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RAPPORT

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Droit à l’eau et industries extractives : la responsabilité des multinationales<br />

comme celle de l’an passé qui a tué plus de 20 000 bêtes, sauvages<br />

et d’élevage (…). La captation des eaux souterraines par l’industrie pétrolière<br />

serait à l’origine de l’assèchement des étangs ‘d’été’, ceux qui,<br />

en dépit de la période sèche, restaient à flot. Essentiels à l’équilibre<br />

écologique, ces étangs permettent d’abreuver bétail et faune dans<br />

une région où la température monte couramment à 40 °C à l’ombre. »<br />

Même destin pour les anciennes<br />

zones humides<br />

de l’Alberta 16 : « Avant que<br />

les entreprises de sables<br />

bitumineux n’entrent en scène,<br />

au moins la moitié, si ce n’est<br />

les deux tiers des territoires<br />

aujourd’hui exploités étaient<br />

des zones humides boréales<br />

typiques du nord de l’Alberta. Ces zones humides, au sud du delta<br />

Paix-Athabasca, abritaient un grand nombre d’espèces végétales (…) ;<br />

des centaines d’espèces d’oiseaux ; des espèces d’insectes<br />

innombrables ; et des grands mammifères comme le caribou des<br />

bois, l’élan, le loup ou le grizzly. Personne ne sait l’étendue de la<br />

biodiversité qu’elles abritaient, car aucun inventaire n’en a jamais<br />

été réalisé (…). Ce que l’on sait, c’est que ces zones humides, après<br />

avoir été minées par les firmes pétrolières, ne filtrent plus l’eau, ne<br />

séquestrent plus le carbone et ne nourrissent plus la chaîne complexe<br />

de plantes et d’animaux qui en dépendaient auparavant. »<br />

POLLUTIONS<br />

Outre leur consommation importante d’eau, l’activité minière<br />

ou l’extraction d’hydrocarbures sont sources de pollution de<br />

cette ressource, et ce à plusieurs niveaux.<br />

Tout d’abord, lorsque les mines traversent des nappes phréatiques,<br />

des éléments toxiques libérés par les opérations extractives<br />

peuvent se retrouver dans l’eau souterraine. C’est ainsi que<br />

l’aquifère qui alimente en eau potable la population d’Arlit, s’est<br />

retrouvé contaminé par les activités minières d’Areva. Des prélèvements<br />

effectués il y a quelques années par la Criirad ont révélé<br />

un taux de radioactivité dépassant de 7 à 110 fois les recommandations<br />

de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) 17 .<br />

C’est encore pire avec les hydrocarbures non conventionnels :<br />

aux substances toxiques naturellement présentes dans le<br />

sous-sol s’ajoutent celles utilisées pour la fracturation hydraulique.<br />

Aux États-Unis, il a beaucoup été question de la<br />

contamination des eaux souterraines par le méthane (avec<br />

des images d’eau du robinet s’enflammant au contact d’une<br />

allumette). De nombreuses études scientifiques ont démontré<br />

la réalité de ce risque, en raison de fissures dans les puits de<br />

forage (un phénomène inévitable et aggravé par la fracturation<br />

16 Edward Struzik, « De l’Alberta à l’Arctique, le lourd tribut environnemental<br />

des sables bitumineux », réf. citée.<br />

17 Sophie Chapelle, « Areva au Niger : développement ou prédation durable<br />

? », 26 octobre 2009, réf. citée.<br />

La pollution peut également découler du rejet<br />

direct ou indirect dans les cours d’eau des eaux<br />

usées issus des activités minières ou pétrolières,<br />

souvent chargées d’éléments toxiques.<br />

hydraulique), qui font que le gaz et/ou les produits chimiques<br />

utilisés pour fracturer ou qui remontent à la surface fuient<br />

dans les nappes 18 . Même constat en Australie, où des tests<br />

ont révélé, à proximité du site gazier de la firme Santos dans<br />

la forêt de Pilliga, la présence dans les nappes phréatiques<br />

de métaux lourds, y compris de l’uranium à un taux vingt fois<br />

plus élevé que la norme sanitaire maximale 19 .<br />

La pollution peut également<br />

découler du rejet direct ou<br />

indirect dans les cours d’eau<br />

des eaux usées issus des activités<br />

minières ou pétrolières,<br />

souvent chargées d’éléments<br />

toxiques. Dans bien des cas,<br />

ces eaux usées sont entreposées<br />

dans des bassins, couverts ou non, et – faute d’isolement<br />

et d’entretien – s’infiltrent dans le sol, ou bien débordent en<br />

cas de précipitations importantes. C’est ce qu’ont constaté<br />

aussi bien les militants des Amis de la terre Pays-Bas en visitant<br />

les bassins de décantation d’eaux usées issues de la<br />

fracturation hydraulique sur les sites ukrainiens de Shell que<br />

les manifestants algériens sur les puits de gaz de schiste forés<br />

à proximité d’In Salah 20 . En Colombie, les bassins pétroliers<br />

de Perenco débordent en cas de pluies importantes, et des<br />

animaux sauvages y pénètrent régulièrement, se retrouvant<br />

couverts de pétrole 21 . Les solutions alternatives, comme la<br />

pratique consistant à réinjecter ces eaux usées dans le sous-sol<br />

aux États-Unis (notamment dans l’Oklahoma ou l’Ohio), entraînent<br />

des risques de contamination et de séismicité accrue.<br />

Parfois, même aux États-Unis, ces eaux usées sont purement et<br />

simplement déversées dans la nature : selon une compilation<br />

réalisée par Associated Press, forcément incomplète puisque<br />

aucune donnée n’est disponible pour certains États comme<br />

la Pennsylvanie, près de 700 millions de litres d’eaux usées<br />

issues de l’extraction de pétrole et de gaz ont été rejetées dans<br />

le milieu depuis 2009 aux États-Unis, que ce soit par accident<br />

ou de manière délibérée 22 .<br />

18 Audrey Garric, « Gaz de schiste : des fuites de méthane plus importantes<br />

que prévu », Le Monde, 4 janvier 2013, http://www.lemonde.<br />

fr/planete/article/2013/01/04/gaz-de-schiste-des-fuites-de-methaneplus-importantes-que-prevu_1812943_3244.html<br />

; Loïc Chauveau, « Du<br />

gaz de schiste américain dans l’atmosphère européenne ! », Sciences<br />

et avenir, 6 octobre 2015, http://www.sciencesetavenir.fr/nature-environnement/pollution/20151006.OBS7165/du-gaz-de-schiste-americain-dans-l-atmosphere-europeenne.html.<br />

19 Olivier Petitjean, « Gladstone LNG, l’autre mégaprojet australien<br />

d’une entreprise française qui menace (entre autres) la Grande barrière<br />

de corail », réf. citée.<br />

20 Olivier Petitjean, « Gaz de schiste : Shell veut fracturer la planète »,<br />

14 octobre 2014, http://multinationales.org/Gaz-de-schiste-Shell-veut<br />

(voir en annexe de ce rapport) ; Sophie Chapelle et Olivier Petitjean, « Gaz<br />

de schiste : les Algériens se mobilisent contre le régime et l’ingérence<br />

des multinationales pétrolières », réf. citée.<br />

21 Nadège Mazars, « Pollutions, sécheresses, menaces : l’inquiétant<br />

cocktail de l’industrie pétrolière en Colombie », 14 novembre 2015, réf.<br />

citée.<br />

22 Olivier Petitjean, « Où vont les eaux usées et les déchets du gaz<br />

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