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Numéro 35 - Le libraire

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BOUQUINVERTPortrait d’éditeurÉcosociétéUn engagementdurableEn 1992, un regroupement de citoyens mettait sur pied l’Institut pourune écosociété (IPE), destiné à s’imposer comme un think tank alternatif.<strong>Le</strong>s objectifs de l’Institut, qui se voulaient « partie prenante desgrands courants sociaux qui combattent le productivisme, la surconsommation,les pouvoirs hiérarchiques et de domination », ne souffrentd’aucune ambiguïté. Quatorze ans plus tard, les Éditions Écosociété etleurs cent dix titres publiés ont rempli une bonne part de l’ambitieuxprogramme de l’Institut.JULIE MONGEAUPar Mathieu SimardSmall is beautifulReflet fidèle de la profonde culture démocratique de sesfondateurs, la rare souplesse de gestion de l’entreprise l’apourtant conduite à des extrémités peu souhaitables.Écosociété a en effet frôlé la catastrophe. La nominationde Julie Mongeau comme coordonnatrice de la maison enjuin 2004 résulte directement de ses difficultés : « Je suisarrivée dans un moment de crise. Il y avait 5-6 employésà temps plein, mais personne ne portait de titre. C’était unpeu à l’image de la boîte, en toute collégialité : les problèmesen ont été d’autant plus aigus. » <strong>Le</strong> comité de gestion,forme antérieure de l’actuel conseil d’administration,comprenait l’ensemble des employés, en plus de simplessympathisants. Ceux-là, remplis de bonne volonté, étaientsouvent peu au courant de la marche quotidienned’Écosociété. Sollicité pour son expertise, un professeur demanagement remettra quelque peu les pendules à l’heure.Là où on croyait faire de la cogestion, il n’y verra simplement…pas de gestion du tout! « La difficulté financières’était avérée être si sérieuse, explique Julie Mongeau, qu’ila fallu prendre des mesures draconiennes. Et ça a vouludire le licenciement de tout le monde. »À ce contexte houleux s’ajoutait encore son inexpériencedu monde du livre. Après des études en journalisme, enenseignement de l’anglais et en communications, JulieMongeau, endossera toutefois l’habit d’éditrice avec bonheur,à la mesure de sa polyvalence : « Il fallait apprendre,gérer, n’échapper aucun morceau. Mais je pense quele défi a été relevé. » Repartie sur des bases nouvelles,Écosociété n’emploiera désormais que trois personnes àtemps plein. À part sa nouvelle coordonnatrice, on retrouvedepuis novembre 2005 à l’éditorial et à la direction dela production Valérie <strong>Le</strong>febvre-Faucher, et un poste auxcommunications était toujours à pourvoir au moment demettre sous presse. À temps partiel, on compte sur lesservices d’Hasna Addou à la comptabilité et de SergeMongeau, qui demeure un véritable voltigeur pour la maison…et l’un de ses auteurs-vedettes : La Simplicitévolontaire, plus que jamais, édition revue et augmentéeen 1998 de ce titre phare, s’est écoulé à ce jour à plusde trente mille exemplaires.Des succès sans compromisPas de recette spéciale chez Écosociété : la nécessité derendre l’information accessible au plus grand nombreprime sur la recherche de bons coups. <strong>Le</strong>s rééditionsemploient d’ailleurs une part importante des énergies de lamaison qui, pour les même raisons, consacre une grandeproportion de son activité annuelle aux traductions :« On se le fait reprocher et parfois moi-même je m’eninsurge, mais ce n’est pas évident de trouver un livre surcertains sujets. C’est plus facile des’exprimer sur un “ produit fini ” qued’attendre qu’un Québécois finisse,éventuellement, par envoyer unmanuscrit intéressant, explique JulieMongeau, qui se montre d’ailleurssensible à la condition des étudiantsou des personnes vivant d’un faiblerevenu. Partager les livres ou les faireacheter par sa bibliothèque localeconstituent autant de solutions qu’ellen’hésite pas à présenter ouvertementaux lecteurs rencontrés dans lessalons. La Simplicité volontaire...propose d’ailleurs en page 245 cettedernière possibilité, qui peut semblerparadoxale pour un éditeur.Malgré cela, un ouvrage comme <strong>Le</strong>sDessous de la politique de l’OncleSam de Noam Chomsky passe labarre des vingt mille exemplaires vendus.Plus près de nous, on se souviendrad’Acheter, c’est voter de LaureWaridel, d’Équiterre, et de Bien communrecherché, signé par la porteparolede Québec Solidaire, FrançoiseDavid. L’Envers de la pilule, quant àlui, connaît une vie plus qu’honorableavec trois réimpressions et près de5000 exemplaires vendus depuis l’automne2004. Écrit par Jean-ClaudeSaint-Onge, cet essai brosse untableau sans complaisance de l’industriepharmaceutique, dont les profitsdéjà faramineux s’accroissent aumême rythme que les dépensespubliques en santé.Du reste, entre ces ouvrages bien couvertspar les médias et les livres pourainsi dire mort-nés, d’autres s’écoulentcomme des petits painschauds en dépit d’un silence radiopresque complet. Au chapitre deslivres négligés par la critique, oncompte Repenser l’action politiquede gauche, troisième livre du sociologuePierre Mouterde à paraître chezÉcosociété, après ADQ. Une voiesans issue et Quand l’utopie nedésarme pas, une enquête sur lagauche sud-américaine qui, à l’aune des dernières électionsde la région, mérite une relecture attentive. Sortil’automne dernier, Repenser l’action politique degauche tombe tout autant à pic. Une agréable surprisepour Julie Mongeau : « Un mois après sa parution, j’étaisen réimpression. Au Salon du livre de Montréal, lesgens s’arrêtaient, interpellés. <strong>Le</strong> livre arrivait à point avecla course au leadership du Parti québécois, la création deQuébec Solidaire… »Figurant parmi les quatre-vingts éditeurs canadiens às’être engagés auprès de l’organisme Écoinitiatives à nepas utiliser de papier issu de forêts anciennes oumenacées, Écosociété imprime à l’encre végétale sur unpapier recyclé, sans nulle trace de chlore. Signatairequébécois, avec L’instant même et <strong>Le</strong>s Écrits des Forges,de la Déclaration des éditeurs indépendants du mondelatin, qui réclame notamment des gouvernements unepolitique du livre accentuant la protection des droitsd’auteurs et l’instauration d’un prix unique, lamaison d’édition participe de plus à la collection« Enjeux Planète ». Paru dernièrement, La Diplomatienon gouvernementale d’Henri Rouillé d’Orfeuil, quianalyse et explique les pouvoirs et les limites des ONGà l’échelle internationale, représente déjà le dixième deces « livres équitables », dont la production est prise encharge par Écosociété et ses dix partenaires d’Europe etd’Afrique.<strong>Le</strong>s mots « patience et dévouement » pourraient servirde slogan à Écosociété : « J’ai encore récemment réimpriméun livre qui est paru en 1994. Mes défis à moi nesont pas les mêmes que ceux de Michel Brûlé, par exemple,qui fait plus des livres collés à l’actualité. À chaquemaison sa spécificité et ses difficultés aussi. » À l’instarde sa coordonnatrice, « digne fille de son père » maisvolant depuis belle lurette de ses propres ailes, Écosociétéa trouvé sa niche entre le savoir et l’agir : « Pourchacun de nos livres, on a ça en tête, conclut-elle : qu’ilsouvrent des pistes de solutions, qu’ils proposent desvoies à suivre. »LES ÉDITIONS ÉCOSOCIÉTÉC. P. 32 052, comptoir Saint-AndréMontréal (Québec) H2L 4Y5Tél. : (514) 521-0913info@ecosociete.orgwww.ecosociete.orgJ U I L L E T - A O Û T 2 0 0 628

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