S E C E M
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• Pourtant la France a longtemps été une figure d’exemple en matière d’Intelligence Economique. Pourquoi ne l’est<br />
elle plus aujourd’hui ?<br />
Il est vrai qu’après les anglais qui sont nettement devant, nous sommes avec les suédois les plus efficaces sur le plan<br />
de la veille en Europe mais, nous perdons chaque année du terrain par rapport à nos amis allemands et espagnols.<br />
La France a réussi à développer un vrai programme de formation sur l’Intelligence Economique en formation<br />
permanente et dans les universités. Néanmoins, il reste du chemin à parcourir dans les écoles de commerces ou<br />
d’ingénieurs ou encore celles formant l’administration. Les choses évoluent mais c’est loin d’être abouti. Par ailleurs<br />
à notre faible implication dans les négociations sur les normes et à l’insuffisance de règles de sécurité dans nos<br />
entreprises s’ajoute le laxisme de la plus grande partie de l’administration qui n’aime pas l’entreprise et les<br />
entrepreneurs. C’est la grande différence avec l’Allemagne, l’Angleterre ou les Etats-Unis où tout se fait en équipe.<br />
La conviction que le libéralisme amène progressivement à l’équilibre des marchés, alors qu’aujourd’hui tout se fait<br />
sur des rapports de force, fait de nous des proies faciles à l’heure où nos capacités d’innovation et notre créativité<br />
intéressent beaucoup de monde.<br />
• Revenons sur le brûlant dossier du « secret des affaires » en France. Est-il une nécessité pour réussir enfin à<br />
protéger les entreprises françaises du pillage économique dont elles sont les victimes ? Pourquoi ce projet a-t-il<br />
autant fait débat et effrayé l’opinion publique selon vous ?<br />
Comme nous le constatons aujourd’hui sur un autre dossier la France ne peut se réformer que par des révolutions ou<br />
des décisions politiques courageuses prises par un émule du Chancelier Schroeder. Tout le monde sait que les<br />
anglo-saxons et maintenant les chinois ont des lois très strictes sur le secret des affaires qui empêchent les<br />
concurrents d’avoir des informations et de prendre le contrôle de sociétés considérées comme sensibles. Dans le<br />
même temps, ils viennent faire leur marché chez nous à travers leurs fonds d’investissements ou leurs prises de<br />
participation. Il ne se passe pas quelques semaines où une entreprise française, de la start-up au grand groupe, ne<br />
bascule sous contrôle étranger et transfère son siège social avec l’approbation intéressée de ses dirigeants et de<br />
ses actionnaires pour le malheur de ses salariés. Sans vouloir interdire au nom de la liberté ce qui est un<br />
appauvrissement permanent de notre pays et une garantie de difficultés pour l’emploi de demain, on pourrait au<br />
minimum mettre des obligations de négociation et de contrôle.<br />
Voilà trois fois que le projet de loi sur le secret des affaires est arrêté avant discussion par les élus sous la pression des<br />
lobbyistes et des journalistes. Les uns comme les autres défendent des intérêts particuliers qui sont bien éloignés de<br />
l’intérêt général. Les lobbyistes et plus particulièrement certaines ONG inspirées par ceux qui les payent, manipulent<br />
ou agissent directement pour empêcher une loi qui bloquerait les facilités étrangères à venir faire leur marché chez<br />
nous. Certains journalistes d’investigation au nom de la liberté absolue de la presse, utilisant comme faux nez le cas<br />
des lanceurs d’alerte, veulent faire croire qu’ils ne pourront plus faire leur métier alors que c’est une contre vérité. Le<br />
résultat est que la France continue à s’appauvrir tandis que partout ailleurs on en profite.<br />
• Globalement, trouvez-vous qu’aujourd’hui la pratique de l’Intelligence Economique en entreprise est un réel<br />
vecteur de différenciation ?<br />
Indiscutablement. Une entreprise qui possède de bonnes informations sur son marché cible, ses concurrents, les<br />
clients et l’environnement a un avantage concurrentiel. En effet, elle peut mieux anticiper les attaques et répondre<br />
aux attentes des clients. Par ailleurs, une entreprise qui a compris qu’il faut se protéger en ne laissant pas sortir les<br />
informations clefs pour la vie de l’entreprise risque moins de se faire piller. Mais, comme je l’ai dit, ceci commence<br />
par un état d’esprit qui doit se diffuser à tous les niveaux à partir de la direction. Cela concerne toutes les fonctions<br />
de l’entreprise. Comme l’on montrait les créateurs des quatre sociétés du GAFA, la réussite de l’Intelligence<br />
Economique commence par la conviction du dirigeant de son utilité pour appuyer, enrichir sa capacité créative et<br />
managériale et développer la compétitivité de l’entreprise. •<br />
CDSE<br />
6, place d’Estienne d’Orves, 75009 Paris<br />
www.cdse.fr<br />
« Il ne se passe pas quelques<br />
semaines où une entreprise<br />
française, de la start-up au grand<br />
groupe, ne bascule sous contrôle<br />
étranger »<br />
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