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Echo de la Réhab - N°14 - Décembre 2014

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L'expérience en psychiatrie peut être un lieu <strong>de</strong> passage qui permette <strong>de</strong> redémarrer dans <strong>la</strong> vie et qui<br />

évite les trois quarts du temps <strong>de</strong> se retrouver SDF.<br />

Il faut savoir que <strong>la</strong> rue n’est pas une solution car c’est un engrenage vers <strong>la</strong> déchéance physique puis<br />

psychique. C’est une situation dans <strong>la</strong>quelle on risque <strong>de</strong> se retrouver <strong>de</strong> plus en plus souvent dans les<br />

années à venir…<br />

La vie dans <strong>la</strong> rue implique d’être dans une gran<strong>de</strong> solitu<strong>de</strong> surtout si vous êtes une femme. La femme<br />

est plus vulnérable, mais il faut savoir que certains hommes aussi.<br />

Naturellement, il y a <strong>de</strong> <strong>la</strong> prostitution : c’est <strong>de</strong> l’argent vite gagné et vite dépensé (alcool, drogue…) Il<br />

peut vous arriver <strong>de</strong> donner un sandwich à un SDF qui le refuse et préfère se réfugier<br />

dans l’alcool.<br />

Marie­Agnès C., Patrick A. et Sébastien G.<br />

Chacun d'entre nous, souligne J. Furtos (Furtos, 2001), vit dans un mon<strong>de</strong> connu, pas toujours facile, mais<br />

un univers que nous avons intégré, prévisible.<br />

La souffrance n'est pas absente <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>, du fait que ce mon<strong>de</strong> n'est pas stable et du fait que pour<br />

exister nous dépendons <strong>de</strong> <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong> l'autre. Les bouleversements du mon<strong>de</strong> nous affectent.<br />

Mais nous arrivons à surmonter cette souffrance ; nous pouvons nous réadapter et nous reconstruire parce<br />

que le mon<strong>de</strong> fait sens et, surtout, parce qu'il est partagé avec les autres, nos familiers.<br />

Suite à <strong>de</strong>s événements catastrophiques, il arrive que le mon<strong>de</strong> donné soit complètement bouleversé et<br />

<strong>de</strong>vienne chaotique et désintégré. Lorsque nous n'avons plus <strong>la</strong> reconnaissance <strong>de</strong>s autres <strong>de</strong> ce mon<strong>de</strong>,<br />

nous en sommes exclus.(...)<br />

Pour Furtos, « <strong>la</strong> précarité psychique correspond à <strong>la</strong> vulnérabilité psychique <strong>de</strong>vant le vacillement du<br />

mon<strong>de</strong> et les difficultés <strong>de</strong> reconnaissance <strong>de</strong> soi comme digne d'existence dans un groupe humain<br />

donné » (Furtos 2001 : 3)(...)<br />

Lorsque le mon<strong>de</strong> inconnu, désintégré l'emporte sur le mon<strong>de</strong> connu, il y a précarité sociale, à ne pas<br />

confondre donc avec pauvreté, même si <strong>la</strong> pauvreté comporte bien sûr un grand risque <strong>de</strong> précarité. (...)Et<br />

on peut être pauvre sans être en rupture <strong>de</strong> lien social.<br />

La précarité se définit par <strong>la</strong> perte <strong>de</strong>s « objets sociaux ». Un objet social, c'est le travail, l'argent, le<br />

logement, <strong>la</strong> formation, les diplômes. On en a ou on n'en a pas. Les objets sociaux donnent aux personnes<br />

les sécurités <strong>de</strong> base. Un objet social, c'est ce qui fait lien dans <strong>la</strong> société : il donne un statut, une<br />

reconnaissance d'existence, une valeur, il permet d'être en re<strong>la</strong>tion. La perte <strong>de</strong>s objets sociaux c'est <strong>la</strong><br />

perte <strong>de</strong> <strong>la</strong> p<strong>la</strong>ce que chacun a dans sa famille, dans le groupe, dans <strong>la</strong> société.(...)<br />

Dans le mon<strong>de</strong> occi<strong>de</strong>ntal contemporain, ce qui fait problème pour les individus appartenant pourtant à <strong>la</strong><br />

même société est <strong>de</strong> savoir ce qui fait société, c'est-à-dire ce qu'ils partagent comme valeurs et intérêts<br />

communs.<br />

L'individu, plus que <strong>la</strong> collectivité, est <strong>de</strong>venu responsable <strong>de</strong> <strong>la</strong> gestion <strong>de</strong> son malheur comme <strong>de</strong> son<br />

bonheur. La cohésion sociale fait problème.<br />

Apporter une assistance sociale à <strong>de</strong>s individualités séparées n'a pas <strong>de</strong> sens si les individus n'ont pas,<br />

d'abord, le sentiment d'appartenir à <strong>la</strong> même société. Il faut donc « reconstruire du lien social », <strong>de</strong> <strong>la</strong><br />

solidarité plutôt que <strong>de</strong> <strong>la</strong> sollicitu<strong>de</strong>.<br />

In «Souffrance psychique et souffrance sociale» Paul Jacques . 2004.<br />

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