13.07.2015 Views

Télécharger la thèse ( 2449Kb) - EDF R&D

Télécharger la thèse ( 2449Kb) - EDF R&D

Télécharger la thèse ( 2449Kb) - EDF R&D

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

0.4. MÉTHODOLOGIE 35trale (servant pour les relèves de quart et les innombrables réunions improvisées).Un opérateur dispose soudainement de quelques secondes de disponibilité, et ledoctorant se risque alors à lui poser <strong>la</strong> question qui est au cœur de sa problématiquede <strong>thèse</strong> : « Et donc vous prenez des initiatives par rapport aux règles ? ».La réponse de l’interviewé est alors sans appel : « Ici, on applique les règles ». Ledoctorant va alors essayer d’illustrer son propos. Un cas assez simple nous a servi àde nombreuses reprises : « Oui mais si une a<strong>la</strong>rme apparaît et que <strong>la</strong> fiche d’a<strong>la</strong>rmecorrespondante ne s’applique pas, qu’est-ce-que vous faites ? ». À ce moment là,l’opérateur et le doctorant parlent de <strong>la</strong> même chose, c’est-à-dire de <strong>la</strong> part d’autonomiequi doit être déployée pour venir à bout de tels aléas (l’aléa ne pouvantêtre soldé par l’application pré-programmée de procédures). Le doctorant est doncparvenu à se faire accepter par les acteurs en par<strong>la</strong>nt le même <strong>la</strong>ngage qu’eux. S’intéresserà <strong>la</strong> technique nucléaire est un pré-requis indispensable pour comprendreles situations et donc leur ambiguïté inhérente. Il n’est pas possible de parler etde comprendre où se situe <strong>la</strong> subtilité d’interprétation des règles autrement qu’encomprenant l’écart entre le prescrit et le réel.Si notre accès au terrain nous a semblé presque naturel, car il s’est fait augré de rencontres de personnes situées à l’intérieur de l’institution, il ne faut pasoublier que pour le chercheur en sciences sociales universitaire et ne possédant pasde lien direct, cette industrie reste un terrain très fermé. Pierre Fournier consacreun article paru dans Ethnologie française à <strong>la</strong> méthodologie et à l’observationparticipante dans le cas de l’industrie nucléaire (Fournier, 2001). Il explique pourquoil’industrie nucléaire est aussi réticente à ouvrir ses portes aux recherches ensciences sociales (qu’il distingue des travaux des médecins, ergonomes et psychologuesdu travail). L’industrie nucléaire cherche en effet à protéger un secret lié à<strong>la</strong> sécurité intérieure (le nucléaire militaire ayant des liens avec le nucléaire civil),un secret lié à l’espionnage industriel, et à se prémunir des soupçons portés parles militants écologistes. Pierre Fournier évoque <strong>la</strong> qualité des informations transmisespar l’institution (qui mettent simplement en avant le « zéro défaut ») et leslourdeurs re<strong>la</strong>tives à l’accès aux sites nucléaires (questionnaires, enquête de gendarmerie,formations, visites médicales, etc.) pour en conclure que, face au risquede désinformation, le chercheur se doit de collecter des données de première main :« L’accumu<strong>la</strong>tion de ces conditions donne au mieux le sentimentd’être entravé dans sa pratique d’investigation, d’être retardé, et aupire, le sentiment d’être sous contrôle, d’être abusé, d’être le destinataired’un discours de propagande, voire d’être manipulé, d’être utilisécomme re<strong>la</strong>is et garant de ce discours. C’est en ce premier sens quel’on peut parler du travail dans l’industrie nucléaire comme d’un terrainminé pour le chercheur en sciences sociales dont on voit qu’il nepeut réchapper qu’en recourant à des données directement recueillies. »(Fournier, 2001, p. 70)

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!