FOCUSLe long cheminement vers le succèsDu labo au groupe internationalPar Frédéric VAN VLODORP (Meusinvest)Le thème retenu par l’UWE pour son Assemblée générale (la croissance <strong>des</strong> entreprises) est aussi une problématique quiest au faîte de l’actualité pour les spin-offs. De récentes étu<strong>des</strong> ont en effet montré que la croissance <strong>des</strong> spin-offs est unparcours d’obstacles : le Groupe Meusinvest et l’Université de Liège ont déployé plusieurs outils pour aider à les franchir,avec l’aide de la Région. Regards sur le terrain.<strong>Dynamisme</strong> wallon Octobre 200748Ce sont aujourd’hui <strong>des</strong> fleuronsde l’économie liégeoise :Eurogentec ou Samtech sont eneffet devenus en deux décennies<strong>des</strong> groupes internationaux occupantchacun plus de 200 personnes.Nées dans l’environnementuniversitaire, ces entreprisesfurent les précurseurs de ce qu’ona communément appelé ultérieurementles spin-offs. Et dès sa création,Meusinvest s’est inscrit dansune dynamique qui sera plus tard un <strong>des</strong> fers de lance del’Université de Liège (Ulg). Les spin-offs, et particulièrementla problématique de leur croissance, sont aujourd’hui dansl’actualité, à la faveur d’une étude menée par le ProfesseurSurlemont de l’Ulg. Le témoignage <strong>des</strong> patrons <strong>des</strong> deuxsuccess stories précitées mais aussi de deux exemplesrécents de sociétés à haut potentiel qui sortent de la chrysalidepour devenir <strong>des</strong> papillons (Mithra et Kitozyme) est éclairant.Le cheminement de ces deux jeunes entreprises s’intègreen effet dans la toile de fond tissée progressivementpar l’Université et le Groupe Meusinvest, en collaborationavec la Région wallonne et <strong>des</strong> acteurs privés.Instruments complémentairesQuand, à la fin <strong>des</strong> années 90, les autorités universitaires ont affichéune volonté déterminée de valoriser la recherche, il leur estapparu indispensable de disposer d’outils spécifiques complémentaires,notamment en matière de financement, d’encadrementet d’accompagnement. "C’est ainsi qu’on été mis en œuvrele fonds Spinventure (1999), une filiale commune à l’Ulg et àMeusinvest, puis SEED (2003) devenue CIDE-PI 2 (2005 – fruitd’un nouveau rapprochement entre les deux partenaires) ainsique les incubateurs spécialisés Wallonia Space Logistic (WSL –2000) et Wallonia Biotech Coaching (WBC – 2005)", e<strong>xp</strong>liqueFreddy Meurs, Directeur général adjoint du Groupe Meusinvest,et plus particulièrement en charge <strong>des</strong> partenariats avec l’Ulg.Cet ensemble cohérent d’instruments qui permet d’aider lesspin-offs dans leur croissance, sous <strong>des</strong> aspects diversifiésselon les cas, est complété principalement en amont parl’Interface <strong>Entreprises</strong>-Ulg. Cette dernière procède d’abord àune détection et une sélection <strong>des</strong> projets mûris en laboratoire.Besoin de tempsIl existe à cet égard une différence en matière de financementdu transfert de technologie entre la Wallonie et laFlandre. "La recherche appliquée vaplus en aval chez nos voisins duNord, de sorte que les projetsmaturent davantage dans les universitéset surtout dans de grandscentres de recherches spécialisés(Imec, VIB), souligne FreddyMeurs. Le financement de laRecherche et Développement estdifférent en Région wallonne".Dans le Sud du pays, le systèmepousse en effet à un passage ensociété plus rapide pour pouvoir bénéficier de différentes ai<strong>des</strong>publiques aux prototypes et autres étu<strong>des</strong> de faisabilité, étu<strong>des</strong>de marché, étu<strong>des</strong> techniques et essais cliniques. Ce n’est pasnécessairement un problème, pour autant que la chaîne definancement <strong>des</strong> différentes phases d’un projet soit continue.C’est dire si le rôle <strong>des</strong> invests est primordial à ce stade dedéveloppement, quand la prise de risques est maximale. Lespremières années d’une spin-off sont en effet le plus souventconsacrées à l’affinement du projet et à son industrialisation,si bien que les résultats financiers <strong>des</strong> premiers exercicesen souffrent. Par ailleurs, les investisseurs ne seprécipitent pas à ce moment pour soutenir un projet qui n’apas encore véritablement fait ses preuves sur le marché.Dans la plupart <strong>des</strong> cas, l’actionnariat de départ <strong>des</strong> composealors de l’Université, de l’Invest et <strong>des</strong> porteurs de projets etde leurs proches. "Ce n’est que plus tard qu’on intéresse denouveaux partenaires, comme les réseaux de business angelscomposés de personnes privées à la recherche d’investissements"indique Freddy Meurs. De leur côté, les sociétés deVenture Capital ne prisent guère les petits projets et affichentune frilosité certaine à l’égard de la haute technologie."L’important, ajoute M. Meurs, est de construire un réseaud’investisseurs privés qui comprennent la problématique dedémarrage de jeunes sociétés et acceptent de prendre unrisque financier dans les premières étapes. Un tel réseau seconstruit progressivement sur le travail en commun, avec unapport <strong>des</strong> partenaires privés sur le plan financier et en termesde compétence, d’e<strong>xp</strong>érience ou encore de relations".L’investissement public s’inscrit dans la durée, procurant unestabilité à l’entreprise. Le processus de développement <strong>des</strong>jeunes entreprises nécessite souvent plusieurs mises defonds successives.A l’occasion de ces tours de tables, le soutien apporté par l’investpermet d’amener de nouveaux partenaires autour du projetet d’exercer <strong>des</strong> effets de levier significatifs. La présencepublique diminue alors en puissance dans l’actionnariat.
|| LIEGEUne âme de patron ?Le financement n’est qu’un <strong>des</strong> aspects du développement<strong>des</strong> sociétés. Le management, constitue une problématiquemajeure. "Une spin-off commence régulièrement avec unebande de copains qu’il convient ensuite de structurer ; il estalors difficile pour le manager de se comporter en patron, etpar exemple d’éventuellement se séparer d’un de ses collègues".Les porteurs de projets sont <strong>des</strong> personnes qui ontla volonté d’entreprendre mais qui au départ sont fondamentalement<strong>des</strong> chercheurs sans être nécessairement <strong>des</strong>managers. Le management doit ainsi évoluer ou être renforcé,notamment grâce au coaching de Cide (qui a fusionnéavec Socran). Il convient de trouver ou d’imaginer <strong>des</strong> solutionsadaptées à la réalité du terrain. Un contexte variable,dépendant notamment du projet, du secteur ou encore <strong>des</strong>qualités de l’équipe en place. "Il n’est en effet pas réaliste depenser que <strong>des</strong> chasseurs de têtes internationaux vont dénicherun grand manager pour un projet dans une petite sociétéavec <strong>des</strong> perspectives en devenir et non encore avérées",souligne Freddy Meurs.Par contre, l’évaluation <strong>des</strong> compétences existantes par unspécialiste <strong>des</strong> ressources humaines ayant une e<strong>xp</strong>ériencede terrain <strong>des</strong> spin-offs fait partie <strong>des</strong> outils mis en place.Enfin, tant pour le montage du dossier que pour le coaching,Cide s’appuie sur <strong>des</strong> personnes-ressources via l’associationWallonie Entreprendre qui regroupe plusieurs dizaines d’entrepreneursprêts à partager leur e<strong>xp</strong>érience.Une spécialisation accrueDans la même perspective de partenariats, la mise en placed’incubateurs par l’Interface <strong>Entreprises</strong>-Ulg, le GroupeMeusinvest et la Région, renforce <strong>des</strong> secteurs ou <strong>des</strong>sphères d’activités par <strong>des</strong> actions d’accompagnement spécifiquesen les dotant de moyens humains et financierspropres. C’est le cas du Wallonia Space Logistics (WSL) pourles sciences de l’ingénieur et le spatial ainsi que, plus récemment,Wallonia Biotech Coaching (WBC), incubateur wallonpour les biotechnologies."On ne met sur pied <strong>des</strong> incubateurs spécialisés que là oùl’Université est forte, précise Freddy Meurs. Il est importantd’atteindre une masse critique de sciences et de recherchedans un domaine de manière à constituer un vivier pour lavalorisation <strong>des</strong> projets menés en laboratoires".La vérification de l’adéquation au marché est une étapeessentielle dans laquelle Cide-Pi 2 peut apporter son savoirfaire.Il est naturellement impératif d’avoir un produit quirépond aux besoins du marché. "Cela paraît une évidence,indique F. Meurs, mais il existe <strong>des</strong> innovations technologiquesa priori intéressantes qui débouchent sur <strong>des</strong> produitset <strong>des</strong> services qui ne correspondent pas à une vraiedemande du marché. Ce qui importe, ce n’est pas ce que latechnologie peut faire mais bien ce que le client attend de latechnologie". ||ACIDEPHOSPHORIQUE,SELS PHOSPHATÉSET SPÉCIALITÉSRue Joseph Wauters, 144B-4480 ENGIS - BELGIQUETél. : +32 4 273 92 11Fax : +32 4 273 96 35E-mail : contact@prayon.beSite : www.prayon.com<strong>Dynamisme</strong> wallon Octobre 200749