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the red bulletin : C’est votre première<br />
participation à la finale mondiale<br />
du <strong>Red</strong> Bull BC One, que l’on<br />
pourrait qualifier de Coupe du monde<br />
de breakdance. Un BC One, cela représente<br />
quoi pour un B-Boy ?<br />
khalil : Tout le monde veut ce titre, tout<br />
le monde veut participer au moins une<br />
fois dans sa vie au <strong>Red</strong> Bull BC One. Ça<br />
fait seize ans que je danse, et j’ai déjà<br />
disputé une finale européenne contre<br />
un autre Français, Mounir, en 2012.<br />
Participer à la finale mondiale du BC<br />
One, j’attends ça depuis un moment.<br />
(rires) Je suis impatient d’y être.<br />
Quand bien même on atteint une telle<br />
échéance, à son meilleur niveau, il est<br />
très difficile de se projeter sur une<br />
victoire qui reste toujours aléatoire<br />
dans l’univers du breakdance. Je<br />
pense notamment au fait que le jury<br />
du <strong>Red</strong> Bull BC One est composé de<br />
cinq personnes....<br />
Le breakdance est complètement subjectif,<br />
entre art et sport… C’est une forme<br />
d’art, ça c’est sûr, car c’est de la danse,<br />
mais il a aussi cette dimension athlétique.<br />
Et en effet, nos battles sont jugés par<br />
d’autres danseurs qui décident qui remportera<br />
chaque battle. Tout est subjectif<br />
dans cette danse.<br />
Une chose est sûre, le 9 novembre, en<br />
Inde, vous affronterez la crème des<br />
danseurs mondiaux... Comment vous<br />
y préparez-vous ?<br />
Je ressens beaucoup d’impatience, mais<br />
je ne veux pas me mettre trop de pression.<br />
Avant un tel rendez-vous, il faut trouver<br />
le juste milieu entre une bonne préparation,<br />
sans trop de pression, et une<br />
approche détendue. Et le jour J, ton résultat<br />
dépend de beaucoup de choses : de<br />
ta forme du moment, du tirage, du jury.<br />
En battle, tout se joue sur le moment.<br />
Si tu refais le même battle le lendemain,<br />
on pourra déclarer un autre vainqueur.<br />
C’est donc l’instant présent qui compte,<br />
et c’est justement ça qui est beau.<br />
Est-ce que le fait que la compétition<br />
se passe en Inde amène davantage<br />
de pression sur les danseurs ?<br />
J’ai déjà été à Mumbai, pour être juge<br />
d’un événement de danse et c’est une<br />
expérience dont je me souviendrai. Tu<br />
vois des choses difficiles là-bas. Émotionnellement<br />
parlant, ce n’est pas toujours<br />
simple. C’est un autre monde. Est-ce que<br />
cet environnement particulier, la pauvreté,<br />
la pollution, la chaleur, perturbera<br />
les danseurs ? Je ne peux pas te le dire,<br />
mais de mon côté, je suis préparé à cela,<br />
je sais à quoi m’attendre. Au-delà de ces<br />
aspects, quand je m’y suis rendu par le<br />
passé, j’ai trouvé les danseurs hyper<br />
accueillants. Ils réagissent au moindre<br />
move, ça va être intense !<br />
Au-delà de ces événements, majeurs,<br />
votre réalité de danseur, c’est quoi ?<br />
Plein de choses en même temps. C’est la<br />
réalité d’un artiste, d’un pédagogue, d’un<br />
athlète... Je suis à la fois un compétiteur,<br />
un artiste sur scène, un intermittent du<br />
spectacle qui se produit avec plusieurs<br />
compagnies. Dans ce cadre, je suis un<br />
artiste danseur qui monte sur scène, et<br />
qui a ses tableaux et ses rôles à tenir ; il<br />
y a aussi la compétition, par laquelle j’ai<br />
commencé et pour laquelle j’éprouve véritablement<br />
de l’amour, car elle me procure<br />
une adrénaline que je ne trouve pas ailleurs.<br />
Quand je fais de la compétition,<br />
bien que je sois un danseur, je me sens<br />
plus athlète, voire « combattant ».<br />
Comment décrire ce monde du breakdance<br />
compétitif, le battle ?<br />
C’est un monde cruel. Ce sera soit lui, soit<br />
« Le battle est<br />
un monde cruel.<br />
Ce sera soit lui,<br />
soit moi. »<br />
moi. On ne sera pas deux à passer à<br />
l’étape suivante du battle. Il n’y a pas de<br />
peut-être… Non, non ! C’est toi ou moi,<br />
point ! Cela crée une tension et une<br />
décharge d’adrénaline que je ne retrouve<br />
pas sur une scène. Mais dans une compagnie<br />
de danse, on va chercher à dire et<br />
revendiquer autre chose. Et le corps peut<br />
s’exprimer d’une manière différente. Je<br />
m’épanouis autrement et je me nourris<br />
de ce que je fais dans la compagnie pour<br />
l’adapter à la compétition.<br />
Quand avez-vous commencé le break ?<br />
Aux alentours de 2003, puis j’ai intégré<br />
les Legiteam Obstruxion, un crew de danseurs<br />
du Mans et de Paris. Et j’ai connecté<br />
avec le monde de la scène avec la compagnie<br />
Accrorap, qui existe depuis 1989<br />
grâce au chorégraphe Kader Attou, qui<br />
tient aussi le Centre chorégraphique<br />
national de La Rochelle. J’avais rencontré<br />
son chorégraphe adjoint à Montpellier, et<br />
comme ils cherchaient du sang frais, j’ai<br />
commencé à collaborer avec eux. Au sein<br />
de cette compagnie, qui est une compagnie<br />
hip-hop, et d’autres avec lesquelles<br />
je danse, j’interviens principalement avec<br />
le break. Il peut y avoir un peu de mime<br />
ou de contemporain, de manière très<br />
légère, mais généralement, on me prend<br />
pour ce que je sais faire : le break.<br />
Ce break qui semble intéresser de plus<br />
en plus le Comité olympique, qui l’a<br />
installé sur sa liste des sports additionnels<br />
pour les JO de 2024 à Paris…<br />
à confirmer en décembre 2020. Cette<br />
perspective vous intéresse-t-elle ? Si<br />
on vous proposait d’intégrer une potentielle<br />
équipe de France de breakdance<br />
pour les JO, seriez-vous partant ?<br />
Si je suis un candidat potentiel, j’y vais !<br />
J’ai commencé dans le dur, dans les blocs<br />
de mon quartier, en bas de chez moi à<br />
La Paillade (à Montpellier, ndlr), dans la<br />
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