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L'Essentiel Prépas n°12 - Décembre 2017

Toute l'actualité des écoles de management destinée aux professeurs des classes préparatoires. Un magazine signé HEADway Advisory.

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DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N° 12<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

Promotion de la voie ECT : une collaboration APHEC-ADEPPT- Grandes Écoles<br />

D O S S I E R<br />

Quel continuum<br />

des classes prépas<br />

aux Grandes<br />

Écoles ?<br />

Travail en bibliothèque à Rennes SB<br />

ENTRETIENS<br />

François Bonvalet<br />

Toulouse BS<br />

José Milano<br />

Kedge BS<br />

Eloïc Peyrache<br />

HEC


EDITO<br />

Que faut-il enseigner<br />

à l'ère numérique ?<br />

« Les illettrés du XXI e siècle ne seront pas ceux qui ne savent pas lire ou écrire mais<br />

ceux qui ne savent pas apprendre, désapprendre et réapprendre », prédisait le futurologue<br />

Alvin Toffler dès les années 70. Mais que faut-il apprendre dans un monde déjà dominé<br />

par les nouvelles technologies et demain par l’intelligence artificielle ? Et comment ?<br />

Que deviendront les diplômés d’aujourd'hui dans ce monde de la « fin du travail » que<br />

prophétisait Jeremy Rifkin en 1995 dans son livre éponyme ? Autant de questions qu’on<br />

s’est posées ce mois-ci au Qatar où se déroulait le World Innovation Summit for Education<br />

(Wise), un événement qui réunit depuis 2009 les grands acteurs de l’éducation venus du<br />

monde entier et sur lequel nous étions présents.<br />

La montée en puissance de l’intelligence artificielle<br />

Après l’ère numérique, les formateurs doivent maintenant faire face à la montée en<br />

puissance d’une intelligence artificielle (IA) qui s’apprête à tout bouleverser. « La nouvelle<br />

école que nous devons inventer devra nous permettre de relever le défi immense de<br />

notre utilité dans un monde bientôt saturé d’intelligence artificielle », promet Laurent<br />

Alexandre dans son livre La Guerre des intelligences (JC Lattès). « Il y a 20 ans nous<br />

formions des diplômés qui allaient travailler dans le marketing et la finance. Nous avions<br />

remarquablement appris à des étudiants à aller puiser dans des stocks de connaissance »,<br />

confirme Bernard Belletante, le directeur d’emlyon BS qui remarque que « 2020-2030<br />

va être la décennie de l’intelligence artificielle. Ce qui signifie que notre responsabilité<br />

c’est de développer les compétences d’individus qui vont devoir travailler dans des<br />

systèmes complexes et apprenants ». Exactement ce que professe Laurent Alexandre en<br />

remarquant : « Chaque année 800 000 jeunes se présentent sur le marché de l’emploi.<br />

Seront-ils mis en concurrence avec des robots dopés à l’IA faible ? ».<br />

Et il n’y aura pas que les chauffeurs routiers qui seront remplacés par des IA à l’ère de la<br />

conduite autonome. Même les professionnels les plus reconnus aujourd'hui, au premier<br />

chef les médecins, sont potentiellement menacés d’une transformation majeure de leur<br />

activité. Face au monceau de données qui va être traité par les entreprises médicales, ils<br />

risquent en effet de n’être bientôt que de simples intermédiaires entre celles-ci et leurs<br />

malades. Comme les infirmières le sont aujourd'hui avec eux ? « Quand les machines<br />

permettent des diagnostics plus précis que les humains, les médecins doivent se<br />

concentrer sur l’écoute de leurs patients. Et être formés pour ça », positive le politologue<br />

américain et auteur de l’ouvrage In Defense of a Liberal Education, Fareed Zakaria pendant<br />

le colloque d’ouverture du Wise.<br />

Ce qui reste : la culture générale !<br />

C’est l’ancien directeur général de Grenoble EM, Thierry Grange, qui l’affirme : « Le système<br />

français produit les meilleurs diplômés. La preuve : dans les conseils d’administration des<br />

grandes entreprises européennes ils sont la nationalité la plus représentée après, bien<br />

sûr, les cadres locaux. Pourquoi ? Mais parce qu’ils sont brillants à l’oral, qu’ils peuvent<br />

disserter sur tout en ajoutant des citations à propos et produire d’excellents raisonnements<br />

bien étayés ». Ce que confirme Alain Joyeux : « La valeur ajoutée d’un diplômé français<br />

c’est sa culture générale, c’est-à-dire sa capacité à croiser les approches de différentes<br />

disciplines pour analyser les problèmes. »<br />

Une analyse que reprend largement à son compte Sylvie Bonnet, l’ancienne présidente<br />

de l’association des professeurs de classes préparatoire scientifiques, l’UPS : « Entrer<br />

dans une classe préparatoire scientifique c’est acquérir un<br />

socle solide de connaissances pour ensuite poursuivre son<br />

cursus en connaissance de cause. Certains y découvrent qu’ils<br />

aiment les sciences pour la science, d’autres comme un outil<br />

de transition ». Parce que dans une société « apprenante »,<br />

finalement peu importe ce qu’on a appris, ce qui compte c’est<br />

cette capacité à apprendre tout au long de sa vie qu’on a acquise<br />

pendant son apprentissage. Et particulièrement en prépas !<br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

Sommaire<br />

DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N° 12<br />

• « L’Essentiel du Sup - <strong>Prépas</strong> » est une publication du groupe<br />

| 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris<br />

• Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont<br />

• Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com<br />

• Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

| f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62<br />

• Photo de couverture : Marc Josse<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 4 à 9<br />

ENTRETIEN 12 à 14<br />

José Milano (Kedge BS) :<br />

« Notre business model ne dépend que<br />

de ressources internes »<br />

DOSSIER 15 à 17<br />

Quel continuum des classes<br />

prépas aux Grandes Ecoles ?<br />

DOSSIER 18 à 20<br />

Eloïc Peyrache (HEC) :<br />

« En classes préparatoires, il y a<br />

à la fois un magnifique contenu et<br />

de la méthode »<br />

PAROLE DE PROF 21 à 23<br />

Promotion de la voie ECT : une<br />

collaboration APHEC-ADEPPT-<br />

Grandes Écoles<br />

ENTRETIEN 24 & 25<br />

François Bonvalet : « Toulouse BS<br />

a un potentiel de progression du<br />

nombre de ses élèves »<br />

REPÈRES 26<br />

« Parcoursup » : comment va<br />

fonctionner le nouvel APB<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


PARIS | NANTES | BEIJING | SHENZHEN<br />

6 e au SIGEM<br />

depuis 2002<br />

LEARN<br />

CREATE<br />

#SUCCEED<br />

OUVERTURE ET DOUBLE-COMPETENCE<br />

269 UNIVERSITÉS PARTENAIRES<br />

ACCOMPAGNEMENT CARRIÈRE INDIVIDUALISÉ<br />

3 PÔLES DE SPÉCIALISATION : FINANCE - MARKETING -MANAGEMENT<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


EN BREF<br />

→ ILS BOUGENT<br />

Rennes SB : Thomas Froehlicher, le retour.<br />

Il n’aura pas pris longtemps avant de revenir sur<br />

le devant de la scène. Après avoir quitté la<br />

direction de Kedge BS<br />

cet été, Thomas<br />

Froehlicher (@<br />

FroehlicherT) va<br />

succéder début janvier<br />

à Olivier Aptel à la<br />

direction générale de<br />

Rennes SB. Après l’ICN (2002 à 2006), HEC<br />

Liège (2009 à 2014) et Kedge (2014 à <strong>2017</strong>), ce<br />

sera ainsi la quatrième école de management<br />

qu’il aura dirigée. Qui dit mieux ?<br />

À charge pour lui de continuer le formidable<br />

travail entrepris par Olivier Aptel qui, en<br />

quelques années, a fait entrer une école en mal<br />

de modèle dans le top 10 des meilleures écoles<br />

de management.<br />

Emmanuel Combe<br />

rejoint Skema BS<br />

Son « Précis d’économie<br />

» est une référence<br />

pour tout élève de prépa.<br />

Emmanuel Combe,<br />

vice-président de<br />

l’Autorité de la<br />

Concurrence depuis 2012, rejoint SKEMA<br />

Business School en tant que professeur.<br />

Spécialiste des questions de concurrence, de<br />

qualité et du low cost, il travaille sur la place de<br />

la régulation en économie de marché. Il est<br />

également professeur au Collège d’Europe de<br />

Bruges, à l’ESA de Beyrouth ainsi qu’à<br />

l’Université du Salvador à Buenos Aires.<br />

Dai Shen a été nommé<br />

président exécutif et<br />

directeur général de<br />

Brest Business School.<br />

Celui qui était jusqu’ici<br />

directeur général de<br />

Demos quitte ce poste<br />

tout en restant senior<br />

vice-président du groupe Weidong Cloud<br />

Education. A Brest BS, il conserve à ses côtés<br />

l’actuel directeur général, Luc Pontet, en tant<br />

que directeur délégué en charge des programmes<br />

et des accréditations. Haihong Xiao<br />

reste directeur adjoint en charge du<br />

développement en Chine.<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Classements : « Le Figaro » et<br />

« l’Etudiant » plutôt d’accord<br />

Après l’Étudiant, c’est au tour du Figaro de publier cette semaine son Classement des<br />

meilleures écoles de commerce 2018. Un top 5 sans surprise comme d’habitude ?<br />

Pas tout à fait puisque Grenoble le rejoint cette année ex-aequo avec l’Edhec.<br />

Sinon il existe peu de différences entre les deux classements.<br />

Rang Écoles Le Figaro l'Etudiant Différence Moyenne<br />

1 HEC Paris 1 1 0 1<br />

2 Essec 2 2 0 2<br />

3 ESCP Europe 3 3 0 3<br />

4 EM Lyon BS 4 4 0 4<br />

5 Edhec BS 5 5 0 5<br />

6 Grenoble EM 5 6 1 5,5<br />

7 Audencia BS 7 7 0 7<br />

8 Skema BS 8 8 0 8<br />

9 Neoma BS 9 8 -1 8,5<br />

10 Kedge BS 10 10 0 10<br />

11 Toulouse BS 11 11 0 11<br />

12 Rennes School of Business 12 12 0 12<br />

13 Montpellier BS 13 13 0 13<br />

14 ICN BS 14 14 0 14<br />

15 Burgundy School of Business 16 15 -1 15,5<br />

15 EM Normandie 15 16 1 15,5<br />

17 EM Strasbourg 18 17 -1 17,5<br />

17 Télécom EM 17 18 1 17,5<br />

19 La Rochelle Business School 19 19 0 19<br />

20 ISC 21 20 -1 20,5<br />

20 ESC Clermont 20 21 1 20,5<br />

22 Inseec 22 22 0 22<br />

23 ISG 23 22 -1 22,5<br />

24 ESC Troyes 24 24 0 24<br />

25 ESC Pau 25 25 0 25<br />

26 Brest BS 26 26 0 26<br />

Dites « La Rochelle Business School »…<br />

Après le groupe ESC Troyes et sa South Champagne<br />

business school c’est au tour du groupe Sup de Co<br />

La Rochelle de créer une business school indépendante<br />

et clairement identifiée : La Rochelle Business School.<br />

Plus largement le Groupe Sup de Co La Rochelle se<br />

structure en cinq écoles : La Rochelle Business School,<br />

La Rochelle School of Tourism & Hospitality, La Rochelle<br />

Digital School, La Rochelle Academy et La Rochelle<br />

Corporate. Déjà titulaire des accréditations AACSB et<br />

Epas, La Rochelle Business school bénéficiera devrait<br />

ainsi bénéficier d’une meilleure visibilité à l’international<br />

(et obtenir Equis ?). « Ma mission s’inscrit dans la<br />

réorganisation et le redéploiement du Groupe à travers<br />

la diversification des programmes, la délocalisation des<br />

Écoles sur le territoire et à l’international, et à travers<br />

la différenciation pour porter un nouveau projet pédagogique.<br />

Ce projet sera construit autour de la création, du<br />

management et de la technologie », explique Bruno Neil,<br />

le tout nouveau directeur général du groupe. n<br />

→ Le site du groupe a également fait peau neuve.<br />

TOMORROW<br />

*<br />

IT’S ME<br />

* Demain m’appartient<br />

BIENVENUE<br />

À CEUX QUI VEULENT<br />

VIVRE INTENSÉMENT<br />

LEURS PROJETS !<br />

L’ÉCOLE<br />

EN MODE<br />

WORKSHOP<br />

Apprenez<br />

en expérimentant<br />

DANS UNE ÉCOLE<br />

DE PETITE TAILLE,<br />

L’HUMAIN EST<br />

GRAND<br />

Devenez acteur<br />

de votre parcours<br />

étudiant<br />

PRÉCURSEUR,<br />

LEADER ET<br />

FACILITATEUR DE<br />

L’ALTERNANCE<br />

Libérez votre envie<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


BSB inaugure ses nouveaux locaux<br />

et présente son plan stratégique<br />

Le nouveau campus de la Burgundy School of Business a été inauguré le<br />

24 novembre. BSB se projette maintenant sur son plan stratégique #BSB2022.<br />

Entièrement repensé à la fois comme un « urban<br />

campus », en plein cœur de Dijon, et comme un<br />

lieu adapté aux nouvelles pratiques pédagogiques et<br />

aux nouveaux modes de travail et de vie, le nouveau<br />

campus de la Burgundy School of Business se veut<br />

« centré sur l’expérience étudiante ». Sous la verrière<br />

emblématique de l’École, qui abrite toujours la porte<br />

originelle du bâtiment de 1900, le bâtiment est articulé<br />

autour d’un learning center de 920 m 2 .<br />

: L’importance du learning center<br />

Inspiré du concept américain de third Place (« tierslieu<br />

», ou « troisième place », en référence aux<br />

environnements sociaux se distinguant des deux<br />

principaux que sont la maison et le travail), le learning<br />

center n’est plus seulement une bibliothèque<br />

classique, mais un endroit dédié à la vie sociale de<br />

la communauté. Pour autant, le livre y garde toute<br />

sa place.<br />

On y trouve des environnements de travail pour tous<br />

les goûts, qu’ils soient consacrés au self training<br />

(Kaizen room, « dépassement de soi » en japonais)<br />

avec des postes individuels pour favoriser la<br />

concentration mais aussi des espaces dédiés au<br />

coaching (career center où neuf coachs assurent<br />

des permanences pour l’accompagnement professionnel<br />

des élèves), des espaces collaboratifs (box<br />

de travail, hub creativity) et des espaces open mind,<br />

pour s’ouvrir au monde (culture, wine, télévisions<br />

internationales). Le patio, espace organique des<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

© BSB<br />

bibliothèques traditionnelles, offre une ouverture de<br />

verdure.<br />

: Un plan #BSB2022<br />

BSB travaille maintenant sur un plan #BSB2022<br />

articulé autour de quatre axes :<br />

- le renforcement du nouveau campus de Dijon-<br />

Sambin autour de 5 pôles d’excellence académique<br />

(formations et recherche) reconnus au plan international<br />

(School of Wine & Spirits Business, pôle dinance,<br />

pôle Behavioural Economics, Center for Arts & Cultural<br />

Management et The Entrepreneurial Garden) ;<br />

- le développement d’un campus à Lyon-Confluence<br />

avec un pôle d’excellence académique en Digital<br />

Business et le déploiement du master grande école<br />

concentré sur les contrats de professionnalisation ;<br />

- le déploiement d’une implantation internationale<br />

(sans doute en Asie, à Singapour ou Hong Kong,<br />

deux grands marchés du vin) ;<br />

- l’investissement dans la School of Wine & Spirits<br />

Business pour asseoir son leadership mondial, avec<br />

notamment la création du MBA Wine Business.<br />

D’ores et déjà accréditée Equis et AACSB, BSB<br />

compte bien l’être aussi par l’Amba prochainement,<br />

rejoignant ainsi le peloton de tête des « triples<br />

accrédités ». En 2022 BSB recevra en tout 3 500<br />

étudiants (dont 600 à Lyon), 90 professeurs (dont<br />

40 % internationaux), pour un chiffre d’affaires des<br />

programmes de 33 millions d’euros (18 millions<br />

aujourd'hui). n<br />

EN BREF<br />

→ Réforme du Bac : c’est parti !<br />

L’ancien directeur de Sciences Po Lille, Pierre Mathiot, a<br />

officiellement été missionné le 30 octobre pour piloter<br />

l’épineux dossier de la réforme du bac. Un dossier qu’il<br />

va devoir vite prendre à bras-le-corps puisque le<br />

lancement de ce nouveau bac est prévu pour 2021, avec<br />

des répercussions sur la classe de 2 nde dès la rentrée 2018.<br />

Sur EducPros Pierre Mathiot explique comment il<br />

envisage sa mission et comment il n’a pas « accepté cette<br />

responsabilité pour faire des ajustements techniques ici<br />

ou là » même si son « objectif majeur est de parvenir à<br />

des propositions qui ouvriront la voie à de vraies réformes<br />

globalement acceptables et acceptées par les parties<br />

prenantes ». On sait déjà que le bac devrait être limité à<br />

quatre épreuves finales, les autres matières étant<br />

évaluées en contrôle continu.<br />

→ Rendez-nous un vrai Bac S !<br />

L'Union des Professeurs de classes préparatoires<br />

Scientifiques (UPS) propose que soit mis en place un<br />

parcours de formation moins généraliste que la série S<br />

actuelle, avec une « orientation scientifique plus<br />

affirmée ». L'UPS estime en effet depuis plusieurs années<br />

que « la filière S ne joue plus pleinement son rôle de<br />

préparation à l'enseignement supérieur scientifique ».<br />

→ Emmanuel Macron divise Paris-Saclay<br />

« L’ensemble universitaire Paris Saclay se compose<br />

aujourd’hui de deux pôles complémentaires et d’éléments<br />

de transversalité profondément structurants. »<br />

Emmanuel Macron est venu fin octobre sur le campus de<br />

CentraleSupélec pour valider ce qu’on savait inéluctable.<br />

Bientôt vont donc cohabiter d’un côté, sous la marque<br />

Université Paris-Saclay qu’elles conservent, les<br />

universités Paris-Sud, Versailles-Saint-Quentin et Evry,<br />

CentraleSupélec, l’ENS Paris-Saclay, Agro ParisTech et<br />

l’Institut d'optique Graduate School ; de l’autre l’Ecole<br />

Polytechnique, l’Ensta ParisTech, l’Ensae ParisTech,<br />

Telecom Paris Tech et Telecom Sud Paris (réunies sous la<br />

marque « NewUni »). Le choix d’HEC reste encore en<br />

suspens.<br />

→ « NewUni » : l’École polytechnique se lance<br />

Le conseil d'administration de l'École polytechnique a<br />

approuvé le principe de la participation de l'École<br />

polytechnique à la fondation d'une alliance « comparable<br />

aux universités internationales de science et de<br />

technologie ». « NewUni »<br />

doit maintenant voir le<br />

jour tout en engageant les<br />

négociations avec les<br />

membres fondateurs de<br />

l'université cible<br />

Paris-Saclay en vue de<br />

« maintenir une<br />

coopération académique et<br />

scientifique avec cette<br />

dernière dans l'intérêt des étudiantes et des étudiants, et<br />

des projets scientifiques ».<br />

→ Le conseil d'administration de l'ENSTA ParisTech a<br />

également approuvé la participation de l'ENSTA<br />

ParisTech à « NewUni ».<br />

→ L'IMT et Louis-Le-Grand partenaires<br />

L'Institut Mines Télécom et le Lycée Louis-Le-Grand ont<br />

signé une convention de partenariat pour « sensibiliser les<br />

lycéens et les futurs élèves des classes préparatoires aux<br />

réalités et aux nouveaux défis des métiers d'ingénieur et<br />

de manager ». Le partenariat a pour objectif de faire<br />

découvrir et mieux comprendre aux lycéens la réalité des<br />

métiers auxquels préparent les écoles de l'IMT au travers<br />

du partage d'expérience entre les personnels enseignants<br />

des deux établissements, d'échanges et de réflexions sur<br />

les métiers de demain et l'organisation de rencontres entre<br />

les élèves du Lycée Louis-le-Grand et les créateurs<br />

d'entreprises accompagnés par les incubateurs de l'IMT.<br />

© École polytechnique, J. Barande<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


Concours Grandes Écoles 2018<br />

inscription commune<br />

GRANDES ÉCOLES<br />

DE MANAGEMENT<br />

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de 90€<br />

Inscrivez-vous sur<br />

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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Les bébés de l’an 2000 arrivent<br />

dans l’enseignement supérieur !<br />

Le think tank Terra Nova fait le point dans une note sur l'augmentation<br />

présente et à venir du nombre de nouveaux entrants<br />

dans l'enseignement supérieur : au lieu de devoir accueillir<br />

environ 10 000 étudiants supplémentaires par an, comme<br />

cela avait été le cas en moyenne depuis la rentrée 2013, on<br />

attend une augmentation supérieure à 30 000 en 2018 et 2019<br />

(par rapport à <strong>2017</strong>).<br />

Dans ce contexte, la part des bacheliers généraux s’engageant<br />

en CPGE et « autres » (instituts d’études politiques, l’université<br />

Paris-Dauphine, les INSA, etc.), qui était<br />

de 26,5 % en 2012-2013, a baissé à<br />

25,1 % en 2016-<strong>2017</strong>, et pourrait descendre<br />

à 23,1 % en 2018-2019.<br />

Toutes choses égales par ailleurs, il y aurait<br />

en pourcentage, sur les seuls effectifs<br />

de licence, une augmentation du nombre<br />

d‘étudiants de 1 re année de 12 % en<br />

2018. Sans forcément que tous soient<br />

absolument motivés par cette orientation.<br />

Mais pour accueillir le flux supplémentaire<br />

de 6 000 bacheliers professionnels,<br />

« il faudrait au minimum créer 4 000<br />

places supplémentaires en STS, et certainement<br />

plus pour satisfaire leurs besoins<br />

» notent les auteurs de l’étude.<br />

Quant aux bacheliers technologiques il<br />

faudrait créer pour eux 5 000 places supplémentaires<br />

en STS et 1 500 en IUT dès<br />

la rentrée 2018. n<br />

EN BREF<br />

→ Le DUT bientôt en 3 ans ?<br />

On le pressentait depuis<br />

longtemps, l’ADIUT (Assemblée<br />

des directeurs d’IUT) s’est<br />

prononcée pour une évolution du<br />

DUT en 180 ECTS. Soit trois ans au<br />

lieu de deux dans l’esprit des<br />

expérimentations actuelles. Mais<br />

rien n’est fait. Du côté du ministère<br />

de l'Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation les<br />

signaux sont contradictoires : on<br />

parle à la fois beaucoup d’une<br />

évolution de la licence vers plus de<br />

professionnalisation sans sembler<br />

beaucoup apprécier les actuelles<br />

expérimen-tations des IUT en<br />

3 ans. À suivre donc…<br />

→ La Rochelle reçoit<br />

l’ADEPTT<br />

Le congrès annuel de l'ADEPPT<br />

(Association de promotion des<br />

classes préparatoires option<br />

technologique), qui réunit les<br />

professeurs des classes<br />

préparatoires économiques<br />

commerciales réservées aux<br />

bacheliers STMG (plus certaines<br />

aux bacheliers professionnels), se<br />

tient les 19 et 20 janvier 2018 dans<br />

les locaux de La Rochelle BS.<br />

Vous allez y<br />

prendre goût !<br />

PROGRAMME GRANDE ÉCOLE<br />

DIPLÔME VISÉ BAC+5 - GRADE DE MASTER<br />

16 SPÉCIALISATIONS EN M2<br />

Alternance possible en M1 et/ou M2 sur Caen, Le Havre ou Paris.<br />

Plus de 600 étudiants dans la filière alternance cette année.<br />

Référence sur l’alternance<br />

avec un taux d’insertion de<br />

95% avant la sortie de l’école.<br />

Programme Grande Ecole<br />

en Formation Initiale.<br />

em-normandie.fr<br />

L’ESPRIT DE CONQUÊTE<br />

CAEN ● LE HAVRE ● PARIS ● DUBLIN ● OXFORD<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

EN BREF<br />

→Marc Renner, 60 ans, a été élu<br />

sans surprise président de la Cdefi le<br />

20 octobre par 68% des votants.<br />

Titulaire d’un diplôme d’ingénieur<br />

textile de l’ENSISA (anciennement<br />

l’ENSITM), d’un DEA en sciences<br />

des fibres et des matériaux<br />

macromoléculaires et d’un doctorat<br />

d’Etat en sciences physiques délivrés<br />

par l’université de Haute-Alsace,<br />

Marc Renner est directeur de l’INSA<br />

Strasbourg depuis 2009/<br />

→Pierre Benech a été élu<br />

administrateur de Grenoble INP<br />

suite à la démission de Brigitte<br />

Plateau partie diriger la Direction<br />

générale de l'enseignement supérieur<br />

et de l'insertion professionnelle.<br />

Vice-président du conseil<br />

d’administration depuis février<br />

2016, Pierre Benech a pris la<br />

direction de Grenoble INP – Phelma<br />

en 2009.<br />

Ecricome : bilan et perspectives<br />

Avec 7 603 candidats, les inscriptions des élèves issus<br />

de CPGE au Concours Ecricome ont connu une augmentation<br />

de 3,2 % en <strong>2017</strong>. Les 1 365 places proposées<br />

(18 % des places du SIGEM) ont été pourvues alors que<br />

la barre d’admissibilité avait augmenté pour KEDGE BS<br />

(+0,4 point de moyenne, passant de 9,1 à 9,5). Le rang du<br />

dernier intégré pour NEOMA BS a également progressé :<br />

2 061 cette année contre 2 343 en 2016.<br />

En 2018, le prix du concours reste inchangé de même que<br />

le nombre de places ouvertes : 1 260 pour le concours<br />

PRÉPA et 105 pour le concours LITTÉRAIRES.<br />

La nouveauté tient dans l’adoption d’un nouveau système<br />

de gestion. Les candidats bénéficieront d’une souplesse<br />

totale (ordinateur, smartphone, tablette, etc.) alors que<br />

l’interface graphique a été repensée de manière à<br />

séquencer les phases du concours et rappeler les étapes<br />

réglementaires fondamentales. Les candidats disposeront<br />

également d’une nouvelle messagerie intégrée.<br />

De plus, les outils de préparation du HUB ECRICOME, en<br />

accès libre et illimité, sont renouvelés pour la nouvelle<br />

session et seront disponibles sur toutes les plateformes<br />

web et mobile, dès la fin du mois de novembre.<br />

ECRICOME se « met ainsi en capacité d’organiser des<br />

concours classiques mais aussi totalement inédits, combinant<br />

différents modes de recrutement, le multisession et la<br />

dématérialisation des épreuves ». n<br />

→ Les inscriptions ouvrent le 10 décembre <strong>2017</strong>.<br />

© Neoma BS<br />

Jessica POMMIER<br />

Présentatrice Blogueuse<br />

MES PTITS BOUTS DU MONDE<br />

# Exploratrice à plein temps<br />

–<br />

Promo 2012<br />

Amélie PERRON<br />

Responsable Communication Externe<br />

VOLVIC - GROUPE DANONE<br />

# Randonneuse volcanique<br />

–<br />

Promo 2012<br />

Lisa ATTAFI<br />

Étudiante en Double Compétence<br />

ESC CLERMONT<br />

# Prête à conquérir le monde<br />

–<br />

Promo 2019<br />

Benjamin GATINIOL<br />

Responsable Univers Sports de Balle<br />

DECATHLON FRANCE<br />

# Sportif tous terrains<br />

–<br />

Promo 2011<br />

Jessica POMMIER<br />

“Je fais de ma passion du voyage,<br />

mon métier !”<br />

C’est un semestre d’études en Indonésie qui lui<br />

révèle sa véritable passion : le voyage. Diplômée<br />

en 2012, Jessica entre chez The Walt Disney<br />

Company comme chef de projet puis Supervisor<br />

promotion et brand content pour le cinéma et<br />

la TV à la régie publicitaire Disneymedia+. En<br />

2015, sa passion la rattrape. Elle quitte tout<br />

pour tenter une aventure à la fois humaine et<br />

entrepreneuriale en créant “Mes ptits bouts du<br />

monde”. Elle traverse alors en solo 13 pays en<br />

12 mois, caméra embarquée, et partage ses<br />

découvertes avec plus de 35 000 followers.<br />

Exploratrice à plein temps, Jessica poursuit son<br />

rêve. Elle est aujourd’hui présentatrice blogueuse<br />

pour documentaires.<br />

Lisa Attafi<br />

“L’industrie du cinéma m’attire depuis<br />

toujours”<br />

Actuellement en fin de M1 (PGE2), Lisa s’apprête<br />

à réaliser un rêve : cumuler son attrait pour le<br />

monde du cinéma et de l’audiovisuel à ses études<br />

et son projet professionnel. Elle profite de son<br />

année de césure pour rejoindre Universidad Mayor<br />

au Chili et suivre une spécialisation en “techniques<br />

audiovisuelles et réalisation cinématographique”,<br />

en parallèle de PGE.<br />

Une ouverture exceptionnelle pour une étudiante<br />

déjà prête à conquérir le monde.<br />

Double diplôme ou double<br />

compétence pour tous avec<br />

esc-clermont.fr<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Management : ce que nous<br />

apprennent les séries<br />

Comment « créer sa start-up digitale avec Breaking Bad », « les styles de<br />

leadership selon The Walking Dead. Le directeur de l’ICD, Benoît Aubert, et<br />

Benoît Meyronin, professeur à Grenoble EM, ont eu l’idée de s’interroger sur les<br />

enseignements managériaux que pouvaient bien nous apporter les séries.<br />

ous invitons les téléspectateurs à une<br />

«N seconde lecture de leurs séries qui les met<br />

en face de situations de management qu’ils<br />

connaissent. Par exemple une dimension trop<br />

affective du management comme dans les Soprano<br />

», résume Benoît Aubert. Les personnages des<br />

séries font face à des dilemmes (y compris<br />

moraux), doivent rechercher des solutions sous<br />

contraintes, entrent dans des jeux de conflits et<br />

d’alliance pour saisir ou conserver le pouvoir,<br />

doivent gérer leurs collaborateurs (ou faire face à<br />

leurs managers et/ou à leurs pairs), innovent, etc.<br />

Toutes ces situations font clairement écho au vécu<br />

et aux rôles des managers et même plus.<br />

« Il serait possible de monter des cours entiers de<br />

management à partir de séries TV. Pour parler de<br />

l’importance des réseaux avec Starsky et Hutch<br />

(souvenez-vous d’Huggy les Bons tuyaux) ou des<br />

raisonnements hypothético-déductifs ou pas dans<br />

Columbo ou Capitatine Marleau », reprend l’auteur<br />

qui tire aussi des archétypes managériaux des<br />

grands classiques du cinéma : Louis de Funés<br />

pervers narcissique dans La Grande Vadrouille,<br />

Philippe Noiret ou le poids de l’expérience dans<br />

Les Ripoux ou comment le leadership de Lino<br />

Ventura s’épanouit en situation de cris dans Les<br />

Tontons Flingueurs.<br />

: Des thèmes toujours<br />

contemporains<br />

Si Mad Men est sans aucun doute la série à laquelle<br />

on pense en premier les auteurs se sont rendus<br />

compte que beaucoup des concepts qui y étaient<br />

traités n’existaient pas dans les années 60. « Une<br />

bonne série est avant tout une rencontre, celle<br />

d’un producteur qui cherche à anticiper ce qui parlera<br />

au public dans plusieurs années et celle d’un<br />

auteur qui incarne un regard singulier sur le monde<br />

que personne n’a jamais eu. Quel que soit l’univers<br />

choisi, les personnages doivent être singuliers et<br />

les sujets contemporains », notent dans la préface<br />

du livre Mehdi Sabbar et Benjamin Dupont-Jubien,<br />

producteurs des séries TV, Taxi : Brooklyn, XIII : La<br />

Série ou encore Leo Mattei.<br />

« Avec leur réalisme, avec un Don Draper brutal<br />

mais visionnaire, les séries sont souvent à l’opposé<br />

de la vision idéale que nous prodiguons en cours<br />

et c’est intéressant d’en<br />

discuter avec nos étudiants<br />

», reprend Benoît<br />

Aubert qui se demande<br />

maintenant s’il serait<br />

possible de faire réaliser<br />

de petites séries – des<br />

épisodes de 5 à 6 minutes<br />

– à ses étudiants.<br />

Et si une série définissait<br />

son travail au quotidien ?<br />

« McGyver parce que<br />

nous devons obtenir<br />

des résultats quels que<br />

soient les moyens qu’on<br />

nous donne, que nous<br />

ne pouvons pas attendre<br />

que tout nous tombe<br />

sous ma main. » n<br />

→ De McGyver à<br />

Mad Men : quand<br />

les séries TV nous<br />

enseignent le<br />

management, Benoît<br />

Aubert et Benoît<br />

Meyronin, éditions<br />

Dunod, 19€ en<br />

version papier et<br />

12,99€ en version<br />

électronique.<br />

EN BREF<br />

→ Loïck Roche veut créer un<br />

« syndicat des écoles de<br />

management »<br />

Dans un entretien à Educpros le<br />

directeur général de Grenoble EM et<br />

président du chapitre des écoles de<br />

management de la Conférence des<br />

grandes écoles (CGE) relance l’idée de créer un « syndicat<br />

des écoles de management ». « La CGE, constituée<br />

d'établissements finalement très différents, ne permet pas<br />

toujours la mise en place d'actions fortes. Nous avons donc<br />

besoin d'une sorte de syndicat professionnel des grandes écoles<br />

de management qui nous permette de défendre plus<br />

spécifiquement nos intérêts », argumente-t-il. Sur « le modèle<br />

anglo-saxon » il souhaiterait « mettre sur pied une<br />

association, dotée d'un budget annuel compris entre 800 000<br />

et un million d'euros permettant l'instauration d'une vraie<br />

compétence de lobbying ».<br />

En ligne de mire notamment : la suppression du barème<br />

(partie hors quota) de la taxe d’apprentissage que semble<br />

envisager le gouvernement et qui représente selon lui entre 5<br />

et 10 % du budget des écoles de management.<br />

→ HEC et Le Wagon lancent une formation au coding<br />

Apprendre à coder pour développer soi-même son projet,<br />

tester son marché auprès de vrais utilisateurs, développer<br />

rapidement son idée sans être bloqué par la technique,<br />

c'est ce que va proposer la formation au code « Fullstack<br />

Entrepreneur » lancée par le Master Entrepreneurs HEC<br />

Paris et Le Wagon. En janvier 2018, 10 étudiants d'HEC<br />

sélectionnés au sein du Master HEC Entrepreneurs y<br />

suivront neuf semaines de travail à la programmation<br />

web avec 30 étudiants issus d’autres cursus (X, Centrale,<br />

Science Po, etc.).<br />

Maîtriser toute la chaîne d'un produit, toute sa "stack",<br />

depuis sa conception jusqu'à son prototypage et son<br />

implémentation c'est ça, être un entrepreneur fullstack.<br />

→ Un peu d’histoire<br />

L’ancien inspecteur d’académie et auteur des livres<br />

d’orientation « Que faire après un bac ES » (l’Etudiant)<br />

Bruno Magliulo publie sur Linkedin une excellente synthèse<br />

sur l’histoire des écoles de management françaises : Les<br />

"Business schools" françaises de 1819 à nos jours : deux<br />

siècles d'un développement en marge de l'université.<br />

→ Employabilité : les Grandes Écoles françaises<br />

s’imposent<br />

12 institutions françaises se classent dans les 150 que compte<br />

le Best universities for graduate jobs : Global University<br />

Employability Ranking <strong>2017</strong> du Times Higher Education.<br />

C’est le plus grand nombre d’institutions classées derrière les<br />

universités américaines. Elles sont aussi trois dans le top 30<br />

- un de moins que le Royaume-Uni - alors que les États-Unis<br />

en classent dix dont les quatre premiers (Caltech, Harvard,<br />

Columbia et le MIT). Cambridge vient compléter le top 5.<br />

Dans de détail l’Ecole polytechnique et HEC Paris se<br />

tiennent à la 22 e et la 23 e place mais avec un retour en flèche<br />

de la première qui gagne 21 places en un an. Suivent emlyon<br />

BS (27 e ) puis Mines Paris Tech, CentraleSupélec, l’Essec,<br />

Sciences Po et l’Edhec (qui gagne 34 place et intègre le top<br />

100 à la 98 e place). L’UPMC se classe 104 e , Paris-Sud 129 e<br />

perdant chacune 16 places alors qu’ESCP Europe fait son<br />

entrée à la 149 e .<br />

→ emlyon BS lance sa plateforme de MOOCs<br />

pour le Maroc et l’Afrique<br />

20 % des inscrits aux plateformes MOOCs des universités<br />

européennes sont des Africains mais très peu de MOOCs<br />

sont produits en Afrique et pour l’Afrique. À partir de son<br />

campus de Casablanca, emlyon business school lance sa<br />

plateforme MOOC emlyonX (emlyonx.em-lyon.com).<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


PUBLI-INFORMATION<br />

Concours ECRICOME PRÉPA<br />

30 ans au service des candidats<br />

Créée en 1987 de par la volonté d’un groupement d’écoles,<br />

la banque ECRICOME célèbre en 2018, le 30 e anniversaire<br />

de son concours PRÉPA. En trois décennies, la banque<br />

d’épreuves a su faire perdurer l’intérêt des<br />

préparationnaires et des prescripteurs.<br />

Un savoir-faire, une philosophie<br />

Ce qui anime ECRICOME, c’est de garantir à nos candidats des<br />

conditions de concours exemplaires tant dans notre organisation<br />

que dans la qualité des épreuves, toujours respectueuses des programmes<br />

des CPGE. À l’aide de processus et de règlements éprouvés<br />

et expertisés, nous garantissons à nos partenaires l’intégrité<br />

de nos résultats et une équité totale dans le traitement des candidats.<br />

Une organisation complexe,<br />

un concours simple<br />

Les étudiants peuvent choisir leur centre d’écrits parmi 46 lieux<br />

repartis en France métropolitaine, dans les DOM-TOM ou à l’étranger<br />

pour passer leurs 6 épreuves écrites concentrées en 3 journées.<br />

Ils peuvent choisir librement un centre proche de chez eux,<br />

notamment parce que les copies sont ensuite intégralement brassées<br />

manuellement. Il n’est donc pas nécessaire de s’éloigner<br />

de peur que ses copies soient corrigées avec celles de meilleurs<br />

candidats.<br />

Durant la phase des oraux, ECRICOME et les services des admissions<br />

des écoles sont à l’écoute pour permettre à chacun l’organisation<br />

de son « Tour de France », moment privilégié et décisif pour<br />

le choix de sa future école.<br />

Un concours organisé pour et avec<br />

les classes préparatoires<br />

La proximité entre les classes préparatoires et ECRICOME est<br />

très grande depuis l’origine. Les lycées à classes préparatoires<br />

accueillent les épreuves, les professeurs participent à l’élaboration<br />

des sujets, accompagnent la correction des épreuves jusqu’à la<br />

publication des corrigés annuels mis à la disposition de la communauté<br />

pédagogique. Nous avons ici l’occasion de les remercier<br />

pour cette fructueuse collaboration au service de la réussite des<br />

élèves.<br />

Un concours où tous les candidats<br />

ont leur chance<br />

Nous souhaitons que nos concours restent accessibles au plus<br />

grand nombre. Avec un taux de boursiers important, un<br />

accueil spécifique des candidats demandant un aménagement<br />

des épreuves écrites et/ou orales en raison d’un handicap<br />

▼<br />

(composition des épreuves sur un ordinateur, traduction des<br />

épreuves en braille, accessibilité de la salle en fauteuil, etc.) et<br />

un effort significatif pour abaisser les tarifs, ECRICOME prend la<br />

mesure de sa responsabilité sociale en tant qu’acteur de la<br />

filière, et afin de garantir au plus grand nombre une accessibilité<br />

aux Grandes Écoles.<br />

De plus, ECRICOME se donne les moyens de compléter la formation<br />

des préparationnaires à l’aide d’un centre d’entraînement<br />

gratuit et illimité baptisé le HUB ECRICOME. Les préparationnaires<br />

peuvent trouver en ligne les annales des sujets antérieurs avec le<br />

sujet et son corrigé et surtout les conseils des correcteurs. Un vrai<br />

complément aux cours de leurs professeurs !<br />

suite page N<br />

n Dates d’inscription<br />

du 10 décembre au 12 janvier 2018.<br />

Uniquement en ligne sur le site :<br />

ecricome.org<br />

n 3 jours d’épreuves écrites<br />

Lundi 16, mardi 17 et mercredi 18 avril 2018.<br />

Épreuves orales du 20 juin au 6 juillet 2018.<br />

n 1 365 places proposées<br />

- 1 260 places pour les prépas EC.<br />

- 105 places pour les littéraires.<br />

n Tarifs 2018<br />

EC.........................280 € pour les non boursiers<br />

LITTÉRAIRES......140 € pour les non boursiers<br />

Boursiers..............30 €<br />

n Deux Grandes écoles membres<br />

• NEOMA BS (Reims, Rouen).<br />

• KEDGE BS (Bordeaux, Marseille).<br />

- Membres de la Conférence des Grandes Écoles,<br />

- Triple accréditation internationale : AACSB, AMBA<br />

et EQUIS.<br />

- Classées au FT.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


suite de la page N -1<br />

KEDGE - Bordeaux<br />

Un concours du XXI e siècle<br />

Cette année, nous développons à l’attention des candidats une<br />

interface accessible depuis un mobile, une tablette ou un ordinateur.<br />

Ce nouvel ESPACE CANDIDAT concentrera à la fois les données d’inscription,<br />

une messagerie intégrée, les documents téléchargeables et<br />

les justificatifs imprimables. Grâce à une connexion via un compte<br />

Facebook© ou Gmail©, ECRICOME poursuit ses innovations digitales<br />

dans tous les domaines et prépare les concours du futur.<br />

2 Grandes Écoles, 4 capitales régionales<br />

Si les noms des écoles ont bien changé au gré des fusions, l’offre<br />

de la banque d’épreuves ECRICOME est plus que jamais cohérente,<br />

PUBLI-INFORMATION<br />

NEOMA - Reims<br />

▼ homogène et plébiscitée par les candidats (+3,4 % en <strong>2017</strong>).<br />

La gouvernance de KEDGE BS et NEOMA BS témoignent de notre<br />

capacité à organiser la sélection de deux Grandes Écoles françaises,<br />

sélectives et exigeantes. Nous mettons tout notre savoir-faire au<br />

service de nos membres partenaires qui ont su tisser entre eux<br />

depuis plusieurs décennies une véritable relation de confiance et<br />

une vraie vision partagée du recrutement.<br />

Rappelons également qu’avec 1 365 places ouvertes aux étudiants<br />

de 2 e année de classes préparatoires EC et littéraires, la banque<br />

d’épreuves ECRICOME propose 18 % des places du SIGEM. Un ordre<br />

de grandeur significatif pour maximiser ses chances d’intégration<br />

dans une Grande Ecole de classe internationale comme en<br />

témoignent les classements du FT ou du SIGEM. ◆<br />

KEDGE - Bordeaux<br />

NEOMA - Reims<br />

Nathalie HECTOR,<br />

Directrice des Programmes Initiaux de KEDGE BS<br />

« Le concours ECRICOME PRÉPA permet grâce à sa<br />

personnalisation de garantir un continuum entre les années<br />

d’études en classes préparatoires et les enseignements dispensés<br />

en école de commerce.<br />

Pour cela, rien de tel que des épreuves hautement qualitatives<br />

conçues en commun avec les professeurs des classes préparatoires<br />

et la direction des études des écoles.<br />

Nos atouts : des sujets en lien avec le programme de CPGE et<br />

l’actualité, correspondant à la philosophie historique d’ECRICOME.<br />

Sans doute une des raisons de sa longévité ! »<br />

Sylvie JEAN,<br />

Directrice du programme Grande Ecole de NEOMA BS<br />

« Membre fondateur d’ECRICOME en 1987, NEOMA Business School<br />

fait toujours confiance, 30 ans plus tard, à ECRICOME pour<br />

l’organisation des concours d’accès à son Programme Grande Ecole.<br />

L’organisation du concours par ECRICOME permet à NEOMA<br />

Business School de faire partie des écoles les plus attractives, avec<br />

plus de 8 000 candidats en <strong>2017</strong>. Les candidats sont accompagnés<br />

efficacement dès leur dépôt de candidature jusqu’à l’admission en<br />

école. Partenaire reconnu de l’enseignement supérieur, ECRICOME<br />

participe aux instances décisionnaires ou institutionnelles comme<br />

le SIGEM, la BEL, et cultive ses excellentes relations avec les<br />

professeurs des classes préparatoires. »<br />

KEDGE - Marseille<br />

NEOMA - Rouen<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


ENTRETIEN<br />

« Notre business model<br />

ne dépend que<br />

de ressources internes »<br />

Olivier Rollot : À la suite des propos de l’ancien directeur<br />

général d’HEC, Bernard Ramanantsoa, qui a parlé d’écoles<br />

« au bord du gouffre », beaucoup s’interrogent sur la<br />

santé financière des écoles de management françaises.<br />

Comment se porte Kedge BS ?<br />

José Milano : Nous avions anticipé de longue date le débat<br />

actuel en acquérant peu à peu notre autonomie financière.<br />

Aujourd'hui ni les financements extérieurs ni la taxe d’apprentissage<br />

ne nous sont indispensables, même si cette dernière permet<br />

d’amplifier notre politique sociale. Notre business model ne<br />

dépend que de ressources internes. Nous le devons aux leviers<br />

de croissance forts que nous a apportés la fusion des deux<br />

écoles et d’une optimisation de l’allocation de nos ressources.<br />

L’effet de taille nous a permis de notamment améliorer notre efficacité.<br />

Notre école de management, tout en étant une association<br />

à but non lucratif labellisée EESPIG (Établissement d'enseignement<br />

supérieur privé d'intérêt général), doit tirer bénéfice de<br />

l’application d’outils de gestion d’entreprise. À ce titre, elle doit<br />

être capable de maîtriser sa structure de coûts pour dégager une<br />

marge qui permettent durablement d’investir. Pour avoir un ordre<br />

d’idée, nous devons être capables d’investir 15 % de notre<br />

chiffre d’affaires, notamment dans le digital et l’international.<br />

Cette maîtrise des coûts peut aussi passer par exemple par<br />

l’externalisation de certaines tâches administratives qui ne sont<br />

pas au cœur de notre métier comme la gestion des contrats<br />

d’alternance - 1500 chaque année - qui nous a permis d’accompagner<br />

les équipes vers un travail plus valorisant sur les<br />

relations avec les entreprises et le soutien à nos étudiants.<br />

© Kedge BS<br />

Depuis cet été il est le nouveau directeur général de Kedge BS.<br />

José Milano revient sur la solidité financière d’une école qui<br />

fait partie des 3 % des business schools les plus importantes<br />

dans le monde en chiffre d’affaires. Une école dont le socle est<br />

toujours constitué par ses étudiants issus de CPGE.<br />

Enfin, notre performance financière nous permet de soutenir une<br />

action sociale forte par l’octroi de bourses, le cautionnement de<br />

prêts étudiants, le financement des intérêts de l’emprunt ou<br />

encore l’accompagnement d’associations œuvrant auprès des<br />

étudiants les plus modestes.<br />

O. R : Mais avez-vous le sentiment que les pouvoirs<br />

publics sont vraiment attentifs à la bonne santé d’écoles<br />

de management très bien classées au niveau international<br />

?<br />

J. M : Les pouvoirs publics ont bien pris conscience que l’enseignement<br />

supérieur est un secteur d’activité très positif pour la<br />

compétitivité en France. Aucun responsable n’a intérêt à fragiliser<br />

un dispositif d’excellence comme le nôtre qui est très présent<br />

dans les politiques publiques y compris au niveau diplomatique.<br />

Ce qui rejoint le rôle que nous jouons dans l’attractivité des<br />

>>> suite page 13<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 12<br />

territoires quand nous sommes, comme c’est le cas aujourd'hui,<br />

associés à des projets d’implantation d’entreprises chinoises notamment.<br />

Nous devons développer des offres de formation dédiées pour<br />

nos territoires, comme nous le faisons par exemple pour la filière<br />

viti-vinicole où nous participons à l’accompagnement des<br />

acteurs, de la petite exploitation à la région viticole dans son<br />

ensemble.<br />

O. R : La bonne gestion dont vous parlez est-elle suffisante<br />

pour continuer à progresser sur un marché de plus en<br />

plus compétitif ?<br />

J. M : La bonne gestion fait gagner du temps mais n’est pas<br />

suffisante sur le long terme. Dans un secteur très atomisé, Kedge<br />

fait partie des 3 % des business schools les plus importantes<br />

dans le monde en chiffre d’affaires. Or la question du financement<br />

de notre développement, notamment digital et international,<br />

va se poser avec toujours plus d’acuité. Nous devons adapter<br />

et transformer nos business models. Dans le domaine de la<br />

formation par exemple, nos environnements sont disruptés par<br />

de nouvelles expériences pédagogiques. Les « m 2 » de bâtiments<br />

que nous construisent les chambres de commerces aujourd'hui<br />

n’ont rien à voir avec ceux d’il y a dix ans.<br />

Dans le domaine de la recherche également, les questions sont<br />

nombreuses. Quel impact peut avoir la recherche ? Peut-elle être<br />

pour partie financièrement rentable ? Peut-on vraiment développer<br />

le fundraising avec la sociologie des dirigeants et des entreprises<br />

en France ? Sans doute, mais ce doit être l’aboutissement<br />

d’une politique de long terme avec les alumni que seule HEC a su<br />

mener significativement pour l’instant.<br />

O. R : Parlons plus spécifiquement des classes prépas.<br />

Êtes-vous satisfait de votre recrutement <strong>2017</strong> ?<br />

J. M : Nous avons atteint nos objectifs tout en remontant la barre<br />

d’admission. Cela démontre la qualité des jeunes que nous<br />

recrutons. Au-delà de l’employabilité, les candidats sont<br />

aujourd'hui bien conscients de notre capacité particulière à les<br />

aider à construire un projet professionnel abouti.<br />

Avec l’APHEC (Association des professeurs des classes préparatoires<br />

économiques et commerciales) et les proviseurs de lycées<br />

possédant des CPGE nous travaillons aussi à la création de nouvelles<br />

modalités d’évaluation. Différentes études démontrent que<br />

les différentiels de notes entre le dernier entrant et le dernier<br />

admissible sont très ténus.<br />

O. R : La notion de « continuum » CPGE / grandes écoles<br />

est également très prégnante dans ces discussions.<br />

Pourriez-vous faire évoluer votre pédagogie pour que le<br />

« fossé » entre la prépa et la grande école soit moins<br />

difficile à franchir pour vos étudiants ?<br />

J. M : Nous sommes favorables à ce que les cours fondamentaux<br />

en début de cycle soient renforcés, avec plus de place pour<br />

les « humanités digitales », de conférences d’ouverture et de<br />

remédiation. Le socle de première année doit être robuste pour<br />

permettre ensuite à nos étudiants d’affiner leur projet. Mais ce<br />

« continuum » repose selon nous aussi sur le service d’accompagnement<br />

que nous apportons à nos étudiants. Notre dispositif<br />

Be-U relève d’une pédagogie spécifique à KEDGE qui mixe développement<br />

personnel et accompagnement à la professionalisation.<br />

En proposant un coaching personnalisé lié à la mise en action<br />

(les projets-actions que réalisent nos étudiants), nous leur<br />

permettons très rapidement d’expérimenter leurs connaissances<br />

et leurs compétences, et d’apprendre de leurs erreurs. L’objectif<br />

de cette personnalisation du cursus est d’apporter la même<br />

qualité de service à tous les étudiants où qu’ils se trouvent sur<br />

nos campus.<br />

N’oublions pas également que nos étudiants sont à un âge de<br />

leur vie très sensible. Au travers de notre processus « wellness »,<br />

avec des psychologues et des pédagogues dédiés, nous les accompagnons<br />

dans cette transition globale.<br />

O. R : Vous êtes satisfait des résultats du Concours<br />

Ecricome que vous partagez avec Neoma BS ?<br />

J. M : Les chiffres sont là pour démontrer son attractivité et sa<br />

sélectivité. Cette année nous modernisons encore notre offre<br />

avec l’ouverture à de nouvelles écoles, par exemple pour recruter<br />

leurs bachelors, en marque blanche. Aujourd'hui Ecricome est<br />

une alternative nécessaire à la BCE pour des étudiants qui ne<br />

veulent pas tout miser sur un seul concours et peuvent avec lui<br />

accéder à deux écoles de très haut niveau.<br />

O. R : Vos recrutements pourraient-ils évoluer ?<br />

J. M : Il faut sans doute aussi s’ouvrir davantage à des voies de<br />

recrutement par dossier pour donner leur place à des profils<br />

différents, notamment à l’international. En complément des<br />

entretiens par Skype, nous réfléchissons également à implémenter<br />

d’autres solutions technologiques, d’une part pour recruter<br />

les étudiants là où ils sont, et d’autre part pour adopter des<br />

modes de recrutement qui correspondent aux usages de nos<br />

candidats. Par ailleurs, les admissions sur titre nous permettent<br />

déjà de recruter des étudiants de très bon niveau. Il ne faut pas<br />

opposer volume et excellence. Nous pouvons avoir des diplômés<br />

nombreux de haut niveau. Il ne faut pas se contenter d’une élite<br />

malthusienne.<br />

O. R : Quelle est la spécificité de Kedge qui porte son<br />

image ?<br />

J. M : Nous construisons cette image pas à pas. Acquérir une<br />

image cela ne se fait qu’au terme d’un long processus, d’autant<br />

plus quand cette image s’appuie sur le développement d’une<br />

recherche d’excellence. C’est vrai pour toutes les écoles qui ont<br />

fait ce choix qui peut nécessiter une dizaine d’années, voire plus,<br />

avant d’obtenir des résultats. Je vous rappelle que Kedge n’a<br />

que 4 ans et doit encore développer ses « capabilities ». Nous<br />

incitons pour cela nos enseignants-chercheurs à se fédérer<br />

autour de projets car c’est autant la reconnaissance académique<br />

que leur réussite qui feront prospérer nos centres d’excellence<br />

dont certains bénéficient déjà d’une belle notoriété, tant auprès<br />

des entreprises que de nos étudiants.<br />

Nous sommes dans un marché mondial concurrentiel et cette<br />

globalisation est une évidence pour nos étudiants comme nos<br />

professeurs. Pour autant nous sommes aussi une école ancrée<br />

dans nos territoires. Une école proche des entreprises : quand<br />

nous lançons un nouveau master, en « marketing digital » par<br />

exemple, il est co-construit avec les entreprises leader sur ce<br />

marché. C’est ainsi que nous développons une différenciation<br />

par la pédagogie.<br />

O. R : Kedge BS est née en 2013 de la fusion d’Euromed<br />

Marseille et de Bordeaux EM. Peut-on affirmer aujourd'hui<br />

que cette fusion est une réalité ?<br />

J. M : KEDGE est bel et bien une réalité pour nos étudiants, pour<br />

nos diplômés, comme pour l’ensemble des collaborateurs, du<br />

corps professoral ou de nos partenaires académiques ou entreprises.<br />

C’est cette réalité ambitieuse qu’a constaté EQUIS en<br />

>>> suite page 14<br />

→ José Milano, 48 ans,<br />

est directeur général de<br />

Kedge Business School<br />

depuis juillet <strong>2017</strong>. Il en<br />

était auparavant directeur<br />

général délégué après<br />

avoir rejoint l’école<br />

début 2016 en tant que<br />

directeur général adjoint<br />

en charge du « Corporate<br />

Development ». Il y a<br />

notamment mené le<br />

processus de définition<br />

du plan stratégique qui<br />

doit guider Kedge BS<br />

jusqu’en 2020. Diplômé<br />

de l’Ecole normale<br />

supérieure de Cachan en<br />

économie et gestion, d’un<br />

DEA de sociologie des<br />

organisations de Sciences<br />

Po, d’un DEA droit<br />

international économique<br />

et d’un magistère de<br />

droit des activités<br />

économiques de Paris-I<br />

ainsi que d’un certificat<br />

d’aptitude à la profession<br />

d’avocat du barreau de<br />

Paris, José Milano était<br />

depuis 2012 directeur<br />

des affaires sociales de<br />

la Fédération française<br />

des sociétés d’assurances<br />

(FFSA). Il a auparavant<br />

occupé un grand nombre<br />

de responsabilités au<br />

sein de la direction des<br />

ressources humaines du<br />

groupe AXA et d’AXA<br />

France, et a été DRH et<br />

secrétaire général d’AXA<br />

Group Solutions, dont il<br />

était également membre<br />

du comité de direction.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


DÉBAT<br />

© Kedge BS<br />

>>> suite de la page 13<br />

→ Un jour une EESC ?<br />

Kedge BS pourraitelle<br />

un jour devenir<br />

un établissement<br />

d’enseignement supérieur<br />

consulaire (EESC) ? Un<br />

sujet que José Milano a en<br />

tête : « Nous regardons ce<br />

que pourrait nous apporter<br />

ce statut notamment en<br />

observant nos confrères,<br />

mais ce n’est pas à l’ordre<br />

du jour ». Pour l’instant<br />

Kedge est labellisée<br />

EESPIG (Etablissement<br />

d'enseignement supérieur<br />

privé d'intérêt général), un<br />

statut peu compatible avec<br />

celui d’EESC.<br />

En plus de Bordeaux<br />

et Marseille, Kedge<br />

BS est également<br />

implantée à Paris.<br />

nous accordant une accréditation de 5 ans, sans aucun « below<br />

standard » ce qui est très rare. C’est le projet d’avenir porté par<br />

Kedge comme unité qui a emporté la conviction des accréditeurs.<br />

Nous suivons notre plan stratégique 2016-2020 en le réactualisant<br />

régulièrement en fonction des résultats pour<br />

responsabiliser nos équipes et nous ajuster aux évolutions du<br />

marché. Nous poursuivons notre transformation et avons pour<br />

objectif de contribuer à celle de notre éco-stystème.<br />

O. R : Kedge est challengée par des écoles, notamment<br />

Skema BS, qui proposent des modèles différents.<br />

Pourriez-vous vous en rapprocher en ouvrant par exemple<br />

plus de campus à l’étranger sachant que vous êtes<br />

installés en Chine ?<br />

J. M : Et également en Afrique, où nous pouvons nous appuyer<br />

sur notre campus de Dakar, une école très bien classée par<br />

"Jeune Afrique" et que nous comptons encore renforcer. Mais<br />

d’abord pour y recevoir des étudiants africains. Nous nous positionnons<br />

sur un autre modèle que Skema. En Chine nous<br />

sommes déjà un acteur reconnu – notre MBA y est classé à la<br />

37 e place par le "Financial Times" - avec un potentiel de développement<br />

considérable.<br />

À Suzhou, près de Shanghai, nous intégrons chaque année une<br />

promotion importante d’étudiants chinois au sein de l’Institut<br />

franco-chinois « finance, économie et gestion » que nous avons<br />

créé avec l’université Renmin et les universités Paris-Sorbonne<br />

et Paul-Valéry de Montpellier. Des étudiants d’excellent niveau<br />

qui nous choisissent alors que leurs résultats leur permettraient<br />

d’intégrer des universités du top 10 chinois. Nous y recevons<br />

également un grand nombre d’étudiants du programme grande<br />

école venant de nos campus français afin qu’il y ait une vraie<br />

mixité de profils à l’IFC Renmin.<br />

Aujourd’hui nous menons un nouveau projet d’IFC en compagnie<br />

de l’Académie nationale des Beaux-Arts de Pékin – qui fait partie<br />

du top 3 mondial dans sa discipline - Paris-Sorbonne, les Arts<br />

Déco et le Musée d’Orsay pour développer une filière de management<br />

des entreprises culturelles. Nous sommes une ETI qui<br />

s’internationalise avec la capacité de gérer des consortiums<br />

internationaux.<br />

O. R : Ce ne serait pas plus logique de monter ces projets<br />

avec les universités d’Aix-Marseille et Bordeaux ?<br />

J. M : Nous le faisons aussi. Le master « Vin » par exemple est<br />

réalisé en partenariat avec l’Institut des sciences de la vigne et<br />

du vin (ISVV) de l’université de Bordeaux. Il faut se retrouver sur<br />

des projets. Cela peut se faire avec les universités de nos territoires,<br />

mais cela ne doit pas nous empêcher d’aller trouver des<br />

compétences ailleurs en compagnie de dirigeants avec lesquels<br />

nous entretenons d’excellentes relations.<br />

O. R : Quel regard jetez-vous sur les communautés<br />

d'universités et d'établissements (Comue) ?<br />

J. M : Les Comue participent d’une politique nécessaire à la dynamique<br />

de nos territoires, et nous sommes d’ailleurs ravis d’être<br />

membre de la Comue Aquitaine et travaillons étroitement avec<br />

Aix-Marseille Université en PACA. Comment se pilotent opérationnellement<br />

des ensembles qui semblent être de bonnes idées sur le<br />

papier ? Dans un pays comme la France, le danger est que nos<br />

tendances bureaucratiques l’emportent. Pour donner du sens aux<br />

Comue, il faut d’abord développer des projets concrets pour éviter ce<br />

que le sociologue Norbert Alter a parfaitement analysé comme la<br />

« lassitude des acteurs de l’innovation » si les organisations l’empêchent.<br />

La réussite des Comue passera sûrement, comme dans<br />

certaines entreprises, par un modèle d’innovation par business units<br />

dédiées que l’on analyse très bien dans les sciences de gestion.<br />

O. R : L’executive education paraît la piste de développement<br />

la plus prometteuse. Où en êtes-vous ?<br />

J. M : Nous réalisons une croissance de 30 % cette année avec<br />

un chiffre d’affaires qui atteint les 8 millions d’euros<br />

(sur 110 M€ en tout). Nous pouvons encore largement progresser<br />

comme à Bordeaux où nous avons procédé par croissance<br />

externe et possédons aujourd'hui 15 % du marché. À Paris,<br />

notre développement a été plus rapide qu’attendu et nous<br />

voulons déménager pour disposer de locaux beaucoup plus<br />

importants et adaptés à cette activité.<br />

Comme nous y a engagés la loi de 2014 sur la formation professionnelle,<br />

nous avons apporté de la modularité dans nos<br />

programmes afin de proposer nos diplômes sous forme de certificats.<br />

L’executive education a aussi la vertu de confronter les<br />

enseignants aux demandes des entreprises et d’ouvrir ainsi de<br />

nouveaux terrains de recherche. Elle nous permet également de<br />

tester des pédagogies particulières, notamment grâce au digital.<br />

Aujourd'hui si nous avons reconquis l’un des principaux armateurs<br />

mondiaux, CMA-CGM, c’est grâce à notre capacité à<br />

délivrer des programmes en France et à l’étranger en supply<br />

chain management et maritime. C’est donc une combinaison de<br />

compétences qui fait la différence.<br />

O. R : Il y a des domaines particuliers dans lesquels vous<br />

vous sentez le plus légitime pour développer votre<br />

formation continue ?<br />

J. M : Nous cherchons à nous développer autour de nos expertises<br />

qui sont particulièrement fortes dans la supply chain management,<br />

le marketing and brand management et la RSE (responsabilité<br />

sociale des entreprises). Dans ces domaines d’excellence,<br />

nous sommes au coude à coude avec les meilleurs acteurs<br />

européens en termes de production de recherche académique.<br />

Et nous avons d’autres domaines d’expertise en plein développement<br />

dans le vin, les industries culturelles, la santé, l’entrepreneuriat<br />

ou encore la finance autrement.<br />

O. R : Vous parlez management organisationnel. Mais<br />

comment faut-il gérer une école de management ?<br />

J. M : Une école de management se caractérise par la diversité et<br />

la complémentarité de son encadrement qui comprend aussi bien<br />

des enseignants-chercheurs - 180 chez Kedge - demandeurs<br />

d’implication que des équipes support souvent composées de profils<br />

variés issus du monde de l’entreprise et du milieu consulaire.<br />

Le comité de direction d’une école doit être le reflet de cette diversité<br />

: un corps professoral indispensable qui s’appuie sur des fonctions<br />

support professionnelles. Nous devons travailler tous ensemble<br />

pour faire réussir cette entreprise académique. J’apprécie<br />

beaucoup ce proverbe africain qui dit « Si tu veux aller vite, vas-y<br />

seul mais si tu veux aller loin, alors va avec les autres ». n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

© HEADway<br />

Dominique Seux des « Echos »<br />

recevait Alice Guilhon (Kedge BS),<br />

Donald Brydent (Prêt d’Union),<br />

David Simonnet (Axyntis),<br />

Julien Henault (Mazars) et<br />

Jean-Louis Chauve (professeur en<br />

CPGE) pour le deuxième débat des<br />

rencontres annuelles de l’APHEC.<br />

Quel continuum<br />

des classes prépas<br />

aux Grandes Écoles ?<br />

Depuis quelques mois, un groupe de travail, mêlant professeurs de prépas et<br />

responsables des grandes écoles, réfléchit à l’amélioration du continuum<br />

CPGE-Grandes Écoles. Le 17 novembre l’APHEC organisait justement la deuxième<br />

édition de ses rencontres annuelles dans les locaux de l’ESCP Europe sur la<br />

thématique « La filière classes prépas - grandes écoles de management :<br />

un parcours gagnant ». L’occasion de faire le point sur l’avenir d’une filière<br />

qui cherche à s’affirmer comme telle.<br />

>>> suite page 16<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15<br />

DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 15<br />

Le constat est fait par le président de l’APHEC, Alain Joyeux,<br />

en ouverture des rencontres annuelles de son association :<br />

« Les clignotants sont a priori au vert : les effectifs sont en<br />

hausse, le nombre de places au concours augmente. C’est donc<br />

le bon moment pour réfléchir à l’avenir de notre filière. Nous ne<br />

délivrons pas de diplôme, nos diplômes ce sont les grades de<br />

master délivrés par les écoles. Il est donc vital de voir comment<br />

cette filière peut fonctionner mieux en 5 ans et non pas en 2+3<br />

ans ». Plus largement, Alain Joyeux remarque « qu’autour de<br />

nous tout change, à l’échelle européenne, à l‘échelle mondiale…<br />

», que les étudiants changent : « C’est la génération de<br />

l’international, de l’ouverture, la génération connectée ». Il veut<br />

également réfléchir à la pédagogie : « Le moment ou l’enseignant<br />

était le seul à détenir le savoir dans la classe est dépassé<br />

». Autant de thématiques qui sont aujourd'hui au cœur des<br />

réflexions sur l’avenir de la filière…<br />

: Une filière stabilisée mais concurrencée<br />

Avec quelque 10 799 candidats en <strong>2017</strong>, le nombre de candidats<br />

issu des classes préparatoires s’est stabilisé depuis<br />

quelques années. Même chose pour les places offertes par les<br />

écoles - 50 places de plus sur 7 799 pour la session 2018 -,<br />

même si ce chiffre cache des disparités avec une diminution<br />

des places chez certaines écoles quand d’autres sont clairement<br />

en hausse. Il serait en tout cas possible d’ouvrir plus de<br />

classes selon Alain Joyeux : « Nous attendons l’ouverture de<br />

nouvelles classes. En ECS nous avons 10 candidats pour une<br />

place ». Mais attention prévient Chantal Collet, la proviseur du<br />

lycée Saint-Louis à Paris : « S’il y a plus de demandes d’entrées<br />

en classes préparatoires, les lycées vont aussi plus loin dans<br />

le classement des élèves. Ce qui signifie que de plus en plus<br />

d’étudiants sortent d’APB ».<br />

>>> suite page 17<br />

Continuum : les mesures proposées<br />

Les mesures proposées pour un meilleur continuum<br />

CPGE/Grandes Écoles de management<br />

suite au travail entrepris entre l’APHEC,<br />

l’APLCPGE (Association des Proviseurs de<br />

Lycées à Classes Préparatoires aux Grandes<br />

Écoles) et 14 Grandes Écoles (SKEMA, ESCP-Europe,<br />

EDHEC, GEM, TBS, NEOMA, Rennes SB,<br />

Dijon BSB, EM Normandie, KEDGE, ISC, IN-<br />

SEEC, ESC Pau, ESSEC) vont dans deux grandes<br />

directions.<br />

: Développer une « culture<br />

commune » entre CPGE et<br />

Grande École.<br />

Dans cet esprit le groupe de travail propose :<br />

• la création par les écoles de « modules en<br />

ligne » à destination des élèves de CPGE pour<br />

faire découvrir aux étudiants dès la première<br />

année de leur cursus quelques-uns des enseignements<br />

délivrés en Grande École. Chaque<br />

école pourrait par exemple préparer une intervention<br />

très accessible de 30 minutes consacrée<br />

à une présentation générale d’un domaine du<br />

management. L’objectif n’est évidemment pas<br />

que chaque école fasse sa publicité à travers ce<br />

support, mais plutôt de permettre une sensibilisation<br />

des étudiants de CPGE aux enseignements<br />

et à la pédagogie qui les attendent en école.<br />

Ces modules (une dizaine tout au plus) seraient<br />

suivis en CPGE sous la responsabilité d’un<br />

professeur de CPGE. Ils pourraient faciliter les<br />

préparations aux entretiens de personnalité et<br />

de motivation, permettre aux candidats d’atténuer<br />

les aléas de cette épreuve en leur donnant<br />

une base commune face aux jurys et donner<br />

aux étudiants des vues un peu plus précises sur<br />

les voies vers lesquelles ils s’engagent. Ils seront<br />

disponibles dès la prochaine rentrée ;<br />

• l’intervention de professeurs de CPGE en<br />

année prémaster de Grande École pour délivrer<br />

des cours ou des modules de culture générale,<br />

géopolitique ou autres, afin de permettre un<br />

passage « plus en douceur » de la classe préparatoire<br />

à la Grande École ;<br />

• la création par l’APHEC d’un diaporama ou<br />

d’une vidéo à destination des professeurs de<br />

Grande École, expliquant le fonctionnement<br />

des classes préparatoires, leur pédagogie et leur<br />

contenu. Il sera également précisé que les professeurs<br />

de CPGE sont connectés à la recherche<br />

car désormais en grande majorité docteurs. Ce<br />

support sera produit d’ici l’automne <strong>2017</strong> ;<br />

• l’association des professeurs de classes préparatoires<br />

aux entretiens de personnalité dans<br />

les écoles, soit en tant que jury, soit en tant<br />

qu’observateur. Cette pratique existe déjà dans<br />

certaines écoles et pourrait être étendue. Elle<br />

permettrait aux professeurs de CPGE de mieux<br />

connaître les écoles et leurs enseignants.<br />

: Offrir aux étudiants de CPGE<br />

une première sensibilisation<br />

au monde de l’entreprise et du<br />

management.<br />

La piste d’une immersion dans une organisation<br />

(entreprises, associations, etc.) au cours de la première<br />

année de CPGE semble intéressante à l’ensemble<br />

des participants au groupe de réflexion.<br />

Elle permettrait aux préparationnaires d’avoir<br />

une première approche personnelle de l’entreprise.<br />

Plusieurs expériences en la matière fonctionnent<br />

déjà, notamment dans les voies ECT.<br />

Ce dispositif d’immersion, d’ores et déjà programmé<br />

dans une trentaine de lycées à CPGE à<br />

Paris et en régions, pourrait prendre les contours<br />

suivants :<br />

• durée : 5 jours au cours de la première année<br />

de CPGE, pris sur les cours en fin d’année ou<br />

pendant les vacances de printemps ;<br />

• structures d’immersion : entreprises, associations,<br />

etc.<br />

• organisation et tutelle : accords entre des<br />

lycées volontaires et des structures qui mettent<br />

en relation les entreprises et les jeunes telles<br />

que Passeport avenir, Fratelli, les Rotarys, les<br />

antennes locales des syndicats patronaux, etc.<br />

• les attendus (sachant qu’il convient d’éviter le<br />

risque d’une simple répétition du stage d’observation<br />

que tous les collégiens effectuent en 3 e )<br />

seraient aussi bien de donner aux étudiants<br />

une dimension concrète de terrain à un cursus<br />

en CPGE, dont le contenu est exclusivement<br />

académique, que d’offrir aux étudiants<br />

l’expérience de rencontres et d’échanges avec<br />

des managers, la possibilité dans certains cas<br />

d’effectuer pour des PME des petites missions<br />

(enquêtes de terrain par exemple) et enfin de<br />

demander aux étudiants de tirer un bilan pour<br />

eux-mêmes en termes d’apport, de bonne surprise<br />

ou de déception de cette immersion sous<br />

la forme d’un court « rapport d’étonnement » ;<br />

• le compte-rendu sera rédigé sous la responsabilité<br />

du professeur de CPGE, dans la mesure<br />

du possible un professeur d’une école de management<br />

pouvant venir effectuer un débriefing<br />

collectif avec les étudiants sur ce qu’ils peuvent<br />

retenir de leur immersion ;<br />

• lors de l’entretien de personnalité et de motivation,<br />

deux ou trois questions pourraient<br />

être posées par le jury aux candidats sur le bilan<br />

qu’ils tirent de cette immersion ;<br />

• quel cadre administratif ? : les lycées à CPGE<br />

n’ont pas la possibilité - sauf exceptions souvent<br />

liées à la présence de BTS dans l’établissement -<br />

de signer une convention de stage. Cependant,<br />

étant donné la faible durée de cette immersion,<br />

il suffit que le projet soit voté en conseil d’administration<br />

pour permettre au proviseur d’autoriser<br />

ces quelques jours hors du lycée. Cette<br />

immersion peut même être inscrite dans le<br />

projet d’établissement.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16<br />

DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 16<br />

Paris-Dauphine, des universités en Suisse, au Royaume-Uni<br />

et même aux États-Unis, des bachelors, certaines licences, la<br />

concurrence est rude pour les classes préparatoires et donc<br />

pour les grandes écoles… « C’est peut-être dû à la peur de<br />

la charge de travail que représente la scolarité en classe préparatoire,<br />

sans doute au manque de connaissance du fait que<br />

les parcours sont très sécurisés - ce qui pousse des élèves à<br />

préférer des parcours intégrés, peut-être encore à l’attractivité<br />

des doubles licences », analyse Chantal Collet<br />

: Une image à revoir<br />

Les classes préparatoires souffrent encore beaucoup d’une<br />

image de « bagne » qui leur colle trop souvent à la peau. Alain<br />

Joyeux estime même que les professeurs de classes préparatoires<br />

ont trop souvent eu « le tort d’être sur la défensive » :<br />

« Non la classe préparatoire ce n’est pas le bagne. Nous devons<br />

l’affirmer et notre communication évolue pour bien montrer<br />

quelle est notre valeur ajoutée. La prépa n’est plus le temple de<br />

l’individualisme forcené. Les promotions qui ont les meilleurs<br />

résultats sont celles dans lesquelles la mutualisation du travail<br />

est la plus forte ». Et Chantal Collet d’insister : « Nous travaillons<br />

de plus en plus en groupe. La classe préparatoire reste rude<br />

mais nos élèves sont accompagnés ». Des vidéos sont d’ailleurs<br />

réalisées à destination des élèves de terminale pour qu’ils comprennent<br />

mieux comment on travaille en CP.<br />

Cette image de la classe préparatoire est également troublée<br />

par son nom, bien trop réducteur. « Nous apportons des compétences<br />

qui sont très utiles pour l’École et la vie professionnelle »,<br />

insiste encore Alain Joyeux. Mais faut-il changer la pédagogie<br />

« magistrale » des classes préparatoires ? « Elle pourrait évoluer<br />

si les concours évoluent. Nous pourrions proposer une épreuve<br />

avec un dossier ou même un accès Internet pour mesurer la<br />

capacité des candidats à gérer l’information et à la hiérarchiser.<br />

On les habituerait ainsi à faire des choix, ce qu’on leur demande<br />

en permanence en école et jamais en CPGE », imagine Alain<br />

Joyeux.<br />

Tout cela en n’oubliant pas les grandes forces de la prépa.<br />

Et notamment cette capacité de travail qui y ont acquise les<br />

jeunes. « Les jeunes qui sortent de classes préparatoires sont<br />

très bien formés, ils ont acquis des méthodologies, des capacités<br />

de travail. On leur a donné le goût au travail et ce n’est pas<br />

nécessairement le cas pour les diplômés qui ne passent pas<br />

par cette filière », assure Donald Bryden, président du conseil<br />

de surveillance de Prêt d’Union. « Ce goût pour le travail nous<br />

devons leur donner. Il n’est pas inné. Et nous avons désormais<br />

face à nous des étudiants qui se posent des questions : suis-je<br />

à ma place en CP ? », insiste Jean-Louis Chauve, professeur<br />

au lycée La Martinière-Duchère de Lyon et membre du bureau<br />

de l’APHEC. « Pour aller chercher de nouveaux candidats<br />

nous devons réfléchir à notre communication mais aussi à ce<br />

que nous proposons aux étudiants. Plus que jamais, pour les<br />

convaincre de la valeur de nos formations, nous avons besoin<br />

des écoles comme des chefs d’entreprises qui leur permettent<br />

de se projeter », demande Alain Joyeux pour lequel les classes<br />

préparatoires doivent évoluer pour « éviter le déclin et que, dans<br />

quelques années, elles ne soient pas réservées qu’à quelques<br />

meilleures écoles ».<br />

: La force d’une filière<br />

Le directeur général d’ESCP Europe, Frank Bournois, est formel :<br />

« Si nos écoles sont dans le top mondial c’est parce qu’il y a<br />

une filière amont aval intégrée avec une capacité des classes<br />

préparatoires à apporter aux écoles des étudiants d’immenses<br />

qualités ». Oui mais voilà « cette filière en 5 ans n’est pas<br />

perçue de l’extérieur », constate Alain Joyeux. Logique quand un<br />

concours, forcément stressant,<br />

coupe brutalement la filière.<br />

Mais n’est-ce pas la même<br />

chose en médecine ? Et même<br />

deux fois à la fin de la PACES<br />

(première année commune<br />

aux études de santé) puis lors<br />

de l’ECN (examen classant national)…<br />

« Il faut expliquer ce<br />

qu’est le concours et le fait<br />

que tous les étudiants, s’ils<br />

le souhaitent peuvent trouver<br />

un point de chute en école. Il<br />

faut que nous soyons identifiés<br />

comme une filière non pas<br />

L’accueil des<br />

admissibles, ici<br />

à l’Essec, est un<br />

moment privilégié<br />

de rencontre<br />

entre l’école et les<br />

élèves de prépas.<br />

"2+3" mais "2+1+2" comme le préconise la directrice générale<br />

de Skema, Alice Guilhon », reprend le président de l’APHEC.<br />

Un concept « 2+1+2 » qui convient parfaitement à Frank Bournois<br />

: « L’année pré-master est bien une année charnière car<br />

c’est très difficile pour les élèves d’appréhender la diversité<br />

des écoles ». D’où l’idée de réaliser des petites vidéos avec les<br />

écoles pour faire comprendre aux élèves de classes préparatoires<br />

comment on y étudie. Une meilleure transition qui passe<br />

aussi par un rapprochement des prépas avec le monde du<br />

travail. Un sujet particulièrement important lors des entretiens<br />

d’oraux où les élèves se retrouvent face à un problème paradoxal<br />

: ils ne travaillent que sur des disciplines académiques<br />

pendant leurs années de prépas et, au final, on leur demande<br />

leur avis sur l’entreprise ou leur carrière. « Nous voulons plonger<br />

nos étudiants en entreprise par un stage de 10 jours en<br />

fin de 1 re année. Cela permettra aux étudiants de se projeter,<br />

ce qu’ils ne font absolument pas », note Chantal Collet. Une ou<br />

deux semaines en entreprise qui doivent permettre aux jeunes<br />

de comprendre que « la réalité est complexe alors qu’ils sont<br />

trop scolaires et binaires », considère encore Alain Joyeux.<br />

: Répondre aux nouvelles attentes de la<br />

société<br />

Toutes ces questions sur le continuum prépas / grandes écoles<br />

sont d’autant plus d’actualité qu’Internet, le numérique, l’intelligence<br />

artificielle, bouleversent totalement les besoins des entreprises.<br />

« Nous devons plus que jamais nous interroger sur ce<br />

qui est attendu par la société à l’horizon 2030. Il va se passer<br />

plus de choses dans les dix ans à venir que dans les quarante<br />

années passées dans le numérique ou les biotechnologies et on<br />

ne s’en rend pas assez compte », prévient Frank Bournois, qui<br />

demande qu’on « transforme nos programmes pour ne pas se<br />

passer d’une dimension prospective et sociale ».<br />

Une transformation des cursus qui a déjà conduit les écoles à<br />

être bien plus innovantes, notamment pour amener leurs étudiants<br />

à créer des entreprises. « La volonté de nos élèves de<br />

créer des entreprises est sans commune mesure avec ce qui<br />

existait il y a 30 ans. Toutes les écoles organisent des Hackathon,<br />

des activités tournées vers l’entrepreneuriat. La façon<br />

d’aborder la création d’entreprises s’est transformée », assure<br />

la directrice générale de Skema BS, Alice Guilhon. Et justement<br />

le « cheminement de l’entrepreneur » (de l’idée à la réalisation<br />

en passant par la conviction) est « celui que l’on acquière en CP<br />

alors que les techniques que l’on apprend en école sont assez<br />

vite périmées », certifie David Simonnet, le P-DG du groupe de<br />

chimie fine Axyntis qui n’en demande pas moins qu’on « préserve<br />

les classes préparatoires des contraintes de l’entreprise »<br />

car la « force des grandes écoles est aussi leur capacité à proposer<br />

un continuum vers l’entreprise par les stages et la professionalisation<br />

». n<br />

Sébastien Vivier-Lirimont<br />

© Essec BS<br />

→ Une transition souvent<br />

difficile<br />

« L’arrivée des étudiants de<br />

CPGE en école est souvent<br />

difficile par manque de<br />

préparation à la nouvelle<br />

pédagogie » note le groupe de<br />

travail sur le continuum. Les<br />

élèves de classes préparatoires<br />

savent travailler efficacement,<br />

mais manquent souvent de soft<br />

skills, ce qui nuit à leur bonne<br />

adaptation en première année<br />

de Grande École. Les écoles<br />

constatent également une<br />

« dépressurisation » lors de la<br />

première année, suite aux deux<br />

années intenses de préparation<br />

au concours, avec des étudiants<br />

parfois moins motivés et<br />

moins actifs que les étudiants<br />

étrangers.<br />

→ Une méconnaissance<br />

mutuelle<br />

Autre constat : il existe une<br />

certaine méconnaissance des<br />

professeurs de Grande École<br />

sur le cursus classe préparatoire<br />

et son contenu, le constat étant<br />

comparable pour les collègues<br />

de classes préparatoires sur les<br />

enseignements dispensés en<br />

école. Les professeurs étrangers<br />

notamment, connaissent mal le<br />

cursus en classes préparatoires<br />

et les collègues de CPGE ont<br />

parfois une vision réductrice<br />

de ce qui est fait en école.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

« En classes préparatoires,<br />

il y a à la fois un magnifique<br />

contenu et de la méthode »<br />

HEC reste l’école dont rêvent<br />

quasiment tous les élèves de<br />

prépas. Une prééminence en<br />

France qu’elle entend faire<br />

reconnaître dans le reste du<br />

monde en s’appuyant toujours<br />

sur un recrutement fondé sur<br />

les CPGE explique son directeur<br />

délégué, Eloïc Peyrache.<br />

© HEC Paris<br />

Olivier Rollot : Quel regard portez-vous sur les CPGE ?<br />

Est-ce vraiment un système aussi unique dans le monde<br />

qu’on veut bien le dire ?<br />

Eloïc Peyrache : Proposer un concours national après 2 années<br />

de formation intenses et très diversifiées dans l’enseignement<br />

supérieur est sans aucun doute assez unique. Mais c’est beaucoup<br />

plus dans le moment de la sélection que dans la philosophie<br />

même des études proposées que réside la singularité.<br />

Prenons quelques exemples. Le cursus d’un étudiant en bachelor<br />

du Massachussetts Institute of Technology (MIT), de Berkeley<br />

ou de Wharton est composé, en gros, de deux années de liberal<br />

arts et de deux années plus spécialisées. Le modèle n’est pas si<br />

différent de notre modèle. Wharton est l’une des meilleures<br />

business schools du monde et on y étudie la philosophie avant le<br />

business. Bref, l’articulation de l’enseignement entre la prépa et<br />

les écoles est cohérente avec ce qu’on rencontre ailleurs. C’est<br />

son agencement qui va varier car le découpage disciplinaire est<br />

beaucoup moins marqué dans les institutions du reste du monde.<br />

Mais, à mon sens, se consacrer au business dès la première<br />

année de formation postbac n’est pas compatible avec l’ambition<br />

de former à de la direction générale.<br />

Ensuite, il faut évoquer un parallèle intéressant entre le projet<br />

pédagogique des classes préparatoires et celui des liberal universities<br />

américaines. Beaucoup moins connues que les grandes<br />

universités de recherche, comme Harvard ou Stanford, leur corps<br />

professoral fait moins de recherche et consacre une très grande<br />

énergie au suivi des élèves. Alors que les étudiants américains<br />

ont à choisir entre ces deux types d’institutions, nos étudiants en<br />

France ont le meilleur des deux mondes : deux années de liberal<br />

university en classe prépa avant d’intégrer une institution de recherche<br />

comme HEC.<br />

O. R : Quelles sont les qualités essentielles qu’on<br />

apprend en prépa ? En quoi serviront-elles toute la vie ?<br />

E. P : En classes préparatoires, il y a à la fois un magnifique<br />

contenu et de la méthode. Une nouvelle fois, l’histoire, les mathématiques<br />

ou la géopolitique y ont toute leur place. Le rythme et<br />

l’enjeu du concours permettent en plus d’acquérir une véritable<br />

vitesse neuronale et une très bonne capacité à structurer son<br />

analyse. Et ce, sur des sujets très divers. Tout ceci servira toute<br />

la vie.<br />

O. R : En quoi les activités associatives sont essentielles<br />

pour se forger une personnalité ? Ne prennent-elles pas<br />

parfois une place trop importante dans la scolarité dans<br />

les écoles de management ?<br />

E. P : La clé est de pouvoir mettre en pratique ses connaissances<br />

et d’expérimenter. Dans une école de management, et contrairement<br />

aux écoles d’ingénieurs, il y a peu de Travaux Pratiques<br />

(TP). Mais l’apprentissage par l’expérience n’en est pas moins<br />

>>> suite page 19<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 18<br />

important. Il est même fondamental. Il s’est historiquement fait<br />

au travers des études de cas.<br />

Au fil des années, l’apprentissage par la pratique est de plus<br />

rentré dans les projets pédagogiques des écoles. Il peut compléter<br />

ou accompagner des projets étudiants menés dans le cadre<br />

d’associations ou de clubs. Il est donc fondamental de promouvoir<br />

l’implication de nos élèves dans des projets de terrain<br />

ambitieux. Nos étudiants vont ainsi pouvoir à la fois monter une<br />

comédie musicale dans un grand théâtre parisien, créer une<br />

entreprise dans le domaine de l’intelligence artificielle ou préparer<br />

des jeunes élèves de banlieue à un concours d’éloquence.<br />

Dans tous les cas, leur capacité créative, leur aptitude à gérer<br />

une équipe et leur professionnalisme seront au cœur de ces<br />

projets. L’enjeu pour les Écoles est alors double : assurer une<br />

forte ambition des projets menés et gérer le bon équilibre entre<br />

l’acquisition de savoirs et la mise en pratique.<br />

O. R : L’année de césure est quasi obligatoire à HEC.<br />

Qu’apporte-t-elle aux étudiants ?<br />

E. P : Elle n’est pas du tout obligatoire. Mais c’est une fantastique<br />

année d’apprentissage et d’introspection. Les étudiants<br />

reviennent toujours beaucoup plus matures que ce qu’ils étaient<br />

avant de se frotter au monde du travail et ils ont souvent<br />

commencé à répondre à une question fondamentale : qu’ai-je<br />

envie de faire plus tard ?<br />

Ce processus de connaissance de soi débute dès la première<br />

année sur le campus se prolonge naturellement pendant cette<br />

année d’expérience professionnelle. Certains élèves décident<br />

également de vivre certains de leurs rêves pendant une année,<br />

qu’il s’agisse de faire le tour du monde ou de travailler auprès<br />

des plus démunis dans des bidonvilles. Dans tous les cas, c’est<br />

très formateur et enrichissant.<br />

O. R : Plusieurs écoles ont fait évoluer leurs oraux des<br />

concours cette année. Envisagez-vous des évolutions<br />

dans les années à venir ?<br />

E. P : Les concours doivent évoluer en permanence. Dans leur<br />

esprit comme dans le type de sujets proposés. Cela donne<br />

parfois lieu à des débats passionnants et passionnés. Et c’est<br />

tant mieux car la qualité des modalités de sélection des candidats<br />

est un élément clé de toute institution académique.<br />

Nous sommes sans aucun doute l'Ecole qui a l'oral le plus<br />

exigeant. Nous sommes également convaincus que ce ne sont<br />

pas les mêmes qualités que l'on peut déceler à l'écrit et à l'oral.<br />

Nous souhaitons attirer à HEC les élèves ayant à la fois les meilleurs<br />

profils académiques mais également de grandes qualités<br />

relationnelles, d’argumentation et d'écoute. C’est pourquoi, à<br />

HEC, l'oral dure 3 jours et est composé de six épreuves. Nous<br />

continuerons à avoir cette exigence sur l'oral.<br />

O. R : HEC reste l’objectif suprême de tout étudiant de<br />

prépa EC !<br />

E. P : Notre objectif c’est que cela soit encore plus vrai dans le<br />

futur et que cela le soit tout autant pour tout étudiant issu de<br />

bachelor dans le monde. C’est un magnifique défi et une grande<br />

responsabilité. L’année dernière avec Peter Todd, le directeur<br />

général d’HEC, nous échangions avec le dean de Yale School of<br />

Management et lui disions qu’en France nous avions 10 000<br />

candidats aux grandes écoles de management et qu’HEC recrutaient<br />

les 380 meilleurs. C’est un taux de sélectivité très impressionnant<br />

même pour le dean de l’une des institutions les plus<br />

prestigieuses au monde. Mais encore plus impressionnant était<br />

pour lui le fait que quasiment 100 % des admis intègrent en effet<br />

HEC. Aux États-Unis, même les meilleures universités retiennent<br />

au mieux 85 % des candidats qu’elles acceptent. Ce qui, d’ailleurs,<br />

est le taux de confirmation que connait HEC dans sa procédure<br />

d’admission internationale. Preuve s’il en est que même<br />

sur cette voie très concurrentielle, HEC est également leader.<br />

Mais bien au-delà de cela, c’est tout le projet du groupe HEC qui<br />

est attractif et qui se réinvente en permanence. Nous cherchons<br />

bien entendu à former nos élèves sur tous les sujets qui<br />

annoncent de grandes évolutions sociétales. Nous avons par<br />

exemple lancé un master joint avec l’École Polytechnique en<br />

Data Science for Business. Nous faisons le maximum pour<br />

permettre à nos élèves d’identifier et de vivre leurs rêves. Mais<br />

nous avons également l’ambition d’être identifié comme l’une<br />

des toutes meilleures institutions de management dans le<br />

monde. La signature par Peter Todd d’une nouvelle alliance très<br />

structurante avec Yale School of Management et Hong Kong University<br />

of Science and Technology participe de cette ambition.<br />

O. R : Le nombre d’élèves en CPGE continue à progresser.<br />

E. P : Je me souviens que l’année de ma prise de fonction, nous<br />

avions eu 3 600 candidats au concours d’entrée sur concours<br />

prépa. Aujourd’hui, nous avons près de 5 500 candidats, soit une<br />

hausse de 60 % en 9 ans. Dans ce contexte, difficile de dire que<br />

la classe préparatoire n’est pas attractive. Elle l’est d’autant plus<br />

que, in fine, tous les élèves ont une place dans l’une des écoles<br />

recrutant sur concours. C’est une assurance extraordinaire pour<br />

tout étudiant qui s’engage dans cette voie. Ils n’en ont souvent<br />

pas conscience. Et autre bonne nouvelle, alors que nous avions<br />

5 % d’étudiants boursiers d’État sur critères Sociaux à HEC il y a<br />

10 ans, nous en comptons aujourd’hui plus de 15 %.<br />

O. R : Avec l’apport des étudiants étrangers,<br />

l’internationalisation de votre campus est-elle une<br />

réalité ?<br />

E. P : Chaque année en septembre ce sont en tout 700 internationaux<br />

issus des meilleures universités du reste du monde et de<br />

95 nationalités différentes qui arrivent dans les programmes<br />

Grande École et MS/MSc d’HEC. Ils transforment le campus en<br />

un véritable Forum Mondial. C’est une chance incroyable pour<br />

tous nos élèves de se lier d’amitiés avec de brillants étudiants du<br />

monde entier et de vivre concrètement les enjeux de la multi-culturalité.<br />

O. R : On parle beaucoup aujourd'hui de la<br />

« dépressurisation » dont souffriraient des étudiants de<br />

prépa à leur entrée dans une grande école faute<br />

d’émulation et de cours suffisamment « signifiants ». Le<br />

ressentez-vous également à HEC ?<br />

E. P : Nos élèves changent d’univers et c’est un défi. Ce qu’ils<br />

vont apprendre change et, en l’absence d’expérience professionnelle,<br />

certains peuvent se plaire à dire que certains cours<br />

→ Eloic Peyrache est<br />

directeur délégué de l'École<br />

HEC depuis 2008. Diplômé<br />

de l'École Normale Supérieure<br />

de Cachan, agrégé d'économie<br />

et gestion, il a obtenu sa<br />

thèse à l'Université Toulouse<br />

1 en juin 2003 après y avoir<br />

effectué un DEA d'économie<br />

mathématique et économétrie.<br />

Ses travaux portent à la<br />

fois sur les enjeux de la<br />

transmission d'information<br />

sur le marché du travail et sur<br />

des problématiques liées à<br />

l'intermédiation.<br />

→ L’X ou Paris-Saclay ?<br />

La question du rattachement<br />

à l’une ou l’autre des deux<br />

projets issus de Paris-Saclay,<br />

le « NewUni » de l’École<br />

polytechnique et l'université<br />

cible Paris-Saclay, n’est pas<br />

encore résolue pour HEC.<br />

Mais on connaît les liens<br />

qui unissent HEC et l’Ecole<br />

polytechnique…<br />

>>> suite page 20<br />

D’où viennent les étudiants d’HEC ?<br />

En première année (dite L3) les étudiants d’HEC viennent à 100 % des classes préparatoires<br />

et sont rejoints en deuxième année (en M1) par :<br />

- 220 étudiants internationaux issus des meilleures universités dans le monde (New York<br />

University ou Berkeley aux États Unis, Tsinghua ou Fudan en Chine, Keio au Japon ou<br />

encore les Indian Institute of Technology en Inde) ;<br />

- 80 étudiants issus de double-diplômes français (École polytechnique, ENSAE, École<br />

des Mines ParisTech, École des Ponts ParisTech, Télécom ParisTech, Sciences Po ou<br />

encore l’École de Droit de Paris 1 Panthéon-Sorbonne).<br />

À ceux-là, s’ajoutent par exemple 400 étudiants – dont 60 % d’étudiants internationaux<br />

- qui suivent un des neuf mastères spécialisés ou MSc en 1 an.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


D O S S I E R<br />

→ De nouveaux<br />

doubles diplômes<br />

internationaux<br />

Avec trois autres business<br />

schools de tout premier<br />

niveau, la Science and<br />

Technology Business<br />

School (HKUST),<br />

la Sauder School of<br />

Business University<br />

of British Columbia<br />

(FGV) et la Yale School<br />

of Management, HEC<br />

lance un programme de<br />

doubles diplômes. Des<br />

diplômés de bachelor<br />

ou de licence auront<br />

la possibilité d’obtenir<br />

deux diplômes niveau<br />

master en étudiant sur<br />

deux continents pendant<br />

deux ans. Le programme<br />

devrait concerner 200 à<br />

300 diplômés par an dont<br />

une centaine passés par<br />

HEC. Le tout pour un<br />

prix à « l’américaine » :<br />

24 500 € pour étudier un<br />

an à HEC, 58 000 à Yale,<br />

34 000 à HKUST et 10 000<br />

à la FGV.<br />

→ Un master 100 %<br />

en ligne<br />

Le Master’s in Innovation<br />

and Entrepreneurship que<br />

lance HEC cette année<br />

s’adresse aux managers<br />

qui veulent développer<br />

et piloter l’innovation au<br />

sein de leurs organisations<br />

ainsi qu’à celles et ceux<br />

qui souhaitent créer<br />

leur entreprise. Les<br />

participants bénéficieront<br />

d’un enseignement<br />

flexible avec une offre<br />

de cours à la carte : ils<br />

pourront choisir de suivre<br />

ou un seul cours, ou une<br />

spécialisation, ou bien<br />

tous les enseignements<br />

du diplôme de master.<br />

Ce dernier sera facturé<br />

20 000€.<br />

>>> suite de la page 19<br />

manquent de stimulation intellectuelle.<br />

Leurs retours sont très différents après<br />

leur année d’expérience professionnelle<br />

ou quelques années après avoir<br />

été diplômés. Ils passent également<br />

d’un univers très franco-français à un<br />

autre très international. Ils passent d’un<br />

monde où ils ont été très encadrés à un<br />

monde d’opportunités incroyables et<br />

de grande liberté. Ils passent d’un<br />

monde où ils ont beaucoup appris à un<br />

monde où il faut désormais imaginer et<br />

créer. Ils passent d’un monde où ils<br />

avaient un objectif clair à un monde où<br />

ils doivent se poser les bonnes questions.<br />

C’est beaucoup de changements<br />

d’un seul coup. Il est donc normal que<br />

cela ne soit pas facile à gérer pour tout<br />

le monde.<br />

« Deviens qui tu es » disait Nietzsche.<br />

Notre ambition est de les accompagner<br />

dans cette aventure et de leur donner<br />

les armes pour se dire que tout est<br />

possible. Et je suis convaincu que c’est<br />

le cas. Sky is the limit pour nos élèves<br />

à HEC. Mais leur responsabilité est à la hauteur de leurs opportunités.<br />

O. R : Au-delà de son internationalisation qu’est-ce qui a<br />

le plus changé à HEC depuis votre arrivée ?<br />

E. P : Si je ne dois en retenir que deux, je dirais la dimension<br />

entrepreneuriale et l’ambition internationale. L’incroyable dynamique<br />

de création d’entreprise sur le campus et le succès de<br />

notre incubateur à Station F sont sans doute des marqueurs<br />

importants de la première dimension. L’arrivée chaque année<br />

d’autant d’élèves issus des meilleures institutions du monde<br />

entier et la signature d’accords de double diplôme avec MIT, Yale<br />

ou encore Tsinghua me confortent dans l’idée qu’HEC est devenue<br />

une institution de premier plan mondial et reconnue comme<br />

telle. Et ce qui est vrai de la Grande Ecole, l’est aussi du MBA et<br />

de la formation continue d’HEC. C’est un magnifique résultat<br />

collectif du Groupe.<br />

Mais j’aimerais rajouter une troisième dimension qui me tient<br />

particulièrement à cœur. Celle de l’empreinte sociale de l’institution.<br />

Laissez-moi vous donner quelques exemples. Chaque<br />

année, nous sensibilisons 380 femmes de banlieue (autant que<br />

d’admis au concours prépa) pour les aider à monter leur entreprise.<br />

C’est un programme d’une richesse incroyable. À l’issue<br />

de cette semaine, 60 entrent aujourd’hui dans notre programme<br />

annuel de pré-incubation avant de valider ensuite leur ticket pour<br />

l’incubateur HEC à Station F.<br />

Chaque année, nous accompagnons avec nos élèves HEC 380<br />

boursiers de prépas HEC et travaillons à ce que 100 % d’entre<br />

eux soient admis dans l’une des écoles françaises. Et qu’importe<br />

si cela n’est pas HEC, à partir du moment où nous leur avons<br />

donné la chance d’être admis dans une école bien plus prestigieuse<br />

que celle qu’ils espéraient intégrer à leur arrivée en<br />

classes prépa. Et demain, ce seront également 380 lycéens<br />

issus de quartiers prioritaires qui seront concernés avec l’ambition<br />

d’avoir 100 % de mentions au bac.<br />

O. R : HEC est la dernière grande école de management<br />

française à ne pas proposer de bachelor. Est-ce<br />

envisageable d’en ouvrir un dans les années à venir ?<br />

E. P : Aujourd'hui, nous préférons installer durablement nos programmes<br />

de niveau Master dans le cercle très fermé des grands<br />

© HEC Paris<br />

Etudier à HEC<br />

c’est un peu être<br />

à la campagne<br />

sur l’immense<br />

campus de<br />

Jouy-en-Josas<br />

leaders mondiaux. Tant que nous considérons que les meilleurs<br />

étudiants français vont en prépa tout va bien. Je vous le rappelle,<br />

pour nous, la prépa constitue les deux premières années d’une<br />

structure intégrée en 5 ans. Nous sommes donc présents avec<br />

elles sur le segment Bachelor. Tant que nous connaissons<br />

également des croissances à deux chiffres des candidatures<br />

internationales, nous sommes sur la bonne voie. Il faudra forcément<br />

se poser des questions si cela était remis en cause.<br />

O. R : L’exemple du bachelor qu’ouvre l’École<br />

polytechnique à la rentrée ne vous inspire pas ?<br />

E. P : Vous imaginez bien que nous sommes très vigilants aux<br />

évolutions du monde de l’enseignement supérieur. C’est vrai de<br />

ce que font l’École Polytechnique ou l’École 42 en France. C’est<br />

vrai de ce qu’il se passe au MIT ou à l’université de Tokyo dans<br />

le reste du monde.<br />

À la grande différence des parcours en sciences, les études en<br />

management viennent après un premier parcours dans une<br />

autre discipline. HEC a donc pu très fortement internationaliser<br />

son parcours dit « graduate » en ouvrant un accès en Master 1<br />

du programme Grande École à des étudiants qui avaient suivi<br />

des parcours très divers en amont. Polytechnique doit plus se<br />

positionner au niveau bachelor pour réussir une telle mue.<br />

O. R : HEC n’a pas non plus l’intention d’ouvrir des<br />

campus à l’étranger ?<br />

E. P : En formation continue, il y a une véritable logique à aller à la<br />

rencontre des cadres qui n’ont pas la possibilité de s’éloigner durablement<br />

de leur lieu de vie. Mais en formation initiale, je suis<br />

intimement convaincu que la reconnaissance de la marque doit<br />

précéder l’implantation à l’étranger. Une bonne partie des écoles<br />

qui ambitionnent d’avoir une forte reconnaissance mondiale et qui<br />

ne respectent pas cette logique doivent admettre des étudiants<br />

bien moins bons que ceux qu’ils ont sur leur campus historique.<br />

De plus, l’expérience internationale vécue par nos élèves est<br />

bien différente. Il est incomparablement plus stimulant et pertinent<br />

d’aller passer quelques mois ou même une année en petits<br />

groupes dans les meilleures universités du monde entier telles<br />

que Yale, Todai, Beida ou New York University que de se retrouver<br />

dans un entre-soi, même à l’autre bout du monde. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


PAROLES DE PROF<br />

© Montpellier BS<br />

Promotion de la voie ECT : une collaboration<br />

APHEC-ADEPPT - Grandes Écoles<br />

Les classes préparatoires<br />

économiques et commerciales voie<br />

technologique ont connu une<br />

véritable expansion ces dix dernières<br />

années. Pourtant elles peinent encore<br />

à recruter les meilleurs bacheliers,<br />

notamment là où elles sont en<br />

concurrence avec des BTS. Comment<br />

l’analyser ? Comment y remédier ?<br />

Par Béatrice Dubus, professeur de chaire<br />

supérieure en mathématiques au lycée Salvador<br />

Allende d’Hérouville Saint-Clair, vice-présidente<br />

de l’APHEC, voie T.<br />

«L<br />

es <strong>Prépas</strong> ECT : un tremplin exceptionnel… » Nicole Eparvier<br />

et Jean-Louis Chauve titraient ainsi leur article de « L’Essentiel<br />

du Sup » de mai <strong>2017</strong> ajoutant : « La filière ECT est désormais<br />

reconnue non seulement comme un outil majeur de l’ouverture<br />

sociale de l’enseignement supérieur, mais aussi comme une voie<br />

d’excellence et de réussite pour les élèves issus de la voie technologique<br />

».<br />

Voie d’excellence et de réussite pour les bacheliers STMG, les<br />

professeurs des classes préparatoires ECT et des Grandes Écoles<br />

de management en sont convaincus, leurs anciens élèves en<br />

témoignent. Mais qu’en est-il des acteurs de l’orientation des élèves<br />

de première et terminale technologiques ?<br />

Pour quelles raisons les effectifs en CPGE ECT sont-ils fluctuants ?<br />

Comment explique-t-on le moindre succès de la voie T dans les<br />

écoles « parisiennes » comparé à celui des voies E et S, alors que<br />

leurs taux d’intégration en Grandes Écoles sont quasi identiques ?<br />

Les réponses ne se trouveraient-elles pas dans la méconnaissance<br />

de ces classes par bon nombre de professeurs du secondaire, de<br />

proviseurs, de conseillers d’orientation et de familles, quarante et un<br />

ans après leur création…<br />

: Le recrutement en classe préparatoire ECT<br />

Philippe Heudron et moi-même avons participé pendant de<br />

nombreuses années au groupe de travail « filières technologiques »<br />

de la commission Amont de la Conférence des Grandes Ecoles. Le<br />

problème de recrutement en classes préparatoires technologiques<br />

concernait et concerne encore, les deux filières, la filière économique<br />

et commerciale et la filière ingénieur.<br />

En 2010-2011 Philippe Heudron réalisa pour ce groupe, une étude<br />

sur les classes préparatoires ECT. Elle n’est malheureusement pas<br />

obsolète si l’on en croit les efforts annuels déployés par les professeurs<br />

de ces classes pour recruter leurs étudiants.<br />

Il exploita une chronique que j’avais tenue durant les années 2000<br />

→ Sigles<br />

- APHEC : Association<br />

des Professeurs des classes<br />

préparatoires économiques et<br />

commerciales<br />

- ADEPPT : Association<br />

des Professeurs des classes<br />

préparatoires économiques et<br />

commerciales voie T<br />

>>> suite page 22<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 21 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


PAROLES DE PROF<br />

La Rochelle BS recrute ses<br />

étudiants dans toutes les<br />

voies des CPGE.<br />

>>> suite de la page 21<br />

→ Trois filières<br />

Il existe trois filières de classes<br />

préparatoires : économique<br />

et commerciale, littéraire,<br />

scientifique. À l’intérieur<br />

d’une filière on distingue des<br />

voies, en particulier pour la<br />

filière EC les voies E, S et T.<br />

à 2010 détaillant pour chacun des lycées de l’académie de Caen,<br />

ayant des classes STG (STMG désormais), le nombre de candidatures<br />

pour la classe préparatoire ECT d’Hérouville Saint-Clair, le<br />

nombre de dossiers retenus et le nombre d’élèves finalement inscrits<br />

à la rentrée. Figurait également dans ce tableau le nombre de<br />

Sections de Techniciens Supérieurs par établissement.<br />

L’intense campagne d’information menée chaque année par les<br />

professeurs de la CPGE ECT du lycée Salvador Allende, sillonnant le<br />

Calvados, l’Orne et la Manche, ne portant pas ses fruits, une petite<br />

analyse s’imposait alors.<br />

Bilan partiel de cette étude.<br />

Si l’on prend en compte les mentions au baccalauréat et l’étude des<br />

dossiers, on constate que beaucoup des meilleurs élèves de STMG<br />

ne choisissent pas la classe préparatoire.<br />

Le nombre de dossiers provenant d’un lycée est d’autant plus faible<br />

(voire nul) qu’il y existe au moins une STS. En réalité le taux de<br />

candidature en ECT est inversement proportionnel au nombre de<br />

STS des établissements « source » ! Il est d’ailleurs remarquable<br />

que ce taux soit de 3 % au plus quand il est de l’ordre de 20 % pour<br />

les élèves de la série S des lycées.<br />

Ainsi, il est certain que beaucoup des meilleurs lycéens de SMTG<br />

postulent pour rejoindre des IUT, et surtout des STS. Il arrive même<br />

que la classe préparatoire soit finalement intégrée par défaut, en<br />

deuxième ou troisième vœu…<br />

Les résultats obtenus furent en tous points corroborés par les données<br />

fournies par notre collègue Philippe Kohler, professeur d’allemand<br />

au lycée Franklin Roosevelt à Reims.<br />

Quelques explications possibles.<br />

Les lycéens de la série STMG et leurs familles apprécient les STS et<br />

les IUT pour leur caractère rapidement professionnalisant, surtout<br />

s’ils sont de milieu modeste. La perspective d’une scolarité d’au<br />

minimum 5 ans et de surcroît très coûteuse pour obtenir un premier<br />

© La Rochelle BS<br />

diplôme monnayable, est sans conteste un frein à l’ambition.<br />

Nombre de professeurs entretiennent les lycéens, dès leur entrée en<br />

classe de première STMG, dans l’idée que les BTS sont leur seule véritable<br />

perspective. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que des professeurs<br />

ou des proviseurs veuillent garder leurs meilleurs élèves en STS…<br />

: Les difficultés d’une réelle information en<br />

première et terminale STMG<br />

L’information est essentiellement faite par les professeurs de CPGE<br />

ECT qui se déplacent dans les lycées de leur académie où l’on veut<br />

bien les accueillir. Cependant il n’est pas rare que leurs propos se<br />

trouvent contredits par leurs collègues de ces établissements, le<br />

seuil tout juste franchi.<br />

Journées portes ouvertes, journées du lycéen, forums régionaux,<br />

salons de l’étudiant sont autant d’occasions pour présenter la classe<br />

préparatoire ECT, mais encore faut-il qu’une information préalable<br />

ait été donnée pour que les élèves de STMG viennent se documenter<br />

davantage. Il arrive régulièrement qu’un professeur participant à<br />

un forum ou un salon ne voie aucun élève ou si peu.<br />

N’est-il pas étonnant qu’un Salon de l’Étudiant en décembre <strong>2017</strong><br />

propose une conférence organisée par le rectorat intitulé « Entrer en<br />

BTS ou en IUT avec un bac Pro ou technologique » (et non pas réussir)<br />

alors que pour les baccalauréats généraux les conférences se<br />

déclinent en « Que faire avec un bac S ? », « Que faire avec un bac<br />

ES ? », « Que faire avec un bac L ? ». La conférence organisée par le<br />

rectorat pour « les classes préparatoires », toutes filières et toutes<br />

voies confondues, ne verra très certainement aucun élève de STMG.<br />

À la demande d’ajouter les CPGE comme débouché au baccalauréat<br />

technologique ou d’introduire une conférence spécifique « Que<br />

faire avec un bac STMG ? », il fut répondu : « Les filières d'études<br />

BTS et DUT sont largement majoritaires pour les bacheliers technologiques<br />

; l'inconvénient, je le reconnais, est de faire disparaître ce<br />

qui est minoritaire, méconnu et plus ambitieux. » L’année prochaine<br />

peut-être y aura-t-il un changement…<br />

Et pourtant Gilles de Robien, alors ministre de l’Éducation nationale,<br />

disait au lycée Michelet de Vanves en novembre 2006 : « Nous<br />

devons aider les jeunes à faire le choix de l’excellence et à oser<br />

choisir des filières exigeantes s’ils en ont la volonté et la capacité ».<br />

: Des raisons d’espérer<br />

Évidemment le tableau n’est pas si sombre puisque le nombre de<br />

classes préparatoires ECT a été multiplié par deux en dix ans et que<br />

certaines ont des effectifs plus qu’honorables. Le nombre de candidats<br />

des CPGE ECT aux concours est en hausse régulière d’environ<br />

10 % par an depuis cinq ans, c’est la voie qui progresse le plus - et<br />

de loin - toutes filières confondues.<br />

En effet des actions locales comme des partenariats entre classe<br />

préparatoire et lycées facilitent l’information des élèves. Comme le<br />

font également les Cordées de la Réussite qui interviennent auprès<br />

des élèves les moins favorisés, ceux-ci n’envisageant pas de poursuite<br />

d’études supérieures, non pas seulement « pour des raisons<br />

économiques, mais aussi par inhibition sociale et culturelle », affirmait<br />

encore Gilles de Robien.<br />

Des classes préparatoires, plutôt de métropoles, bénéficient aussi<br />

d’actions menées auprès des lycéens par une Grande École de<br />

management voisine, qui participent grandement à la promotion de<br />

ces classes et par suite au recrutement. Pour exemple l’emlyon.<br />

Christine Di Domenico, professeur d’économie et responsable du<br />

programme d’ouverture sociale, présenta en 2013 au Groupe<br />

Filières Technologiques les actions « Trait d’Union Multicampus<br />

Multiquartier » et « Trait d’Union <strong>Prépas</strong> ». Un programme ambitieux<br />

qui touche les élèves de la seconde à la terminale de seize lycées<br />

partenaires et dont l’un des objectifs est d’ « augmenter le nombre<br />

de bons candidats à la CPGE ECT » et par là même d’« accroître la<br />

diversité des étudiants en grande école ». Un dispositif d’accompa-<br />

>>> suite page 23<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 22<br />

gnement des étudiants en ECT s’en suit et contribue très certainement<br />

à leur intégration aux écoles du « top 6 ». D’autres écoles<br />

mettent en place des actions similaires, parmi elles on peut citer<br />

BSB, GEM, HEC, La Rochelle BS etc.<br />

On peut, ou pouvait, regretter que toutes les classes préparatoires<br />

ne bénéficient pas de tels dispositifs.<br />

: La constitution du groupe de promotion de<br />

la voie ECT<br />

En 2015 un petit cercle de représentants de Grandes Écoles de<br />

management et de professeurs de classes préparatoires ECT s’est<br />

réuni à l’initiative d’Olivier Guyottot, directeur du Programme Grande<br />

École de Montpellier Business School à cette époque, et de Jean-<br />

Luc Koehl, président de l’ADEPPT. Les bonnes pratiques afin de<br />

promouvoir la voie ECT ont été recensées. Cependant cette réunion<br />

n’a pas eu de suite.<br />

Pourtant la collaboration des deux parties CPGE, GE ne peut qu’être<br />

fructueuse, elle s’avère même indispensable puisque la classe<br />

préparatoire représente seulement les deux premières années d’un<br />

cursus Classe Préparatoire ECT-Grande École que les professeurs<br />

décrivent nécessairement aux lycéens.<br />

Avec le soutien de Pierre-Émile Ramauger, successeur d’Olivier<br />

Guyottot, et de Jean-Luc Koehl j’ai relancé l’idée de constituer un<br />

groupe de travail destiné à améliorer la qualité du recrutement des<br />

élèves dans nos classes préparatoires ECT et conséquemment dans<br />

les écoles.<br />

Toutes les écoles de la BCE et ECRICOME ont été contactées, dixneuf<br />

ont répondu favorablement et lors de la mise en place du plan<br />

d’action, malgré la date choisie, le 10 juillet <strong>2017</strong>, quinze d’entre<br />

elles étaient représentées. Une autre a rejoint le groupe dernièrement.<br />

Cinq professeurs de classe préparatoire y participent également<br />

et fort heureusement.<br />

L’objectif n’est pas de mettre en avant une classe préparatoire ou<br />

une grande école de management. La lumière doit être mise sur la<br />

formation CPGE ECT-GE qui permet à des élèves de voie technologique<br />

d’accéder à des carrières professionnelles auxquelles ils<br />

n’osent prétendre.<br />

Les témoignages des anciens étudiants sont essentiels pour illustrer<br />

la variété des parcours, qu’ils soient scolaires ou professionnels.<br />

Ceux-ci figureront sur un flyer, dans des vidéos, sur une page Facebook.<br />

Ces outils seront mis à la disposition de tous les professeurs<br />

de CPGE, utilisables lors des campagnes d'information dans les<br />

lycées ou lors des forums et autres journées portes ouvertes.<br />

Des sous-groupes se sont constitués en fonction des supports à<br />

réaliser ; l’un d’entre eux s’est attaché aux actions de terrain, rédigeant<br />

un courrier destiné en particulier aux proviseurs et aux<br />

équipes pédagogiques qui reçoivent les professeurs de classes préparatoires<br />

à « bras fermés », et proposant la participation d’un<br />

ancien étudiant d’école ou d’un représentant lors des interventions<br />

en terminale ainsi que la mise à disposition des locaux d’une grande<br />

école pour accueillir des lycéens.<br />

Les travaux dévolus à chacun d’eux ne sont pas loin d’être achevés<br />

mais ne peuvent donc à ce jour être totalement dévoilés. n<br />

Témoignages<br />

→ Alexandre K : « Mon parcours scolaire<br />

dans le secondaire s'est composé d'un BEP<br />

Vente Action Marchande, d'une première<br />

d'adaptation puis une Terminale STMG.<br />

Une fois mon bac obtenu, la classe<br />

préparatoire m'a non seulement semblé être<br />

la meilleure formation possible mais aussi<br />

la plus prestigieuse. Mes deux années de<br />

prépa n'ont fait que confirmer ce sentiment.<br />

Certes les exigences y sont élevées, mais<br />

l'enseignement proposé est unique. Il s'agit<br />

certainement de la seule filière post-bac<br />

où la formation intellectuelle, culturelle et<br />

linguistique est aussi poussée.<br />

Après la classe prépa et les concours, j'ai<br />

choisi d'intégrer l’école X qui a été une<br />

expérience inoubliable. Après un stage chez<br />

Orange et un master en alternance chez<br />

Air Liquide à Bordeaux, j'ai obtenu mon<br />

diplôme en juillet 2013. J'ai ensuite poursuivi<br />

ma carrière professionnelle à Francfort en<br />

Allemagne chez Air Liquide, d'abord en tant<br />

qu'analyste achat (2 ans), puis acheteur projet<br />

(2 ans) et aujourd'hui je travaille depuis 8<br />

mois en tant que chargé de mission pour<br />

le vice-président Project Operations d'Air<br />

Liquide Engineering & Construction. Jamais<br />

ce parcours n'aurait été possible sans être<br />

passé par la classe préparatoire A et l’école X.<br />

→ Noémie L : J’ai intégré la classe<br />

préparatoire ECT du lycée B en 2009.<br />

L’équipe pédagogique très complémentaire et<br />

rigoureuse a toujours eu à cœur de permettre<br />

aux étudiants de viser les meilleures écoles<br />

possibles. Je garde une affection toute<br />

particulière pour chacun des professeurs.<br />

Le soutien sur le plan humain, combiné à un<br />

encadrement académique de grande qualité,<br />

m’ont permis d’intégrer l’école Y. Mais<br />

au-delà de la réussite aux concours, ce que j’ai<br />

appris pendant mes deux années de prépa me<br />

sert encore régulièrement, tant en termes de<br />

connaissances que de capacité de travail.<br />

À l’école Y, les cours d’économie, de droit,<br />

de comptabilité, de management ont pour<br />

l’essentiel été des rappels de ce que j’avais<br />

appris en prépa. J’ai ensuite choisi de faire<br />

un double diplôme en droit des affaires et<br />

fiscalité à la Sorbonne, et ai obtenu mes deux<br />

masters en juin 2015.<br />

Aujourd’hui, j’entame un doctorat en Science<br />

Politique à l'Université Laval au Canada<br />

sur les interactions entre le commerce<br />

et l’environnement. Preuve qu’un bac<br />

STMG peut amener à réaliser les projets<br />

les plus variés, et peut-être même les plus<br />

inattendus…<br />

→ Yann A : Après avoir obtenu mon bac, j’ai<br />

décidé d’entrer en prépa ECT, la suite logique<br />

après un bac STMG. Mon projet professionnel<br />

n’était pas encore tout à fait bien défini et la<br />

prépa m’a aidé à faire mûrir ce projet. Nous<br />

disposons d’un encadrement solide et d’un<br />

enseignement assez généraliste ce qui m’a<br />

permis d’approcher déjà quelques matières<br />

enseignées en Grande École de commerce.<br />

Pendant ces deux années, je n’ai ressenti<br />

aucune compétition entre les élèves, bien au<br />

contraire, il y régnait une bonne ambiance,<br />

et une forte solidarité entre nous : on travaille<br />

en groupe, on s’échange des fiches etc. C’est<br />

tout naturellement ensuite que j’ai choisi<br />

d’intégrer l’école Z, car nous gardons un<br />

accompagnement personnalisé et de petits<br />

« groupes classe » tout au long de la scolarité.<br />

La possibilité de combiner un contrat<br />

d’apprentissage de 2 ans et une expérience<br />

professionnelle longue durée à l’étranger en<br />

fin de première année a largement influencé<br />

mon choix d’intégrer l’école Z.<br />

Issu de CPGE, je n’avais pas d’expérience<br />

professionnelle significative et mes<br />

expériences à l’international étaient plus que<br />

limitées. Mon stage de 6 mois au Royaume-<br />

Uni a été un véritable déclic, confirmant<br />

mon intérêt pour ce pays et mon projet<br />

professionnel.<br />

Dès mon retour à l’école Z, je suis devenu<br />

contrôleur de gestion junior en postulant à une<br />

offre d’apprentissage proposée par l’école Z.<br />

Mes expériences professionnelles et<br />

internationales ont été de véritables tremplins<br />

pour ma carrière puisque j’ai intégré une<br />

filiale anglaise du groupe PSA en VIE<br />

pendant 2 ans dès ma diplomation, pour<br />

devenir ensuite contrôleur de gestion junior<br />

puis responsable contrôleur de gestion<br />

(manager d’équipe) chez Jaguar Land Rover<br />

toujours au Royaume-Uni.<br />

À la question « pourquoi l’international ? »,<br />

je répondrais que c’est un incroyable<br />

accélérateur de carrière et une aventure<br />

humaine extraordinaire !<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 23 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


ENTRETIEN<br />

« Toulouse BS a un potentiel de<br />

progression du nombre de ses élèves »<br />

À la tête d’une école<br />

de management<br />

qui a retrouvé tout<br />

son attrait François<br />

Bonvalet explore avec<br />

nous les débats du<br />

moment : financement<br />

de l’enseignement<br />

supérieur,<br />

internationalisation,<br />

apprentissage, statut<br />

d’établissement<br />

d’enseignement<br />

supérieur consulaire<br />

(EESC) où en est<br />

Toulouse BS ?<br />

© M Huynh<br />

Olivier Rollot : Certains évoquent un « gouffre » dans lequel<br />

seraient prêtes de tomber les écoles de management<br />

françaises. D’autres s’inquiètent d’une possible disparition<br />

d’une partie de vos ressources liées à la taxe d’apprentissage.<br />

D’autres encore de la chute des subventions<br />

des chambres de commerce et d’industrie dont de nombreuses<br />

écoles bénéficient. Comment analysez-vous la<br />

situation ?<br />

François Bonvalet : Nous rencontrons certaines difficultés<br />

mais il ne faut surtout pas faire de catastrophisme. Sur un budget<br />

total de 52,5 M€ notre Chambre de commerce et d’industrie<br />

contribue par exemple à hauteur de 1,5 million qui nous aident<br />

essentiellement dans notre dimension recherche.<br />

Il n’en reste pas moins que nous devons faire face à deux postulats<br />

faux : le premier que l’apprentissage devrait d’abord être<br />

routé vers les métiers les moins qualifiés, le second que nous<br />

n’avons pas besoin de recourir à l’apprentissage dans nos formations.<br />

L’apprentissage est un véritable mode de formation qui<br />

permet de très bien placer les jeunes qui l’ont adopté et nous<br />

devrions avoir bien plus d’apprentis à tous les niveaux.<br />

O. R : De quels leviers disposez-vous pour pallier une essentielle<br />

baisse de vos ressources ?<br />

F. B : Nous avons d’abord un potentiel de progression du nombre<br />

de nos élèves, que ce soit en admission sur titre ou après une<br />

classe préparatoire. Pour augmenter notre sélectivité nous avons<br />

même réduit de dix places notre recrutement par cette dernière<br />

voie cette année. Nos droits de scolarité pourraient également<br />

progresser sachant que nous nous plaçons dans la moyenne<br />

pour notre bachelor et, avec 11 000 € par an, à l’avant dernière<br />

place du top 12 des écoles pour notre programme grande école.<br />

Nous sommes très accessibles au niveau mondial pour une école<br />

triple accréditée (AACSB/Equis/Amba). Cela nous permet aussi<br />

d’attirer des étudiants qui ne seraient sans doute pas venus si<br />

cela avait été plus lourd.<br />

À plus long terme nous serons sans doute confrontés à un effet<br />

de ciseau entre les besoins de notre recherche et les financements<br />

dont nous pouvons disposer. Ce qui n’est pas le cas<br />

partout. Au Royaume-Uni ce sont par exemple les business<br />

schools qui mènent des thématiques de recherche très porteuses<br />

et bien financées qui sont en France l’apanage des<br />

grands organismes de recherche.<br />

O. R : Que vous apporte le statut d’établissement d’enseignement<br />

supérieur consulaire (EESC) que vous avez<br />

adopté cette année ?<br />

F. B : D’abord de posséder une véritable personnalité morale<br />

avec un conseil d’administration et des instances représentatives<br />

du personnel. Cela nous a permis d’acquérir de la maturité<br />

dans nos relations sociales et de constater l’adhésion au projet.<br />

Alors que seulement 67 de nos 200 salariés ont pour l’instant<br />

intégré l’école sous le statut d’EESC, 87 % ont voté au sein des<br />

collèges de l’EESC plutôt que de rester dans les collèges de la<br />

CCI.<br />

>>> suite page 25<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 24 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 24<br />

O. R : Mais où en êtes-vous de l’apport d’actionnaires<br />

extérieurs ?<br />

F. B : Nous sommes en train de finaliser la valorisation de l’école.<br />

Début 2018 nous allons débuter des actions de fundraising et<br />

nous pensons recevoir la première entreprise actionnaire avant<br />

l’été 2018.<br />

O. R : Vous serez propriétaires de vos locaux ?<br />

F. B : Ce n’était pas un combat pour nous. Notre métier ce n’est<br />

pas de posséder des bâtiments. C’est donc la CCI qui conserve<br />

la propriété de l’immobilier et avec laquelle nous pourrons monter<br />

des structures mixtes. Nous commençons à être un peu à<br />

l’étroit dans nos murs et nous étudions différentes possibilités<br />

d’expansion. Mais si nous investissons dans l’immobilier ce sera<br />

plutôt dans nos implantations de Barcelone ou Casablanca.<br />

O. R : Vous allez donc bien poursuivre votre développement<br />

international ?<br />

F. B : Nous sommes depuis dix ans à Casablanca où nous<br />

venons de nous installer dans de tout nouveaux locaux de<br />

3 800 m 2 . De là nous visons toute l’Afrique subsaharienne où<br />

nous sommes en train de recruter tout un réseau d’agents. Nous<br />

venons également d’y lancer deux nouveaux mastères spécialisés<br />

et un bachelor qui reçoit déjà 50 étudiants. Les étudiants<br />

marocains sont très bien formés et le marché porteur mais c’est<br />

également un vrai choix pour nous que de donner un coup de<br />

main à un pays qui porte haut des valeurs de tolérance et de<br />

progrès.<br />

O. R : Parlons un peu de votre recrutement en classe<br />

préparatoire. Quel bilan tirez-vous du Sigem <strong>2017</strong> ?<br />

F. B : C’est une excellente année avec une hausse de notre barre<br />

d’admission. Nous avons préféré recruter dix candidats de moins<br />

alors que nous pourrions en recruter bien plus. Mais si les dix,<br />

douze premières écoles ouvrent plus de places, les autres seront<br />

en difficulté et nous voulons l’éviter.<br />

Nous croyons beaucoup au modèle classe préparatoire pour des<br />

élèves qui veulent être encadrés et intégrer forcément une bonne<br />

école. La classe préparatoire c’est une vraie musculation cérébrale,<br />

certes un peu déconnectée de la vraie vie, qui épate<br />

jusqu’à nos collègues américains. Nous aimerions d’ailleurs<br />

recevoir plus d’élèves issus de prépas littéraires : ils représentent<br />

7 % de nos effectifs et nous voudrions passer à 10 %. Nos seuls<br />

soucis sont avec les élèves issus de prépas technologiques - 6 à<br />

7 % de nos effectifs - dont pour certains l'adaptation est plus<br />

difficile.<br />

O. R : D’autres implantations sont envisageables ?<br />

F. B : Nous pensons au Moyen-Orient, à Dubaï ou au Qatar, en<br />

soutien de l’industrie aéronautique. Des études de faisabilité sont<br />

en cours et nous nous déciderons fin <strong>2017</strong> début 2018. On y<br />

trouve des populations qui sont très demandeuses de formation.<br />

Le tout est ensuite que chacun de nos campus trouve son propre<br />

équilibre très rapidement. Le tout est, que comme chacun de nos<br />

Toulouse BS et Toulouse SM<br />

L’IAE de Toulouse est devenu la Toulouse School of<br />

Management (TSM) cette année. François Bonvalet préfère<br />

parle de « coopétition » que de compétition :<br />

« Ce sont des amis avec lesquels nous partageons de<br />

nombreux professeurs. Nous venons même de signer avec<br />

campus, cette nouvelle implantation trouve son propre équilibre<br />

très rapidement.<br />

O. R : Vous évoquiez de nouvelles ressources. Où en êtesvous<br />

en formation continue ?<br />

F. B : En formation continue « pure » nous en sommes à 1,5 M€<br />

de chiffre d’affaires, trois millions en plus si on inclut les mastères<br />

spécialisés et les MSc en part time. Pour nous développer<br />

plus vite nous envisageons d’acquérir des entreprises. À Toulouse<br />

notre E-MBA et très porteur avec 40 étudiants par an en<br />

moyenne. On le retrouve même dans le top 100 (85 e en 2016) du<br />

classement des MBA du Financial Times.<br />

À Paris, où nous équilibrons les comptes d’un campus notamment<br />

consacré à la formation continue, la concurrence est beaucoup<br />

plus rude. Ce qui ne nous empêche pas d’y lancer cette<br />

année trois nouveaux MSc (« marketing produit et luxe »,<br />

« hospitality » et « international stratégie management ») destinés<br />

à des étudiants étrangers et à y développer un E-MBA et un<br />

DBA. Mais nous n’y lancerons pas de bachelor.<br />

Nous savons très bien délivrer des diplômes ou faire de la « haute<br />

couture », des programmes vraiment sur mesure, pour nos<br />

grands clients mais nous ne voulons pas proposer de catalogue<br />

de formations.<br />

O. R : Vous placez toujours très bien vos diplômés ?<br />

F. B : Nous sommes l’école qui propose le plus de doubles<br />

diplômes, que ce soit avec Sciences Po Toulouse, l’Enac, les<br />

Mines d’Albi, ce qui améliore encore l’employabilité de nos diplômés.<br />

Ville de Toulouse et place de l’aéronautique obligent, nous<br />

sommes également l’école qui place le plus de diplômés dans<br />

l’industrie : 26 % quand c’est plutôt 6 à 7 % en moyenne ailleurs.<br />

Or ce sont des postes souvent mieux payés qui permettent<br />

de belles progressions de carrière. Nous sommes enfin une école<br />

qui propose beaucoup de places aux apprentis - ils sont 172<br />

dans notre programme grande école - avec un centre de formation<br />

d'apprentis (CFA) interne qui fonctionne très bien et contribue<br />

à nos très bons taux d’insertion n<br />

TSM une convention de recherche qui fait de TBS le grand<br />

partenaire de l’école doctorale. Cela va nous permettre<br />

d’ajouter le doctorat dans notre portefeuille de programmes.<br />

Je préfère cohabiter avec un IAE de qualité que voir<br />

s’installer chez nous des business schools étrangères ».<br />

© TBS-Christian Rivière<br />

→ Des tarifs différents<br />

selon les pays<br />

Dispensé au prix de 9 000 €<br />

par an en France le bachelor<br />

de Toulouse BS coûte moins<br />

de 6 000 € au Maroc.<br />

→ Un Doctorate of<br />

Business Administration<br />

Toulouse BS diplôme une<br />

quinzaine de personnes<br />

chaque année en DBA, un<br />

diplôme dont l’obtention<br />

demande aux candidats<br />

une certaine maturité<br />

professionnelle. La thèse<br />

est en effet fondée sur<br />

des travaux nourris par<br />

l’expérience professionnelle.<br />

Pour des professionnels<br />

ce n’est pas du tout le<br />

même effort que dans une<br />

thèse classique. Il s’agit<br />

de donner un troisième<br />

souffle à sa carrière,<br />

pas systématiquement<br />

d’embrasser une carrière<br />

d’enseignant-chercheur.<br />

→ Pas de soucis Barcelone<br />

Toulouse BS n’a pas<br />

peur que les tentations<br />

indépendantistes nuisent à<br />

son développement dans la<br />

capitale catalane. « Bien sûr<br />

les images parfois violentes<br />

ne doivent pas polluer nos<br />

recrutements, en Amérique<br />

du Sud ou ailleurs. Mais<br />

aujourd'hui nous manquons<br />

surtout de m 2 pour continuer<br />

à nous y développer », affirme<br />

François Bonvalet.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 25 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12


REPÈRES<br />

« Parcoursup » : comment<br />

va fonctionner le nouvel APB<br />

Après trois mois de<br />

concertation, après un<br />

vote qui a couronné<br />

Parcoursup comme<br />

nouveau nom d’APB, un<br />

projet de loi réformant<br />

les conditions d’inscription<br />

et d’entrée des<br />

bacheliers à l’université<br />

a été déposé. Mais<br />

beaucoup de questions<br />

restent en suspens.<br />

Et notamment pour<br />

les CPGE.<br />

→ Les CPGE inquiètes<br />

En l’absence de classement<br />

des vœux dans Parcoursup,<br />

les CPGE craignent à la fois<br />

que répondre trop souvent<br />

« oui » aux candidats leur<br />

fasse courir un risque de<br />

sur-remplissage mais que<br />

« non » les prive d’élèves.<br />

L’ensemble des associations<br />

de professeurs de CPGE<br />

réunies dans la Conférence<br />

des Classes Préparatoires aux<br />

Grandes Écoles (CCPGE)<br />

préconise donc que les « oui<br />

définitifs » prononcés par<br />

les futurs étudiants le soient<br />

obligatoirement avant la<br />

rentrée. Autre proposition :<br />

qu'un vœu permette à un<br />

lycéen de sélectionner une<br />

filière et six établissements<br />

susceptibles de l'accueillir.<br />

Le projet de loi ne touche pas à l’alinéa de l’article L 612-3 du<br />

code de l’éducation qui prévoit que « le premier cycle est ouvert<br />

à tous les titulaires du baccalauréat ». Autrement dit : les formations<br />

non sélectives de l’université n’auront pas la possibilité de refuser un<br />

candidat si des places restent vacantes mais, précise le texte, elles<br />

pourront dorénavant conditionner son inscription au suivi de<br />

« parcours d’accompagnement pédagogique et de parcours de<br />

formation personnalisés » (stage de remise à niveau, cursus adapté,<br />

etc.). Sur la plateforme permettant aux lycéens de faire leurs vœux<br />

d’orientation, les formations pourront donc répondre « oui, si »<br />

(accepté, mais sous conditions) ou bien « oui » (accepté) ou « en<br />

attente ». Une nouvelle « commission d’accès au supérieur » sera<br />

chargée, dans chaque académie, de proposer des formations<br />

(proches de leurs vœux initiaux) aux candidats n’ayant pas reçu de<br />

proposition à l’issue de la procédure d’admission. Si la filière proposée<br />

est éloignée du domicile du candidat, des chambres en<br />

résidence universitaire pourront être réservées.<br />

: Comment les lycées vont-ils s’organiser ?<br />

Mobiliser deux professeurs par classe et leur demander de se<br />

prononcer sur la capacité de chaque élève à intégrer telle ou telle<br />

filière… pourquoi pas mais les professeurs de terminale sont-ils<br />

vraiment aptes à définir quels attendus sont indispensables à la<br />

réussite dans toutes les filières ? On peut légitimement en douter<br />

alors que la terminale va de plus en plus être consacrée à l’orientation<br />

des futurs étudiants. « Il convient de renforcer de manière significative<br />

les articulations existantes entre l’enseignement secondaire<br />

et l’enseignement supérieur. Cela suppose notamment de rénover<br />

profondément l’orientation des lycéens, en lui consacrant plus de<br />

temps et en développant les outils qui y sont consacrés » précise le<br />

projet de loi.<br />

: Comment les universités vont-elles<br />

examiner tous les dossiers ?<br />

« L’inscription dans la formation pourra, compte tenu d’une part des<br />

caractéristiques de la formation et d’autre part, de l’appréciation<br />

portée sur l’acquis de la formation antérieure du candidat, ainsi que<br />

de ses compétences, être subordonnée à l’acceptation par ce dernier<br />

des modalités proposées par l’établissement », établit le projet<br />

Le nouvel APB sera plus humain<br />

C’était une promesse incontournable du<br />

gouvernement en 2018 le tirage au sort<br />

sera supprimé tout comme l’algorithme<br />

d’affectation automatique. Le 15 janvier<br />

2018 Parcoursup viendra prendre le relais de<br />

l’actuel APB.<br />

• 10 vœux maximum. Au lieu des 24 vœux<br />

actuels - mais plutôt six en moyenne - seuls<br />

10 seront possibles au maximum.<br />

• Le classement des vœux c’est fini. Les<br />

vœux ne seront pas classés pour éviter les<br />

choix par défaut. Des lycéens acceptés dans<br />

tous leurs vœux risquent donc d’en bloquer<br />

longtemps beaucoup d’autres. Pour l’éviter<br />

le ministère annonce que « le temps pour<br />

répondre à chaque proposition sera limité ».<br />

• Plus de latitude géographique. Il n’y aura<br />

plus non plus de critère de lieu d’habitation<br />

(mais avec néanmoins des pourcentages<br />

maximums de mobilité par formation)<br />

pour favoriser la mobilité vers les universités<br />

dont les licences sont le moins demandées.<br />

Les formations seront, dans la mesure du<br />

possible, regroupées. On postulera donc une<br />

« PACES en Île-de-France » - ce qui était déjà<br />

le cas - ou à une « formation en informatique<br />

à Bordeaux ».<br />

• Des dossiers examinés un à un. Les<br />

dossiers et les projets des lycéens seront<br />

désormais consultés par les équipes<br />

pédagogiques des établissements où ils<br />

souhaitent étudier.<br />

de loi. Certes les universités proclament haut et fort leur motivation<br />

mais leurs personnels sont-ils vraiment prêts à prendre le temps<br />

nécessaire pour examiner des milliers de dossiers plus ou moins<br />

« déminés » par leurs collègues du secondaire ? C’est aujourd'hui<br />

un travail colossal pour les CPGE. « La plupart des dossiers seront<br />

relativement faciles à traiter. Là où nous allons passer du temps c’est<br />

par exemple pour juger les dossiers de candidats qui veulent intégrer<br />

des filières dans lesquelles ils sont faibles », juge la présidente de<br />

l’université Lille 3 et vice-présidente de la Conférence des présidents<br />

d'université, Fabienne Blaise.<br />

: Comment va-t-on définir les fameux<br />

« attendus » ?<br />

Les attendus sont « les connaissances et les aptitudes qui sont<br />

nécessaires à un lycéen lorsqu’il entre dans l’enseignement supérieur<br />

». Ils prennent d’abord en compte à la fois les bulletins trimestriels<br />

de la 1 re et de la terminale (1 er et 2 e trimestres) et les résultats<br />

aux épreuves anticipées du bac. Mais ils reposent aussi largement<br />

sur la motivation : certaines formations pourront par exemple demander<br />

une lettre de motivation, la présentation d’un projet personnel ou<br />

associatif, la mise en valeur d’un projet professionnel ou encore de<br />

suivre certains MOOC (ce sera le cas pour entrer en PACES, première<br />

année commune aux études de santé). Ces attendus seront de<br />

plus adaptables dans chaque université. « J’entends qu’on souhaite<br />

des attendus nationaux par crainte de voir des licences à deux<br />

vitesses ou complètement dérégulées. Mais dans la réalité pas une<br />

licence ne ressemble déjà complètement à une autre dans son<br />

parcours. Elles sont très diverses et il ne peut pas y avoir des attendus<br />

exclusivement nationaux. Il faudra un organe de régulation<br />

national mais nécessairement aussi des attendus locaux », insiste<br />

Fabienne Blaise.<br />

: Quelles modalités de remédiation ?<br />

L’inscription en première année de licence peut, « compte tenu d’une<br />

part des caractéristiques de la formation et d’autre part, de l’appréciation<br />

portée sur l’acquis de la formation antérieure du candidat, ainsi<br />

que ses compétences, être subordonnée à l’acceptation, par ce<br />

dernier, du bénéfice des dispositifs d’accompagnement pédagogique<br />

ou du parcours de formation personnalisé proposés par l’établissement<br />

pour favoriser sa réussite », prévoit le texte. Les modalités<br />

permettant aux candidats dont les attendus sont insuffisants pourront<br />

prendre plusieurs formes : enseignements complémentaires, horaires<br />

aménagés, aménagements de rythme, semestre ou année de consolidation<br />

intégrée… On comprend qu’il n’y a pas de « vraie » sélection<br />

mais seulement la nécessité de suivre un parcours. Mais quel parcours<br />

peut bien convenir à un bachelier professionnel qui souhaite à tout prix<br />

s’inscrire en philosophie ou en physique ? Deux ans de formation<br />

supplémentaires ? Et dans quelles conditions un étudiant pourra être<br />

exclu de son parcours et donc de son université ? n<br />

Olivier Rollot (@O_Rollot)<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 26 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12

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