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The Red Bulletin Novembre 2019 (FR)

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the red bulletin : C’est votre première<br />

participation à la finale mondiale<br />

du <strong>Red</strong> Bull BC One, que l’on<br />

pourrait qualifier de Coupe du monde<br />

de breakdance. Un BC One, cela représente<br />

quoi pour un B-Boy ?<br />

khalil : Tout le monde veut ce titre, tout<br />

le monde veut participer au moins une<br />

fois dans sa vie au <strong>Red</strong> Bull BC One. Ça<br />

fait seize ans que je danse, et j’ai déjà<br />

disputé une finale européenne contre<br />

un autre Français, Mounir, en 2012.<br />

Participer à la finale mondiale du BC<br />

One, j’attends ça depuis un moment.<br />

(rires) Je suis impatient d’y être.<br />

Quand bien même on atteint une telle<br />

échéance, à son meilleur niveau, il est<br />

très difficile de se projeter sur une<br />

victoire qui reste toujours aléatoire<br />

dans l’univers du breakdance. Je<br />

pense notamment au fait que le jury<br />

du <strong>Red</strong> Bull BC One est composé de<br />

cinq personnes....<br />

Le breakdance est complètement subjectif,<br />

entre art et sport… C’est une forme<br />

d’art, ça c’est sûr, car c’est de la danse,<br />

mais il a aussi cette dimension athlétique.<br />

Et en effet, nos battles sont jugés par<br />

d’autres danseurs qui décident qui remportera<br />

chaque battle. Tout est subjectif<br />

dans cette danse.<br />

Une chose est sûre, le 9 novembre, en<br />

Inde, vous affronterez la crème des<br />

danseurs mondiaux... Comment vous<br />

y préparez-vous ?<br />

Je ressens beaucoup d’impatience, mais<br />

je ne veux pas me mettre trop de pression.<br />

Avant un tel rendez-vous, il faut trouver<br />

le juste milieu entre une bonne préparation,<br />

sans trop de pression, et une<br />

approche détendue. Et le jour J, ton résultat<br />

dépend de beaucoup de choses : de<br />

ta forme du moment, du tirage, du jury.<br />

En battle, tout se joue sur le moment.<br />

Si tu refais le même battle le lendemain,<br />

on pourra déclarer un autre vainqueur.<br />

C’est donc l’instant présent qui compte,<br />

et c’est justement ça qui est beau.<br />

Est-ce que le fait que la compétition<br />

se passe en Inde amène davantage<br />

de pression sur les danseurs ?<br />

J’ai déjà été à Mumbai, pour être juge<br />

d’un événement de danse et c’est une<br />

expérience dont je me souviendrai. Tu<br />

vois des choses difficiles là-bas. Émotionnellement<br />

parlant, ce n’est pas toujours<br />

simple. C’est un autre monde. Est-ce que<br />

cet environnement particulier, la pauvreté,<br />

la pollution, la chaleur, perturbera<br />

les danseurs ? Je ne peux pas te le dire,<br />

mais de mon côté, je suis préparé à cela,<br />

je sais à quoi m’attendre. Au-delà de ces<br />

aspects, quand je m’y suis rendu par le<br />

passé, j’ai trouvé les danseurs hyper<br />

accueillants. Ils réagissent au moindre<br />

move, ça va être intense !<br />

Au-delà de ces événements, majeurs,<br />

votre réalité de danseur, c’est quoi ?<br />

Plein de choses en même temps. C’est la<br />

réalité d’un artiste, d’un pédagogue, d’un<br />

athlète... Je suis à la fois un compétiteur,<br />

un artiste sur scène, un intermittent du<br />

spectacle qui se produit avec plusieurs<br />

compagnies. Dans ce cadre, je suis un<br />

artiste danseur qui monte sur scène, et<br />

qui a ses tableaux et ses rôles à tenir ; il<br />

y a aussi la compétition, par laquelle j’ai<br />

commencé et pour laquelle j’éprouve véritablement<br />

de l’amour, car elle me procure<br />

une adrénaline que je ne trouve pas ailleurs.<br />

Quand je fais de la compétition,<br />

bien que je sois un danseur, je me sens<br />

plus athlète, voire « combattant ».<br />

Comment décrire ce monde du breakdance<br />

compétitif, le battle ?<br />

C’est un monde cruel. Ce sera soit lui, soit<br />

« Le battle est<br />

un monde cruel.<br />

Ce sera soit lui,<br />

soit moi. »<br />

moi. On ne sera pas deux à passer à<br />

l’étape suivante du battle. Il n’y a pas de<br />

peut-être… Non, non ! C’est toi ou moi,<br />

point ! Cela crée une tension et une<br />

décharge d’adrénaline que je ne retrouve<br />

pas sur une scène. Mais dans une compagnie<br />

de danse, on va chercher à dire et<br />

revendiquer autre chose. Et le corps peut<br />

s’exprimer d’une manière différente. Je<br />

m’épanouis autrement et je me nourris<br />

de ce que je fais dans la compagnie pour<br />

l’adapter à la compétition.<br />

Quand avez-vous commencé le break ?<br />

Aux alentours de 2003, puis j’ai intégré<br />

les Legiteam Obstruxion, un crew de danseurs<br />

du Mans et de Paris. Et j’ai connecté<br />

avec le monde de la scène avec la compagnie<br />

Accrorap, qui existe depuis 1989<br />

grâce au chorégraphe Kader Attou, qui<br />

tient aussi le Centre chorégraphique<br />

national de La Rochelle. J’avais rencontré<br />

son chorégraphe adjoint à Montpellier, et<br />

comme ils cherchaient du sang frais, j’ai<br />

commencé à collaborer avec eux. Au sein<br />

de cette compagnie, qui est une compagnie<br />

hip-hop, et d’autres avec lesquelles<br />

je danse, j’interviens principalement avec<br />

le break. Il peut y avoir un peu de mime<br />

ou de contemporain, de manière très<br />

légère, mais généralement, on me prend<br />

pour ce que je sais faire : le break.<br />

Ce break qui semble intéresser de plus<br />

en plus le Comité olympique, qui l’a<br />

installé sur sa liste des sports additionnels<br />

pour les JO de 2024 à Paris…<br />

à confirmer en décembre 2020. Cette<br />

perspective vous intéresse-t-elle ? Si<br />

on vous proposait d’intégrer une potentielle<br />

équipe de France de breakdance<br />

pour les JO, seriez-vous partant ?<br />

Si je suis un candidat potentiel, j’y vais !<br />

J’ai commencé dans le dur, dans les blocs<br />

de mon quartier, en bas de chez moi à<br />

La Paillade (à Montpellier, ndlr), dans la<br />

48 THE RED BULLETIN

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