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Sac de sable et box de<br />
pliométrie : Claire bosse<br />
ses muscles profonds.<br />
Pour aller plus loin, l’équipe de Retter a<br />
commencé à tout analyser, de la force<br />
d’atterrissage des danseurs aux schémas<br />
d’activation de leurs muscles. Ils ont utilisé<br />
la même technologie de plateformes biomécaniques<br />
que celle employée par l’Agence spatiale<br />
européenne, ainsi que des unités d’électromyopresque,<br />
confie Claire Calvert. Dans la pratique,<br />
c’est interdit – en général, on a une heure pour<br />
manger – mais parfois, c’est comme ça que se<br />
passent les répétitions. » Et puis vient le moment<br />
de la représentation, à la fois éblouissante et<br />
éreintante, devant 2 250 spectateurs. De retour<br />
chez eux vers 1 heure du matin pour certains, les<br />
danseurs doivent être au studio à 9 h 30 le lendemain.<br />
Ce rythme de vie éreintant n’avait jamais<br />
incité quiconque à analyser tout ce que subissaient<br />
les corps des danseurs, jusqu’en 2013, date<br />
à laquelle le Royal Ballet ouvre la Mason Healthcare<br />
Suite – un établissement de haute qualité<br />
avec dix-sept experts en science du sport, physiothérapie,<br />
nutrition, massage, rééducation et psychologie<br />
dans le but de réduire les blessures, de<br />
combattre la fatigue et d’améliorer les perfs.<br />
« J’ai été choqué quand j’ai vu la charge de travail<br />
des danseurs, admet Greg Retter, le directeur<br />
clinique du service de santé du ballet, ancien responsable<br />
de la rééducation pour l’équipe olympique<br />
de Grande-Bretagne. Les danseurs se<br />
donnent à 100 % à chaque répétition, plusieurs<br />
fois par jour. Les athlètes échelonnent les entraînements<br />
par rapport aux compétitions, mais les<br />
danseurs, eux, s’entraînent continuellement de<br />
septembre à juin, et ils répètent souvent six ballets<br />
à la fois. C’est un bouillonnement constant. »<br />
Un rythme difficile mais nécessaire, car les danseurs<br />
doivent faire preuve sans jamais faillir<br />
d’une précision extraordinaire dans leurs<br />
mouvements. Autant un joueur de football a le<br />
droit de manquer les filets et un musicien peut se<br />
permettre une fausse note isolée, autant chaque<br />
pas du danseur se doit d’être impeccable afin que<br />
se crée sur scène cette délicatesse et cette précision<br />
propres à une œuvre artistique. « Cette<br />
manière qu’ils ont d’utiliser leur perception<br />
kinesthésique et leur mémoire musculaire de<br />
manière cognitive pour réaliser des suites de<br />
mouvements complexes est vraiment propre à<br />
leur discipline, déclare Retter. Et même si le mouvement<br />
est modifié, ils n’auront qu’à le refaire<br />
quelques fois et ce sera intégré. Une telle neuroplasticité,<br />
c’est tout bonnement incroyable. »<br />
C’est justement ce niveau de précision qui fait<br />
toute la difficulté – et toute la beauté – du ballet.<br />
« Le ballet, c’est un art esthétique. En pratique,<br />
telle partie du bras devra être positionnée exactement<br />
comme ça et tel doigt devra être ici,<br />
explique Claire Calvert. C’est en cela que le ballet<br />
est unique. Le corps humain s’adapte à tout, mais<br />
personne n’est fait pour le ballet. L’en-dehors<br />
(quand un danseur fait pivoter ses jambes au<br />
niveau des hanches, et que ses genoux et ses orteils<br />
pointent vers l’extérieur, ndlr), ce n’est pas prévu<br />
par la nature. »<br />
La musculation<br />
peut diminuer le<br />
risque de blessure<br />
de 59 %.<br />
68 THE RED BULLETIN