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Essentiel Prépas Hors-Série n°3 - 22 décembre 2017

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PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 24<br />

La diversité des filières, des disciplines et des options en imposerait<br />

une lecture minutieuse. Nous nous contenterons d’en donner<br />

les grandes lignes que nous avons rassemblées dans un tableau<br />

pour plus de clarté. Dans la plupart des disciplines, chaque élève<br />

dispose de dix minutes d’interrogation orale par semaine. Cette<br />

règle présente des exceptions justifiées par la plus ou moins<br />

grande importance d’une matière dans une filière. Les mathématiques<br />

et les sciences physiques bénéficient ainsi de deux fois<br />

plus de temps dans les classes scientifiques où elles constituent<br />

la matière principale. À l’inverse, l’égalité règne dans les classes<br />

préparatoires économiques et commerciales où chaque discipline<br />

dispose du même temps réglementaire (dix minutes) quelle que<br />

soit son importance. Quant aux filières littéraires, elles font dans<br />

ce tableau figure de parent pauvre puisque leur dotation horaire<br />

est trimestrielle. En clair, un khâgneux ne dispose officiellement<br />

que d’une heure dans l’année pour préparer son épreuve orale de<br />

lettres. Dans de telles conditions, mieux vaut qu’il ait l’éloquence<br />

innée !<br />

Tel est le cadre officiel. Son étroitesse ou sa rigidité nécessitent<br />

des aménagements ne serait-ce que pour respecter la durée des<br />

épreuves orales des grandes écoles qui va de vingt à cinquante<br />

minutes. La liberté pédagogique des enseignants le permet.<br />

Mais ces aménagements demandent beaucoup d’ingéniosité. La<br />

solution la plus généralement adoptée est d’entendre les mêmes<br />

élèves une semaine sur deux et de les recevoir par groupes de<br />

trois. Cette répartition, dans la mesure du possible, des élèves<br />

d’une même classe en trinômes et leur convocation hebdomadaire<br />

dans chaque discipline fait l’objet en début d’année scolaire<br />

d’un tableau de planification (le « colloscope ») validé par le chef<br />

d’établissement. Calcul complexe dont l’effectuation repose sur le<br />

dévouement de quelques collègues. Ainsi, un étudiant bénéficiant<br />

de dix minutes d’interrogation orale par semaine en espagnol<br />

sera entendu par son examinateur pendant ce temps puis repris<br />

par celui-ci dix autres minutes devant ses camarades. Il en va<br />

différemment dans les filières littéraires ou la durée des interrogations<br />

(trente minutes) permet qu’elles restent individuelles.<br />

: Deux exemples<br />

Deux exemples précis, les mathématiques et la géopolitique,<br />

permettront de se faire une meilleure idée de ce moment<br />

intimidant.<br />

Certains se souviennent peut-être des séances de calcul mental<br />

à l’école primaire où la vitesse du raisonnement comptait autant<br />

que l’exactitude du résultat. Les séances d’interrogations orales<br />

en mathématiques, toutes classes préparatoires confondues, font<br />

appel aux mêmes facultés. Ici, les étudiants ne disposent pas de<br />

temps de préparation pour élaborer leur communication. À peine<br />

entrés dans la salle, ils prennent en note, sous la dictée de leur<br />

examinateur, l’énoncé de l’exercice qui leur est individuellement<br />

attribué puis, après un instant de réflexion, rédigent la réponse<br />

au tableau. La première partie de l’heure porte sur la connaissance<br />

du cours. Un point précis (démonstration d’un théorème,<br />

définition, étude d’un exemple) est choisi dans une liste établie<br />

préalablement par leur professeur. Cette partie de l’interrogation<br />

permet de vérifier la connaissance et la bonne compréhension<br />

de l’enseignement reçu dans l’année. Si nécessaire, elle donne à<br />

l’examinateur l’occasion d’expliquer ce qui est mal compris.<br />

La deuxième partie de l’épreuve, la plus longue et la plus importante<br />

pour l’évaluation finale, consiste en exercices de difficulté<br />

croissante. Les étudiants les plus rapides aborderont les sujets<br />

les plus complexes. Ceux qui butent sur un obstacle seront aidés<br />

par les questions ou les suggestions du colleur. Pour celui-ci,<br />

l’objectif premier de cette interrogation n’est pas d’évaluer une<br />

performance individuelle mais d’élever les capacités intellectuelles<br />

de chacun. La note finale doit rester une indication, non<br />

une sanction. Il sera bien temps que celle-ci vienne le jour du<br />

concours. Les appréciations portées par l’examinateur sur le<br />

cahier de colle vont dans ce sens. Elles forment un bilan où apparaissent<br />

les acquis (« tu maîtrises la récurrence double ») comme<br />

les lacunes (« il faut mieux apprendre son cours »).<br />

: Interrogation ou expression orale<br />

L’habitude de recevoir trois élèves à la fois s’est étendue des<br />

classes préparatoires scientifiques aux classes préparatoires<br />

économiques et commerciales. Cependant si l’heure d’interrogation<br />

orale en mathématiques mérite bien le nom d’interrogation,<br />

dans les disciplines littéraires ou linguistiques il s’agit d’abord<br />

d’une heure d’expression orale. Il devient alors inconcevable que<br />

les élèves composent en même temps. L’examinateur les entendra<br />

donc à tour de rôle comme le montre l’exemple suivant.<br />

Au concours d’entrée à l’École des Hautes Études Commerciales<br />

(HEC), l’épreuve orale d’histoire, de géographie et de géopolitique<br />

dans la filière scientifique n’est pas à négliger : son coefficient<br />

est à peu près celui de l’épreuve de mathématiques. Après avoir<br />

tiré au sort son sujet, le candidat dispose de vingt minutes pour<br />

le préparer et d’un temps égal pour s’exprimer devant son jury.<br />

Pour respecter ce format, les professeurs d’histoire distribuent<br />

leur sujet par avance. Le jour de la colle, les trois étudiants<br />

s’expriment chacun tour à tour. Les dix premières minutes de<br />

leur intervention consistent en un exposé problématisé et argumenté<br />

sur une question de géopolitique du monde contemporain.<br />

Le choix est vaste : l’Europe, l’Amérique, l’Asie, l’Afrique, le<br />

Proche et le Moyen-Orient. Il est limité par le souci de faire porter<br />

l’interrogation sur les cours des deux dernières semaines. C’est<br />

le moyen pour le professeur d’obliger ses élèves à réviser régulièrement<br />

et de vérifier leurs connaissances. Les dix dernières<br />

minutes de la colle sont le moment d’un échange entre l’élève et<br />

son examinateur. La question « que reste-t-il de Mao ? » est ainsi<br />

suivie des questions du colleur sur l’exposé de son étudiant. « Où<br />

vois-tu la continuité en Chine aujourd’hui ? Où distingues-tu des<br />

ruptures ? » Reprise utile qui ne se limite pas à des demandes de<br />

précisions. L’examinateur s’implique à son tour, corrige, éclaire,<br />

répond aux questions, conseille, donne un exemple de réponse<br />

élaborée. En un mot, fait cours.<br />

>>> suite page 26<br />

[1] Cour des comptes, Gérer les<br />

enseignants autrement, mai<br />

2013, p. 81.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 25 DÉCEMBRE <strong>2017</strong> | HS N°3

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