Revue Technica, année 1930, numéro 261 - Histoire de l'École ...

Ecole Centrale de LyonBibliothèque Michel SerresAssociation des Centraliens de LyonN° 261 — 27 — Décembre 1930Lorsque M. LEMAIRE nous parlait de la nécessité pour les scientifiques dela culture littéraire, il était parfaitement d'accord avec BETHENOD et certainementavec beaucoup de ceux qui l'écoutaient.Celui qui vous parle aujourd'hui est un homme dont la carrière a étéondoyante et diverse. Elle peut montrer qu'une assez forte dose d'incohérencepeut aboutir à une certaine réussite, ce qui de nature évidemmentà être désagréable aux moralistes sévères. Tout de même, cette carrièreprouve que, dans l'existence, aucun effort, de quelque ordre qu'il soit,n'est inutile et que toute culture acquise à un moment quelconque, mêmelorsqu'elle paraît le plus superflue, est parfois salvatrice et devient l'élémentprincipal de la réussite.Messieurs, on a bien voulu rappeler ici également que j'ai l'honneur d'administrerune ville. Là il m'a fallu faire des incursions dans un domaine toutà fait nouveau, car la gestion d'une station thermale comme Aix-les-Bainsest moins l'administration d'une commune que la direction commercialed'une grande firme. J'y étais assez peu disposé, et si dans cette circonstanceje n'avais pas fait appel au fonds de connaissances acquises parmi vousj'aurais été embarrassé de mille questions d'urbanisme, d'électricité'd'hygiène et de tant de travaux de toute espèce nécessaires dans une cité,surtout une cité thermale, une cité de tourisme qui doit être toujours aupremier rang du progrès et supporter la comparaison avec tant de rivalesétrangères. Pour cela encore, l'Ecole Centrale a acquis un titre à ma reconnaissance.Aussi, pour ces diverses raisons, ai-je accepté très volontiers de faireavec beaucoup moins d'éclat et de mérite, pour l'Ecole Centrale Lyonnaise,ce que mon illustre confrère DONNAY a fait pour l'Ecole Centrale de Paris,c'est-à-dire d'être en quelque sorte l'historiographe de votre Ecole. Unouvrage paraîtra dans quelque temps sur l'Ecole Centrale Lyonnaise.Il sera signé de votre serviteur. Je tâcherai d'y mettre le plus de pittoresque,le plus d'émotion possible, et le moins de technicité. Ce n'est pasun ouvrage technique, je vous ai déjà dit que je serais incapable de merisquer sur ce terrain. Et ce n'est pas ce que vous attendez de moi ! J'apporterai,en tout cas à cet ouvrage, toute ma bonne volonté pour rendre hommageà mes anciens camarades, à mes anciens maîtres, M. RIGOLLOT, iciprésent, M. VESSIOT, devenu depuis directeur de l'Ecole Normale Supérieure,M. BARBIER, mort récemment, M. GRIALOU, eL quelques autres dontmes camarades de promotion ont gardé le souvenir.Messieurs, nos jeunes camarades, vous ne comprenez pas les sentimentsavec lesquels les hommes de ma génération assistent à des réunions commecelle d'aujourd'hui. Vous le comprendrez plus tard, parce qu'alors, vousaurez derrière vous un passé où toutes les choses prendront leur significationentière et leurs proportions exactes, et vous vous direz ceci :Etre ancien élève d'un Lycée, c'est très bien. On conserve du Lycéedes souvenirs nombreux, des souvenirs émus, mais le Lycée ne voit quel'éclosion de l'adolescent, tandis que, dans une Ecole comme l'Ecole Centrale,on passe les années capitales de la vie, celles où l'adolescent devientun homme. Et ce souvenir, lorsqu'on le voit dans un passé déjà lointain,c'est quelque chose de profondément émouvant.Mes amis, je vous remercie encore de tout ce que vous avez bien voulutémoigner d'amabilité et d'estime à mon égard dans le passé et aujourd'hui.Je bois à votre santé, à votre prospérité, à la grandeur de notre Ecole, del'Association et à votre longévité.De nombreux applaudissements saluèrent cette péroraison et lescamarades se dispersèrent dans les divers salons pour former des groupeset se préparer à se rendre à l'Ecole Centrale Lyonnaise pour la visite desnouveaux laboratoires.http://histoire.ec-lyon.frhttp://bibli.ec-lyon.frhttp://www.centraliens-lyon.net