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Le diplôme étranger un remède au chômage des diplômés marocains ?

Chloe-Pellegrini-Le-diplome-etranger11

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marchés de l’emploi <strong>au</strong>ssi bien nation<strong>au</strong>x que mondi<strong>au</strong>x : selon Marchal et Bure<strong>au</strong> (2009), les<br />

choix de recrutement <strong>des</strong> employeurs sont désormais de plus en plus basés sur les compétences<br />

et/ou les « déf<strong>au</strong>ts de compétences » supposés <strong>des</strong> je<strong>un</strong>es <strong>diplômés</strong> demandeurs d’emploi plutôt<br />

que sur les <strong>diplôme</strong>s en tant que tels.<br />

Ainsi, la tradition historique de mobilité internationale pour étu<strong>des</strong> synonyme d’abord d’élitisme,<br />

puis d’accélérateur d’ascension sociale, les conditions d’étu<strong>des</strong> difficiles dans l’enseignement supérieur<br />

public <strong>au</strong> Maroc, ainsi que le manque d’employabilité et de reconnaissance <strong>des</strong> <strong>diplôme</strong>s<br />

nation<strong>au</strong>x sur le marché du travail sont vraisemblablement <strong>des</strong> éléments clef pour expliquer en<br />

grande partie les motivations actuelles <strong>des</strong> étudiants <strong>marocains</strong> à partir étudier à l’<strong>étranger</strong>. Nous<br />

verrons plus loin, dans l’analyse <strong>des</strong> entretiens, dans quelle mesure ces facteurs sont décisifs pour<br />

les je<strong>un</strong>es <strong>diplômés</strong> que nous avons interviewés et combien la peur du <strong>chômage</strong> a souvent été <strong>un</strong><br />

<strong>des</strong> moteurs majeurs du choix et/ou du désir de quitter le Maroc pour faire leurs étu<strong>des</strong> à l’<strong>étranger</strong><br />

afin d’améliorer leur employabilité sur le marché de l’emploi <strong>au</strong> retour.<br />

2.1.4. <strong>Le</strong>s motivations <strong>des</strong> je<strong>un</strong>es Marocains à partir étudier à l’<strong>étranger</strong><br />

<strong>Le</strong>s étu<strong>des</strong> existantes mettent en avant ce contexte national difficile comme la première motivation<br />

<strong>des</strong> je<strong>un</strong>es Marocains à partir faire leurs étu<strong>des</strong> à l’<strong>étranger</strong>, en l’occurrence en France puisque ces<br />

étu<strong>des</strong> se sont concentrées essentiellement sur ce pays d’accueil. <strong>Le</strong>urs analyses sont basées sur <strong>des</strong><br />

entretiens quantitatifs et qualitatifs avec <strong>des</strong> étudiants <strong>marocains</strong> ayant le projet ou le désir de partir<br />

poursuivre leurs étu<strong>des</strong> à l’<strong>étranger</strong> (Dubois & Chamkhi 2011) ; <strong>des</strong> étudiants <strong>marocains</strong> en cours<br />

d’étu<strong>des</strong> en France (Geisser 2000 ; Latreche 2000 ; Sadik 2008 ; Gérard dir. 2008 ; Balac 2010) et <strong>un</strong><br />

échantillon de <strong>diplômés</strong> de France en situation de travail <strong>au</strong> Maroc (Gérard dir. 2008).<br />

La motivation principale présentée par les étudiants <strong>marocains</strong> en cours d’étu<strong>des</strong> en France (Kail<br />

in Gérard dir. 2008 et de Sadik 2008), et les étudiants en cours d’étu<strong>des</strong> <strong>au</strong> Maroc qui souhaiteraient<br />

poursuivre leur cursus à l’<strong>étranger</strong> (Dubois & Chamkhi 2011) est de considérer l’obtention<br />

d’<strong>un</strong> <strong>diplôme</strong> français comme <strong>un</strong>e stratégie « pour se prém<strong>un</strong>ir contre le <strong>chômage</strong> » (Gérard dir.<br />

2008) <strong>au</strong> Maroc, voire, pour les étudiants de milieux mo<strong>des</strong>tes, comme l’assurance d’<strong>un</strong>e ascension<br />

sociale <strong>au</strong> retour (« <strong>un</strong>e stratégie de distinction scolaire », Kail, ibid.).<br />

Sadik (2008) et Kail (in Gérard dir. 2008) ajoutent <strong>un</strong>e seconde motivation liée à cette première :<br />

celle de compléter leur <strong>diplôme</strong> français par <strong>un</strong>e première expérience professionnelle de quelques<br />

années à l’<strong>étranger</strong> afin d’acquérir les compétences nécessaires pour être plus compétitifs sur le<br />

marché de l’emploi marocain <strong>au</strong> retour. Kail (ibid.) va plus loin en distinguant deux populations :<br />

les étudiants <strong>des</strong> milieux favorisés dont <strong>au</strong> moins <strong>un</strong> <strong>des</strong> parents a étudié en France (« les héritiers<br />

») et les étudiants d’origine plus mo<strong>des</strong>te qui sont les premiers de leur famille à partir y étudier<br />

(« les pionniers »). Selon cette chercheuse, les « héritiers » qui savent qu’ils disposeront à leur<br />

retour d’<strong>un</strong> rése<strong>au</strong> social et professionnel suffisant pour trouver <strong>un</strong> travail à leur convenance <strong>un</strong>e<br />

fois leur <strong>diplôme</strong> français obtenu, reviennent le plus souvent directement <strong>au</strong> Maroc sans chercher<br />

à compléter leur formation par <strong>un</strong>e expérience professionnelle à l’<strong>étranger</strong>. En revanche, les<br />

« pionniers », n’ayant pas de « capital social » à mobiliser pour être recrutés <strong>au</strong> retour, ont tendance<br />

à compléter leurs étu<strong>des</strong> par <strong>un</strong>e expérience professionnelle de quelques années en France<br />

pour développer leur rése<strong>au</strong> et valoriser leurs compétences et leur expérience <strong>au</strong> retour.<br />

Il est à noter, cependant, que toutes les motivations <strong>au</strong> départ à l’<strong>étranger</strong> pour étu<strong>des</strong> ne sont pas<br />

centrées sur le souci d’assurer sa propre employabilité <strong>au</strong> retour. Sadik (2008) identifie ainsi<br />

MIM-AMERM/CHLOE PELLEGRINI (rapport final version janvier 2016) 19

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