LA PUISSANCE Elle lui vient de ceux qui l’épaulent depuis des années. Rude, ici en photo, a motivé Diablo à se jeter dans la danse, lui évitant de mauvaises routes.
WALTER/DZIO Walter, aka Dzio, l’homme au bonnet derrière Diablo, est un as local du spray can art. On lui doit la fresque monumentale dédiée au danseur. De l’expérience du Super Bowl, il retiendra cependant que « les Ricains sont meilleurs que nous tous ». « Eux, c’est zéro erreur. Juste avant le début du show, j’étais sous la scène, et là, la lumière s’éteint… “Let’s go, let’s go !” Un mec se précipite sur moi et me fout un glaive et un bouclier dans les mains. Là, on monte sur scène, et sur les écrans géants, je vois un décompte destiné aux spectateurs du stade : “Allumez tous vos briquets à 5, 4, 3...” » Sur ce même Super Bowl, la chanteuse anglaise M.I.A. s’autorise un doigt d’honneur face caméra. « Elle est descendue de scène « IL VOULAIT ÊTRE EXCELLENT. POUR LUI, C’ÉTAIT ÇA OU RIEN. MANGER ET DANSER, POINT ! » RUDE et un van de flics l’attendait », se souvient Diablo, épaté par cette scène. Comme par le fait que notre VTC ait bien voulu nous conduire dans son quartier. Il lui recommandera un « petit passage fourbe » pour rejoindre le spot plus rapidement (oui, Diablo sait dire non à Madonna et à Waze). SELIM Cuisinier audacieux, cet ami de Diablo rejoindra bientôt San Francisco et l’équipe d’une cheffe française triplement étoilée, Dominique Crenn. JENNA Cette jeune vidéaste habituée des événements hip-hop locaux a trouvé en Diablo et son crew Genesis des talents d’exception à documenter. Le danseur est aujourd’hui sollicité pour des shows, des clips, et passe en mode battle lors des événements de danse où ses moves, très particuliers, en ont fait une référence. À ses débuts, pourtant, son style en laissait beaucoup perplexes. Nommer sa danse est en soi un challenge. « On ne peut pas donner de nom à sa danse. Même le terme “new style” ne lui correspond pas », explique Rude, type imposant aux locks planquées sous un bob et qui a poussé Diablo à persévérer dans la danse alors que de mauvaises routes s’offraient à lui. Danseur lui aussi, Rude est très proche de Diablo. « Nos mères se connaissaient très bien, on était comme cousins. Je l’ai intégré très jeune à mon crew, Genesis. Au début, quand on dansait contre des breakers, les mecs se moquaient de nous. Les gars de Paris nous appelaient “les mangeurs de pâtes”, car pour eux, Nice c’était en Italie. Nous, on était pas là pour faire des phases, on avait besoin de ressenti, de bouger. Tout le monde sait danser ou peut apprendre à danser, mais nous, les Genesis, on cherchait un truc au-delà de la danse. C’est ça qui explique notre style particulier et celui de Diablo. » Quelque chose de mystique ? « Je ne sais pas si c’est le mot, s’interroge Rude, mais ce qui est sûr c’est qu’on avait envie d’ouvrir des portes, de passer dans un ailleurs. La danse, 29