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Cancers familiaux et cancers héréditaires - Institut Jules Bordet ...

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INFORMATION SCIENTIFIQUEL’étude HERA: une expériencepassionnante <strong>et</strong> sans précédentdans l’histoire des essais adjuvantspour le cancer du seinMartine Piccart, Service de Médecine, <strong>Institut</strong> <strong>Jules</strong> Bord<strong>et</strong>martine.piccart@bord<strong>et</strong>.beMartine Piccart a créé le Breast International Group (BIG) qui, de ses bureaux localisés àl’institut <strong>Jules</strong> Bord<strong>et</strong> planifie, organise <strong>et</strong> gère de grandes études adjuvantes dans lecancer du sein. L’étude HERA montre qu’un traitement à base d’Herceptine® réduit de 8%le risque de voir se développer une récidive dans les deux ans. Avec près de 6000 patientesrecrutées dans le monde entier (sauf États-Unis), en trois ans, elle a développé unmodèle efficace pour tester l’activité des médicaments <strong>et</strong> perm<strong>et</strong>tre à ces patientesd’accéder rapidement à de nouveaux traitements.L’étude HERA, réalisée grâce à la participationde 478 centres répartis dans 39 pays (endehorsdes USA), se révèle d’application beaucoupplus large puisqu’elle autorisait touteune liste de régimes de chimiothérapie d’usagecourant dans les pays concernés. Elleest aussi la seule étude qui investigue untraitement de deux années d’Herceptine®:il faudra toutefois attendre deux à trois anspour connaître l’efficacité comparative dedeux versus une année de traitement.Pour les superstitieux, l’acronyme HERA(HERceptine® Adjuvant) ne pouvait queporter bonheur à la plus grande étude adjuvantecancer du sein jamais réalisée avecun agent “biologique” ciblé !Fille de Cronos <strong>et</strong> de Rhea, sœur <strong>et</strong> épouse deZeus, Hera est devenue par son mariage laplus grande déesse olympienne. Elle est laprotectrice des femmes, du mariage légitime<strong>et</strong> de la fécondité. Elle est représentéesous les traits d’une belle jeune femme auxtraits sévères, aux cheveux longs r<strong>et</strong>enus parun diadème, vêtue d’une tunique <strong>et</strong> enveloppéed’un long voile.Elle est devenue en 2005 un symbole d’espoirpour la communauté oncologique <strong>et</strong> plusparticulièrement pour les femmes atteintesd’un cancer du sein surexprimant HER-2/neu.Elle est devenue également l’emblème de laforce que représente la collaboration à traversle monde. En eff<strong>et</strong>, l’étude HERA est unmodèle d’accélération du développement demédicaments innovateurs qui sont susceptiblesd’améliorer sensiblement le pronosticde <strong>cancers</strong> biologiquement agressifs.Il faut espérer que les procédures bureaucratiquesd’enregistrement de la moléculepar la Food and Drug Administration (FDA)<strong>et</strong> l’European Agency for the Evaluation ofMedicinal Products (EMEA) <strong>et</strong> les instancesnationales seront, elles aussi, accélérées, perm<strong>et</strong>tantà toutes les femmes susceptiblesde bénéficier du traitement d’y accéder.Quelle est l’originalitéde l’étude HERA ?L’Herceptine® est remboursée en Belgiquedepuis 2002, mais uniquement dans le cadred’une récidive d’un cancer du sein HER-2 positif.Si elle montre dans ce contexte une activitédéjà remarquable,avec de longues rémissions<strong>et</strong> peu d’eff<strong>et</strong>s secondaires (on parled’une perfusion de 90 minutes toutes lestrois semaines sans nausées, sans perte decheveux <strong>et</strong> sans fatigue), elle n’offre à cestade de la maladie que des chances minimesde guérison.“L’étude HERA pose la questionde l’efficacité du médicamenten situation dite adjuvante”L’étude HERA pose la question de l’efficacitédu médicament à un stade beaucoup plusprécoce de la maladie – en situation dite adjuvante.Elle compare le traitement classique(chirurgie – chimiothérapie – radiothérapie <strong>et</strong>éventuelle hormonothérapie), sans Herceptine®au même traitement suivi d’une annéeou de deux années d’Herceptine® sous formede perfusions toutes les trois semaines.Elle complète de manière élégante trois étudesaméricaines au design quelque peu différent.Ces études ont choisi d’administrerl’Herceptine® plus précocement <strong>et</strong> en combinaisonavec des régimes de chimiothérapiepopulaires aux États-Unis.En quoi les résultats de l’étude HERAsont-ils impressionnants ?C’est la première fois,dans l’histoire des essaiscliniques adjuvants du cancer du sein, qu’unmédicament nouveau montre, au travers d<strong>et</strong>rois essais randomisés (HERA <strong>et</strong> deux destrois essais américains du tableau 1 présentéssimultanément, un impact profond <strong>et</strong> précocesur le cours naturel de la maladie : àsavoir une réduction de moitié des rechutestout venant <strong>et</strong> plus particulièrement uneréduction de moitié des rechutes à distancedu sein, réputées non guérissables(tableau 1).Une amélioration de survie est déjà déceléedans les deux études américaines quiont été “poolées” pour augmenter la puissancestatistique <strong>et</strong> qui ont un suivi médianplus long que l’étude HERA (deux ans aulieu d’une année).Dans un langage plus accessible à nospatientes, on peut dire que le traitement àbase d’Herceptine® augmente de 8% leschances de ne pas avoir de rechute à deuxans de la maladie (étude HERA), ce chiffreétant de 17% à 4 ans dans les études américainesun peu plus “matures”.Le prix à payer pour ce progrès thérapeutiquemarquant est un risque d’insuffisancecardiaque sévère, chiffré aux alentours de0.5% dans l’étude HERA <strong>et</strong> 3.3 à 4% dans lesétudes américaines.Le rapport bénéfice/risque est favorable auvu du risque vital que représente une rechute“à distance” du sein <strong>et</strong> il faut espérer qu’ilne s’altèrera guère avec un plus long suivi.L’émotion, en tout cas, était à son comble14 JOURNAL DU RÉSEAU CANCER DE L’UNIVERSITÉ LIBRE DE BRUXELLES N°3 – SEPTEMBRE 2005ABORDET-IRIS — ERASME — WLLONIE — RESEAU CANCER

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