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La Femme de trente ans - Lecteurs.com

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perdue pour le mon<strong>de</strong> ; les autres voulaient savoir la cause <strong>de</strong>ses souffrances et <strong>de</strong> la solitu<strong>de</strong> d<strong>ans</strong> laquelle elle vivait.– Eh ! bien, mon cher Ronquerolles, disait le marquis au frère<strong>de</strong> madame <strong>de</strong> Sérizy, tu enviais mon bonheur en voyant madamed’Aiglemont, et tu me reprochais <strong>de</strong> lui être infidèle ? Va,tu trouverais mon sort bien peu désirable, si tu restais <strong>com</strong>memoi en présence d’une jolie femme pendant une ou <strong>de</strong>ux années,s<strong>ans</strong> oser lui baiser la main, <strong>de</strong> peur <strong>de</strong> la briser. Net’embarrasse jamais <strong>de</strong> ces bijoux délicats, bons seulement àmettre sous verre, et que leur fragilité, leur cherté nous obligeà toujours respecter. Sors-tu souvent ton beau cheval pour lequeltu crains, m’a-t-on dit, les averses et la neige ? Voilà monhistoire. Il est vrai que je suis sûr <strong>de</strong> la vertu <strong>de</strong> ma femme ;mais mon mariage est une chose <strong>de</strong> luxe ; et si tu me crois marié,tu te trompes. Aussi mes infidélités sont-elles en quelquesorte légitimes. Je voudrais bien savoir <strong>com</strong>ment vous feriez àma place, messieurs les rieurs ? Beaucoup d’hommes auraientmoins <strong>de</strong> ménagements que je n’en ai pour ma femme. Je suissûr, ajouta-t-il à voix basse, que madame d’Aiglemont ne sedoute <strong>de</strong> rien. Aussi, certes, aurais-je grand tort <strong>de</strong> meplaindre, je suis très-heureux… Seulement, rien n’est plus ennuyeuxpour un homme sensible, que <strong>de</strong> voir souffrir unepauvre créature à laquelle on est attaché…– Tu as donc beaucoup <strong>de</strong> sensibilité ? répondit monsieur <strong>de</strong>Ronquerolles, car tu es rarement chez toi.Cette amicale épigramme fit rire les auditeurs ; mais Arthurresta froid et imperturbable, en gentleman qui a pris la gravitépour base <strong>de</strong> son caractère. Les étranges paroles <strong>de</strong> ce marifirent s<strong>ans</strong> doute concevoir quelques espérances au jeune Anglais,qui attendit avec patience le moment où il pourrait setrouver seul avec monsieur d’Aiglemont, et l’occasion s’en présentabientôt.– Monsieur, lui dit-il, je vois avec une peine infinie l’état <strong>de</strong>madame la marquise, et si vous saviez que, faute d’un régimeparticulier, elle doit mourir misérablement, je pense que vousne plaisanteriez pas sur ses souffrances. Si je vous parle ainsi,j’y suis en quelque sorte autorisé par la certitu<strong>de</strong> que j’ai <strong>de</strong>sauver madame d’Aiglemont, et <strong>de</strong> la rendre à la vie et au bonheur.Il est peu naturel qu’un homme <strong>de</strong> mon rang soit mé<strong>de</strong>cin; et, néanmoins, le hasard a voulu que j’étudiasse la46

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