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Hommage Med Hondo + HOMMAGE MED HONDO<br />

Med Hondo, l’un des grands pionniers du cinéma africain, est né en Mauritanie en 1936. Il fit une formation<br />

à l’école hôtelière de Rabat, puis il vint en France en 1959 s’attendant à ce que des ouvriers qualifiés<br />

comme lui y soient recherchés. Mais il y rencontra le rejet, l’arrogance et le racisme. Cela le motiva à<br />

s’engager activement dans une troupe de théâtre, via laquelle, autodidacte, il accèda au monde du film.<br />

Ses propres expériences et celles d’autres immigrants venus d’Afrique et des Antilles l’ont mené à son<br />

premier film Soleil Ô, unique en son genre, qui l’a rendu célèbre en 1970. Il avait terminé le scénario en<br />

mai 68, une période de grands bouleversements. Les actions conjointes des immigrés, des étudiants et<br />

des travailleurs lui plaisaient, mais ce qui lui importait avant tout, c’était de rendre visible les conditions<br />

de vie des migrants sur les écrans de cinéma. « Les images du cinéma euro-américain excluent<br />

systématiquement l’africain et l’arabe », écrit-il dans un article de la même année. Dès lors, son désir<br />

de changer la situation devait déterminer l’ensemble de son travail artistique. Grâce à son expérience<br />

théâtrale, il put gagner en doublant des stars afro-américaines de l’argent, qu’il investit ensuite dans de<br />

nouveaux projets. Pour son premier film, Soleil Ô, il se fit escroquer financièrement ; quant à ses autres<br />

films, il eut des difficultés à les faire projeter dans les grands cinémas. C’est l’une des raisons pour<br />

lesquelles son incontestable importance pour le cinéma africain est davantage connue des spécialistes<br />

que du grand public.<br />

Son film West Indies de 1979 marque une étape majeure dans sa volonté d’élaborer un nouveau langage<br />

cinématographique approprié pour répondre à l’aliénation des Afro-Américains à leur histoire et à leur<br />

culture d’origine à travers le colonialisme ; dans ce film, Med Hondo traite de la traite négrière entre<br />

l’Afrique et le Nouveau Monde. Aborder cette expérience collective par la comédie musicale populaire,<br />

le tout sans utiliser les procédés typiques de ce genre , a constitué une prouesse cinématographique.<br />

L’intrigue se déroule sur une scène dont le décor s’inspire d’un navire négrier et de ses structures<br />

hiérarchiques inhérentes.<br />

Dans Sarraounia (1986), il aborde avec la même intransigeance la conquête de sa patrie ouest-africaine<br />

par les troupes coloniales françaises. Il attache une grande importance au fait de représenter l’Histoire<br />

de façon authentique, mais d’un point de vue africain : « Tout ce que je montre dans le film peut être<br />

vérifié à la Bibliothèque nationale de France (...) », dit-il de son film, qui remémore la résistance de la<br />

reine Sarraounia au Niger.<br />

Sa subtile mise en scène d’une critique de la politique d’immigration française dans son thriller Lumière<br />

noire (1994) est représentative de son savoir-faire et de l’étonnante actualité de son travail artistique.<br />

2003 Fatima, l’Algérienne de Dakar<br />

1998 Watani, un monde sans mal<br />

1994 Lumière noire<br />

1986 Sarraounia<br />

1979 West Indies<br />

1978 Polisario, un peuple en armes<br />

1977 Nous aurons toute la mort pour dormir<br />

1975 Sahel la faim pourquoi ?<br />

1974 Les Bicots-nègres vos voisins<br />

1971 Mes voisins<br />

1969 Soleil Ô<br />

1969 Partout ou peut-être nulle part<br />

1969 Roi de Cordes (Kurzfilm)<br />

1967 Ballade aux sources<br />

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