l'objet de la sécurité routière - Club innovations transports des ...

10Arrière-plan théoriqueL’étude, est donc fondée sur l’hypothèse que la recherche dans le domainede la sécurité routière ne souffre pas tant d’un déficit d’énoncés que d’un déficitd’articulation 4 . Le paradoxe réside dans le gouffre qui sépare d’un côté la multiplicitécontradictoire des points de vue, des dispositifs, des modes de saisie,des solutions et des intérêts et, de l’autre, la rareté des moments d’assemblage,d’association, de liaison, de montage et d’attachement par lesquels la multiplicitése transforme en une expérience collective qui puisse soutenir et alimenterl’effort de recherche. Face à une situation d’émiettement et de dispersion extrêmequi engage une profusion d’acteurs et d’instances – potentiellementcoextensive à la société dans son ensemble 5 – et produit une abondance d'affirmationsqui coexistent sans qu’elles s'agrègent, ce n’est pas la question de lameilleure solution qui se pose, mais celle de parvenir à une exploration commune,de faire émerger collectivement le ou les problèmes, d’en partager lestermes et d’engager sur cette base des épreuves de connaissance dont les résultatsconduiront à leur tour à la redéfinition du point de départ. Les boucles deréitération apparaîtront alors comme une courbe d’apprentissage au prisme delaquelle la multiplicité des énoncés se raréfie pour engendrer un ensemble fini –mais jamais clos – de propositions articulées.La définition que nous donnonsde notre tâche découlait de ce constat. Nousnous proposons d’initier le mouvement d’assemblage nécessaire. Il apparaît eneffet que, concernant la question de la sécurité routière, nous sommes effectivementconfrontés à une situation d’une extrême complexité. Cette complexitése caractérise non seulement par la variété des acteurs engagés, mais surtoutpar la dispersion et le cloisonnement des savoirs et des approches. Les passe-4. Sur la notion d’articulation, cf. B. Latour, Politiques de la nature, op. cit..5. Les constats ne manquent pas où il est fait mention, avec un sourire ironique, des « 35millions de diplômés en sécurité routière ».