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L'Essentiel Prépas n°12 - Décembre 2017

Toute l'actualité des écoles de management destinée aux professeurs des classes préparatoires. Un magazine signé HEADway Advisory.

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D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 16<br />

Paris-Dauphine, des universités en Suisse, au Royaume-Uni<br />

et même aux États-Unis, des bachelors, certaines licences, la<br />

concurrence est rude pour les classes préparatoires et donc<br />

pour les grandes écoles… « C’est peut-être dû à la peur de<br />

la charge de travail que représente la scolarité en classe préparatoire,<br />

sans doute au manque de connaissance du fait que<br />

les parcours sont très sécurisés - ce qui pousse des élèves à<br />

préférer des parcours intégrés, peut-être encore à l’attractivité<br />

des doubles licences », analyse Chantal Collet<br />

: Une image à revoir<br />

Les classes préparatoires souffrent encore beaucoup d’une<br />

image de « bagne » qui leur colle trop souvent à la peau. Alain<br />

Joyeux estime même que les professeurs de classes préparatoires<br />

ont trop souvent eu « le tort d’être sur la défensive » :<br />

« Non la classe préparatoire ce n’est pas le bagne. Nous devons<br />

l’affirmer et notre communication évolue pour bien montrer<br />

quelle est notre valeur ajoutée. La prépa n’est plus le temple de<br />

l’individualisme forcené. Les promotions qui ont les meilleurs<br />

résultats sont celles dans lesquelles la mutualisation du travail<br />

est la plus forte ». Et Chantal Collet d’insister : « Nous travaillons<br />

de plus en plus en groupe. La classe préparatoire reste rude<br />

mais nos élèves sont accompagnés ». Des vidéos sont d’ailleurs<br />

réalisées à destination des élèves de terminale pour qu’ils comprennent<br />

mieux comment on travaille en CP.<br />

Cette image de la classe préparatoire est également troublée<br />

par son nom, bien trop réducteur. « Nous apportons des compétences<br />

qui sont très utiles pour l’École et la vie professionnelle »,<br />

insiste encore Alain Joyeux. Mais faut-il changer la pédagogie<br />

« magistrale » des classes préparatoires ? « Elle pourrait évoluer<br />

si les concours évoluent. Nous pourrions proposer une épreuve<br />

avec un dossier ou même un accès Internet pour mesurer la<br />

capacité des candidats à gérer l’information et à la hiérarchiser.<br />

On les habituerait ainsi à faire des choix, ce qu’on leur demande<br />

en permanence en école et jamais en CPGE », imagine Alain<br />

Joyeux.<br />

Tout cela en n’oubliant pas les grandes forces de la prépa.<br />

Et notamment cette capacité de travail qui y ont acquise les<br />

jeunes. « Les jeunes qui sortent de classes préparatoires sont<br />

très bien formés, ils ont acquis des méthodologies, des capacités<br />

de travail. On leur a donné le goût au travail et ce n’est pas<br />

nécessairement le cas pour les diplômés qui ne passent pas<br />

par cette filière », assure Donald Bryden, président du conseil<br />

de surveillance de Prêt d’Union. « Ce goût pour le travail nous<br />

devons leur donner. Il n’est pas inné. Et nous avons désormais<br />

face à nous des étudiants qui se posent des questions : suis-je<br />

à ma place en CP ? », insiste Jean-Louis Chauve, professeur<br />

au lycée La Martinière-Duchère de Lyon et membre du bureau<br />

de l’APHEC. « Pour aller chercher de nouveaux candidats<br />

nous devons réfléchir à notre communication mais aussi à ce<br />

que nous proposons aux étudiants. Plus que jamais, pour les<br />

convaincre de la valeur de nos formations, nous avons besoin<br />

des écoles comme des chefs d’entreprises qui leur permettent<br />

de se projeter », demande Alain Joyeux pour lequel les classes<br />

préparatoires doivent évoluer pour « éviter le déclin et que, dans<br />

quelques années, elles ne soient pas réservées qu’à quelques<br />

meilleures écoles ».<br />

: La force d’une filière<br />

Le directeur général d’ESCP Europe, Frank Bournois, est formel :<br />

« Si nos écoles sont dans le top mondial c’est parce qu’il y a<br />

une filière amont aval intégrée avec une capacité des classes<br />

préparatoires à apporter aux écoles des étudiants d’immenses<br />

qualités ». Oui mais voilà « cette filière en 5 ans n’est pas<br />

perçue de l’extérieur », constate Alain Joyeux. Logique quand un<br />

concours, forcément stressant,<br />

coupe brutalement la filière.<br />

Mais n’est-ce pas la même<br />

chose en médecine ? Et même<br />

deux fois à la fin de la PACES<br />

(première année commune<br />

aux études de santé) puis lors<br />

de l’ECN (examen classant national)…<br />

« Il faut expliquer ce<br />

qu’est le concours et le fait<br />

que tous les étudiants, s’ils<br />

le souhaitent peuvent trouver<br />

un point de chute en école. Il<br />

faut que nous soyons identifiés<br />

comme une filière non pas<br />

L’accueil des<br />

admissibles, ici<br />

à l’Essec, est un<br />

moment privilégié<br />

de rencontre<br />

entre l’école et les<br />

élèves de prépas.<br />

"2+3" mais "2+1+2" comme le préconise la directrice générale<br />

de Skema, Alice Guilhon », reprend le président de l’APHEC.<br />

Un concept « 2+1+2 » qui convient parfaitement à Frank Bournois<br />

: « L’année pré-master est bien une année charnière car<br />

c’est très difficile pour les élèves d’appréhender la diversité<br />

des écoles ». D’où l’idée de réaliser des petites vidéos avec les<br />

écoles pour faire comprendre aux élèves de classes préparatoires<br />

comment on y étudie. Une meilleure transition qui passe<br />

aussi par un rapprochement des prépas avec le monde du<br />

travail. Un sujet particulièrement important lors des entretiens<br />

d’oraux où les élèves se retrouvent face à un problème paradoxal<br />

: ils ne travaillent que sur des disciplines académiques<br />

pendant leurs années de prépas et, au final, on leur demande<br />

leur avis sur l’entreprise ou leur carrière. « Nous voulons plonger<br />

nos étudiants en entreprise par un stage de 10 jours en<br />

fin de 1 re année. Cela permettra aux étudiants de se projeter,<br />

ce qu’ils ne font absolument pas », note Chantal Collet. Une ou<br />

deux semaines en entreprise qui doivent permettre aux jeunes<br />

de comprendre que « la réalité est complexe alors qu’ils sont<br />

trop scolaires et binaires », considère encore Alain Joyeux.<br />

: Répondre aux nouvelles attentes de la<br />

société<br />

Toutes ces questions sur le continuum prépas / grandes écoles<br />

sont d’autant plus d’actualité qu’Internet, le numérique, l’intelligence<br />

artificielle, bouleversent totalement les besoins des entreprises.<br />

« Nous devons plus que jamais nous interroger sur ce<br />

qui est attendu par la société à l’horizon 2030. Il va se passer<br />

plus de choses dans les dix ans à venir que dans les quarante<br />

années passées dans le numérique ou les biotechnologies et on<br />

ne s’en rend pas assez compte », prévient Frank Bournois, qui<br />

demande qu’on « transforme nos programmes pour ne pas se<br />

passer d’une dimension prospective et sociale ».<br />

Une transformation des cursus qui a déjà conduit les écoles à<br />

être bien plus innovantes, notamment pour amener leurs étudiants<br />

à créer des entreprises. « La volonté de nos élèves de<br />

créer des entreprises est sans commune mesure avec ce qui<br />

existait il y a 30 ans. Toutes les écoles organisent des Hackathon,<br />

des activités tournées vers l’entrepreneuriat. La façon<br />

d’aborder la création d’entreprises s’est transformée », assure<br />

la directrice générale de Skema BS, Alice Guilhon. Et justement<br />

le « cheminement de l’entrepreneur » (de l’idée à la réalisation<br />

en passant par la conviction) est « celui que l’on acquière en CP<br />

alors que les techniques que l’on apprend en école sont assez<br />

vite périmées », certifie David Simonnet, le P-DG du groupe de<br />

chimie fine Axyntis qui n’en demande pas moins qu’on « préserve<br />

les classes préparatoires des contraintes de l’entreprise »<br />

car la « force des grandes écoles est aussi leur capacité à proposer<br />

un continuum vers l’entreprise par les stages et la professionalisation<br />

». n<br />

Sébastien Vivier-Lirimont<br />

© Essec BS<br />

→ Une transition souvent<br />

difficile<br />

« L’arrivée des étudiants de<br />

CPGE en école est souvent<br />

difficile par manque de<br />

préparation à la nouvelle<br />

pédagogie » note le groupe de<br />

travail sur le continuum. Les<br />

élèves de classes préparatoires<br />

savent travailler efficacement,<br />

mais manquent souvent de soft<br />

skills, ce qui nuit à leur bonne<br />

adaptation en première année<br />

de Grande École. Les écoles<br />

constatent également une<br />

« dépressurisation » lors de la<br />

première année, suite aux deux<br />

années intenses de préparation<br />

au concours, avec des étudiants<br />

parfois moins motivés et<br />

moins actifs que les étudiants<br />

étrangers.<br />

→ Une méconnaissance<br />

mutuelle<br />

Autre constat : il existe une<br />

certaine méconnaissance des<br />

professeurs de Grande École<br />

sur le cursus classe préparatoire<br />

et son contenu, le constat étant<br />

comparable pour les collègues<br />

de classes préparatoires sur les<br />

enseignements dispensés en<br />

école. Les professeurs étrangers<br />

notamment, connaissent mal le<br />

cursus en classes préparatoires<br />

et les collègues de CPGE ont<br />

parfois une vision réductrice<br />

de ce qui est fait en école.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | N°12

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