11.05.2018 Views

Magazine_BEAST_2018_Edition_11_complet.compressed

You also want an ePaper? Increase the reach of your titles

YUMPU automatically turns print PDFs into web optimized ePapers that Google loves.

28<br />

#Entertainment | AI<br />

LE COUP DE POUCE<br />

DE L’IA AU DIVERTISSEMENT PAR<br />

FLORENT DUCAT<br />

Comme dans tous les secteurs de l’économie ou presque,<br />

comme dans de nombreuses pages de ce magazine,<br />

l’intelligence artificielle (IA) prend dans le monde de<br />

l’entertainment une importance déjà conséquente et<br />

sans cesse croissante. Que ce soit dans la création,<br />

la commercialisation ou du côté de l’utilisateur, les<br />

innovations basées sur l’IA se multiplient.<br />

L’idée sous-jacente à chacune d’entre elles est pour les<br />

producteurs de contenus de réaliser des économies de temps et<br />

d’efforts afin d’éliminer les obstacles entre les consommateurs<br />

et eux. Cela leur permet de fournir du divertissement toujours<br />

plus pertinent et ciblé en grande quantité à leurs publics.<br />

Aide aux producteurs<br />

Sur le papier, l’intelligence artificielle peut être utile aux<br />

professionnels du divertissement comme elle l’est dans les autres<br />

types d’activités, en déchargeant l’humain des tâches répétitives<br />

et automatisables afin qu’il puisse se concentrer sur les aspects<br />

davantage qualitatifs et créatifs de son métier. Le nombre de<br />

collaborateurs nécessaire à la production d’une œuvre pourrait<br />

passer de plusieurs centaines à quelques dizaines. En pratique,<br />

les spécificités du secteur rendent cette distinction plus floue.<br />

Il ne s’agit pas ici de traiter des créations artistiques réalisées<br />

grâce à ou avec l’aide de l’IA, ce qui est le sujet d’un article dans<br />

la rubrique Art. Cependant, la technologie intervient à d’autres<br />

moments dans le processus de création. Une fois un film tourné, il<br />

est par exemple possible de réaliser sa bande annonce rapidement<br />

en utilisant des machines pour sélectionner les scènes à y inclure.<br />

En 2016, le film Morgane a vu son trailer terminé en seulement<br />

24 heures grâce à l’aide de Watson, l’intelligence artificielle d’IBM.<br />

Celle-ci avait sélectionné dix scènes du film, pour un total de<br />

6 minutes, en s’inspirant de centaines de bandes-annonces du<br />

genre, après quoi un opérateur humain a monté le trailer final d’1<br />

minute 15. Watson avait déjà auparavant réalisé cette tâche de<br />

sélection pour les temps forts de matchs de tennis.<br />

Bien avant ce stade, divers algorithmes sont désormais capables<br />

d’analyser les images ou scripts qui leur sont soumis, à plusieurs<br />

moments de la production d’un film, et de prédire leur succès<br />

au box-office ou d’orienter leur campagne de promotion. C’est<br />

le cas de la startup anversoise ScriptBook, qui analyse les<br />

scénarios grâce à son algorithme Script2Screen, qui les compare<br />

aux milliers d’exemples qu’il a auparavant emmagasinés. A partir<br />

de là, l’algorithme prévoit le nombre de spectateurs qui se<br />

rendront dans les salles pour voir ce film ainsi que la note qu’ils<br />

lui donneront sur des sites tels qu’IMDb ou Allociné.<br />

Les Israéliens de VaultML proposent sensiblement le même service<br />

avec 4CAST, qui travaille quant à lui sur base du scénario ou de<br />

la bande-annonce d’un film après avoir été nourri de 30 ans de<br />

résultats au box-office, du budget des films, de leurs castings et<br />

d’informations sur les différents publics-types. Enfin, l’américaine<br />

Pilot Movies réalise ses prédictions de succès à partir de toutes<br />

les informations disponibles sur chaque film sorti depuis 1990.<br />

Nul doute que d’autres domaines tels que les mondes du<br />

spectacle, littéraire ou musical pourraient bientôt se doter<br />

d’outils semblables.<br />

Bon pour le spectateur ?<br />

Avec ce pouvoir, les studios, éditeurs et maisons de disques<br />

pourraient ne plus jamais produire de flops. L’intelligence<br />

artificielle, en intervenant tôt dans le processus, peut empêcher<br />

la production d’un film, d’un album, d’un livre ou d’un spectacle<br />

qui ne rencontrera, selon elle, pas de succès et ne sera donc<br />

pas rentable. S’il s’agit à première vue d’une aubaine pour les<br />

producteurs, cette faculté ne risque-t-elle pas de nuire à la<br />

créativité, à l’art et à la diversité ? Un grand pouvoir implique<br />

de grande responsabilité. Il est capital que ces outils soient<br />

bien utilisés et alimentés en données de qualité afin de ne<br />

pas renforcer les biais existant. Combien de grands succès<br />

et de superstars, considérés comme des «ovnis», uniques en<br />

leur genre, n’auraient jamais connu la gloire si de tels outils<br />

étaient déjà à la disposition des magnats du show business ?<br />

En se basant uniquement sur les formules ayant déjà fonctionné,<br />

le risque de formatage, entrainant par la suite une certaine<br />

lassitude, n’est pas à négliger.<br />

Et l’avenir ?<br />

Pour certains, comme Ann Greenberg, fondatrice et CEO<br />

de la société Entertainment AI, toute cette technologie et<br />

toutes ces données à exploiter doivent permettre à l’inverse<br />

de créer du divertissement intelligent et qui pousse à agir et<br />

non du divertissement de surconsommation. D’ailleurs, les<br />

Millenials et les membres de la génération Z veulent être des<br />

«consommacteurs». Pour engager cette nouvelle génération,<br />

il faut lier la créativité des machines et celles des humains et aussi<br />

se servir de la technologie pour faciliter la collaboration entre<br />

humains. Sa société propose l’utilisation de Smart Scripts, lisibles<br />

à la fois par l’Homme et les programmes informatiques, comme<br />

moyen d’utilisation de l’IA à des fins à la fois divertissantes et<br />

d’éducation.<br />

D’autre part, les effets spéciaux et images de synthèse<br />

progressant également, certains experts s’interrogent sur la<br />

possibilité dans un avenir proche que les acteurs se contentent<br />

de louer aux studios les droits d’utiliser leur image, sans se rendre<br />

physiquement sur les plateaux. Une IA pourrait alors jouer à leur<br />

place en se basant sur leurs performances précédentes.<br />

<strong>BEAST</strong> MAGAZINE #<strong>11</strong>

Hooray! Your file is uploaded and ready to be published.

Saved successfully!

Ooh no, something went wrong!