13.07.2015 Views

Bulletin num. 19 du 16-12-2009 - Institut des Amériques

Bulletin num. 19 du 16-12-2009 - Institut des Amériques

Bulletin num. 19 du 16-12-2009 - Institut des Amériques

SHOW MORE
SHOW LESS
  • No tags were found...

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

TransaméricainesPage 11 of 71utiliser les axes transversaux tout autant que ceux longeant les cordillères, grâce à unréseau fourni de chemins millénaires mettant en contact assi<strong>du</strong> <strong>des</strong> ethnies de milieuxtrès contrastés. La préférence donnée à l'implantation en terres hautes et auxdéplacements selon l'axe longitudinal <strong>des</strong> An<strong>des</strong> est <strong>du</strong>e à la colonisation et altère leschoix autochtones traditionnels.Chapitre 3 : L'économiqueL'extraordinaire richesse de l'ethnie otavalo que célèbrent les colons espagnols peut êtreconfirmée par l'analyse d'archives inexploitées (comme le dépouillement systématique<strong>des</strong> enregistrements d'or dans la Caisse Royale de Quito). L'agriculture assure sansproblèmes l'auto-subsistance alimentaire. En outre, l'exploitation de pro<strong>du</strong>its raresoriginaires de terres tropicales (feuille de coca, piment), le monopole d'un gisement <strong>des</strong>el, la culture <strong>du</strong> coton et sa transformation en vêtements, font <strong>des</strong> Indiens d'Otavalo<strong>des</strong> pro<strong>du</strong>cteurs d'excédents. A cette pro<strong>du</strong>ction locale diversifiée, au coeur d'échangesintra et inter-ethniques, se joint le trafic de denrées très prisées, que les documentscoloniaux ignorent ou préfèrent taire: l'orfèvrerie venant <strong>des</strong> ethnies voisines <strong>du</strong> Nord etles coquillages marins (tous deux emblèmes de pouvoir et symboles religieux); lesesclaves (main d'oeuvre et viande de consommation).Les pro<strong>du</strong>cteurs sédentaires (ceux dédiés à l'agriculture et à l'artisanat) travaillent sousl'autorité <strong>des</strong> chefs ethniques qui détiennent la prérogative de mobiliser la maind'oeuvre. La famille comme unité de pro<strong>du</strong>ction joue un rôle essentiel, et le travailféminin, qui est masqué dans les documents en castillan où le genre grammatical occultela présence féminine, peut être décelé grâce à une lecture critique et comparative <strong>des</strong>témoignages et semble investir tous les domaines d'occupation.Mais les deux caractéristiques spécifiques aux An<strong>des</strong> <strong>du</strong> Nord (et dans lesquelles l'ethnieotavalo domine ses voisines) consistent, d'une part, en la tenue de marchés périodiquestrès courus (Les Salines et la vallée <strong>du</strong> Coangue), actives places d'échanges intra etinter-ethniques, et de l'autre, en l'existence de castes de marchands itinérants,spécialisés dans les denrées de luxe et qui contrôlent les échanges à longue distance.Seule l'ethnie otavalo regroupe ces mindaláes dans un même habitat, stratégiquementsitué entre Quito et les ethnies pasto, et entre les hautes et basses terres. Ils assurentaussi la perméabilité entre ethnies de la côte et celles <strong>des</strong> cordillères. L'ethnie dans sonensemble est mobile, affairée, et maîtrise les échanges dans les An<strong>des</strong> septentrionales;c'est essentiellement comme intermédiaires que les Indiens partagent une identitécommune.Les territoires <strong>du</strong> Nord <strong>des</strong> An<strong>des</strong> se trouvent à la charnière de deux systèmeséconomiques de conception très différente, et l'ethnie otavalo me semble présenter, ence domaine, plus d'affinités avec les cultures de l'aire mésoaméricaine et <strong>des</strong> An<strong>des</strong> deColombie qu'avec les sociétés <strong>des</strong> An<strong>des</strong> centrales.Chapitre 4 : La cohésion idéologiqueRetrouver l'interprétation symbolique <strong>du</strong> cosmos propre à chaque culture et qui permetd'assurer une identification ethnique est une tâche malaisée car les croyances etpratiques religieuses, immédiatement condamnées par les colons chrétiens, surviventdans la clan<strong>des</strong>tinité tout en évoluant à un rythme parfois rapide, au gré de l'adoption<strong>des</strong> normes imposées par la société dominante et de leur réélaboration syncrétique.Tout d'abord, dans le domaine de la culture matérielle, dont les innombrables facettesexpriment par un langage autre que parlé les représentations communes à toute l'ethnie:celui de la socialisation <strong>du</strong> corps (par les arrangements spécifiques au groupe ou sousgroupeethnique, en particulier les peintures corporelles et les coiffures, et la placecentrale <strong>du</strong> symbolisme <strong>du</strong> vêtement); celui <strong>des</strong> gestes techniques et rituels partagés(comme l'utilisation d'une architecture typée, proprement otavalo, consistant enmonticules pyramidaux <strong>des</strong>tinés aux chefs ethniques et aux cultes; comme par exemplele modelage quotidien d'un paysage agraire particulier).Les sources d'archives issues de la domination européenne permettent rarement depénétrer la pensée et les croyances autochtones, mais certains types de documentslaissent transparaître le discours indien et les mentalités populaires (testaments, exvoto)et sont utilisables pour relever les thèmes récurrents et les pratiques qui survivent<strong>16</strong>/<strong>12</strong>/<strong>2009</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!