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La Femme de trente ans - Lecteurs.com

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– Ah ! s’écria le père en poussant un soupir, enfant gâté ! lesmeilleurs cœurs sont quelquefois bien cruels. Vous consacrernotre vie, ne penser qu’à vous, préparer votre bien-être, sacrifiernos goûts à vos fantaisies, vous adorer, vous donner mêmenotre sang, ce n’est donc rien ? Hélas ! oui, vous acceptez toutavec insouciance. Pour toujours obtenir vos sourires et votredédaigneux amour, il faudrait avoir la puissance <strong>de</strong> Dieu. Puisenfin un autre arrive ! un amant, un mari nous ravissent voscœurs.Julie étonnée regarda son père qui marchait lentement, etqui jetait sur elle <strong>de</strong>s regards s<strong>ans</strong> lueur.– Vous vous cachez même <strong>de</strong> nous, reprit-il, mais peut-êtreaussi <strong>de</strong> vous-même…– Que dites-vous donc, mon père ?– Je pense, Julie, que vous avez <strong>de</strong>s secrets pour moi. – Tuaimes, reprit vivement le vieillard en s’apercevant que sa fillevenait <strong>de</strong> rougir. Ah ! j’espérais te voir fidèle à ton vieux pèrejusqu’à sa mort, j’espérais te conserver près <strong>de</strong> moi heureuseet brillante ! t’admirer <strong>com</strong>me tu étais encore naguère. Enignorant ton sort, j’aurais pu croire à un avenir tranquille pourtoi ; mais maintenant il est impossible que j’emporte une espérance<strong>de</strong> bonheur pour ta vie, car tu aimes encore plus le colonelque tu n’aimes le cousin. Je n’en puis plus douter.– Pourquoi me serait-il interdit <strong>de</strong> l’aimer ? s’écria-t-elle avecune vive expression <strong>de</strong> curiosité.– Ah ! ma Julie, tu ne me <strong>com</strong>prendrais pas, répondit le pèreen soupirant.– Dites toujours ; reprit-elle en laissant échapper un mouvement<strong>de</strong> mutinerie.– Eh ! bien, mon enfant, écoute-moi. Les jeunes filles secréent souvent <strong>de</strong> nobles, <strong>de</strong> ravissantes images, <strong>de</strong>s figurestout idéales, et se forgent <strong>de</strong>s idées chimériques sur leshommes, sur les sentiments, sur le mon<strong>de</strong> ; puis elles attribuentinnocemment à un caractère les perfections qu’elles ontrêvées, et s’y confient ; elles aiment d<strong>ans</strong> l’homme <strong>de</strong> leurchoix cette créature imaginaire ; mais plus tard, quand il n’estplus temps <strong>de</strong> s’affranchir du malheur, la trompeuse apparencequ’elles ont embellie, leur première idole enfin se change enun squelette odieux. Julie, j’aimerais mieux te savoir amoureused’un vieillard que <strong>de</strong> te voir aimant le colonel. Ah ! si tu14

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