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Revue Technica, année 1930, numéro 261 - Histoire de l'École ...

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Ecole Centrale <strong>de</strong> LyonBibliothèque Michel SerresAssociation <strong>de</strong>s Centraliens <strong>de</strong> LyonN° <strong>261</strong> — 26 — Décembre <strong>1930</strong>à peu près le seul à abor<strong>de</strong>r, ce que j'appellerai le théâtre technique, celuiqui peint <strong>de</strong>s milieux professionnels avec leurs coutumes, leurs défauts,leur gran<strong>de</strong>ur et leur servitu<strong>de</strong>, et je suis convaincu que si je n'avais paspassé par Centrale, je n'aurais pas pu fournir cette sorte <strong>de</strong> carrière littéraire.Ma formation <strong>de</strong> Centrale m'a également servi dans d'autres circonstances.C'était pendant la guerre, au moment <strong>de</strong>s emprunts <strong>de</strong> la DéfenseNationale. Il s'agissait alors <strong>de</strong>^ faire <strong>de</strong>s opérations, assez compliquéescomme arithmétique, <strong>de</strong>s liquidations <strong>de</strong> titres, <strong>de</strong> multiples catégoriesadmis en souscription. Il fallait faire faire ces opérations par un personnel<strong>de</strong> fortune, par <strong>de</strong>s couturières, <strong>de</strong>s modistes, <strong>de</strong>s ven<strong>de</strong>uses <strong>de</strong> magasin,<strong>de</strong>s retraités. Il fallait leur littéralement mâcher la besogne. J'y parvinsen imaginant <strong>de</strong>s barèmes pratiques qui donnèrent <strong>de</strong> bons résultats.Mais c'est surtout plus tard, lorsqu'il me fut donné d'être mêlé plus étroitementà tous les grands problèmes <strong>de</strong> finances internationales nés <strong>de</strong> laguerre, ces problèmes si nouveaux, si complexes, qu'il eût fallu donnercomplètement sa vie pour les comprendre — c'est à cette époque surtoutque je me félicitai d'avoir reçu cette formation si précieuse d'Ingénieur,même <strong>de</strong> secon<strong>de</strong> zone !Mais, Messieurs, j'ai peut-être tort <strong>de</strong> parler du Ministère <strong>de</strong>s Finances,puisque c'est en ma qualité d'auteur dramatique que je suis un <strong>de</strong>s hôtesd'honneur <strong>de</strong> votre Banquet. Je voudrais simplement vous dire une foisencore combien je suis heureux que, en qualité d'écrivain, je reçoive <strong>de</strong>camara<strong>de</strong>s complètement adonnés à la science, un témoignage d'estimecomme celui que vous venez <strong>de</strong> m'attribuer aujourd'hui. J'entendaistout à l'heure un <strong>de</strong>s orateurs qui m'ont précédé parler avec beaucoup<strong>de</strong> hauteur <strong>de</strong> pensée <strong>de</strong> ce qu'on attendait <strong>de</strong> vous. Il vous disait que votrerôle sera peut-être <strong>de</strong>main <strong>de</strong> première importance dans une chose quenous ne voulons pas entrevoir, mais à laquelle il faut tout <strong>de</strong> même penser ;il faisait allusion à la guerre. Je l'ai écouté avec beaucoup d'émotion etun certain frémissement. Mes amis, je crois comme lui que si cette chosese produisait, votre rôle serait <strong>de</strong> première importance. Mais j'estime quece n'est pas à votre rôle dans une pareille catastrophe qu'il faut penser,c'est à votre rôle dans la paix, plus certain, heureusement, et ce rôle dansla paix est magnifique entre tous ; car, ainsi que le disait encore DONNAYdans son beau libre sur l'Ecole Centrale <strong>de</strong> Paris, l'ingénieur se trouve,à l'heure actuelle, à toutes les heures <strong>de</strong> la vie du commun <strong>de</strong>s hommes.Il est leur gui<strong>de</strong>, il est celui qui leur rend l'existence facile, celui qui lesperfectionne, celui qui les amène vers plus <strong>de</strong> bien-être, au moins matériel.J'avais l'occasion d'abor<strong>de</strong>r ce sujet <strong>de</strong> conversation au cours <strong>de</strong>notre récent déjeuner à Paris avec un <strong>de</strong> ceux qui ont laissé <strong>de</strong>rrière euxle souvenir le plus brillant d'une réputation absolument méritée et quifait certainement le plus grand honneur à Centrale Lyonnaise. Je veuxparler <strong>de</strong> BETHENOD. BETHENOD qui, ainsi que vous le savez, a tenté lesrecherches les plus éminentes dans le domaine <strong>de</strong> l'électricité et s'est acquisle renom d'un savant <strong>de</strong> premier ordre. Il me disait : « Ecoutez, CLERC,j'ai l'impression que toute notre science est un effort qui ne vaut peutêtrepas toute la substance grise qu'on lui consacre, et il m'arrive quelquefois<strong>de</strong> regretter l'époque <strong>de</strong> 1830 où l'on n'avait pas cette vie matérielle,mais davantage la vie intérieure et la vie intellectuelle. »Ce mot, dans la bouche d'un philosophe, d'un artiste, eût été assez naturel,mais <strong>de</strong> la part d'un homme ayant participé à l'avancement <strong>de</strong>s sciencescomme l'a fait BETHENOD, cela prenait une signification assez pathétique.Je lui "répondis : « Votre rôle, dans la vie mo<strong>de</strong>rne, vous a fait monter,vous autres hommes <strong>de</strong> science, à la tête <strong>de</strong> la hiérarchie sociale. "Vousavez un effort considérable encore à accomplir pour élargir vos connaissances,le bien-être universel, et donner, ainsi, accession à la vie intellectuelle,à bien <strong>de</strong>s hommes qui, sans vous, vivraient d'une vie animale. »http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net

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