Create successful ePaper yourself
Turn your PDF publications into a flip-book with our unique Google optimized e-Paper software.
B<strong>ON</strong> <strong>AIR</strong> ANTILLES N°6 1 FEV 2012_bd:Mise en page 1 07/03/12 16:43 Page27<br />
Découverte<br />
2<br />
Déjà des siècles qu'il se<br />
consume...<br />
Il faut attendre la fin du 16 ème<br />
siècle pour que la consommation de<br />
tabac deviennent récurrente en Europe.<br />
Là où certains lui concèdent des vertus<br />
thérapeutiques, d'autres affirment déjà<br />
ses méfaits sur la santé. Initialement,<br />
les prémisses du cigares sont<br />
manufacturés en Espagne à base de<br />
tabac importé de Cuba. Puis enchainent<br />
ensuite la France, l'Angleterre et la<br />
Hollande. Néanmoins, aux environs<br />
de 1820, les gouvernements européens<br />
réglementent la production faite<br />
localement, préférant taxer à<br />
l'importation des cigares produits à<br />
l'étranger. Fumer devient alors un<br />
luxe cher qu'on ne s'octroie que dans<br />
les grandes occasions, symbolisant le<br />
succès dans les affaires, la récompense<br />
d'un travail acharné, l'accueil d'une<br />
bonne nouvelle. Tandis que les soldats<br />
des guerres de territoires s'échangent<br />
des tabacs aux origines différentes<br />
pour redoubler de rage de vaincre sur<br />
les champs de combat, le cigare cubain,<br />
hautement qualitatif, étend sa<br />
renommée à l'internationale. Au<br />
début des années 1900, la mode du<br />
tabac est définitivement lancée : les<br />
hôtels et les trains se vantent d'être<br />
munis de fumoirs, les têtes couronnés<br />
se montrent à leur peuple, un cigare<br />
à la main. Comme le nombre de<br />
fumeurs de bon tabac ne cesse de<br />
croitre, Cuba décide d'industrialiser sa<br />
production : on délaisse la confection<br />
des cigares à la main pour une<br />
fabrication davantage machinisée.<br />
Toutefois, la démocratisation de cette<br />
denrée ne plait pas aux plus influents<br />
qui préféraient voir le cigare relier à<br />
leur réussite sociale plutôt qu'à un<br />
produit de grande consommation.<br />
Dès 1960, les cigares de Cuba<br />
retrouvent leur genèse "hecho a mano"<br />
et toutes leurs lettres de noblesse.<br />
S'ils ne peuvent pas s'importer aux<br />
USA suite à l'embargo, ils restent<br />
très appréciés en Occident. Pour<br />
répondre aux besoins des Américains,<br />
ce sont de nouvelles exploitations<br />
de tabac qui émergent en Jamaïque, au<br />
Mexique, en Floride et en République<br />
Dominicaine.<br />
Une économie toujours fumante...<br />
Si l'on dénombre des plantations de<br />
tabac aux quatre coins du monde<br />
(Caraïbe, Amérique, Asie, Indonésie,<br />
3<br />
Afrique), celui récolté et manufacturé<br />
à Cuba semble considéré comme le<br />
meilleur de tous : la région de La<br />
Vuelta Abajo (au Sud-ouest de Cuba)<br />
confère à chaque Habano - cigare<br />
cubain - des arômes complexes,<br />
raffinés, inégalables. Le climat tempéré<br />
de cette zone, son ensoleillement<br />
modéré, sa pluviométrie stable et<br />
son sol riche assurent une production<br />
constante et de bonne qualité (60%<br />
de la production locale), à l'origine<br />
d'une culture organique et naturelle<br />
subtilement épicée. Ainsi, les feuilles<br />
des Vegas Finas de Primeras, une<br />
fois récoltées (entre janvier et mars),<br />
murissent, sèchent et fermentent aux<br />
alentours de Pinar del Rio et de San<br />
Luis, avant d'entrer en manufacture à<br />
La Havane, dans les galeras - anciennes<br />
prisons - où les torcedores, alignés en<br />
interminables rangées bien ordrées,<br />
ôtent manuellement la nervure centrale<br />
de chaque feuille puis les roulent à la<br />
main, selon un processus ancestral<br />
relativement assidu et très contrôlé<br />
(chaque ouvrier roule en moyenne<br />
100 cigares par jour). Chaque Habano<br />
est ensuite stocké durant plusieurs<br />
semaines. C'est l'escogedor qui se<br />
charge ensuite de classer l'ensemble<br />
des cigares selon leur teinte définitive<br />
qui traduit notamment les arômes<br />
dominants de chaque pièce. Avant la<br />
commercialisation, ne reste plus qu'à<br />
traiter le baguage et le conditionnement.<br />
Cohiba, Partagas, Montecristo,<br />
Romeo & Julieta, Vegas Robaina et<br />
Trinidad sont autant de marques<br />
cubaines reconnues des amateurs<br />
et des aguerris, selon leurs goûts.<br />
Le Bon Air. Mars/Avril 2012 27