu’une <strong>de</strong> leur racine dans un corps <strong>de</strong> rupture engendrel’anneau <strong>de</strong> valuation.Mais les extensions finies <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré n d’un corps sont définissables <strong>de</strong> façon uniforme avecpour paramètres les coefficients du polynôme minimal d’un élément primitif. On peut donc51


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieexprimer au premier ordre que dans toute extension L <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré donné il y a un élément αqui annule un <strong>de</strong>s P i . De plus on peut exprimer au premier ordre que l’anneau engendré parα au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> O K est un anneau <strong>de</strong> valuation. Comme K est hensélien, c’est donc l’uniqueanneau <strong>de</strong> valuation au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> O K et c’est donc forcément O L .∎2.5 Élimination <strong>de</strong>s imaginaires dans pCFDans cette section, on reprendra les notations <strong>de</strong> la proposition (1.53) avec L = L G Q p, T =pCF G , ̃L = L G div et ̃T = ACVF G 0,p . On rappelle que M est un modèle <strong>de</strong> pCFG assez saturé ethomogène et que ̃M est un modèle <strong>de</strong> ACVF G 0,pqui contient M et qui est lui même assezsaturé et homogène.Montrons maintenant que les hypothèses <strong>de</strong> la proposition (1.53) sont vérifiées.Proposition 2.64 ((i) dans pCF) :Soient M ′ ≼ M <strong>de</strong>ux modèles <strong>de</strong> T et c ∈ dom(M), on a alors dcl L (M ′ c) ∩ M ⊆ acl ̃L(M ′ c).Proof . Comme acl ̃L(dom(M ′ )c) = dom(M ′ )c alg d’après la remarque (1.32.i), on a montré àla proposition (2.24) que acl ̃L(M ′ c)∩dom(M) = acl ̃L(dom(M ′ )c)∩dom(M) est un modèle<strong>de</strong> pCF. Par modèle complétu<strong>de</strong>, on a acl ̃L(M ′ c)∩dom(M) ≼ dom(M) et donc acl ̃L(M ′ c)∩M eq = (acl ̃L(M ′ c) ∩ dom(M)) eq ≼ M eq . Comme L G Qest une extension définissable <strong>de</strong> L eqp Q,pon a donc aussi acl ̃L(M ′ c) ∩ M ≼ M. Enfin, comme la clôture définissable ne dépend pas dumodèle dans une extension élémentaire, on a bien que dcl L (M ′ c) ∩ M ⊆ acl ̃L(M ′ c) ∩ M ⊆acl ̃L(M ′ c).∎Proposition 2.65 ((ii) dans pCF) :Pour tout A = acl L (A) ∩ M et c ∈ dom(M), on a acl L (Ac) = dcl L (Ac) et donc, en particulier,acl L (Ac) ∩ M ⊆ dcl L (Ac) ∩ M.Proof . D’après le corollaire (2.29), on a, pour tout A ⊆ K(M), acl L (Ac) ∩ K(M) = dcl L (Ac) ∩K(M). Or cet ensemble est un modèle <strong>de</strong> pCF et donc acl L (Ac) ⊆ (acl L (Ac) ∩ K(M)) eq =dcl L ((acl L (Ac)∩K(M))) = dcl L ((dcl L (Ac)∩K(M))) = dcl L (Ac). Il faut cependant étendrece résultat à <strong>de</strong>s ensembles <strong>de</strong> paramètres imaginaires (et pas uniquement dans la sorte ducorps).Soit A = {a i ∶ i ∈ κ} une énumération <strong>de</strong> A. Pour tout i, soit c i ∈ dom(M) tel que a i ∈dcl L (c i ) (qui existe par définition <strong>de</strong>s sortes dominantes) et p i ∈ S L (M) une extensionAut L (M /A)-invariante <strong>de</strong> tp L (c i /A) (qui existe par la proposition (2.46)). On construitalors (A i ) i∈κ par induction. On pose A 0 = A, A i+1 = A i ∪ {b i } où b i ⊧ p i ∣ acl L (A i c) etA λ = ⋃ i


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriep i+1 ∣ acl L (A i c) et donc M ⊧ ϕ[σ(a), c, b i+1 ]. Il s’en suit donc que σ(a) = a et donc quea ∈ dcl L (A i c). On a donc acl L (Ac) ∩ dcl L (A i+1 c) ⊆ acl L (Ac) ∩ dcl L (A i c) ⊆ dcl L (Ac).Pour tout i, a i ∈ dcl L (b i ) et donc, comme b i ∈ dom(M), A ⊆ dcl(A k ∩dom(M)). On a alorsacl L (Ac) ⊆ acl L (A κ ∩ dom(M)c) ⊆ dcl L (A κ ∩ dom(M)c) ⊆ dcl L (A κ c). Il s’en suit doncque acl L (Ac) = acl L (Ac) ∩ dcl L (A κ c) ⊆ dcl L (Ac).∎Pour ce qui est du (iii), on peut même en montrer une version un petit peu plus forte.Proposition 2.66 ((iii ′ ) dans pCF) :Soit e ∈ dcl ̃L(M) ⊆ ̃M, il existe alors e ′ ∈ M tel que tout automorphisme <strong>de</strong> ̃M qui laisse Mglobalement fixe, fixe e si et seulement si il fixe e ′ , et e ∈ dcl ̃L(e ′ ).Proof . Supposons tout d’abord que e ∈ K(̃M). D’après la remarque (1.32.ii), comme K(M) estHensélien et qu’on est en caractéristique nulle, K(M) est dcl ̃L-clos. On a donc e ∈ K(M).Si maintenant, e ∈ K(̃M), comme e ∈ dcl ̃L(M) ⊆ acl ̃L(M) et que acl ̃L(M) ⊧ ACVF G 0,p (lapreuve est similaire à celle <strong>de</strong> la proposition (2.64) dans le cas <strong>de</strong> pCF G ), il s’en suit que e a unebase dans acl ̃L(M). Il existe donc une extension finie K(M) ⩽ L, telle que e ait une base dansL. Soit m = [L ∶ K(M)]. On sait par le théorème (2.63), qu’il y a un nombre fini d’extensions<strong>de</strong> <strong>de</strong>gré m au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K(M). Soit alors L ′ l’union <strong>de</strong> toutes ces extensions. L’extensionK(M) ⩽ L ′ est toujours finie et si σ est un automorphisme <strong>de</strong> K(̃M) qui fixe globalementK(M) alors il fixe globalement L. En effet, si a est algébrique <strong>de</strong> <strong>de</strong>gré m au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K(M),alors σ(a) aussi et donc σ(a) ∈ L ′ . On a donc σ(L ′ ) ⊆ L ′ et comme ces <strong>de</strong>ux extensions sont<strong>de</strong> même <strong>de</strong>gré, elles sont égales. Quitte à remplacer L par L ′ , on peut donc supposer que Lvérifie cette même propriété que tout automorphisme <strong>de</strong> K(̃M) qui fixe globalement M fixeglobalement L.Soit alors a ∈ Q alg tel que L = K(M)[a], que O L = O M [a] et dont le polynôme minimalannulateur est dans Q. On connaît l’existence d’un tel a par le théorème (2.63). Ce a permetdonc <strong>de</strong> définir une bijection f a ∶ L → K(M) m qui induit une bijection f n a ∶ L n → K(M) mn .On pose alors e ′ = f n a(e). Comme O L est un O M -module libre <strong>de</strong> rang m (la famille <strong>de</strong>s a ien est une base), s est un O M module libre <strong>de</strong> rang mn. Il est facile <strong>de</strong> voir que f n a est unisomorphisme <strong>de</strong> O M -modules et il s’en suit donc que e ′ est bien dans S mn (M).Si a ′ est un conjugué <strong>de</strong> A au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Q, comme le polynôme minimal annulateur <strong>de</strong> aau <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K(M) est dans Q, c’est aussi le polynôme minimal annulateur au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Qet donc a et a ′ sont conjugués au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> K(M). Il existe donc σ ∈ Aut(L/K(M)) unautomorphisme <strong>de</strong> corps, qui envoie a sur a ′ . De plus, comme e et e ′ ∈ dcl ̃L(M) (à vrai direon a même e ′ ∈ M), ces <strong>de</strong>ux points sont fixés par σ et donc f n σ(a) (e) = e′ . Il s’en suit doncque tout automorphisme <strong>de</strong> ̃M qui fixe globalement M fixe globalement f a et donc fixe e siet seulement s’il fixe e ′ .Il reste alors à démontrer que e ∈ dcl ̃L(e ′ ). Mais l’inverse <strong>de</strong> g a ∶ (x 0 . . . x m−1 ) ↦ ∑ i x i a ipeut être étendue par la même formule en un ÕM-module ̃g a ∶ K(̃M) m → K(̃M), qui induitdonc un morphisme <strong>de</strong> ÕM-module ̃g n a ∶ K(̃M) mn → K(̃M) n . Ce morphisme envoie unebase <strong>de</strong> e ′ sur une base <strong>de</strong> e, on a donc ̃g n a(e ′ ) = e. Comme précé<strong>de</strong>mment ̃g a = ̃g a ′ pourtout conjugué <strong>de</strong> a au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Q et donc tout automorphisme <strong>de</strong> ̃M qui fixe e ′ fixe bien e,i.e. e ∈ dcl(e ′ ).53


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriePour ce qui est <strong>de</strong>s e ∈ T n (̃M), on peut procé<strong>de</strong>r <strong>de</strong> la même manière ou remarquer que si Lest un extension finie <strong>de</strong> K(M) telle que s = τ n (e) a une base dans L alors comme la valuation<strong>de</strong> K(M) est discrète, celle <strong>de</strong> L aussi et donc, si Π est une uniformisante <strong>de</strong> L, M L s = Πs esttoujours un réseau <strong>de</strong> L. Par le lemme (1.58), ses translatés (dont e) codés dans S n+1 (L). Soitalors s ∈ S n+1 (L) qui co<strong>de</strong> e. Comme on a déjà traité le cas <strong>de</strong>s réseaux, on peut trouver e ′tel que tout automorphisme <strong>de</strong> ̃M qui fixe globalement M fixe s si et seulement si il fixe e ′ .Mais comme il fixe s si et seulement si il fixe e, on a bien le résultat voulu. De plus, commes est un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> e, on a e ∈ dcl ̃L(s) et, comme on l’a montré précé<strong>de</strong>mment, s ∈ dcl ̃L(e ′ ). Ils’en suit donc que e ∈ dcl ̃L(e ′ )∎Corollaire 2.67 :Soient X un ensemble ̃L M -définissable sans quantificateurs et A ′ ⊆ M eq tel que A ′ = dcl L (A ′ ). Si⟨X⟩ ∈ dcl ̃L(M) est Aut( mod eq /A ′ )-invariant (on rappel que l’action <strong>de</strong> Aut(M eq /A ′ ) sur ⟨X⟩est bien définie car toute les extension d’un même morphisme <strong>de</strong> M à ̃M sont égales sur dcl ̃L(M)),alors X est ̃L A -définissable sans quantificateurs, où A = A ′ ∩ M.Proof . Comme X un ensemble ̃L M -définissable sans quantificateurs, il a un co<strong>de</strong> ⟨X⟩ ∈ dcl ̃L(M).D’après la proposition (2.66), il existe e ′ ∈ M tel que tout automorphisme <strong>de</strong> ̃M qui fixe globalementM fixe ⟨X⟩ si et seulement si il fixe e ′ et que ⟨X⟩ ∈ dcl( e ′ ). Il suffit donc <strong>de</strong> montrerque e ′ ∈ A. Soit σ ∈ Aut(M eq /A ′ ) et ̃σ une extension <strong>de</strong> σ à ̃M (qui laisse bien M globalementinvariant). Par hypothèse, ̃σ(⟨X⟩) = ⟨X⟩ et donc ̃σ( e ′ ) = e ′ . Il s’en suit donc quee ′ ∈ dcl L (A ′ ) = A ′ et comme e ′ ∈ M, on a bien e ′ ∈ A.∎Proposition 2.68 ((iv) dans pCF) :Tout sous-ensemble X M-définissable inclus dans dom(M) a un co<strong>de</strong> dans M.Proof . Soit x un co<strong>de</strong> <strong>de</strong> X dans M eq . On pose A = acl L (x) et B = B(A). D’après le corollaire(2.43), pour tout c ∈ dom(M), on a tp(c/B) ⇒ tp(c/A), en particulier, tous les types sur Bimpliquent soit X soit ¬X. Il s’ensuit que X est laissé invariant par les automorphismes <strong>de</strong> M eqqui fixent B et donc, par compacité, X est B-définissable. On a donc montré que X a un co<strong>de</strong>faible, mais on sait que les ensembles finis sont codés par le lemme (1.54) (et la proposition(2.66)) et donc le lemme (1.47) permet <strong>de</strong> conclure. ∎Avant <strong>de</strong> traiter le cas <strong>de</strong> l’hypothèse (v), il nous faut définir quelques notions et montrerquelques lemmes.Définition 2.69 (Boule générique) :Soient A ⊆ ̃M et P une intersection stricte <strong>de</strong> boules A-définissables. Une boule générique dans Pau <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A, est une sous-boule fermée <strong>de</strong> P qui contiennent strictement toutes les sous-boulesstrictes <strong>de</strong> P qui sont A-définissables et dont le rayon est strictement inférieur à tous les γ ∈ P Γ (A).On note β P ∣A le A-type partiel suivant (dont la variable parcourt l’ensemble <strong>de</strong>s boules fermées) :β P = {x ⊆ b i ∶ i ∈ I} ∪ {x ⊋ b ∶ b ∈ B(A) et b ⊊ P} ∪ {ρ(x) < γ ∶ γ ∈ P Γ (A)}.Comme Γ est o-minimal et que les conditions ρ(b) > ρ(b i ) pour i ∈ I et radb < γ pour γ ∈P Γ (A) définissent une coupure <strong>de</strong> Γ A , il s’en suit que si b et b ′ ⊧ β P ∣A, alors ρ(b) ≡ A ρ(b ′ ).54


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProposition 2.70 :Soient A ⊆ ̃M et P une intersection (pas forcément stricte) <strong>de</strong> boules A-définissables, γ ∈ Γ ̃Met b unesous-boule <strong>de</strong> P telle que b ∈ acl ̃L(Aγ)/ acl ̃L(A). Alors ρ(b) ∈ dcl ̃L(Aγ) et il existe a ∈ acl ̃L(A)une sous-boule <strong>de</strong> P telle que ρ(a) > ρ(b) et b ∈ {B ⩾γ (a), B >γ (a)}.Proof . TO DO [HHM06, Proposition 2.4.4]Corollaire 2.71 :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A) et P une intersection <strong>de</strong> boules ̃L A -définissables, si P necontient aucune boule stricte ̃L A -définissable, alors le type d’une chaîne <strong>de</strong> n boules au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong>A est déterminé par le type <strong>de</strong> leurs rayons au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Proof . Tout d’abord, soient (γ i ) 1⩽i⩽n ∈ Γ ̃M, montrons par récurence sur n que P ne contientaucune boule stricte ̃L acl ̃L(Aγ 1 ...γ n)-définissable. Pour n = 0 c’est une trivialité. Supposonsmaintenant que l’on ait montré que c’est vrai pour n et soit b une boule ̃L acl ̃L(Aγ 1 ...γ n+1 )-définissable strictement incluse dans P. Par hypothèse <strong>de</strong> récurrence, elle ne peut pas êtrẽL acl ̃L(Aγ 1 ...γ n )-définissable, et donc la proposition (2.70) implique qu’il existe une boule b ′̃L acl ̃L(Aγ 1 ...γ n)-définissable incluse dans b et donc strictement incluse dans P, ce qui est absur<strong>de</strong>.Soit alors (b i ) 1⩽i⩽n et (bi ′) 1⩽i⩽n <strong>de</strong>ux chaînes <strong>de</strong> n boules telles que ρ(b 1 ) . . . ρ(b n ) ≡ Aρ(b1 ′ ) . . . ρ(b′ n). Quitte à appliquer un isomorphisme <strong>de</strong> ̃M qui fixe A, on peut supposerque pour tout i, ρ(b i ) = ρ(bi ′) = γ i. De plus on vient <strong>de</strong> montrer que P ne contient pas<strong>de</strong> sous-boule stricte ̃L acl ̃L(Aγ 1 ...γ n )-définissable. Soit alors x ∈ b 1 et x ′ ∈ b1 ′ , ils sont tousles <strong>de</strong>ux génériques dans P au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> acl ̃L(Aγ 1 . . . γ n ). Comme α P ∣ acl ̃L(Aγ 1 . . . γ n ) estcomplet, il existe σ ∈ Aut(̃M/Aγ 1 . . . γ n ) qui envoit x sur x ′ . Mais alors pour tout i, σ(b i )et bi ′ contiennent toutes <strong>de</strong>ux x′ et sont toutes <strong>de</strong>ux <strong>de</strong> rayon γ i , i.e. elles sotn égales. ∎Corollaire 2.72 (Complétu<strong>de</strong> <strong>de</strong> β P ) :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A) et P une intersection stricte <strong>de</strong> boules ̃L A -définissables, alorsβ P ∣A est complet.Proof . Soient b et b ′ ⊧ β P ∣A, comme on a remarqué précé<strong>de</strong>mment, il s’en suit que ρ(b) ≡ Aρ(b ′ ). D’une part, si P ne contient aucune boule ̃L A -définissable, alors par le corollaire (2.71),b ≡ A b ′ . D’autre part, si il existe a ∈ B(A), alors a ⊆ b et a ⊆ b ′ . De plus, comme ρ(b) ≡ Aρ(b ′ ), il existe σ ∈ Aut ̃L(̃M/A) tel que σ(ρ(b)) = ρ(b ′ ). Comme a est fixé par σ, on aa ⊆ (σ(b)). Les boules σ(b) et σ(b ′ ) ont alors le même rayon et ne sont pas disjointes, ellessont donc égales.∎Le lemme qui suit est le lemme 5.4 <strong>de</strong> [HM08].Lemme 2.73 :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A) et (s b ) b⊧βP ∣A une famille <strong>de</strong> fonctions <strong>de</strong> dom( ̃M) dans ̃M ñL A -définissable uniformément en b. Supposons <strong>de</strong> plus qu’il existe une fonction r ̃L ̃M -définissabletelle que pour tout b ⊧ β P ∣A, on ait ∂ αb r = ∂ αb s b . Il existe alors une fonction s ̃L A -définissabletelle que ∂ αP s = ∂ αP r.∎55


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieProof . Supposons tout d’abord que P a une sous-boule a ∈ B(A). On pose alors s(x) =s B⩾v(x−a) (a)(x) qui est bien une fonction ̃L A -définissable. Soient alors b ⊧ β P ∣A et x ⊧α b ∣ acl ̃L(Ab). Comme x ∈ b et a ⊆ b car b est générique au <strong>de</strong>ssus A, il s’en suit que v(x−a) ⩾ρ(b). De plus x ∉ B >ρ(b) (a) car c’est une sous-boule stricte <strong>de</strong> b, et donc v(x − a) = ρ(b).On a donc s(x) = s B⩾ρ(b) (a)(x) = s b (x), i.e. ∂ αb s = ∂ αb s b . Montrons maintenant que∂ αP s = ∂ αP r. Si ce n’était pas le cas r et s ne seraient égaux au plus sur b une sous-boule<strong>de</strong> P. Soit alors b ′ un sous-boule <strong>de</strong> P qui contient b et qui est générique au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A.Par hypothèse, pour tout t ⊧ α b ∣ acl ̃L(A⟨r⟩), on a r(t) = s b (t), or comme s(t) ≠ r(t), celacontredit le fait que ∂ αb s = ∂ αb s b .Supposons maintenant que P ne contient aucune sous-boule a ∈ B(A). Soient alors b 1 ⊧β P ∣A et b 2 ⊧ β P ∣ acl ̃L(Ab 1 ). Comme, par hypothèse, ∂ αb2 r = ∂ αb2 s b2 , r et s b2 sont égauxsur b 2 /e, où e est une union finie <strong>de</strong> sous-boules strictes <strong>de</strong> b. Soit alors b1 ′ une sous-boule<strong>de</strong> b 2 qui est disjoint <strong>de</strong> e et <strong>de</strong> même rayon que b 1 (une telle boule existe car sinon b seraitrecouverte par un nombre fini <strong>de</strong> boules <strong>de</strong> rayon ρ(b 1 ), ce qui est absur<strong>de</strong> car le corps résiduelest infini). On a alors r b ′1= s b2 b ′ . De plus, comme ρ(b ′11 ) = ρ(b 1), par le corollaire(2.71), b ′ 1 ⊧ sβ P∣A et donc ∂ αb ′1r = ∂ αb ′1s b ′1. Il s’en suit donc que ∂ αb ′1s b2 = ∂ αb ′1s b ′1. Mais,comme b1 ′ ne contient aucune sous-boule acl(A, b′ 1 , b 2)-définissable (en effet b1 ′ contientune infinité <strong>de</strong> boules d’un rayon donné qui ont toutes le même type au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A, b1 ′ , b 2par le corollaire (2.71)), les fonctions s b2 et s b ′1coïnci<strong>de</strong>nt sur tout b1 ′ . Comme le fait queb1 ′ ⊧ β P∣A et b2 ′ ⊧ β P∣ acl ̃L(Ab 1 ′ ) définit un type complet au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A, l’égalité que l’onvient <strong>de</strong> montrer est vraie pour toute paire <strong>de</strong> boules qui vérifient les même hypothèses.Soient alors b 1 ⊆ b 2 <strong>de</strong>ux sous-boules <strong>de</strong> P et b 3 ⊧ β P ∣ acl ̃L(Ab 1 b 2 ). On a alors pour i = 1, 2,s bi bi= s b3 biet donc s b1 et s b2 coïnci<strong>de</strong>nt sur b 1 . On pose donc s = ⋃ b⊆P s b qui est bienune fonction. Il est alors évi<strong>de</strong>nt que pour tout boule b ⊆ P, ∂ αb s = ∂ αb s b et donc pas lamême preuve que précé<strong>de</strong>mment, germsα P = ∂ αP r.∎Définition 2.74 (Irréductibilité sur un type) :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A), q un type Aut ̃L(̃M/A)-invariant et R[x, y] une relatioñL A -définissable telle que pour tout c ∈ ̃M, R(c) = R[c, ̃M] soit un ensemble fini (on dit que R estune pseudo-fonction). On dit que R est irréductible sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A s’il n’existe pas <strong>de</strong> R ′ [x, y]A-définissable tel que pour c ⊧ q∣A, R ′ (c) est un sous-ensemble strict non vi<strong>de</strong> <strong>de</strong> R(c) (commecette propriété s’exprime avec un ̃L A -formule, il suffit <strong>de</strong> le vérifier pour un unique c ⊧ q∣A).Remarque 2.75 :Si R est irréductible sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A alors pour c ⊧ q∣A, R[c, y] est une formule algébriquecomplète, i.e. tous les éléments <strong>de</strong> R(c) sont Aut ̃L(̃M/Ac)-conjugués.Lemme 2.76 :Soit A ⊆ ̃M tel que acl ̃L(A) = A et P une intersection <strong>de</strong> boules A-définissables. Soit f une fonctioñL̃M -définissable tel que pour tout x ∈ P, f(x) ∈ acl ̃L(Ax). Il existe alors g une fonctionA-définissable qui a le même germe que f sur α P .Proof . TO DO Voir [HHM06, Lemme 3.4.13].∎56


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorieCorollaire 2.77 :Soient A ⊆ ̃M, q un type Aut ̃L(̃M/A)-invariant et R une pseudo-fonction ̃L A -définissable etB ⊆ ̃M tel que A ⊆ B = acl ̃L(B) et R est irréductible sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B. Alors pour tout B ′ ⊆ ̃Mtel que A ⊆ B = acl ̃L(B), R est irréductible sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B ′ .Il est donc inutile <strong>de</strong> préciser au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> quel ensemble un tel R est irréductible sur q.Proof . Supposons tout d’abord que B ′ ⊆ B. Supposons qu’il existe R ′ B ′ -définissable et c ⊧q∣B ′ , tel que ∅ ≠ R ′ (c) ⊊ R(c). Mais ceci s’exprime avec une formule à paramètres dans B ′ etest donc vérifiée pour toute réalisation <strong>de</strong> q∣B ′ , en particulier celles <strong>de</strong> q∣B, ce qui contreditle fait que R est irréductible sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B.Supposons maintenant que B ⊆ B ′ . Tout d’abord, comme on l’a déjà fait remarqué, q est letype générique d’une intersection P <strong>de</strong> boules A-définissables. Supposons qu’il existe R ′ B ′ -définissable telle que pour un c ⊧ q∣B ′ (et donc pour tous) ∅ ≠ R ′ (c) ⊊ R(c). C’est donc aussivérifié sur un ouvert autour <strong>de</strong> q∣B ′ , et donc quitte à étendre R en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cet ouvert parR(x) = ∅, on peut supposer que pour tout c ∈ P, R ′ (c) ⊆ R(c). Comme tout automorphismequi fixe Bc fixe R(c) qui est un ensemble fini et donc qui a un nombre fini <strong>de</strong> parties, R ′ (c) aau plus un nombre fini <strong>de</strong> conjugués au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> Bc. Il s’en suit donc que, si on note r ′ ∶ x ↦⟨R ′ (x)⟩, pour tout c ∈ P, r ′ (c) ∈ acl ̃L(Bc). Par le lemme (2.76), il existe donc une fontion sB-définissable qui a le même germe que r ′ au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> q, i.e. il existe une pseudo-fonction SB-définissable telle que pour tout c ⊧ q∣B ′ , S(c) = R ′ (c) et donc ∅ ≠ S(c) ⊊ R(c). Mais cette<strong>de</strong>rnière affirmation s’exprime avec une formule à paramètres dans B et donc est vérifiée <strong>de</strong>tout c ⊧ q∣B, ce qui contredit notre hypothèse d’irréductibilité <strong>de</strong> R sur q au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B. ∎Démontrons maintenant un lemme qui permet <strong>de</strong> « <strong>de</strong>scendre » l’irréductibilité sur une intersectionstricte à <strong>de</strong>s sous-boules génériques (c’est le lemme 5.3 <strong>de</strong> [HM08]). Mais pour celail nous faut un autre lemme <strong>de</strong> [HHM06].Lemme 2.78 :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A) et γ ∈ Γ ̃M . On alors acl ̃L(Aγ) = dcl ̃L(Aγ).Proof . TO DO voir [HHM06, Lemme 3.4.12]∎Lemme 2.79 :Soient A ⊆ ̃M tel que A = acl ̃L(A), P une intersection stricte <strong>de</strong> boules ̃L A -définissables et Rune pseudo-fonction ̃L A -définissable qui est irréductible sur α P . Alors pour tout b ⊧ β P ∣A, r estirréductible sur α b .Proof . Soit B ⊆ ̃M tel que acl ̃L(B) = B, A ⊆ B et B contient un point d <strong>de</strong> P. Soit b ⊧ β P ∣B. Ona alors d ∈ b et b est ̃L Bρ(b) -définissable. Soit c ⊧ α b ∣ acl ̃L(Bρ(b)). Il est aussi générique dansP au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> B et donc, par hypothèse, les éléments <strong>de</strong> R(c) sont Aut ̃L(̃M/Bc)-conjugués.Mais ρ(b) = v(c − d) ∈ dcl(Bc) et donc les éléments <strong>de</strong> R(c) sont Aut ̃L(̃M/ dcl ̃L(Bρ(b))c)-conjugués. Or par le lemme (2.78), acl ̃L(Bρ(b)) = dcl ̃L(Bρ(b)). On a dont bien montré queR est irréductible sur α b .Soit R ′ une pseudo-fonction ̃L A -définissable. On vient <strong>de</strong> montrer que pour tout b ⊧ β P ∣A,(¬(∅ ≠ R ′ (x) ⊊ R(x))) ∈ α b . Comme α b est b-définissable uniformément en b, il s’en suit57


2 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théoriequ’il existe une ̃L A -formule ϕ[b] qui exprime exactement ce fait, et comme α b ∣A est complet,il suffit que b soit générique au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> A pour que pour tout c ⊧ α b , R ′ (c) ne peutpas être un sous-ensemble strict <strong>de</strong> R(c), i.e. r est irréductible sur α b .∎On aura aussi besoin du lemme combinatoire suivant :Lemme 2.80 :Soit M = (P, Q, R) un structure avec R ⊆ P 2 × Q. Supposons que :(i) Pour tout a ∈ P, acl(a) ∩ Q = ∅.(ii) Pour tout a ≠ b ∈ P, R(a, b) = {c ∈ Q ∶ R(a, b, c)} est fini, <strong>de</strong> taille bornée et queR(a, b) = R(b, a).(iii) Pour a, b et c ∈ P distincts, on a R(a, c) ⊆ R(a, b) ∪ R(b, c).Alors pour tous a et b distincts, R(a, b) = ∅.Proof . Quitte à prendre une extension élémentaire, on peut supposer la structure assez saturéeet homogène. Soient a et b ∈ P distincts tel que R(a, b) soit <strong>de</strong> cardinal maximal n.Montrons alors que pour tout b ′ ∈ P, si b ′ ≠ b et R(b, b ′ ) ≠ ∅ alors R(b, b ′ ) ∩ R(a, b) ≠ ∅.En effet, si b ′ = a ceci est clair (à moins que n = 0 dans quel cas c’est fini). On peut donc supposerb ′ ≠ a. Supposons que R(b, b ′ ) ∩ R(a, b) = ∅. Comme R(b, b ′ ) ⊆ R(b, a) ∪ R(a, b ′ )on a R(b, b ′ ) ⊆ R(a, b ′ ) et <strong>de</strong> même R(a, b) ⊆ R(a, b ′ ). Mais par maximalité du cardinal <strong>de</strong>R(a, b), on a R(a, b) = R(a, b ′ ) et donc R(b, b ′ ) = R(a, b ′ ) ∩ R(b, b ′ ) = R(a, b) ∩ R(b, b ′ ) =∅.Cependant, par (i), R(a, b) ∩ acl(b) = ∅, i.e. Pour tout x ∈ R(a, b), son stabilisateur estd’indice infini dans Aut(M/b). Par le lemme <strong>de</strong> Neumann, il existe un automorphisme σ quienvoit chacun <strong>de</strong>s points <strong>de</strong> R(a, b) en <strong>de</strong>hors <strong>de</strong> cet ensemble, c’est à dire que R(a, b) etσ(R(a, b)) = R(σ(a), b) sont disjoints. En itérant cette construction, on obtient <strong>de</strong>s points(a i ) 0⩽i⩽n conjugués au <strong>de</strong>ssus <strong>de</strong> b tels que pour tout i ≠ j, R(a i , b) ∩ R(a j , b) = ∅. CommeR(a i , b) est aussi <strong>de</strong> cardinal maximal, on a aussi que pour tout b ′ ∈ P, si b ′ ≠ b et R(b, b ′ ) ≠∅ alors R(b, b ′ ) ∩ R(a i , b) ≠ ∅. En particulier, R(b, a) ∩ R(a i , b) ≠ ∅. Comme les R(a i , b)sont disjoints, on a donc trouvés n+1 éléments distincts <strong>de</strong> R(a, b) ce qui est contradictoire.∎Théorème 2.81 :La théorie pCF G élimine les imaginaires.Proof . Le théorème suit (presque) <strong>de</strong> la proposition (1.53). Les hypothèses (i) à (iv) <strong>de</strong> laproposition sont démontrés dans les propositions (2.64),(2.65),(2.66) et (2.68). On ne sait pasdémontrer le (v) en général, mais cette hypothèse ne sert que dans la preuve du lemme (1.56),il suffirait donc <strong>de</strong> montrer ce lemme dans le cas précis <strong>de</strong> pCF.∎Remarque 2.82 :Les torseurs ne sont pas nécessaires dans les corps p-adiquement clos. Comme on a vu dans lapreuve du lemme (2.66), pour tout s ∈ S n (M), M s est en fait un réseau et ses translatés sont donccodés par <strong>de</strong>s éléments <strong>de</strong> S n+1 (M), par le lemme (1.58).58


BibliographieAlgèbre[EP05][GSS88][Lan02][Lan94][Nar74][Rib64][Rib99]A.J. ENGLER et A. PRESTEL. Valued Fields. Springer Monographs in Mathematics.Springer-Verlag, 2005.F. J. GRUNEWALD, D. SEGAL et G. C. SMITH. « Subgroups of Finite In<strong>de</strong>x in NilpotentsGroups ». Dans : Inventiones Mathematicae 93.1 (1988), p. 185–223.Serge LANG. Algebra. 3 edition. Graduate Texts in Mathematics 211. Springer-Verlag, 2002.Serge LANG. Algebraic Number Theory. 2ⁿ edition. Graduate texts in Mathematics.Springer-Verlag, 1994.Wladislaw NARKIEWICZ. Elementary and Analytic Theory of Alebraic Numbers. PolishScientific Publishers, 1974.Paulo RIBENBOIM. Théorie <strong>de</strong>s valuations. Les presse <strong>de</strong> l’université <strong>de</strong> Montréal,1964.Paulo RIBENBOIM. The Theory of Classical Valuations. Springer Monographs inMathematics. Springer-Verlag, 1999.[Ser68] Jean-Pierre SERRE. Corps locaux. Hermann, 1968.Théorie <strong>de</strong>s modèles[AK65] James AX et Simon KOCHEN. « Diophantine Problems Over Local Fields I ». Dans :American Journal of Mathematics 87.3 (1965), p. 605–630.[Cha08] Zoé CHATZIDAKIS. « Théorie <strong>de</strong>s modèles <strong>de</strong>s corps valués ». cours <strong>de</strong> <strong>M2</strong>. 2008.[Den84]Jan DENEF. « The rationality of the Poincaré series associated to the p-adic pointson a variety ». Dans : Inventiones Mathematicae 77 (1984), p. 1–23.[Dri84] Lou van <strong>de</strong>n DRIES. « Algebraic Theories with Definable Skolem Functions ».Dans : The Journal of Symbolic Logic 49.2 (1984), p. 625–629.[HHM06]Deirdre HASKELL, Ehud HRUSHOVSKI et Dugald MACPHERSON. « Definable Setsin Algebraically Closed Valued Fields : Elimination of Imaginaries ». Dans : Journalfür die Reine und Angewandte Mathematik 597 (2006), p. 175–236.59


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Table <strong>de</strong>s matièresIntroduction 21 Corps valués algébriquement clos 41.1 Langages <strong>de</strong>s corps valués . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 41.2 Extensions <strong>de</strong>s valuations . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 71.3 Élimination <strong>de</strong>s quantificateurs dans ACVF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 121.4 Élimination <strong>de</strong>s imaginaires . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 171.5 Sortes géométriques . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 262 Corps <strong>de</strong>s nombres p-adiques et sa théorie 302.1 Corps p-adiquement clos . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 302.2 Clôture algébrique et définissable dans pCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 352.3 Types dans pCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 372.4 Extensions algébriques <strong>de</strong> K ⊧ pCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 462.5 Élimination <strong>de</strong>s imaginaires dans pCF . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 52Bibliographie 59Algèbre . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 59Théorie <strong>de</strong>s modèles . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 5961

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