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Avant-propos - Ined

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GENRE POPULATION PARITÉcontrecarrer, tant elles leur semblent être dans l’“ ordre des choses ”. Plusieursinterprétations de la permanence problématique de cet ordre des choses peuvent êtredonnées. Il y a d’abord le fait que l’institution de la mixité à l’école n’entraîne pas uneégalisation miraculeuse des rôles <strong>propos</strong>és aux filles et aux garçons. Les enseignants, mêmes’il s’agit de plus en plus souvent de femmes, continuent à avoir des pratiques différenciéesselon le sexe des élèves; les garçons, de qui on attend plus, sont par exemple toujours plusstimulés. L’organisation des disciplines scolaires se présente comme un système hiérarchiséet sexué, avec des matières masculines dominantes, sélectives, peu accueillantes aux femmes.Une autre interprétation se réfère aux préférences des filles elles-mêmes, qui auraient desanticipations rationnelles et feraient au fond un choix assez réaliste en se tenant à l’écart desfilières les plus compétitives ou tout simplement les plus masculines, qui correspondent auxsecteurs où elles savent avoir le moins de chances de s’insérer professionnellement ethumainement de façon satisfaisante. Ce choix négatif est parfois ainsi un choix positif, dansla mesure où il permet aux filles de maintenir une plus grande diversité d’intérêts etd’investissements. Il reste qu’il introduit une limitation des choix, qui se présente souventmais pas toujours comme une auto-limitation: ainsi, en cas d’orientation vers le secteurtechnique, les filles se retrouvent systématiquement dans les filières tertiaires, sans avoirgénéralement eu leur mot à dire, mais souvent sans révolte.Cette segmentation horizontale se prolonge et s’amplifie dans le monde du travail. Ellese marque d’abord, comme l’indique Margaret Maruani, à la concentration des femmes dansun nombre très restreint de catégories socio-professionnelles, qui a même augmenté dans lapériode récente : les six catégories les plus féminisées rassemblent 61% des femmes en 1999,contre 53% il y a une quinzaine d’années. L’ouverture de certaines professions prestigieuses apour contrepartie au bas de l’échelle sociale l’entrée massive de femmes dans des emploisnon qualifiés du tertiaire. Il faut rappeler ici que la qualification n’est évidemment ni unattribut des personnes, ni une caractéristique intrinsèque des emplois, mais l’expression d’unrapport social entre employeurs et salariés, négocié ou imposé. La non-reconnaissance desqualifications scolaires acquises touche beaucoup plus fréquemment les femmes, ce quiaboutit au paradoxe d’une faible qualification professionnelle féminine, associée à unecertification scolaire forte et en croissance. A la non-qualification, sont fréquemmentassociées des conditions de travail particulières, temps partiel contraint et horaires de travailatypiques, qui rendent difficiles l’organisation de la vie quotidienne.- 21 -

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