RAPPORT
iR3VBh
iR3VBh
Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
Droit à l’eau et industries extractives : la responsabilité des multinationales<br />
ROMERITO PONTES<br />
l’océan Arctique, selon les termes d’un panel s’experts réuni en<br />
2012 : « Si une rupture de ce type survenait durant l’hiver et que<br />
les eaux usées atteignaient la rivière Athabasca sous les glaces,<br />
concluait le panel, il serait virtuellement impossible d’y remédier<br />
ou de dépolluer… Un déversement majeur (…) pourrait menacer<br />
l’intégrité biologique du bassin inférieur de la rivière Athabasca, du<br />
delta Paix-Athabasca, du lac Athabasca, de la rivière des Esclaves<br />
et de son delta, du Grand lac des Esclaves, du fleuve Mackenzie et<br />
de son delta et peut-être même de la mer de Beaufort [dans l’océan<br />
Arctique, NdT]. Ses conséquences sur la société humaine dans<br />
les Territoires canadiens du Nord-Ouest seraient sans précédent. »<br />
Les perspectives d’exploitation pétrolière à grande échelle sur<br />
tout le pourtour des grands lacs africains, à commencer par<br />
la région du Lac Albert (RDC, Ouganda), connectée au bassin<br />
supérieur du Nil, posent des questions d’ampleur similaire 41 .<br />
TRANSFERTS D’EAU À GRANDE ÉCHELLE<br />
La soif d’eau des industries extractives peut amener – dans<br />
les cas où les ressources locales sont insuffisantes ou surexploitées<br />
– à envisager des transferts d’eau à très grande<br />
échelle. Les expériences historiques de transferts d’eau in-<br />
41 Helle Abelvik-Lawson, « Uganda oil drilling threatens World Heritage<br />
national park », Greenpeace EnergyDesk, 4 février 2016, http://<br />
energydesk.greenpeace.org/2016/02/04/uganda-oil-drilling-threatens-world-heritage-national-park/<br />
ter-bassins montrent que ces aménagements peuvent avoir<br />
des conséquences dramatiques sur les systèmes hydrologiques<br />
à l’origine, à l’arrivée et sur tout le parcours 42 .<br />
À l’heure actuelle, il ne semble pas réellement exister d’exemple<br />
de transfert d’eau à grande échelle spécifiquement conçu pour<br />
alimenter des mines ou des sites de forage (les cas existant<br />
sont destinés à l’eau d’irrigation, potable ou à usage industriel),<br />
mais des projets de ce type ont été proposés, notamment au<br />
Chili, pour amener l’eau du sud du pays, riche en eau, vers le nord<br />
aride, où sont situées les mines, à des milliers de kilomètres de<br />
là 43 . Le coût de ces projets paraît toutefois supérieur à celui de<br />
solutions alternatives d’approvisionnement en eau comme le<br />
dessalement, dont il sera question plus loin.<br />
De même, en Australie, l’un des principaux arguments politiques<br />
et juridiques mis en avant pour contester les nouveaux<br />
projets charbonniers dans le bassin de Galilée, dans le<br />
Queensland, est leur impact sur les ressources en eau locales,<br />
déjà limitées. Un projet de transfert d’eau massif a été proposé<br />
par des hommes d’affaires pour contourner ces objections 44 .<br />
42 Pour une synthèse : WWF, « Water transfers between river basins »,<br />
http://wwf.panda.org/about_our_earth/about_freshwater/freshwater_<br />
problems/infrastructure/water_transfers/.<br />
43 Marianela Jarroud et Orlando Milesi, « Piping the Waters of Southern<br />
Chile to the Thirsty North », 5 mai 2014, http://www.ipsnews.<br />
net/2014/05/piping-waters-southern-chile-thirsty-north/.<br />
44 http://www.theguardian.com/environment/2015/jan/12/plan-to-di-<br />
17