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La Femme de trente ans - Lecteurs.com

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impérial, ressemblait à ces coups <strong>de</strong> tonnerre lointains qui annoncentun orage. Un enthousiasme in<strong>de</strong>scriptible éclataitd<strong>ans</strong> l’attente <strong>de</strong> la multitu<strong>de</strong>. <strong>La</strong> France allait faire ses adieuxà Napoléon, à la veille d’une campagne dont les dangersétaient prévus par le moindre citoyen. Il s’agissait, cette fois,pour l’Empire Français, d’être ou <strong>de</strong> ne pas être. Cette penséesemblait animer la population citadine et la population arméequi se pressaient, également silencieuses, d<strong>ans</strong> l’enceinte oùplanaient l’aigle et le génie <strong>de</strong> Napoléon. Ces soldats, espoir <strong>de</strong>la France, ces soldats, sa <strong>de</strong>rnière goutte <strong>de</strong> sang, entraientaussi pour beaucoup d<strong>ans</strong> l’inquiète curiosité <strong>de</strong>s spectateurs.Entre la plupart <strong>de</strong>s assistants et <strong>de</strong>s militaires, il se disait <strong>de</strong>sadieux peut-être éternels ; mais tous les cœurs, même les plushostiles à l’empereur, adressaient au ciel <strong>de</strong>s vœux ar<strong>de</strong>ntspour la gloire <strong>de</strong> la patrie. Les hommes les plus fatigués <strong>de</strong> lalutte <strong>com</strong>mencée entre l’Europe et la France avaient tous déposéleurs haines en passant sous l’arc <strong>de</strong> triomphe, <strong>com</strong>prenantqu’au jour du danger Napoléon était toute la France.L’horloge du château sonna une <strong>de</strong>mi-heure. En ce moment lesbourdonnements <strong>de</strong> la foule cessèrent, et le silence <strong>de</strong>vint siprofond, que l’on eût entendu la parole d’un enfant. Le vieillar<strong>de</strong>t sa fille, qui semblaient ne vivre que par les yeux, distinguèrentalors un bruit d’éperons et un cliquetis d’épées qui retentirentsous le sonore péristyle du château.Un petit homme assez gras, vêtu d’un uniforme vert, d’uneculotte blanche, et chaussé <strong>de</strong> bottes à l’écuyère, parut tout àcoup en gardant sur sa tête un chapeau à trois cornes aussiprestigieux que cet homme lui-même. Le large ruban rouge <strong>de</strong>la Légion-d’Honneur flottait sur sa poitrine. Une petite épéeétait à son côté. L’homme fut aperçu par tous les yeux, et à lafois, <strong>de</strong> tous les points d<strong>ans</strong> la place. Aussitôt, les tamboursbattirent aux champs, les <strong>de</strong>ux orchestres débutèrent par unephrase dont l’expression guerrière fut répétée sur tous les instruments,<strong>de</strong>puis la plus douce <strong>de</strong>s flûtes jusqu’à la grossecaisse. À ce belliqueux appel, les âmes tressaillirent, les drapeauxsaluèrent, les soldats présentèrent les armes par unmouvement unanime et régulier qui agita les fusils <strong>de</strong>puis lepremier rang jusqu’au <strong>de</strong>rnier d<strong>ans</strong> le Carrousel. Des mots <strong>de</strong><strong>com</strong>man<strong>de</strong>ment s’élancèrent <strong>de</strong> rang en rang <strong>com</strong>me <strong>de</strong>séchos. Des cris <strong>de</strong> : Vive l’empereur ! furent poussés par la10

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