L'Essentiel Prépas n°12 - Décembre 2017

PAROLES DE PROF
La Rochelle BS recrute ses
étudiants dans toutes les
voies des CPGE.
>>> suite de la page 21
→ Trois filières
Il existe trois filières de classes
préparatoires : économique
et commerciale, littéraire,
scientifique. À l’intérieur
d’une filière on distingue des
voies, en particulier pour la
filière EC les voies E, S et T.
à 2010 détaillant pour chacun des lycées de l’académie de Caen,
ayant des classes STG (STMG désormais), le nombre de candidatures
pour la classe préparatoire ECT d’Hérouville Saint-Clair, le
nombre de dossiers retenus et le nombre d’élèves finalement inscrits
à la rentrée. Figurait également dans ce tableau le nombre de
Sections de Techniciens Supérieurs par établissement.
L’intense campagne d’information menée chaque année par les
professeurs de la CPGE ECT du lycée Salvador Allende, sillonnant le
Calvados, l’Orne et la Manche, ne portant pas ses fruits, une petite
analyse s’imposait alors.
Bilan partiel de cette étude.
Si l’on prend en compte les mentions au baccalauréat et l’étude des
dossiers, on constate que beaucoup des meilleurs élèves de STMG
ne choisissent pas la classe préparatoire.
Le nombre de dossiers provenant d’un lycée est d’autant plus faible
(voire nul) qu’il y existe au moins une STS. En réalité le taux de
candidature en ECT est inversement proportionnel au nombre de
STS des établissements « source » ! Il est d’ailleurs remarquable
que ce taux soit de 3 % au plus quand il est de l’ordre de 20 % pour
les élèves de la série S des lycées.
Ainsi, il est certain que beaucoup des meilleurs lycéens de SMTG
postulent pour rejoindre des IUT, et surtout des STS. Il arrive même
que la classe préparatoire soit finalement intégrée par défaut, en
deuxième ou troisième vœu…
Les résultats obtenus furent en tous points corroborés par les données
fournies par notre collègue Philippe Kohler, professeur d’allemand
au lycée Franklin Roosevelt à Reims.
Quelques explications possibles.
Les lycéens de la série STMG et leurs familles apprécient les STS et
les IUT pour leur caractère rapidement professionnalisant, surtout
s’ils sont de milieu modeste. La perspective d’une scolarité d’au
minimum 5 ans et de surcroît très coûteuse pour obtenir un premier
© La Rochelle BS
diplôme monnayable, est sans conteste un frein à l’ambition.
Nombre de professeurs entretiennent les lycéens, dès leur entrée en
classe de première STMG, dans l’idée que les BTS sont leur seule véritable
perspective. Il n’est d’ailleurs pas surprenant que des professeurs
ou des proviseurs veuillent garder leurs meilleurs élèves en STS…
: Les difficultés d’une réelle information en
première et terminale STMG
L’information est essentiellement faite par les professeurs de CPGE
ECT qui se déplacent dans les lycées de leur académie où l’on veut
bien les accueillir. Cependant il n’est pas rare que leurs propos se
trouvent contredits par leurs collègues de ces établissements, le
seuil tout juste franchi.
Journées portes ouvertes, journées du lycéen, forums régionaux,
salons de l’étudiant sont autant d’occasions pour présenter la classe
préparatoire ECT, mais encore faut-il qu’une information préalable
ait été donnée pour que les élèves de STMG viennent se documenter
davantage. Il arrive régulièrement qu’un professeur participant à
un forum ou un salon ne voie aucun élève ou si peu.
N’est-il pas étonnant qu’un Salon de l’Étudiant en décembre 2017
propose une conférence organisée par le rectorat intitulé « Entrer en
BTS ou en IUT avec un bac Pro ou technologique » (et non pas réussir)
alors que pour les baccalauréats généraux les conférences se
déclinent en « Que faire avec un bac S ? », « Que faire avec un bac
ES ? », « Que faire avec un bac L ? ». La conférence organisée par le
rectorat pour « les classes préparatoires », toutes filières et toutes
voies confondues, ne verra très certainement aucun élève de STMG.
À la demande d’ajouter les CPGE comme débouché au baccalauréat
technologique ou d’introduire une conférence spécifique « Que
faire avec un bac STMG ? », il fut répondu : « Les filières d'études
BTS et DUT sont largement majoritaires pour les bacheliers technologiques
; l'inconvénient, je le reconnais, est de faire disparaître ce
qui est minoritaire, méconnu et plus ambitieux. » L’année prochaine
peut-être y aura-t-il un changement…
Et pourtant Gilles de Robien, alors ministre de l’Éducation nationale,
disait au lycée Michelet de Vanves en novembre 2006 : « Nous
devons aider les jeunes à faire le choix de l’excellence et à oser
choisir des filières exigeantes s’ils en ont la volonté et la capacité ».
: Des raisons d’espérer
Évidemment le tableau n’est pas si sombre puisque le nombre de
classes préparatoires ECT a été multiplié par deux en dix ans et que
certaines ont des effectifs plus qu’honorables. Le nombre de candidats
des CPGE ECT aux concours est en hausse régulière d’environ
10 % par an depuis cinq ans, c’est la voie qui progresse le plus - et
de loin - toutes filières confondues.
En effet des actions locales comme des partenariats entre classe
préparatoire et lycées facilitent l’information des élèves. Comme le
font également les Cordées de la Réussite qui interviennent auprès
des élèves les moins favorisés, ceux-ci n’envisageant pas de poursuite
d’études supérieures, non pas seulement « pour des raisons
économiques, mais aussi par inhibition sociale et culturelle », affirmait
encore Gilles de Robien.
Des classes préparatoires, plutôt de métropoles, bénéficient aussi
d’actions menées auprès des lycéens par une Grande École de
management voisine, qui participent grandement à la promotion de
ces classes et par suite au recrutement. Pour exemple l’emlyon.
Christine Di Domenico, professeur d’économie et responsable du
programme d’ouverture sociale, présenta en 2013 au Groupe
Filières Technologiques les actions « Trait d’Union Multicampus
Multiquartier » et « Trait d’Union Prépas ». Un programme ambitieux
qui touche les élèves de la seconde à la terminale de seize lycées
partenaires et dont l’un des objectifs est d’ « augmenter le nombre
de bons candidats à la CPGE ECT » et par là même d’« accroître la
diversité des étudiants en grande école ». Un dispositif d’accompa-
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L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 DÉCEMBRE 2017 | N°12