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5 P 0 R ,FAITES VOS JEUXBoycotter <strong>le</strong> sport officiel sudafricainn'est pas un jeu. C'estjeter un pavé dans la vitrine dePretoria. Sur l'étalage en miettes,il y a toujours <strong>le</strong> même artic<strong>le</strong>: l'apartheid.1 faut tout d'abord distinguer <strong>le</strong>smots. Il est vrai que <strong>le</strong> sport racial,au sens où, à aucun moment, sousaucune forme, des équipes ou dessportifs de groupes raciaux (l'apartheid)ne pourraient a<strong>voir</strong> decontact, a pratiquement disparu.S'y est substituée une forme de ségrégationqui peut, vue de loin, laisser croire que <strong>le</strong>s activitéssportives ne sont plus porteuses del'idéologie d'apartheid.C'est ce qu'on appel<strong>le</strong> ici ou là <strong>le</strong> sport multiracial,en fait un aménagement de l'apartheid.Un apartheid nouvel<strong>le</strong> formu<strong>le</strong>.La récente tournée d'une sé<strong>le</strong>ction internationa<strong>le</strong>de rugby en Afrique <strong>du</strong> Sud, à l'occasion<strong>du</strong> centenaire <strong>du</strong> SARB (South AfricanRugby Board) est <strong>le</strong> dernier élément en datequi permet un coup de projecteur sur la réalité<strong>du</strong> sport en apartheid (1).Ainsi, <strong>le</strong> rugby officiel s'organise-t-il en troisfédérations. Le SARB (South African RugbyBoard) regroupe <strong>le</strong>s Blancs, la SARFF (SouthAfrican Rugby-Foot Federation) <strong>le</strong>s métis etla SARA (South African Rugby Association)<strong>le</strong>s Noirs.C'est la réunion de ces trois associations qui,sous <strong>le</strong> nom de Conseil sud-africain <strong>du</strong> rugby,forme l'institution qui régit <strong>le</strong> rugby sur <strong>le</strong> territoire.Lorsque ce conseil se réunit, son organisationest simp<strong>le</strong>: <strong>le</strong> SARB blanc composéde 22 comités provinciaux dispose de 22voix. La SARFF et la SARA sont assimiléesà des comités provinciaux et n'ont qu'unevoix chacune ...Ce dispositif, dit multiracial, permet donc auSARB, exclusivement composé de Blancs, dediriger selon ses intérêts <strong>le</strong> rugby. Il s'attribuel'essentiel des terrains, accapare <strong>le</strong>s ressourcesfinancières et forme l'équipe nationa<strong>le</strong>(<strong>le</strong>s Springboks) où, bien enten<strong>du</strong>, il nefigure que des Blancs.L'organisation multiracia<strong>le</strong> <strong>du</strong> sport est, enfait, la tra<strong>du</strong>ction parfaite <strong>du</strong> sport séparéconforme aux lois qui dans tout <strong>le</strong> pays or-48ganisent l'apartheid. A la base, il y a bien classificationpar race (Population RegistrationAct), chacun appartenant à l'un des quatregroupes raciaux déterminés par la loi, <strong>le</strong> NativeLaws Amendment Act prévoyant la ségrégationdans toutes <strong>le</strong>s organisations ayantun caractère institutionnel.Dans <strong>le</strong> sport aussi, chacun selon la cou<strong>le</strong>urde sa peau est dans un club, une fédérationsportive exclusivement ouvert aux gens de sa« race ».LE SPORT NON RACIALLe mouvement sportif non racialsud-africain a longtemps eu pour pivot<strong>le</strong> SACOS (Comité sportif non raciald'Afrique <strong>du</strong> Sud). En est issu <strong>le</strong>SAN ROC, Comité olympique nonracial,reconnu par <strong>le</strong> CIO et dirigépar Sam Ramsany. L'ICAAS (InternationalCampaign Against Apa rtheidin Sport) travail<strong>le</strong> lui, auprès despays africains au sein de l'OUA.Si la structure reste globa<strong>le</strong>ment lamême, <strong>le</strong> SAC OS tend à être remplacépar <strong>le</strong> NSC (National Sport Congress),avec l'obiectif d'être plusprésent sur <strong>le</strong> terrain, en Afrique <strong>du</strong>Sud.Notons que <strong>le</strong> mouvement sportifnon racial est p<strong>le</strong>inement engagédans la lutte de libération. Un comitéde liaison entre ICAAS, SAN ROC etANC a été mis en place et fonctionne,en axil, à Lusaka.Il est clair que <strong>le</strong> sport multiracial est un masquede plus pour l'apartheid. Quand des rencontresoccasionnel<strong>le</strong>s ont lieu entre équipesorganisées sur ces bases racia<strong>le</strong>s, chacun retourneensuite dans <strong>le</strong> club, <strong>le</strong> stade, la fédérationque sa cou<strong>le</strong>ur de peau lui assigne.L'apartheid tente d'atténuer ses aspects <strong>le</strong>splus visib<strong>le</strong>s, mais il ne change pas.Si <strong>le</strong> sport racial c'est: uniquement <strong>le</strong>s Blancs,<strong>le</strong> sport multiracial c'est: chacun dans soncoin et <strong>le</strong>s Blancs d'abord et surtout.Il existe pourtant en Afrique <strong>du</strong> Sud une alternativeau système sportif raciste. Le mouvementde libération sud-africain a créé unensemb<strong>le</strong> d'organisations sportives quiconstituent <strong>le</strong> sport non racial, dont <strong>le</strong>s instancessont <strong>le</strong>s seu<strong>le</strong>s reconnues par <strong>le</strong>s autoritésinternationa<strong>le</strong>s. Ce mouvement rassemb<strong>le</strong>des sportifs de tous <strong>le</strong>s groupes raciaux,y compris des Blancs (en nombre encore limitémais en constante augmentation) sur unebase strictement non racia<strong>le</strong>.Pour reprendre l'exemp<strong>le</strong> <strong>du</strong> rugby, la SA­RU (South African Rugby Union) représentel'aspiration non racia<strong>le</strong> et regroupe l'essentieldes rugbymen noirs. De nombreux Métiset Indiens <strong>le</strong>s ont rejoints, au côté de Blancsdont <strong>le</strong> nombre augmente régulièrement.Ces joueurs pratiquent <strong>le</strong>ur sport ensemb<strong>le</strong>,quasiment sans moyens et sans terrains, horsde quelques espaces aménagés dans <strong>le</strong>s townships.Le problème des relations avec <strong>le</strong> sport sudafricainse pose donc en des termes nets.Si l'on est contre l'apartheid, il faut choisirclairement: entre <strong>le</strong> sport racial et sa variantemultiracia<strong>le</strong> d'un côté, et <strong>le</strong> sport non racialde l'autre.Sinon, comment peut-on dire, comme AlbertFerrasse, « l'apartheid est une saloperie»(sic) et laisser joueurs et officiels de la Fédérationfrançaise al<strong>le</strong>r fêter cent ans de racismedans <strong>le</strong> sport sud-africain?L'iso<strong>le</strong>ment <strong>du</strong> racisme, par la rupture des relationsavec <strong>le</strong> sport de l'ap.?rtheid, en mêmetemps que s'expriment la solidarité et <strong>le</strong> soutienau sport non racial, est la seu<strong>le</strong> forme parlaquel<strong>le</strong> peut se dire notre condamnation réel<strong>le</strong>de l'apartheid dans <strong>le</strong> sport.L'apartheid est une violation flagrante del'olympisme. La Charte olympique indiqueclairement que, dans <strong>le</strong> sport, « aucune discriminationn'est admise pour des raisons racia<strong>le</strong>s,religieuses ou politiques ».Le Comité olympique international a donc exclul'Afrique <strong>du</strong> Sud de ses rangs (2) et a réaffirmésa position <strong>le</strong> 21 juin 1988 à Lausanne.La Conférence mondia<strong>le</strong> des ministres desSports, en novembre 1988, a éga<strong>le</strong>ment appeléà la rupture de toutes <strong>le</strong>s relations avec<strong>le</strong> sport de l'apartheid. Enfin, <strong>le</strong>s fédérationssportives internationa<strong>le</strong>s .olympiques ont toutesexpulsé <strong>le</strong>s représentants de Pretoria.Le mouvement sportif non racial, désormaisreconnu comme seul représentant <strong>du</strong> sportsud-africain, réclame lui-même la poursuiteet l'extension de ces pressions. L'iso<strong>le</strong>mentdes racistes de Pretoria est diffici<strong>le</strong>ment supportab<strong>le</strong>à long terme pour <strong>le</strong> sport officielsud-africain, car, là comme ail<strong>le</strong>urs, <strong>le</strong>scontacts internationaux sont une garantie dedéveloppement et de progrès. Privé de toutesconfrontations internationa<strong>le</strong>s, <strong>le</strong>s fédérationssportives racistes s'asphyxient peu àpeu. S'expliquent ainsi <strong>le</strong>s moyens diplomatiques,politiques et financiers considérab<strong>le</strong>sengagés par Pretoria pour rompre son iso<strong>le</strong>ment(3).L'efficacité de ces pressions ainsi démontrée,la nécessité de <strong>le</strong>s poursuivre et de <strong>le</strong>s amplifiertombe sous <strong>le</strong> sens .•Pascal MesnilResponsab<strong>le</strong> <strong>du</strong> secteur anti-apartheidde la FSGT(/) A lire, sur <strong>le</strong> sujet: Sous <strong>le</strong> maillot, la race d'Acheret Bouillon (Albatros).(2) En 1970.(3) En 1986, Dave Loveridge aurait reçu 550 000 F poural<strong>le</strong>r jouer en Afrique <strong>du</strong> Sud. En 1987, 500 000 F ont récompenséchaque rugbyman fidjien en tournée. Enfin, latournée internationa<strong>le</strong> de 1989 aurait rapporté 200 000 Fà chaque joueur. Sans compter <strong>le</strong>s frais.J1)~WHO'S WHO 1989Ilétait impensab<strong>le</strong> il y a encare dix ansde <strong>voir</strong> des sportifs ou des équipes de« différentes races» s'affronter sur unmême terrain de sport en Afrique <strong>du</strong> Sud;mais cela ne change rien: l'apartheid sportifdemeure sous l'apparence. Mais pourquoi <strong>le</strong>sautorités de Pretoria ont-el<strong>le</strong>s dû tenter cettemodification de <strong>le</strong>ur image dans <strong>le</strong> sport?Parce que certains, comme Albert Ferrasse(Fédération française <strong>du</strong> rugby), affirmentqu'il faut maintenir <strong>le</strong>s contacts avec <strong>le</strong>sport sud-africain pour lui permettre d'évoluer? Ou grâce à ceux qui prônent l'actionpour la rupture tota<strong>le</strong> avec tous <strong>le</strong>s représentants<strong>du</strong> sport de l'apartheid et font pressionpour la disparition de toute discrimination racia<strong>le</strong>? Dans <strong>le</strong> mouvement sportif français,la FSGT (Fédération sportive et gymnique <strong>du</strong>travail) est la seu<strong>le</strong>, à prôner <strong>le</strong> boycott et àentretenir des relations avec <strong>le</strong> mouvementsportif non racial sud-africain. La seu<strong>le</strong> à participerrégulièrement et complétement aux actionscontre l'apartheid dans <strong>le</strong> sport. El<strong>le</strong> estintervenue à de nombreuses reprises auprèsdes ministres français des Sports successifspour que la France rompe avec <strong>le</strong>s racistes.De très nombreuses personnalités sportivesont brisé <strong>le</strong> boycott demandé par <strong>le</strong>s autoritéssportives mondia<strong>le</strong>s. Les publications deRonnie W a tson, rugbyman blanc, fut menacé de mort pour a<strong>voir</strong> loué avec des Noirs.l'ONU montre que la seu<strong>le</strong> participation françaiseau sport raciste permettrait de composerun Quinze de rêve: Gallion, Bertranne,Codorniou, Debrocca, Dintrans, Dospital,Erbani, Rives, Lafont, Pardo, Lescarboura,des arbitres et <strong>le</strong> président soi-même, AlbertFerrasse. Côté Formu<strong>le</strong> l, c'est la même chose: Prost, Lafitte, Alliot, Arnoux, Jarrier,Tambay ... voisinent avec Lauda, Rossberg,Mansell. Certains ont couru <strong>le</strong> Grand Prixd'Afrique <strong>du</strong> Sud de 1985, 36 heures aprèsla pendaison <strong>du</strong> jeune poète Benjamin Moloise.Les tennismen ne sont pas moins nombreux,avec Leconte ou Tulasne, mais aussi Connorset Evert. En 1986, la sanglante répressiondans <strong>le</strong>s townships ne gêna pas <strong>le</strong>s skippersde la course au tour <strong>du</strong> monde dans <strong>le</strong>ur esca<strong>le</strong>au Cap. Ils sont 576 comme ça etquelques-uns seu<strong>le</strong>ment à a<strong>voir</strong> regretté <strong>le</strong>urgeste.Citons quand même <strong>le</strong> refus de Mac Enroede gagner faci<strong>le</strong>ment un million de dollarspour jouer en terre d'apartheid. Réputé poursa grande gueu<strong>le</strong> mais l'œil clair, il a renvoyé<strong>le</strong>s démarcheurs d'un « Ça n'était pas correctde <strong>le</strong> faire ». Right, sir . •P.M.49

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