Echo de la Réhab - N°14 - Décembre 2014

TÉMOIGNAGES
Sans doute que c'était prévu depuis longtemps, sans aucun doute que c'était écrit sur la sombre page d'un
cahier d'écolier du jeune Destin.
Toujours est­il que la journée avait parfaitement commencée, pas trop le temps de souffler, peu de temps
mort.
Les amis qui s'attardent, bières et vins qui coulent en un flot mesuré, une cigarette partagée à l'occasion
d'une agréable conversation.
Rien qui ne laisse envisager l'issue.
Une de ces journées ordinaires mais dont on se souviendra de la douceur, comme d'absorber un gâteau
arabe au miel, trop rarement, finalement.
Et c'est lentement que les nuages ont fait leur apparition, le ciel qui s'obscurcit et pèse sur les âmes au
dehors, la pluie qui n'a su tarder.
Un coup de fil tortueux, la fureur qui monte, l'échafaudage cérébral qui s'effondre, une clope mal
supportée, qui nous fait vomir le trop­plein de salade avariée, et la rancœur accumulée et la haine de soi
et du monde accablant qui nous entoure.
Derrière chaque cigarette, chaque médicament, chaque verre, chaque bouchée se profilent l'AVC, l'attaque
cardiaque, la mort n'est plus si loin, inéluctable.
J'aurais dû étrangler Destin dès ce matin au réveil...
Pil
mardi 28 octobre 2014,
La vie est une fleur éclose. Sur mon matin de joie, le ciel s’ouvre sur
mon existence, d’une couleur verte, couleur d’espérance.
Je me satisfais par sa lumière et sa miséricorde est grande. Je me
sacralise à travers Dieu. Le rite de purification m’élève.
Quand je prie, mon enthousiasme déborde. Je voudrais tant
comprendre où ma vie s’est enfuie.
Aujourd'hui, 49 ans. Quel est le bilan ?
Je me suis structurée au fil des années à travers l’écriture.
Heureusement que j’avais l’écriture pour exorciser l’angoisse. Mes
souffrances ont été monstrueuses.
J’ai réussi, il y a 20 ans à ne plus m’angoisser pour rien. Maintenant
l’atelier journal est une bonne activité de loisirs
J’aime aussi la solitude, je me complais chez moi avec ma chatte
Milady.
Je devrais lire. Ça occuperait mes journées. Il faut absolument que je
me sorte de cette paresse
J’aime écouter la radio.
J’aime ma solitude, j’aime Milady,
J’aime mon chez moi, j’aime la vie.
Louisette B.