BEAST #7
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#Entertainment | Sport<br />
#Entertainment | Sport<br />
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QUAND LE DIGITAL<br />
PAR PIERRE BIRCK<br />
S’IMMISCE DANS LE SPORT<br />
Le digital a révolutionné nos modes de vie, nos moyens<br />
de consommer, nos façons de voir le monde, notre<br />
organisation du travail mais aussi nos loisirs. Le monde<br />
du sport, qu’il soit professionnel ou purement amateur<br />
n’échappe pas à la règle. Les dispositifs technologiques<br />
se sont développés dans toutes les disciplines sportives<br />
et pour différents desseins. Le rugby, le football,<br />
le basketball, la course à pied, athlétisme ou encore les<br />
sports-extrêmes ont tous trouvé des avantages quant<br />
à l’utilisation et l’usage des nouvelles technologies.<br />
Favoriser la performance, mieux connaître les forces et<br />
les faiblesses d’une équipe ou d’un joueur en particulier<br />
lors d’un entrainement ou d’un match officiel, améliorer<br />
l’expérience du spectateur… Bref, les objectifs et les<br />
usages du digital dans le sport sont multiples.<br />
Nos manières de consommer et de pratiquer le sport, quel<br />
qu’il soit, ont foncièrement changé ces dernières années.<br />
On ne va plus au stade de la même façon que nos ainés.<br />
On ne court plus de la même manière qu’avant. Au niveau<br />
professionnel ? On ne s’entraîne plus comme dans les années<br />
1980 ou 1990. Pourquoi ? Car le digital a aussi influencé le<br />
sport, un secteur avant tout humain, physique et mental ;<br />
d’abord dans le secteur de la performance sportive. Les<br />
athlètes et leur staff technique ou mental se sont adaptés à<br />
toutes les nouvelles technologies afin d’optimiser au mieux<br />
les performances. De la même manière que les entreprises<br />
vis-à-vis de leur productivité respective.<br />
Big Data et bornes GPS<br />
Car oui, les nouvelles technologies apportent un avantage<br />
non négligeable. A commencer par le Big Data qui est déjà<br />
présenté comme la richesse du futur. Les entraineurs et<br />
autres analystes n’hésitent pas à l’utiliser pour maximiser<br />
leurs chances de performer. C’est le cas par exemple de<br />
l’ancien coach parti pour entrainer le LOSC (Lille) à partir<br />
de juillet prochain. Club ayant tout juste été repris par le<br />
luxembourgeois Gérard Lopez. L’argentin analyse toutes<br />
les données à sa disposition : possession, pertes de balle,<br />
cycle de victoires, le nombre de dribbles réussis, le nombre<br />
d’interventions effectués, le taux d’humidité… bref la liste<br />
est longue et non exhaustive pour ce fada de statistiques.<br />
Au football, comme au rugby et comme dans de nombreux<br />
autres sports, les balises GPS sont également utilisées pour<br />
comprendre et juger de façon précise le comportement ainsi<br />
que les déplacements des joueurs sur un terrain, pendant<br />
un entrainement ou une rencontre officielle.<br />
Les joueurs du XV de France arborent ainsi depuis quelques années un<br />
petit boitier GPS (SensorEveryWhere). Cette technologie porte le nom<br />
de GPS, mais elle n’est évidemment pas utilisée pour localiser les joueurs<br />
sur un terrain. Elle permet d’analyser leurs performances, individuelles<br />
et collectives (vitesse, distance parcourue, énergie et puissance<br />
dépensée…) afin d’améliorer et de repenser le positionnement tactique<br />
de chacun et donc, d’élaborer de nouvelles stratégies d’attaques.<br />
Ces données sont, en plus, dispensées en temps réel et deviennent<br />
ainsi utilisables en plein matchs. Pour anecdote, le luxembourgeois<br />
Dimension Data s’immisce lui aussi dans le business du sport, puisqu’il<br />
est devenu le partenaire officiel du Tour de France, l’entreprise fournit<br />
toutes les données et les statistiques de la course. «C’est une période<br />
remarquable pour être un fan de sport, il n’y pas de temps d’attente,<br />
car nous avons accès à toutes les données et toutes les analyses en<br />
temps réel. C’est une nouvelle expérience pour les téléspectateurs»<br />
avait déclaré Samantha Wessels, SVP Group Sales chez Dimension Data<br />
lors des IT Days en 2016.<br />
Des objets connectés au drone<br />
Mais là n’est pas la seule utilisation de la technologie. Les objets<br />
connectés permettent aussi d’améliorer les performances des athlètes.<br />
Au-delà des montres connectées classiques, la startup Babolat a<br />
par exemple développé des raquettes de tennis connectées qui<br />
permettent de recueillir des informations sur le jeu des tennismen sur<br />
le court. L’américain Wilson a quant à lui élaboré des ballons connectés<br />
(Wilson X) dotés d’un nombre incalculable de capteurs. Au rugby, finies<br />
les simples jougs de mêlées statiques, voici le M-Rex, développé par<br />
Thalès, un simulateur qui améliore de façon très précise cette phase de<br />
jeu qui nécessite puissance, précision, contrôle et entente collective.<br />
Cet outil se paramètre sur l’ordinateur et permet de travailler différentes<br />
phases selon ses besoins : vitesse de réaction, comportement souple<br />
ou agressif… pour ensuite analyser les impacts et améliorer les<br />
performances. Dans le même esprit, l’utilisation des drones lors des<br />
entrainements offre un indicateur assez précis du positionnement de<br />
chaque joueur sur une surface donnée. Un exemple : Roberto Martinez,<br />
le nouveau sélectionneur de l’équipe nationale belge de football a<br />
instauré cette technologie en fin d’année dernière, cela facilite, selon<br />
lui, l’entrainement et la disposition tactique. En plus, les images peuvent<br />
être re-visionnées après coup par l’équipe de préparateurs.<br />
De spectateur à «spect-acteur»<br />
Le monde du sport se divise en deux catégories aussi bien amateur<br />
que professionnel : les acteurs à savoir les sportifs et les spectateurs,<br />
qui assistent à un événement sportif. Le digital a permis l’éclosion d’un<br />
nouveau concept, celui de «spect-acteur». Celui-ci s’est notamment<br />
développé en parallèle des stades modernes et connectés. En France,<br />
les nouveaux stades, comme l’Allianz Riviera à Nice ou le Parc OL à<br />
Lyon favorisent notamment l’expérience numérique des supporters au<br />
sein des enceintes sportives. Ces stades 2.0 sont connectés avec plus<br />
d’une centaine de bornes WIFI HD et permettent, entre autres, de<br />
faciliter la connexion des utilisateurs sur les réseaux sociaux, mais aussi<br />
à l’application du club qui fournit en temps réel les statistiques d’un<br />
match par exemple.<br />
Les puristes diront que toutes ces nouvelles fonctionnalités n’ont<br />
pas leurs places dans une enceinte sportive, plutôt réservée aux<br />
chants et aux encouragements. Les optimistes et les adeptes de<br />
la technologie veront en cette évolution une nouvelle manière<br />
de remplir les stades en proposant de facto, de nouvelles offres<br />
aux spectateurs. Les accès internet ainsi facilités peuvent tout de<br />
même avoir quelques conséquences négatives, notamment pour les<br />
retransmissions télévisuelles. Avec, grossissons le trait et osons-le,<br />
un risque d’uberisation des droits TV ?<br />
Du rêve à la réalité ?<br />
Le tout, sans oublier la démocratisation des caméras GoPro qui<br />
permettent à toutes les personnes de filmer leurs exploits et de les<br />
diffuser sur les réseaux sociaux. Sinon, les nouvelles technologies ont<br />
la faculté de transformer les rêves en réalité. Quel footballeur amateur<br />
ou du dimanche n’a jamais rêvé de jouer devant un stade plein à<br />
craquer et à l’ambiance assourdissante des soirs de grands matchs ?<br />
Cette fonctionnalité était possible en one shot avec la Future Arena<br />
d’Adidas, à Saint-Denis en France il y a quelques années. Ce premier<br />
stade digital accueillait des équipes de foot à 5 en salle et permettait<br />
à n’importe quel joueur lambda de jouer au sein d’une enceinte bondée<br />
de monde. Des vestiaires au tunnel en passant par les vibrations des<br />
chants des supporters, tout était réalisé afin d’imprégner le joueur<br />
de l’adrénaline des grands rendez-vous. L’expérience est quasiment<br />
la même si l’on se rend à New-York, au Nike Soho à Broadway. Cette<br />
nouvelle boutique propose aux clients une expérience shopping<br />
unique puisqu’il est possible de tester les produits en direct, sur un<br />
terrain de football synthétique ou encore un terrain de basketball<br />
avec le Nike+ Basketball Trial Zone. Le terrain est entouré de plusieurs<br />
écrans haute définition qui reprennent les terrains de basket à New-<br />
York, le Dyckman Park à Washington Heights ou encore le Brooklyn<br />
Bridge Park.<br />
Quand le digital devient lui-même un sport<br />
Avec les nouvelles technologies, le sport a aussi repensé et élargi sa<br />
définition. Les mœurs ont déjà beaucoup évolué avec l’introduction<br />
progressive du concept d’e-sport dans l’opinion publique et collective.<br />
Les jeux vidéo et les compétitions sportives qui en découlent<br />
commencent à susciter un certain intérêt, en témoigne les nombreuses<br />
retransmissions vidéos en direct de certains événements. Les joueurs<br />
sont de plus en plus perçus comme des superstars, presque de la<br />
même façon que Lionel Messi ou LeBron James. Bruce Grannec et<br />
le mosellan Johann Simon sur le jeu vidéo FIFA ont par exemple<br />
déjà fait le tour du monde pour quelques compétitions d’envergure<br />
internationale. Finalement l’e-sport est devenu un vrai business.<br />
Le digital n’a pas fini de nous surprendre, même dans le sport,<br />
ce domaine qui a cet avantage d’accepter aussi bien les nouvelles<br />
technologies que les matériaux les plus simples et les plus primaires.<br />
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<strong>BEAST</strong> MAGAZINE <strong>#7</strong><br />
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