Le diplôme étranger un remède au chômage des diplômés marocains ?
Chloe-Pellegrini-Le-diplome-etranger11
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gories présentées plus h<strong>au</strong>t ne permet pas d’avoir <strong>un</strong>e vision précise du phénomène chez les étudiants<br />
en situation de mobilité pour étu<strong>des</strong> et les je<strong>un</strong>es l<strong>au</strong>réats qui viennent de terminer leurs<br />
étu<strong>des</strong> à l’<strong>étranger</strong>, malgré le grand nombre de Marocains concernés (voir les effectifs présentés<br />
plus h<strong>au</strong>t de ce « phénomène social » tel que le définit Marchandise 2009), cela bien que ces je<strong>un</strong>es<br />
gens représentent les personnes h<strong>au</strong>tement qualifiées de demain dont le développement du pays<br />
<strong>au</strong>ra besoin.<br />
Or, les chiffres présentés par les différentes instances marocaines et internationales (Ministère<br />
<strong>des</strong> MREAM ; Banque mondiale 2006 9 ; ETF 2013) ne ciblent pas cette catégorie. De la sorte, nous<br />
ne disposons d’<strong>au</strong>c<strong>un</strong>e donnée statistique sur le nombre de Marocains titulaires de <strong>diplôme</strong>s<br />
<strong>étranger</strong>s qui restent à l’<strong>étranger</strong> ni sur ceux qui rentrent s’installer <strong>au</strong> Maroc ; ni sur le nombre<br />
<strong>des</strong> je<strong>un</strong>es Marocains qui rentrent après avoir obtenu <strong>un</strong> <strong>diplôme</strong> ; ni sur la nature de ces <strong>diplôme</strong>s<br />
(filières, écoles, nive<strong>au</strong>) ; ni sur le nombre d’années d’étu<strong>des</strong> qu’ils ont suivi, le nombre d’années<br />
d’expérience professionnelle éventuelle <strong>un</strong>e fois l<strong>au</strong>réats, et le nombre d’années totale qu’a duré<br />
leur mobilité ; ni sur les pays d’obtention de leurs <strong>diplôme</strong>s 10 .<br />
2.2.2. Un contexte de politiques compétitives entre les systèmes éducatifs <strong>des</strong> pays du nord pour<br />
attirer les étudiants <strong>étranger</strong>s<br />
Depuis les années 1990, avec la « marketisation » et « l’internationalisation » de l’éducation, la<br />
mobilité étudiante est devenue <strong>un</strong> enjeu majeur de compétition entre les pays occident<strong>au</strong>x prestataires<br />
de systèmes d’enseignement supérieur qui cherchent désormais à attirer les étudiants<br />
<strong>étranger</strong>s venant de tous pays 11 . D’après l’UNESCO (cité par Marchandise, 2009), en 2004, les étudiants<br />
issus de pays dits en voie de développement représentaient 60 % <strong>des</strong> effectifs <strong>des</strong> étudiants<br />
en situation de mobilité internationale 12 .<br />
Avec la « marketisation » de l’éducation, les politiques <strong>des</strong> gouvernements <strong>des</strong> pays d’accueil développent<br />
leur attractivité en matière d’éducation <strong>au</strong>près <strong>des</strong> étudiants <strong>étranger</strong>s pour attirer du<br />
« capital humain », améliorer l’économie locale, développer la recherche et les ressources humaines<br />
(surtout dans les domaines <strong>des</strong> sciences et <strong>des</strong> technologies), et combler partiellement <strong>un</strong><br />
manque de main d’œuvre qualifiée dans certains domaines (Dreher & Poutvaara 2002). Par<br />
exemple, certains États membres de l’Union Européenne cherchent à attirer <strong>des</strong> étudiants déjà<br />
qualifiés (<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> Master et/ou doctorat) et promeuvent leurs systèmes éducatifs afin d’être<br />
considérés comme <strong>des</strong> centres d’excellence en matière d’éducation <strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mondial (UE 2012).<br />
9<br />
Ce rapport déplore l’absence de données substantielles et systématiques sur les migrations par pays d’origine<br />
et nive<strong>au</strong> d’éducation pour mesurer l’impact réel du phénomène de la « fuite <strong>des</strong> cerve<strong>au</strong>x ».<br />
10<br />
Il serait possible d’obtenir <strong>des</strong> estimations de cela en s’adressant <strong>au</strong>x services <strong>des</strong> équivalences <strong>au</strong> ministère<br />
de l’enseignement supérieur marocain, mais là encore ces données seraient partielles puisqu’<strong>un</strong> grand<br />
nombre de <strong>diplômés</strong> de l’<strong>étranger</strong> ne demandent pas d’équivalence <strong>au</strong> retour.<br />
11<br />
Voir par exemple les campagnes de l’Agence française Campus France et du British Co<strong>un</strong>cil (Roy<strong>au</strong>me-<br />
Uni) pour attirer les étudiants <strong>étranger</strong>s.<br />
12<br />
Gürüz (2010) estime qu’<strong>au</strong> nive<strong>au</strong> mondial le nombre d’étudiants inscrits pour <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> supérieures<br />
dans <strong>un</strong> pays <strong>étranger</strong> s’élevait à 2.75 millions en 2009. En 2002, l’OCDE faisait état de 1.9 million d’étudiants<br />
<strong>étranger</strong>s inscrits dans <strong>des</strong> <strong>un</strong>iversités <strong>des</strong> pays membres et désignait les États-Unis, le Roy<strong>au</strong>me-<br />
Uni, l’Allemagne, la France et l’Australie comme les cinq pays les plus choisis par ces étudiants (OCDE 2002).<br />
Selon les données de l’Union Européenne, en 2011, il y <strong>au</strong>rait eu environ 190.000 étudiants venant de pays<br />
hors UE inscrits dans <strong>des</strong> <strong>un</strong>iversités européennes (UE 2011).<br />
MIM-AMERM/CHLOE PELLEGRINI (rapport final version janvier 2016) 23