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Numéro 35 - Le libraire

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Littérature étrangèrele <strong>libraire</strong> CRAQUE<strong>Le</strong>s ConspirateursShan Sa, Albin Michel,281 p., 26,95$Dans ce nouveau roman, Shan Sanous livre une percutante histoired’espionnage. Ayamei est une militantechinoise qui, aprèsTiananmen, a obtenu l’asile politique en France.Jonathan est un Américain qui s’installe à Paris, prèsd’Ayamei. Philippe, un politicien français, veut s’assurerune retraite confortable. Alors que personne n’estce qu’il prétend être et que chaque mot prononcé estpesé, ces personnages évolueront et seront entraînésbien malgré eux sur une route imprévue. L’auteuremaîtrise magnifiquement l’art de dévoiler des secretsau compte-gouttes sans jamais forcer la note. Ceroman nous fait découvrir les changements qui se sontproduits et qui se produisent encore en Chine, demême que le combat perpétuel de ses habitants.Véronique Bergeron MonetDans la tête dufrelonJerome Charyn, Mercure deFrance, coll. Bibliothèqueétrangère, 372 p., 47,50$Seize écrivains se partagent lascène de Dans la tête du frelon,une anthologie de littérature juive américaine dirigéepar Jerome Charyn. L’ouvrage nous offre une brèveprésentation des auteurs, accompagnée d’extraits deleurs œuvres les plus marquantes. C’est le monumentalSaul Bellow qui ouvre les hostilités avec « <strong>Le</strong>saventures d’Augie March », inévitable point de départde ce recueil. Puis suivent ceux qui empruntèrent lemême chemin à leur façon : Philip Roth (Portnoy etson complexe), Allen Ginsberg (Kaddish), Henry Roth(L’Or de la terre promise), <strong>Le</strong>onard Cohen (<strong>Le</strong>sPerdants magnifiques), Herbert Gold (Pères) etJerome Charyn lui-même (Rue du Petit-Ange). Unelecture pleine de découvertes, bourrée de souvenirsagréables qui donnent envie de se replonger dans certainesœuvres. Ce livre ne prétend pas être une bible.Il ne s’agit que d’un survol, une petite fenêtre ouvertequi laisse entendre les mots qui bourdonnent dans latête du frelon. Charles Quimper PantouteJe viens de tuerma femmeEmmanuel Pons, Arléa,coll. 1 er mille, 155 p., 26,95$Découverte surprenante que ceroman paru dans la belle collection1 er mille! Dans un petitdébarras, le narrateur, las de sa vie conjugale où la passions’est éteinte, tue sa femme froidement. Convaincudu bien-fondé de son geste, il prévoit tout de même serendre aux gendarmes dès le lendemain. Mais au grédes rencontres et des conversations avec les habitantsde ce village de Normandie, il finit par avouer soncrime. Or, on ne le prend pas au sérieux, on ne s’émeutpas, on écoute même distraitement! L’effet salvateurque procure habituellement l’aveu se transforme enétau et se resserre de plus en plus… D’autres meurtressurviennent… Malgré la violence de cette histoireinsensée, Emmanuel Pons dresse le portrait d’une relationétouffante et blessante dans laquelle la communicationest inexistante. Il réussit aussi le double exploitde nous faire rire aux éclats et, subséquemment, denous donner froid dans le dos…Johanne Vadeboncœur Clément Morin<strong>Le</strong>s ProdigieusesAventures dessœurs HuntElisabeth Robinson,<strong>Le</strong>s deux terres, 345 p., 29,95$Ancienne scénariste et productriceindépendante, Elisabeth Robinson a puisé dans sesannées de galère professionnelle --- dont un projetavorté d’adaptation de Don Quichotte avec RobinWilliams ---le sujet de son premier roman. Olivia Hunt,33 ans, joue des coudes parmi les requins du cinéma.Elle vient de perdre un contrat et s’est fait larguée parson petit ami. Alors qu’elle touche le fond du baril,Olivia apprend que sa cadette est atteinte de leucémie.Commencent d’incessants va-et-vient entre L.A. etShawnee Falls, dans l’Ohio. Écartelée entre son travailet sa famille, préoccupée par sa copine qui tented’avoir un enfant et hantée par le souvenir de son ex,la jeune carriériste devra faire des choix importants.<strong>Le</strong>s Prodigieuses Aventures des sœurs Hunt oppose lafutilité hollywoodienne à l’existence d’une famille declasse moyenne, en montrant avec humour et tendresseque les épreuves imposées par la vie serventtoujours de leçons. Hélène Simard le <strong>libraire</strong>La Moitié de l’âmeCarme Riera, Seuil,coll. Cadre vert, 223 p., 39,95$<strong>Le</strong> dernier roman de l’écrivainecatalane est le premier à êtretraduit en français. Quel bonheur!Riera a un style riche combinanttous les genres littéraires, de la comédie à la roadstoryen passant par le polar, ce qui donne à son œuvredes airs labyrinthiques dans lesquels il fait bon se perdrepour mieux trouver son chemin. Il n’y pas que lelecteur qui soit en quête : Maria, la jeune protagonistede 18 ans, recherche ardemment sa mère, Carme,cette moitié d’elle-même dont elle ne connaît rien. <strong>Le</strong>temps d’un entretien, mère et fille se retrouventcoincées au creux d’un sofa, obligées de se raconter. <strong>Le</strong>tandem est charmant et la réconciliation, délicate :c’est ça, une relation mère-fille! Une écrivaine à suivreà la trace. Annie Mercier le <strong>libraire</strong>Connaissance dutempsLucio Mariani, Gallimard,coll. L’Arpenteur, 83 p., 25,95$Il y a bien quelques rares poètes quis’inscrivent dans une sorte d’intemporalitéet dont la voix pourrait êtreentaillée dans une poésie de tout temps. Lucio Marianiest de ceux-là. Il est fascinant de voir au fil de notrelecture comme tous les mots de ce recueil se trouventà leur place, comme ce bouquet d’odeurs méditerranéenneset de lumières est précis et ne demandequ’à être lu à voix basse. C’est que Connaissance dutemps, recueil élégant et discipliné, capte avec force,finesse et mesure ce qui pourrait ne nous apparaîtrenormalement qu’entre les lignes, qu’à l’angle mort desmots, et il découle de cette lecture une riche impressionde prise complète sur le monde. C’est bien à cemoment que nous savons que nous sommes enprésence de très grande poésie.Jean-Philippe Payette MonetRavelJean Echenoz, Minuit,123 p., 19,95$On peut parler ici d’un roman d’atmosphère,car il a bien une gueuled’atmosphère, ce Maurice Ravel.Echenoz nous raconte les dixdernières années de la vie du compositeur, dans lesannées 1930, en campant bien le personnage dans sontemps, dandy solitaire et caractériel, à l’époque desvoyages en transatlantiques. Ravel est au sommet desa gloire, avant de sombrer dans une période dedéchéance physique durant laquelle la maladie estaccélérée par un accident. <strong>Le</strong> roman se déroule doncen deux périodes bien marquées, l’avant et l’aprèsaccident,tracées avec une distance apparente par l’auteur.Où s’arrête la vraie vie, où débute la fiction? Celan’a aucune importance tant l’auteur parvient à nousattacher à ce personnage, si particulier soit-il.Yves Guillet <strong>Le</strong> FureteurL’HôteGuadalupe Nettel, Actes Sud,233 p., 34,95$Ana, la narratrice, sait depuis l’enfancequ’un hôte intérieur se terreen elle. Attendant le moment propicepour prendre définitivementpossession de son être, La Chosesurgit parfois des profondeurs. Elles’attaque ainsi à Diego, son frère cadet, lui laissant uneétrange cicatrice sur le bras. Ce n’est que plusieursannées après la mort de son frère qu’Ana en pénètre lesecret : c’est du braille. Comprenant qu’un lien existeentre les aveugles et La Chose, la jeune femme se faitengager comme lectrice dans un institut. La véritablenature de son hôte ne tarde pas à se révéler à elle. Àl’image de la narratrice de L’Hôte, le roman deGuadalupe Nettel a deux facettes : l’une, ensoleillée,faite de magnifiques phrases poétiques qui, dans sesentrailles obscures, en dissimule une autre, profonderéflexion sur le monde. Une œuvre inquiétante etfascinante. Mireille Masson-Cassista PantouteUn nom pourun autreJhumpa Lahiri, Éditions RobertLaffont, coll. Pavillons,<strong>35</strong>5 p., 34,95$Fin des années 1960, un hôpital dela Nouvelle-Angleterre, un coupled’immigrés indiens, une naissance :c’est un garçon! Quel nom donner? <strong>Le</strong>s Ganguliaimeraient bien respecter la tradition. Mais l’administrationaméricaine s’impatiente. Puisqu’il faut vite unnom, alors ce sera Gogol! Si lourd d’émotions pour lepère, ce nom n’appartient toutefois ni à la culture bengalieni à la culture américaine. Avec le temps, sonétrangeté dit même jusqu’à l’aversion le sentimentd’étrangeté qui envahit le protagoniste principal.Talentueuse nouvelliste (Pulitzer, 2000), JhumpaLahiri signe un premier roman d’une grande maîtrisestylistique. Peintre des nuances du malaise des expatriésdans une Amérique à la fois si exotique et si familière,son récit empreint de retenue n’en acquiert queplus de force. Pour Gogol comme pour <strong>Le</strong>rmontov,« la patrie est là où l’on nous aime ».Paul-Albert Plouffe PantouteJ U I L L E T - A O Û T 2 0 0 613

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