09.03.2018 Views

L'Essentiel Prépas #15_mars 2018

L'Essentiel Prépas, magazine numérique dédié aux professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles. Ce webzine est proposé par HEADway Advisory, le cabinet de conseil dédié aux acteurs de l'enseignement supérieur, de la formation et de la recherche.

L'Essentiel Prépas, magazine numérique dédié aux professeurs de classes préparatoires aux grandes écoles.
Ce webzine est proposé par HEADway Advisory, le cabinet de conseil dédié aux acteurs de l'enseignement supérieur, de la formation et de la recherche.

SHOW MORE
SHOW LESS

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

MARS <strong>2018</strong> | N° 15<br />

ÉCONOMIQUES<br />

& COMMERCIALES<br />

PAROLES DE PROF<br />

La richesse et la diversité des parcours après un cursus Classe préparatoire - Grande Ecole<br />

DOSSIER<br />

À quoi sert la<br />

recherche en<br />

management ?<br />

DÉBAT<br />

Après « l’affaire<br />

Wauquiez », jusqu’où<br />

peut-on laisser<br />

les intervenants<br />

s’exprimer ?<br />

ENTRETIENS<br />

Frank Bournois<br />

ESCP Europe<br />

Herbert Castéran<br />

EM Strasbourg<br />

REPERES<br />

Concours : un premier bilan <strong>2018</strong><br />

> Le « classement des classements » des écoles de<br />

management <strong>2018</strong>.<br />

> Quelle influence médiatique ont les grandes écoles de<br />

management ?<br />

> Que pensent les diplômés de leur école de management ?<br />

YouTube


EDITO<br />

Apprentissage, bac, Parcoursup,<br />

où en sont les réformes ?<br />

Les arbitrages gouvernementaux quant à l’avenir du financement de l’apprentissage<br />

ont enfin été rendus, du côté du bac Jean-Michel Blanquer a pu montrer la voie qu’il<br />

voulait suivre, enfin la loi sur l’orientation et la réussite des étudiants – qui conditionne<br />

Parcoursup – a été votée. Le point sur les réformes qui impactent le plus l’enseignement<br />

supérieur.<br />

Apprentissage : les branches à la barre !<br />

Un vainqueur : les branches professionnelles. Un vaincu : les régions. Un rescapé : l’enseignement<br />

supérieur dont les établissements peuvent se féliciter de voir le « barème »<br />

(ou « hors quota ») non seulement maintenu mais extrait de la taxe d’apprentissage en<br />

devenant une « contribution au développement des formations professionnalisantes ».<br />

On ne les accusera donc plus à tout bout de champ de détourner l’argent de l’apprentissage<br />

à leur bénéfice. De plus l’affectation de cette nouvelle taxe sera toujours laissée<br />

au libre arbitrage des entreprises. « C’est un véritable soulagement pour les écoles à<br />

l’issue d’une longue période d’incertitude sur le devenir du barème. Supprimer cette<br />

ressource aurait eu un effet dévastateur », se réjouit Anne-Lucie Wack, la présidente de<br />

la Conférence des grandes écoles. Reste à savoir si le développement de l’apprentissage<br />

dans l’enseignement supérieur sera préservé. Les commentaires critiques de la<br />

ministre du Travail ces dernières semaines - « l’apprentissage dans l’enseignement<br />

supérieur ne doit pas cannibaliser l’ensemble des financements » - restent d’actualité<br />

alors que les contours des financements des contrats restent flous. Il semble d’ailleurs<br />

que le ministère de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation puisse<br />

en être conjointement responsable avec les branches pour éviter que ces dernières ne<br />

favorisent pas que les formations infra bac et propres à leur seule activité.<br />

→ Cette réforme sera l’un des trois volets du projet de loi sur l’apprentissage, la formation<br />

professionnelle et l’assurance chômage qui sera présenté au conseil des ministres<br />

mi-avril et en débat au Parlement avant le mois d’août.<br />

Bac : une vraie réforme ! Comme s’y était engagé Emmanuel Macron pendant sa<br />

campagne présidentielle, le passage du bac va être largement simplifié. Il reposera sur<br />

un contrôle continu composé de partiels et des notes de 1 re et terminale (40 % de la<br />

note finale) puis sur quatre épreuves finales : le français en fin de 1 re et, en fin de terminale,<br />

deux épreuves de spécialité (disciplines « majeures » choisies en 1 re ), une épreuve<br />

universelle de philosophie et surtout une épreuve orale de 30 minutes.<br />

Mais c’est surtout la suppression des séries du bac général (elles sont maintenues<br />

pour le bac technologique) qui s’annonce comme un « big bang » auquel les syndicats<br />

avaient bien cru pouvoir s’opposer. Constituées dorénavant d’un tronc commun les<br />

classes de première et terminale donneront lieu au choix de « discipline de spécialité » à<br />

partir de la première.<br />

→ Lire à la fin de ce numéro : « Bac : tout ce qui change »<br />

Parcoursup : c’est voté… Les deux assemblées ont voté le texte de loi Orientation<br />

et réussite des étudiants. Parmi les mesures principales adoptées le texte supprime le<br />

tirage au sort en licence, remplacé par une priorité donnée, dans celles « en tension »,<br />

aux candidats qui remplissent le mieux leurs « attendus ». Il valide la création de<br />

Parcoursup et l’attachement des étudiants au régime général de la Sécurité sociale. Le<br />

droit à une année de césure est reconnu et ouvert à tous les étudiants. Un amendement<br />

prévoit également que « pour déterminer les capacités d’accueil, l’autorité académique<br />

tient compte des perspectives d’insertion professionnelle des formations, de l’évolution<br />

des projets de formations exprimés par les candidats ainsi que du projet de formation et<br />

de recherche de l’établissement ». Une petite révolution atténuée par les garanties du<br />

gouvernement que la priorité resterait aux desiderata des étudiants.<br />

Sommaire<br />

MARS <strong>2018</strong> | N° 15<br />

DÉBAT 4 & 5<br />

Après « l’affaire Wauquiez »,<br />

jusqu’où peut-on laisser<br />

les intervenants s’exprimer ?<br />

Les ESSENTIEL DU MOIS 6 à 11<br />

ENTRETIEN 12 à 13<br />

À quoi sert la<br />

recherche en<br />

management ?<br />

Frank Bournois : « ESCP Europe<br />

dispose maintenant d’une<br />

identité juridique propre ».<br />

DOSSIER 14 à 17<br />

PUBLI-INFORMATION 18 & 19<br />

La recherche au coeur de l’enseignement de TBS<br />

ENTRETIEN 20 & 21<br />

Herbert Castéran (EM Strasbourg) :<br />

« Nous voulons garder une taille<br />

humaine »<br />

PAROLES DE PROF 22 à 24<br />

La richesse et la diversité des parcours après<br />

un cursus Classe préparatoire Economique et<br />

commerciale - Grande Ecole<br />

ENTRETIEN 25 & 26<br />

Ionis : « Quand nous dispensons<br />

un diplôme au nom de l’État,<br />

nous répondons à une mission de<br />

service public »<br />

ENTRETIEN 27 & 28<br />

Jean-Michel Nicolle :<br />

« Le gouvernement est dans<br />

un esprit de dialogue »<br />

Et maintenant ?<br />

La loi « Orientation et réussite des étudiants » pose autant<br />

de questions qu’elle en résout. Reste d’abord à considérer<br />

comment les professeurs de lycée d’un côté, les responsables<br />

de formation des universités de l’autre, vont pouvoir<br />

examiner la masse de dossiers qui s’annonce. Du côté<br />

de l’apprentissage, si le barème a été préservé, les financements<br />

restent très flous et les différentes conférences<br />

« vigilantes » notamment sur le montant des financements.<br />

Quant à la réforme du bac - et du lycée - elle va encore être<br />

l’objet d’âpres discussions…<br />

Olivier Rollot<br />

Rédacteur en chef<br />

Bac : tout ce qui change<br />

• « L’Essentiel du Sup - <strong>Prépas</strong> » est une publication du groupe<br />

| 33 rue d’Amsterdam | 75008 Paris<br />

• Directeur de la publication : Sébastien Vivier-Lirimont<br />

• Rédacteur en chef : Olivier Rollot | o.rollot@headway-advisory.com<br />

• Responsable commerciale : Fanny Bole du Chomont<br />

| f.boleduchomont@headway-advisory.com - 01 71 18 22 62<br />

• Photo de couverture : Fotolia<br />

REPÈRES 29<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 2 MARS <strong>2018</strong> | N°15


NANTES | PARIS | BEIJING | SHENZHEN<br />

6 e au SIGEM<br />

depuis 2002<br />

LEARN<br />

CREATE<br />

#SUCCEED<br />

«Parce que l’audace s’affirme avec le savoir, nous développons vos expériences,<br />

Parce que le talent s’exprime grâce à la culture, nous multiplions les influences,<br />

Parce que leadership et responsabilité doivent se faire écho, nous visons plus haut.<br />

Notre vocation ? Vous permettre de développer la vôtre ! »<br />

Nicolas Arnaud – Directeur Audencia Grande Ecole<br />

www.audencia.com<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 3 MARS <strong>2018</strong> | N°15


DÉBATS<br />

Après « l’affaire Wauquiez » :<br />

jusqu’où peut-on laisser<br />

les intervenants s’exprimer ?<br />

La vive polémique qui a éclaté après les propos qu’a tenus<br />

Laurent Wauquiez lors d’un cours qu’il donnait à l’EM Lyon -<br />

et qu’un étudiant aurait enregistré pour le diffuser sur TMC<br />

– n’en finit pas de faire des vagues. Mais que peuvent et<br />

doivent faire les écoles de management quand elles invitent<br />

des personnalités aussi médiatiques ?<br />

→→<br />

Ministre de<br />

l’Enseignement<br />

supérieur<br />

de 2011 à 2012, diplômé<br />

de Sciences Po Paris, d'un<br />

DEA de droit public et<br />

de l’ENA (major de la<br />

promotion Mandela),<br />

Laurent Wauquiez a<br />

déjà donné des cours à<br />

Sciences Po.<br />

Lire aussi VERBATIM.<br />

Tout ce qu'a dit Wauquiez<br />

devant les étudiants de<br />

l'EM Lyon (L’Obs)<br />

Ce n’est pas ici notre propos d’analyser si les propos du<br />

président des Républicains, Laurent Wauquiez, devant les<br />

étudiants de l’emlyon sont allés trop loin – il y accusait Nicolas<br />

Sarkozy d'avoir mis sur écoute des membres du gouvernement,<br />

Emmanuel Macron d'avoir mis en place une « cellule de démolition<br />

» contre François Fillon et affirmait que Gérald Darmanin,<br />

à l'époque visé par deux enquêtes, « sait ce qu'il a fait » -, ni de<br />

se demander ni si les médias ont fait ou pas leur travail en les<br />

publiant. Mais seulement de nous interroger, notamment avec<br />

le directeur de l’emlyon Bernard Belletante dont nous publions<br />

l’interview ci-contre, sur la liberté de parole dont on peut se<br />

revendiquer quand on disserte devant des étudiants.<br />

Quel était le sujet ? Intitulé « Politique économique comparée<br />

» son cours vise à délivrer des « pistes de compréhension du<br />

monde actuel et des grands défis à venir », d’après le syllabus la<br />

première journée sera consacrée au « diktat de la transparence »,<br />

la deuxième au « nouvel âge des populismes » et la troisième aux<br />

« frontières face aux flux migratoires ». Avant le début des cours<br />

le directeur académique d’emlyon, Thierry Picq, présentait ainsi le<br />

cours qu’allait donner le président des Républicains : « L’objectif<br />

de ce cours est de discuter de grandes problématiques clés pour<br />

le futur. Laurent Wauquiez anime régulièrement des séminaires<br />

de ce type à Sciences Po et l’ENA, et interviendra comme expert,<br />

et évidemment de façon apolitique. Il s’agit d’une belle opportunité<br />

d’échanger avec un observateur-acteur avisé sur des grandes<br />

questions contemporaines ».<br />

« Ce n’est pas un cours au sens strict du terme. Il livre une<br />

pensée, ce sont des échanges intellectuels », assurait-on au<br />

cabinet de Laurent Wauquiez à la région Auvergne-Rhône-Alpes<br />

(lire l’article du Monde). Le cours de Laurent Wauquiez n’était<br />

ouvert qu’aux volontaires justifiant de leur intérêt particulier et en<br />

a finalement réuni de l’ordre de 35. C’était la troisième fois qu’il<br />

intervenait.<br />

Laurent Wauquiez a-t-il vraiment été piégé ? Celui qui fut<br />

un temps ministre de l’Enseignement supérieur a-t-il vraiment<br />

été surpris d’apprendre une évidence : les étudiants sont des<br />

communicants acharnés et il est illusoire de croire qu’on puisse<br />

s’exprimer devant eux sans retrouver ses paroles le lendemain<br />

un peu partout. Alors Laurent Wauquiez croyait-il vraiment que le<br />

huis clos demandé puisse être respecté ? D’autant qu’il n’avait<br />

pas fait signer de clause de confidentialité. Ou s’est-il laissé aller<br />

à des confidences un peu trop appuyées alors que c’était la troisième<br />

fois qu’il venait donner un cours et se sentait en confiance.<br />

Il avait en tout cas prévenu au début du cours que « si j'ai la<br />

moindre interface qui sort par le moindre élève, là pour le coup ça<br />

se passera très mal ».<br />

S’il est effectivement illégal d’enregistrer quelqu’un sans son<br />

assentiment ce n’est pas en portant plainte contre des journalistes<br />

- qui auraient poussé des étudiants à le faire – qu’il s’attaquera<br />

aux coupables mais bien contre les étudiants présents. Ce<br />

qu’il ne semble pas prêt à faire.<br />

Quelle réaction du côté d’emlyon ? Pas plus que Laurent<br />

Wauquiez la direction d’emlyon n’entend prendre des sanctions<br />

contre les étudiants présents comme l’a indiqué son président<br />

(et député La République en Marche), Bruno Bonnel. La question<br />

même de savoir si c’est bien un étudiant qui a l’enregistré<br />

reste posée assure son directeur général, Bernard Belletante :<br />

« Aujourd’hui, nous ne savons pas si c’est un étudiant. Ensuite,<br />

nous sommes toujours dans une démarche de progrès et<br />

d’explication ».<br />

S’il a préféré ne pas s’exprimer publiquement dans un premier<br />

temps, écrivant seulement à ses étudiants que « si nos intervenants<br />

extérieurs ne sont plus sûrs de la confidentialité de leur<br />

propos ils pourront ne plus venir, ce qui se fera au détriment<br />

de la diversité des personnalités qui viennent sur le campus »,<br />

Bernard Belletante est revenu ensuite sur le sujet pour expliquer<br />

qu’« une école de management comme la nôtre doit préparer ses<br />

étudiants à rencontrer des personnalités de haut niveau. À être<br />

en face d’eux pour les voir autrement. À pouvoir leur adresser la<br />

parole et à les contester. Les faire intervenir au sein même de<br />

l’école leur apporte une autre vision du monde ».<br />

Liberté académique, jusqu’où ? Des propositions de cours de<br />

personnalités, écoles et universités en reçoivent régulièrement. Et<br />

on peut imaginer à quel point il était difficile pour emlyon de ne<br />

pas se saisir de celle du président du conseil régional Auvergne<br />

Rhône-Alpes. Certes celui-ci ne contribue pas autrement que<br />

par le versement de bourses aux étudiants au fonctionnement<br />

>>> suite page 5<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 4 MARS <strong>2018</strong> | N°15


DÉBATS<br />

>>> suite de la page 4<br />

de l’école mais son influence va forcément bien au-delà. Le tout<br />

est ensuite que le cours présente un véritable intérêt comme<br />

semblent le dire la plupart des étudiants interrogés (lire dans Le<br />

Figaro Etudiant). Ce dont semble néanmoins douter Bruno Bonnel<br />

qui dit « regretter « profondément qu'un engagement de faire un<br />

cours apolitique et inspirant soit devenu une tribune politique et<br />

désespérante ». Et d’asséner : « C'est plutôt sain d'accueillir dans<br />

l'école des gens capables de développer le sens critique de nos<br />

élèves mais là c'est une déception vis-à-vis de la qualité de ce<br />

qu'il a dit, selon les extraits publiés car ce n'est pas ce qu'on<br />

attend d'un mec du niveau de Wauquiez ».<br />

Laurent Wauquiez viendra finalement donner de nouveaux cours<br />

les 16 et 17 <strong>mars</strong> comme c’était prévu. n<br />

« Chaque année 500 à 600 personnes<br />

viennent donner des cours à emlyon »<br />

Refusant de s’exprimer sur le fond des propos de Laurent Wauquiez, le directeur<br />

général de l’emlyon, Bernard Belletante, explique comment les intervenants<br />

extérieurs participent à la pédagogie des écoles de commerce.<br />

Olivier Rollot : Le moins qu’on puisse dire c’est que les propos qu’a<br />

tenu Laurent Wauquiez devant vos étudiants ont eu un vif retentissement.<br />

L’emlyon reçoit souvent des intervenants comme lui ?<br />

Bernard Belletante : Chaque année 500 à 600 personnes viennent donner<br />

des cours à emlyon. Dont une cinquantaine de grands dirigeants d’entreprise,<br />

de dirigeants syndicaux ou de représentants de partis politiques. Nous avons<br />

aussi bien reçu Cécile Duflot que Najat Vallaud-Belkacem ou Jean-François<br />

Copé. Parfois c’est pour une seule intervention, parfois pour 30 heures<br />

de cours. En l’occurrence il s’agissait de la troisième intervention de Laurent<br />

Wauquiez dans le cadre d’un cours en quatre fois consacré à la « politique<br />

économique comparée ».<br />

O.R : Pourquoi organiser ces rencontres avec des intervenants extérieurs<br />

? Notamment s’ils sont marqués politiquement ?<br />

B.B : Une école de management comme la nôtre doit préparer ses étudiants à<br />

rencontrer des personnalités de haut niveau. À être en face d’eux pour les voir<br />

autrement. À pouvoir leur adresser la parole et à les contester. Les faire intervenir<br />

au sein même de l’école leur apporte une autre vision du monde. Quand<br />

nous faisons intervenir le directeur d’une ONG comme le Philippin Antonio<br />

Meloto il s’exprime contre un système économique et permet à nos étudiants<br />

d’entendre une vision différente. Les futurs responsables que nous formons<br />

doivent être confrontés à la diversité des jugements. Et pour cela nous devons<br />

les mettre en face de personnalités qu’ils n’ont pas la possibilité de rencontrer<br />

habituellement. La prise de parole face à une personnalité est un acte de<br />

construction de soi.<br />

O.R : Mais est-ce bien le rôle d’une école de management de s’ouvrir<br />

ainsi à toutes les opinions ?<br />

B.B : Le management fait partie de la vie sociale. Nos étudiants ne doivent pas<br />

être que des techniciens. Nous devons leur apporter également une intelligence<br />

émotionnelle, la capacité à rencontrer des personnalités extrêmement différentes.<br />

Bien sûr il y en a toujours qui nous reprochent d’avoir invité telle ou telle personnalité<br />

mais présenter cette pluralité d’opinions fait aussi partie de notre mission.<br />

O.R : Ce sont des cours que les intervenants vous proposent de donner<br />

ou que vous sollicitez ?<br />

B.B : Nous avons la chance que ces personnalités se proposent très souvent –<br />

c’était le cas de Laurent Wauquiez – avec des cours déjà prêts qu’ils peuvent<br />

d’ailleurs délivrer dans d’autres écoles. Ensuite toute une procédure est prévue<br />

qui passe par le dépôt de leur syllabus pour que nous puissions savoir quel<br />

contenu sera dispensé. Il y a également une méthode d’évaluation prévue.<br />

Nous partons du principe que nous devons leur laisser l’espace le plus libre<br />

possible pour qu’ils puissent s’exprimer et nos étudiants réagir face à des<br />

intervenants qui s’expriment librement. Mais il ne faut pas que le cours tourne<br />

au prosélytisme. Je défends de la même façon la liberté académique de nos<br />

enseignants.<br />

O.R : Quelles limites mettez-vous aux personnalités que vous invitez ?<br />

B.B : Les limites ce sont les valeurs républicaines, de liberté, de respect,<br />

d’écoute qu’ont tous nos collaborateurs. Nous ne pourrions jamais inviter<br />

quelqu’un qui prônerait le négationnisme ou réfuterait la démocratie ou le<br />

dialogue social dans l’entreprise. Nous nous voulons une agora.<br />

O.R : Les étudiants doivent être volontaires pour assister à ces cours ?<br />

B.B : Il faut être volontaire et les étudiants peuvent même demander à ne pas<br />

être évalués s’ils le demandent. Ces interventions de personnalités ont lieu<br />

face à 35 à 50 étudiants pour qu’une confrontation d’idées soit possible. La<br />

prise de parole est une compétence à laquelle nous préparons nos étudiants.<br />

Ils y ont d’ailleurs déjà été préparés pendant leurs classes préparatoires face à<br />

leurs professeurs et passent ainsi à une autre espèce d’interrogation en étant<br />

confrontés à des personnalités.<br />

O.R : Ce sont des débats qui peuvent être âpres ?<br />

B.B : Les personnalités savent qu’elles se mettent quelque peu en danger face<br />

à des jeunes passionnés. Pour autant nous n’acceptons pas de leur indiquer à<br />

l’avance quelles questions ils vont poser, ce qu’on ne nous demande d’ailleurs<br />

pas depuis longtemps.<br />

O.R : Dans l’e-mail que vous avez envoyé à vos étudiants après que<br />

l’un d’eux ait enregistré les propos de Laurent Wauquiez, vous leur<br />

avez reproché de ne pas avoir respecté le principe de confidentialité.<br />

Cela vous paraît vraiment possible de l’imposer à une génération<br />

aussi connectée et adepte des réseaux sociaux ?<br />

B.B : Ce dialogue avec des personnalités doit aussi permettre à nos étudiants<br />

de se former à ce qu’est un délit d’initiés ou d’entrave. Ils doivent comprendre<br />

que, dans la vie professionnelle, il y a des périodes où il n’est pas possible de<br />

communiquer. Parce qu’on travaille sur un prototype, parce qu’on discute avec<br />

les partenaires sociaux. Ce n’est pas simple mais il faut l’apprendre.<br />

O.R : Il n’y aura pas de sanctions contre l’étudiant qui a enregistré le<br />

cours ?<br />

B.B : Aujourd’hui, nous ne savons pas si c’est un étudiant. Ensuite, nous<br />

sommes toujours dans une démarche de progrès et d’explication.<br />

O.R : Quels enseignements allez-vous même tirer de cette polémique ?<br />

B.B : Avec les responsables des programmes nous allons monter, à partir de<br />

ce cas concret, une réflexion sur les responsabilités et la confidentialité. Le pire<br />

serait maintenant pour nous que des intervenants ne viennent plus ou n’osent<br />

plus s’exprimer. Au-delà c’est essentiel d’apprendre à gérer une crise comme<br />

celle-là et j’expliquerai également à nos étudiants comment j’ai décidé d’exprimer<br />

mon point de vue au travers de cet entretien.<br />

O.R : Justement. Comment réagissent-ils ?<br />

B.B : Je reçois beaucoup de messages de soutien de nos étudiants et notamment<br />

de ceux qui ont assisté à ce cours qu’ils pensaient être dans un espace<br />

d'expression « libre et privé ».<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 5 MARS <strong>2018</strong> | N°15


EN BREF<br />

→→<br />

Un président prestigieux<br />

pour Neoma<br />

Michel-Édouard Leclerc a<br />

été élu président de NEOMA<br />

Business School. Le président<br />

des Centres E. Leclerc succède<br />

à Yves Bénard, président<br />

depuis 2011. « Je suis heureux<br />

et honoré de cette nouvelle<br />

responsabilité qui est une<br />

réelle motivation pour moi.<br />

Depuis 20 ans, les écoles de<br />

Reims et de Rouen ont formé<br />

de nombreux fondateurs<br />

de start-ups, managers de<br />

l’industrie, des services et de<br />

la distribution, contribuant<br />

à faire de ce secteur une<br />

grande vitrine de l'économie<br />

française », commente celui<br />

qui fédère le groupement<br />

d'entrepreneurs indépendants<br />

de l'enseigne et en anime le<br />

comité stratégique.<br />

→ Michel-Édouard Leclerc<br />

est titulaire d’un doctorat en<br />

sciences économiques.<br />

→→<br />

HEC se rapproche de<br />

l’École polytechnique<br />

On ne sait toujours pas qui<br />

HEC va choisir entre Paris-<br />

Saclay et le « New Uni » de<br />

l’École polytechnique mais<br />

son président, Jean-Paul<br />

Vermes, s’est risqué à parler<br />

d’une « alliance » avec l’École<br />

polytechnique lors de la soirée<br />

annuelle de la Fondation HEC<br />

le 13 février. La Fondation<br />

a de son côté annoncé avoir<br />

collecté 11,2 millions d’euros<br />

en 2017 de ses 2700 donateurs<br />

et vouloir faire progresser le<br />

nombre de boursiers jusqu’à<br />

25 % (18 % aujourd'hui). Par<br />

ailleurs le président d’HEC<br />

HEC Alumni, Emmanuel<br />

Chain, a annoncé qu’une<br />

« cotisation à vie » pourrait<br />

être proposée à tous les<br />

étudiants à partir de 2019.<br />

→ Installée à Paris, une<br />

« HEC Factory » devrait<br />

bientôt ouvrir ses portes.<br />

→→<br />

Neoma va former 1 000<br />

étudiants en « réalité<br />

virtuelle immersive »<br />

Le 16 <strong>mars</strong> sur le campus de<br />

Rouen et le 27 <strong>mars</strong> sur le<br />

campus de Reims, Neoma<br />

BS va former simultanément<br />

1000 étudiants de son<br />

programme Grande École à la<br />

Réalité Virtuelle Immersive.<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Concours : un premier bilan <strong>2018</strong><br />

10 528<br />

On connaît maintenant les premières tendances des concours d'entrée<br />

dans les écoles de management après une classe préparatoire.<br />

candidats se sont inscrits aux concours 2 018<br />

des 24 écoles membres de la BCE, soit une<br />

hausse de 1,4 %. En ajoutant les candidats des trois écoles<br />

associées (ENS Paris Saclay, Ensae ParisTech et Saint-Cyr), le<br />

nombre total de candidats de la BCE est de 10 599 (dont 55 %<br />

de femmes).<br />

Du côté du concours Ecricome la progression est de 1,81 %,<br />

avec 8256 candidats, ce qui permet à ses deux écoles membres,<br />

Kedge et Neoma, de conserver la tête du classement général des<br />

écoles les plus demandées.<br />

BCE : les principales données :<br />

• le nombre de candidats préparant en 3 ans augmente sensiblement<br />

(+ 100, + 5,77 %), alors que le nombre de candidats<br />

« carrés », préparant en 2 années, est en léger recul (- 130,<br />

- 1,56 %) ;<br />

• pour la filière économique et commerciale, le nombre de candidats<br />

de la voie ECS poursuit sa hausse (+ 61, + 1,58 %), alors<br />

que la voie ECE recule à nouveau (- 60, - 1,49 %) et que la voie<br />

ECT est stable (+ 11, + 0,67 %) ;<br />

• pour la filière littéraire, la baisse se poursuit d’année en année<br />

(- 39, - 3,82 %) ;<br />

• le nombre global de candidatures aux écoles membres s’accroît<br />

encore de 1,43 % en <strong>2018</strong> (112 283) après avoir passé le<br />

seuil des 110 000 en 2017 (le nombre moyen d’écoles choisies<br />

progresse en de 10,49 en 2017 à 10,67 en <strong>2018</strong>).<br />

BCE : les données par écoles. 10 écoles enregistrent cette<br />

année une baisse de leurs candidats alors que 14 connaissent<br />

une hausse du nombre.<br />

La hausse la plus spectaculaire est à mettre au crédit de la South<br />

Champagne SB : tout près de 43 %. Une réussite qu’elle doit<br />

notamment à l’évolution de son dispositif d’inscription groupée<br />

dont bénéficient également les quatre autres écoles associées :<br />

EM Normandie (+16 %), ESC Clermont (+38 %), ESC La Rochelle<br />

(+2,46 %) et ISC (+16,66 %). Mais la palme revient sans aucun<br />

doute à Skema BS qui se classe cette année à la troisième place<br />

des écoles les plus demandées avec une hausse des candidatures<br />

de 4,9 %. Elle n’est plus devancée que par Audencia et<br />

Grenoble EM.<br />

Du côté des baisses Télécom EM connaît une mauvaise passe en<br />

perdant 18 % de ses candidats, l’ICN 12,38 %, l’ESC Pau 8,4 %<br />

ou encore emlyon BS 1,73 %.<br />

Ecricome, les principales données :<br />

• 7 745 candidats de prépa EC (+ 1,9%) et 511 étudiants inscrits<br />

en banques littéraires (+1,4 %) ont fait le choix d'Ecricome en<br />

<strong>2018</strong> ;<br />

• la banque note également l’augmentation continue des candidats<br />

technologiques (+6,9 %) ;<br />

• le concours Ecricome littéraires connaît quant à lui une hausse<br />

de 1,4 % dans un contexte où la population globale s’accroît<br />

seulement de 0,97 %. n<br />

Ecoles Candidats Candidats Evolution 2017/<strong>2018</strong><br />

<strong>2018</strong> 2017 Valeur %<br />

Kedge BS 8256 8109 147 1,81%<br />

Neoma BS 8256 8109 147 1,81%<br />

Total candidats écoles Ecricome 8256 8109 147 1,81%<br />

Audencia BS 8221 8170 51 0,62%<br />

Grenoble EM 7837 7754 83 1,07%<br />

SKEMA BS 7626 7270 356 4,90%<br />

EMLYON 7287 7415 -128 -1,73%<br />

EDHEC BS 7269 7253 16 0,22%<br />

Toulouse BS 7206 7319 -113 -1,54%<br />

ESCP Europe 5999 6088 -89 -1,46%<br />

EM Strasbourg 5990 5905 85 1,44%<br />

Rennes SB 5990 5905 85 1,44%<br />

Montpellier BS 5990 5905 85 1,44%<br />

ESSEC 5776 5701 75 1,32%<br />

HEC 5151 5230 -79 -1,51%<br />

Burgundy SB 3095 3252 -157 -4,83%<br />

EM Normandie 3081 2654 427 16,09%<br />

ESC La Rochelle 3081 3007 74 2,46%<br />

ESC Clermont 3081 2232 849 38,04%<br />

South Champagne SB 3081 2155 926 42,97%<br />

ISC Paris 3081 2641 440 16,66%<br />

ICN 2760 3150 -390 -12,38%<br />

Télécom EM 2709 3308 -599 -18,11%<br />

Inseec BS 2575 2786 -211 -7,57%<br />

ESC Pau <strong>2018</strong> 2203 -185 -8,40%<br />

ISG 1761 1878 -117 -6,23%<br />

Brest BS 1618 1550 68 4,39%<br />

Total candidatures écoles membres BCE 112283 110731 1552 1,4%<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 6 MARS <strong>2018</strong> | N°15


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Que pensent les diplômés de<br />

leur école de management ?<br />

EN BREF<br />

Pour la 5 e année consécutive EducPros publie sa<br />

passionnante étude sur l’opinion qu’on les diplômés<br />

des écoles de management de leur école. Cette<br />

année ce sont les diplômés 2013 et 2016 qui ont été<br />

interrogés.<br />

Les écoles qui sont au-dessus ou à la moyenne des<br />

écoles dans les neuf principaux critères retenus (satisfaction<br />

générale, cours et professeurs, vie associative,<br />

etc.) sont : Audencia, Edhec, Essca, Essec (qui crève<br />

tous les plafonds de satisfaction quel que soit le<br />

critère), Grenoble EM, HEC, Iéseg et Skema.<br />

Les écoles qui sont un peu en dessous sur un à<br />

quatre des neuf principaux critères sont : BSB (sur<br />

deux critères mais sur les locaux les travaux entrepris<br />

vont tout changer), EM Normandie, EMLV (réseau<br />

des anciens peu développé dans cette jeune école),<br />

emlyon (sur les locaux uniquement), ESC Clermont,<br />

ESCP Europe, ICN (essentiellement pour les locaux<br />

mais l’école vient tout juste de déménager), Idrac,<br />

Istec (bien classée dans six critères), Kedge (sur l’encadrement,<br />

les « cours et professeurs » et la « préparation<br />

à la vie professionnelle »), Neoma (uniquement<br />

sur l’encadrement), Télécom EM (seuls les locaux et<br />

l’ouverture internationale pêchent) et Toulouse BS<br />

(pour l’encadrement et l’ouverture internationale).<br />

Les écoles qui sont moins bonnes sur plus de moitié<br />

des critères sont : EBS (mais excellente sur l’ouverture<br />

internationale), EDC (avec un vrai problème de<br />

locaux qui atteignent péniblement les 3,1 sur 5, seuls<br />

le réseau des anciens et les relations entreprises<br />

dépassant la moyenne), EM Strasbourg (mais là aussi<br />

excellente sur l’ouverture internationale), ESC Pau (très<br />

sévèrement notée pour son réseau des anciens), ESC<br />

Troyes (qui ne dépasse la moyenne des écoles que<br />

pour ses locaux et est la plus sévèrement notée des<br />

écoles pour son réseau des anciens), ESCE, Esdes,<br />

ICD, Inseec (en dessous dans les neuf critères), Ipag,<br />

ISC (qui ne dépasse la moyenne que pour sa vie associative),<br />

ISG (qui n’a la moyenne que pour les « cours<br />

et professeurs »), La Rochelle BS, Montpellier BS (dont<br />

les locaux sont très en dessous de la moyenne de<br />

satisfaction), PSB et Rennes SB (seuls les locaux, l’ouverture<br />

internationale et la vie associative y emportent<br />

les suffrages). n<br />

→ → « Never stop daring » à Audencia<br />

« Never stop daring » proclame Audencia en<br />

adoptant une nouvelle base line qui s’exprimait<br />

déjà en son nom Audencia, « original et disruptif »,<br />

choisi dès 2000. Cette formule a été proposée<br />

par une étudiante en 3 ème année du programme<br />

Grande École de la majeure « entrepreneuriat »,<br />

Manon Meyer. Audencia avait en effet donné<br />

à l’ensemble des étudiants et collaborateurs la<br />

possibilité de contribuer à sa réflexion sur son<br />

identité de marque via une plateforme en ligne. Pas<br />

moins de 1270 contributions y ont été reçues.<br />

→ Cliquez ici pour voir la vidéo de présentation<br />

→ → « Learning by Doing Expedition » en Israël<br />

pour les étudiants de Skema<br />

Du 17 au 27 février, Skema BS a fait découvrir à 46<br />

de ses étudiants l'Université Ben-Gurion de Beer<br />

Sheva afin de lancer un programme expérientiel<br />

d'un nouveau genre : la « Learning by Doing<br />

Expedition ». Ce séminaire conjoint a pour objectif<br />

de « donner aux étudiants la possibilité de découvrir<br />

l'un des écosystèmes parmi les plus innovants et<br />

surprenants au monde : celui de la Start-Up Nation<br />

qu'est Israël ». Les étudiants vainqueurs du premier<br />

« Hackathon en intelligence économique » qui<br />

s'est déroulé sur les campus de SKEMA à la rentrée<br />

seront également présents.<br />

Faites partie du groupe !<br />

Plus 2 places au classement SIGEM 2017.<br />

Augmentation de la barre d’admissibilité.<br />

PROGRAMME GRANDE ÉCOLE ● DIPLÔME VISÉ BAC+5 ● GRADE DE MASTER<br />

Pionnière dans l’âme, l’EM NORMANDIE n’a cessé de se réinventer pour offrir aux étudiants une vision d’avenir, en<br />

adéquation avec les attentes du monde de l’entreprise. Sur les campus de Caen, Le Havre, Paris, Dublin et Oxford,<br />

enseignants-chercheurs et entreprises échangent ainsi pour former des managers multi-fonctionnels, capables de créer,<br />

s’exporter, se différencier, rebondir, réussir… Et surtout conquérir chaque opportunité que leur réserve l’avenir.<br />

L’ESPRIT DE CONQUÊTE<br />

em-normandie.fr<br />

Programme Grande Ecole<br />

en Formation Initiale.<br />

CAEN ● LE HAVRE ● PARIS ● DUBLIN ● OXFORD<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 7 MARS <strong>2018</strong> | N°15


EN BREF<br />

→→<br />

Les étudiants des Grandes Ecoles<br />

veulent du sens<br />

Étudiants des Grandes Écoles comme anciens<br />

manifestent également un intérêt particulier<br />

pour les missions qui apportent du sens ainsi que<br />

pour l’économie sociale et solidaire (ESS) selon<br />

le Baromètre IPSOS – BCG – CGE Qu’attendent<br />

les étudiants et anciens élèves des grandes écoles<br />

du marché du travail ? 92 % des répondants à<br />

l’étude considèrent l’intérêt du poste comme un<br />

critère primordial de choix du métier, suivi par le<br />

bien-être au travail (84 %) et l’adéquation avec les<br />

valeurs (72 %). La rémunération n’est citée qu’en 9 e<br />

position sur 11. Si les grands groupes continuent<br />

d’attirer majoritairement les étudiants (54 % disent<br />

souhaiter y travailler), les anciens sont seulement<br />

41 % dans le même cas. Ces derniers sont plus<br />

nombreux à vouloir créer leur propre entreprise<br />

(36 % vs. 22 %) ou travailler à leur compte (19 % vs.<br />

5 %). Les priorités des anciens sont d’ailleurs bien<br />

différentes : 77 % d’entre eux considèrent que la<br />

prise de responsabilités est un critère important de<br />

choix du métier alors que c’est le cas de seulement<br />

59 % des étudiants.<br />

→→<br />

Brest BS crée une filière « audit-expertise »<br />

L’Ordre des experts-comptables de Bretagne et<br />

Brest Business School ont signé une convention<br />

de partenariat visant à développer une nouvelle<br />

filière « audit-expertise » au sein de l’école. Cette<br />

convention va permettre aux étudiants de BBS<br />

d’obtenir l’ensemble des dispenses au concours<br />

DSCG (Diplôme supérieur de comptabilité et<br />

gestion) qui sont de 5 épreuves sur 7.<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Le « classement des classements »<br />

des écoles de management <strong>2018</strong><br />

Après l’Étudiant, Le Figaro, et Challenges, c’est « Le Point » qui a publié son classement des écoles de<br />

management. Sans réelle surprise. Certes Audencia et Toulouse EM perdent deux places au profit de Kedge<br />

(qui en gagne trois) et de Skema (qui reste 7 e ), certes Neoma remonte de deux places quand Montpellier BS en<br />

perd deux mais tout cela est corroboré par les autres classements. Nous vous proposons donc de comparer ces<br />

quatre classements dans notre « Classement des classements des écoles de management ».<br />

<strong>2018</strong> Écoles l'Etudiant Le Figaro Le Point MOYENNE<br />

1 HEC Paris 1 1 1 1 1,0<br />

2 Essec 2 2 3 2 2,3<br />

3 ESCP Europe 3 3 2 4 3,0<br />

4 emlyon BS 4 4 4 3 3,8<br />

5 Edhec BS 5 5 5 5 5,0<br />

6 Grenoble EM 6 5 10 6 6,8<br />

7 Skema BS 8 8 6 7 7,3<br />

8 Audencia BS 7 7 9 9 8,0<br />

9 Kedge BS 11 9 8 7 8,8<br />

10 Neoma BS 8 10 7 11 9,0<br />

11 Toulouse BS 11 11 11 9 10,5<br />

12 Rennes School of Business 10 12 13 12 11,8<br />

13 Montpellier BS 13 16 12 13 13,5<br />

14 EM Strasbourg 15 18 15 14 15,5<br />

14 ICN BS 14 15 17 16 15,5<br />

14 Télécom EM 16 17 14 15 15,5<br />

17 EM Normandie 18 13 16 17 16,0<br />

18 Burgundy SB (ESC Dijon) 17 14 22 20 18,3<br />

19 La Rochelle Business School 21 19 19 18 19,3<br />

20 Inseec BS 19 22 20 21 20,5<br />

20 ISC 22 21 21 18 20,5<br />

22 ISG 19 23 18 24 21,0<br />

23 ESC Clermont 23 20 24 22 22,3<br />

24 South Champagne BS (ESC Troyes) 24 24 23 23 23,5<br />

25 ESC Pau 25 25 25 26 25,3<br />

26 Brest BS 26 26 26 25 25,8<br />

À BSB, LA SATISFACTION<br />

DE NOS DIPLÔMÉS EST L’UNE<br />

DE NOS PLUS GRANDES FIERTÉS<br />

▬<br />

CLASSEMENT<br />

DES ÉCOLES POST PRÉPA<br />

bsb-education.com<br />

GÉNÉRALE 7 e COURS ET<br />

PROFESSEURS 5 e<br />

6 e SATISFACTION<br />

ENCADREMENT<br />

OUVERTURE<br />

10 e INTERNATIONALE<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 8 MARS <strong>2018</strong> | N°15


L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 9 MARS <strong>2018</strong> | N°15


EN BREF<br />

→→<br />

Skema se rapproche de l’Esiea<br />

Les deux écoles ont créé en 2017 un<br />

double diplôme ingénieur-manager.<br />

Aujourd'hui Skema BS et l’Esiea renforcent<br />

leur partenariat pour « accélérer le<br />

développement des compétences hybrides »<br />

des futurs ingénieurs/managers. Les deux<br />

écoles prévoient notamment la mise en<br />

place d’un ensemble de modules d’initiation<br />

optionnels en « intelligence artificielle,<br />

codage, big data et cybersécurité ».<br />

Autant de modules qui seront ouverts à<br />

tous les étudiants de Skema à compter<br />

de septembre <strong>2018</strong> et encadrés par des<br />

étudiants et enseignants de l’Esiea.<br />

→→<br />

Comment les écoles de management<br />

doivent-elles aborder la transformation<br />

numérique ?<br />

L’accélération des innovations<br />

technologiques a fortement<br />

bouleversé les usages et a<br />

conduit à une transformation<br />

globale des organisations,<br />

dont les écoles de management<br />

ne font pas exception. La nouvelle étude<br />

de la FNEGE (Fondation nationale pour<br />

l'enseignement de la gestion des entreprises)<br />

consacrée à La transformation numérique<br />

des écoles de management se penche sur les<br />

opportunités et impacts qu’entraînent ces<br />

évolutions afin de permettre aux directeurs<br />

d’école de les appréhender au mieux.<br />

L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

KEDGE étend et rénove<br />

son campus <strong>mars</strong>eillais<br />

C<br />

’est un budget de 19 M€. La<br />

CCI Marseille Provence et Kedge<br />

Business School vont étendre et rénover<br />

le campus <strong>mars</strong>eillais de Kedge BS<br />

dans le quartier de Luminy. Il s’agira<br />

à la fois de rénover et améliorer le<br />

campus existant pour répondre aux<br />

enjeux énergétiques et de construire<br />

une extension de 6 600 m² sur un<br />

terrain propriété de la CCIMP tout près<br />

du Parc des Calanques. Kedge pourra<br />

ainsi disposer d’un campus adapté aux<br />

objectifs de croissance des effectifs –<br />

ils doivent passer de 4 000 aujourd’hui<br />

à 5 000 dans les 5 ans à venir – tout<br />

en disposant d’un campus High-Tech<br />

et doté d’un label de performance environnementale<br />

« Bâtiments Durables Méditerranéens ». Il s’agira également de relier le bâtiment principal de Kedge au<br />

campus universitaire de Luminy et de la ligne de transport en commun en cours de livraison.<br />

Pour bien s’intégrer dans le site le nouveau bâtiment sera construit en « restanques » (murs de pierre sèche). Le<br />

projet prévoit en également de conserver 37 arbres existants sur le terrain, tous les arbres abattus étant remplacés<br />

par un nombre équivalent de chênes verts de tailles variées et d’autres espèces d’essences méditerranéennes. Un<br />

engagement écologique et environnemental tel que le président du Parc des Calanques, Didier Réault, s’est déclaré<br />

favorable au projet. n<br />

© KEDGE Marseille<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 10 MARS <strong>2018</strong> | N°15


L’ESSENTIEL DU MOIS<br />

Quelle influence médiatique ont<br />

6. Les directeurs d'école, vecteur de médiatisation<br />

les grandes écoles de management ?<br />

150<br />

120<br />

90<br />

60<br />

30<br />

0<br />

Couverture presse des directeurs des grandes écoles<br />

du 01/10/17 au 31/12/17<br />

A. Guilhon<br />

(SKEMA)<br />

P. Todd<br />

(HEC Paris)<br />

F. Bournois L. Roche<br />

(ESCP Europe) (Grenoble EM)<br />

Nombre d'articles de presse par directeur<br />

J. Milano V. Esposito Vinzi D. Manceau<br />

(KEDGE) (ESSEC) (Neoma)<br />

B. Belletante<br />

(emlyon)<br />

J-P. Ammeux<br />

(IESEG)<br />

C. Germain<br />

(Audencia)<br />

I. Mihov<br />

(INSEAD)<br />

E. Métais<br />

(EDHEC)<br />

F. Bonvalet<br />

(Toulouse BS)<br />

EN BREF<br />

→→<br />

Une « web série » pour l’ESC Clermont<br />

Elle s’appelle Jessica<br />

Pommier et part à la<br />

rencontre des<br />

étudiants de l’ESC<br />

Clermont à l’étranger<br />

dans une web série Va<br />

voir ailleurs si j’étudie ! Pour le Groupe ESC<br />

Clermont, elle se rend dans les différents pays<br />

et universités partenaires de l’école pendant<br />

une semaine pour filmer la vie de ces<br />

apprentis-aventuriers. Leurs nouveaux<br />

challenges : trouver un logement, choisir des<br />

cours, découvrir une nouvelle langue et gérer<br />

l’éloignement de la famille… Mais aussi ce qui<br />

les fait vibrer dans cette expérience d’études à<br />

l’étranger. Les découvertes culturelles,<br />

l’immersion dans un monde différent, la<br />

curiosité qui les anime.<br />

Pour Les la directeurs deuxième des année grandes consécutive écoles de Meltwater commerce et sont médias des vecteurs sociaux c’est dominants Delphine de Manceau la (Neoma) qui est<br />

News communication, Tank Higher Ed au & même Education titre que ont certains réalisé une professeurs, la plus médiatisés mentionnée pour devant leurs Bernard recherches, Belletante (emlyon<br />

étude interventions sur L’influence ou publications. médiatique des 2017 Grandes a été une Écoles année BS). particulièrement Enfin Loïck Roche mouvementée (Grenoble EM) dans fait partie les des 25<br />

de<br />

directions<br />

commerce.<br />

des<br />

Dans<br />

écoles,<br />

la presse<br />

avec<br />

internationale<br />

des changements<br />

c’est, très<br />

de directeur<br />

plus importants<br />

chez Neoma,<br />

contributeurs<br />

KEDGE,<br />

de<br />

l'ESSEC<br />

Linkedin.<br />

et<br />

largement, l’Insead qui est la plus citée devant l’Essec Enfin sur les médias sociaux l’Essec est plus visible,<br />

l'EDHEC. C'est pourquoi notre analyse ne se porte que sur le dernier trimestre de 2017, avec les<br />

et HEC. Mais s’il s’agit de ne parler que de l’école (dans loin devant l’Insead. Un résultat pas forcément lié<br />

directeurs actuels.<br />

le titre) c’est Skema qui l’emporte là aussi largement. au nombre d’abonnés sur Twitter, Facebook ou<br />

Enfin c’est Grenoble EM qui obtient la couverture presse Instagram. Comme l’explique l’étude « l'emlyon<br />

la Alice plus qualitative Guilhon, de parce SKEMA, qu’obtenue a été la sur plus les citée sites dans qui la parvient presse sur à cette être la période. troisième Son école point la de plus vue présente est<br />

réalisent régulièrement la plus forte sollicité audience. par les médias sur les sujets qui sur touchent les médias à l'enseignement sociaux, malgré supérieur. une communauté<br />

plus petite que la majorité des autres écoles ».<br />

Vecteurs dominants de la communication de leur école,<br />

les directeurs des écoles de management ont connu A contrario, HEC Paris qui est suivi par le plus grand<br />

un vrai turn over cette année. Alice Guilhon l’emporte nombre de personnes, n'est que quatrième en termes<br />

Couverture médias sociaux des directeurs des grandes écoles<br />

devant du trois 01/10/17 des au 31/12/17 directeurs qui ont été en place toute de mentions car « une grande partie de son audience<br />

l’année que sont Peter Todd (HEC), Frank Bournois est donc "silencieuse", ne cherchant pas à interagir avec<br />

800<br />

(ESCP Europe) et Loïck Roche (GEM). Du côté des les comptes de l'école ». n<br />

700<br />

600<br />

500<br />

400<br />

L’ESC Pau fait sa série<br />

300<br />

Pour<br />

200<br />

asseoir son positionnement TOMORROWER ® , l’ESC Pau lance une<br />

nouvelle 100 campagne de communication qui comprend notamment une web<br />

série 0 de trois épisodes intitulée FOR TOMORROWERS ® D. Manceau B. Belletante V. Esposito Vinzi L. Roche A. Guilhon F. Bournois<br />

.<br />

F.<br />

Ce<br />

Bonvalet<br />

lancement C. Germain constitue<br />

la @delphmanceau première @belletante étape d’une @VVinzi communication @RocheLoick orientée @bournois @F_Bonvalet Brand @CGermain_AUD Content, avec<br />

P. Todd J. Milano J-P. Ammeux I. Mihov<br />

(Neoma) (emlyon) (ESSEC) (Grenoble EM) (SKEMA) (ESCP Europe) (Toulouse BS) (Audencia) (HEC Paris) (KEDGE) (IESEG) (INSEAD)<br />

notamment, au cœur du dispositif, l’ouverture d’un Webzine, https://for-tomorrowers.blog,<br />

sur lequel on retrouve des articles sur les compétences de<br />

Nombre de mentions sociales par directeur<br />

demain, les pédagogies innovantes, les conflits générationnels ou encore le<br />

futur Sur du les travail, médias et sociaux, le cœur on de remarque la nouvelle qu'avoir pédagogie un déployée compte à Twitter l’École favorise : le une meilleure présence<br />

profil sur Tomorrower ce canal. Delphine ® Manceau, de Neoma, est la plus mentionnée sur ces canaux. Pour cause,<br />

→ elle Depuis interragit la rentrée beaucoup 2017, l’ESC avec Pau les autres développe membres le concept de son pédagogique école (professeurs For et gouvernance) et<br />

Tomorrowers est très active ® basé sur Twitter. l’apprentissage par l’expérimentation. n<br />

E. Métais<br />

(EDHEC)<br />

@emmanuel_metais<br />

Toutefois, tous les directeurs sont présents sur LinkedIn*, et certains y sont très influents, comme<br />

Loïck Roche, nommé parmi les Top 25 Contributeurs de Linkedin France.<br />

La France séduit<br />

de plus en plus les<br />

étudiants étrangers<br />

*NB : LinkedIn ne fait pas partie du scope de veille de cette étude.<br />

12 Analyse globale des Écoles de Commerce<br />

Derrière l’Allemagne et le Royaume-Uni, la<br />

France se classe à la troisième place des pays<br />

d’Europe qui séduisent les plus les étudiants<br />

internationaux selon la nouvelle enquête du site<br />

Study.eu. Elle gagne ainsi une place et dépasse<br />

les Pays-Bas tout en restant 4ème pour l’indice<br />

de la qualité de l’éducation avec un score de<br />

53,4 très loin des 86,7 britanniques.<br />

→→<br />

Une nouvelle directrice pour le PGE<br />

d’emlyon BS<br />

Nathalie Hector a été<br />

nommée directrice du<br />

Programme Grande Ecole de<br />

l’emlyon BS. Elle prendra ses<br />

fonctions début avril <strong>2018</strong>.<br />

Jusqu’ici directrice des programmes initiaux<br />

de Kedge BS, Nathalie Hector est titulaire<br />

d’un DEA de Droit (1999) et d’un doctorat ès<br />

sciences de gestion de l’Université du Sud<br />

Toulon-Var (2010). Ses domaines de recherche<br />

portent, d’une part, sur l’économie sociale et<br />

solidaire et d’autre part, sur les edtechs et les<br />

conséquences de l’intelligence artificielle dans<br />

les sciences de l’éducation. Depuis 2010 au<br />

sein de Kedge BS, elle a dirigé le programme<br />

Ingénieur d’affaires, la pédagogie « Learning<br />

by doing » et la vie associative, les<br />

programmes Bachelor et le Programme<br />

Grande École.<br />

→→<br />

Un « service sanitaire » pendant les<br />

études de santé<br />

Dès <strong>2018</strong> seront inclus dans les maquettes de<br />

formation de 47 000 étudiants en médecine,<br />

pharmacie, odontologie, maïeutique,<br />

kinésithérapie et soins infirmiers, un<br />

module de trois mois, incluant l’acquisition<br />

compétences et des actions de prévention<br />

auprès de tous les publics. Ecoles, EHPAD et<br />

structures médico-sociales verront arriver<br />

des jeunes se destinant à un métier de la santé<br />

et prêts à « engager le pays dans le défi de la<br />

prévention ».<br />

→→<br />

Sciences Po phagocyte toujours l’entrée<br />

à l’ENA<br />

29 étudiants, soit 73% de la nouvelle<br />

promotion admise au concours externe<br />

d’entrée de l’École nationale d’administration,<br />

sont issus de Sciences Po. L’IEP annonce<br />

également d’excellents résultats dans<br />

l’ensemble de la fonction publique :<br />

- au concours national de Directeur d’hôpital<br />

public (EHESP - École des hautes études en<br />

santé publique) : 27 sur 80 admis (34%) ;<br />

- au concours des dirigeants de la protection<br />

sociale (EN3S - École nationale supérieure des<br />

administrateurs de la sécurité sociale) : 14%<br />

des admis ;<br />

- aux concours du Sénat : 83% des admis.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 11 MARS <strong>2018</strong> | N°15


ENTRETIEN<br />

« ESCP Europe dispose<br />

maintenant d’une identité<br />

juridique propre »<br />

© ESCP Europe<br />

Les écoles de management consulaires s’émancipent peu à peu<br />

de la tutelle de leurs chambres de commerce et d’industrie.<br />

Depuis début <strong>2018</strong> ESCP Europe est ainsi devenue un EESC<br />

(établissement d’enseignement supérieur consulaire).<br />

Son directeur, Frank Bournois, revient avec nous sur tout<br />

ce qui ça va changer pour elle.<br />

Un Institut Jean-Baptiste Say<br />

pour l’entrepreneuriat<br />

Avec l’ambition « d’offrir une alternative académique européenne au modèle américain »,<br />

le nouvel Institut Jean-Baptiste Say que lance ESCP Europe (du nom de son fondateur)<br />

s’appuiera pour cela sur un réseau développé par la chaire entrepreneuriat de l’école<br />

depuis 2007. Avec ses 50 chercheurs et enseignants (20 % de français, 60 %<br />

d’européens, 20 % non européens), une bourse pour accueillir un chercheur mondial<br />

pendant 1 an et plus de 50 publications internationales par an, il entend devenir la<br />

« référence européenne en matière de recherche et d’expertise sur l’entrepreneuriat » n<br />

Olivier Rollot : Le 2 janvier dernier ESCP Europe a<br />

adopté le statut d’EESC (établissement d’enseignement<br />

supérieur consulaire). Qu’est-ce que cela change pour<br />

vous ?<br />

Frank Bournois : Sous la présidence du président du directoire<br />

des Galeries Lafayette, Philippe Houzé, nous sommes<br />

effectivement depuis le 2 janvier ce qu’on appelle un EESC.<br />

ESCP Europe dispose ainsi d’une identité juridique propre<br />

- le directeur général en étant mandataire social -, alors<br />

qu’elle était jusqu’ici un service de la CCI Paris Ile-de-France<br />

qui en possède toujours 99,90 % des parts. À terme, d’ici<br />

2022, nous bénéficierons d’une autonomie financière totale,<br />

conformément au Business plan élaboré et validé avec notre<br />

actionnaire.<br />

Dans ce nouveau cadre notre conseil d’administration est<br />

composé de 24 personnes. La majorité, 13 membres, est<br />

désignée par la CCI Paris Ile-de-France. Il est complété par<br />

la doyenne du corps professoral, deux représentants élus du<br />

corps professoral, un représentant élu de l’administration,<br />

un autre des étudiants, ainsi que deux représentants de la<br />

Fondation et des Alumni et un membre du board de chacun<br />

des campus (Londres, Madrid, Berlin et Turin). Nous sommes<br />

également dotés de trois comités de gouvernance pour la stratégie,<br />

l’audit et les nominations.<br />

O. R : Allez-vous donner plus de poids à chaque campus<br />

dans ce nouveau cadre institutionnel ?<br />

F. B : Notre nouvelle organisation repose également sur la<br />

nomination de deux directeurs généraux adjoints : le professeur<br />

Léon Laulusa, chargé des questions académiques et<br />

internationales et Etienne Desmet, en charge de l’Executive<br />

Education, du Secrétariat général et de la transformation. Pour<br />

ma part je me concentre sur le management de la faculté, la<br />

recherche, le digital et la communication.<br />

À la rentrée <strong>2018</strong>-2019 nous mettrons en place une organisation<br />

européenne fédérale dont l’EESC sera le centre avec<br />

six satellites en Europe, dont le campus parisien qui sera doté<br />

d’un directeur comme les autres. Je ne serai plus le directeur<br />

du campus de Paris.<br />

Après une organisation centrée sur la France, nous passons<br />

ainsi à une organisation totalement polycentrique dans laquelle<br />

un Allemand peut diriger le campus de Berlin mais aussi, à<br />

terme, celui de Madrid et vice-versa ! Certaines fonctions,<br />

par exemple la communication, seront pilotées par le fédéral<br />

au niveau stratégique et leur déclinaison opérationnelle sera<br />

locale.<br />

>>> suite page 13<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 12 MARS <strong>2018</strong> | N°15


suite de la page 12<br />

ENTRETIEN<br />

O. R : Vous resterez présents à Londres ?<br />

F. B : Quoi qu’il arrive dans le cadre du Brexit - et suivant<br />

quotidiennement l’actualité britannique, je vous prédis que rien<br />

n’est certain - nous serons toujours présents à Londres. Il y<br />

aura toujours besoin de ponts vers le Royaume-Uni et l’école<br />

en est un exemple. Ce pays est et restera un pays européen.<br />

Et l’école y est reconnue, puisqu’elle a été désignée « Highly<br />

Commended Business School » aux Times Higher Education<br />

Awards en 2017.<br />

O. R : En fait ESCP Europe est l’incarnation de l’université<br />

européenne que désire voir créer Emmanuel<br />

Macron ?<br />

F. B : Nous sommes le rêve d’Emmanuel Macron réalisé depuis<br />

plus de 40 ans avec la création de l’EAP en 1973. Il n’y a qu’à<br />

ESCP Europe que tous les étudiants ne peuvent être diplômés<br />

qu’à condition d’avoir réalisé un parcours européen. On ne<br />

peut pas être diplômé chez nous en ayant seulement étudié<br />

à Berlin ou Paris. Pas plus dans le programme Grande École,<br />

notre « master in management » (MIM) qu’en mastère spécialisé<br />

ou en MBA. Notre bachelor s’effectue même dans trois pays<br />

et trois langues. De plus nous sommes reconnus et accrédités<br />

dans chaque pays par les organismes locaux. Notre formation<br />

d’excellence qu’est le MiM permet d’obtenir jusqu’à trois<br />

grades masters simultanément délivrés dans 4 pays différents.<br />

Nous nous investissons depuis longtemps dans la fabrication<br />

d’un modèle unique de formation européen et sommes prêts à<br />

accompagner le mouvement voulu par le Président.<br />

O. R : Dans ce nouveau cadre votre stratégie va-t-elle<br />

évoluer ?<br />

F. B : Nous conservons l’ambition d’être la meilleure business<br />

school en Europe. Partout nous délivrons à la fois de la formation<br />

initiale comme de la formation continue en nous appuyant<br />

notamment sur nos 50000 alumni. Mais ESCP Europe ce n’est<br />

pas que des Européens qui travaillent en Europe. Nous avons<br />

un rayonnement international avec nos 30 % d’étudiants venus<br />

de Chine, d’Afrique ou des États-Unis. Autant de nationalités<br />

que nous formons à devenir des business leaders européens,<br />

au sens culturel et intellectuel du terme, prêts à manager dans<br />

la complexité. Ce trait nous semble caractéristique de l’Europe,<br />

ce continent unique dans lequel se concentre un maximum de<br />

cultures dans un minimum d’espace. Au bout de leurs trois ans<br />

d’études, nos étudiants sont vraiment capables de travailler<br />

partout dans le monde.<br />

O. R : Comment cela se traduit-il dans votre<br />

enseignement ?<br />

F. B : Nous privilégions l’interdisciplinarité : que ce soit dans le<br />

MIM ou dans notre bachelor nos étudiants suivent aussi bien<br />

des cours de maths que de psychologie ou encore de coding<br />

en plus des disciplines du management.<br />

C’est ce que nous proposons par exemple au travers de notre<br />

récent accord de double diplôme avec Mines PARISTECH. Tous<br />

programmes confondus nous estimons à 20 % le nombre de<br />

nos étudiants titulaires d’un diplôme d’ingénieur ou de master<br />

d’un de nos partenaires comme le Politecnico de Turin.<br />

C’est ce qui différencie le leader du manager : avoir un bagage<br />

intellectuel complet et l’expérience de la fécondité de la<br />

complexité ! C’est tout cela que reflète la base line « Designing<br />

Tomorrow » que nous avons adoptée en septembre 2017. Nous<br />

ne sommes pas seulement là pour comprendre le monde de<br />

demain, mais pour le dessiner. Et nous croyons que l’approche<br />

européenne - diversité, interdisciplinarité et prise en compte des<br />

forces qui agissent sur l’économie (la culture et les cultures, la<br />

politique, mais aussi l’environnement, les sciences, la technologie,<br />

l’art.) - est non seulement originale par rapport à la concurrence,<br />

mais aussi véritablement soutenable dans un monde où<br />

les défis ne sont pas qu’économiques.<br />

O. R : Où en êtes-vous du développement de la dimension<br />

numérique de ESCP Europe ?<br />

F. B : Nous y travaillons énormément avec, par exemple, la création<br />

récente d’un certificat de « facilitateur de la transformation<br />

digitale des entreprises ». D’ici 2022 un tiers de nos enseignements<br />

seront dispensés en ligne, un autre tiers dans le cadre<br />

d’enseignements traditionnels et le reste en petits groupes. Ce<br />

qui signifie pour nous la nécessité de repenser les espaces de<br />

cours pour permettre à ce nouveau modèle de fonctionner.<br />

Aujourd’hui, nous proposons plusieurs programmes hybrides,<br />

mélange de présentiel et de cours en ligne, notamment notre<br />

Executive MBA, ou totalement en ligne, l’EMIB (Executive Master<br />

in International Business). Notre idée directrice : le digital doit être<br />

au service d’une pédagogie augmentée.<br />

Pour développer toutes ces dimensions pédagogiques, nous<br />

créons un centre dédié à l’innovation sous toutes ses formes<br />

au cœur de Paris avec des antennes sur nos campus, au<br />

centre duquel évoluera l’Institut Jean-Baptiste Say, du nom de<br />

notre fondateur, et dédié à l’entrepreneuriat. Nous allons fêter<br />

nos 200 ans en 2019-2020. La preuve de la pérennité de la plus<br />

ancienne école de commerce du monde, c’est que nous avons<br />

toujours su nous projeter vers l’avenir ! n<br />

Des week-ends d’intégration d’un nouveau style en <strong>2018</strong><br />

Après les quelques incidents qui ont émaillé le week-end<br />

d’intégration 2017 d’ESCP Europe – la direction avait<br />

évoqué des « comportements violents et intolérables »<br />

et suspendu deux associations qui ont ensuite présenté<br />

des excuses - la nouvelle formule d'intégration qui sera<br />

inaugurée en <strong>2018</strong> sera « plus courte, plus conviviale,<br />

axée sur le développement personnel et ouverte à tous,<br />

y compris aux anciens ». En jeu une véritable mutation<br />

vers un format vraiment multiculturel. Comme<br />

l’explique Frank Bournois : « J'étais un peu surpris de<br />

voir que certaines activités ou soirées fonctionnaient par<br />

nationalités, alors, que sur le plan pédagogique, tout est<br />

organisé dans une démarche interculturelle ». n<br />

→→<br />

Accueillante<br />

EducPros classe ESCP<br />

Europe en tête des<br />

écoles de management<br />

qui accueillent le plus<br />

d’étudiants étrangers.<br />

De ses campus européens<br />

(145 étudiants italiens et<br />

93 allemands) mais aussi<br />

du monde entier : en 2016,<br />

73 de ses nouveaux alumni<br />

étaient Chinoise.<br />

→→<br />

British<br />

ESCP Europe a été<br />

récompensée dans la<br />

catégorie « Meilleure<br />

Business School de<br />

l’année » par le Times<br />

Higher Education, lors<br />

de la cérémonie annuelle<br />

de remise des prix, qui<br />

s'est tenue à Londres le<br />

30 novembre.<br />

→→<br />

Classée<br />

ESCP Europe se classe<br />

cette année 13 e du<br />

classement des business<br />

schools européennes<br />

du Financial Times qui<br />

a, pour la troisième fois<br />

consécutive, célébré la<br />

victoire de la London<br />

Business School devant<br />

HEC et l’IE BS. Elle est<br />

11 e dans le classement des<br />

masters in management<br />

de QS<br />

© DR<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 13 MARS <strong>2018</strong> | N°15


D O S S I E R<br />

À quoi sert la recherche<br />

en management ?<br />

© Fotolia<br />

Indispensable pour obtenir les<br />

accréditations internationales, la<br />

recherche en management et en gestion<br />

s’est peu à peu imposée dans les grandes<br />

écoles. Au point de provoquer des débats<br />

enflammés sur son rôle et… son coût.<br />

Panorama.<br />

→ → 50 ans<br />

La FNEGE fête ses 50 ans<br />

du 22 au 25 mai <strong>2018</strong> en<br />

organisant sa Semaine du<br />

Management à Paris au sein<br />

de la Cité Internationale<br />

Universitaire de Paris.<br />

Ce sont les « stars » de la recherche des écoles de management.<br />

Ils sont Américains et s’appellent Michael Porter ou<br />

Henry Mintzberg. Français comme Isaac Getz (le « pape » de<br />

l’entreprise libérée, enseignant à ESCP Europe) ou Bernard Cova<br />

(expert des marques, enseignant à Kedge). Et ils sont souvent<br />

payés très chers comme le professeur de finances mexicain<br />

Florencio Lopez de Silanes, embauché en 2017 par Skema<br />

pour un salaire annuel estimé entre 400 000 et 500 000€… Un<br />

investissement qui peut être rentable pour un enseignant-chercheur<br />

extrêmement talentueux et reconnu dans le monde dont<br />

on sait qu’il peut aussi bien s’adresser aux étudiants qu’aux<br />

entreprises. Mais est-ce le cas de tous ? « Nous avons été<br />

frappés par l’uniformité du discours de toutes les écoles que<br />

nous avons interrogées. Toutes s’inscrivent dans le paradigme<br />

selon lequel l’excellence signifie produire une recherche visible<br />

à l’international. Dans ce cadre tout le monde, dans le monde<br />

entier, a singé le mode de fonctionnement des académies américaines.<br />

Mais quand on n’est pas les premiers de la classe c’est<br />

très consommateur de ressources… Or aujourd'hui, même aux<br />

États-Unis, on se pose des questions sur ce modèle », constate<br />

Jean-Philippe Denis, rédacteur en chef de « La revue française<br />

de gestion » et professeur à l’Université Paris Sud-Paris Saclay<br />

qui a publié en 2017 avec la FNEGE une étude intitulée Les<br />

ressources des écoles de management : la nouvelle donne. Ce à<br />

quoi le directeur de la recherche de Toulouse BS, Denis Lacoste,<br />

répond : « Les sujets de recherche sur lesquels nos cinq laboratoires<br />

travaillent partent à 90 % de sujets pratiques. On est<br />

en sciences de gestion, c’est une science, mais une science de<br />

l’action. Les dirigeants nous voient aujourd’hui comme un vrai<br />

partenaire capable, par des méthodes scientifiques, d’améliorer<br />

les performances économique, sociétale, environnementale de<br />

leur l’entreprise ».<br />

: Une recherche qui a tout bouleversé<br />

La Fondation nationale pour l'enseignement de la gestion des<br />

entreprises (FNEGE) a été créée en 1968 pour développer l’enseignement<br />

de la gestion dans l’enseignement supérieur. La<br />

première revue de recherche dans le domaine, la « Revue française<br />

de gestion », a quant à elle été créée en 1975. Il faudra<br />

attendre le début des années 70 pour que l’enseignement et<br />

la recherche en gestion se développent vraiment en France et<br />

>>> suite page 15<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 14 MARS <strong>2018</strong> | N°15


suite de la page 14<br />

1977 pour que soit créée la première agrégation. Et encore<br />

aujourd'hui la gestion reste relativement à l’écart des disciplines<br />

plus traditionnelles. « Nous avons le sentiment de ne<br />

pas être forcément considérés comme une science alors que<br />

le management est au carrefour des sciences sociales. Notre<br />

discipline dialogue avec l’économie, la sociologie, l’anthropologie,<br />

la psychologie, l’histoire, etc. », constate Véronique Perret,<br />

professeure de gestion de l’université Paris-Dauphine.<br />

Aujourd'hui dans une école comme l’emlyon la recherche<br />

représente 18 % du budget total. Un effort financier important<br />

imposé par la nécessité de disposer d’entre 120 et 130<br />

professeurs pour maîtriser l’ensemble des spécialités dans<br />

une école généraliste en sciences de gestion. Des professeurs<br />

qui sont quasiment tous des docteurs aujourd'hui alors qu’ils<br />

n’étaient que 22 sur 71 en 1998. « Quand je vois l’évolution<br />

de la qualité du travail des écoles je ne regrette rien. Prenez le<br />

laboratoire de recherche que je dirige aujourd'hui à l’EDC. La<br />

qualité des échanges qu’ont aujourd'hui nos professeurs avec<br />

d’autres chercheurs, leur connaissance des domaines, des<br />

méthodes, n’ont strictement rien à voir avec ce qui existait-il y<br />

a encore une dizaine d’années » se félicite le fondateur de la<br />

Commission d'évaluation des formations et diplômes de gestion<br />

(CEFDG) et ancien directeur général d’Audencia, Jean-Pierre<br />

Helfer : « Aujourd'hui ESCP Europe et Paris 1 sont dans la<br />

même école doctorale, Montpellier BS et l’université de Montpellier<br />

partagent le même laboratoire de recherche, des responsables<br />

d’écoles président des associations scientifiques ».<br />

: Quel apport académique ?<br />

Mais ces enseignant-chercheurs « publiants » sont-ils d’excellents<br />

enseignants pour autant ? « Il ne faut pas se voiler la face,<br />

pour obtenir les accréditations certaines écoles ont dû se séparer<br />

de très bons enseignants, mais qui n’étaient pas docteurs,<br />

ou modifier des programmes trop innovants », regrette l’ancienne<br />

directrice et toujours professeure à l’EM Strasbourg,<br />

Isabelle Barth. Quant à Jean-Philippe Denis, il stigmatise ces<br />

« professeurs "étoilés" incapables de faire un cours et qui<br />

ne parlent toujours pas français dix ans après leur arrivée en<br />

France. Et qui donnent des cours en anglais à des étudiants<br />

qui le parlent mal ». Tous deux n’en estiment pas moins que<br />

l’enseignement par la recherche est indispensable. Ce que<br />

confirme Denis Lacoste : « La recherche et l’enseignement sont<br />

indissociables. La recherche permet de toujours maintenir la<br />

formation à jour sur toutes les nouveautés de son secteur, de<br />

développer de nouveaux programmes en lien avec les attentes<br />

et besoins des entreprises, mais aussi habituer les étudiants à<br />

une démarche scientifique. Les étudiants veulent plus de cours<br />

D O S S I E R<br />

théoriques. À nous de savoir transférer ce savoir théorique en<br />

cours. Et savoir en montrer son application à l’entreprise ».<br />

« Les programmes de Paris-Dauphine sont organisés autour<br />

de notre vivier d’enseignants-chercheurs avec toujours au<br />

moins 50 % des cours dispensés par eux dans chacun de nos<br />

programmes auxquels participent également des professionnels<br />

venus des entreprises », explique ainsi Bruno Bouchard,<br />

vice-président recherche de l’université. Tout cela a un coût<br />

mais est indispensable pour se donner les moyens de faire de<br />

la recherche de grande qualité. Mais un recrutement ne peut<br />

se réduire à cet aspect : le développement de la formation<br />

continue est une priorité dans l’ensemble de l’enseignement<br />

supérieur et tout particulièrement dans les écoles de management.<br />

Mais ce n’est pas toujours facile pour un professeur de<br />

se confronter à un public de cadres très différent des étudiants.<br />

« La formation continue c’est l’équivalent du crash test automobile<br />

pour un professeur : il doit s’adapter à un public différent,<br />

expérimenté, qui attend un vrai dialogue », explique le directeur<br />

général d’Audencia, Eymeric Peyredieu du Charlat pour lequel<br />

« un bon professeur doit être un "triathlète" de l’enseignement<br />

capable aussi bien de professer, que d’effectuer des travaux de<br />

recherche et enfin d’être impliqué dans la vie de la structure. »<br />

: « Publish or perish »<br />

C’est un leitmotiv : un enseignant-chercheur doit publier dans les<br />

plus grandes revues de recherche, le graal étant qu’elles soient<br />

américaines. « Être une université de recherche c’est mettre la<br />

recherche tout en haut dans les critères d’arbitrage. Pourquoi<br />

recrutons-nous un enseignant-chercheur ? D’abord pour alimenter<br />

la recherche. C’est l’ADN de Dauphine et c’est qui définit un<br />

"dauphinois" », confie par exemple Nicolas Berland, professeur<br />

de management directeur de « Dauphine Recherches en Management<br />

» (DRM), l’un des plus importants centres français en<br />

recherche de gestion. À l’emlyon la prime pour la publication d’un<br />

article dans une revue de rang 1 peut aller jusqu’à… 16 000 €.<br />

Logique puisque les organismes d’accréditation, de même que les<br />

magazines qui classent les écoles, comptent ensuite ces publications<br />

pour apprécier la qualité des business schools.<br />

Des publications qui sauront d’autant plus prises au sérieux<br />

qu’elles seront publiées en… anglais. « Pour rattraper notre retard<br />

nous avons oublié nos forces et singularités et aujourd'hui il est<br />

impossible pour une revue en français d’être classée au meilleur<br />

niveau par le CNRS ou la FNEGE », s’insurge Jean-Philippe Denis<br />

dont la revue est au niveau 2 pour la FNEGE et 3 pour le CNRS<br />

après un long combat pour la faire monter peu à peu : « Nous<br />

avons besoin de revues en français pour faire rayonner notre<br />

recherche ! » Ce que confirme l’ancien directeur de l’enseigne-<br />

→ → Un classement des<br />

revues scientifiques en<br />

sciences de gestion<br />

Pour aider les écoles de<br />

management à estimer<br />

la qualité des recherches<br />

de leurs professeurs la<br />

FNEGE publie depuis 2013<br />

un Classement des revues<br />

scientifiques en sciences<br />

de gestion. Elle complète<br />

une liste que publiait le<br />

CNRS mais comprenait<br />

essentiellement des revues<br />

économiques et certaines<br />

revues en sciences de<br />

gestion.<br />

>>> suite page 16<br />

Palmarès de la recherche en gestion <strong>2018</strong> : l’Essec s’impose<br />

Pour la cinquième année consécutive, EducPros<br />

s’est plongé dans la recherche des écoles de management<br />

de françaises dans un classement issu<br />

de son étude plus large sur les écoles de management.<br />

Premier constat : sa monté en puissance.<br />

Entre 2013 et 2016, le nombre d’articles publiés<br />

dans les revues FNEGE et CNRS à comité de<br />

lecture qu’analyse la rédaction du site a progressé<br />

de 27 % (on est passés de 1001 à 1275 articles).<br />

Alors que les trois quarts des écoles ont amélioré<br />

leurs performances c’est Neoma, qui enregistre<br />

la plus forte hausse en triplant sa production<br />

annuelle (24 à 74 articles). Pour autant c’est<br />

cette année l’Essec qui a le plus publié dans des<br />

revues de rangs 1 (20 articles) devant emlyon<br />

BS et HEC (19 chacune). Suivent Kedge BS (12),<br />

Grenoble EM, l’Iéseg et Skema (9).<br />

Comme l’explique Cécile Peltier dans son<br />

article : « Les progrès de l’EM Lyon sont, comme<br />

à l'Essec, la conséquence d’une politique volontariste.<br />

Ses principaux ingrédients ? Une différenciation<br />

assumée entre les enseignants, avec<br />

une décharge de cours très conséquente pour les<br />

profils "chercheurs", et une revalorisation importante<br />

des primes en faveur des rangs 1 et 2. Au<br />

détriment des autres ». n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 15 MARS <strong>2018</strong> | N°15


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 15 ment supérieur du ministère de l'Enseignement supérieur, de la<br />

Recherche et de l’Innovation et actuel président de l’EM Strasbourg,<br />

Patrick Hetzel : « Une langue c’est une vision du monde. En<br />

latin "tradere" signifie également "traduire" et on n’imagine pas à<br />

quel point chaque langue produit des différences de vision ».<br />

Mais tout le monde n’a pas forcément le niveau – ou les appétences<br />

– pour devenir un enseignant-chercheur publiant. L’emlyon<br />

a ainsi aujourd'hui trois catégories de professeurs. Des enseignants-chercheurs<br />

qui sont là pour produire du savoir et des contributions<br />

intellectuelles pour la société et les entreprises, publient<br />

dans les revues de recherche de rangs A et B et donnent moins<br />

de cours. Puis des professeurs « cliniciens » qui travaillent dans le<br />

« faire » avec les étudiants et publient des articles dans des médias<br />

économiques comme « Les Echos », le « Financial Times » ou des<br />

revues pédagogiques. Enfin des instructeurs on line qui accompagnent<br />

tout l’apprentissage en ligne, de manière synchrone ou<br />

pas. Il peut s’agir de doctorants ou de professeurs retraités.<br />

→→<br />

Le BSIS<br />

En 2012 la FNEGE crée<br />

le BSIS (Business School<br />

Impact Survey) pour<br />

mesurer l’impact d’une<br />

école sur son territoire.<br />

Avec le BSIS on peut<br />

estimer en termes sociétal,<br />

d’innovation, de richesse<br />

produite, de communication<br />

ce qu’apporte une business<br />

school ou un institut<br />

d’administration des<br />

entreprises, comment 1 €<br />

dépensé en rapporte 12 à 50<br />

à son territoire. Aujourd'hui<br />

le BSIS est conjointement<br />

administré par la FNEGE et<br />

l’EFMD.<br />

→ → La tyrannie de la<br />

recherche ?<br />

Le professeur de Neoma<br />

Business school, Aurélien<br />

Rouquet, explique sur Xerfi<br />

Canal : « Recherche en<br />

gestion, course aux étoiles :<br />

un appel à la révolte »<br />

: Quel impact pour les entreprises ?<br />

Des enseignant-chercheurs payés très chers pour publier mais<br />

quel est vraiment leur impact dans les entreprises ? Une question<br />

que s’est posée en 2016 la FNEGE en publiant une étude sur<br />

L’impact de la recherche en management. Ont été interrogés à<br />

cette occasion des managers issus des 87 entreprises représentées<br />

à la FNEGE. Résultat : les trois premiers français cités (Isaac<br />

Getz, Henri Savall, Jean-Marie Peretti) ne sont pas forcément les<br />

plus connus académiquement mais ceux qui ont fait un effort<br />

de traduction de leurs analyses scientifiques dans un langage<br />

compréhensible. « C’est un message qu’il faut faire passer aux<br />

enseignants : bien sûr on vous incite à publier dans des revues<br />

académiques mais les managers ne vous liront pas », explique<br />

l’un des trois auteurs de l’étude, Michel Kalika, professeur à<br />

l’IAE Lyon et conseiller scientifique du Business Science Institute,<br />

qui insiste : « Jean-Marie Peretti a lui été lu par des générations<br />

de DRH avec son manuel de référence dans la gestion<br />

des ressources humaines. Il ne faut pas négliger l’influence des<br />

cours et des manuels. » Le seul regret de Jean-Pierre Helfer est<br />

d‘ailleurs « d’être resté trop enfermé dans la seule catégorie de<br />

recherche qui sont les publications. Par panurgisme on s’intéresse<br />

essentiellement aux revues de recherche sans s’intéresser<br />

plus largement au "progrès des connaissances". »<br />

Jean-Philippe Denis va plus loin, parlant de « l’échec des 50<br />

dernières années » : « Alors que la gestion est un art nous avons<br />

voulu être "plus scientifiques que les scientifiques pour être<br />

reconnus. Résultat nous avons massivement investi dans une<br />

recherche qui reste invisible aux entreprises ». Ce que réfute<br />

Nicolas Berland : « Nous avons travaillé quatre ans avec Rhodia<br />

sur la "pilotage efficient du budget", nous avons rencontré des<br />

dizaines de responsables et abouti à des conclusions qui nous<br />

ont ensuite permis, le responsable du projet chez Rhodia et<br />

moi-même, de donner des cours ensemble ».<br />

: Une recherche appliquée… jusqu’où ?<br />

Le meilleur indicateur de l’impact de la recherche ne serait-il pas<br />

l’ampleur de son financement par les entreprises ? Notamment<br />

dans le cadre de chaires d’entreprise. On peut effectivement<br />

considérer que les entreprises sont rationnelles et investissent<br />

donc dans des recherches qui ont un impact pour elles. Mais il<br />

peut également y avoir pour elles des considérations d’image.<br />

« La recherche ne doit pas être exclusivement tournée vers l’intérêt<br />

direct des entreprises. Il faut pouvoir travailler sur des sujets<br />

émergents et cela fait partie de l’autonomie des chercheurs.<br />

Recherches fondamentale et appliquée ne doivent pas être opposées.<br />

On peut avoir les deux et la recherche doit être évaluée sur<br />

les deux dimensions d’impact académique et d’impact managérial<br />

! », insiste Michel Kalika.<br />

Une opinion que rejoint Nicolas Berland, pour lequel si « elle est<br />

trop appliquée la recherche en management n’est plus de la<br />

recherche » : « Les entreprises veulent un retour rapide quand le<br />

temps de la recherche est long. Notre rôle c’est de faire prendre<br />

aux entreprises de la hauteur, de ne pas leur donner des solutions<br />

toutes faites ». En tout Paris-Dauphine compte six équipes de<br />

recherche (en gestion, économie, sociologie et science politique,<br />

droit, ou encore mathématiques et informatique) qui dégagent<br />

4M€ de contrats de recherche sur un budget total de l’université<br />

de 115 M€.<br />

: Faire connaître sa recherche<br />

Pour un enseignant-chercheur une parution dans l’édition française<br />

de la « Harvard Business Review » a aujourd'hui un impact<br />

considérable. Un succès qui s’explique par la qualité de sujets<br />

lisibles par tous les managers. Le site The Conversation France<br />

a un impact mais essentiellement auprès de la communauté<br />

académique. Ensuite il faut regarder du côté des ouvrages<br />

publiés par les éditeurs spécialisés (Dunod, Eyrolles, etc.) mais<br />

aussi grands publics comme Fayard, Odile Jacob, etc.<br />

Mais les écoles peuvent également prendre directement en<br />

charge la publication des travaux de leurs professeurs. L’université<br />

Paris-Dauphine publie ainsi chaque année L’état du management<br />

(éditions de La Découverte), un ouvrage d’un peu plus de<br />

100 pages dans lequel son laboratoire « Dauphine Recherches<br />

en Management » fait le point sur ses recherches portant sur le<br />

monde de l’entreprise. « Nous nous adressons à un public plus<br />

large que la sphère universitaire pour expliquer à quoi sert la<br />

recherche en management. Quand on dit qu’on est chercheur<br />

de gestion on vous colle souvent une étiquette de "technicien"<br />

alors que nous traitons des questions beaucoup plus larges, bien<br />

au-delà de la seule efficacité économique », explique Véronique<br />

Perret, l’une des deux chercheuses qui ont édité « L’état des<br />

entreprises » en 2017.<br />

: Comment recruter ?<br />

Une école comme l’emlyon recrute de l’ordre de dix professeurs<br />

par an. Que ce soit en allant sur les principaux « jobs markets »<br />

des États-Unis ou par une approche directe d’autant plus facile<br />

que l’immense majorité chercheurs travaillent avec d’autres institutions.<br />

Tout cela en pensant à recruter partout dans le monde<br />

pour être capables, dans une économie globalisée, de disposer<br />

de professeurs qui ont aussi bien étudié les fonds souverains du<br />

Moyen-Orient que les bourses en Afrique du Sud, etc. De plus il<br />

faut parfois proposer aux enseignants de passer d’abord une année<br />

dans l’école pour voir s’ils ont envie de rester. Et il faut également<br />

souvent trouver des emplois aux conjoints. « Nos 24 chaires de<br />

recherche nous permettent d’attribuer des moyens supplémentaires<br />

à nos enseignants-chercheurs auxquels et nous accordons<br />

également des budgets de recherche dédiés en fonction de leurs<br />

publications. Les jeunes bénéficient de décharges de service et<br />

des compléments de salaire après publications », confie Bruno<br />

Bouchard.<br />

Grâce à la Comue (communauté d'universités et d'établissements)<br />

Paris Sciences et Lettres, dont elle est membre, Paris-Dauphine<br />

peut proposer des salaires compétitifs à de jeunes professeurs. De<br />

plus ses professeurs peuvent réaliser des heures supplémentaires<br />

en formation continue qui complètent leur salaire tout en renforçant<br />

leurs liens avec les entreprises. Mais jusqu’où faut-il aller ? « Il<br />

faut faire attention à ne pas tomber dans la dérive des clubs de<br />

football », prévient Patrick Hetzel, pour lequel « la logique purement<br />

financière de l’évaluation est un piège ». n<br />

Sébastien Gémon<br />

>>> suite page 17<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 16 MARS <strong>2018</strong> | N°15


D O S S I E R<br />

>>> suite de la page 16<br />

Quand la RSE s’impose dans les business schools<br />

La responsabilité sociale des<br />

entreprises (RSE) devient peu à peu un<br />

enjeu clé pour les entreprises. Réunis<br />

au sein du programme Principles for<br />

Responsible Management Education<br />

(PRME) de l’ONU des enseignantschercheurs<br />

issus de près de 700<br />

business schools dans le monde (dont<br />

32 en France) travaillent depuis 2007 à<br />

en faire émerger les principes dans<br />

leurs programmes. Les principaux<br />

contributeurs se réunissaient cette<br />

année à Audencia.<br />

Transformer les mentalités<br />

L’ONU poursuit des objectifs globaux en RSE :<br />

17 « Global Goals » qui vont de la disparation<br />

de la pauvreté à une éducation de qualité en<br />

passant par une eau de qualité pour tous ou une<br />

action sur le climat. Considérant que « les écoles<br />

de commerce jouent un rôle clé dans l'élaboration<br />

des mentalités et des compétences des<br />

futurs dirigeants, et peuvent être de puissants<br />

moteurs de la durabilité des entreprises » elle<br />

a monté le PRME. « La demande est forte car<br />

c’est aussi une façon pour tous les membres de<br />

s’internationaliser en comprenant les nouvelles<br />

attentes des entreprises », assure Jonas Haertle<br />

qui dirige le programme. Pour étendre son influence,<br />

PRME commence également à travailler<br />

avec des écoles d'ingénieurs.<br />

Toutes les business schools membres délivrent<br />

des cours liés à la RSE dans la gestion et le management<br />

et recrutent une partie de leurs professeurs<br />

en fonction de leur intérêt pour la fonction.<br />

Ce que fait maintenant Audencia BS depuis<br />

plusieurs années avec un laboratoire « Business<br />

and Society » qui rassemble 25 professeurs, soit<br />

un quart de la faculté, et qu’a rejoint cette année<br />

un excellent professeur de finance qui souhaitait<br />

s’impliquer dans le sujet au sein d’une<br />

communauté de chercheurs unique en France.<br />

« Nous ne donnons plus de cours 100 % dédiés<br />

mais nous cherchons des professeurs qui ont un<br />

véritable intérêt pour le sujet, que ce soit pour un<br />

cours de finance, de comptabilité, de marketing<br />

ou de RH », confie André Sobczac, directeur<br />

académique de l’école et titulaire de la chaire<br />

RSE depuis 2012. En tout 10 % des cours d’Audencia<br />

sont liés à la RSE. Une implication telle<br />

qu’elle a donné lieu, en 2010, à la signature d’un<br />

partenariat avec le World Wife Fund.<br />

Des jeunes investis<br />

Le développement de la RSE reste subordonné<br />

à une prise de conscience globale. « Les jeunes<br />

"millenials" veulent comprendre pourquoi ils travaillent,<br />

qu’est-ce que leur apporte telle ou telle<br />

entreprise et comment elle se comporte vis-à-vis<br />

de son environnement comme des pratiques sociales<br />

», affirme Jonas Haertle. « Beaucoup de<br />

nos diplômés veulent aller plus loin que seulement<br />

bien gagner leur vie et cherchent des entreprises<br />

qui donnent du sens », confirme André<br />

Sobczac.<br />

Un intérêt qu’un test permet de mesure. Créé par<br />

un chercheur français de Kedge, Jean-Christophe<br />

Carteron, le Sulitest est aujourd'hui une<br />

sorte de TOEFL de la RSE que passent par<br />

exemple aujourd’hui tous les étudiants de Télécom<br />

EM. « C’est une superbe outil qui intéresse<br />

également beaucoup les entreprises. Il faut que la<br />

RSE soit partout. Pas seulement une fonction à<br />

part mais une exigence transversale », remarque<br />

Jonas Haertle.<br />

Répondre à la demande<br />

Les recherches entreprises aujourd'hui dans le<br />

domaine permettent de constater que de plus<br />

en plus de consommateurs privilégient des<br />

produits locaux pour lesquels on respecte les<br />

conditions de travail. « À profil égal les entreprises<br />

seront de plus en plus intéressées par le<br />

recrutement de diplômés ayant une fibre RSE.<br />

Parce que sans RSE on disparaît tout simplement<br />

! Même des traders peuvent appliquer des<br />

normes RSE », constate André Sobczac.<br />

Très en pointe sur le sujet la mairie de Nantes<br />

favorise même les entreprises qui respectent pas<br />

moins de 35 critères RSE qu’Audencia a contribué<br />

à lister et à mesurer. Cela va des émissions<br />

de CO2 aux accidents du travail en passant par<br />

la diversité, les conflits sociaux, les amendes. « Il<br />

faut être responsable au sens large, durable, et<br />

c’est compliqué à estimer mais pas impossible »,<br />

conclut André Sobczac, satisfait de voir que<br />

le gouvernement réfléchit aujourd'hui à faire<br />

évoluer les critères de réussite des entreprises,<br />

au-delà de la seule rentabilité.<br />

→ Lire aussi Objectifs de Développement durable : des opportunités à 12 000 milliards de dollars pour les entreprises<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 17 MARS <strong>2018</strong> | N°15


PUBLI-INFORMATION<br />

La recherche au cœur<br />

de l’enseignement de TBS<br />

En 10 ans, la recherche à TBS a modifié profondément la pédagogie de<br />

l’école et renforcé son lien avec les entreprises. En imprégnant tous les<br />

cursus, elle permet de former des managers de demain ouverts,<br />

rigoureux, pointus et capables d’innover.<br />

La recherche à TBS<br />

Dans les années 2000, pour obtenir ses accréditations, TBS a dû structurer<br />

sa recherche. 20 ans plus tard, forte d’une triple accréditation,<br />

EQUIS, AMBA et AACSB qui atteste de son excellence académique, de<br />

la qualité de sa recherche et des compétences de ses enseignantschercheurs,<br />

l’école poursuit le développement de son volet recherche,<br />

indissociable de l’enseignement.<br />

L’école ne s’entoure que d’enseignants-chercheurs qui ont pour mission,<br />

dans un premier temps, de publier leurs résultats de recherche,<br />

puis de les diffuser dans leurs cours pour offrir un enseignement de<br />

pointe en adéquation avec les préoccupations actuelles des entreprises.<br />

Les professeurs encadrent les étudiants de dernière année de<br />

Master 2 dans la réalisation d’un mémoire de recherche, mais aussi les<br />

doctorants, dans le cadre de l'Ecole Doctorale en Sciences de Gestion<br />

dont TBS en est aujourd’hui un membre à part entière.<br />

Grâce au développement de sa recherche dont l’excellence est reconnue,<br />

les entreprises considèrent aujourd’hui TBS comme un partenaire<br />

incontournable pour les accompagner dans leur développement et<br />

répondre à leurs attentes et à leurs problématiques en matière de<br />

gestion pour rester compétitives.<br />

5 laboratoires de recherche<br />

Les laboratoires de recherche de TBS recoupent les grandes disciplines<br />

des sciences de gestion avec des objectifs communs :<br />

- Mener des recherches qui répondent aux attentes et aux demandes<br />

des entreprises,<br />

- Distiller la recherche dans l’enseignement aux étudiants,<br />

- Publier des articles de recherche dans des revues académiques de<br />

haut niveau,<br />

- Développer des collaborations avec des chercheurs d'autres<br />

départements et institutions,<br />

- Encourager les liens entre les communautés académiques et<br />

professionnelles.<br />

Cinq laboratoires structurent l’organisation de la recherche à TBS :<br />

• Comptabilité, Contrôle de Gestion & Pilotage de la<br />

Performance<br />

Le laboratoire travaille essentiellement sur la comptabilité environnementale,<br />

la gouvernance des entreprises et le pilotage de la performance<br />

dans des contextes d’entreprises très variés.<br />

• Entrepreneuriat & Stratégies<br />

L’objectif de ce laboratoire est de conduire des recherches académiques<br />

dans le domaine de la stratégie d'entreprise autour de quatre<br />

thématiques principales :<br />

▼<br />

- L’analyse des facteurs qui favorisent le développement de l’entrepreneuriat<br />

et de l’ancrage des entreprises sur un territoire,<br />

- La prise de décision stratégique et la gouvernance des entreprises,<br />

- L'analyse de la concurrence et de la coopération,<br />

- Les stratégies internationales des entreprises.<br />

• Finance, Économie & Économétrie<br />

L’objectif principal du laboratoire est de contribuer de manière significative<br />

à faire avancer tant la recherche théorique que ses applications<br />

empiriques en finance d'entreprise, microstructure des marchés,<br />

évaluation d'actifs, organisation industrielle et économie environnementale.<br />

• Social and Innovation Marketing<br />

Le laboratoire travaille sur 3 champs de recherche essentiels :<br />

- L'aspect socio-culturel du marketing et de la consommation,<br />

- L’influence des dimensions perceptuelle, cognitive et émotionnelle<br />

dans la consommation et le comportement du consommateur,<br />

- Les pratiques de communication responsable et éthique et l’impact<br />

des pratiques marketing sur le bien-être du consommateur.<br />

• Travail, Emploi, Santé<br />

Le laboratoire oriente ses recherches dans le domaine des Ressources<br />

Humaines sur 2 niveaux :<br />

- Macro-économique : politique de l’emploi et marché du travail<br />

européen, restructuration, dialogue social et gestion des ressources<br />

humaines,<br />

- Micro-économique : développement des métiers et des compétences,<br />

organisation du travail, motivation et formation professionnelle.<br />

La recherche de TBS<br />

en quelques chiffres<br />

suite page 19<br />

• 97 enseignants-chercheurs<br />

• 22 enseignants-chercheurs (HDR) habilités à diriger<br />

des recherches<br />

• 5 laboratoires de recherche<br />

• 20 doctorants<br />

• Plus de 200 articles académiques & 50 ouvrages<br />

depuis 5 ans<br />

• 110 participations à des ouvrages collectifs<br />

• 100 conférences par an dans le monde<br />

• 50 projets de recherche financés depuis 2005<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 18 MARS <strong>2018</strong> | N°15


PUBLI-INFORMATION<br />

suite de la page 18<br />

▼<br />

Un partenariat qui offre un doctorat à TBS<br />

« Fort de nombreuses synergies, le partenariat avec TSM (ex IAE<br />

Toulouse) sur la formation doctorale en management au sein de l’école<br />

doctorale s’est mis en place très naturellement et permet aujourd’hui à<br />

TBS d’offrir un doctorat dans son portefeuille de formations. Ainsi, dans le<br />

cadre de cet accord, les enseignants de TBS dispensent des cours dans le<br />

Master de recherche de TSM et en 2ème année de doctorat. L’école<br />

participe activement au recrutement de doctorants étrangers grâce à son<br />

réseau international. Enfin, TBS accueille des doctorants dans ses<br />

différents laboratoires qui sont encadrés par des professeurs de l’école. En<br />

termes de stratégie, TBS a décidé de nouer ce<br />

partenariat pour renforcer la dimension<br />

recherche liée à sa mission de formation et à<br />

celle de création de savoirs en synergie avec un<br />

partenaire local. TBS veut ainsi renforcer la<br />

valeur d’un diplôme porté par une structure<br />

locale mais amené sur un plan international. »<br />

François Bonvalet, Directeur général de TBS<br />

La recherche, l’alliée des entreprises<br />

« La recherche et l’enseignement sont indissociables. La recherche<br />

permet de toujours maintenir la formation à jour, de développer de<br />

nouveaux programmes en lien avec les attentes et besoins des<br />

entreprises, mais aussi d’habituer les étudiants à une démarche<br />

scientifique. Les étudiants veulent des enseignements s’appuyant sur de<br />

solides bases théoriques. A nous de savoir faire le lien entre la théorie et la<br />

vie quotidienne des entreprises. Les sujets de recherche sur lesquels les<br />

5 laboratoires travaillent partent à 90% de sujets pratiques. On est en<br />

sciences de gestion, c’est une science, mais une<br />

science de l’action.<br />

Les dirigeants nous voient aujourd’hui comme<br />

un vrai partenaire capable, par des méthodes<br />

scientifiques, d’améliorer les performances<br />

économique, sociétale, environnementale de<br />

leur entreprise. »<br />

Denis Lacoste, Directeur de la Recherche à TBS<br />

La formation par la recherche : la formation<br />

de managers de haut niveau<br />

« En dernière année de M2, les étudiants doivent fournir un mémoire de<br />

recherche dont le sujet est choisi en fonction de leur spécialité et pour<br />

lequel ils sont encadrés par les enseignants-chercheurs de TBS. Les<br />

étudiants aiment beaucoup cet exercice intellectuel car il leur rappelle<br />

leurs deux années de classe préparatoire. La formation par la recherche<br />

dispensée par TBS apporte aux étudiants un esprit scientifique qui leur<br />

permettra de devenir plus que de bons praticiens, des managers de haut<br />

niveau. Les étudiants vont ainsi apprendre à<br />

renforcer la rigueur de leur raisonnement,<br />

acquérir un esprit d’analyse, un sens critique,<br />

une capacité à prendre du recul, à aller chercher<br />

l’information et les données, à les décortiquer et à<br />

en faire une analyse poussée pour innover, en ne<br />

faisant jamais d’un cas une généralité. »<br />

Isabelle Assassi, Directrice du PGE<br />

Mon Doctorat à TBS<br />

« Après avoir obtenu le diplôme du Programme Grande<br />

Ecole de TBS, j’ai commencé à travailler en entreprise.<br />

Mais rapidement il m’a manqué quelque chose, une<br />

question de curiosité, de challenge intellectuel. J’avais<br />

besoin d’aller au-delà de ce que l’entreprise m’apportait.<br />

J’ai démissionné, j’ai été engagée à TBS comme<br />

assistante de recherche et j’ai fait mon année de Master<br />

de recherche à TSM, puis j’ai obtenu un contrat doctoral<br />

à TBS. J’ai décidé de faire ma thèse au sein de TBS au<br />

département stratégie et entrepreneuriat car j’avais la<br />

culture grande école où je me retrouvais mieux. Je<br />

soutiens ma thèse dans un mois et demi. Je retourne<br />

après travailler dans mon pays<br />

d’origine la Norvège. Mon<br />

cœur balance encore entre<br />

retourner travailler en<br />

entreprise ou rester dans le<br />

secteur de l’ensignement et la<br />

recherche. »<br />

Hanna Maria Dohlen Opsahl,<br />

Doctorante à TBS<br />

La Chaire SIRIUS accompagne<br />

la transformation du secteur spatial<br />

Fondée en 2013, la Chaire SIRIUS est la première<br />

chaire internationale de recherche dédiée au droit et au<br />

management des activités du secteur spatial, née d’un<br />

partenariat public-privé original entre trois opérateurs<br />

majeurs du secteur spatial mondial : le CNES, Airbus<br />

Defence and Space et Thales Alenia Space et deux<br />

établissements<br />

d’enseignement supérieur<br />

réputés : TBS et l’Université<br />

Toulouse 1 Capitole.<br />

« La Chaire Sirius a été mise en place pour accompagner<br />

la transformation du secteur spatial de plus en plus<br />

concerné par des problématiques business. Elle a 3<br />

objectifs clairs : la recherche qui va aider les entreprises<br />

du secteur spatial à mieux appréhender les changements<br />

qu’elles observent dans le secteur ; la dissémination : par<br />

l’organisation d’évènements (conférence annuelle, remise<br />

de prix qui récompensent les meilleurs mémoires<br />

étudiants dans le domaine du spatial) ; la formation : les<br />

résultats de la Chaire alimentent en contenu les<br />

programmes de TBS en lien avec le secteur spatial (PGE<br />

et MBA Aerospace). Depuis deux ans, j’observe un intérêt<br />

grandissant de la part des<br />

étudiants pour le secteur spatial<br />

qui attire par ses fortes<br />

transformations, offrant aux<br />

étudiants de nouvelles<br />

opportunités de carrière. »<br />

Victor Dos Santos Paulino,<br />

Enseignant-Chercheur à TBS,<br />

Responsable de la Chaire SIRIUS<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 19 MARS <strong>2018</strong> | N°15


© Bartosch Salmanski<br />

ENTRETIEN<br />

« Nous voulons<br />

garder une taille<br />

humaine »<br />

Universitaire et couplée à un institut d’administration des<br />

entreprises (IAE), l’EM Strasbourg occupe une place à part<br />

dans l’univers des écoles de management.<br />

Son directeur général, Herbert Castéran, revient sur son<br />

modèle et comment il entend le conforter.<br />

→→<br />

Herbert Castéran<br />

a été élu directeur de<br />

l'EM Strasbourg en 2016.<br />

Après 12 ans à la tête<br />

de ses entreprises, il a<br />

intégré l'EM Strasbourg<br />

en septembre 2010 où il<br />

est enseignant chercheur.<br />

Il a été responsable de<br />

la filière marketing en<br />

apprentissage et créateur<br />

et responsable du<br />

master 2 Management<br />

du tourisme. Il est<br />

diplômé de Sciences Po<br />

Toulouse, titulaire d'un<br />

DESS Statistiques et<br />

économétrie, d'un DEA<br />

Econométrie et économie<br />

mathématique et d'un<br />

doctorat en marketing<br />

données et de leur exploitation, comprendre comment l’information<br />

doit être lue et comprise. Il faut définir quelles compétences sont<br />

intangibles et comment elles vont pouvoir vous permettre d’évoluer<br />

sur 30 ans. Et puis ce qu’un manager doit pouvoir apporter demain,<br />

au-delà des softskills, ce sont des « madskills », ce petit grain de<br />

folie qu’il faut savoir valoriser pour réussir sa carrière.<br />

Pour mieux suivre nos étudiants pendant les cinq ans qui suivent<br />

leur diplomation nous créons également « alumni+5 ». Pendant ces<br />

cinq premières années cruciales, nous continuerons à les suivre au<br />

moyen d’un coaching individuel. Nous effaçons ainsi un peu plus la<br />

frontière qui sépare étudiants et diplômés. Après ces cinq années<br />

c’est notre association d’anciens, dont les étudiants sont automatiquement<br />

membres, qui prend le relais.<br />

O. R : Mais est-ce vraiment adapté à chaque profil<br />

d’étudiant ?<br />

H. C : Faisant partie de l’université de Strasbourg, nous pouvons<br />

proposer des parcours académiques sur mesure à chacun de<br />

nos étudiants. Des doubles diplômes en management public, des<br />

ouvertures sur les sciences humaines et sociales, les études d’ingénierie,<br />

tout est possible ou presque pour hybrider les compétences.<br />

Aujourd'hui ce sont par exemple 10 à 15 de nos étudiants<br />

qui travaillent sur le management public avec l’institut d’études<br />

politiques (IEP).<br />

O. R : Et la dimension internationalisation, comment se<br />

caractérise-t-elle ?<br />

H. C : Dans toutes nos formations nos étudiants suivent ce que<br />

nous appelons des « CLUE » (Cross-cultural skills / Language excellence<br />

/ Uncommon opportunities / European Leadership). Il s’agit<br />

de leur donner des compétences interculturelles qui passent par<br />

des mises en situation comme celle que nous réalisons au sein<br />

du Parlement européen par exemple. Par ailleurs environ 20 % de<br />

nos 3300 étudiants sont étrangers.<br />

O. R : Vous êtes universitaire donc vous ne subissez pas les<br />

baisses de revenus dont souffrent, et vont encore plus<br />

souffrir, les écoles consulaires (sous tutelle des chambres<br />

de commerce et d’industrie) ?<br />

H. C : Nos finances sont correctes dans le cadre de l’université.<br />

Surtout cette intégration universitaire fait que nous ne nous posons<br />

pas de question sur la pérennité de nos diplômes.<br />

Nous pensons aller plus loin avec le réseau européen Eucor qui<br />

regroupe quatre universités européennes (Bâle, Fribourg-en-<br />

Brisgau, Haute-Alsace et Strasbourg) et le Karlsruher Institut für<br />

Technologie. Ensemble nous réfléchissons à un modèle intégratif<br />

de business school pour reproduire en quelque sorte le parcours<br />

d’Airbus. Cette démarche est rendue possible du fait de notre<br />

nature universitaire. Nous avons d’ailleurs déjà monté des doubles<br />

diplômes transfrontaliers avec des universités allemandes et<br />

suisses auxquelles le modèle « grande école » ne parle absolument<br />

pas.<br />

O. R : Vous ne vous inscrivez pas dans une logique de fusion<br />

avec d’autres écoles de management françaises ?<br />

H. C : Nous sommes dans une démarche différente. Nous voulons<br />

garder une taille humaine pour que tous nos étudiants puissent<br />

continuer à être suivis individuellement. Nous n’aurons jamais<br />

des tailles de promotions très importantes. Pour 3000 étudiants<br />

aujourd'hui nous pensons passer à 4000 dans quatre ou cinq ans.<br />

O. R : On parle beaucoup en ce moment du « continuum »<br />

nécessaire entre les classes prépas et les grandes écoles.<br />

Que faites-vous pour l’améliorer ?<br />

H. C : L’initiative qu’ont prise l’APHEC et des écoles est excellente<br />

car il faut créer une unité dans les parcours. Nous croyons<br />

beaucoup à l’enseignement de la culture générale pour poser des<br />

référentiels clairs et développer la créativité. Nous pourrions être<br />

amenés à employer des professeurs<br />

Olivier Rollot : Les écoles de management se ressemblent<br />

un peu toutes. Qu’est-ce que l’EM Strasbourg amène de<br />

différent à ses étudiants ?<br />

Herbert Castéran : L’internationalisation et la personnalisation<br />

sont les dimensions que nous mettons plus spécialement en<br />

avant. Avec des enseignants, et de plus en plus des coachs, nous<br />

proposons par exemple à nos étudiants de suivre un parcours<br />

« pro-perso ». Dans ce cadre et tout au long de leurs études, leurs<br />

expériences académiques et professionnelles leur permettent de se<br />

révéler à eux-mêmes pour exprimer leur potentiel. Dès l’entretien<br />

des oraux de recrutement nous demandons d’ailleurs à nos futurs<br />

étudiants de présenter leur passion. La question à laquelle nous<br />

voulons répondre est « Qui êtes-vous et comment cela fera de vous<br />

demain un manager agile ? ».<br />

Toute cette stratégie s’appuie sur un récent bilan d’image pour<br />

dégager notre plateforme de marque : qui sommes-nous dans dix<br />

ans et que peut-on apporter aux étudiants pour mieux intégrer les<br />

entreprises ?<br />

O. R : Les enjeux des entreprises évoluent beaucoup<br />

aujourd'hui ?<br />

H. C : Le marché du travail va profondément changer avec l’irruption<br />

de l’intelligence artificielle (IA) et la part donnée aux algorithmes.<br />

Il faut savoir donner du sens à l’IA au-delà des bases de >>> suite page 21<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 20 MARS <strong>2018</strong> | N°15


suite de la page 20<br />

de prépas pour délivrer certains cours et mieux montrer l’unité<br />

de la filière CPGE / grandes écoles.<br />

O. R : Allez-vous augmenter le nombre de places que<br />

vous proposez aux élèves issus de prépas ?<br />

H. C : Nous proposons cinq places de plus cette année. Nos<br />

promotions sont ainsi composées de 255 étudiants issus de<br />

CPGE pour 150 admis sur titre. Nous aimerions aussi recruter<br />

plus d’élèves dans les prépas littéraires.<br />

Nous sommes aujourd'hui classés à la 15 ème place du Sigem<br />

et nous estimons que nous devrions plutôt être dans les douze<br />

premiers.<br />

O. R : Vous n’avez pas prévu de faire évoluer la façon<br />

sont vous faites passer les oraux ?<br />

H. C : Non car ils font déjà émerger des profils intéressants<br />

avec une véritable authenticité des candidats. On ne peut pas<br />

s’inventer une passion ! Et de cette passion vont découler<br />

ensuite des projets qui permettent aux étudiants de commencer<br />

à se révéler à eux-mêmes.<br />

O. R : Vous êtes toujours partenaires de Montpellier BS<br />

et Rennes SB dans le cadre du concours BCE. Qu’est-ce<br />

que cela apporte à vos étudiants ?<br />

H. C : Oui et cela va plus loin que le concours puisque nous<br />

offrons la possibilité à nos étudiants de suivre leur troisième<br />

année de spécialisation dans l’un des deux autres établissements.<br />

Cela nous permet de proposer un portefeuille très étendu<br />

de programmes sans disperser nos moyens. Les étudiants<br />

peuvent par exemple suivre leur spécialisation en marketing du<br />

luxe à Rennes SB ou en œnotourisme à l’EM Strasbourg ou en<br />

spécialisation start-up à Montpellier.<br />

O. R : Qui vont jusqu’à la création d’entreprise ?<br />

H. C : Des projets d’entrepreneuriat sont conduits avec des<br />

profils ingénieurs et designers qui se retrouvent tous autour<br />

de projets dans notre centre de pré-incubation. En <strong>mars</strong>-avril<br />

<strong>2018</strong> nous ouvrirons un nouvel espace dans lequel nous recevrons<br />

également les étudiants de notre bachelor entrepreneuriat.<br />

Songez qu’en deux ans le nombre de projets proposés par<br />

nos étudiants est passé de 40 à 125. Les plus aboutis pourront<br />

ensuite être reçu dans un « flex office » qui recevra aussi des<br />

start-up montées par des étudiants qui ne viennent pas de l’EM<br />

Strasbourg.<br />

O. R : Vous êtes également en train de construire un tout<br />

nouveau bâtiment.<br />

H. C : Il sera livré en juin 2019 après des premiers déménagements<br />

en juin <strong>2018</strong>.<br />

O. R : Vos programmes bachelors ont une coloration<br />

particulière ?<br />

H. C : Nos bachelors « affaires internationales » et « entrepreneuriat<br />

» proposent des pédagogies fondées sur les processus<br />

initiés par la Team Academyen Finlande. La classe inversée<br />

y prend tout son sens avec un échange de pratiques qui va<br />

jusqu’à la valorisation de la « meilleure erreur de la semaine ».<br />

En entrepreneuriat nos étudiants montent un projet d’entreprise<br />

avec leurs coachs.<br />

O. R : L’innovation pédagogique fait vraiment partie de<br />

votre identité. Qu’avez-vous en tête aujourd'hui comme<br />

évolutions ?<br />

H. C : Nous voulons développer ce qu’on appelle le « blended<br />

learning » et qui mêle cours en ligne et cours en présentiel.<br />

L’acquisition des savoirs doit se faire surtout en non présentiel<br />

avec des livres électroniques. Le présentiel doit servir à leur<br />

mise en œuvre sous forme d’applications et d’exercices. Dans<br />

© EM Strasbourg<br />

ENTRETIEN<br />

L’accueil des candidats<br />

aux oraux de l’EM Strasbourg.<br />

quatre ans, l’objectif est que 3 quarts de nos enseignements soient<br />

dispensée ainsi.<br />

O. R : Vos professeurs adhèrent facilement à ces nouvelles<br />

méthodes ? Ce n’est pas trop compliqué à mettre en<br />

œuvre ?<br />

H. C : Il faut tenir compte des sensibilités de chacun mais les enseignants-chercheurs<br />

sont bien conscients des nouveaux besoins des<br />

étudiants. À quel niveau ont-ils besoin de développer des compétences<br />

préprofessionnelles ? À quel point il est important de leur<br />

laisser acquérir des savoirs par eux-mêmes pour que le temps de<br />

travail avec le professeur soit consacré à leur donner du sens ? La<br />

principale difficulté dans le cadre de ces cours est l’évaluation de<br />

l’acquisition des savoirs par les étudiants. Pour y parvenir un petit<br />

quiz peut être administré au début du cours. Nous essayons de<br />

développer la simulation / gamification avec des jeux qui mettent<br />

en compétition des groupes d’étudiants bien obligés en amont<br />

d’avoir acquis les connaissances / compétences nécessaires. C’est<br />

assez aisé en marketing ou en ressources humaines mais peutêtre<br />

plus compliqué en comptabilité.<br />

O. R : Que pensez-vous du projet d’obliger les meilleurs<br />

établissements d’enseignement supérieur à intégrer dans<br />

le nouveau Parcoursup toutes leurs formations postbac ?<br />

H. C : Ce n’est pas la meilleure initiative qui ait été prise. En sortant<br />

notre bachelor d’APB nous sommes parvenus à remplir nos objectifs<br />

avec moins de contraintes.<br />

O. R : Vous faites partie d’une université qui possède<br />

également un département de gestion. L’entente est bonne<br />

entre vous ?<br />

H. C : Il s’agit d’une faculté d’économie et de gestion avec laquelle<br />

tout fonctionne très bien. Nous avons par exemple mutualisé<br />

un master en finance et nous délivrons des doubles diplômes de<br />

licence à nos étudiants en bachelor.<br />

O. R : L’EM Strasbourg est accréditée Epas et AACSB.<br />

Pensez-vous en obtenir d’autres dans les années à venir ?<br />

H. C : D’ici deux à quatre ans nous souhaiterions également être<br />

accrédités Equis et Amba. On ne peut pas continuer à dispenser de<br />

l’excellence sans l’afficher à travers ces accréditations.<br />

O. R : Toutes les écoles de management essayent de<br />

développer leur formation continue. Où en êtes-vous ?<br />

H. C : Nous délivrons pas moins de 24 formations de master<br />

en formation continue. Pour développer les formations courtes<br />

certifiantes nous entendons capitaliser sur la recherche de nos<br />

enseignants-chercheurs qui peuvent venir présenter de manière<br />

opérationnelle un point de leur recherche aux entreprises. Il faut<br />

sortir du diptyque dans lequel un enseignant-chercheur publie<br />

des recherches qu’un consultant exploite cinq ans plus tard. Nous<br />

proposons donc 22 formations courtes sur des aspects recherche<br />

que nous entendons valoriser nous-mêmes. n<br />

→ → Un « Observatoire<br />

des futurs »<br />

L’EM Strasbourg met en<br />

place un « Observatoire<br />

des futurs » qui fait<br />

également appel à<br />

des collègues d’autres<br />

institutions pour mettre<br />

en perspective les besoins<br />

émergents des entreprises<br />

et leur apporter des<br />

réponses. L’objectif : créer<br />

de véritables allers-retours<br />

entre l’enseignantchercheur<br />

et l’entreprise.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 21 MARS <strong>2018</strong> | N°15


PAROLES DE PROF<br />

La richesse et la diversité<br />

des parcours après un cursus<br />

Classe préparatoire Économique et<br />

commerciale - Grande École<br />

Qu’ils soient issus de la voie économique, scientifique ou technologique, les étudiants qui ont suivi un<br />

cursus Classe préparatoire Economique et Commerciale - Grande Ecole de Management ont accès à des<br />

parcours riches, épanouissants et diversifiés. Voici quelques témoignages d’anciens préparationnaires,<br />

qui nous exposent leur cursus et le regard qu’ils portent à leur formation initiale.<br />

Florian Calvignac,<br />

voie technologique :<br />

« Après l’Inseec, j’ai intégré une école<br />

d’ingénieurs afin d’acquérir un socle de<br />

connaissances sur l’industrie aéronautique »<br />

Son cursus : J’ai terminé ma classe préparatoire<br />

en juin 2009, puis poursuivi ma scolarité à l’INSEEC<br />

jusqu’en 2012.<br />

À la suite de ce cursus initial, j’ai choisi d’intégrer une école d’ingénieurs (ENSAM -<br />

Talence) dans le cadre d’un mastère spécialisé en ingénierie aéronautique et spatiale<br />

afin d’acquérir un socle de connaissances sur l’industrie aéronautique (mécanique<br />

du vol, propulsion, structure, avionique, certification, gestion de projet,…).<br />

Son parcours professionnel : Après cette année passionnante et très enrichissante,<br />

j’ai eu l’opportunité d’intégrer en CDD l’entreprise Safran Helicopter Engines<br />

(ex-Turbomeca) à Tarnos (40) pour travailler sur une mission visant à identifier, puis<br />

piloter des leviers d’amélioration de la marge commerciale.<br />

À la fin de cette mission, il m’a été proposé de partir 18 mois en VIE au sein de<br />

Safran Helicopter Engines USA situé à Dallas. J’y occupais une mission de soutien<br />

ventes et de préparation des offres commerciales.<br />

Enfin, à la suite de cette expérience internationale, j’ai été recruté en CDI chez<br />

Safran Aircraft Engines (ex-SNECMA) à Villaroche (77) sur un poste de prévisionniste<br />

de chiffre d’affaires (études à horizon court terme, moyen terme et long<br />

terme).<br />

Béatrice Leydier,<br />

voie scientifique :<br />

« Après HEC je suis partie travailler à<br />

Washington dans un institut de recherche »<br />

Son cursus : J’ai intégré HEC sur concours en 2012<br />

après deux années de classe préparatoire ECS. Un<br />

des attraits principaux des écoles de commerce pour<br />

moi était leur dimension internationale : échange<br />

universitaire, association européenne, et stage à l’étranger ont rythmé mon<br />

parcours, pour finir avec un double diplôme à l’université Georgetown aux États-<br />

Unis, dans le domaine des politiques publiques.<br />

Son parcours professionnel : Depuis, je travaille à Washington dans un institut<br />

de recherche de Georgetown qui met en place et évalue des projets de développement,<br />

principalement en Afrique de l’Est, avec des partenaires comme USAID,<br />

la Fondation Gates, et UNCDF, entre autres. Au quotidien, j’alterne entre analyse<br />

de données, modélisation statistique, et gestion de projet. Près de huit ans après<br />

être entrée en prépa, je me surprends régulièrement à repenser à des concepts,<br />

compétences, œuvres, ou événements appris en ECS.<br />

La formation extrêmement généraliste de la prépa ECS a pu entretenir et nourrir<br />

la curiosité qui m’a poussée à diversifier mes expériences professionnelles, de EY<br />

à la Défense à Peugeot SA à Shanghai, en passant par l’Institut Open Diplomacy.<br />

La valorisation du travail et la recherche d’excellence que la prépa m’a enseignées<br />

m’incitent à continuer sans cesse à rechercher de nouvelles aventures – et qui<br />

sait où les prochaines me mèneront !<br />

Margaux Gautreau,<br />

voie scientifique :<br />

« Je gère plus de 200 000 m² de bureaux<br />

en Pologne et République Tchèque »<br />

Son cursus : A 18 ans, j’intègre une classe préparatoire<br />

en<br />

parcours ECS. Des débuts difficiles pour une élève<br />

qui n’a jamais fourni d’efforts. Mais rapidement je<br />

prends le rythme, j’apprends à travailler en groupe, on y fonde une équipe soudée<br />

d’élèves, on se pousse vers le haut. Je donne en mathématiques, je reçois en<br />

philosophie.<br />

Stratégie payante, et après les concours en deuxième année, j’intègre l’EDHEC<br />

Business School à Lille. Indécise au départ sur mes envies professionnelles, je suis<br />

pendant 2 ans le parcours général. Comptabilité, fiscalité, statistiques et finance,<br />

droit, ressources humaines, micro et macro-économie… Et en parallèle l’investissement<br />

dans l’associatif. Après un an à chercher des sponsors pour mon association,<br />

j’en deviens la présidente et acquiers une première expérience de management<br />

(55 membres et 50000€ de budget).<br />

Entre-temps mon choix est fait, je me tourne vers l’immobilier. Pour cela j’effectue<br />

lors d’une année de césure, 2 stages de 6 mois dans les secteurs du conseil<br />

en investissement immobilier. J’y rencontre de nombreux « asset managers » de<br />

fonds immobiliers. La vocation est née.<br />

Je retourne un an à l’EDHEC pour terminer mon master par une spécialisation en<br />

droit, et valide un Master of Laws.<br />

>>> suite page 23<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 22 MARS <strong>2018</strong> | N°15


PAROLES DE PROF<br />

>>> suite de la page 22<br />

Son parcours professionnel : En mai 2015, je quitte l’EDHEC et intègre Yamed<br />

Capital à Casablanca, une grande agence marocaine de conseils immobiliers.<br />

J’intègre l’équipe d’asset management et d’expertise. C’est là le début des vraies<br />

responsabilités et surtout de mon appétence pour l’étranger. J’essaie de trouver<br />

un emploi de long terme au Maroc ou un autre pays mais je me heurte vite aux<br />

difficultés de visa et permis de travail. 4 mois de recherche qui minent le moral,<br />

mais soldés par une réussite.<br />

J’intègre AEW, une des plus grandes sociétés de gestion d’actifs immobiliers<br />

en Europe. Basée à Varsovie, j’y suis asset manager depuis deux ans. Débuts<br />

modestes par la gestion d’une petite tour de bureaux, j’y apprends le métier et<br />

on me confie rapidement d’autres actifs, logistiques cette fois. Juridique, négociation,<br />

mathématiques, finance, construction… C’est un métier passionnant et très<br />

varié dans les tâches. Aujourd’hui je gère plus de 200 000 m² de bureaux, environ<br />

150 millions d’euros d’actifs en Pologne et République Tchèque.<br />

Thomas Chailloux,<br />

voie technologique :<br />

« La majeure partie de mon temps sera<br />

maintenant consacrée à la création et au<br />

développement d'un cabinet de courtage en<br />

assurance de personnes »<br />

Son cursus : J'ai le sentiment d'avoir passé deux<br />

très belles années en classe préparatoire. Les<br />

programmes et le travail demandé étaient relativement lourds mais la bonne<br />

ambiance et les amitiés qui naquirent à cette occasion contrebalancent, largement,<br />

les aspects négatifs. Par ailleurs, ce sont deux années très riches, épanouissantes<br />

et stimulantes sur le plan intellectuel.<br />

À la suite de ma classe préparatoire, j’ai préparé un diplôme de Master in Management<br />

en 3 ans à ESCP-Europe. La première année est généraliste avec un<br />

focus important sur les matières fondamentales (gestion, comptabilité, marketing,<br />

économie, finance d'entreprise et de marché, Ressources Humaines).<br />

J’ai ensuite passé les deuxième et troisième années en alternance. Côté entreprise,<br />

j'étais conseiller dans la branche gestion privée d'un asset manager. Pour<br />

l'école, pas de spécialisation à proprement parler mais un choix d’électifs tournés<br />

vers l'économie, la finance de marché et d'entreprise.<br />

Côté expérience internationale j’ai fait un voyage au Pérou de deux mois en fin de<br />

première année pour une mission dite "humanitaire" et passé 6 mois à Vancouver<br />

pour un échange universitaire.<br />

Son parcours professionnel : Après 2 ans en tant que conseiller en gestion<br />

privée à La Française AM (en alternance), je suis parti travailler dans un cabinet de<br />

gestion de patrimoine spécialisé dans l'accompagnement patrimonial des professionnels<br />

de santé parisiens, BLC & Associés. J'ai eu l'opportunité d'entrer au capital<br />

de manière symbolique au bout d'un an, puis de manière plus importante dans<br />

un second temps.<br />

Aujourd'hui, je mets fin à mon CDI. Je reste néanmoins associé et continuerai<br />

de travailler ponctuellement pour le cabinet BLC & Associés en tant que consultant<br />

indépendant. La majeure partie de mon temps sera maintenant consacrée<br />

à la création et au développement d'un cabinet de courtage en assurance de<br />

personnes (Santé/Prévoyance).<br />

Rayane Radjabaly,<br />

voie scientifique :<br />

« J’ai rejoint le siège européen de Google à<br />

Dublin »<br />

Son cursus : Citoyen français d’origine indienne,<br />

j’ai vécu à Madagascar jusqu’à mes 18 ans. Je suis<br />

arrivé à Paris pour commencer mes études supérieures<br />

en classe préparatoire. Ce furent deux années<br />

intenses mais inoubliables durant lesquelles j'ai appris la rigueur et l’abnégation.<br />

En 2011, j’ai intégré l’EDHEC et me suis confronté à l'univers de l'entreprise sous<br />

ses différentes formes : à Lille, en rejoignant une association étudiante dont le<br />

projet était de créer de toutes pièces une comédie musicale intégrant des enfants<br />

à efficience mentale limitée ; au Pérou, ensuite, lors d'un premier stage en tant<br />

que consultant en marketing pour des agences de voyage ; à Paris, enfin, auprès<br />

de grands noms de l'univers du luxe et des cosmétiques (L'Oréal et LVMH). J'ai<br />

également eu la chance d'effectuer un programme d'échange d'un an à la George<br />

Washington University, expérience qui m'a permis d'en apprendre davantage sur<br />

les start-ups de la Silicon Valley qui me fascinaient tant.<br />

Son parcours professionnel : En septembre 2015, j'ai rejoint les équipes<br />

commerciales de Wavestone, un cabinet de conseil en technologie et management,<br />

dont j'ai porté les offres et le développement auprès de clients du secteur<br />

de l'énergie pendant deux ans. Enfin, en octobre 2017, j'ai décidé de donner un<br />

tournant plus technologique et international à mon projet professionnel en rejoignant<br />

le siège européen de Google à Dublin. J'y suis depuis et c'est une aventure<br />

incroyable, professionnellement et culturellement.<br />

Claire Leroux,<br />

voie scientifique :<br />

« Je travaille à la création d’un nouveau<br />

tiers-lieu coopératif »<br />

Son cursus : Je garde un bon souvenir de mes<br />

années de classe préparatoire, où j’ai développé une<br />

vraie soif d’apprendre et ai rencontré mes meilleurs<br />

amis. Après 2 ans de classe préparatoire économique<br />

et commerciale, j’ai intégré, en 2008, l’ESC Rennes.<br />

Durant les deux premières années de formation généraliste, j’ai assumé la présidence<br />

de l’association audiovisuelle de l’école, où j’ai découvert le management de<br />

projets et d’équipe. En 2010, j’ai étudié un semestre à Dresde en Allemagne.<br />

En entreprise, j’ai effectué un stage marketing dans un hôtel à Rennes, un stage<br />

événementiel au sein du Groupe La Poste, un stage aux Petits Débrouillards du<br />

Maroc où j’étais en charge de l’organisation d’un forum et de la réorganisation<br />

interne de l’association, ainsi qu’un stage de chef de projet événementiel web dans<br />

une start-up parisienne.<br />

Pour mon master 2, j’ai choisi le parcours entrepreneur. Cette spécialisation m’a<br />

beaucoup plu, nous avions des missions de conseil auprès de TPE. J’ai eu la<br />

chance de pouvoir faire mon stage de fin d’études à la chambre de commerce et<br />

d’industrie de Nouvelle-Calédonie.<br />

Son parcours professionnel : En 2013, j’ai recherché un travail dans l’accompagnement<br />

d’entrepreneurs et j’ai trouvé – rapidement - un poste de chargée<br />

de mission dans une association de financement pour la création d’entreprise<br />

(réseaux Initiative France & France Active).<br />

Fin 2014, un ami m’a proposé de le rejoindre pour créer un espace de coworking<br />

dans le sud de Paris (www.casaco.fr). En tant que « Fée de la Tribu », j’ai géré et<br />

animé pendant 3 ans CASACO. Créé sous forme de coopérative (SCIC), ce tierslieu<br />

compte une centaine de membres de tout secteur et tout métier, de l’auteure<br />

au commercial en charcuterie, en passant par la coopérative d’électriciens. J’ai pu<br />

réellement créer mon propre métier, en lien avec ma personnalité, mes envies et<br />

mes compétences.<br />

Arrivée en été 2017 à Nantes, je travaille actuellement à la création d’un nouveau<br />

tiers-lieu coopératif.<br />

Martin Bourillet,<br />

voie scientifique :<br />

« Nous appuyons le gouvernement sénégalais<br />

dans la réalisation d'infrastructures<br />

d'eau potable et d'assainissement »<br />

Son cursus : J'ai longtemps hésité entre une classe<br />

préparatoire économique ou scientifique. J'adorais les<br />

mathématiques, mais mon intérêt pour l'histoire et l'économie m'a finalement fait<br />

opter pour la classe préparatoire économique.<br />

>>> suite page 24<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 23 MARS <strong>2018</strong> | N°15


suite de la page 23<br />

PAROLES DE PROF<br />

J’ai suivi pendant deux ans des cours en classe préparatoire ECS dans un cadre<br />

agréable. J'y ai suivi une formation de qualité, avec des professeurs pédagogues et<br />

savants. Cette expérience a été très enrichissante intellectuellement pour moi. J'ai<br />

énormément appris en termes académiques et de méthodologie de travail. Surtout,<br />

j'ai éveillé ma curiosité.<br />

Après ces deux années, c'est avec surprise et enthousiasme que j'intègre l'EM<br />

Lyon. J'ai toujours voulu travailler dans le secteur du développement durable ou en<br />

économie du développement. Ma formation en finance, gestion de projet, puis ma<br />

spécialisation en développement durable à l'école des Mines, une de nos écoles<br />

partenaires, m'a permis d'acquérir les compétences académiques nécessaires.<br />

Mes nombreux stages, en ONG, start-up, grand groupe, en Afrique et en Europe<br />

m'ont permis de mieux définir mon secteur et mon métier. J'ai appris pendant ma<br />

formation à m'adapter à différents métiers, secteurs, organisations. J'ai notamment<br />

effectué mon stage de fin d'étude de 6 mois en Allemagne, chez Veolia où<br />

j'ai pu découvrir, outre la superbe ville de Berlin, le métier de la finance dans un<br />

grand groupe positionné dans le secteur de l'environnement. La mobilité (géographique<br />

et sectorielle) étant un facteur important pour moi, j'ai acquis les outils<br />

adéquats pour évoluer/changer dans le monde du travail.<br />

Son parcours professionnel : Je travaille aujourd'hui en gestion de projet Eau<br />

à l'Agence française de développement à Dakar, mon objectif depuis des années.<br />

Nous appuyons le gouvernement sénégalais dans la réalisation infrastructures<br />

d'eau potable et d'assainissement.<br />

David Chenu,<br />

voie économique :<br />

« Je travaille au sein d’une ambassade, en<br />

tant que référent ONG et Société civile »<br />

Son cursus : Baccalauréat en poche, j’intégrais il y a<br />

dix ans la classe préparatoire aux grandes écoles, voie<br />

économique. Face au large choix des études proposées<br />

à l’université qui me laissait indécis, je choisissais<br />

la diversité des matières enseignées en classe prépa qui attisait ma curiosité<br />

de manière générale, et me confortait dans l’idée que je bénéficiais davantage de<br />

temps pour me spécialiser.<br />

Les petits effectifs et les khôlles permettaient une communication directe avec<br />

les professeurs et favorisaient la cohésion d’un groupe au sein duquel existait<br />

beaucoup de complicité. C’était une période importante, qui échappait aux idées<br />

préconçues et largement diffuses selon lesquelles les classes prépas ne forment<br />

que des « bêtes de concours ». Le sens de la performance, la résistance au stress<br />

et une capacité de concentration importante sont les premiers bénéfices de ces<br />

deux années, auxquels s’ajoutent bien sûr une ouverture sur des disciplines variées<br />

et une aptitude à faire preuve d’esprit de camaraderie, sans quoi capitaliser durablement<br />

sur la prépa semble difficile.<br />

L’école de commerce allait ensuite m’apporter l’expérience de terrain, et les<br />

connaissances fondamentales nécessaires à l’administration commune à toute<br />

structure. Les stages m’apparaissaient nécessaires, et je mettais un point d’honneur<br />

à ce qu’ils répondent à mes réflexions personnelles. La coopération internationale<br />

et l’aide au développement suscitaient mon intérêt, et cela ne me semblait<br />

pas incompatible avec une école de commerce.<br />

Pour cause, la deuxième année débutait et je faisais le choix de la majeur International<br />

management. Droit du commerce international, gestion de projet, management<br />

interculturel, finance, langues étrangères… la transversalité d’un programme<br />

axé sur les relations internationales me convenait tout à fait dans la mesure où le<br />

champ des possibles restait vaste.<br />

Un premier stage en Inde, au sein d’une association qui intervient auprès des<br />

enfants des rues, me confortait dans cette idée, tant je réalisais que seule la forme<br />

juridique de l’activité exercée et ce qui en émane en termes de fiscalité, de désintérêt<br />

de l’objet poursuivi… différenciait les entreprises des associations. Fort de ce<br />

constat, je réitérais l’expérience au Vietnam, au Pérou, en France, en rejoignant des<br />

organisations non gouvernementales dans lesquelles j’intervenais sur les questions<br />

liées à l’éducation, à l’insertion et aux conséquences du changement climatique<br />

sur les productions agricoles.<br />

Conjointement, l’école de commerce proposait de réaliser un article de recherche<br />

avec le support des enseignants chercheurs. À trois, nous avons travaillé à la<br />

rédaction d’un article intitulé « La démocratisation de la gouvernance mondiale<br />

pour l’asile et les réfugiés et la coopération entre le HCR et les ONG ». Ce sujet<br />

de réflexion m’a mené à rédiger mon mémoire de recherche sur les marchés<br />

publics du système onusien, et à finaliser ces trois ans d’école par un stage au<br />

siège d’une ONG basée à Paris, dans la collecte de financements institutionnels<br />

et privés.<br />

Mon parcours académique s’achevait, avec plus de deux ans d’expériences<br />

professionnelles, des compétences acquises dans différents domaines, et la satisfaction<br />

de pouvoir répondre aux « Pourquoi ? » des recruteurs.<br />

Son parcours professionnel : J’ai finalement rejoint une organisation humanitaire<br />

pendant deux ans, au sein de laquelle j’étais chargé de partenariats stratégiques,<br />

et travaille désormais au sein d’une ambassade, en tant que référent ONG<br />

et Société civile, issue d’un pays dont les enjeux humanitaires sont nombreux, et<br />

avec le sentiment d’être parvenu, pour le moment, à mes fins.<br />

Alizé Chiron,<br />

voie économique :<br />

« La RSE requiert vision, stratégie et<br />

gouvernance pour mettre en place un<br />

développement, durable »<br />

Son cursus : La classe préparatoire a été un objet<br />

d’appréhension, puis de labeur et enfin, de fierté.<br />

Avec quelques années de recul supplémentaires, la<br />

prépa m’inspirera peut-être de la nostalgie. Je suis en effet fière d’avoir acquis<br />

les connaissances, savoir-faire et qualités au cours de ces deux années de classe<br />

préparatoire ECE.<br />

Après la prépa, j’ai poursuivi mon parcours à Neoma Business School notamment<br />

en communication et RSE (Responsabilité Sociale des Entreprises). Également au<br />

programme : un séjour Erasmus en Suède, une expérience associative au sein<br />

d’Oikos, uen association de développement durable et l’écriture d’un mémoire sur<br />

la RSE (responsabilité sociale des entreprises).<br />

J’ai fini ma première année par un stage de deux mois au sein de l’ONG Gawad<br />

Kalinga aux Philippines. J’ai pu y développer des « social businesses », forme<br />

d’entreprise visant à apporter une solution à des problématiques de société<br />

(sociales ou environnementales) en réinvestissant l’intégralité de ses profits dans<br />

son activité, les investisseurs ne récupérant que leur investissement initial. En<br />

groupe de cinq élèves sur une île, nous devions mener nos projets en toute autonomie<br />

et avec méthode.<br />

En deuxième année, j’ai commencé un apprentissage chez ERDF (nouvellement<br />

Enedis) en communication et RSE en Seine-Saint-Denis autour de sujets comme<br />

la transition énergétique, le Grand Paris ou encore les « smart grids ». L’apprentissage<br />

m’a permis de mettre en pratique la théorie acquise, sur une période significative<br />

de deux ans. Je dois en partie la réussite de cette première expérience<br />

professionnelle à la classe prépa qui m’a permis de gérer des quantités de travail<br />

conséquentes, grâce à l’organisation et la rigueur.<br />

Son parcours professionnel : Diplôme en poche, j’ai commencé un VIE au<br />

Luxembourg en RSE et communication chez ArcelorMittal, leader mondial de la<br />

sidérurgie. Deux ans après, j’ai intégré l’équipe au même poste en CDI. Mes principales<br />

missions : réaliser le rapport annuel RSE, approfondir la stratégie de développement<br />

durable et gérer tous les outils de communication internes et externes.<br />

Pour cette deuxième expérience professionnelle, j’ai pu particulièrement me différencier<br />

grâce aux capacités analytiques que la prépa a su développer par ses<br />

méthodes et matières d’enseignements. La RSE requiert en effet vision, stratégie<br />

et gouvernance pour mettre en place un développement, durable. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 24 MARS <strong>2018</strong> | N°15


ENTRETIEN<br />

© IONIS<br />

Marc Sellam,<br />

président directeur général<br />

Fabrice Bardèche,<br />

vide-président exécutif<br />

Marc Drillech,<br />

directeur général<br />

« Quand nous dispensons un diplôme<br />

au nom de l’État, nous répondons à<br />

une mission de service public »<br />

Principal groupe d’enseignement supérieur privé en France le Groupe Ionis compte plus de<br />

vingt écoles qui sont aussi bien de management (ISG, Iseg, Moda Domani, etc.) d’ingénieurs et<br />

technologiques (Epita, ESME Sudria, Ipsa, Epitech, etc.), ou d’art (e-art sup) qui reçoivent quelques<br />

23 500 étudiants (27 000 étudiants pour l’ensemble des écoles et entités du groupe). Son PDG,<br />

Marc Sellam, son vice-président exécutif, Fabrice Bardèche, et son directeur général, Marc Drillech,<br />

font le point en cette année charnière pour l’orientation.<br />

→→<br />

Un incubateur<br />

commun<br />

Installé au sein son<br />

campus parisien<br />

l’incubateur IONIS 361<br />

reçoit des étudiants<br />

de toutes les écoles<br />

du groupe Ionis. Il a<br />

vocation à devenir le<br />

premier incubateur<br />

national multi-écoles et à<br />

s’étendre dans les douze<br />

villes de France où le<br />

groupe est implanté.<br />

→→<br />

Partir à New York<br />

avec l’ISG<br />

La City University<br />

of New York est un<br />

partenaire stratégique de<br />

l’ISG avec lequel l’école a<br />

d’importantes synergies<br />

et où ses étudiants<br />

peuvent passer un<br />

semestre.<br />

Olivier Rollot : Que pensez-vous du lancement de la nouvelle<br />

plateforme d’orientation Parcoursup qui concerne un<br />

grand nombre de vos formations, et tout particulièrement<br />

vos quatre écoles d'ingénieurs ?<br />

Marc Sellam : Cela semble bien démarrer mais c’est encore<br />

trop tôt pour en parler. De toute façon nous saurons nous adapter.<br />

Ce que je peux en tout cas vous dire c’est que toutes les<br />

formations que nous voulons proposer sur Parcoursup y sont bien<br />

référencées. Le gouvernement va-t-il obliger à terme toutes les<br />

formations à entrer sur Parcoursup ? Ce serait en tout cas une<br />

façon d’avoir une vision globale du système.<br />

Olivier Rollot : Et quel regard jetez-vous sur la réforme annoncée<br />

du bac ?<br />

Fabrice Bardèche : La place qu’on semble devoir y donner à<br />

l’oral est tout à fait positive. Une sélection qui s’effectue à 100 %<br />

pour les forts en thèmes est incomplète. Quand nous avons lancé<br />

le concours de recrutement de nos écoles d'ingénieurs, Advance,<br />

nous avons souhaité qu’il débute par un oral pour que tous les<br />

candidats défendent leur chance avant de passer les écrits.<br />

Olivier Rollot : Vous n’avez pas peur que cet oral soit discriminant<br />

socialement comme on l’entend ?<br />

Fabrice Bardèche : Au contraire la pratique du dialogue est ce<br />

qui caractérise les zones de population en grande difficulté où on<br />

sait défendre son projet. À l’oral il suffit d’une idée qui accroche<br />

le jury pour faire redémarrer un élève.<br />

Olivier Rollot : Depuis 20 ans l’enseignement supérieur<br />

privé a augmenté ses effectifs dans des proportions finalement<br />

assez proches de celles de l’enseignement supérieur<br />

public : 222000 étudiants de plus d’un côté, 261000<br />

de l’autre. Comment expliquez-vous cette dynamique ?<br />

Marc Drillech : L’enseignement privé regroupera bientôt 20 %<br />

des étudiants contre déjà 18,5 % aujourd'hui. Le système est<br />

propice à de nouvelles initiatives qui répondent aux besoins de<br />

nouvelles offres de formation. Et quand nous dispensons un<br />

diplôme au nom de l’État, nous répondons à une mission de<br />

service public.<br />

Marc Sellam : Nos écoles d'ingénieurs répondent aux attendus<br />

fixés par la Commission des titres d’ingénieurs (CTI). Nous sélectionnons<br />

nos étudiants et nous l’affirmons.<br />

Olivier Rollot : Pour autant aucun de vos établissements<br />

n’est aujourd'hui un EESPIG (établissement d’enseignement<br />

supérieur privé d’intérêt général). Un label donné par<br />

l’État aux établissements répondant à un certain nombre<br />

de principes, dont celui d’être « non lucratifs ».<br />

Fabrice Bardèche : Les EESPIG ne sont pas les parangons de<br />

vertu qu’on veut nous présenter. Ne pas être lucratif ne préjuge<br />

en rien d’un fonctionnement moral ou pédagogique. Il y a là une<br />

sorte d’ordre moral fort discutable.<br />

Marc Sellam : Ce qui n’empêche pas que plusieurs de nos<br />

écoles, qui sont des associations<br />

>>> suite page 26<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 25 MARS <strong>2018</strong> | N°15


ENTRETIEN<br />

>>> suite de la page 25<br />

à but non lucratif, soient « eespigables ». Être un groupe nous<br />

donne de la puissance au-delà de chaque école. Devenir un<br />

EESPIG justifie-t-il la perte de liberté qui en découle ? Nous<br />

restons prudents.<br />

Marc Drillech : Au-delà du groupe nous travaillons avec tous<br />

les établissements qui amènent de la plus-value à nos étudiants,<br />

quel que soit leur statut. Bien sûr c’est une fierté pour les<br />

étudiants d’Epitech, ou d’e-artsup, d’avoir des accords avec HEC<br />

mais ce n’est pas exclusif.<br />

Olivier Rollot : Depuis un an vous vous êtes lancés dans<br />

un développement international qui passe pour l’instant<br />

essentiellement par l’Europe. Quel premier bilan pouvez-vous<br />

en tirer ?<br />

Marc Sellam : Nous nous sommes installés à Barcelone, à<br />

Berlin, à Bruxelles et à Genève avec des premières promotions<br />

qui comptent une dizaine d’étudiants.<br />

Marc Drillech : Il faut savoir prendre son temps pour faire<br />

reconnaître qui nous sommes mais nous avons annoncé publiquement<br />

notre stratégie, nous l’appliquons en toute transparence.<br />

Olivier Rollot : Mais comment pouvez-vous vous imposer à<br />

l’étranger où aucune de vos écoles n’a encore de renommée ?<br />

Fabrice Bardèche : Parce que des formations de type alternatif,<br />

comme Epitech, n’y existent pas. Nous y apportons quelque<br />

chose de nouveau, de différent. Ce qui ne serait pas le cas si<br />

nous voulions y implanter nos écoles de commerce. À Barcelone,<br />

Berlin et Bruxelles nous allons conquérir l’écosystème des<br />

start-up, des entreprises technologiques innovantes, et cela nous<br />

donnera peu à peu de la notoriété. C’est différent à Genève où<br />

nous allons d’abord nous appuyer sur nos formations dans le luxe<br />

avec l’ISG. C’est comme à New York où seule l’ISG est pour l’instant<br />

présente. Maintenant nous réfléchissons à d’autres pays plus<br />

« compliqués ».<br />

Marc Sellam : Comme en 1999, quand nous avons fondé l’Epitech<br />

en France, nous apportons avant tout une promesse. Nous<br />

savons fonder. Avec nos 30000 étudiants nous sommes le premier<br />

groupe d’enseignement supérieur français et cela se voit !<br />

Olivier Rollot : Votre autre « frontière » est en ligne. Vous<br />

avez créé la plateforme de diffusion de contenus IonisX il<br />

y a deux ans. Quel bilan en tirez-vous aujourd'hui ?<br />

Marc Sellam : C’est une priorité pour nous de réussir notre<br />

montée en puissance dans l’enseignement en ligne. Il y<br />

aujourd'hui une véritable dynamique pour la diffusion de contenu<br />

éducatif en ligne, notamment pour la formation tout au long de la<br />

vie (FTLV). En France comme à l’étranger.<br />

Fabrice Bardèche : Sur IonisX nous avons 200 à 300 étudiants<br />

inscrits pour suivre des cours 100 % en ligne. Mais aussi l’ensemble<br />

des étudiants de nos écoles d'ingénieurs qui en utilisent<br />

les cours dans une logique de classe inversée. C’est-à-dire que<br />

les notions qu’ils ont apprises en ligne sont ensuite commentées<br />

en cours avec leurs professeurs. En suivant ses cours à la<br />

maison pour réaliser ses TP à l’école l’évaluation des étudiants<br />

est meilleure.<br />

Olivier Rollot : C’est un investissement important ?<br />

Fabrice Bardèche : Environ 1 million d’euros par an. Mais ce<br />

n’est qu’une étape. Au début nous produisions des MOOCs généralistes<br />

puis nous avons développé des cours spécifiquement pour<br />

nos écoles. À terme nous aurons d’un côté « Ionis en ligne » et de<br />

l’autre IonisX. La formation en ligne est prioritaire mais le chemin<br />

n’est pas si simple car les technologies évoluent constamment.<br />

Olivier Rollot : Vous allez également continuer à ouvrir de<br />

nouveaux campus et à étendre ceux existants en France ?<br />

Marc Sellam : Cette année nous occupons 5000 m 2 supplémentaires<br />

à Lyon, 2000 m 2 à Strasbourg, en tout plus de<br />

10000 m 2 en France qui s’ajoutent aux 5000 m 2 que nous avons<br />

créés en Europe. Nous avons également su relancer l’école ICS<br />

Bégué qui compte aujourd'hui plus de 500 étudiants. La Web<br />

Academy a essaimé à Lyon et Strasbourg, de même que la<br />

Coding Academy.<br />

Marc Drillech : Ces campus nous permettent d’initier une<br />

vraie vie entre les étudiants des différentes écoles. Nos « Project<br />

Weeks » réunissent jusqu’à 1000 étudiants d’un même site<br />

autour de projets communs et nous n’avons de cesse de mettre<br />

en pratique notre puissante conviction, l’importance pour demain<br />

d’une transversalité réelle, celle qui s’applique dans nos pédagogies<br />

au quotidien et sur nos campus, bien au-delà des déclarations<br />

d’intention. n<br />

Les 50 ans de l’ISG<br />

Membre du groupe Ionis, l’ISG a fêté ses 50<br />

ans en 2017. Un signe de maturité et surtout<br />

de puissance au travers d’un « vivier » de 21<br />

000 alumni pour lesquels son association<br />

des anciens organise des événements partout<br />

dans le monde. Des alumni qui interviennent<br />

également dans l’école, par exemple au sein de<br />

l’« international track » 100% en anglais de son<br />

programme grande école (que choisissent 40%<br />

de chaque promotion) où coachent les étudiants<br />

en jouant le rôle d’un recruteur du secteur dans<br />

lequel l’étudiant veut décrocher un stage à<br />

l’international.<br />

L’international pour ADN. La dimension<br />

internationale a été au cœur du projet de l’ISG<br />

dès ses débuts. « Nous étions la première école<br />

à nous établir en Chine dès les années 80.<br />

En 1992 nous avons lancé un "international<br />

bachelor" totalement anglophone » rappelle sa<br />

directrice, Anne-Marie Rouane. Dans le cadre<br />

de son international track les étudiants passent<br />

toute leur dernière année dans des universités<br />

étrangères avec la possibilité d’obtenir un double<br />

diplôme. « Loin d’un MBA très généraliste, c’est<br />

une véritable année de spécialité sur laquelle nous<br />

avons travaillé avec des universités au Royaume-<br />

Uni ou en Irlande pour former nos étudiants<br />

à la comptabilité, la finance ou encore au<br />

management du secteur hôtelier et touristique »,<br />

reprend la directrice.<br />

En mission pour les entreprises. La<br />

mission à l’étranger que ses étudiants réalisent<br />

pour une entreprise est une autre grande<br />

particularité de l’ISG. Ils ont en tout 1 an et<br />

demi pour mener à bien une véritable mission<br />

pour le compte d’une entreprise puis pour sont<br />

suivis dans la zone de réalisation pendant six<br />

mois. A New York un tuteur dédié les rencontre<br />

toutes les semaines. En troisième année ils<br />

présentent leur projet avec l’entreprise qui leur<br />

a fait confiance lors d’un grand oral. « C’est tout<br />

sauf un simple stage et certains arrivent même<br />

à décrocher des budgets de fonctionnement de<br />

50 000€, voire le logement et les billets d’avion,<br />

de leur entreprise. Nous formons les étudiants<br />

agiles que recherchent les entreprises. »<br />

Créateurs d’entreprises. Dès le moment<br />

où ils intègrent l’école, les étudiants bénéficient<br />

de tout un écosystème pour pouvoir se consacrer<br />

à la création de leur entreprise. Un tuteur du<br />

secteur qui les intéresse les aide à concevoir<br />

leur business plan. Ensuite avec Paris Nanterre,<br />

l’EMLV ou l’EDC l’ISG est membre du Pôle<br />

étudiant pour l’innovation, le transfert et<br />

l’entrepreneuriat Paris Ouest Nord (PÉPITE<br />

PON). Ils ont également accès à un préincubateur<br />

puis à l’incubateur Ionis 361.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 26 MARS <strong>2018</strong> | N°15


ENTRETIEN<br />

« Le gouvernement<br />

est dans un esprit<br />

de dialogue »<br />

© DR<br />

L’Union des grandes écoles indépendantes<br />

(UGEI) regroupe 34 grandes écoles de<br />

commerce et d’ingénieurs de droit privé,<br />

dont 21 EESPIG (établissement<br />

d’enseignement supérieur privé d’intérêt<br />

général) membres de la Conférence des<br />

Grandes écoles (CGE) telles l’EM Normandie<br />

ou Montpellier BS. Jean-Michel Nicolle,<br />

président de l’UGEI et directeur de l’école<br />

d'ingénieurs EPF, se penche avec nous sur<br />

les grands enjeux qu’elles rencontrent<br />

aujourd'hui.<br />

Olivier Rollot : La réforme de l’apprentissage – et singulièrement<br />

de la taxe d’apprentissage – qui va bientôt intervenir<br />

pourrait avoir des effets délétères sur de nombreuses<br />

Grande Écoles. Dans quel esprit abordez-vous la<br />

dernière phase des négociations ?<br />

Jean-Michel Nicolle : L’apprentissage est une richesse pour<br />

notre enseignement supérieur, il est un extraordinaire levier de<br />

promotion sociale mais son organisation devenait moins lisible,<br />

peu optimisée voire inéquitable sur le territoire national. La<br />

faiblesse de la coordination des nombreux acteurs ne permettait<br />

pas de véritable perspective globale et de pilotage efficient. Par<br />

ailleurs, au cours de la dernière décennie, le chômage, en particulier<br />

des jeunes, n’a pas diminué alors que des fonds de formation<br />

considérables sont disponibles pour financer l’adaptation des<br />

compétences aux besoins du marché.<br />

La formation tout au long de la vie nécessite une articulation plus<br />

fine entre apprentissage et formation continue et la réforme de<br />

l’apprentissage est un élément d’une réforme plus large de la<br />

formation professionnelle. Elle répond à une nécessité stratégique<br />

pour notre économie, celle de l’adéquation continue des compétences<br />

aux besoins des entreprises. Elle offre une opportunité<br />

pour un rapprochement de deux mondes qui, de mon point de<br />

vue, coopéraient insuffisamment, celui de l’entreprise et de l’enseignement<br />

supérieur.<br />

Aujourd'hui l’État souhaite rééquilibrer les rôles assumés par les<br />

régions et les branches professionnelles et donner à ces dernières<br />

plus de responsabilités dans le pilotage des formations en fonction<br />

des besoins et leur financement. De fait, cela atténuera sensiblement<br />

la responsabilité des régions mais je pense que cette nouvelle<br />

distribution est aussi une opportunité qui ouvre de nouveaux<br />

espaces de dialogues entre les collectivités et les entreprises.<br />

La responsabilité attribuée aux branches permet un meilleur équilibrage<br />

de l’offre sur l’ensemble du territoire mais attention de<br />

bien considérer que la réponse de formation ne vise pas à couvrir<br />

les seuls besoins immédiats de l’économie mais prenne en consi-<br />

dération les besoins futurs. L’utilitarisme à ses limites et l’objectif<br />

est bien de donner aux jeunes une capacité d’adaptation, une<br />

flexibilité opérationnelle qui leur permettra de saisir les opportunités<br />

tout au long de leurs 40 ou 45 ans de vie professionnelle !<br />

La proposition de la Conférence des directeurs des écoles françaises<br />

d'ingénieur (Cdefi), de créer un Observatoire de l’apprentissage<br />

vise à servir l’objectif d’une meilleure connaissance des<br />

pratiques de l’apprentissage et de son financement dans les<br />

écoles d’ingénieurs. Nous entrons désormais dans une période<br />

de changement qui nourrit des craintes pour les Grandes Écoles<br />

dont le modèle économique est fragile et les ressources de taxe<br />

d’apprentissage essentielles pour leur financement après une<br />

réforme de 2014 qui a durement affecté leur équilibre financier.<br />

O. R : C’est particulièrement la question de la pérennité du<br />

« barème », cette partie de la taxe d’apprentissage que les<br />

entreprises peuvent accorder aux entreprises qu’elles<br />

choisissent, qui vous préoccupe. Mais on a pu également<br />

s’interroger sur l’avenir du « hors barème », c’est-à-dire<br />

tout simplement de la pérennité de l’apprentissage dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

J-M. N : En 2014 la réforme du « barème » avait pénalisé l’enseignement<br />

supérieur et, en particulier, des Grande Écoles et des<br />

universités puisqu’une partie plus importante du financement<br />

avait été fléchée vers les formations ne dépassant pas le bac+2.<br />

Si nous perdions encore des ressources les conséquences<br />

seraient calamiteuses pour beaucoup de Grandes Écoles,<br />

publiques ou privées d’ailleurs, pour lesquelles la taxe d’apprentissage<br />

peut représenter 5 ou 6 %, parfois plus, du montant des<br />

ressources totales. Probablement que certaines écoles spécialisées<br />

largement soutenues par leur branche professionnelle,<br />

comme les écoles d’informatique et de génie civil, seraient plus<br />

touchées alors même qu’elles répondent à un besoin extrêmement<br />

fort de recrutement dans cette phase de reprise de la<br />

croissance économique.<br />

>>> suite page 28<br />

→ → EESPIG kézako<br />

Une grande partie des<br />

adhérents de l’UGEI<br />

bénéficient du label<br />

EESPIG (établissement<br />

d’enseignement supérieur<br />

privé d’intérêt général) qui<br />

signifie qu’ils remplissent<br />

une mission de service<br />

public dans un esprit de<br />

« non lucrativité ». Ce<br />

qui ne manque pas de<br />

provoquer des dissensions<br />

entre les écoles qui le<br />

possèdent et les autres. « Le<br />

label EESPIG ne doit pas<br />

être source de fracture au<br />

sein de notre enseignement<br />

supérieur national. Il<br />

est essentiellement lié<br />

à la non-lucrativité et<br />

donc à la traçabilité des<br />

ressources publiques. Pour<br />

le reste, l’ensemble des<br />

établissements de l’UGEI<br />

font l’objet d’évaluations<br />

qui garantissent la qualité<br />

de leurs missions au service<br />

de la société. Ne créons pas<br />

un nouvel ostracisme car<br />

la croissance a besoin de<br />

toutes nos écoles ! », insiste<br />

Jean-Michel Nicolle.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 27 MARS <strong>2018</strong> | N°15


ENTRETIEN<br />

>>> suite de lapage 27<br />

Je me réjouis que le gouvernement, depuis la rentrée, soit<br />

dans un esprit de dialogue. Même si le rythme soutenu des<br />

réformes ne permet pas toujours d’aller au bout de l’échange,<br />

nous sommes plutôt optimistes. Cette exigence de dialogue se<br />

retrouve d’ailleurs dans les discours de la ministre de l'Enseignement<br />

supérieur, de la Recherche et de l’Innovation sur le sujet.<br />

O. R : Cette année on réforme à tout va et les écoles que<br />

vous représentez vont également être largement affectées<br />

par la création de Parcoursup. Qu’en attendez-vous ?<br />

J-M. N : C’est un véritable changement de paradigme puisque<br />

nous allons passer d’un système où les établissements disposaient<br />

de leviers de contrôle des flux à un nouveau qui attribue<br />

plus de liberté mais aussi de responsabilité aux candidats. Politiquement<br />

et socialement c’est sain mais ce nouveau système ne<br />

manquera pas de poser des difficultés de gestion aux établissements<br />

d’enseignement supérieur. Autant nous avions une bonne<br />

connaissance de la mécanique APB et nous étions en capacité<br />

d’anticiper, autant nous sommes incapables d’appréhender le<br />

comportement des candidats dans le nouveau dispositif. C’est<br />

probablement le point le plus délicat pour nos établissements. La<br />

tentation d’un surbooking fort est à mon sens un danger. Il faut<br />

que nous puissions nous mettre dans une posture de confiance !<br />

Comment les candidats vont-ils gérer leurs vœux ? Seront-ils en<br />

capacité de faire des choix en fonction d’un classement personnel<br />

a priori ? On peut imaginer qu’ils seront nombreux à hésiter<br />

et à retenir le plus longtemps possible le temps de la décision !<br />

Et si vous multipliez cette indécision de nombreux candidats vous<br />

débouchez sur une incertitude collective qui risque d’amener les<br />

établissements à se prémunir par le surbooking.<br />

Cette situation peut faire naître de nouveaux comportements<br />

d’établissements qui cherchent à réduire l’incertitude en développant<br />

des stratégies de marketing numérique pour faciliter la prise<br />

de décision des candidats. C’est une approche qui peut contribuer<br />

à masquer la qualité intrinsèque des écoles moins encline à<br />

utiliser ces outils d’influence.<br />

Sur un plan collectif, la prévention des risques inhérent à cette<br />

nouvelle plateforme passe probablement par un questionnement<br />

a priori des mesures à prendre en cas de défaillance. Et<br />

si Parcoursup favorisait les établissements les plus attractifs au<br />

La force de l’enseignement<br />

supérieur privé<br />

Depuis 20 ans l’enseignement supérieur privé a augmenté ses effectifs dans des<br />

proportions finalement assez proches de celles de l’enseignement supérieur public :<br />

222 000 étudiants de plus d’un côté, 261 000 de l’autre. « Cette dynamique est d’abord<br />

le résultat de l’agilité des acteurs privés de l’enseignement supérieur pour répondre aux<br />

besoins liés à l’accroissement d’étudiants. Les grandes écoles et en particulier celles de<br />

l’UGEI sont en capacité d’accueillir la moitié des nouveaux entrants dans l’enseignement<br />

supérieur soit près de 25 000 étudiants par an », explique Jean-Michel Nicolle.<br />

Une reconnaissance de la place de l’enseignement supérieur privé qui avait été<br />

soulignée dans le rapport de l’Inspection générale de l'administration de l'éducation<br />

nationale et de la recherche (IGAENR) de 2015 est confortée par le label d’EESPIG.<br />

Ce label donne accès au financement public dans le cadre d’engagements et d’un<br />

contrat. « C’est une opportunité pour l’État d’intègrer l’enseignement supérieur privé<br />

dans son pilotage. Il reste que le financement est très insuffisant pour que les EESPIG<br />

puissent assurer efficacement leur mission et en particulier leur mission sociale. Avec<br />

700 € par an par étudiant contre 12 000 € en moyenne dans l’enseignement supérieur<br />

public on comprend que le modèle de financement repose très majoritairement sur les<br />

familles par ailleurs contribuables. Or nous voulons accueillir plus d’élèves boursiers,<br />

nous souhaitons renforcer notre recherche, nous revendiquons d’être des acteurs à part<br />

entière de l’enseignement supérieur français ! »<br />

détriment des moins attractifs ? En offrant plus de liberté aux<br />

candidats ne risque-t-on pas de créer plus de déception ?<br />

Pour ma part, je suis confiant. Il y aura probablement des difficultés,<br />

quelques ratées à l’allumage mais la démarche très<br />

ouverte qui a été engagée avec les conférences et les concours<br />

communs a levé de très nombreuses questions qui ont permis<br />

des arbitrages en conscience. Et les ingénieurs de Toulouse ont<br />

fait un excellent travail !<br />

O. R : Vous avez réalisé une première étude sur le développement<br />

de l’enseignement supérieur privé en Europe. Allez-vous<br />

former un réseau avec les autres établissements<br />

européens ?<br />

J-M. N : Nous nous inscrivons dans la dynamique du discours<br />

présidentiel de la Sorbonne. Nous avons à partager mais aussi<br />

beaucoup à apprendre. Pour sortir des débats franco-français<br />

nous avons besoin de nous ouvrir pour fonder un enseignement<br />

supérieur privé européen qui coopère et crée de la valeur pour<br />

nous écoles et nos étudiants. Nous allons maintenant avancer<br />

concrètement : en France l’UNFL a rejoint cette dynamique, le<br />

réseau autrichien d’enseignement privé aussi et nous allons nous<br />

revoir en <strong>mars</strong>, en Allemagne, pour écrire ce que nous sommes<br />

et ce que nous voulons devenir collectivement. Cette feuille<br />

de route constituera une étape importante de ce projet que j’ai<br />

personnellement à cœur de mener à bien.<br />

O. R : Vous vous intéressez tout particulièrement au développement<br />

de l’enseignement supérieur en Afrique.<br />

J-M. N : L’Afrique c’est 1,3 milliard d’habitants en 2050 et la<br />

France a par son histoire et surtout par sa responsabilité d’éclaireur<br />

un rôle essentiel à jouer. La croissance de ce continent<br />

portera à terme la croissance mondiale. J’ai la conviction que<br />

notre modèle d’enseignement supérieur et en particulier nos<br />

Grandes Écoles ont un rôle important à jouer non seulement pour<br />

l’Afrique mais aussi pour l’Europe. Nous devons contribuer à y<br />

construire un enseignement supérieur attractif pour les étudiants<br />

africains mais aussi pour nos étudiants européens qui vont ainsi<br />

pouvoir se former au cœur même de l’environnement qui sera le<br />

leur demain. Je pousse l’idée de campus qui soient dédiés à la<br />

formation de cadres préparés à accompagner les économies en<br />

développement.<br />

Nos entreprises ont besoin de ces ingénieurs et de ces managers<br />

formés à une autre organisation sociale, à d’autres cultures,<br />

à d’autres rapports sociaux, à d’autres besoins technologiques, à<br />

une autre complexité. C’est le sens de mon engagement personnel<br />

et celui d’écoles de l’UGEI conscientes des enjeux d’influence<br />

de notre modèle. L’innovation et l’entrepreneuriat seront les<br />

moteurs de cette dynamique à mon sens largement initiée dans<br />

l’espace anglophone et insuffisamment dans l’Afrique francophone.<br />

Il faut que notre vision soit globale et que nos actions<br />

visent à multiplier les coopérations au sein de ce continent entre<br />

les différentes régions pour favoriser la mobilité des étudiants.<br />

Nous devons, par exemple, créer des formations et des diplômes<br />

conjoints entre les établissements des pays de langue anglaise et<br />

française.<br />

À l’EPF, après avoir été à l’initiative d’un cycle préparatoire en<br />

grande partie dédié aux jeunes femmes africaines au sein de 2IE<br />

au Burkina-Faso, nous sommes aujourd’hui très engagés dans<br />

un projet Erasmus+ qui vise à accompagner l’entrepreneuriat<br />

féminin en Afrique. Nous voulons accueillir au sein des universités<br />

africaines partenaires chaque année 200 jeunes femmes, qui<br />

ont souvent reçu une première formation supérieure et qui n’accèdent<br />

pas à l’emploi à reconnaître leurs compétences pour les<br />

accompagner vers la création d’entreprise. Le dépôt du dossier<br />

auprès de l’Europe est en cours et nous espérons obtenir un<br />

financement d’1 million d’euros sur trois ans pour mener à bien<br />

ce projet. n<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 28 MARS <strong>2018</strong> | N°15


REPÈRES<br />

Bac : tout ce qui change<br />

Le ministre de l’Education,<br />

Jean-Michel Blanquer, a présenté le 14 février<br />

les grandes lignes de sa réforme du bac et du<br />

lycée. Voici les éléments les plus importants d’une<br />

réforme qui va beaucoup faire parler d’elle…<br />

: La fin des séries<br />

Pour le ministère de l’Éducation les séries n’avaient que peu de sens.<br />

Alors que 52 % des élèves du lycée général sont en série S, - qui de<br />

ce fait est « devenue une série généraliste » selon le ministre -, 40 %<br />

des bacheliers scientifiques affirmaient en effet ne pas vouloir faire<br />

d’études scientifiques. D’où l’idée d’y substituer un tronc général<br />

accompagné de trois enseignements de spécialité (en première) puis<br />

deux en terminale. Un « temps d’aide à l’orientation » sera prévu tout<br />

au long du lycée pour préparer les choix de parcours et l’entrée dans<br />

l’enseignement supérieur.<br />

→ Le bac technologique conserve ses séries, qui bénéficient d’enseignements<br />

communs (français, philosophie, histoire géographie,<br />

enseignement moral et civique, langues vivantes 1 et 2, éducation<br />

physique et sportive) complétés, en fonction des séries, par des<br />

mathématiques, de la physique chimie, etc.<br />

: De nouveaux enseignements<br />

Tous les élèves acquerront en première et en terminale un « large socle<br />

de connaissances communes » (français, philosophie en terminale,<br />

histoire géographie, enseignement moral et civique, deux langues,<br />

éducation physique et sportive) mais aussi de nouveaux enseignements<br />

: « géopolitique et sciences politiques », « sciences informatiques<br />

et numériques » et « humanités numériques et scientifiques ». Ces<br />

dernières donneront « les connaissances indispensables pour vivre et<br />

agir dans le XXI e siècle en approfondissant les compétences numériques<br />

de l’élève ainsi que sa compréhension des grandes transformations<br />

scientifiques et technologiques de notre temps (bioéthique, transition<br />

écologique, etc.) », explique Jean-Michel Blanquer.<br />

: Moins d’épreuves, plus de contrôle continu<br />

Ce qu’on reproche d’abord au passage du bac tel que nous le<br />

connaissons c’est sa lourdeur qui fait de son organisation un défi<br />

logistique autant que financier chaque année. Si dans 27 des 37<br />

pays de l’OCDE, un examen terminal sanctionne la fin de l’enseignement<br />

secondaire, dans la plupart des pays, le nombre d’épreuves est<br />

limité à quatre environ. En France un candidat au baccalauréat en<br />

passe au minimum une douzaine, réparties sur deux années alors<br />

que la plupart des pays européens ont introduit une part de contrôle<br />

continu variable (entre un tiers et la totalité de la note finale) dans<br />

l’évaluation de leur baccalauréat. C’est ce qu’Emmanuel Macron<br />

avait promis pendant sa campagne électorale et que promet<br />

aujourd'hui de mettre en place le ministre en 2021.<br />

Le pourcentage total des épreuves terminales du baccalauréat s’élèvera<br />

à 60 %. Chaque lycéen présentera quatre épreuves finales<br />

en classe de terminale en plus de l’épreuve anticipée en classe de<br />

première. Tout au long des années de première et de terminale, un<br />

contrôle continu comptera pour 40 % de la note finale avec prise en<br />

compte des bulletins scolaires pour une part de 10 %. Enfin un oral<br />

de rattrapage est maintenu.<br />

: Le « grand oral »<br />

Jean-Michel Blanquer l’affirme : « La grande innovation de cette<br />

réforme ce sera un oral de 20 minutes ». Celui-ci reposera sur un<br />

projet préparé par l’élève en première - en groupe dans le cadre<br />

d’une discipline de spécialité - puis individuellement en terminale. Le<br />

candidat commencera par présenter pendant 10 minutes son projet<br />

puis répondra aux questions du jury pendant les dix autres 10 minutes. « Cet<br />

oral nous permet surtout de mettre l’accent sur une compétence fondamentale<br />

: savoir s’exprimer dans un bon français, clair, argumenté, compétence<br />

fondamentale dans la vie professionnelle », commente le ministre. Pendant<br />

les années lycée, le système sera davantage orienté vers cette compétence<br />

pour « compenser les inégalités sociales ». n<br />

→ → Le calendrier de la réforme. Il reste maintenant de nombreuses étapes pour une<br />

mise en place complète du nouveau bac en 2021 :<br />

> février <strong>2018</strong> : saisine du Conseil supérieur des programmes (CSP) ;<br />

> <strong>mars</strong>-avril <strong>2018</strong> : concertation technique sur les modalités de mise en œuvre du<br />

nouveau bac et des évolutions du lycée ;<br />

> rentrée <strong>2018</strong> : les élèves de seconde connaîtront « des ajustements indiquant l’état<br />

d’esprit du nouveau baccalauréat » dont un test numérique de positionnement en<br />

français et mathématiques en début d’année ;<br />

> décembre <strong>2018</strong> : publication par le CSP des programmes ;<br />

> rentrée 2019 : les élèves de première choisissent 3 disciplines de spécialité ;<br />

> année 2020-2021 : les élèves choisissent d’approfondir 2 disciplines de spécialité<br />

qui seront évaluées au retour des vacances de printemps avant de subir l’épreuve<br />

de philosophie et l’oral terminal en juin.<br />

L’ESSENTIEL DU SUP | PRÉPAS 29 MARS <strong>2018</strong> | N°15

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!