dossierbanquesEntretienLe plan de relanceeuropéen, un coup de poker ?© Reporters/Fred GuerdinLa construction est un des secteursvisés par les plans de relanceZéro euro en Italie, près de 160 milliards en Allemagne… La réponse des gouvernementseuropéens à la crise varie considérablement selon les options politiques retenues, mais aussi lanature des problèmes rencontrés par chaque Etat membre.48n° 4 - <strong>Avril</strong> 20<strong>09</strong> - EntreprendreIl est ainsi frappant de constaterque l’Espagne, confrontée àune crise aiguë de son secteurimmobilier et de la construction, adécidé de consacrer par moins de 6%de son produit intérieur brut (PIB),soit 66,6 milliards d’euros, à des créditsd’investissement ou des mesuresfiscales pour relancer son économie.L’autre locomotive européenne, c’estassurément l’Allemagne, avec un effortglobal équivalent à 6,3% de sonPIB, selon les chiffres compilés parle think tank Bruegel (www.bruegel.org). A en croire ce classement, lesefforts des autres gouvernementssont moins spectaculaires. Le plan derelance de la France ne dépasse pas3,3% de son PIB, celui de l’Autriche2,2% et celui de l’Italie… 0%. Commela Suède, le Danemark ou encore l’Irlande,ce pays n’a pas du tout soutenuson économie (hors aides spécifiquesaux banques). Quant à la Belgique, leséconomistes de Bruegel y comptabilisent3,3 milliards d’euros (hors interventiondans les banques encore unefois), soit 0,9% du PIB, ce qui est unpeu plus qu’aux Pays-Bas (0,6%).Des effets variables sur lacroissanceLes effets attendus de ces dépenses surl’économie ? Les grands moyens déployéspar l’Allemagne – pour laquellele FMI prévoit une sévère récessionde 2,5% cette année – devraient doperson activité économique de 1,4%.Mais les efforts de l’Espagne, pourtantpresqu’aussi soutenus, ne se traduirontque par un stimulus de 1,1%, selonl’étude de Bruegel, alors que l’Autrichepeut dans le même temps espérerun surplus de 1,3%. Même étonnantedisparité dans le Benelux, où tant laBelgique que les Pays-Bas devraientbénéficier d’un bonus d’un peu moinsde 0,4% sur leur activité économique.L’étude distingue en effet l’impactdes investissements de celui des simplesréductions fiscales, le premierétant moins important que le second.Pour la Belgique, les dépenses fiscalesadditionnelles sont estimées à 1,4milliard d’euros (essentiellement letaux de TVA réduit dans le secteur dela construction), soit 0,35% du PIB, etles autres dépenses à 2,13 milliardsd’euros, soit 0,6% du PIB.… et sur les déficits publicsSi l’effet des dépenses sur la croissanceest incertain, il l’est beaucoup moinssur les déficits publics. En 20<strong>09</strong>, pasmoins de 7 pays européens sont déjàassurés de dépasser la barre fatidiquedes 3% de leur PIB, le plus importantsdes critères de Maastricht. L’Irlande,confrontée à une crise sans précédentde son secteur bancaire, de même quele Royaume-Uni, caracolent en tête dece triste classement, avec des déficitsde plus de 7% attendus cette année.Devraient suivre la France (près de5%), l’Espagne (4,75%) et l’Italie (3,5%).Alors que les Pays-Bas devraient limiterleur déficit à 0,5%, le poids de ladette publique historique de la Belgiquesera, lui, plus lourd à porter, avecun déficit prévu de près de 2,3% cetteannée.Un plan de 200 milliards, maisdisparateFin novembre, la Commission européennea proposé un vaste plan derelance de 200 milliards d’euros. Maiselle a laissé aux Etats membres le soinde répartir leurs efforts financiers, nonseulement sur le plan géographique,mais aussi dans le temps. Au total, les27 ont prévu de dépenser d’ici la fin del’année quelque 84 milliards d’eurosen incitants fiscaux (0,57% du PIB),bien en-dessous de l’objectif de 1,2%fixé par la Commission européenne.S’ils y ont ajouté 155 milliards en investissementsdivers (1,18% du PIB),l’ensemble de ces mesures ne devraittoutefois probablement pas produireles effets escomptés, selon les conclusionsde Bruegel.D’après la Commission européenne, lazone euro connaîtra un recul de 1,9%de son PIB en 20<strong>09</strong>, soit la premièrecontraction de son économie depuisla création de la monnaie unique, en1999. Des estimations pessimistes parrapport à celles du Fonds monétaireinternational et de la Banque centraleeuropéenne, qui tablent sur un recullimité à 0,5%. L’exécutif européen espèretoutefois une inversion de la tendancedès le second semestre – grâceau relâchement monétaire et aux mesuresde relance - qui permettrait dedégager une légère croissance de 0,4%en 2010.Les mesures de relance des Etat membressont donc capitales pour enrayerla menace qui guette leur économie :selon les pronostics de la Commission,le taux de chômage passera de 7,5% en2008 à 10,2% en 2010, avec une véritablehécatombe en Espagne, où on peuts’attendre à un taux de chômage de19%. Les déficits publics ne seront pasen reste : 4% du PIB en 20<strong>09</strong> et 4,4% en2010 contre 1,7% encore en 2008. Lesplus grosses difficultés sont attenduesen Irlande, qui devra faire face à undéficit de 13%. Seule consolation, l’inflationdevrait tomber à 1% en 20<strong>09</strong>,pour repartir à la hausse en 2010, à1,8%. ●Jean-Yves Klein
focus ictPortrait MicrosoftBienvenue dans un mondedu travail innovant !Logée depuis quelques mois dans un bureau hyper moderne adjacent au ring de Bruxelleset à Brussels Airport, Microsoft Belgique se présente comme l’initiatrice d’un « nouveaumonde du travail ». « Où plus personne ne doit passer huit heures par jour au bureau »,dixit Phillip Vandervoort, CEO de Microsoft. Microsoft a d’ailleurs gagné le prix du meilleuremployeur pour l’année 2008.Quels effets a eu ce récentdéménagement sur votremanière de fonctionner chezMicrosoft Belgique?PhilLip Vandervoort : Nous utilisionsdéjà la technologie de NewWorld of Work depuis quelques annéesmais l’installation dans nosnouveaux bureaux a provoqué unchangement radical dans le chef desemployés. Désormais, nous fonctionnonsentièrement sur le mode d’unnouvel environnement de travail.En quoi consiste ce mode defonctionnement ?PV : Plus personne dans la société nepossède de bureau propre ni de téléphonefixe. Nous travaillons toussur notre ordinateur portable, où quece soit et quand nous le souhaitons.Nous partageons des données centralesentreposées dans le système etnous disposons, en permanence, dela possibilité d’entrer en contact l’unavec l’autre par voie électronique. Lesappels, en effet, s’effectuent de PC àPC, avec la possibilité pour chacunde transférer les communications,vocales ou écrites, vers le téléphoneportable. Les nouvelles installationsde Microsoft à Zaventem comportentdes salons, des endroits de détente,des postes de travail communs et dessalles de réunion super équipées permettantdes réunions virtuelles dehaute qualité. Une équipe se trouveà la réception pour les visiteurs, maisla présence des autres employés tientà leur propre volonté. Ils peuvent travaillerde chez eux, de leur voiture, dechez le client ou de tout autre endroitde leur choix. L’état de disponibilitéde tous les membres de l’équipe setrouve affiché clairement sur la listedes travailleurs à laquelle tous lescollègues ont accès.Quels bénéfices retirel’entreprise de cette nouvellemanière de travailler ?PV : Nous avons réalisé une économiede 270.000 euros en trois mois,en frais de voyage et de téléphone.Il ne s’agit cependant là que d’uneconséquence, la réduction des coûtsn’était pas l’intention première. Nousvoulions avant tout nous positionnercomme employeur susceptible d’attirerles meilleurs cerveaux disponiblessur le marché pour pouvoir jouerun rôle important dans l’économieactuelle, en profonde mutation.Pouvez-vous expliquer ceraisonnement ?PV : Tout remonte à l’année 1984.Au-delà de la vision de monde hautementsurveillé de Georges Orwell,auquel nous arrivons – regardez, parexemple, la capacité de Google desavoir à tout moment où vous voustrouvez et ce que vous faites -, c’estl’année où l’ordinateur est devenu unproduit de grande consommation etoù plusieurs outils, tels que l’interfacegraphique, ont été conçus. Toutle monde a soudain eu accès à unequantité énorme d’informations endes temps très courts. L’aspect le plusimportant de cette page d’histoire, ànotre sens actuellement, est que lesgens nés après 1984 n’ont jamais vécusans ordinateur. Il suffit de comparerla manière dont nos adolescents fontleurs travaux scolaires à la nôtre.Alors que nous travaillions seuls dansnotre coin, avec l’éventuelle possibilitéd’appeler un copain s’il se trouvaitchez lui à ce moment-là, nos enfantstravaillent face à leur PC, grâce auquelils sont en contact avec une dizainede copains. Ils s’échangent lesquestions et les réponses,s’envoient leurs croquisen instantanéspar GSM oucourriel, ets’ils doive n tvrai-49n° 4 - <strong>Avril</strong> 20<strong>09</strong> - EntreprendrePhillip Vandervoort, CEO de Microsoft