Echo de la Réhab - N°14 - Décembre 2014
You also want an ePaper? Increase the reach of your titles
YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.
ON A AIMÉ...OU PAS<br />
Rencontre avec<br />
Julien Delmaire,<br />
poète et écrivain<br />
Julien Delmaire : Pour moi, l'écriture est une nécessité et un travail. C'est du sérieux .<br />
Je dirais qu'il y a une dimension sacrée dans <strong>la</strong> poésie . Peut-être parce que j'ai un grand respect du verbe<br />
et <strong>de</strong>s autres qui m'écoutent lorsque je dis mes textes.<br />
<strong>Echo</strong> <strong>de</strong> <strong>la</strong> <strong>Réhab</strong> : Comment es tu venu à l'écriture ?<br />
J.D : j'ai toujours beaucoup lu mais c'est le s<strong>la</strong>m qui m'a donné l'envie d'écrire. Ça m'a permis <strong>de</strong><br />
rencontrer <strong>de</strong>s poètes vivants. Ils ne sont pas tous morts ! C'est important les rencontres. Rencontrer <strong>de</strong>s<br />
gens d'horizons différents qui viennent dire leur poésie. Le s<strong>la</strong>m, c'est une scène ouverte sur <strong>la</strong> poésie<br />
vivante et contemporaine.<br />
Tout ne dépend pas <strong>de</strong> <strong>la</strong> qualité littéraire du texte. Quand tu dis ton texte, le corps entier est en jeu. C'est<br />
une façon d'incarner le texte poétique, à un moment où le contexte te permet d'avoir un retour direct sur le<br />
texte que tu dis. Ce qui n'est pas le cas du roman par exemple.<br />
Mais l'échange est encore au-<strong>de</strong>là <strong>de</strong>s mots . L'attention, <strong>la</strong> tension du public va te faire bouger et nourrir<br />
ta façon <strong>de</strong> dire.<br />
Parfois quand tu fais une lecture <strong>de</strong>vant un public qui n'y est pas, tu dois trouver en toi une force qui te<br />
pousse à dire ton texte malgré tout. C'est comme une nécessité aussi. Être dans une sorte d'absolu du<br />
texte.<br />
EDLR : Comment tu définirais ta poésie ?<br />
J.D : J'aimerais qu'elle soit vivante, faite <strong>de</strong> sang et <strong>de</strong> chair. Qu'elle ne serve pas qu'à moi, que par ma<br />
voix passent d'autres voix.<br />
Je crois qu'on écrit aussi pour ceux qui sont absents. C'est important <strong>la</strong> mémoire ; <strong>la</strong> mienne et celle <strong>de</strong>s<br />
autres..<br />
Mais <strong>la</strong> poésie, c'est aussi une manière d'aller à <strong>la</strong> rencontre <strong>de</strong>s gens. Les rencontres, les ateliers<br />
d'écriture, m'ont aidé à gar<strong>de</strong>r le cap quand j'étais en pleine promotion <strong>de</strong> mon roman.<br />
EDLR : Tu disais qu'écrire est quelque chose <strong>de</strong> sérieux ?<br />
J.D : Oui, quand tu écris tu mets tout ce que tu as. Une chose importante pour moi, c'est ne pas me trahir,<br />
ne pas avoir honte <strong>de</strong> ce que j'écris. En fait, ne pas faire n'importe quoi. C'est ce qui est compliqué<br />
lorsqu'il s'agit <strong>de</strong> vendre un livre. Comment resté fidèle à soi-même ? Il y a une contradiction nette entre<br />
ce qu'on te <strong>de</strong>man<strong>de</strong> <strong>de</strong> faire lorsqu'on est en pleine promotion d'un livre et le fait même d'écrire. C'est dur<br />
à accepter <strong>la</strong> promotion. Tu as un peu le sentiment <strong>de</strong> « faire le guignol ».<br />
EDLR : Est-ce que l'art est un objet <strong>de</strong> consommation ? En même temps, ce n'est pas vulgaire <strong>de</strong><br />
vivre <strong>de</strong> son art ?<br />
J.D : C'est même formidable <strong>de</strong> pouvoir vivre <strong>de</strong> ce qui te passionne et te brûle à <strong>la</strong> fois. Ce dont je<br />
vou<strong>la</strong>is parler, c'est ce moment où tu dois vendre ce que tu as fabriqué avec ce que tu es. Comment le faire