EDITORIALUn quart de siècle de plus à vivre !En un siècle, de 1950 à 2050, notre espérance de vie se sera allongée de vingt-cinq ans. Un quart de sièclede plus à vivre ! Cette progression proprement phénoménale est due à des avancées scientifiques qui semultiplient depuis plus de vingt ans de façon exponentielle et s’attaquent à peu près à tous les phénomènesde dégradation pathologique de notre organisme ; et cela à tous les âges de la vie, aussi bien chez les trèsjeunes que chez les « anciens » que nous sommes.Dans la presse, certains « sujets de société » reviennent avec la régularité des marées. Au moment del’éclosion du printemps, à l’approche des beaux jours, celui de l’allongement de la vie humaine et des soinsdu corps et de l’esprit dont il convient de l’accompagner, est l’un des thèmes dont les magazines raffolent. Etc’est dans l’air du temps. Lisons donc avec attention et délectation ces « dossiers » qui nous parlent desprogrès accomplis dans le traitement des affections dont nous souffrons. Mais parlons-en ensuite à notremédecin ou à un spécialiste de la « prévention du vieillissement » pour connaître le mode d’emploi propre àchacun de nous. Rejetons par la même occasion la publicité envahissante - rédactionnelle ou non - qui nouspromet de perdre quinze kilos en trois semaines, de retrouver miraculeusement nos nuits de sommeild’antan ou de stopper net nos migraines tenaces, tout cela grâce au régime miraculeux ou aux pilulesmagiques du Dr Chose, disponibles à la boîte postale du coin ...Au début de cette année un hebdomadaire français d’information publiait précisément (en avance sur lasaison ?) un dossier qui, sous le titre « Rester jeune dans son corps et dans sa tête », contenait nombred’articles et d’interviews sur les promesses de la médecine, notre mode de vie, notre alimentation, etc. Fortbien faits et informés, ils étaient surtout précédés d’une courte présentation qui nous a frappés et que nousavons voulu partager avec vous. A elle seule, elle résume l’état d’esprit qui devrait être le nôtre pourtraverser sans trop de casse psychologique l’évolution physique de l’âge. L’auteur de l’article va jusqu’à direque « rester jeune, c’est un devoir civique ». Vous en jugerez vous-même, mais il nous a semblé que nousne pouvions vous priver de cette lecture ...Vous trouverez également dans ce Bulletin - publiée dans le même numéro de cet hebdomadaire dans lecadre de son enquête - une interview de notre collègue et amie Yolaine Nouguier, présidente del’Association des anciens fonctionnaires de l’Unesco - l’AAFU - notre « association-sœur » de Paris.Tonique !Ceci dit, rassurez-vous : un peu de rêve et quelques nouvelles encourageantes sur notre époque (il n’y en apas tellement …) ne conduit pas pour autant l’<strong>AAFI</strong>-<strong>AFICS</strong> à s’écarter de sa route sur laquelle la protectionde la santé tient toujours une place importante. Le rapport annuel du Comité, présenté à la récenteAssemblée générale vous a informé, entre autres, que nous gardions toujours en bonne place sur notretable de travail le difficile problème des « soins de longue durée », des questions relatives à la dépendance.Une petite équipe spécialisée, au sein de la Commission Santé du Comité, vient d’être mise en place. Nousvous rendrons compte de ses travaux plus tard dans l’année.Jean-Jacques Chevron3
Vingt ans de vie en plus sont une chance à saisirLe problème est simple. Grâce aux progrès de la médecine, nous allons vivre très longtemps. Jusqu’à 80-90ans disent les statistiques. Estimation faible puisque nous continuons à engranger un an de vie en plus tousles quatre ans. Imaginez : la France qui comptait 200 centenaires en 1950 en aura 750.000 en 2050. Cebébé tout neuf qui vous sourit : il verra l’an 2100 !Est-ce un cadeau ? Pas forcément. Cette longévité extraordinaire, jamais vue dans l’histoire de l’humanité,pose déjà de terribles problèmes. Or notre société, malgré de multiples avertissements, n’a pas su sepréparer à cet étonnant glissement des âges qui va allonger notre vie de vingt à trente années.Alors, que faire ? Nous adapter pour éviter de gâcher ce supplément de vie qui est accordé. Pour resterjeune dans son corps et dans sa tête. Jeune, c’est à dire actif, en bonne santé, curieux, inséré dans lasociété. Jeune ! C’est un devoir civique.Ce ne sera pas facile. Il faudra changer nos habitudes et nos mentalités, accepter d’autres règles de vie.Revoir la place et la pratique de la médecine dans notre société. Mais quel bénéfice ! Vingt ans d’amour, deplaisir, et d’activité. Vingt ans de découvertes, de passions, de lecture, de musique. Vingt ans de vie en plus.Utopie ? Non, nous y sommes déjà. Aujourd’hui 90% des Françaises et des Français disent profiterpleinement de la vie à un âge où leurs parents étaient morts et enterrés. A 77 ans, Jeanne Moreau émeuttoujours ; à 92 ans, l’égyptologue Christine Desroches-Noblecourt publie encore des livres. Ce n’est pas lavieillesse qui recule, c’est la jeunesse qui avance. Ces vingt ans de vie en plus sont une chance à saisir.Mais une chance qui se mérite. La bonne santé se prépare très tôt et s’entretient sans cesse, vous diront leshommes de l’art. Pour repérer les pièges du vieillissement et connaître les recettes de la bonne forme, nousavons interrogé les plus hautes autorités scientifiques. Ils font pour nous le point des avancées de lascience. Nous passons aussi au crible les nouvelles manières de rester vif et vive, beau et belle, parce queles plaisirs du corps et de l’esprit sont le meilleur moyen d’augmenter notre espérance de vie.Colette disait : « L’ennui quand on vieillit, c’est qu’on reste jeune ! » Faut-il craindre que dans un avenirlointain, rester jeune trop longtemps ne devienne ennuyeux ? Pas si nous savons donner un sens à cenouvel âge qui s’offre et gagner le pari de la longévité.Josette Alia © <strong>2006</strong>avec l’accord gracieux duNouvel ObservateurQu’en pense Yolaine Nouguier,présidente de l’Association des anciens fonctionnaires de l’Unesco ?Look sportif, allure tonique, Yolaine Nouguier a quitté son poste de cadre à l’Unesco il y a plus de … vingtcinq ans mais elle porte toujours son badge autour du cou ! Nostalgie ? Pas du tout. Yolaine est seulementhyperactive. Retraité super-occupé … voilà une case que devraient inventer les statisticiens pour elle et sessemblables. Yolaine est depuis deux ans présidente de l’association des retraités de l’Unesco. Rien à voiravec un titre honorifique. A raison de trois permanences par semaine, elle aide et assiste ses ancienscollègues installés en France ou à l’étranger dans leurs démarches post-professionnelles. « C’est trèsintéressant, mais très prenant. Et puis j’ai dû me mettre à l’informatique » raconte-t-elle.Installée dans un village de l’Essonne, à 75 km de Paris, elle se dit « un peu fatiguée » par les trajets. Celane l’empêche pas de participer un soir par semaine à un atelier théâtre avec des collègues. Tous retraités ?« Heureusement non, car pour jouer les jeunes premiers, ça poserait un problème ! » L’an dernier la troupea monté « Le Silence » de Nathalie Sarraute. Autres activités hebdomadaires : l’aquagym, qu’elle pratiquedepuis huit ans, et les mots croisés. « Je mets parfois une semaine à faire ceux de Jacques Drillon, de« l’Obs », mais j’y arrive ! » Et tous les jours télévision, lecture de journaux et de livres (« J’adore tout ce quitouche à l’histoire, surtout l’Egypte ancienne »), jardinage, câlins à ses trois chats, sans oublier lesdéjeuners avec ses amis (« Je suis déchirée entre mon village et Paris : mes amis du coin se plaignent de4