Le mois de Lasserpe3questions à...Raoul Jacquin-Porretaz de l’association KokopelliPar quels procédés les sem<strong>en</strong>ciers, <strong>en</strong> brevetant, r<strong>en</strong>d<strong>en</strong>t“illégales” et “dangereuses” les sem<strong>en</strong>ces anci<strong>en</strong>nes ?Les sem<strong>en</strong>ces de nos maraîchers et de nos paysans doiv<strong>en</strong>t êtreinscrites ! Hors la loi, les sem<strong>en</strong>ces sans papiers, reconduitesaux frontières des zones cultivées. Le catalogue off<strong>ici</strong>el desespèces et variétés sert de juge de paix : pas d’inscription, pasde culture. Le catalogue est cogéré par le GNIS* et le ministèrede l’agriculture pour leurs petits copains de l’industrie chimico-agricolo-alim<strong>en</strong>taire.Les inscriptions au catalogue off<strong>ici</strong>el sont réservées aux variétéshybrides, clonées, transgéniques, du fait des conditions àrespecter : la DHS (distinction, homogénéité, stabilité) ne peutêtre respectée par les variétés anci<strong>en</strong>nes. Elles peuv<strong>en</strong>t être distinctesles unes des autres, c’est même ce qui les caractérise,tout <strong>en</strong> <strong>en</strong>richissant la biodiversité. Elles ne peuv<strong>en</strong>t êtrehomogènes et stables : si tel était le cas, que la stabilité soit uncritère de sélection, nous serions <strong>en</strong>core à la préhistoire del’alim<strong>en</strong>tation, puisque toute mutation, toute évolution seraitsoigneusem<strong>en</strong>t écartée. Le catalogue a pour seule vocationd’inféoder les jardiniers et paysans à la réacquisition annuelleet systématique de leurs sem<strong>en</strong>ces.Les sem<strong>en</strong>ces reproductibles, de population, anci<strong>en</strong>nes, cellesqui coévolu<strong>en</strong>t <strong>en</strong>tre les besoins de l’homme, du sol et du climat,depuis des millénaires sont dev<strong>en</strong>ues persona non grata del’agronomie off<strong>ici</strong>elle. La cause : elles se multipli<strong>en</strong>t dans lechamp du paysan ou le jardin du maraîcher sans royaltiespossibles pour l’agrobusiness. Qui plus est, elles évolu<strong>en</strong>t et<strong>en</strong>richiss<strong>en</strong>t leur patrimoine génétique au fil des ans et desperturbations climatiques que nous connaissons actuellem<strong>en</strong>t.De plus, sélectionnées pour leur rust<strong>ici</strong>té au cours des siècles,elles sont moins fragiles, plus savoureuses, mais moinstransportables et beaucoup moins dép<strong>en</strong>dantes de la chimieagricole (<strong>en</strong>grais minéraux de synthèse et pest<strong>ici</strong>des divers).Dans notre société marchande et castratrice, c’est intolérable.Les critères choisis par l’industrie sem<strong>en</strong>cière, avec labi<strong>en</strong>veillance de gouvernem<strong>en</strong>t, banniss<strong>en</strong>t donc les sem<strong>en</strong>cespatrimoniales de nos assiettes, <strong>en</strong> privant les professionnelset les consommateurs de leur accès.Nous n’avons plus le droit de choisir notre alim<strong>en</strong>tationsi nous sommes citadins ou privés de jardin. En respectantles lois actuelles, s’alim<strong>en</strong>ter correctem<strong>en</strong>t va doncdev<strong>en</strong>ir un privilège.Que devrait faire le gouvernem<strong>en</strong>t pour préserverles sem<strong>en</strong>ces non homologuées ?Le gouvernem<strong>en</strong>t se r<strong>en</strong>d complice de ces travers.En verbalisant l’association Kokopelli pour “commercialisationde variétés non inscrites” et <strong>en</strong> obt<strong>en</strong>ant sa condamnationà plus de 23 000 €, sans les frais. Nos “représ<strong>en</strong>tants”dilapid<strong>en</strong>t notre héritage commun tout <strong>en</strong> permettant auxindustriels de la sem<strong>en</strong>ce de privatiser le vivant.En effet, les industriels possèd<strong>en</strong>t pour certaines espèces(maïs) 100% de la génétique et près de 90 % des variétés decourgettes, deux exemples parmi de trop nombreux autres.Qui plus est, le gouvernem<strong>en</strong>t français ne respecte pasla législation europé<strong>en</strong>ne sur les sem<strong>en</strong>ces anci<strong>en</strong>nes.La directive 98/95 CE stipule que tout doit être fait poursauvegarder les variétés <strong>en</strong> risque d’érosion génétique : cettedirective n’a jamais été transcrite <strong>en</strong> droit français… et que2quoi de neuf?V<strong>en</strong>ez nous voirle 77 avril !Vous pouvez v<strong>en</strong>ir discuter avec nous lors desexpéditions de la revue. Cela se passe un jeudide 17 h à 20 h et c’est suivi par un repas pris<strong>en</strong>semble offert par Sil<strong>en</strong>ce. Et naturellem<strong>en</strong>t,vous repartez avec le nouveau numéro qui vousest offert. Prochaines expéditions : 17 avril,15 mai, 19 juin…Si vous êtes plus particulièrem<strong>en</strong>t intéressé-epar une rubrique de Sil<strong>en</strong>ce, vous pouvez vousproposer pour dev<strong>en</strong>ir “pilote de rubrique” <strong>en</strong>pr<strong>en</strong>ant contact avec le comité de rédaction deS!l<strong>en</strong>ce n°356 avril 2008la revue où nous décidons de l’ori<strong>en</strong>tation de larevue, des prochains dossiers, des articles quel’on passe, des réponses à apporter aux courriers…Les prochaines réunion de ce comité derédaction se ti<strong>en</strong>dront à 10 h les samedis26 avril (pour le numéro de juin), 31 mai (pourle numéro d’été), 21 juin (pour le numéro deseptembre)…Vous pouvez proposer des articles à ce comitéde rédaction jusqu’au mercredi qui le précède,avant 16 h.Vous pouvez proposer des informationsdestinées aux pages brèves jusqu’au mercrediqui le suit, avant 12 h.Les infos cont<strong>en</strong>ues dans ce numéroont été arrêtées le 5 mars 2008.*Groupem<strong>en</strong>t National Interprofessionnel des Sem<strong>en</strong>cesRestructuration<strong>en</strong> coursAprès avoir rénové la maquette p<strong>en</strong>dant ledernier semestre 2007, le début de l’année2008 a été consacré à réformer le fonctionnem<strong>en</strong>tde l’association pour disposer d’un comitéde rédaction plus stable, accompagné de“pilotes de rubriques”, des personnes qui sesont dites intéressées pour suivre plus particulièrem<strong>en</strong>tun thème de la revue. Ces personnescorrespond<strong>en</strong>t avec le comité de rédaction toutau long de l’année pour faire passer des informations,proposer des textes, part<strong>ici</strong>per à desdébats <strong>en</strong> vue des articles et des dossiers de larevue. Deux fois par an, elles se r<strong>en</strong>contr<strong>en</strong>tphysiquem<strong>en</strong>t pour un comité d’ori<strong>en</strong>tation aucours duquel elles débatt<strong>en</strong>t des évolutions dela revue. L’une de ces réunions se ti<strong>en</strong>t après