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Le diplôme étranger un remède au chômage des diplômés marocains ?

Chloe-Pellegrini-Le-diplome-etranger11

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plômes (appelés double-<strong>diplôme</strong>) : <strong>un</strong> du pays de son établissement d’origine, l’<strong>au</strong>tre de l’institution<br />

partenaire à l’<strong>étranger</strong>. En principe, dans ce type de cursus, l’étudiant est censé avoir fait <strong>au</strong><br />

moins <strong>un</strong>e partie de sa formation dans l’établissement du pays d’accueil. Nous verrons plus loin<br />

les arguments qui étayent les préférences de recrutement de certains employeurs pour ces formes<br />

de <strong>diplôme</strong>s relativement récentes.<br />

4.2.1. Deux grands types d’entreprises ?<br />

Un grand nombre d’employeurs interviewés insistent sur le fait que, tandis qu’<strong>au</strong>trefois les entreprises<br />

marocaines ne concevaient la réussite qu’à travers le recrutement de <strong>diplômés</strong> de l’<strong>étranger</strong><br />

de retour, notamment de France, les l<strong>au</strong>réats du système national sont désormais mieux formés<br />

que par le passé et deviennent ainsi plus compétitifs et plus avantageux à recruter que les<br />

<strong>diplômés</strong> de pays <strong>étranger</strong>s.<br />

Cet argument d’<strong>un</strong> changement actuel en cours <strong>des</strong> pratiques de recrutement à l’égard <strong>des</strong> <strong>diplômés</strong><br />

est particulièrement présent dans les discours <strong>des</strong> seules femmes que nous avons rencontrées<br />

parmi la population <strong>des</strong> employeurs, à savoir deux je<strong>un</strong>es DRH : celle du centre d’appel (qui<br />

a fait ses étu<strong>des</strong> <strong>au</strong> Maroc) et celle de la multinationale de recrutement (qui a fait ses étu<strong>des</strong> en<br />

France). Toutes deux opposent de façon tranchée et argumentée deux types d’entreprises. Elles<br />

décrivent, d’<strong>un</strong> côté, ce qu’elles appellent les « vieilles » entreprises à gestion familiale, <strong>au</strong>x métho<strong>des</strong><br />

passéistes et dépassées, <strong>un</strong>e vieille école marquée par la période du protectorat français<br />

(1912-1956) et toujours persuadée de la suprématie de l’<strong>étranger</strong> – en particulier de la France –<br />

et donc de la supériorité <strong>des</strong> étu<strong>des</strong> à l’<strong>étranger</strong> sur les étu<strong>des</strong> <strong>au</strong> Maroc. Elles leur opposent d’<strong>un</strong><br />

<strong>au</strong>tre côté les entreprises modernes, ouvertes <strong>au</strong>x métho<strong>des</strong> compétitives du marché international,<br />

qui, selon elles, savent reconnaître les véritables compétences <strong>des</strong> demandeurs d’emploi,<br />

quelle que soit la valeur et la provenance de leurs <strong>diplôme</strong>s. Pour elles, ces entreprises ne se font<br />

plus d’illusion sur la qualité <strong>des</strong> <strong>diplôme</strong>s français, mais sont séduites par les métho<strong>des</strong> de management<br />

anglo-saxonne plus concurrentielles et performantes.<br />

Il y a la deuxième école d’entreprises qui sont dans <strong>un</strong>e espèce de cordon ombilical qu’on<br />

n’a pas encore coupé depuis l’histoire et qui est dans la suprématie de l’occident, et là<br />

effectivement, on va prioritairement chercher <strong>des</strong> écoles occidentales, européennes,<br />

françaises. Donc par ordre, françaises d’abord, européennes et occidentales après. Mais<br />

c’est clair, l’école anglo-saxonne <strong>au</strong>ssi a le mérite d’être très, très intéressante. Maintenant,<br />

ce que les <strong>un</strong>s et les <strong>au</strong>tres recherchent, c’est d’abord de la compétence. (DRH multinationale<br />

recrutement)<br />

4.3. <strong>Le</strong>s préférences de recrutement <strong>des</strong> employeurs par secteur<br />

Nous adoptons ici <strong>un</strong>e approche sectorielle pour comparer les types de <strong>diplômés</strong> préférés par les<br />

employeurs selon les types de compétences dont ils disent avoir besoin dans chaque secteur.<br />

4.3.1. <strong>Le</strong> secteur hôtelier (trois entreprises)<br />

Dans ce secteur se trouve <strong>un</strong> cas particulier, l’hôtel C, palace de luxe, qui ne recrute que <strong>des</strong> cadres<br />

de direction expatriés, donc par définition <strong>des</strong> non-Marocains qui peuvent être de nationalités<br />

différentes, mais qui sont le plus souvent dans les faits français. Ce choix est expliqué par le direc-<br />

MIM-AMERM/CHLOE PELLEGRINI (rapport final version janvier 2016) 43

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