Liège Museum n°1

ont été reprises « fil à fil » à l’aide de points de résine époxy. Les manquements de
support ont été comblés par l’incrustation de pièces de toile de structure et épaisseur
comparables. Afin de consolider ces ajouts, des renforts en fibre de verre ont été
posés au dos de la toile originale. Elle a ensuite été doublée à la cire-résine sur une
double toile de lin et tendue sur un nouveau châssis à clés préalablement traité
contre les insectes. Cette « deuxième peau » lui donne un soutien et distribuera de
manière harmonieuse les tensions du textile lors de sa pose sur le châssis.
Après ce traitement de conservation, l’attention a pu se porter sur la restauration
de la surface de la peinture : la face visible du travail de restauration. Un
nettoyage des salissures superficielles a d’abord été réalisé. Les vernis anciens
oxydés et brunis ont été éliminés. La couche picturale originale ainsi dégagée, les
opérations de retouches ont pu débuter. Les lacunes ont été mastiquées en respectant
au mieux la structure de la couche picturale originale. Ensuite, un premier
vernis a été appliqué. Les lacunes et usures ont été retouchées aux pigments-vernis
qui permettent de « fondre » la retouche dans le premier vernis apposé. Ce travail
délicat relève du savoir-faire et d’une observation minutieuse de la couche picturale.
Après ce travail, un vernis a été appliqué au pistolet sur l’ensemble de l’œuvre afin
d’en unifier l’aspect et de protéger la peinture des agressions extérieures.
1. Romancier allemand (Dobrilugk, Saxe, 1771 - Berlin,
1854) connu sous le pseudonyme de Heinrich Clauren.
Il est particulièrement actif dans la première moitié du xix e
siècle. Fonctionnaire prussien, il écrit, durant ses heures
de loisirs, des romans sentimentaux à grand succès.
2. Le rôle de cette société est de valoriser les nouvelles
tendances internationales de l’art. Certaines œuvres
étaient achetées par la Ville de Liège.
3. Boccace, Voltaire, Rossini, Hugo, Degas, Valéry :
autant de grands noms qui relatèrent la destinée
légendaire de cette reine de Babylone.
Liège•museum
n° 1, hiver 2010
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Un nouveau potentiel
Chacune des étapes décrites ci-dessus demande un temps spécifique qui relève
des impératifs chimiques ou climatiques des produits utilisés ou mis en cause.
Passées ces longues étapes, après plusieurs mois d’absence, la toile a réintégré le
Grand Curtius. Grâce au soutien du Fonds David-Constant, le visiteur peut redécouvrir
une œuvre saisissante.
Ce témoin exceptionnel de l’École allemande du romantisme (et plus précisément
de l’École de Düsseldorf) rappelle combien ce mouvement eut, dans notre
cité, un écho particulier. À la fin de ce xix e siècle passionné et paradoxal, son influence
sur la peinture liégeoise a été et reste importante. Soutenue par le milieu artistique
local, l’École de Düsseldorf incita la peinture d’Histoire à émerger en Belgique. Dans
ce mouvement, Christian Köhler occupe une place de choix : élève favori d’une
des figures de proue du mouvement nazaréen, il s’inspire directement de l’enseignement
de son maître ; mais il n’arrête pas là sa recherche et s’oriente vers un traitement
plus subtil et plus sensible de la couleur. Ses compositions, bien que figées,
s’animent et dégagent, par un mouvement tout intérieur, une fougue et une ardeur
capables de rendre l’histoire passionnée de ses sujets.
La restauration récente de la Sémiramis de Liège permettra au public de
porter un regard plus aigu sur la peinture de Köhler et sur la place qui lui revient
parmi les artistes de Düsseldorf. Si la peinture d’Histoire ne recueille pas aujourd’hui
l’intérêt de tous, il est certain que le public reconnaîtra à Köhler d’indéniables
mérites : subtilité de pinceau, sens du coloris et rendu expressif des sentiments
humains.
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