Liège Museum n°1

Éliane Pedroncini
Bibliothécaire
à la Bibliothèque Ulysse-Capitaine
(fonds patrimoniaux de la Ville de Liège)
Petite histoire d’une grande encyclopédie
L’Encyclopédie méthodique
La Bibliothèque Ulysse Capitaine
conserve dans sa réserve précieuse
ancienne un exemplaire de
l’Encyclopédie méthodique, dite
« Panckoucke ».
Cette publication exceptionnelle,
composée de 206 volumes de texte
dont 6 volumes de planches, a fait
l’objet d’une campagne de restauration
qui est en cours d’achèvement.
Le projet de l’Encyclopédie méthodique dite « Panckoucke » est lancé en 1782 par
Charles-Joseph Panckoucke sous forme de souscription. Les 102 livraisons forment
une cinquantaine de dictionnaires, leur nombre varie selon le titre retenu pour certains
dictionnaires qui sont composés d’une partie principale et de parties annexes
plus ou moins développées.
Elle compte plus de 200 volumes publiés par Charles-Joseph Panckoucke
de 1782 à 1793, en collaboration avec Clément Plomteux de 1782 à 1789, puis seul
de 1789 à 1793, ensuite par son gendre Henri Agasse, de 1794 à 1815 et enfin par
Antoinette-Pauline Agasse la veuve d’Henri Agasse et fille aînée de Charles-Joseph
Panckoucke entre 1816 et 1832.
Charles-Joseph Panckoucke (1736-1798)
En 1757, Charles-Joseph Panckoucke reprend la librairie paternelle à Lille. En 1761,
il est nommé « maître-libraire » à Paris, après avoir effectué un apprentissage chez
André François Le Breton, l’imprimeur de l’Encyclopédie de Diderot et d’Alembert.
En 1768, il devient le libraire-éditeur officiel de l’Imprimerie royale et de l’Académie
royale des sciences. À la fin du xviii e siècle, il est un acteur important sur le marché
du livre.
En 1759 il a déjà fondé son premier journal et est considéré comme ayant
constitué le premier « empire de presse » français. Il achète en 1778 le « Mercure de
France » qui absorbe différents périodiques. En mai 1778, il obtient le privilège exclusif
des journaux politiques. Pendant la Révolution, sans aucun embarras, il est propriétaire
à la fois de journaux aux opinions contraires, le « Mercure » (monarchiste) et
le « Moniteur universel » (patriote). Entre autres grandes entreprises éditoriales, il publie
les œuvres de Buffon et différents dictionnaires et encyclopédies : c’est lui qui se
charge du Supplément de la Grande Encyclopédie, de Diderot et d’Alembert, ce qui
s’avère une très bonne opération commerciale pour lui. Il est aussi auteur et traducteur.
À Paris, il publie souvent sous la raison « (Librairie de l’) Hôtel de Thou, rue des
Poitevins » ou « Bureau du Mercure, hôtel de Thou… ». Il s’associe à partir de 1790
à son gendre Henri Agasse à qui il cédera son fonds et son imprimerie en 1794.
En 1768, il entreprend une réédition de la Grande Encyclopédie de Diderot
et d’Alembert dont il avait racheté les droits, surnommée l’Encyclopédie du Lac,
ou Encyclopédie Pellet. Or, en janvier 1778, un obscur petit libraire d’origine parisienne
nommé Jean-Jacques Devéria, installé à Liège derrière le palais, pour cette
opération commerciale, annonce à l’Europe son projet de compléter l’encyclopédie
par une nouvelle encyclopédie dite « méthodique » intitulée Edition complette de
l’Encyclopédie rangée par ordre de matiere et dans laquelle on a fondu tous les
supplements, plus maniable en format in-8°, thématique, qui de plus comprendrait
toutes les nouvelles découvertes et inventions. Il recherche pour cette entreprise
des associés, de préférence liégeois. Ce sera avec Bassompierre, mais leur projet
n’aboutira jamais.
Panckoucke, d’abord très critique envers ce projet, craignant surtout la concurrence
avec son Encyclopédie du Lac, s’attaque d’abord à Devéria qu’il accuse
Liège•museum
n° 1, hiver 2010
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